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Napoléon III 3me partie
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Hors Ligne
L’instruction publique

Dans le même temps, Victor Duruy, le ministre de l'instruction publique, met l'accent sur l'enseignement populaire alors que les premières années de la décennie ont été marquées en ce domaine par quelques avancées : en 1861 la Fontenaicastrienne Julie-Victoire Daubié est ainsi la première femme reçue au baccalauréat mais elle doit, pour obtenir son diplôme, attendre que l'impératrice et l'empereur interviennent auprès du ministre, Gustave Rouland, pour qu'il signe le document.
Membre du gouvernement impérial de 1863 à 1869, Duruy ouvre l'enseignement secondaire aux jeunes filles et s'efforce, à partir de 1865, de développer l'enseignement primaire, en dépit de l'hostilité de l'Église catholique romaine qui craint une perte de son influence.
Ayant plaidé la constitution d'un grand service public de l'enseignement primaire, gratuit et obligatoire - auprès de l'empereur avec succès, puis auprès du Corps législatif sans succès -, il impose, en 1866 et 1867, l'obligation pour chaque commune de plus de 500 habitants d'ouvrir une école pour filles, l'extension de la gratuité de l'enseignement public du premier degré à 8 000 communes, l'institution d'un certificat d'études primaires sanctionnant la fin du cycle élémentaire et développe les bibliothèques scolaires.
Il rend obligatoire dans les programmes scolaires du primaire l'enseignement de l'histoire et de la géographie, restitue la philosophie dans le secondaire et y introduit l'étude de l'histoire contemporaine, les langues vivantes, le dessin, la gymnastique et la musique.

Mécénat et dons

Passionné par les sciences et bien informé sur les dernières inventions, Napoléon III entretient des rapports privilégiés avec les savants dont il se plait à écouter les conférences et à suivre les expériences. Celui qui rencontra le plus de ses faveurs est Louis Pasteur qu'il rencontre pour la première fois en 1863 après que celui-ci a réfuté la thèse de la génération spontanée et démontré l'existence des animalcules plus tard appelés microbes. Devenu familier de l'empereur et de l'impératrice qui lui ôtent tout souci matériel pour poursuivre ses travaux, il est nommé à la commission chargée de la réforme de l'enseignement supérieur, envoyé dans le Gard pour lutter contre l'épidémie de pébrine qui menaçait les élevages de vers à soie, avant d'être nommé sénateur en juillet 1870.
L'appui de Napoléon III au projet de Ferdinand de Lesseps, par ailleurs cousin de l'impératrice, de percer le canal de Suez est déterminant à plusieurs occasions. Après plusieurs hésitations, l'empereur accepte de patronner l'entreprise et de faire pression diplomatiquement sur l'Empire Ottoman, hostile au projet. Il sauvera encore à plusieurs reprises les travaux en les soutenant face au vice-roi d'Égypte 1863-1864, une nouvelle fois face au Sultan 1865-1866 et encore en 1868 en consentant un emprunt pour renflouer la compagnie de Lesseps au bord de la faillite. Cependant, le contexte politique et social ainsi que sa santé précaire ne lui permettent pas de se rendre en Égypte pour voir l'achèvement des travaux, laissant son épouse assister seule à l'inauguration du canal de Suez le 17 novembre 1869.

Activités culturelles sous Napoléon III L'essor de la photographie

Désireux de faire apparaître son règne comme celui du progrès scientifique et social, de l’industrie et des arts, de la grandeur retrouvée de la France, Napoléon III trouve en la photographie un instrument moderne permettant de réaliser cette ambition politique pour diffuser largement son image et les événements de son règne au côté des techniques plus traditionnelles qu'étaient notamment la peinture et la sculpture.
La Mission héliographique témoigne de cet intérêt des pouvoirs publics permettant la notoriété et le succès de Léon-Eugène Méhédin, de Gustave Le Gray à qui Louis-Napoléon commande la première photographie officielle d'un chef d'État, d'Auguste Mestral, d'Hippolyte Bayard ou d'Henri Le Secq tout comme le traduisent les commandes publiques passées par la suite à Désiré Charnay, Auguste Salzmann, Adolphe Braun, Jean-Charles Langlois, Charles Nègre, Pierre-Louis Pierson et Pierre-Ambroise Richebourg, dont le but in fine reste toujours de rendre compte de l’action menée par l’empereur et ses ministères dans les plus divers des domaines, y compris à l'étranger.

Arts et lettres

Durant la période de l'Empire autoritaire et dans une moindre mesure dans les années 1860, le domaine des arts et des lettres est soumis à la censure. Prêché par l'Église, le retour à l'ordre moral, appuyé par l'impératrice Eugénie, est l'une des préoccupations du régime. Néanmoins, en 1863, alors que Jean-Léon Gérôme et les grands peintres officiels sont célébrés au Salon de peinture et de sculpture, Napoléon III permet l'ouverture d'un salon des refusés où exposent Courbet et les futurs impressionnistes.
Cette période est cependant caractérisée par la richesse de sa littérature, de Flaubert à George Sand ou aux frères Edmond et Jules de Goncourt. La construction de l'Opéra Garnier illustre l'importance accordée au monde du spectacle, élément de la fête impériale. Les spectacles en ville se développent notamment l'opéra-bouffe, un genre dans lequel triomphe le compositeur Jacques Offenbach, mais aussi les pièces de théâtre comme celles d'Eugène Labiche qui remportent un franc succès. Bien que ces deux personnalités assument leur bonapartisme, leurs œuvres se livrent à une critique corrosive mais souriante de la société impériale.
Doté d'une forte pension officielle et d'une très confortable liste civile, les fêtes et les réceptions grandioses de l'empereur et de l'impératrice aux Tuileries, à Saint-Cloud ou à Compiègne confèrent aussi à la fête impériale un rôle de propagande. De nombreux artistes tels Eugène Delacroix, Gustave Flaubert, Prosper Mérimée mais aussi des personnalités du monde scientifique comme Louis Pasteur participent notamment aux séries, des fêtes données pendant toute une semaine au palais de Compiègne par le couple impérial.
Passionné d'histoire, Napoléon III écrit une monumentale Histoire de Jules César aidé d'une équipe de collaborateurs dont il assure la direction, comprenant notamment Alfred Maury, Prosper Mérimée et Victor Duruy. La préface est rédigée par l'empereur ainsi que principalement les deux premiers volumes et reprend les thèmes exposés dans sa jeunesse. Paru chez Plon en 1865 et 1866 pour les deux premiers volumes qui vont jusqu'au début de la guerre civile en 49 av. J.-C., l'ouvrage compte six volumes au total et est complété, du moins pour les trois derniers volumes, sous la plume du baron Eugène Stoffel. Bien ultérieurement, l'ouvrage reçoit la reconnaissance et la caution scientifique des historiens Claude Nicolet et Christian Goudineau, spécialistes de l'histoire romaine et de la Gaule.
Parallèlement à ses recherches sur l'artillerie romaine, l'empereur joue un rôle important dans la mise en œuvre d'une véritable archéologie nationale. En juillet 1858, il constitue une commission topographique chargée de dresser une carte de la Gaule. Il institue des chaires d'antiquité à l'école normale, à l'école des Chartes et au collège de France. Sur ses deniers personnels, il achète les jardins Farnèse sur le Palatin en 1860 et y exhume le palais Impérial de Rome. Il envoie parallèlement des missions archéologiques en Espagne, Macédoine, Syrie, Algérie, Tunisie, Grèce ou encore en Asie Mineure. En 1862, il fait ouvrir le musée des Antiquités nationales à Saint-Germain-en-Laye et fait ériger une statue de Vercingétorix au mont Auxois. Sur ses deniers personnels, il finance plus de 8 millions de francs en recherches archéologiques, études expérimentales et travaux cartographiques et fait réaliser des fouilles à Alise-Sainte-Reine, identifiée comme étant le site d'Alésia qu'il visite en 1861 avant celui de Gergovie, ainsi qu'à Bibracte.

Politique étrangère sous le Second Empire Politique

internationale française sous le Second Empire.

En 1851, préparant la restauration impériale, Louis-Napoléon Bonaparte cherche à rassurer l'opinion française et européenne en déclarant à Bordeaux : L'Empire, c'est la paix ! 9 octobre 1852. L'ordre européen alors en place est pourtant celui issu du Congrès de Vienne de 1815 qu'il récuse, non seulement parce qu'il a été établi par les vainqueurs de Napoléon Ier afin de contenir les ambitions territoriales et politiques de la France mais aussi parce qu'il méconnaît le principe des nationalités dont Louis-Napoléon est un ardent défenseur.

La remise en cause du Congrès de Vienne Guerre de Crimée.

L'empereur entend à la fois disloquer la coalition anti-française héritière du Congrès de Vienne 1815, et aider à remodeler la carte de l'Europe en fonction du principe des nationalités selon lequel chaque nationalité, chaque peuple doit décider de son sort. Son projet est de construire une Europe fondée sur la libre adhésion de ses habitants, où la France a retrouvée ses frontières naturelles et où un système de congrès permet de résoudre pacifiquement les conflits entre les peuples. Son éducation cosmopolite et sa sympathie naturelle pour les peuples opprimés permettent à Napoléon III d'être le premier chef d'État à raisonner en tant qu'Européen et à estimer que l'Europe ne peut se construire que sur le dépassement des politiques nationales de chaque État européen.

L'empereur connaît des réussites dans un premier temps, alors même qu'il doit composer avec une haute administration et des diplomates majoritairement monarchistes et opposés au césarisme de Napoléon III.
La guerre de Crimée 1854-1856, marquée notamment par le siège de Sébastopol, permet ainsi à Napoléon III de jeter les bases de sa politique extérieure et de rétablir la France sur la scène européenne. La défense de l'Empire ottoman contre la Russie est aussi une excellente occasion pour lui de faire oublier les visées impérialistes de Napoléon Ier et de sortir Paris de son isolement international. Ainsi, à la suite de la déclaration de guerre entre la Russie et l’Empire ottoman le 4 octobre 1853, la France, voulant renforcer son influence en Égypte, et le Royaume-Uni voulant protéger ses positions en Inde, s'allient aux Turcs et déclarent à leur tour la guerre aux Russes le 27 mars 1854. Il s'agit là d'abord d'une victoire diplomatique car l'alliance avec l'Angleterre brise celle conçue autrefois entre cette dernière, l'Autriche et la Russie contre Napoléon Ier. Après la destruction de la flotte russe à Sébastopol et la bataille de Malakoff, la Russie capitule.

Coïncidant avec la naissance de son héritier le 16 mars 1856, le traité de Paris est un triomphe personnel pour l'empereur qui replace la France aux côtés des grands royaumes européens, efface des esprits le Congrès de Vienne de 1815 et se pose en arbitre du continent. Les Anglais et les Français non seulement obligent la Russie à reconnaître l’indépendance de l’Empire ottoman mais ils obtiennent aussi la neutralisation de la mer Noire et l’autonomie des deux principautés ottomanes de Moldavie et de Valachie. Le Piémont-Sardaigne, allié des vainqueurs, profite de l'occasion pour dénoncer l'occupation de l'Italie à l'Autriche des Habsbourg et de prendre ainsi date auprès de l'empereur des Français. La signature de ce traité marque également l'apogée de la bonne entente de Napoléon III avec la Grande-Bretagne de la reine Victoria.
Par la suite, appuyées par Napoléon III et en dépit de l'opposition de l'Autriche, les deux principautés de Moldavie et de Valachie élisent toutes les deux le même candidat au trône, Alexandre Jean Cuza 1859. L'union des deux principautés est formalisée en 1862 avec la formation des principautés unies de Roumanie qui devient, en 1881, le royaume de Roumanie.

Politique italienne de Napoléon III.

La politique italienne de l'empereur - en faveur de l'unification et au détriment de l'Autriche - permet à la France d'annexer, après un plébiscite, le comté de Nice et la Savoie 1860, l'empereur ayant pris le commandement de l'armée lors des batailles de Magenta et Solférino pendant la campagne d'Italie314 Au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, Napoléon III veut s'engager contre l'Autriche et mettre un terme à sa domination sur l'Italie, alors morcelée en divers duchés, principautés et royaumes, pour construire une Italie unie. Mais les militaires français refusent régulièrement une guerre ouverte, trop risquée. Par ailleurs, l'unification italienne pourrait menacer le pouvoir temporel du pape, tandis que les banquiers craignent les coûts et répercussions économiques possibles d'une telle aventure.
C'est l'attentat manqué d’Orsini qui convainc pourtant l’empereur de s'impliquer. Il contacte secrètement Camillo Cavour, président du conseil des ministres du royaume de Piémont-Sardaigne à qui il propose son aide pour la création d'un royaume de Haute-Italie, lors des accords de Plombières juillet 1858, en échange du duché de Savoie et du comté de Nice ainsi que du maintien du pouvoir temporel du pape à Rome. Il n'est pas question pour l'empereur de faire l'unité de la péninsule mais plutôt d'aider les populations d'Italie du nord Piémont, Sardaigne, Lombardie, Vénétie, Parme et Modène à s'affranchir de la puissance autrichienne tandis que le reste de la péninsule se partagerait entre un royaume d'Italie centrale Toscane, Marches, Ombrie, Rome et Latium et le royaume de Naples. Un traité d'alliance avec le Piémont-Sardaigne est signé en bonne et due forme le 28 janvier 1859.
Avant toute intervention sur le sol italien, Napoléon III s’assure par prudence de la neutralité de la Russie et de la passivité britannique. Le 26 avril 1859, à la suite d'un ultimatum adressé au royaume de Piémont-Sardaigne quant au désarmement de ses troupes, l’Autriche lui déclare la guerre. La France, engagée par son alliance défensive avec le Piémont-Sardaigne, honore le traité et entre en campagne contre l'Autriche. Après les batailles de Montebello, de Palestro, de Magenta et de Solférino en mai et juin 1859, Napoléon III décide de suspendre les combats en raison des pertes françaises importantes. Il craint aussi que le conflit ne s'enlise alors que se mobilise la Prusse le 6 juin 1859. Après une rencontre au sommet entre les empereurs François-Joseph Ier d'Autriche et Napoléon III à Villafranca di Verona, l'Autriche accepte de céder la Lombardie mais obtient de garder la Vénétie. Le traité de paix est signé à Zurich le 11 novembre 1859 mais Cavour, insatisfait de l'armistice, active les foyers révolutionnaires italiens par l’entremise de Giuseppe Garibaldi. De juillet 1859 à avril 1860, des duchés italiens se rallient dans un mouvement unitaire, soutenu par l'opinion publique et le roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel. L'expédition des Mille menée par Garibaldi, qui débute en mai 1860, permet l'annexion du royaume des Deux-Siciles. Le 14 mars 1861, le Royaume d'Italie est proclamé et Victor-Emmanuel devient roi d'Italie.
Pour Napoléon III, le bilan de cette politique italienne est mitigé. Ses succès militaires et la faiblesse de sa diplomatie ont renforcé à son égard l'hostilité de l'Autriche et de la Prusse alors que l'Italie, qui lui doit beaucoup, reste un État faible. En refusant de poursuivre la campagne victorieuse mais coûteuse en hommes de 1859, l'Empereur laisse Venise aux mains des Autrichiens et déçoit ses alliés sardes.
Il obtient néanmoins l'annexion du comté de Nice à la France ainsi que celui de la Savoie. Le Traité de Turin, en mars 1860, entérine ce changement de souveraineté tout comme l'annexion au Piémont-Sardaigne des duchés de Toscane, de Parme et de Modène. La limite géographique des territoires cédés n'est cependant pas clairement fixée et l'exécution du traité est subordonnée à son approbation par les populations concernées. Ainsi, la population niçoise semble tout d'abord assez réticente à ce changement de souveraineté. Lors des élections législatives de mars 1860, les deux députés élus par les Niçois au parlement de Turin sont Giuseppe Garibaldi et Charles Laurenti Robaudi, tous deux farouchement opposés à l'annexion. Cependant, à l'appel du roi Victor-Emmanuel, la population finit par accepter son changement de souveraineté lors du plébiscite des 15 et 16 avril 1860 où le oui remporte officiellement 83 % des inscrits dans l'ensemble du comté de Nice et 86 % dans la ville même de Nice. En Savoie, les mêmes réticences s'expriment. Certains veulent être indépendants et d'autres réclament leur réunion à la Suisse. Le résultat du plébiscite organisé dans les mêmes conditions qu'à Nice donne une victoire très large aux partisans de la réunion à la France. Le 14 juin 1860, la réunion de la Savoie à la France devient effectif sous la forme de deux départements : la Savoie et la Haute-Savoie. L'année suivante, ce sont Menton et Roquebrune, deux villes libres placées sous la protection de la Maison de Savoie et également consultées lors du plébiscite d'avril 1860, qui rejoignent le département français des Alpes-Maritimes après dédommagement du prince Charles III de Monaco.
La politique italienne de Napoléon III lui a cependant aussi aliéné les catholiques français ultramontains, car l'unité de l'Italie du Nord a mis les États pontificaux en péril. Cherchant à apaiser le mécontentement des milieux catholiques français, l'empereur initie en 1860 une intervention en Syrie après le massacre de populations chrétiennes et, jusqu'en 1870, empêche le nouveau royaume d'Italie de finaliser l'unité, en laissant des troupes à Rome pour protéger les derniers vestiges du pouvoir temporel du pape

Expéditions lointaines et expansion coloniale

À son arrivée au pouvoir, Napoléon III hérite d'un empire colonial modeste comprenant la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion, des comptoirs en Inde, Saint-Pierre-et-Miquelon, Mayotte et ses dépendances, l'Algérie ainsi que quelques autres îles notamment en Polynésie. Si au début, Napoléon III n'a aucun programme pour les colonies qu'il considère comme des fardeaux, l’idéologie des saint-simoniens va toutefois ostensiblement influencer les grandes lignes politiques de la colonisation sous son règne, époque pendant laquelle la surface des possessions françaises est finalement triplée. Napoléon III encourage une politique d’expansion et d’intervention outre-mer, autant par souci de prestige, que dans le but également de se concilier certaines fractions du corps social comme les militaires, les catholiques et les candidats à l'émigration vers des contrées lointaines. Sur son initiative est réorganisée l'administration coloniale en 1854 avec la création d'un comité consultatif des colonies suivie, en 1858, de la création du ministère de l'Algérie et des colonies. Le politique coloniale de l'empereur, inspirée par les saint-simoniens, se manifeste non seulement par le développement des ports coloniaux mais aussi par le commencement du percement du canal de Suez 1859-1869 en Égypte à l'initiative de Ferdinand de Lesseps et de Barthélemy Prosper Enfantin. Ce dernier est, au côté du saint-simonien Ismaÿl Urbain, le grand inspirateur de la politique arabophile de l'empereur et notamment de sa politique algérienne. Dans le cadre de cette expansion coloniale, les forces navales sont aussi modernisées avec la mise en chantier d'une quinzaine de cuirassés et de navires à vapeur pour transporter les troupes.
Au nom du libre-échange dont il est un ardent partisan et en dépit d'une forte opposition, Napoléon III autorise les colonies à pouvoir librement commercer avec les pays étrangers dans des conditions douanières similaires à celle de la métropole. Mais c'est en Algérie que se manifeste avec le plus d'éclat le volontarisme napoléonien. L'Algérie est une colonie qui ne lui est pas acquise. Les électeurs y ont désapprouvé le coup d'État lors du plébiscite de décembre 1851. La colonie est négligée dans les premières années du règne et laissée sous le contrôle de l'armée. Napoléon III s'y rend pour la première fois en septembre 1860 et en revient avec une vision nettement plus favorable qu'à son arrivée. À son retour, l'une de ses premières initiatives est de supprimer le ministère de l'Algérie dont l'administration civile a sur place porté atteinte à la propriété foncière musulmane et de remettre la colonie sous administration militaire avec pour mission notamment d'arrêter le cantonnement des indigènes. Il envisage à l'époque la création d'une entité arabe centrée sur Damas et dirigée par l'émir Abd el-Kader, ancien chef de la rébellion algérienne qu'il a fait libérer en 1852 et qui vit depuis en Syrie. Ainsi constituée, cette nation arabe serait placée sous la protection de l'empereur des Français. En 1862, dans cette perspective, il expose sa vision, teintée de paternalisme, du développement de l'Algérie fondé sur l'égalité parfaite entre indigènes et européens. Pour lui, l'Algérie n'est pas une colonie mais un royaume arabe, et il estime que les indigènes comme les colons ont aussi droit à sa protection. Il se considère comme l'Empereur des Français et des Arabes. En Algérie, la déclaration est non seulement mal reçue par les autorités militaires dirigées successivement par le maréchal Pélissier puis par le maréchal de Mac-Mahon, mais aussi par les colons soutenus en métropole par Jules Favre et Ernest Picard. Symboliquement, Napoléon III décore de la légion d'honneur Abd el-Kader alors qu'Ismayl Urbain publie L’Algérie pour les Algériens, où il défend les idées de royaume arabe que Napoléon III songe à mettre en œuvre mais auquel s’opposent farouchement les colons et les intérêts économiques algériens. Lors de sa seconde visite en Algérie au printemps 1865, Napoléon III expose son intention de créer un royaume arabe qui serait uni à la France sur le modèle d'une union personnelle comme l’Autriche et la Hongrie et comme le sont sous peu la Grande-Bretagne et le Canada331. Il envisage également la partition de l'Algérie en deux, réservant une large façade maritime pour les colons qui devraient alors évacuer toute la partie méridionale des hauts plateaux ainsi que les abords du Sahara. Parallèlement, plusieurs sénatus-consultes sont édictés pour mettre en forme la volonté de l'empereur. Après un premier sénatus-consulte du 22 avril 1863 qui réforme le régime de propriété foncière pour délimiter les terres des tribus et les protéger des confiscations abusives, un autre en date du 14 juillet 1865 accorde la nationalité française aux Algériens musulmans et aussi juifs accompagnés de droits civils et politiques à condition qu'ils aient renoncé à leur statut personnel fixé par la loi religieuse ils doivent concrètement renoncer à la polygamie, au divorce alors interdit en France et aux prescriptions du droit successoral coranique. Mais ses diverses initiatives, comme celle de donner une constitution à l'Algérie, ne résistent pas à l'opposition des colons, majoritairement hostiles à l'Empire, puis à la famine qui affecte la colonie à la fin des années 1860. L'idée d'instaurer un royaume en Algérie uni à la France par des liens personnels et dirigé par les autochtones est finalement abandonnée en 1869.
Napoléon III saluant les colons français et les Arabes depuis le balcon de la sous-préfecture de Mostaganem département d'Oran, le 20 mai 1865. D'après le croquis de M. Moulin, Le Monde Illustré, 1865.
Dans l'ouest africain, la présence française se renforce au Sénégal grâce au colonel Louis Faidherbe, gouverneur de 1854 à 1865. La construction du poste de Médine en 1865 assure alors le contrôle de toute la vallée du fleuve Sénégal.
D’habiles manœuvres permettent à Joseph Lambert, commerçant et armateur à l’île Maurice, d’obtenir pour la France, en 1860, une grande influence sur Madagascar qui ne manque pas de s'étendre aux Comores. En 1862, la France s'implante également en Nouvelle-Calédonie et à Djibouti par l'achat d'Obock 1862. Enfin, en Extrême-Orient, après le massacre de missionnaires français en Indochine, les premières expéditions d'envergure sont lancées, notamment en Cochinchine prise de Saigon en 1859.
À la suite de massacres de missionnaires en Chine et de la saisie de navires de commerce, la France se joint à l'Angleterre pour participer à une expédition punitive. Après avoir bombardé Canton en décembre 1857, la flotte franco-britannique remonte jusqu'à Pékin où de lourdes pertes sont infligées à l'escadre européenne. Un nouveau corps expéditionnaire comprenant 8 000 Français et 12 000 Britanniques est alors envoyé en Chine en décembre 1858. Après avoir dispersé 40 000 Chinois, il investit le Palais d'été avant d'entrer dans Pékin. L'épisode, qui se solde par la reddition des Chinois et la rédaction d'un nouveau traité de commerce, est terni par la mise à sac du Palais d'été dont les œuvres d'arts partent notamment enrichir les collections du château de Fontainebleau.
En fin de compte, l'Empire colonial français, dont la superficie était inférieure à 300 000 km2 en 1851, est supérieur à 1 000 000 km2 en 1870336.

L'expédition du Mexique

Au début des années 1860, le Mexique est un pays en proie à de profondes rivalités politiques et à l'instabilité qui mettent le pays au bord de la guerre civile. Appauvri, l’État mexicain, endetté principalement vis-à-vis de l’Angleterre mais aussi de l’Espagne et de la France, décide, le 17 juillet 1861, de suspendre pour deux ans le paiement de sa dette extérieure. Pour Napoléon III, qui vient d'obtenir un succès relatif en Italie, l’opportunité est tentante de profiter de la faiblesse présente des États-Unis confrontés à la guerre civile pour intervenir au Mexique et y installer un régime qui lui soit favorable politiquement mais aussi économiquement. Depuis longtemps, dès l'époque où il était enfermé au Fort de Ham, il réfléchit aux enjeux géostratégiques de cette région du monde. Rêvant de la possibilité de constituer un solide empire latin dans cette région d'Amérique du Nord capable de freiner et repousser l'expansion des États-Unis, il prend également conscience de la position stratégique majeure de l'isthme de Panama. En créant une zone d'influence française dans cette région du monde, il offrirait des débouchés pour l'industrie mais aussi un accès à de nombreuses matières premières.

Siège de Puebla.

Une fois l'ordre rétabli, le progrès serait au rendez-vous permettant à cet hypothétique nouveau centre de commerce et d'exploitation que serait un Mexique sous influence française de devenir le premier pays industrialisé d’Amérique latine, détournant des États-Unis des milliers de colons italiens, irlandais, grecs ou de ressortissants en provenance de tout autre pays en difficulté. Si, pour son conseiller économique Michel Chevalier, l'ambition mexicaine constitue ainsi une œuvre visionnaire et moderne, dans l'entourage d'Eugénie, l'enjeu politique et religieux prédomine avec la perspective de l'émergence d'une grande monarchie catholique, modèle régional capable de contrer la république protestante des États-Unis et, par effet de dominos, de procurer des trônes pour les princes européens

L'archiduc Maximilien et l'archiduchesse Charlotte; l'archiduc

passait pour être le fils du duc de Reichstadt

Afin officiellement de protéger les intérêts économiques français au Mexique, Napoléon III s’allie, le 31 décembre 1861, avec le Royaume-Uni et l’Espagne pour lancer une expédition militaire. Des négociations ont lieu entre Mexicains et Européens, après que ces derniers ont signé la Convention de Soledad mais elles n'aboutissent qu'à une impasse. En avril 1862, il ne reste plus au Mexique que la seule armée française à la suite du retrait du conflit des Britanniques et des Espagnols, peu enclins à suivre les initiatives de la France. Après la bataille de Las Cumbres suivie notamment du Siège de Puebla, la ville de Mexico, capitale du pays, est prise le 7 juin 1863. La couronne du Mexique est proposée à Maximilien de Habsbourg, frère de François-Joseph Ier d'Autriche, afin de compenser diplomatiquement l'engagement français en Italie et de resserrer l'alliance franco-autrichienne. Après avoir tergiversé une année, Maximilien l'accepte et entre, le 12 juin 1864, dans Mexico, accompagné de son épouse, l'archiduchesse Charlotte.
En avril 1865, la guerre de Sécession dans laquelle Napoléon III penche clairement en faveur du Sud voir La France et la guerre de Sécession prend fin aux États-Unis. Cette issue permet au gouvernement américain d'apporter son soutien aux troupes du gouvernement républicain menées par Benito Juárez. L'ampleur de la résistance mexicaine et l'appui des États-Unis à celle-ci obligent Napoléon III à ordonner le 15 janvier 1866 l'abandon de Mexico, Puebla et Veracruz. En février 1867, le dernier navire français quitte les rives du Mexique, laissant derrière lui l'empereur Maximilien qui a refusé d'abdiquer. Fait prisonnier à Santiago de Querétaro, il est exécuté le 19 juin 1867. En conséquence de cet abandon, le rapprochement avec l'empereur François-Joseph est définitivement compromis. L'impératrice Charlotte sombrera dans la folie. Réfugiée en Autriche au château de Miramar puis auprès de son frère en Belgique, elle mourra en 1927 sans avoir retrouvé la raison.

La crise luxembourgeoise Crise luxembourgeoise.

Au début des années 1860, l'attachement de Napoléon III au principe des nationalités l'incite à ne pas s'opposer à l'éventualité d'une unification allemande, remettant ainsi en cause une politique menée depuis Richelieu et le traité de Westphalie 1648. Pour lui, la Prusse incarne la nationalité allemande, la réforme religieuse, le progrès du commerce, le constitutionnalisme libéral . Il la considère comme la plus grande des véritables monarchies allemandes notamment parce qu'elle accorde plus de liberté de conscience, est plus éclairée, accorde plus de droits politiques que la plupart des autres États allemands . Cette conviction basée sur le principe des nationalités le conduit non seulement à apporter son soutien à la révolte polonaise contre le tsar en 1863 ce qui provoque la rupture de l'alliance franco-russe345 mais aussi à adopter une neutralité bienveillante lors de l'affrontement décisif entre la Prusse et l'Autriche. L'empereur espère en fait tirer avantage de la situation quel que soit le vainqueur en dépit des avertissements de Thiers devant le Corps Législatif.
À la suite de la bataille de Sadowa, l'Autriche est refoulée vers les Balkans : l'Italie obtient la Vénétie comme le souhaitait Napoléon III alors que la Prusse obtient le Holstein, le Hanovre, la Hesse-Cassel, le duché de Nassau et Francfort-sur-le-Main pour former la confédération de l'Allemagne du Nord.
Napoléon III entend aussi récolter les fruits de son attitude conciliante vis-à-vis de la Prusse. Lors de l'entrevue de Biarritz 1865, le chancelier Otto von Bismarck lui avait affirmé qu'aucune cession de territoire allemand à la France n'était envisageable, mais qu'il admettait toutefois qu'en cas d'intercession de la France dans la résolution du conflit avec l'Autriche, des concessions territoriales puissent être possibles. Ainsi, la Prusse resterait neutre en cas d'occupation par la France de la Belgique et du Luxembourg, politique dite des pourboires. Dans le même temps, Bismarck passe secrètement avec les États d’Allemagne méridionale un traité de protection mutuelle pour se prémunir d’une agression éventuelle de la France. L'annexion par la France du Grand-duché du Luxembourg paraît d'autant plus accessible que Guillaume III, le roi des Pays-Bas, souverain en titre du Luxembourg, se déclare ouvert à une compensation financière. Ainsi, le 23 mars 1867, il accepte l'offre française de lui verser 5 millions de florins en échange du Grand-duché. Les accords secrets de 1866 entre la Prusse et les États d'Allemagne méridionale ayant été officialisés, Guillaume III subordonne la vente du Luxembourg à l'accord de la Prusse. Celle-ci, via Bismarck, fait alors connaître publiquement l'offre française à toute l'Europe, divulguant ainsi la teneur de ces pourparlers secrets, déchaînant une réaction explosive de l'opinion publique dans les États allemands et provoquant la crise luxembourgeoise.
L'opinion publique allemande est d'autant plus scandalisée que la dynastie des Luxembourg a donné quatre empereurs au Saint-Empire romain germanique. Il lui est inimaginable de laisser le Grand-duché à la France. Dans ces circonstances, Otto von Bismarck considère qu'il ne peut plus honorer les promesses faites secrètement à la France et enjoint Guillaume III de revenir sur la vente du Luxembourg. En France, l'opinion publique se mobilise elle aussi, entraînant la mobilisation des troupes, tandis que des députés allemands poussent Bismarck à décréter la mobilisation générale de la Confédération de l'Allemagne du Nord. Au Luxembourg même, des activistes pro-français provoquent la garnison prussienne alors que d'autres manifestants demandent au roi des Pays-Bas le retour au statu quo. Napoléon III est conscient que son armée n'est pas prête à entrer en guerre contre son puissant voisin et est préoccupé par l'état de santé de son fils tombé gravement malade. À l'initiative de la Grande-Bretagne, une conférence est organisée à Londres. La crise est résolue par le deuxième traité de Londres selon lequel la France renonce à ses prétentions sur le Luxembourg, en laisse la souveraineté au roi de Hollande, tandis que la Prusse démobilise sa garnison et démantèle ses fortifications autant que le roi de Hollande le jugera utile. Il est entendu que le Luxembourg doit rester neutre au cours des futurs conflits.
Le déroulement de la crise luxembourgeoise montre le poids des opinions publiques et la prégnance croissante du nationalisme. L'antagonisme entre la France et la Prusse en sort d'autant plus attisé que Napoléon III réalise désormais à quel point il a été joué par Bismarck depuis 1864, n'ayant obtenu aucune des compensations secrètement convenues avec le Prussien. En conséquence de l'expédition militaire au Mexique, du soutien à la révolte polonaise contre le Tsar et de la crise luxembourgeoise, la France se retrouve isolée en Europe, y compris de l'Angleterre, désormais méfiante envers les ambitions territoriales de son voisin.

De la guerre de 1870 à la mort en exil Guerre franco-allemande 1870.

Les tensions avec la Prusse sont avivées quand le prince Léopold de Hohenzollern se porte candidat le 21 juin 1870 à la succession d'Espagne, vacante depuis deux ans ce qui provoque des inquiétudes dans plusieurs chancelleries européennes: un Hohenzollern sur le trône espagnol placerait la France dans une situation d'encerclement proche de celle de l'époque de Charles Quint.

Émile Ollivier

Le prince retire sa candidature le 12 juillet 1870351, mais le gouvernement de Napoléon III subit la pression des belliqueux: une partie de la presse de Paris et de la Cour, ainsi que des opposants de droite ou de gauche352. Il exige un engagement écrit de renonciation définitive et une garantie de bonne conduite de la part de Guillaume Ier. Le roi de Prusse confirme la renonciation de son cousin sans se soumettre à l'exigence française.
Cependant, pour Bismarck, une guerre contre la France est le meilleur moyen de parachever l'unification allemande. La version dédaigneuse qu'il fait transcrire dans la dépêche d'Ems de la réponse polie qu'avait faite Guillaume de Prusse confine au soufflet diplomatique pour la France, d'autant plus qu'elle est diffusée à toutes les chancelleries européennes. Tandis que la passion anti-française embrase l'Allemagne, la foule parisienne, excitée par une partie de la presse, réclame la guerre. Bien que tous deux personnellement favorables à la paix et à l'organisation d'un Congrès pour régler le différend, Ollivier et Napoléon III, qui ont finalement obtenu de leur ambassadeur la version exacte de ce qui s'était passé à Ems, se laissent dépasser par les partisans de la guerre, dont l'impératrice Eugénie, mais aussi de ceux qui veulent une revanche sur l'Empire libéral. Les deux hommes finissent par se laisser entrainer contre leur conviction profonde.
Même s'il se dit de nature pacifique, Napoléon III est affaibli par ses échecs internationaux antérieurs et a besoin d'un succès de prestige avant de laisser le trône à son fils. Il n'ose pas contrarier l'opinion majoritairement belliciste, exprimée au sein du gouvernement et au parlement, y compris chez les républicains, décidés à en découdre avec la Prusse, alors que quelques semaines plus tôt il avait hésité à s'opposer à la décision d'Ollivier de réduire le contingent militaire, et ce malgré les avertissements lucides de Thi.
La guerre est déclarée le 19 juillet 1870. L'armée prussienne a d'ores et déjà l'avantage en hommes plus du double par rapport à l'armée française, en matériels le canon Krupp et même en stratégie, celle-ci ayant été élaborée dès 1866.
Les premiers revers d'août 1870 sont imputés à Napoléon III et à Ollivier, ce qui fournit à la Chambre l'occasion de renverser le Premier ministre, à une écrasante majorité, le 9 août 1870, laissant l'empereur seul sur la ligne de front, qu'elle soit politique ou militaire. Pendant que Napoléon III cherche la mort sur le champ de bataille, l'impératrice Eugénie, régente, nomme le bonapartiste autoritaire Charles Cousin-Montauban, comte de Palikao, à la tête du gouvernement. Sous la pression de l'impératrice, Napoléon III renonce à se replier sur Paris et marche vers Metz au secours du maréchal Bazaine encerclé. Ses troupes sont elles-mêmes alors encerclées à Sedan. Le 2 septembre 1870, n'ayant pu trouver la mort au milieu de ses hommes, Napoléon III dépose les armes au terme de la bataille de Sedan et tente de négocier les clauses de la capitulation avec Bismarck près du village de Donchery.
Désormais captif, il assiste avec le roi Guillaume de Prusse à l'acte de reddition de l'armée française au château de Bellevue situé près de Frénois, au sud de Sedan. Pendant leur discussion, il assure qu'il n'a pas voulu la guerre mais qu'il y a été contraint par l'opinion publique, ce à quoi le roi Guillaume lui réplique que ladite opinion avait été forgée par le ministère.
Le 3 septembre 1870, l'empereur, désormais prisonnier, quitte définitivement la France pour se rendre en Prusse et y être interné au château de Wilhelmshöhe. Napoléon III est le 4e souverain français à être capturé sur un champ de bataille.

Autorisé à choisir son itinéraire, il choisit de passer par la Belgique, trajet plus court et plus facile. Il se rend d'abord à Bouillon pour y loger la nuit du 3 au 4 septembre à l’Hôtel de la Poste. Le 4 septembre, il se rend à la gare de Libramont alors la gare la plus proche pour se rendre en Allemagne, où un train spécial l’attend. Durant le trajet de Bouillon à Libramont, le convoi impérial s'arrête à Recogne à l'auberge Olivier où un déjeuner pour trente-cinq personnes a été commandé la veille. Après le repas, l'empereur visite une batterie d'artillerie pourvue de canons Wahrendorff, qui se chargent par la culasse, et dont l'armée belge a été dotée à l'instar de l'armée prussienne. Napoléon se fait longuement expliquer le mécanisme. Puis, avec un soupir, il se tourne vers sa suite : Voilà donc, Messieurs, ce canon qui nous a vaincus... . À Jemelle, le train s'arrête en gare, et Napoléon rencontre son cousin le prince Pierre-Napoléon Bonaparte. Le convoi passe ensuite par Liège et s'arrête à Verviers où il loge la nuit du 4 au 5 septembre à l’Hôtel du Chemin de Fer. Finalement, le 5 septembre, il reprend le train pour se rendre à Cassel. Durant tout le trajet du château de Bellevue près de Sedan au château de Wilhelmshöhe près de Cassel, l'empereur est accompagné par le général prussien de Boyen, aide de camp du roi Guillaume Ier de Prusse, et entre autres, le général Castelnau, son premier aide de camp. Durant la traversée de la Belgique, il est aussi accompagné par le général Chazal, commandant l’armée belge d’Observation mobilisée dès le début de la guerre.
Le 4 septembre 1870, à Paris, la foule envahit le Palais Bourbon tandis que l'impératrice Eugénie se réfugie chez le docteur Thomas W. Evans, son dentiste américain, qui organise sa fuite vers l'Angleterre. Le gouverneur de Paris, Louis Jules Trochu, reste passif et le régime impérial ne trouve guère de défenseurs, les soutiens traditionnels qu'étaient l'armée et la paysannerie étant trop loin, le traumatisme lié à la capitulation et à la captivité de l'empereur trop important et la pression populaire à Paris et dans les grandes villes trop forte. Des députés dont Léon Gambetta et Jules Simon se rendent à l'hôtel de ville de Paris et y proclament la République. Un gouvernement provisoire qui prend le nom de Gouvernement de la Défense nationale est alors formé.

Dans la plupart des départements français, le nouveau régime républicain est souvent accueilli dans l'indifférence. Dans un premier temps, peu nombreux sont ceux qui prennent la défense de l'Empire, discrédité par la défaite. En captivité, l'empereur veut assumer sa part de responsabilité dans le déclenchement du conflit qui lui a couté le trône impérial mais pas en endosser l'entière responsabilité. Dès le 8 septembre 1870, il signe un premier récit intitulé Conduite de l'Empereur depuis le commencement de la guerre puis donne des entretiens à la presse écrite, correspond avec Émile Ollivier et publie Note sur l'organisation militaire de la Confédération d'Allemagne du Nord dans laquelle il tente de se justifier et d'expliquer l'enchainement des faits depuis Sadowa, rappelant notamment son projet militaire la loi Niel qui est refusée par le Corps législatif.
Bien que discrédité par la défaite, il garde une réelle popularité dans les campagnes où beaucoup de paysans tentent de s'opposer au remplacement de leurs maires en septembre et octobre 1870. Des manifestations bonapartistes ont aussi lieu dans plusieurs départements et provinces, notamment en Normandie, en Charentes, dans le Puy-de-Dôme, dans le Limousin et en Corse. Napoléon III compte en fait sur la réunion des conseils généraux, élus en août 1870, et qui pourraient voter, selon ses espérances et ses renseignements, pour la restauration de l'Empire. Cependant, Gambetta met fin à ses illusions en décrétant la dissolution de ces conseils. Il compte alors sur une éventuelle consultation directe du peuple sur la nature du prochain régime par les autorités françaises pour rétablir la situation tandis que le nouveau système de scrutin par liste lamine les Bonapartistes, obligés non seulement de faire liste commune avec les monarchistes mais de le faire en rang modeste, ce qui ne permet le retour que de 20 de leurs élus sur 675 à la Chambre.
Le 1er mars 1871, l'Assemblée, qui s'est réunie à Bordeaux, vote la déchéance officielle de Napoléon III et de sa dynastie, le déclarant responsable de la ruine, de l'invasion et du démembrement de la France. Seuls six parlementaires votent contre. L'empereur ainsi déchu proteste, accusant l'Assemblée d'outrepasser ses pouvoirs, de se substituer à la volonté de la Nation et réclame un plébiscite

Le 19 mars, Bismarck met fin à sa captivité. Il décide alors de rejoindre ses proches en Angleterre où il retrouve son épouse et son fils. Il s'installe à Chislehurst où il reçoit de nombreuses visites à commencer par la reine Victoria, le prince de Galles et le Premier ministre britannique Gladstone. Durant ce nouvel exil britannique, l'ex-empereur écrit beaucoup, notamment un ouvrage intitulé La France et la campagne de 1870 (publié après sa mort dans son intégralité). Il y prépare également de nouveaux plans pour revenir au pouvoir, rêvant de rééditer à son profit le retour de l'île d'Elbe de son oncle Napoléon Ier. Mais une opération de la vessie a raison de lui.
Le 9 janvier 1873, à 10 h 45, Napoléon III meurt à l'âge de 65 ans. Près de 60 000 personnes, dont un dixième de Français comprenant une délégation d'ouvriers conduite par Jules Amigues, viennent se recueillir devant le corps et participer à l'inhumation le 15 janvier 1873 à Chislehurst, aujourd'hui dans le district londonien de Bromley
Par la suite, l'impératrice Eugénie lui construit un mausolée à l'abbaye Saint-Michel St Michael's Abbey de Farnborough sud de l'Angleterre où il repose à ce jour aux côtés de sa femme décédée en 1920 et de leur fils unique, le prince impérial Louis Napoléon, enrôlé volontaire dans l'armée britannique et tué à 23 ans en Afrique du Sud par les Zoulous au cours d'une patrouille en juin 1879, lors de la Guerre anglo-zouloue.

Napoléon III vu par les historiens La légende noire

autour de Napoléon III

Napoléon III a longtemps été victime d'une légende noire, d'une caricature forgée par ses nombreux ennemis politiques, les républicains, les royalistes, les libéraux... pour reprendre les mots du professeur d'histoire contemporaine Guy Antonetti. Selon les détracteurs et opposants du dernier empereur des Français, il est à la fois un crétin Thiers, Napoléon le petit ou Césarion Victor Hugo, Badinguet, du nom du peintre sous le déguisement duquel il s'échappa de la forteresse de Ham et la représentation symbolique d'« une espèce d'aventurier sans scrupules, et d'arriéré mental ridicule, un mélange de satrape débauché et de démagogue fumeux, bref un pantin insignifiant quand il n'est pas surnommé L'homme du 2 décembre ou Boustrapa de ses trois coups d’État : BOUlogne, STRAsbourg et PAris.

Si la légende noire est si souvent évoquée pour parler de Napoléon III et de son règne, et que le Second Empire a eu longtemps mauvaise presse, il le doit à son caractère autoritaire et répressif et à sa fin sans gloire dans la désastreuse guerre franco-prussienne. Apparemment peu doué pour la prophétie, Louis Pasteur, fervent bonapartisteNote 24 affligé par la chute de l'Empire, déclarait alors confiant que « malgré les vaines et stupides clameurs de la rue et toutes les lâches défaillances de ces derniers temps, l'Empereur peut attendre avec confiance le jugement de la postérité. Son règne restera comme l'un des plus glorieux de notre histoire .
Napoléon III en chauve-souris soupesant Thiers et la République. Allusion à la position de Napoléon III au moment de la Commune de Paris - Le père Duchêne Illustré no 8, le 27 Floréal 79 / 17 mai 1871.
Même les réussites qui caractérisent le Second Empire ne sont pas nécessairement dénuées d'aspects ambivalents et sont critiquées par les contemporains. Les acquis territoriaux de 1860 Nice et la Savoie obtenus à la suite d'une guerre victorieuse contre l'Autriche sont aussi oubliés, effacés par le traumatisme que constitue alors la perte de l'Alsace et de la Moselle et marquant durablement la conscience nationale jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Non seulement Napoléon III est sujet d'une légende noire et aussi parfois rose mais c'est également le cas des événements qui caractérisent son régime politique, notamment sa prise de pouvoir. Ainsi l'historien Maurice Agulhon utilise aussi les termes de légende noire et de légende rose pour les différentes versions ou approches données à l'insurrection en province au moment du coup d'État, notamment le fait que les historiens républicains tendaient à minimiser les faits de lutte des classes qui la sous-tendait.
Par ailleurs, l'œuvre de Victor Hugo, bâtie sur l'opposition permanente entre la gloire de Napoléon Ier et la bassesse tyrannique prêtée à Napoléon III, contribua considérablement à asseoir l'image d'un despote médiocre et sans scrupules. L'écrivain Émile Zola, circonspect sur l'Empereur dont il note la complexité et qu'il appelle « l'énigme, le sphynx, rappela ainsi dans ses romans la spéculation effrénée et la corruption nées de l'haussmannisation et de la flambée boursière, La Curée, L'Argent, le choc que l'irruption des grands magasins représenta pour le petit commerce Au Bonheur des Dames, la dureté des luttes sociales sous Napoléon III Germinal. Toutefois, le même Émile Zola démontra comment le même homme pouvait être regardé différemment en fonction du camp idéologique où l'on se situait, des revirements idéologiques ou des métamorphoses de l'âge, en écrivant que Le Napoléon III des Châtiments, c'est un croquemitaine sorti tout botté et tout éperonné de l'imagination de Victor Hugo. Rien n'est moins ressemblant que ce portrait, sorte de statue de bronze et de boue élevée par le poète pour servir de cible à ses traits acérés, disons le mot, à ses crachats.
Souvent mentionnée par les historiens dans leurs biographies de l'empereur150, la légende noire est notamment analysée en profondeur, par les historiens Pierre Milza et Éric Anceau dans leurs ouvrages respectifs consacrés à Napoléon III.
Pour Éric Anceau, le 2 décembre a permis aux républicains de s’ériger en défenseurs du droit et de faire du coup d’État le mal absolu. Depuis le 2 décembre 1851, qui se dit républicain en France ne peut prêter la main à un coup d’État, ni s’en faire l’apologiste »385. Cette référence négative désormais pour tout républicain authentique » selon les mots de l'historien Raymond Huard pour désigner le 2 décembre, jour néfaste parce qu’il mit fin à l’existence de la Seconde République, fut l'argument des républicains pour combattre tout retour en force du césarisme plébiscitaire, que ce soit lors du boulangisme puis plus tard lors de la montée du gaullisme. Le précédent d'un président devenu empereur ainsi rendra impensable, jusqu'en 1962, toute élection du chef de l'État au suffrage universel direct, François Mitterrand comparant avec virulence le général de Gaulle à Napoléon III afin d'instruire le procès des institutions de la Cinquième République.
Pour Pierre Milza, l'année terrible 1870 a fortement traumatisé les contemporains, peut-être autant que le fera la débâcle de 1940 ce qui explique également, en sus du 2 décembre, le long discrédit dont souffre longtemps l'image de Napoléon III.
Dans sa biographie, Éric Anceau note particulièrement que la IIIe République s'édifie sur les ruines du Second Empire et en opposition à Napoléon III, à sa famille et à ses proches voués à l'opprobre. Il paie ainsi la personnalisation du régime césarien et, qualifié d'« aventurier qui avait trompé les Français pour accéder au pouvoir , devient un bouc émissaire commode, tenu pour seul responsable de la défaite et de la mutilation du territoire français. Alors qu'Eugénie était dénigrée en raison de sa dévotion religieuse ou de son origine espagnole, le préfet Haussmann était lui aussi victime de l'hallali intellectuel exprimé notamment dans les ouvrages publics de la IIIe République à l'instar du Grand dictionnaire universel du xixe siècle de Pierre Larousse en 1876.
Si l'empereur est, selon Pierre Milza, l'objet d'un déferlement de haines au travers de pamphlets, caricatures et chansons qui le présentent comme un despote vénal et immoral, l'historien confirme que ces invectives ont lieu surtout au moment où le régime républicain n'est pas encore acquis et doit encore se construire et s'enraciner. Non seulement tout nom relatif à la toponymie impériale est globalement éliminé de la voie publique, à l'exception des batailles remportées durant le régime, mais la nouvelle légitimité républicaine exige alors que tous les mythes sur lesquels reposaient le précédent pouvoir, telle l'image idéalisée du sauveur de la nation, soient abattus et discrédités.
Précisant être un républicain qui ne nourrit aucune nostalgie à l'égard de l'Empire, Pierre Milza note cependant, au travers de plusieurs commémorations concrètes officielles intervenues depuis les années 1980, les prologues de ce qu'il considère, comme l'ultime étape d'une réhabilitation tardive et inachevée : le rapatriement des cendres de Napoléon III, de son épouse et de leur fils, à l'instar de ceux de Napoléon Ier393. Ainsi, en 1988, pour la première fois en 118 ans, un gouvernement français s'était fait représenter lors d'une cérémonie organisée à la mémoire de Napoléon III et avait envoyé un détachement de la garde républicaine rendre les honneurs de l'État à l'ancien empereur lors d'une messe de requiem en l'église Saint-Louis-des-Invalides. En 2008, prenant la suite de plusieurs demandes antérieures d'origines diverses, Christian Estrosi, alors secrétaire d'État français à l'Outre-Mer et candidat à la mairie de Nice, demandait le rapatriement des cendres de Napoléon III pour 2010, année du 150e anniversaire du rattachement du comté de Nice à la France. Enfin, lors de son hommage public et national au président de la Cour des Comptes Philippe Séguin le 12 janvier 2010, le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer déclarait que celui qui fut aussi l'auteur en 1990 de Louis-Napoléon le grand, en rompant avec la tradition héritière de Victor Hugo, entreprit de réhabiliter la mémoire de Napoléon III, substituant au personnage caricatural de Badinguet la vision d’un empereur moderniste et soucieux du bien commun, qui équipa et enrichit la France.

Historiographie

Durant l'Empire autoritaire, la censure du régime empêche l'expression des avis critiques. Si cela change avec la libéralisation de 1863 puis des lois sur la presse et sur les réunions publiques de 1868, l'historien Louis Girard note en 1986 que l'historiographie du Second Empire fut souvent dominée par les opposants.
Avant même d'accéder au pouvoir, Louis-Napoléon avait fait l'objet de biographies sous la Monarchie de Juillet, tantôt favorables et tantôt hostiles. Durant son règne, il est l'objet d'ouvrages uniquement panégyriques ou d'hagiographies. Néanmoins, les journalistes républicains Eugène Ténot et Taxile Delord du quotidien Le Siècle peuvent à la fin des années 1860 publier deux ouvrages tentant de présenter objectivement les événements liés au coup d'État du 2 décembre 1851.
Après la mort de Napoléon III, le régime impérial est longtemps résumé historiquement et politiquement, du moins en France, comme un tout dont l'identité se résume au coup d'État, le péché originel du Second Empire, à la débâcle militaire, à l'affairisme et à la dépravation morale. Néanmoins, les études britanniques se distinguent dès les années 1870 car, au côté d'ouvrages violemment hostiles, paraissent dès cette époque des études beaucoup plus nuancées.

Dans les années 1890, des personnalités commencent à produire des ouvrages dépassionnés des enjeux politiques, à une époque où le mouvement bonapartiste est en voie d'extinction. Ainsi, Pierre de La Gorce écrit une Histoire du Second Empire en sept volumes dont la première version, rédigée sur fond du scandale de Panama, reste néanmoins hostile au souverain. Cependant, avec cet auteur, on sort du journalisme pour entrer dans l'histoire générale tandis qu'Émile Ollivier publie ses mémoires consacrés à L'Empire libéral.
Si la politique intérieure et la diplomatie ne font l'objet d'aucun consensus, son œuvre économique et sociale est déjà analysée de façon plus nuancée, notamment par Albert Thomas à qui Jean Jaurès avait confié la rédaction du volume X de Histoire socialiste. Néanmoins, l'instrumentalisation de l'ancien souverain persistait malgré l'affirmation d'une histoire positiviste et scientifique.
Visant notamment Charles Seignobos, Pierre Milza considère que l'historiographie républicaine - en position dominante dans l'université française - conserve au moins jusqu'en 1914 une position critique .... Le second Empire reste fondamentalement lié au 2 décembre et à la capitulation de Sedan.Les manuels scolaires sont les véhicules d'une histoire officielle destinée à former des citoyens et des patriotes attachés aux valeurs républicaines. C'est également l'avis de l'historien Louis Girard qui note dans la tonalité critique de l'œuvre de Seignobos l'écho des passions républicaines. Néanmoins, ces mêmes ouvrages scolaires et universitaires commencent eux aussi à aborder son œuvre économique et sociale, s'écartant définitivement du déchaînement de haine et de mauvaise foi des premières années ayant suivi la chute de l'Empire, et commencent à présenter des portraits plus nuancés de la personnalité de l'Empereur.
À partir des années 1920, alors que la France a repris possession des territoires perdus en 1870, Napoléon III fait l'objet de biographies plus favorables voire romancées alors que l'historiographie officielle porte la marque d'une révision des jugements portés sur l'Empereur et son régime. À l'étranger, il est également objet de nombreuses biographies, surtout en Angleterre, mais dans les années 1930, il est selon Éric Anceau l'objet de « parallèle hasardeux sur fonds de montée du fascisme.
Après la Seconde Guerre mondiale, le second Empire est enfin étudié vraiment scientifiquement par de nombreux universitaires historiens ou économistes Charles-Hippolyte Pouthas, Jean Bouvier, Alain Plessis, René Rémond, Maurice Agulhon, Jeanne Gaillard, etc. tandis que Napoléon III fait l'objet de premières études approfondies par les historiens Adrien Dansette et Louis Girard et par l'historien britannique William Smith. Maurice Agulhon note que l’histoire économique et culturelle du Second Empire se caractérise par une période prospère et brillante. Sur le régime politique qui s'installe en décembre 1851, le même historien parle de dictature bonapartiste, au moins pour la première année qui suit le coup d'État jusqu'à l'avènement de l'Empire. Pierre Milza parle de dictature napoléonienne mais si pour lui le caractère dictatorial et policier du régime ne saurait être contesté, il en est différemment pour Éric Anceau selon lequel le bonapartisme du troisième Napoléon se caractérise notamment par l'absence de tout État policier, ne serait-ce que par le défaut des moyens et par la subversion précoce du régime par les notables. Toutefois, Pierre Milza souligne que rares sont les dictatures européennes dont l’évolution s’est opérée comme celle-ci dans le sens de la libéralisation alors que la république bourgeoise et réactionnaire, à laquelle le coup d'État a mis fin, n'avait plus grand-chose à voir avec les espoirs de démocratie et de justice de février 1848. Pour Milza, le césarisme couronné qui fait suite à la république consulaire de 1852 ne saurait être assimilé ni aux monarchies absolues relevant de l'ordre divin, ni aux régimes d'état de siège visant à maintenir par la seule force des baïonnettes le pouvoir d'une quelconque oligarchie. Pour Louis Girard, Napoléon III, qui n'a jamais envisagé la démocratie autrement que s'incarnant dans un chef, est aussi fort différent des dictateurs du XXe siècle non seulement parce qu'il se réfère aux principes de 1789, a contrario de tous les dictateurs mais aussi, entre autres, que la notion de rassemblement national qu'il souhaite réaliser derrière lui est fort différent de la notion de parti unique il n'existe pas de parti bonapartiste sous l'Empire et qu'il voulait, à terme, pouvoir doter son pays d'institutions analogues à celles de la Grande-Bretagne, attendant pour cela une évolution des mœurs politiques.
Les années 1990, commencées avec la parution de Louis Napoléon le Grand par l'ancien ministre et historien de formation Philippe Séguin et les années 2000 poursuivent ce renouveau historiographique du Second Empire, qui va globalement dans le sens d'une réhabilitation de Napoléon III et de son règne. Si pour l'historien Pierre Milza, reprenant la suite de Louis Girard, le second Empire est une étape plus progressiste que régressive dans la démocratisation de la France, une période qui a familiarisé les Français avec le vote et que la dénonciation du césarisme, réel ou supposé, appartient à la culture de la République parlementaire, il estime aussi que le régime politique de Napoléon III appartient à la galaxie démocratique et qu'il a su évoluer dans le sens de la libéralisation. Il note par ailleurs que les historiens, les politistes, les spécialistes de l'Histoire des idées et de la philosophie de l'histoire ont entrepris de réexaminer le bonapartisme et de replacer celui-ci dans la longue durée, ce qui a permis de considérer sous un jour nouveau le bilan de l'Empire
Les archives du ministère de la Maison de l'Empereur, sous Napoléon IIII, sont conservées aux Archives nationales.

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Posté le : 18/04/2014 18:12
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Napoléon III 2ème partie
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La répression

Trente-deux départements sont mis en état de siège dès le 8 décembre : tout le pouvoir est localement donné aux autorités militaires qui, en quelques jours, maîtrisent rapidement les zones de résistance républicaine. Pendant 15 jours, celles-ci sont réprimées et, ponctuellement, des insurgés sont fusillés sommairement. Selon l'historien Louis Girard, commence alors contre les républicains une chasse à l'homme, avec son cortège de dénonciations et d'exécutions sommaires. Puis, jusqu'en janvier 1852, ce sont des arrestations massives non seulement dans les départements soulevés, mais sur tout le territoire. Selon Maurice Agulhon, le caractère massif et inique de la répression vint cependant de l'assimilation qui fut officiellement faite de l'insurrection effectivement accomplie à un complot républicain préparé de longue date. Tous les républicains, même ceux n'ayant pas pris les armes, sont alors assimilés à des insurgés en puissance, des complices ou des inspirateurs à l'insurrection. En conséquence, les forces de l'ordre, armée, gendarmerie et police raflent, de la mi-décembre à janvier, des milliers de suspects, qui encombrent les prisons. Les partisans de Louis-Napoléon sont aussi décidés à endiguer toute révolution sociale. C'est donc une répression massivement conservatrice tout imprégnée des rancœurs du parti de l'Ordre qui s'abat avant que les bonapartistes de gauche, à la fois progressistes et autoritaires, et certains républicains, comme George Sand, parviennent à obtenir, auprès de Louis-Napoléon, un adoucissement dans la répression et les sanctions.
Ainsi, dans un premier temps, 26 884 personnes sont arrêtées, essentiellement dans le Sud-Est, le Sud-Ouest et quelques départements du Centre, 15 000 sont condamnées dont 9 530 à la transportation en Algérie et 239 autres au bagne de Cayenne tandis que 66 députés, dont Hugo, Schœlcher, Raspail, Edgar Quinet sont frappés de proscription par un décret présidentiel. Toutefois, les mesures de répression prononcées par les 82 commissions mixtes inquiètent Louis-Napoléon et lui-même est affecté par le bilan humain d'un succès payé au prix fort. Dans un second temps, Louis-Napoléon délègue en mission extraordinaire trois conseillers d'État, afin de réviser les décisions prises et préparer des mesures de grâce. Si les généraux Espinasse et Canrobert, chargés du Sud-Ouest et du Languedoc, font preuve de peu d'indulgence envers les condamnés avec un millier de grâces accordées, le conseiller d'État Quentin-Bauchart, chargé du Sud-Est, accorde 3 400 grâces. Sollicité par toutes sortes d'influences, Louis-Napoléon Bonaparte use de son côté largement de son droit de grâce, souvent sur requête de tiers, à l'instar de ce que fit personnellement George Sand auprès du président. Le nombre des transportations en Algérie passe ainsi de 6 151 chiffre représentant les transportations réellement effectuées à 3 006 et, en fin de compte, le nombre des républicains remis en liberté passe de 5 857 libérés en janvier 1852 à 12 632 au 30 septembre 1853.
Pour le président, il n'est pas dans ses intentions que le nouveau régime prenne une tonalité autoritaire, antirépublicaine et conservatrice. De fait, le futur Napoléon III reste obsédé par le souvenir du serment violé, des morts de décembre, des brutalités de la répression portant le 2 décembre comme une tunique de Nessus selon les mots de l'impératrice Eugénie. Politiquement, il tire profit de l'ambigüité du mouvement de résistance qui, dans plusieurs départements, a revêtu le visage de la révolte anarchique contre les riches. Il parvient à présenter le coup d'État comme une opération préventive de sauvetage de la société et à rassembler autour de sa personne des courants d'opinions jusque-là divergents Flahaut, Falloux, Montalembert, Gousset, etc..
Les députés réfractaires, qui avaient voté un décret ordonnant la convocation de la haute cour de justice à la mairie du 10e arrondissement avant d'être arrêtés et incarcérés, sont rapidement libérés à l'exception des députés d'extrême-gauche et de quelques libéraux. Environ 70 personnalités de la gauche républicaine et quelques personnalités orléanistes sont condamnées à l'exil, rejoints par de nombreux intellectuels et par des membres de l'enseignement qui refusent de prêter le serment de fidélité au chef de l'État, exigé pour les fonctionnaires par le nouveau régime135 tandis que la nouvelle loi relative au régime de presse renforce les entraves à la liberté d'expression pour les titres politiques.

Le plébiscite

Conformément à sa proclamation au peuple, Louis-Napoléon rétablit le suffrage universel et convoque les électeurs hommes les 20-21 décembre, 10 jours seulement après l'élimination des derniers nids de résistance, afin de se prononcer par plébiscite sur les réformes du prince-président. Face à la légalité constitutionnelle dont se prévalaient les défenseurs de la République, les bonapartistes opposent le suffrage universel, placé au-dessus de la Constitution, et la confiance directe manifestée par le peuple comme seule source de légitimité. La propagande bonapartiste ne manque pas également d'agiter la hantise du péril rouge et le thème de sauveur de la Nation, appuyée par une administration zélée et une bonne partie du clergé catholique.
La consultation se déroule dans la terreur sur la partie du territoire encore en état de siège. Seuls les journaux favorables au plébiscite sont autorisés à paraître. Le président jouit cependant d'une réelle popularité auprès des paysans et la nature de la consultation ne laisse guère de choix entre l'état de fait accompli et le néant. Du coup, les civils sont autorisés à voter à bulletin secret alors que l'armée et la marine se prononcent à registres ouverts. Cependant, dans certaines régions, seuls les bulletins Oui sont imprimés, les Non devant être écrits à la main avant que le bulletin ne soit donné au président du bureau de vote pour qu'il le glisse lui-même dans l’urne.
À la suite du ralliement du clergé et de bon nombre des parlementaires de la majorité qui ont été arrêtés le 2 décembre et ont voté sa déchéance, le corps électoral se prononce favorablement sur la révision par 7 439 216 oui contre 640 737 non résultats provisoires du 31 décembre 1851 ou 7 481 231 oui contre 647 292 non , pour les résultats définitifs publiés par le décret du 14 janvier 1852 pour environ 10 millions d’inscrits et 8 165 630 votants dont 37 107 nuls. Si les principaux foyers d'opposition se trouvent dans les grandes villes, le seul canton rural à voter en majorité pour le non est celui de Vernoux, dans l'Ardèche.
Selon l'historien Jean-Yves Mollier, la décapitation et la terrorisation du camp démocrate furent immédiates. Il fallait tuer pour être compris, avait prévenu Morny, et l’on fit couler suffisamment de sang pour impressionner l’opinion. En conséquence, le nombre des suffrages non est remarquable tant il fallut de courage physique et mental, ce jour-là, pour oser exprimer ainsi sa réprobation du crime. Pour le président, plus de sept millions de suffrages venaient de l'absoudre en justifiant un acte qui n'avait d'autre but que d'épargner à la patrie et à l'Europe peut-être des années de trouble et de malheur. George Sand, d'opinion républicaine, constate qu'il y eut terreur et calomnie avec excès, mais le peuple eût voté sans cela comme il a voté. En 1852, ce 1852 rêvé par les républicains comme le terme de leurs désirs et le signal d'une révolution terrible, la déception eût bien été autrement épouvantable. Le peuple eût résisté à la loi du suffrage restreint et voté envers et contre tout, mais pour qui ? Pour Napoléon. Le philosophe et historien Hippolyte Taine témoigne de l'impopularité de l'Assemblée dissoute et du soutien des campagnes à Louis-Napoléon, estimant aussi que Bonaparte n'est pas pire que les autres. L'Assemblée haïssait la République plus que lui et, si elle avait pu, elle aurait violé son serment pour mettre au trône Henri V, ou les Orléans et au pouvoir M. Changarnier.
Finalement, comme le note l'historien Pierre Milza, une majorité des Français n'a pas désapprouvé Louis-Napoléon138 et en est même satisfaite140 comme le reconnaît aussi amèrement François Guizot : Le pays, il serait puéril de le dissimuler, le gros du pays s'est félicité du coup d'État du 2 décembre. Il s'est senti délivré dans le présent de l'impuissance à laquelle le président et l'assemblée se réduisaient mutuellement.Il s'est cru délivré pour 1852 de tous les périls et de tous les maux qu'il attendait à jour fixe. Il a baissé la tête, un peu honteux du coup ; mais en baissant la tête, il a respiré, content au fond, quoique humilié. Il ajoute cependant que le peuple a espéré du repos et un gouvernement mais qu'il ne les a pas.
Louis-Napoléon prend alors la responsabilité d'être le fossoyeur de la Deuxième République ce dont l'Histoire républicaine lui tient longtemps rigueur, oubliant souvent que l'assemblée a songé à plusieurs reprises à faire de même, en recourant à l'armée pour se débarrasser du président et pour rétablir la monarchie. Le coup d'État du 2 décembre a donné naissance à une légende noire fondée en partie sur la version donnée par Victor Hugo dans son livre Histoire d'un crime que l'historien Louis Girard caractérise cependant comme peu crédible dans l'ensemble mais qui apparaît, selon l'historien Pierre Milza, comme le récit le plus circonstancié à défaut d'être le plus exact du coup d'État.

La marche vers le Second Empire Constitution française de 1852.

La constitution française est donc modifiée. Le prince-président avait promis le retour à la légalité républicaine sans en donner de définition précise. La république qu'il conçoit a pour but d'œuvrer au bien commun et implique qu'elle soit dirigée d'une main ferme par un chef capable de trancher entre les intérêts divergents et d'imposer l'autorité de l'État à tous. Il avait ainsi exposé sa conception de la démocratie césarienne quelques années plus tôt dans Des Idées napoléoniennes où il écrivait que dans un gouvernement dont la base est démocratique, le chef seul a la puissance gouvernementale ; la force morale ne dérive que de lui, tout aussi remonte directement jusqu'à lui, soit haine, soit amour. Les éléments clefs du bonapartisme, alliant autorité et souveraineté du peuple, sont ainsi clairement exposés : le régime bonapartiste serait donc autoritaire tout en recherchant l'approbation des masses.
Une commission de 80 membres est chargée de préparer un texte constitutionnel. Celui-ci est principalement l'œuvre de Persigny, de Charles de Flahaut et des juristes Jacques-André Mesnard, Eugène Rouher et Raymond Trop long. Fondée au terme de son premier article sur les grands principes proclamés en 1789, la république consulaire, qui est ainsi instituée par la nouvelle constitution et promulguée le 14 janvier 1852, confie le pouvoir exécutif à un président élu pour dix ans, article 2 seul responsable devant le peuple français auquel il a toujours droit de faire appel, article 5. Le nouveau régime politique est donc plébiscitaire et non parlementaire. Le chef de l'État a seul l'initiative des lois qu'il sanctionne et promulgue alors que les ministres ne sont responsables de leurs actes que devant lui. Le président nomme par ailleurs à tous les emplois civils et militaires et la justice se rend en son nom. Il est aussi seul apte à déclarer la guerre et à conclure les traités de paix ou de commerce. La garde nationale est réorganisée en une armée de parade. Un serment de fidélité à sa personne ainsi qu'à la Constitution est institué pour les fonctionnaires et les élus.
De janvier jusqu'au 29 mars 1852, Louis-Napoléon Bonaparte est le seul des trois moyens de gouvernement alors en place. Il légifère durant cette période par des décrets dictatoriaux que l'on appellerait aujourd'hui des décrets-lois. Celui du 23 janvier 1852, reprenant une proposition de loi de Jules Favre déposée en 1848 et qui voulait déclarer acquis au domaine de l'État les biens de l'ancien roi des Français, interdit à la famille d'Orléans de posséder des biens en France et annule les dotations financières attribuées autrefois à ses enfants par Louis-Philippe Ier, le produit des séquestres étant réparti entre les sociétés de secours mutuel, les logements ouvriers, la caisse des desservants ecclésiastiques et la Légion d'honneur. Pour les royalistes orléanistes et les bourgeois nostalgiques de la Monarchie de Juillet, ces dispositions sont démagogiques et équivalentes à une spoliation. La partie bourgeoise de l'électorat y voit notamment un coup porté au droit de propriété. Cette affaire provoque d'ailleurs des tensions au sein même du camp bonapartiste. La princesse Mathilde, qui tente d'obtenir la grâce des princes d'Orléans, est désavouée alors que quatre membres importants du gouvernement Rouher, Fould, Magne et Morny démissionnent pour marquer leur désaccord. Commentant cette affaire, l'écrivain Alexandre Dumas, lui-même poursuivi par des créanciers après la faillite de son théâtre et qui doit se réfugier à Bruxelles, s'exclame l'oncle prenait des capitales, le neveu veut prendre nos capitaux

D'autres décrets réorganisent la Garde nationale alors que les associations ouvrières, en fait des coopératives de production, sont presque toutes dissoutes. En revanche, les sociétés de secours mutuelles, si elles acceptent le patronage des membres honoraires qui les subventionnent, du maire et du curé, sont favorisées. Il s'agit, dans l'esprit de Louis-Napoléon, de promouvoir le bien-être du peuple mais ne pas tolérer de sociétés de résistance sous couvert d'œuvres sociales. En même temps, c'est par un décret du prince-président que les congrégations de femmes sont autorisées. Le décret du 17 février sur la presse reprend en les aggravant les conditions antérieures exigées pour la diffusion, exige pour toute création une autorisation préalable de l'administration et inaugure la procédure des avertissements pour les journaux politiques Le journal des débats, Le Siècle. Le régime électoral est précisé par un décret dictatorial du 2 février qui fait d'un électeur tout homme de 21 ans comptant 6 mois de domicile. Le scrutin d'arrondissement à deux tours est adopté de préférence à celui du scrutin de liste en vigueur sous la deuxième république. Enfin, parmi les dispositions les plus innovatrices et remarquées depuis janvier 1852 figure celle qui établit les bureaux de vote dans chaque commune, et non plus au chef-lieu de canton, comme c'était le cas depuis 1848. L'historien Maurice Agulhon note que cette innovation, en facilitant et familiarisant ... la pratique du vote, ne pouvait que contribuer à l'éducation civique de l'électeur, ce qui se produira en effet peu à peu au long du Second Empire .
Parallèlement et concrètement, le statut du président évolue pour devenir celui d'un monarque : il signe Louis-Napoléon, se laisse appeler son altesse impériale ; ses amis et partisans sont récompensés pour leur fidélité ; une cour s'installe ; les aigles impériales sont rétablies sur les drapeaux, le code civil est rebaptisé code Napoléon, le 15 août célèbre la saint-Napoléon, premier modèle réussi en France de fête nationale populaire alors que l'effigie du prince-président fait son apparition sur les pièces de monnaie et les timbres-poste.
Pourtant Louis-Napoléon hésite à rétablir l'institution impériale, aspirant toujours à une réconciliation avec la gauche modérée. En février, il est procédé aux élections des membres du corps législatif. Pour ces premières élections de la nouvelle république consulaire, les préfets ont reçu les consignes de mettre l'administration au service des candidats officiels, depuis les juges de paix jusqu'aux gardes-champêtres et aux cantonniers. Celle-ci utilise alors tous les moyens possibles pour faciliter l'élection du candidat officiel, que ce soit par l'octroi de subventions, de faveurs, de décorations mais aussi de bourrage d'urnes, de menaces contre les candidats adverses et de pressions exercées par les notables sur leurs dépendants. Au soir des résultats, les candidats officiels ont obtenu 5 200 000 voix contre 800 000 aux divers candidats d'opposition. Les authentiques bonapartistes ne représentent pourtant qu'un tiers des députés élus dont une bonne moitié issue de l'orléanisme, les autres étant d'origines et d'allégeances diverses. Ainsi, dans le premier corps législatif de la république consulaire, on trouve aussi 35 députés légitimistes dont trois élus sur liste officielle, 17 orléanistes, 18 conservateurs indépendants, deux catholiques libéraux et trois républicains. Les opposants qui parviennent à se faire élire doivent néanmoins prêter serment de fidélité au chef de l'État et à la Constitution s'ils veulent siéger. En conséquence, les trois députés républicains élus, qui refusent de prêter serment, ne siègent pas à l'Assemblée.
Afin de tester la possibilité du rétablissement éventuel de l'institution impériale, Louis-Napoléon entreprend, à compter du 1er septembre 1852, un voyage dans l'hexagone dans la pure tradition de l'idéologie bonapartiste d'appel au peuple. Il doit se rendre notamment dans les régions qui avaient connu des troubles lors du coup d'État. Le périple est en fait balisé par son ministre de l'intérieur, Persigny, qui a la particularité d'être le plus favorable de ses ministres au rétablissement de l'Empire. Partout où il passe, d'Orléans à Marseille, le prince-président ne voit que des partisans réclamer l'Empire alors que sont distribués de l'argent et des cadeaux aux hauts fonctionnaires locaux.
Si, en Europe, le coup d'État a été accueilli favorablement par presque tous les gouvernements, les signes annonciateurs du rétablissement du régime impérial inquiètent, obligeant Louis-Napoléon à préciser ses intentions : Certaines personnes disent : l'Empire c'est la guerre. Moi, je dis, l'Empire, c'est la paix. C'est la paix, car la France le désire, et lorsque la France est satisfaite, le monde est tranquille. La gloire se lègue bien à titre d'héritage, mais non la guerre .... J'en conviens, cependant, j'ai, comme l'Empereur, bien des conquêtes à faire. Je veux, comme lui, conquérir à la conciliation les partis dissidents et ramener dans le courant du grand fleuve populaire les dérivations hostiles qui vont se perdre sans profit pour personne .... Nous avons d'immenses territoires incultes à défricher, des routes à ouvrir, des ports à creuser, des rivières à rendre navigables, des canaux à terminer, notre réseau de chemin de fer à compléter. Nous avons en face de Marseille un vaste royaume à assimiler à la France. Nous avons tous nos grands ports de l'Ouest à rapprocher du continent américain par la rapidité de ces communications qui nous manquent encore. Nous avons enfin partout des ruines à relever, de faux dieux à abattre, des vérités à faire triompher. Voilà comment je comprends l'Empire, si l'Empire doit se rétablir.
Le 16 octobre, le président est de retour à Paris où des arcs de triomphe gigantesques ont été dressés, couronnés de banderoles à Napoléon III, Empereur.
Le 7 novembre 1852, par 86 voix contre une seule, un sénatus-consulte rétablit la dignité impériale, approuvé deux semaines plus tard, lors d'un plébiscite, par 7 824 129 voix contre 253 149 et un demi million d'abstention. Pour Jules Ferry, l'authenticité du résultat du vote ne peut être mise en doute et démontre l'expression passionnée, sincère et libre de la classe paysanne telle que déjà exprimée lors de l'élection présidentielle de 1848 et en décembre 1851, tandis que le journaliste libéral Lucien-Anatole Prévost-Paradol se déclare guéri du suffrage universel et dénonce le monde paysan et campagnard comme une profonde couche d'imbécilité rurale et de bestialité provinciale.
La dignité impériale est ainsi rétablie au profit du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, élu par le peuple français, qui devient officiellement Napoléon III, Empereur des Français à compter du 2 décembre 1852, date anniversaire symbolique du coup d’État, du sacre de Napoléon Ier et de la victoire d’Austerlitz.

L'affaire du sacre de Napoléon III. Napoléon III, empereur des Français 1852-1870

Second Empire.La famille impériale

Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte devient l'empereur Napoléon III.

L'empereur étant célibataire et sans postérité légitime, la question de la succession dynastique n'est pas tranchée. Plusieurs membres des différentes familles régnantes européennes sont approchés pour un éventuel mariage impérial mais sans donner de résultats, notamment en raison des mœurs du prétendant, Napoléon III est déjà au moins le père de deux enfants naturels et vit avec une ancienne courtisane. En 1849, il a fait la connaissance de la jeune comtesse de Teba lors d'une réception à l'Élysée. De haut lignage espagnol, éduquée au couvent du Sacré-Cœur rue de Varenne à Paris, Eugénie de Montijo est une jeune femme instruite et cultivée de la noblesse, proche de Stendhal et de Prosper Mérimée. Dès leur rencontre, celui qui n'est alors que le prince-président est séduit. Le siège qu'il entreprend auprès d'Eugénie dure deux ans. Les familiers de l'empereur sont au début assez partagés envers la comtesse espagnole, certains souhaitant que l'Empereur se lie avec une famille régnante comme autrefois Napoléon avec Marie-Louise. Le 12 janvier 1853, un incident lors d'un bal aux Tuileries, où la jeune Espagnole se fait traiter d'aventurière par l'épouse d'un ministre, précipite la décision de Napoléon III de demander Eugénie en mariage alors qu'il vient de mettre un terme à sa relation avec Miss Howard.

Le 29 janvier 1853, le mariage civil de Napoléon III avec Eugénie de Montijo est célébré aux Tuileries puis, le 30 janvier, le mariage religieux a lieu à Notre-Dame. Pour cette occasion, l'empereur signe 3 000 ordres de grâce et fait savoir que toutes les dépenses du mariage seraient imputées sur le budget de sa liste civile alors qu'Eugénie refuse une parure de diamants offerte par la ville de Paris et demande que la somme correspondante soit consacrée à la construction d'un orphelinat. La lune de miel a lieu au parc de Villeneuve-l'Étang, à Marnes-la-Coquette au cœur du Domaine National de Saint-Cloud. Quelques semaines plus tard, l'impératrice est enceinte mais perd l'enfant après une chute de cheval. Une nouvelle grossesse impériale n'intervient que deux ans plus tard, au début de l'été 1855. Louis Napoléon, fils unique de Napoléon III et d’Eugénie, naît le 16 mars 1856. L’événement est encore l’occasion pour Napoléon III d’annoncer une nouvelle amnistie pour les proscrits du 2 décembre, alors que 600 000 habitants de Paris un Parisien sur deux se cotisent pour offrir un cadeau à l’impératrice.

Personnalité de Napoléon III

Napoléon III a été élevé dans le culte de Napoléon Ier et a pour la France un amour porté au paroxysme par l'interdiction qui lui est longtemps faite d'y résider. S'il est orgueilleux, croit en son destin et se voit comme un chef naturel et un homme providentiel, le personnage, bien que charmeur et séducteur, reste cependant secret et mystérieux. De son passé de conspirateur et de ses années de captivité, Napoléon III a ainsi conservé l'habitude de rester placide en public. Les témoignages relèvent le plus souvent son impassibilité, son flegme, sa patience, son indulgence, sa fidélité en amitié mais aussi sa timidité et sa générosité ainsi qu'une certaine obstination à poursuivre des projets dont l'accomplissement lui paraît aller de soi. Il est décrit dans la sphère privée comme un homme attachant, naturellement bon, courageux mais aussi sensible et émotif.
En présence d'interlocuteurs moins proches, Napoléon III, pourvu d'un fort accent suisse-allemand, a tendance à s'exprimer lentement, paraissant chercher ses mots, laissant s'établir de longs silences ou déviant la conversation par des propos insignifiants. Cette retenue verbale a toujours été mal interprétée par ses partenaires ou adversaires politiques qui ont tendance à le sous-estimer ou à le mépriser. Ainsi Thiers qui, en 1848, le décrit comme un crétin que nous mènerons, ou encore Victor Hugo qui invoque systématiquement la gloire de Napoléon Ier pour rabaisser Napoléon III, le dépeint dans ses ouvrages comme un vulgaire aventurier, médiocre, parjure et tyrannique. Néanmoins, certains de ses adversaires comme Rémusat finissent par reconnaître a posteriori l'habileté du personnage. Il n'en est pas moins vrai que Napoléon III n'est pas un grand orateur et peut nourrir à l'égard des hommes politiques, notamment ceux à l'aise dans la rhétorique parlementaire, un certain complexe d'infériorité, en partie dû à sa formation d'autodidacte. Homme nullement dénué d'intelligence politique ou diplomatique, même avec une formation intellectuelle qui peut paraître lacunaire pour les personnalités de son rang ou de sa fonction, il n'en est pas moins également multilingue et dispose d'amples connaissances techniques, économiques, agronomiques ou encore militaires.
Seul détenteur du pouvoir exécutif, l'empereur prend souvent ses décisions seul. Parfois entêté dans l'indécision, selon l'expression d'Émile Ollivier, il se montre tout au long de son règne de plus en plus souvent hésitant, maladroit ou empêtré dans ses contradictions ce qui, dans son régime de pouvoir personnel, pèse immanquablement sur l'évolution générale de la politique française. Ses contradictions sont aussi dues à la nature composite de ses idées et de son entourage. Le régime manque d'un véritable parti bonapartiste et d'une doctrine cohérente. Il repose principalement sur l'addition d'un grand nombre de ralliements dont les intérêts et motivations sont très divers, voire parfois contradictoires. Il y a ceux qui se réclament d'un bonapartisme de gauche populaire et anticlérical et ceux qui sont d'un bonapartisme de droite conservateur et clérical. L'empereur en est conscient, lequel déclare un jour : Quel gouvernement que le mien ! l'impératrice est légitimiste, Napoléon-Jérôme républicain, Charles de Morny, orléaniste ; je suis moi-même socialiste. Il n'y a de bonapartiste que Persigny : mais Persigny est fou ! . En plus de Morny et Persigny, il peut aussi compter sur Eugène Rouher, son homme de confiance de 1863 à 1869 qui fait figure de vice-empereur, comme le qualifia Émile Ollivier, c'est-à-dire un premier ministre sans le titre.
En pratique, Napoléon III gouverne avec l'aide de deux organes officiels dont les attributions sont distinctes : le cabinet particulier, sorte de secrétariat général du chef de l'État, et le gouvernement. Jusqu'en 1864, le cabinet particulier est dirigé par Jean-François Mocquard et composé de fidèles. Le gouvernement est composé d'une dizaine de commis, individuellement responsables devant le seul empereur et révocables tout autant selon sa seule volonté. Si les ministres ne peuvent s'opposer aux projets du chef de l'État, il en est autrement des conseillers d'État. Hauts magistrats nommés par l'empereur, ils sont pour la plupart issus de l'administration orléaniste et peu enclins à partager les préoccupations sociales de Napoléon III. Si leur rôle est essentiellement consultatif, ils n'hésitent pas à reprendre et discuter le travail des ministres et à amender en profondeur les textes sur lesquels ils se prononcent, y compris ceux en provenance directe du cabinet. Ainsi, la suppression du livret ouvrier, l'adoption d'un système d'assurance pour les travailleurs agricoles ou la fixation autoritaire du prix du pain se heurtent à l'opposition du Conseil d'État, sans que Napoléon III ne procède, durant tout son règne, à la moindre révocation de conseillers alors qu'il en a les pouvoirs.
Durant tout le Second Empire, Napoléon III est l'objet de complots et d'attentats, lesquels sont la plupart du temps arrêtés durant leur phase d'élaboration voire à peine leur mise en œuvre débutée. Napoléon III est fataliste sur ce sujet et se laisse difficilement protéger, refusant même de cesser ses bains de foules occasionnels où il est le plus vulnérable. Certains des complots destinés à renverser le régime étaient l'œuvre de sociétés secrètes nommées Solidarité révolutionnaire, Fraternité universelle, Marianne ou Jeune Montagne mais d'autres conspirations ont pour but de tuer l'empereur ou des membres de la famille impériale. Si près d'une vingtaine de ces conspirations sont déjouées entre 1851 et 1855, les plus sérieuses sont une tentative d'assassinat de l'empereur à l'Opéra-Comique 1853, la découverte d'une bombe sur une voie de chemin de fer que le train impérial allait emprunter 1854, les coups de feu tirés sur Napoléon III par l'Italien Giovanni Pianori sur les Champs-Élysées en 1855 et une autre tentative la même année alors qu'il se rend au Théâtre italien par un illuminé nommé Bellemare. Le plus important et le plus sanglant de ces attentats est néanmoins celui mené par Felice Orsini en 1858 qui fait 156 blessés dont 12 suivis de décès. Quelques années plus tard, Giovanni Passannante, auteur d'un attentat manqué contre le roi Humbert Ier, planifie, selon certains témoins, l'assassinat de Napoléon III, en l'accusant d'être un obstacle pour la République Universelle.

État de santé

À partir de 1863, victime d'une hématurie, l'empereur voit son état de santé se dégrader brusquement199. En décembre, il est pris de malaise lors d'une réception officielle aux Tuileries et fait une crise cardiaque en 1864 au cours d'une visite nocturne chez sa maîtresse, Marguerite Bellanger. En fait, depuis sa captivité à Ham, l'état de santé de Louis-Napoléon Bonaparte est fragile. Cumulant rhumatisme, poussées hémorroïdaires, troubles digestifs et crises de goutte, l'empereur se rend annuellement en cure d'abord à Plombières puis à Vichy, faisant la renommée de ces deux villes. En 1861, les médecins décèlent chez lui un calcul vésical, responsable de nombreuses et fortes douleurs dans le bas-ventre et de gêne urinaire. C'est une lithiase dont les crises, d'abord espacées et brèves, deviennent chaque année de plus en plus nombreuses et longues. En 1865, la détérioration de l'état de santé de l'empereur l'oblige à ajourner des déplacements et à renoncer à participer à un conseil des ministres. Les crises s'enchaînent, y compris lorsqu'il est en cure. Physiquement, l'empereur accuse le coup. Prématurément vieilli comme l'attestent notamment ses portraits de l'époque, il se tasse et prend de l'embonpoint alors que ses déplacements sont rendus plus difficiles.
Sa déchéance physique compromet sa capacité à gouverner, une grande partie de son énergie étant déployée à lutter contre la maladie et à cacher sa souffrance auprès de ses interlocuteurs. En dépit des périodes où la maladie est moins présente, durant les années 1867 et 1868, la santé de l'empereur continue de se dégrader et fait l'objet de rumeurs dans la capitale. Devenu un souverain intermittent, Napoléon III arrive à diriger normalement la France entre deux crises ou alors sous chloral, ce qui lui provoque néanmoins de fréquentes somnolences. L'impératrice, consciente de la situation et de la fragilité du régime, sait que le prince impérial est trop jeune pour succéder à son père. Aussi s'attache-t-elle à se constituer une clientèle de fidèles et à préparer une éventuelle régence alors que, à partir de 1866, l'empereur l'appelle à siéger à ses côtés au conseil des ministres afin de l'initier aux grandes affaires de l'État. Eugénie révèle plus tard qu'ils avaient pris la décision d'abdiquer en 1874, quand leur fils aurait 18 ans, pour se retirer à Pau et à Biarritz. Pendant la guerre franco-allemande de 1870, il a besoin d'uriner si souvent qu'il fait bourrer son pantalon de serviettes. Après la défaite, lors de son exil à Camden Place, le chirurgien anglais Henry Thomson choisit la lithotripsie et l'opère par deux fois par les voies naturelles. Napoléon III meurt alors qu'une troisième opération est prévue.

De l’Empire autoritaire à l’Empire libéral

Depuis L'Histoire de la France contemporaine d'Ernest Lavisse, le Second Empire est analysé en deux périodes par les historiens : la première, qualifiée d'Empire autoritaire et qui s'étend globalement de 1852 à 1860, s'oppose à la seconde, dite de l'Empire libéral, s'étalant globalement de 1860 à 1870. Jusqu'aux années 1860, Napoléon III s'appuie essentiellement sur la bourgeoisie d'affaires et le clergé catholique pour gouverner190. Il n'y a pas de parti bonapartiste pour le soutenir mais seulement des ralliements plus ou moins sincères ou opportunistes.

Les élections législatives de 1857

Les élections pour le renouvellement du corps législatif ont lieu le 22 juin 1857. Face aux candidats officiels, soutenus par les services du ministre de l'intérieur, l'opposition est morcelée. Les candidats officiels remportent 85 % des suffrages exprimés 5 500 000 voix. Il y a deux millions d'abstentionnistes. Dans l'opposition 665 000 suffrages, ce sont néanmoins les républicains qui engrangent des voix supplémentaires, notamment dans les grandes villes progression de 15 000 voix à Paris mais leurs députés refusent de prêter serment et ne peuvent en conséquence siéger. Toutefois, aux élections complémentaires d'avril 1858, les cinq députés républicains qui sont élus Jules Favre, Ernest Picard, Jacques-Louis Hénon, Louis Darimon et Émile Ollivier acceptent de prêter serment pour pouvoir siéger au parlement.

L'attentat d'Orsini

L'attentat manqué de Felice Orsini contre l'empereur et l'impératrice en 1858, qui fait de nombreuses victimes, a pour conséquence de durcir le régime. Le ministre de l'Intérieur, Adolphe Billault, est démis de ses fonctions et remplacé par le général Espinasse qui présente, le 1er février, un projet de loi de sûreté générale, devant le Corps législatif, permettant de punir de prison toute action ou complicité d'acte accompli dans le but d'exciter à la haine ou au mépris des citoyens les uns contre les autres. Ce projet de loi donne également pouvoir au gouvernement d'interner ou de faire expulser, après l'expiration de sa peine, tout individu condamné pour des délits relatifs à la sûreté de l'État ou pour offense contre la personne de l'empereur, mais également tout individu ayant été condamné, exilé ou transporté à la suite des événements de juin 1848, de juin 1849 et de décembre 1851. Une fois le projet approuvé facilement par le Corps législatif et par le Sénat mais de justesse par le Conseil d'État, Espinasse reçoit carte blanche pour agir. En un peu plus d'un mois, 450 personnes sont envoyées en prison ou transportées en Algérie avant que la loi ne soit mise en sommeil dès le 25 mars 1858 pour ne plus jamais être appliquée.
Le 15 août 1859, l'empereur promulgue une amnistie générale à l'occasion de sa victoire en Italie du Nord. Certains comme Victor Hugo refusent d'en profiter : quand la liberté rentrera, je rentrerai. Edgar Quinet, rappelant que Napoléon III avait violé la constitution par son coup d’État, déclare : Ceux qui ont besoin d'être amnistiés, ce ne sont pas les défenseurs des lois, ce sont ceux qui les renversent.
Au fil des années 1860, le Second Empire prend une tournure libérale. Il desserre ainsi progressivement la censure, libéralise le droit de réunion et les débats parlementaires. Sous l'influence notamment du duc de Morny, il se dirige lentement vers une pratique plus parlementaire du régime. Néanmoins, cette libéralisation parlementaire a réveillé l'opposition, qu'elle soit républicaine ou monarchiste, y compris la droite cléricale qui n'a pas apprécié la politique italienne de l'empereur.

La réforme constitutionnelle de 1862

Le décret du 24 novembre 1860 complété par les sénatus-consultes des 2 et 3 février et du 31 décembre 1861 réforme la constitution de 1852. Il s'agit pour Napoléon III de donner aux grands corps de l'État une participation plus directe à la politique générale du gouvernement. Ainsi, le droit d'adresse du Sénat et du Corps Législatif est rétabli, le droit d'amendement est élargi ainsi que les modalités de discussion des projets de loi et du budget. Un compte-rendu sténographique des débats est instauré et rendu public. Le fonctionnement de l'État tend alors à se rapprocher de celui d'une monarchie constitutionnelle. Le Second Empire est alors à son apogée. Pour Lord Newton, Si la carrière de Napoléon III s'était terminée en 1862, il aurait probablement laissé un grand nom dans l'Histoire et le souvenir de brillants succès.
Cette libéralisation parlementaire accompagnée de l'amnistie générale réveille l'opposition. Si les républicains et les libéraux ont approuvé la politique italienne de l'empereur ainsi que sa politique commerciale, celles-ci lui ont aliéné la sympathie des catholiques et des industriels, ce qui l'oblige à rechercher de nouveaux appuis dans le pays.

Les élections de 1863

Les élections du 31 mai 1863 interviennent dans un contexte économique et social difficile. Plus de 300 candidats d'opposition se présentent, les plus nombreux étant les républicains. Des alliances sont contractées entre monarchistes et républicains, notamment à Paris où l'orléaniste Adolphe Thiers se présente sur une liste unique comprenant une majorité de candidats républicains. Finalement, avec 5 308 000 suffrages, les candidats gouvernementaux perdent des suffrages tandis que l'opposition obtient 1 954 000 votes et 32 sièges 17 républicains et 15 indépendants dont Thiers alors que le taux d'abstention recule fortement 27 %. Si par leur vote les campagnes et les villes inférieures à 40 000 habitants ont soutenu les candidats officiels, les suffrages des grandes villes sont allés majoritairement à l'opposition.
Les élections sont suivies d'un important remaniement ministériel qui bénéficie aux réformistes proches de Morny, tels Paul Boudet et Armand Béhic mais aussi Victor Duruy, un historien libéral nommé au ministère de l'Instruction publique. Au Corps législatif, les républicains ralliés à l'Empire forment avec les bonapartistes libéraux, le Tiers-Parti.

Le temps des réformes utiles

En janvier 1867, Napoléon III annonce ce qu'il appelle des réformes utiles et une extension nouvelle des libertés publiques. Un décret du 31 janvier 1867 remplace le droit d'adresse par le droit d'interpellation. La loi du 11 mai 1868 sur la presse abolit toutes les mesures préventives : la procédure de l'autorisation est remplacée par celle de la déclaration et celle de l'avertissement est supprimée. De nombreux journaux d'opposition apparaissent, notamment ceux favorables aux républicains qui s'enhardissent dans leurs critiques et leurs sarcasmes contre le régime L'électeur libre de Jules Ferry, Le Réveil de Charles Delescluze, La Lanterne d'Henri Rochefort. La loi du 6 juin 1868 sur les réunions publiques supprime les autorisations préalables, sauf celles où sont traitées les questions religieuses ou politiques. Néanmoins, la liberté des réunions électorales est reconnue.
Toutes ces concessions, si elles divisent le camp bonapartiste, restent insuffisantes pour les opposants au Second Empire.

L'échec de la loi Niel

La succession de revers internationaux durant la période 1866-1867 et les craintes d'un conflit armé ont convaincu Napoléon III de procéder à une refonte de l'organisation militaire. La loi de réforme militaire que l'empereur propose en 1866 après la victoire des Prussiens à Sadowa est destinée à modifier le recrutement militaire en supprimant ses aspects inégalitaires et injustes le tirage au sort, par exemple et à renforcer l'instruction. La loi Niel telle qu'elle s'appelle est néanmoins considérablement dénaturée par les parlementaires, en majorité hostiles, et est finalement adoptée avec tant de modifications maintien du tirage au sort qu'elle en devient inefficace.

Les élections législatives de 1869

Les élections législatives de mai 1869 donnent lieu à des combats de rue, ce qui ne s'était pas vu depuis plus de 15 ans. Si les candidats favorables à l'Empire l'emportent avec 4 600 000 voix, l'opposition, majoritairement républicaine, rafle 3 300 000 voix et la majorité dans les grandes villes. Au Corps législatif, ces élections marquent le recul important des bonapartistes autoritaires 97 sièges face au grand vainqueur, le Tiers-Parti 125 sièges, et face aux orléanistes de Thiers 41 sièges et aux républicains 30 sièges.
À la suite de ces élections, Napoléon III accepte de nouvelles concessions tandis que les violences républicaines inquiètent les modérés. Par un sénatus-consulte du 8 septembre 1869, le Corps législatif reçoit l'initiative des lois et le droit d'interpellation sans restriction. Le Sénat achève sa mue pour devenir une seconde chambre législative tandis que les ministres forment un cabinet responsable devant l'empereur. En janvier 1870, Napoléon III nomme Émile Ollivier, issu des bancs de l'opposition républicaine et l'un des chefs du tiers-parti, pour diriger de fait son gouvernement. C'est la reconnaissance du principe parlementaire. Ollivier constitue alors un gouvernement d'hommes nouveaux en associant bonapartistes libéraux centre droit et orléanistes ralliés à l'Empire libéral centre gauche, mais en excluant les bonapartistes autoritaires droite et les républicains gauche. Il prend lui-même le ministère de la Justice et des Cultes, le premier dans l'ordre protocolaire, et apparaît comme le véritable chef du ministère sans en avoir le titre.

Le plébiscite de l'Empire libéral.

Cherchant à concilier ordre et liberté, Ollivier convainc l'Empereur de procéder à une révision constitutionnelle d'ensemble pour mettre sur pied un système semi-parlementaire. Les procédés de candidature officielle sont abandonnés. Un sénatus-consulte proposant un régime plus libéral est soumis à l'approbation du peuple lors d'un plébiscite le troisième depuis 1851 : le 8 mai 1870, les réformes sont approuvées avec plus de sept millions de oui en dépit de l'opposition des monarchistes légitimistes et des républicains qui ont appelé à voter non ou à s'abstenir. C'est ainsi que se met en place la constitution du 21 mai 1870. Napoléon III se serait exclamé à cette occasion : J'ai mon chiffre !. Émile Ollivier croit pouvoir dire de l'empereur : Nous lui ferons une vieillesse heureuse.

Politique intérieure Situation sociale sous le Second Empire.

Sous l'Empire, la France connaît des années de progrès économiques création d'un système bancaire, développement du chemin de fer, transformation des grandes villes.

Développement économique et financier

Voiture privée de Napoléon III, qu'il utilise lors de ses déplacements sur le chemin de fer français alors en plein essor.
Le Second Empire coïncide quasi-exactement, entre deux dépressions économiques celle de 1817-1847 et celle de 1873-1896 au quart de siècle de prospérité économique internationale qu'a connu la France au XIXe siècle. D'inspiration saint-simonienne, la politique économique fortement étatiste menée au lendemain du coup d'État a pour objectif la relance de la croissance et la modernisation des structures. En 20 ans, le pays a rattrapé une partie de son retard sur le Royaume-Uni en matières d'infrastructures et de système financier bancaire, aidé par la politique volontariste de l'empereur et à son choix du libre-échange.
Si les campagnes connaissent une certaine prospérité et que la production industrielle connaît une forte croissance, le taux moyen de croissance annuelle se stabilise autour de 2 % par an, à la suite de plusieurs crises ponctuelles intervenues notamment en 1856, 1861, 1864 et 1870. Dans l'ensemble, ce sont les secteurs industriels liés en particulier aux chemins de fer qui réussissent leur modernisation quand d'autres industries, incapables d'évoluer ou de se moderniser, disparaissent. C'est l'aussi le second souffle des mines de charbon françaises, confiées aux grandes familles lilloises.
L'époque est aussi marquée par l'émergence des Grands Magasins comme le Bon Marché, le Bazar de l'Hôtel de Ville, le Printemps et la Samaritaine.

Le développement des voies de communication

Le règne de Napoléon III est d'abord marqué par l'achèvement de la construction du réseau ferroviaire français supervisée par l'État. En 1851, le pays ne compte que 3 500 km de voies ferrées contre plus de 10 000 km en Grande-Bretagne. Sous l'impulsion de Napoléon III et de son ministre des travaux publics, Pierre Magne, dont la politique est caractérisée par un engagement financier partiel de l'État dans les entreprises ferroviaires, le pays réduit une partie son retard sur sa rivale d'outre-Manche pour atteindre 15 600 km de voies ferrées en 1870, sur lesquelles circulent annuellement plus de 110 000 000 voyageurs et 45 000 000 tonnes de marchandises, contre 24 900 pour l'Angleterre. La France est alors troisième en Europe, derrière l'Allemagne, qui compte vers 1870 près de vingt mille kilomètres de voies. Le chemin de fer dessert désormais toutes les grandes villes françaises. Les incidences sont considérables sur de nombreux secteurs industriels, que ce soient ceux des mines, de la sidérurgie, des constructions mécaniques et des travaux publics. Parallèlement, le gouvernement porte également ses efforts sur la construction et l'entretien des routes ainsi que sur les ouvrages d'arts puis, à partir de 1860, sous l'impulsion de l'empereur, sur le développement des voies navigables avec la construction de nouveaux canaux. Enfin, l'État bonapartiste favorise le développement du télégraphe électrique mais aussi les fusions et la création de grandes compagnies maritimes de navigation, les messageries maritimes, la compagnie générale transatlantique, etc. ainsi que la modernisation de la flotte et l'essor du commerce maritime par l'équipement des grands ports, notamment celui de Marseille.

Le développement des sources de crédit

Inspiré de la doctrine saint-simonienne, Napoléon III multiplie également les sources de crédit et d'argent à bon marché en réformant le système bancaire dans le but de mieux faire circuler l'argent, de drainer l'épargne afin de favoriser le décollage industriel du pays. Avec la création de grandes banques de dépôt, le système bancaire est démocratisé avec l'entrée en vigueur du décret du 28 février 1852 favorisant l'établissement d'instituts de crédit foncier comme le Crédit foncier de France pour le monde agricole et le Crédit mobilier, une banque d'affaires dirigée par les frères Pereire jusqu'en 1867 et destinée à financer les sociétés industrielles, notamment celles du chemin de fer mais aussi l'omnibus parisien ou l'éclairage du gaz. De nombreuses grandes banques de dépôt sont créées tels le comptoir d'escompte de Paris, le Crédit industriel et commercial décret impérial de 1859 et le Crédit lyonnais. Par ailleurs, le rôle de la Banque de France évolue et, poussée par l'empereur, elle s'engage dans le soutien au développement économique tandis que la loi du 24 juin 1865 importe en France le chèque comme moyen de paiement.
Parallèlement, le droit des sociétés est adapté aux exigences du capitalisme financier. Ainsi la loi du 17 juillet 1856 crée la société en commandite par actions, celle du 23 mai 1863 fonde la société à responsabilité limitée SARL et celle du 24 juillet 1867 libéralise les formalités de création de sociétés commerciales dont les sociétés anonymes.

La remise en cause du protectionnisme

L'influence des saint-simoniens sur la politique économique se manifeste enfin par la politique mise en œuvre par l'empereur pour mettre fin au protectionnisme économique face à la concurrence étrangère, et ce en dépit de l'opposition des industriels français. Ainsi, le 15 janvier 1860, la conclusion d'un traité de commerce avec l'Angleterre, négocié secrètement entre Michel Chevalier et Richard Cobden, fait alors figure de coup d'État douanier. Ce traité, abolissant non seulement les droits de douane sur les matières premières et la majorité des produits alimentaires entre les deux pays mais supprimant également la plupart des prohibitions sur les textiles étrangers et sur divers produits métallurgiques, est suivi par une série d'accords commerciaux négociés avec d'autres nations européennes, la Belgique, le Zollverein, l’Italie, et l’Autriche. Cette ouverture économique des frontières stimule alors la modernisation du tissu industriel français et de ses modes de production.

Les expositions universelles

Capitale de l'Europe au même titre que la Londres victorienne, Paris accueille de grandes réunions internationales telles que l'exposition universelle de 1855 et celle de 1867 qui lui permettent de mettre en avant l'intérêt de la France pour les progrès techniques et économiques. Intéressé personnellement par tout ce qui relève du progrès technique, l'empereur finance lui-même les travaux d'Alphonse Beau de Rochas sur le moteur thermique à quatre temps.

Le Paris saint-simonien de Napoléon III Transformations

de Paris sous le Second Empire.


Napoléon III remet au baron Haussmann le décret d'annexion à Paris des communes suburbaines 1860.
Commanditaire des travaux du baron Haussmann à Paris, l'objectif de Napoléon III est de transformer cette ville réputée au milieu du XIXe siècle pour sa surpopulation, son insalubrité et sa sensibilité aux épidémies en un modèle d'urbanisme et d'hygiène comme l'est déjà Londres.
Saint-simonien convaincu, inspiré notamment par son proche conseiller Michel Chevalier, Louis-Napoléon rêve d'une ville organisée et saine, avec de larges boulevards et avenues reliant facilement les pôles d'attraction, où le commerce et l'industrie puissent se développer et les plus démunis vivre dans des conditions décentes. Le Paris transformé par le Baron Haussmann est ainsi d'abord le Paris saint-simonien imaginé par le prince-président dont beaucoup d'aspects figurent dans les phalanstères de Charles Fourier et dans l'Icarie d'Étienne Cabet. Suivant ces principes fouriéristes, Louis-Napoléon est à l'origine de la construction des 86 premiers logements sociaux de Paris à la cité Rochechouart en 1851 qu'il fait financer par le sous-comptoir du commerce et de l'industrie pour le bâtiment afin de pallier la défaillance du conseil municipal de Paris. Il fait lui-même un don de 50 000 francs pour aider à la construction de cités ouvrières destinées au remplacement des logements insalubres de la capitale et fait traduire et publier Des habitations des classes ouvrières, de l'architecte anglais, Henry Roberts. Par décrets présidentiels, en 1852, il affecte 10 000 000 francs, issus de la confiscation des biens des Orléans, à l'amélioration des logements ouvriers dans toutes les villes de France.
Quand le 22 juin 1853, Georges Eugène Haussmann est nommé préfet de la Seine par Napoléon III, il est chargé de réaliser le Paris rêvé de l’empereur dont la mission peut se résumer à aérer, unifier et embellir la ville. La capitale, pour la première fois considérée dans son ensemble, est ainsi transformée en profondeur et modernisée avec la création d’un tissu cohérent de voies de communication. De nouvelles voies et axes reliant notamment les grandes gares entre elles sont percées, des perspectives et des places sont ouvertes tandis que de nombreux squares, espaces verts et jardins sont créés Montsouris, Buttes-Chaumont, bois de Vincennes et de Boulogne, Boucicaut…. Plusieurs îlots misérables comme celui dit de la petite Pologne sont rasés. L’empereur lui-même veille de près sur les travaux et dessine le plan d’un ensemble de 41 pavillons destinés à l’usage des classes ouvrières situés avenue Daumesnil et qui sont présentés à l’Exposition Universelle de 1876.
Par décret impérial du 1er janvier 1860 repoussant les limites de la capitale aux fortifications de Thiers, la superficie de Paris passe de 3 300 à 7 100 hectares tandis que sa population gagne 400 000 habitants pour s'établir à 1 600 000 Parisiens. La ville absorbe 11 communes Auteuil, Passy, Montmartre, Batignolles-Monceau, La Villette, La Chapelle, Belleville, Bercy, Grenelle, Charonne, et Vaugirard et 13 portions de communes. Paris est désormais réorganisé en vingt arrondissements et 80 quartiers. En 1870, la ville atteint 2 000 000 d'habitants.
Vue d’oiseau en 1863 des Halles centrales de Paris conçues par Victor Baltard.
Entre 1852 et 1870, plus de 300 km de voies nouvelles et éclairées sont réalisées dans Paris, accompagnées de plantations, 600 000 arbres plantés + 20 000 hectares de bois et jardins, de trottoirs plus de 600 km, de mobiliers urbains, de caniveaux et de 600 km d’égouts. Plus de 19 000 immeubles insalubres comprenant 120 000 logements ont été abattus et remplacés par 30 000 bâtiments nouveaux fournissant 215 300 logements auxquels s’ajoutent de nombreux nouveaux monuments publics et édifices comme l'Opéra Garnier, le nouveau Palais de justice, le nouvel Hôtel-Dieu, des théâtres le Châtelet, des lycées, les halles de Baltard ou de nombreux lieux de culte église Saint-Augustin, église Saint-François-Xavier, etc.. Pour la première fois de son histoire, un plan général de la ville est dressé ainsi que son relevé topographique.
Au palais des Tuileries, en 1853, l'architecte Louis Visconti, au côté de Hector-Martin Lefuel, présente au couple impérial et à ses proches les comtesses de Rayneval et de Lourmel, le comte d'Arjuson, le sénateur Ney et Achille Fould les plans de son projet d'achèvement du palais du Louvre et de réunion à celui des Tuileries.
Peinture par Ange Tissier.
Ces travaux du Second Empire modèlent le visage du Paris du XXe siècle. Ils ont cependant un coût non négligeable. Les opposants aux travaux conduits par Haussmann dénoncent notamment leur coût financier, les travaux coutent 2,5 milliards de francs en dix-sept ans pour un budget initial de 1,1 milliard de francs, obligeant Haussmann à recourir à des bons de délégation émis par la Caisse des travaux de Paris, à creuser la dette de la ville et à se justifier par la théorie des dépenses productives. À ces critiques financières s'ajoutent celles sur la vague de spéculation immobilière, les loyers augmentent de 300 % sur toute la période et leur coût social refoulement des plus pauvres hors du centre de Paris. Enfin, une autre vague de critiques porte sur le coût culturel de ces travaux, comme la destruction de nombreux vestiges du passé, notamment sur l'île de la Cité.
Si nombre de ces critiques peuvent être justifiées, il s'avère qu'il n'y a finalement pas d'accroissement du déséquilibre social dans la capitale par rapport à la période antérieure et qu'en 1865, 42 % des Parisiens restent classés dans la catégorie des plus défavorisés car non imposables et qu'à la fin de l'administration haussmannienne en 1870, 65 % des logements parisiens sont occupés par des indigents, des ouvriers et par les représentants les plus modestes de la petite bourgeoisie. Enfin, l'état d'insalubrité, le délabrement des édifices et les difficultés de circulation exigent une nouvelle politique urbanistique.
Les opposants aux travaux dénoncent également les grands boulevards très larges et droits permettant de mieux contrecarrer les éventuelles révoltes en empêchant la formation de barricades. Haussmann n'a jamais nié ce rôle quasi-militaire de la percée de certaines des voies parisiennes, formant des brèches au milieu de quartiers constituant de véritables citadelles d'insurrections tels que ceux de l'Hôtel de ville, du faubourg Saint-Antoine et des deux versants de la Montagne Sainte-Geneviève. Cependant, il a répondu que la majorité de grandes artères percées consistaient surtout à améliorer la circulation entre les gares, entre celles-ci et le centre-ville et aussi à aérer la ville pour éviter les foyers infectieux.
Parallèlement, Napoléon III encourage cette politique dans les autres grandes et moyennes villes de France, de Lyon à Biarritz en passant par Dieppe les nombreuses rues impériales alors tracées sont souvent par la suite rebaptisées « rue de la République. L'empereur multiplie les séjours personnels dans les villes d'eau telles que Vichy, Plombières-les-Bains, Biarritz, ce qui contribue beaucoup à leur lancement et à leur fortune durable. Une politique de grands travaux et d'assainissement permet de mettre en valeur des régions comme la Dombes, les Landes, la Champagne, la Provence ainsi que la Sologne, région chère à Napoléon III en raison de ses attaches familiales du côté de la maison de Beauharnais et qui s'investit personnellement dans la bonification de celle-ci en participant au financement des travaux.

Politique sociale

Privé du soutien des catholiques, que sa politique italienne inquiète, et de celui du patronat et des industriels, ulcérés par son traité de libre-échange conclu en 1860 avec la Grande-Bretagne, Napoléon III, ainsi déçu par les élites, recherche l'appui de nouveaux soutiens dans les masses populaires, notamment les ouvriers.
À partir de 1862, sa politique sociale se montre plus audacieuse et novatrice que durant la décennie écoulée. En mai 1862, il fonde la Société du prince impérial, destinée à prêter de l'argent aux ouvriers et à aider les familles temporairement dans le besoin. Son projet de loi visant à créer une inspection générale du travail, pour faire respecter la loi de 1841 sur le travail des enfants, est cependant révoqué par le Conseil d'État. La même année, sous les encouragements des parlementaires réformistes et de l'élite ouvrière, il subventionne l'envoi d'une délégation ouvrière conduite par Henri Tolain à l'exposition universelle de Londres. Pour l'économiste et homme politique socialiste Albert Thomas, si la classe ouvrière se ralliait à lui Napoléon III, c'était la réalisation du socialisme césarien, la voie barrée à la République. Jamais le danger ne fut aussi grand qu'en 1862.De retour de Londres, la délégation ouvrière demande l'application en France d'une loi permettant aux travailleurs de se coaliser sur le modèle de ce qui se faisait en Grande-Bretagne et, dans le contexte des élections de 1863 et de celles complémentaires de 1864, Tolain et les militants ouvriers rédigent le manifeste des Soixante, un programme de revendications sociales qui affirme son indépendance vis-à-vis des partis politiques, notamment les républicains, et présente des candidats qui sont finalement battus. L'empereur appuie néanmoins leur vœu sur le droit de coalition. Malgré les réticences du Conseil d'État, un projet de loi préparé par Émile Ollivier est adopté par le Corps Législatif et par le Sénat. Ratifiée et promulguée par Napoléon III, la loi du 25 mai 1864 reconnaît pour la première fois le droit de grève en France du moment qu'il ne porte pas atteinte à la liberté du travail et s'exerce paisiblement. De nombreux ouvriers sont alors séduits par la politique sociale de l'empereur mais leur ralliement au régime n'est cependant pas massif. Les contacts pris à Londres avec les représentants ouvriers de divers pays ont abouti à la création, en 1864, de l'Association internationale des travailleurs AIT qui ouvre un bureau en France en 1865, dirigé par Henri Tolain.

Le droit d’organisation des salariés

En dépit de la reconnaissance de ce droit de grève, les syndicats proprement dit demeurent prohibés. Une circulaire impériale du 23 février 1866 demande d'abord aux préfets de laisser se tenir les rassemblements ayant des revendications purement économiques. Puis, le droit d'organisation des salariés dans des associations à caractère syndical est reconnu dans une lettre du 21 mars 1866 et par un décret du 5 août 1866 portant création d'une caisse impériale des associations coopératives.
En septembre 1867, lors du congrès de Lausanne, l'AIT proclame que l'émancipation sociale des travailleurs devait s'accompagner d'une émancipation politique et ce en complète rupture avec l'esprit du mutuellisme proudhonien et avec le manifeste des Soixante. Deux jours plus tard, lors du congrès de la paix et de la liberté à Genève, l'Internationale s'en prend vivement aux armées permanentes et aux gouvernements autoritaires, visant notamment Napoléon III. La section parisienne est finalement dissoute pour avoir participé à des manifestations à caractère politique comme des protestations contre l'envoi à Rome de troupes françaises. Le 30 mars 1868, les chambres syndicales sont officiellement tolérées par le gouvernement. Mais si le gouvernement envisage la légalisation des syndicats avec, pour corollaire, leur ralliement au socialisme césarien, il ne peut tolérer un ralliement au socialisme international marxiste qui semble se profiler au travers de l'AIT. Le ralliement, pour la première fois, de la majorité des ouvriers aux candidats républicains lors des élections législatives de 1869 confirme alors l'échec de la politique d'ouverture sociale de Napoléon III.
En dépit de toutes ses déconvenues pour se rapprocher des ouvriers, Napoléon III décide de maintenir ce qu'il considère être son œuvre sociale. Des soupes populaires sont organisées pour les pauvres alors que se mettent en place les premiers systèmes de retraites et qu'une loi fonde une caisse d’assurance décès et une caisse d’assurance contre les accidents du travail 1868. Le 2 août 1868, une loi abroge un article du code civil qui donnait primauté, en cas de contentieux, à la parole du maître sur celle de l’ouvrier. Le 23 mars 1869, le Conseil d’État refuse de valider le projet de suppression du livret d'ouvrier, une demande récurrente de Napoléon III.
Sur la période, si la grande misère recule et que le niveau de vie des ouvriers reste précaire, leur pouvoir d'achat a cependant réellement augmenté alors que les périodes de sous-emploi se font plus brèves.

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Posté le : 18/04/2014 18:04
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Napoléon III 1ere partie
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Le 20 avril 1808, à Paris, naît Charles Louis Napoléon Bonaparte,

dit Louis-Napoléon Bonaparte puis Napoléon III,


il meurt à Chislehurst au Royaume-Uni, le 9 janvier 1873. Monarque de France il est le premier président de la République française, élu le 10 décembre 1848 au suffrage universel masculin, avant d'être proclamé empereur des Français le 2 décembre 1852 sous le nom de Napoléon III. Empereur des Français du 2 décembre 1852 au 1er mars 1871, la république sera proclamée le 4 septembre 1870, il reste au pouvoir 18 ans, 2 mois et 29 jours, son Président du Conseil et ses Chefs de cabinet sont Émile Ollivier, Charles Cousin-Montauban
Il se précède à lui-même, en temps que président de la République, son Successeur est Louis Jules Trochu, président du Gouvernement de la Défense nationale, il est ple premier président de la République française sous le nom de Louis-Napoléon Bonaparte, du 20 décembre 1848 au 2 décembre 1852 soit durant 3 ans, 11 mois et 12 jours.
Son élection à lieu le 11 décembre 1848, ses Présidents du Conseil sont Odilon Barrot, Alphonse Henri d'Hautpoul, Léon Faucher, son prédécesseur est Eugène Cavaignac président du Conseil, chef de l’État de facto, il se succède à lui-même. Il est 32e chef du gouvernement français de facto du 26 octobre 1851 au 2 janvier 1870 soit 18 ans, 2 mois et 6 jours. Il appartient à la dynastie de la Maison Bonaparte, son nom de naissance est Charles Louis Napoléon Bonaparte, fils de Louis Bonaparte et de Hortense de Beauharnais, il épouse Eugénie de Montijo avec qui il aura Louis Napoléon Bonaparte. La famille Réside au Château d'Arenenberg en 1817, au Palais de l'Élysée en 1848, puis au Palais des Tuileries en 1852, il finira sa vie à Chislehurst en Angleterre en 1871
Révolutionnaire sur le plan économique mais despote sur le plan politique, Napoléon III a tenté le pari difficile d'assumer un nom qui est à la fois une gloire nationale, une garantie révolutionnaire et un principe d'autorité.
Élevé dans le culte de son oncle, il mène une jeunesse aventureuse en Suisse et en Italie, puis tente à Strasbourg en 1836 et à Boulogne en 1840 de se faire proclamer empereur et de renverser Louis-Philippe Ier Condamné à la détrention perpétuelle, il est enfermé au fort de Ham, d'où il s'enfuit pour Londres en 1846.
On éprouve quelque difficulté à définir la personnalité du nouvel empereur, à certains égards énigmatique. L'homme privé est bienveillant et indulgent, en partie par scepticisme, fidèle à ses amis, bon pour ses serviteurs de qui il est aimé. Son intelligence est ouverte, portée vers l'avenir. Sous l'influence des saint-simoniens et des séjours qu'il a faits en Angleterre, il porte aux problèmes économiques et sociaux un vif intérêt : L'idée napoléonienne n'est point une idée de guerre, mais une idée sociale, industrielle, commerciale, humanitaire 1839. Il a visité à l'âge de vingt-cinq ans les régions industrielles anglaises – initiative certainement unique de la part d'un prétendant de cette époque ; au fort de Ham, il a écrit une brochure, au demeurant utopique : L'Extinction du paupérisme.
De retour en France après la révolution de 1848, il est élu à la présidence de la République le 10 décembre 1848. Menant une politique ultraconservattrice, il se heurtet à l'Assemblée, à majorité monarchiste, qui s'oppose à une réforme de la Constitution ayant pour but sa réélection.
Napoléon III n'est-il pas un souverain méconnu ? L'importance du second Empire n'a-t-elle pas échappé aux historiens ?
À première vue, la personnalité de Napoléon III souffre de la comparaison avec celle de son oncle. Mais plus que le fondateur de la dynastie, le premier Napoléon, il a compris les problèmes sociaux de son temps et favorisé le développement industriel de la France. Largement étendu, le réseau des voies ferrées va désormais influencer toute la vie économique. Du second Empire date également le nouveau visage de Paris : Haussmann y perce les grands axes de circulation que nous empruntons encore de nos jours.
Même la gloire militaire n'a pas fait défaut aux contemporains de Napoléon III : Alma, Magenta, Solferino ne sont pas indignes des victoires du premier Empire. Le bilan du régime, en définitive, n'est nullement défavorable.
Il n'en reste pas moins que, sévèrement condamné par Marx et Engels – curieusement indulgents, en revanche, pour Napoléon Ier, considéré comme l'héritier de la Révolution –, le second Empire s'est trouvé victime d'une historiographie qui lui a été longtemps résolument hostile.
Certes, Napoléon III a commis de nombreuses erreurs : puisée dans le Mémorial de Sainte-Hélène, la défense du principe des nationalités qui a inspiré toute sa politique étrangère a conduit finalement au désastre de Sedan. Sa politique d'apaisement religieux fut remise en cause par la question romaine. Malgré quelques vues hardies sur l' extinction du paupérisme , l'empereur n'a pas pu résoudre le problème social.
L'explosion de la Commune montre à quel point en étaient arrivés les sentiments des ouvriers. La prise du pouvoir, le 2 décembre, assimilée par l'historien pamphlétaire Henri Guillemin à l'opération d'un gang, fut plus violente que celle du 18 brumaire. De surcroît, on est rarement indulgent pour un régime qui s'achève sur une défaite. Un mauvais début et une fin lamentable ont fait oublier les réalisations du pouvoir impérial. Le second Empire a finalement péri de ses contradictions.
Sa biographie se confond désormais avec l'histoire de la IIe République, puis du second Empire. Après l'élection de l'Assemblée législative en mai 1849, on peut dire que l'Empire est installé à l'Élysée et les monarchies bourboniennes au Palais-Bourbon, où leur parti, le parti de l'Ordre, a une forte majorité. Les républicains radicaux tentent vainement de prendre leur revanche dans la rue, le 13 mai 1849, pour protester contre l'orientation conservatrice donnée à l'expédition de Rome. Ledru-Rollin s'enfuit en Angleterre. Ne se contentant pas de présider, le prince-président décide en octobre suivant de gouverner lui-même en prenant pour ministres des hommes de second plan.
Mais le péril va renaître à gauche avec les républicains radicaux et les socialistes plus ou moins unis sous le nom de démocrates socialistes. Leurs militants forment des sociétés secrètes dont l'action est facilitée par le marasme économique. En mars et avril 1850, ils remportent des succès électoraux qui sèment la panique dans le parti de l'Ordre. Le suffrage universel, cette grande force inconnue brutalement introduite par la révolution de Février, ne menace-t-il pas d'instaurer légalement le socialisme ? Le parti de l'Ordre fait voter par l'Assemblée une loi qui enlève leur droit de vote à trois millions d'électeurs grâce à une réglementation hypocrite du suffrage, 31 mai 1850.
Le conflit entre l'Assemblée et les démocrates socialistes se double d'un conflit entre l'Assemblée et le prince-président, ce qui rend la situation très confuse, d'autant plus que la Constitution a organisé l'incertitude de l'avenir. Elle interdit en effet au président de se représenter à l'expiration de son mandat, et le jeu des pouvoirs est si mal agencé qu'en raison du renouvellement concomitant de l'Assemblée il y aura pratiquement vacance simultanée du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif pendant au moins onze jours au printemps 1852. Le prince-président, qui manœuvre habilement et accroît sa popularité par des tournées de propagande, marque un point important, en janvier 1851, en relevant le général Changarnier, l'homme de l'Assemblée, de ses deux commandements de la garde nationale et de l'armée de Paris.
Cependant, il se crée un mythe de 1852. Les vaincus de 1848 et de 1849 voient dans ce millésime l'aube d'une revanche éclatante, tandis que la société bourgeoise redoute en lui le crépuscule du monde civilisé. La réconciliation des deux branches de la famille de Bourbon et la « fusion » de leurs partis qui se serait ensuivie n'ayant pu aboutir, de nombreux monarchistes, mus par la crainte d'une candidature du prince malgré l'interdiction constitutionnelle, et surtout de troubles, proposent de réviser les dispositions relatives à la réélection du président. La majorité nécessaire des trois quarts n'est pas réunie (19 juill. 1851). Louis-Napoléon est décidé à rester au pouvoir. Après avoir beaucoup hésité, plutôt que d'affronter l'imbroglio du printemps de 1852, il se résout à recourir à la force.

Sa vie

Troisième fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et d'Hortense de Beauharnais, le futur empereur voit le jour rue Cerruti, à Paris, le 20 avril 1808, à une heure du matin. Il naît onze mois après le décès, en mai 1807, de son frère aîné âgé de 4 ans, Napoléon Louis Charles Bonaparte, victime d'une angine diphtérique. Comme son autre frère, Napoléon Louis Bonaparte, puis comme c'est plus tard le cas pour le roi de Rome, Louis-Napoléon reçoit à sa naissance les honneurs militaires par des salves d'artillerie tirées dans toute l'étendue de l'Empire. Son oncle l'empereur Napoléon étant absent, on ne prénomme l'enfant que le 2 juin suivant. Il n'est baptisé que deux ans plus tard, le 4 novembre 1810, à la chapelle du château de Fontainebleau. Son parrain est l'empereur Napoléon Ier et sa marraine la nouvelle impératrice, Marie-Louise.
Des recherches portant sur l'ADN de Napoléon III prouveraient que celui-ci n'est pas, génétiquement, le neveu en lignée paternelle de Napoléon Ier.
il naît prince français et prince de Hollande : neveu de l'empereur Napoléon Ier il est à la fois neveu et petit-fils de l'impératrice Joséphine, sa grand-mère maternelle. Exilé après la chute de l'Empire, conspirateur avec son frère aîné pour l'unité italienne, il devient héritier présomptif du trône impérial après les morts successives de son frère aîné Napoléon Louis en 1831, et du duc de Reichstadt, Napoléon II, roi de Rome en 1832.
Ses premières tentatives de coup d'État, mal préparées, Boulogne, Strasbourg, échouent. Il est condamné à l'emprisonnement au Fort de Ham. Mais il profite des suites de la Révolution française de 1848 pour se faire élire représentant du peuple puis président de la République. Son coup d'État du 2 décembre 1851 met fin à la Deuxième République, et lui permet l'année suivante de restaurer l'empire à son profit. Face à l'opposition des républicains, des libéraux de Thiers, de certains monarchistes et des catholiques après l'unité Italienne, il donne à son pouvoir un caractère autoritaire qui s'atténue après 1859 pour faire laisser place progressivement à la mise en place d'un empire libéral.

La philosophie politique qu'il met en place, et qu'il a présentée dans ses Idées napoléoniennes et dans L'Extinction du Paupérisme en 1844, est une synthèse d'un bonapartisme mêlé à du romantisme, du libéralisme autoritaire, et du socialisme utopique. Le règne de cet admirateur de la modernité britannique est marqué par un développement industriel, économique et financier sensible, portée par une forte croissance mondiale qu'illustre la transformation de Paris sous l'autorité du préfet Haussmann.
Sa politique extérieure vise à restaurer la puissance française en Europe et dans le monde. Il rompt l'isolement diplomatique voulu au Congrès de Vienne par trois puissances de la Sainte Alliance : son entente avec la Grande-Bretagne lors de la Guerre de Crimée contre la Russie, son soutien aux mouvements nationaux en particulier lors de l'unité italienne contre l'Empire d'Autriche, et ses diverses opérations outre-mer parfois en coalition avec la Grande-Bretagne permettent l'agrandissement du territoire Nice, Savoie ainsi qu'une expansion coloniale et commerciale. Elle provoque cependant l'hostilité de la Prusse et subit un échec au Mexique.
La fin de son régime est scellée à l'issue du piège de la Dépêche d'Ems et de la bataille de Sedan, le 2 septembre 1870, lors de la guerre franco-prussienne. Le 4 septembre 1870, la République est proclamée. Napoléon III part en exil en Angleterre, où il meurt en janvier 1873.
La vive hostilité de l'écrivain Victor Hugo à Napoléon III, exprimée dans sa littérature et ses correspondances, les multiples pamphlets et ouvrages critiques de divers auteurs, Henri Rochefort, Maurice Joly, etc. et les articles d'une partie de la presse politique contemporaine Le Siècle, L'Opinion nationale participent à ce que de nombreux historiens qualifient de légende noire autour de Napoléon III et du Second Empire.

L'œuvre économique et sociale du Second Empire est mise en valeur par l'historiographie officielle dès le début du XXe siècle, mais la révision du jugement historique porté sur Napoléon III lui-même est plus lente. Après la Seconde Guerre mondiale, des travaux des historiens, notamment ceux effectués par Adrien Dansette et Louis Girard, vont dans le sens d'une réhabilitation de Napoléon III, marquent une nette rupture historiographique dans la perception de celui qui est le dernier monarque français.

En juin 1814, à la mort de leur grand-mère maternelle, l'ex-impératrice Joséphine, Louis-Napoléon et son frère sont chargés de conduire le deuil lors du transfert de la dépouille à l'église de Rueil-Malmaison.
La loi du 12 janvier 1816, bannissant tous les Bonaparte du territoire français et les obligeant à céder leurs biens, contraint l'ex-reine Hortense de Hollande, séparée de corps et de biens avec son mari, à s'exiler en Suisse alémanique où elle achète, en 1817, le château d'Arenenberg, dominant le lac de Constance. Elle s'y installe avec Louis-Napoléon tandis que son frère aîné part vivre avec son père à Rome, où celui-ci tente d'obtenir l'annulation de son mariage avec Hortense.
Sans soucis d'ordre matériel, Louis-Napoléon est élevé par sa mère à Arenenberg en été et à Augsbourg en hiver. Son éducation est d'abord prise en charge par quelques professeurs occasionnels mais, en général, il est souvent livré à lui-même et fait de longues escapades dans la campagne suisse. Quand son père s'aperçoit du faible niveau d'éducation de son fils cadet, alors âgé de 12 ans, il menace Hortense de lui retirer la garde de l'enfant si elle ne reprend pas en main son éducation. Elle fait alors appel à un nouveau précepteur, nommé Philippe Le Bas, fils d'un conventionnel jacobin, tandis qu'un ancien officier de son oncle Napoléon Ier lui enseigne l'Art de la guerre dans le culte de l'empereur et dans la certitude de son destin dans la dynastie. Soumis à une discipline stricte, ses résultats s'améliorent dans quasiment toutes les matières. À partir de 1823, c'est à Rome qu'Hortense et ses fils s'installent, rejoignant Arenenberg en été. Dans cette ville, Louis-Napoléon découvre la politique aux côtés des libéraux italiens autour des thèmes de liberté et de nation mais c'est en Suisse qu'il s'engage dans la carrière militaire en 1830, à l’École militaire centrale fédérale de Thoune alors dirigée par le futur général Dufour.

À la suite des Trois Glorieuses qui renversent Charles X en France, Louis-Napoléon et son frère aîné, Napoléon-Louis, espèrent que s’ouvre pour eux une ère nouvelle mais la loi du 11 septembre 1830, votée par la nouvelle assemblée orléaniste qui craint une offensive bonapartiste, stipule à nouveau l'interdiction de séjour des Bonaparte dans le Royaume.
Les fils Bonaparte sont indignés, ce qui amène la reine Hortense à partir avec eux pour Rome afin de les éloigner de la France. Ils sont néanmoins rapidement impliqués dans les conspirations des carbonari visant à favoriser la cause de l'unité italienne et à déposséder le pape de son pouvoir séculier. Les deux frères participent ainsi aux insurrections dans les territoires pontificaux de l'Italie centrale, avant de devoir finalement se replier sur Bologne, où ils se retrouvent encerclés par l'armée autrichienne et les armées pontificales, décidées chacune à leur régler leur sort. Repliés sur Forlì, les deux frères doivent aussi faire face à une épidémie de rougeole qui emporte de nombreux soldats, déjà affaiblis par leurs blessures. Le 17 mars 1831, Napoléon-Louis succombe à l'épidémie tandis que Louis-Napoléon subit à son tour les effets de la maladie. La reine Hortense parvient à rejoindre son fils, à l'exfiltrer vers la France et à rejoindre Paris, où elle obtient du roi Louis-Philippe une audience le 26 avril 1831 et l'autorisation de rester à Paris plusieurs jours, le temps que Louis-Napoléon se rétablisse, avant de rejoindre l'Angleterre19. Ils gagnent ensuite la Suisse en août 1831, après avoir reçu de l'ambassade de France à Londres un sauf-conduit pour traverser le territoire français20.
En 1832, Louis-Napoléon obtient la nationalité suisse dans le canton de Thurgovie, ce qui fait dire à certains historiens que Louis-Napoléon Bonaparte a été le seul Suisse à régner sur la France.

Tentative de soulèvement à Strasbourg de Louis-Napoléon Bonaparte.
"L'homme qui a fait les équipées de Strasbourg … aura une fin misérable".

Après la mort du duc de Reichstadt le 22 juillet 1832, Louis-Napoléon apparaît comme l'héritier de la couronne impériale d'autant plus que ni Joseph Bonaparte ni son père Louis ne manifestent l'envie de reprendre ce titre. Lors d'une conférence familiale en 1832, Louis-Napoléon s'exaspère notamment de l'attitude attentiste de son oncle Joseph, le chef de la famille depuis la mort de l'aiglon. Exalté par les climats d'intrigues, le prince organise ses réseaux, rencontre en Belgique des émissaires du marquis de La Fayette et rédige un manuel d'artillerie pour les officiers suisses qui le fait connaître de la presse militaire française et qui lui vaut d'être récompensé par la promotion au grade de capitaine dans le régiment d'artillerie de Berne.
Pendant ces années qu'il passe principalement en Suisse, il correspond avec les chefs français de l'opposition, écrit et publie des ouvrages ou des manifestes et reçoit à Arenenberg de nombreuses personnalités telles le comte François-René de Chateaubriand, Madame Récamier ou encore Alexandre Dumas. Il continue aussi à conspirer. Le 30 octobre 1836, Louis-Napoléon effectue ainsi une tentative de soulèvement à Strasbourg avec une poignée de partisans. Il espère soulever la garnison et, ensuite, marcher sur Paris et renverser la monarchie de Juillet. Son plan est de rassembler sur son passage les troupes et les populations, sur le modèle du retour de l'île d'Elbe, en 1815. Le choix de Strasbourg s'impose car c'est une importante place militaire, qui plus est, aisément accessible depuis le pays de Bade Confédération germanique. Par ailleurs, c'est une ville d'opposition au régime mais patriote où les sympathies bonapartistes s'expriment non seulement dans les garnisons mais aussi au sein de la population30.

Sur place, l'âme du complot est le colonel Vaudrey, qui commande le 4e régiment d'artillerie, dans lequel Napoléon Bonaparte a servi à Toulon, en 1793, et qui s'estime mal traité par la monarchie de Juillet.
L'opération est engagée le 30 octobre 1836 au matin mais elle tourne court assez rapidement. Les insurgés sont arrêtés et incarcérés dans le corps de garde de la caserne puis transférés à la prison de la ville. Louis Bonaparte et les oncles du jeune prince condamnent aussitôt l'opération. La reine Hortense écrit à Louis-Philippe Ier pour lui suggérer de laisser son fils quitter la France. Le 9 novembre, Louis-Napoléon est amené sous escorte à Paris et enfermé à la préfecture de police. Souhaitant éviter un procès public qui risquerait de lui donner une tribune pour plaider sa cause, le roi convainc son gouvernement d'exiler le prince. Conduit à Lorient, Louis-Napoléon, muni d'une somme d'argent, est embarqué sur L'Andromède le 21 novembre 1836 à destination des États-Unis. Il débarque à Norfolk Virginie le 30 mars 1837, d'où il rejoint New York.
Pendant ce temps, treize de ses partisans sont jugés à Strasbourg devant la cour d'assises. Seuls sept d'entre eux comparaissent. Tous sont acquittés par le jury, sous les acclamations du public, le 18 janvier 1837. Si la tentative a été un échec complet et a été désavouée par la famille Bonaparte, elle a fait connaître le prince Louis-Napoléon qui écrit de sa prison à Odilon Barrot, le chef de l'opposition parlementaire, pour lui exposer ses motivations et ses revendications politiques reposant sur la restauration de l'Empire et le recours au plébiscite.

Retour en Europe

Le prince ne reste pas longtemps aux États-Unis. Alors qu'il s'apprête à entreprendre un périple à travers tout le pays, il apprend la détérioration importante de l'état de santé de sa mère. Il rentre aussitôt en Europe pour être à son chevet à Arenenberg mais, interdit de séjour sur le continent par le gouvernement de Louis-Philippe, il est bloqué en Angleterre où il essaie d'obtenir, auprès des ambassades européennes, un passeport et un visa. En août 1837, c'est finalement muni d'un faux passeport américain qu'il parvient à se rendre en Suisse auprès de sa mère mourante. Maintenue en vie sous opium, elle décède le 5 octobre 1837.

La tentative de Boulogne.

En juin 1838, l'un des conjurés de Strasbourg, l'ex-lieutenant Armand Laity, apparenté par alliance à la famille de Beauharnais, publie à 10 000 exemplaires une brochure, financée par Louis-Napoléon, intitulée Relation historique des événements du 30 octobre 1836. Cette publication est un brûlot destiné à provoquer le régime en faisant l'apologie du bonapartisme, centré autour du triptyque nation, peuple et autorité. Dans la propagande bonapartiste ainsi présentée, la démocratie, définie comme le gouvernement d'un seul par la volonté de tous, s'oppose à la république supposée être, pour Louis-Napoléon, le gouvernement de plusieurs obéissant à un système. En réaction, la brochure est saisie par les autorités alors que Laity est arrêté, traduit devant la Cour des pairs pour attentat contre la sûreté de l'État et condamné à 5 ans de détention et 10 000 francs d'amende le 11 juillet 183838.
À la suite de cet incident, le gouvernement français demande à la Suisse, au début du mois d'août 1838, l'expulsion du prince Louis-Napoléon et, sûr de l'appui de l'Autriche, menace la confédération d'une rupture des relations diplomatiques et même d'une guerre, allant jusqu’à concentrer dans le Jura une armée de 25 000 hommes. Le gouvernement suisse, indigné, invoque la qualité de bourgeois de Thurgovie du prince. En définitive, celui-ci annonce, le 22 août, son intention de s'installer en Angleterre ce qui permet au gouvernement de Berne de déclarer l'incident clos sans avoir eu à céder aux exigences françaises.
Ayant hérité de sa mère, Louis-Napoléon a les moyens d'imprimer à 50 000 exemplaires une brochure détaillant son programme politique, Les Idées napoléoniennes, dans laquelle il fait de Napoléon Ier le précurseur de la liberté. Au début de 1840, l'un de ses partisans les plus fidèles, Fialin, lance à son tour ses Lettres de Londres, qui exaltent ce prince qui ose seul et sans appui, entreprendre la grande mission de continuer l'œuvre de son oncle.
Depuis Londres, le prince prépare une nouvelle tentative de coup d'État. Voulant profiter du mouvement de ferveur bonapartiste suscité par la décision du cabinet Thiers de ramener de Sainte-Hélène les cendres de l'empereur, il débarque dans la nuit du 5 au 6 août 1840 entre Boulogne-sur-Mer et Wimereux, en compagnie de quelques comparses, parmi lesquels un compagnon de Napoléon Ier à Sainte-Hélène, le général de Montholon, avec l'espoir de rallier le 42e régiment de ligne.

Louis-Napoléon à la forteresse de Ham.

Cernés par la gendarmerie, les hommes du 42e régiment et la garde nationale, plusieurs conjurés sont tués ou blessés tandis que Louis-Napoléon est lui-même touché par une balle. Arrêtés et écroués sur ordre du procureur Hubert Legagneur, les conjurés sont traduits en justice. Leur procès se tient devant la Chambre des pairs du 28 septembre au 6 octobre, dans une indifférence générale. Le prince, défendu par le célèbre avocat légitimiste Pierre-Antoine Berryer, prononce un discours dans lequel il déclare : Je représente devant vous un principe, une cause, une défaite. Le principe, c'est la souveraineté du peuple, la cause celle de l'Empire, la défaite Waterloo. Le principe, vous l'avez reconnu ; la cause, vous l'avez servie ; la défaite, vous voulez la venger.… Représentant d'une cause politique, je ne puis accepter, comme juge de mes volontés et de mes actes, une juridiction politique.… Je n'ai pas de justice à attendre de vous, et je ne veux pas de votre générosité. Il n'en est pas moins condamné à l'emprisonnement à perpétuité.
Ses conditions de détention sont assez confortables. Il bénéficie pendant son internement à la forteresse de Ham — qu'il appelle plus tard l'Université de Ham — d’un appartement de plusieurs pièces. Il peut correspondre avec l’extérieur, reçoit des visites et des livres. Don Francisco Castellon, missionné par trois pays d'Amérique centrale, obtient la permission de le visiter pour lui proposer d'étudier une jonction entre les deux océans, pour laquelle le futur empereur s'est déjà passionné, le Projet de canal du Nicaragua.
Il met à profit cette captivité pour se consacrer à l’étude et faire avancer sa cause dans l’opinion par l’écriture de brochures et d’articles dans les revues locales. Il écrit notamment Extinction du paupérisme 1844, ouvrage influencé par les idées saint-simoniennes et développant un moyen populiste pour accéder au pouvoir : Aujourd'hui, le règne des castes est fini, on ne peut gouverner qu'avec les masses. Le 25 mai 1846, après six années de captivité, il s'évade de sa prison avec le concours d'Henri Conneau, en empruntant les vêtements et les papiers d'un peintre nommé Pinguet. Les caricaturistes du Second Empire transforment plus tard le nom de celui-ci en Badinguet, qui évoque un plaisantin, pour en affubler l’empereur en rappelant son passé de conspirateur. Avant que sa fuite soit découverte, il est déjà en Belgique et, le lendemain, en Angleterre.
Il s'établit à Londres où il apprend la mort de son père à Livourne, le 25 juillet 1846. C'est durant cette période, moins active politiquement, que Louis-Napoléon rencontre Miss Harriet Howard, qui partage sa vie jusqu'en 1853. La révolution française de 1848, qui met fin à la monarchie de Juillet, fournit au prince l'occasion de revenir une première fois en France à la fin du mois de février puis de voir sa candidature présentée par ses partisans aux élections de députés à l'assemblée nationale.
En 1846, Don Francisco Castellon lui transmet les pouvoirs du gouvernement nicaraguayen pour organiser une société européenne pour le Projet de canal du Nicaragua, qui doit recevoir le nom de Canal Napoléon du Nicaragua. Le futur empereur français y travaille sérieusement, sous la forme d'un mémoire rédigé avec des ingénieurs. Il prévoit de se rendre au Nicaragua mais la Révolution de 1848 modifie ses projets. Il en reparlera en 1852 à l'industriel français du chocolat Antoine Brutus Menier, dont le fils Émile-Justin Menier fera avancer le Canal du Nicaragua mais sans parvenir à le concrétiser, car une concession a été accordée à des américains.

Président puis Prince-président Les campagnes électorales de 1848

Le 4 juin 1848, candidat à l'Assemblée nationale constituante, Louis-Napoléon Bonaparte est élu dans quatre départements : la Seine, l'Yonne, la Charente-Inférieure et la Corse. Ses cousins les princes Napoléon-Jérôme, Pierre Bonaparte et Lucien Murat sont aussi parmi les nouveaux élus. L'élection de Louis-Napoléon est suivie de manifestations populaires qui inquiètent la nouvelle assemblée composée de 900 élus dont 500 républicains modérés, 300 monarchistes, orléanistes et légitimistes, une centaine de républicains démocrates et socialistes ainsi qu'une poignée de bonapartistes. Le 12 juin, Alphonse de Lamartine propose à ses collègues parlementaires de rendre exécutoire la loi d'exil du 10 avril 1832 qui interdisait le territoire français aux membres des familles ayant régné sur la France dans le cas où Louis-Napoléon s'aviserait de rentrer. Sa proposition est finalement rejetée. Le lendemain, la validation de l'élection, soumise à accord de l'assemblée, est acquise à une large majorité comprenant notamment les républicains Jules Favre et Louis Blanc. Néanmoins, le 16 juin, accusé d'appeler à la révolte, Louis-Napoléon annonce renoncer à remplir son mandat. Il a ainsi la chance de ne pas être compromis dans la répression sanglante des ouvriers parisiens révoltés lors des journées insurrectionnelles des 22-26 juin Journées de Juin dont le bilan s'élève à environ 5 000 insurgés tués ou fusillés, environ 1 500 soldats tués, 25 000 arrestations et 11 000 condamnations à la prison ou à la déportation en Algérie. Ces Journées de juin creusent alors un fossé temporairement infranchissable entre les autorités de la République et les ouvriers.
Louis-Napoléon décide alors de se présenter aux élections législatives intermédiaires des 17 et 18 septembre 1848. Candidat dans les quatre départements qui l'avaient déjà élu en juin, il est aussi candidat en Moselle. Élu dans ces cinq départements, il obtient en tout 300 000 voix provenant également des départements de l'Orne, du Nord et de la Gironde où il n'était pourtant pas candidat. Il rentre alors en France et s'installe à Paris le 24 septembre. Le lendemain, son élection est validée à l'unanimité par l'Assemblée où il peut enfin siéger.

Campagne électorale 1848 : Bonaparte contre

Cavaignac, Illustrierte Zeitung Allemagne.

À la suite de la promulgation, le 4 novembre 1848, de la constitution de la IIe République, Louis-Napoléon Bonaparte est candidat à l'élection présidentielle, la première au suffrage universel masculin en France. Ses adversaires sont Louis Eugène Cavaignac, républicain modéré, Alphonse de Lamartine républicain, Alexandre Ledru-Rollin républicain avancé, François-Vincent Raspail socialiste et Nicolas Changarnier, Proudhon, Odilon Barrot, Charles de Montalembert, etc. et parvient à recevoir le soutien du parti de l'Ordre, à commencer par Adolphe Thiers, mais aussi le soutien de Victor Hugo pour qui, alors, le nom de Napoléon ne peut se rapetisser. Les votes ont lieu les 10 et 11 décembre 1848 et les résultats proclamés le 20 décembre. Louis-Napoléon est élu pour quatre ans avec 5 572 834 voix, 74,2 % des voix contre 1 469 156 voix à Cavaignac, 376 834 voix à Ledru-Rollin, 37 106 voix à Raspail et quelque 20 000 voix à Lamartine. Premier président de la République, âgé de 40 ans et 8 mois, il reste à ce jour encore le plus jeune à avoir occupé cette fonction. Son élection profite à la fois de l'adhésion massive des paysans, de la division d'une opposition hétérogène, gauche, modérée ou royaliste, et de la légende impériale, surtout depuis le retour des cendres de Napoléon Ier en 1840. Si quatre départements ne donnent pas la majorité relative à Louis-Napoléon Finistère, Morbihan, Var et Bouches-du-Rhône, une vingtaine, essentiellement situés dans le sud-est et l'ouest, ne lui accordent pas de majorité absolue alors que dans 34 départements, il dépasse les 80 % des suffrages. Son électorat, bien que majoritairement paysan, se révèle hétéroclite mêlant bourgeois hostiles aux partageux, citadins des petites villes et ouvriers parisiens. D'ailleurs à Paris, il réalise un score homogène, recueillant autant de voix dans les beaux quartiers de l'ouest que dans ceux ouvriers de l'est.
Louis-Napoléon, qui s'est toujours donné, en parole et en acte comme héritier de l'Empire prête serment à l'Assemblée constituante le 20 décembre 1848 et jure fidélité à une Constitution formellement contraire à “son destin” . Devant les représentants qui ne savent pas s'ils assistent à une conversion ou à un parjure et l'applaudissent donc peu, il devient le premier président de la République française et, par conséquent, le premier à s'installer le soir même au palais de l'Élysée, choisi de préférence aux symboles monarchiques qu'étaient le palais des Tuileries et le Palais-Royal.

L'homme qui accède alors à la présidence se pense doublement légitime : d'une part parce qu'il est un héritier, celui de l'empereur Napoléon Ier, et d'autre part parce qu'il est le premier élu du peuple tout entier, adoubé par le suffrage universel masculin. Comme son oncle, le président Louis-Napoléon Bonaparte adhère aux principes juridiques et sociaux de 1789 ; comme lui, il pense qu'ils doivent être complétés par un pouvoir politique fort et, comme lui, il est patriote et pense que la France est porteuse de valeurs. Par contre, en raison de son héritage et de son éducation maternelle, il croit au progrès, pense que l'État a un devoir d'intervenir pour faire face au paupérisme engendré par la modernité industrielle et admire l'Angleterre. Ces éléments, son activisme et son réformisme social le rapprochent des républicains mais le fait qu'il soit un prétendant à la restauration de la monarchie impériale héréditaire empêche toute alliance avec eux et l'amène à pactiser avec le parti de l'Ordre tout en étant aussi son opposant. Son élection est suivie de près à la Bourse de Paris Élection de Napoléon III, ou le cours du principal titre coté, la rente 5%, bondit de 65 à 80 en quelques jours.

La confrontation entre le Président et l’Assemblée

La constitution de 1848 limite largement les pouvoirs du président qui est soumis soit à l'Assemblée soit au Conseil d'État. Dès son installation, Louis-Napoléon reprend l'apparat impérial, circulant à bord de coupés aux armoiries napoléoniennes et choisissant comme tenue officielle l'uniforme de général en chef de la garde nationale comprenant bicorne à plume, grand cordon et plaque de la légion d'honneur. Célibataire, sa compagne britannique Miss Howard ne peut prétendre au rôle de première dame et d'hôtesse de l'Élysée qui est finalement exercé par sa cousine, la princesse Mathilde. Si un homme vient à prendre de l'importance dans l'entourage de Louis-Napoléon, c'est son demi-frère adultérin, l'homme d'affaires et ancien député Charles de Morny, dont Louis-Napoléon a découvert l'existence après le décès de sa mère et qui le rencontre pour la première fois en janvier 1849, à l'Élysée, avant de devenir un peu plus tard l'un des conseillers.

Dans le cadre de ses pouvoirs exécutifs, Louis-Napoléon demande à Thiers de former le premier gouvernement de la présidence mais celui-ci refuse. Aucun dirigeant orléaniste ne souhaite diriger le cabinet, ni aucun des républicains approchés par le président. C'est finalement Odilon Barrot, ancien chef de l'opposition constitutionnelle, qui accepte de diriger un gouvernement de mouvance orléaniste, Léon Faucher, Léon de Maleville, etc. comprenant un républicain, Jacques Alexandre Bixio et un membre du parti catholique le comte de Falloux. Aucun membre de ce gouvernement n'appartient à la mouvance du président, ce qui lui donne le nom de ministère de la captivité, selon l'appellation donnée par Émile Ollivier au motif que Louis-Napoléon en est le captif, encerclé par les hommes du parti de l'Ordre. L'un des leurs, le général Nicolas Changarnier, prend d'ailleurs la tête de la Garde nationale et de la division de Paris.
L'assemblée élue en 1848 tarde à se dissoudre et, à partir du 24 janvier, les tensions montent entre le gouvernement et les élus. L'épreuve de force est évitée de justesse à la fin du mois de janvier quand le général Changarnier, commandant de la garde nationale, prend l'initiative de rassembler les troupes autour de l'assemblée sous prétexte de la défendre contre un éventuel mouvement populaire. La pression de Changarnier, soupçonné de part et d'autre de préparer un coup d'État militaire, incite le chef de l'État, le gouvernement et les députés à négocier. Ces derniers acceptent finalement, à une courte majorité, de se séparer.

L'expédition militaire de Rome et les élections législatives

La campagne des élections est perturbée par le déclenchement de l'expédition militaire à Rome que le gouvernement Barrot a initialement engagée comme une opération de couverture de la république romaine avec pour mission de s'interposer entre les volontaires républicains de Giuseppe Garibaldi et l'armée autrichienne venue secourir le pape Pie IX, chassé de Rome par les républicains. Le corps expéditionnaire français de 14 000 hommes, débarqué le 24 avril à Civitavecchia et dont la mission est en fait mal définie, fait alors face à la résistance des troupes républicaines sous le commandement de Garibaldi qui l'accueillent à coups de canon. Le 30 avril, le général Nicolas Oudinot est obligé de battre en retraite devant Rome laissant derrière lui plus de 500 morts et 365 prisonniers. Informé des événements, Louis-Napoléon accepte toutes les requêtes de renfort demandées par Oudinot et, sans consulter ses ministres, lui demande de rétablir la puissance temporelle du pape. Outrés, 59 députés républicains exigent la mise en accusation du président français. Conjointement avec l'Assemblée, le président envoie également en Italie un nouvel ambassadeur plénipotentiaire, le baron Ferdinand de Lesseps, chargé de trouver une trêve avec les républicains romains. Ces décisions sont prises rapidement en raison de la proximité des élections législatives françaises organisées le 13 mai, la restauration du pape étant devenue l'un des principaux thèmes du débat électoral. Ces élections doivent permettre aussi de trancher entre le président et l'assemblée sortante à majorité républicaine. Le scrutin, marqué par un fort taux d'abstention 31 %, se traduit par l'éviction de la majorité des sortants, dont Lamartine, et la victoire de l'Union libérale 59 % dominée par le parti de l'Ordre 53 % des voix et environ 450 élus dont 200 légitimistes sur un total de 750 députés, par l'effondrement des républicains modérés environ 80 élus et la progression des démocrates-socialistes 34 % des suffrages soit environ 250 élus.

La journée du 13 juin 1849 et ses suites

Ce crétin que l’on mènera, selon l’expression d’Adolphe Thiers qui l'avait soutenu durant la campagne présidentielle parce qu'il croyait pouvoir l'utiliser en lui procurant de l'argent et des femmes avant de le remplacer au terme de son mandat, s’avère finalement beaucoup plus intelligent et retors. Après les élections de mai, Louis-Napoléon reconduit Odilon Barrot à la direction de son deuxième gouvernement comprenant notamment Alexis de Tocqueville nommé aux Affaires étrangères et Hippolyte Passy confirmé aux finances. La nouvelle assemblée refuse de ratifier la trêve et l'accord négocié par de Lesseps tandis qu'Oudinot reprend l'offensive contre les troupes de Garibaldi avec, pour mission claire, cette fois, de rétablir le pouvoir temporel du pape. Les répercussions, en France, de cette expédition militaire atteignent leur paroxysme le 13 juin 1849 quand, à l'issue du vote de l'assemblée approuvant le renforcement de crédits financiers à l'expédition militaire contre la République romaine, un groupe de députés démocrates-socialistes, sous l’égide d'Alexandre Ledru-Rollin, réclame la mise en accusation du président de la République et du ministère d'Odilon Barrot, à qui ils reprochent de violer l'article 5 du préambule de la constitution selon laquelle la République respecte les nationalités étrangères, comme elle entend faire respecter la sienne ; n'entreprend aucune guerre dans des vues de conquête, et n'emploie jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple. La manifestation républicaine organisée sur les grands boulevards de Paris ayant été dispersée par les troupes du général Changarnier, plusieurs députés républicains se retranchent alors au Conservatoire national des arts et métiers où ils décident de siéger en convention et de constituer un gouvernement provisoire. Au bout de trois quarts d'heure, ils sont néanmoins obligés de prendre la fuite. L'échec de cette journée de manifestation entraîne de nouvelles mesures de répression, qui achèvent de désorganiser l’extrême gauche. Six journaux sont supprimés et, le 19 juin, l'assemblée adopte une loi sur les clubs permettant au gouvernement de suspendre la liberté d'association pour un an. Le 27 juillet, une loi complémentaire sur la presse est votée, instituant de nouveaux délits et réglementant sévèrement le colportage. Enfin, le 9 août, une autre loi autorise le gouvernement à proclamer l’état de siège avec un minimum de formalités. Les responsables républicains impliqués dans la journée du 13 juin sont déférés devant la Haute Cour de justice de Versailles qui siège du 12 octobre au 15 novembre. Sur 67 accusés dont 16 députés, poursuivis pour avoir participé à un complot ayant pour but 1° de détruire ou de changer la forme du gouvernement ; 2° d'exciter à la guerre civile, en armant ou portant les citoyens à s'armer les uns contre les autres, 31 seulement sont présents. Les 16 députés sont déchus de leurs mandats électoraux tandis que Ledru-Rollin et 35 autres accusés absents sont condamnés par contumace à la déportation.

Les premiers voyages présidentiels en province

Louis-Napoléon Bonaparte se tient en retrait durant tout l'été 1849, laissant les hommes du parti de l'Ordre et l'assemblée voter toutes les lois permettant de renforcer l'ordre social. Pour se faire réellement connaître des Français et diffuser ses idées politiques, il inaugure en province des voyages de type présidentiel, profitant notamment du développement du chemin de fer. Soucieux de conforter sa popularité, il parcourt ainsi l'Hexagone, se faisant acclamer par la foule et les soldats. Partout où il se rend, Chartres, Amiens, Angers, Tours, Nantes, Rennes, Saumur, Rouen, Le Havre, il prêche avec des formules simples et directes la concorde et l'union de tous les citoyens, inaugurant ainsi une technique langagière éloignée des harangues rhétoriques utilisées par les représentants de la classe politique traditionnelle. Il écarte, à cette époque, une proposition de Changarnier qui l'assure de son soutien dans un éventuel coup de force contre l'assemblée. La popularité du président est à son zénith, ce qui permet à la presse bonapartiste de commencer à militer pour la prolongation du mandat présidentiel. Durant ses déplacements, il est parfois accompagné discrètement de sa compagne, Miss Howard. Celle-ci fréquente peu le palais de l'Élysée et réside dans un hôtel particulier de la rue du Cirque où elle vit avec Louis-Napoléon et reçoit les familiers du président.
Politiquement, il se démarque un peu plus du parti de l'Ordre et de l'Assemblée, encore une fois à cause de la question romaine. En août, sa lettre de soutien à la liberté italienne contre le rétablissement de l'absolutisme du pouvoir temporel du pape lui accorde le soutien de la gauche et la désapprobation du gouvernement et de la majorité parlementaire. Le 31 octobre 1849, il obtient la démission d'Odilon Barrot puis la formation d'un nouveau gouvernement formé par le général Alphonse Henri, comte d'Hautpoul, un légitimiste vétéran des guerres napoléoniennes. C'est le ministère des Commis, lié au duc de Morny, dans lequel on trouve Ferdinand Barrot, frère d'Odilon Barrot, mais aussi Eugène Rouher. La désignation de Victor Hugo à un poste ministériel est néanmoins écartée, au grand dam de ce dernier, à la suite de son discours incendiaire tenu contre le parti de l'Ordre à l'Assemblée dix jours plus tôt. Sa désignation aurait en effet été perçue comme une provocation par la majorité conservatrice, mais l'ancien pair du royaume tire de sa récusation ministérielle des implications politiques et personnelles lourdes de conséquences pour le président78.

La loi Falloux et la loi électorale du 31 mai 1850

Même si le gouvernement est dévoué à Louis-Napoléon, il n'en reste pas moins que c'est l'assemblée qui vote les lois que le gouvernement doit ensuite appliquer. Profitant de sa position dominante, l'assemblée conservatrice approuve, le 15 mars 1850, par 399 voix contre 237, la loi Falloux sur la liberté de l'enseignement, favorisant de fait l'influence du clergé. N'ayant aucun intérêt à heurter ce dernier ou l'électorat catholique, le président ne songe pas à émettre de réserves. C'est également le cas pour la loi du 31 mai 1850, limitant le suffrage universel masculin. En imposant une résidence de trois ans pour les électeurs et en multipliant les cas de radiation des listes, vagabondage, condamnation pour rébellion ou atteinte à l'ordre public, etc., la nouvelle loi élimine 30 % du corps électoral dont beaucoup sont des artisans et des ouvriers saisonniers. Cependant, même si les éliminés sont en grande partie des électeurs de la tendance démocrate-socialiste, on y trouve aussi des partisans légitimistes ou des napoléoniens, partisans de la démocratie plébiscitaire. Dans un premier temps, Louis-Napoléon laissa faire et même favorisa la manœuvre qui privait l'ennemi commun de moyen d'action légale mais, dans un second temps, il ne tarda pas à s'en désolidariser. Cette compromission avec les membres du parti de l'Ordre ne peut pas beaucoup lui plaire d'autant plus que le suffrage populaire est l'un de ses principes et que la nouvelle loi lui retire ses électeurs. Convaincu de pouvoir remporter une prochaine élection présidentielle avec une majorité considérable, la loi électorale qui vient d'être adoptée par l'Assemblée demeurait à ses yeux temporaires et de toute circonstance dans un contexte où les républicains ne peuvent accéder au pouvoir ni par l'insurrection ni par l'élection »81. Durant sa tournée hexagonale de l'été, Louis-Napoléon constate l'effervescence qui monte dans les provinces. Au cours du voyage présidentiel qu'il effectue dans l'est, il critique l'Assemblée nationale en déclarant Mes amis les plus sincères, les plus dévoués ne sont pas dans les palais, ils sont sous le chaume ; ils ne sont pas sous les lambris dorés, ils sont dans les ateliers et dans les campagnes. À Lyon, dans une ville qui ne lui est pas acquise, il déclare que l'élu de 6 millions de suffrages exécute les volontés du peuple et ne les trahit pas, manière pour lui de désavouer publiquement la nouvelle loi électorale. En septembre 1850, en Normandie, terre acquise et conservatrice, il se pose en mainteneur de l'état des choses existant pourvu que le peuple veuille le laisser au pouvoir, multipliant les allusions à une évolution politique à venir en référence aux vœux exprimés par des conseils généraux sollicités en faveur d'une révision constitutionnelle pour permettre la réélection du président.
Au début de l'automne 1850, le conflit larvé entre le président et l'Assemblée est devenu une guerre ouverte. Durant l'été, l'Assemblée a adopté plusieurs autres lois liberticides, loi du 16 juillet 1850 sur la liberté de la presse, loi du 30 juillet 1850 sur la censure des théâtres. À son retour à Paris, Louis-Napoléon s'attache à organiser ses partisans déclarés, rassemblés notamment au sein de la Société du 10 décembre et de celle du 15 août, et à mettre l'armée de son côté, multipliant les promesses d'avancement et les augmentations de solde.

La Revue de Satory et ses conséquences

Le 10 octobre 1850, lors de la revue de Satory, la cavalerie salue le chef de l'État en clamant Vive Napoléon ! Vive l'Empereur ! à la fureur de Changarnier, qui, depuis 1849, s'est éloigné du président et est passé dans le camp de la majorité parlementaire pour laquelle il est censé représenter le bras armé de la restauration monarchique. Changarnier commet un impair en tentant d'organiser un coup de force, proposant avec plusieurs membres de la commission de permanence de l'Assemblée de faire arrêter le président alors que Thiers propose de mettre en place une dictature pour une période de six mois. De provocations en provocations, Changarnier tente de pousser Louis-Napoléon à la faute. Habilement, ce dernier isole le commandant de la garde nationale de ses plus fidèles lieutenants et annonce son intention de le destituer le 3 janvier 1851, provoquant au passage la démission de plusieurs ministres. Le 10 janvier, le décret de destitution est validé tandis que le gouvernement est remanié. L'affrontement avec les députés menés par Thiers se conclut par le vote d'une motion de défiance envers le cabinet par 415 voix contre 286. Louis-Napoléon ne passe pas outre, résiste aux sollicitations de Persigny d'employer la force et accepte la démission du gouvernement, remplacé par un petit ministère, composé de techniciens et de fonctionnaires, entré dans l'Histoire sous le nom de ministère sans nom. En échange de cette preuve d'apaisement de la part du président, l'Assemblée entérine la destitution de Changarnier. Néanmoins, Louis-Napoléon ressort victorieux de cette confrontation avec l'Assemblée, cette dernière ayant perdu celui qui faisait office de bras armé. Il pense alors pouvoir pousser son avantage et obtenir une modification des règles constitutionnelles qui lui permettrait de briguer un second mandat.

L'affrontement de 1851 La confrontation entre le président et l'Assemblée

Depuis qu’il a été élu au suffrage universel masculin avec 74 % des voix, avec le soutien du Parti de l'Ordre, président des Français en 1848 contre Louis Eugène Cavaignac, Louis-Napoléon Bonaparte s'est retrouvé en confrontation politique perpétuelle avec les députés de l’Assemblée nationale. Ainsi, déjà endetté lors de sa prise de fonction, Louis-Napoléon n'avait cessé de demander l'augmentation de son traitement. D'abord de 600 000 francs, son traitement annuel avait rapidement été doublé à 1,2 million de francs. En 1850, il demande un nouveau doublement à 2,4 millions de francs, et l'Assemblée lui donne finalement 2,16 millions. En 1851, il demande encore une augmentation, cette fois de 1,8 million de francs supplémentaires pour un total de 3,96 millions, que l'Assemblée refuse finalement par 396 voix contre 294.

La tentative de réforme constitutionnelle

La constitution établissant la non-rééligibilité du président, Louis-Napoléon doit légalement quitter le pouvoir en décembre 1852. Comme les élections législatives doivent avoir lieu la même année, l'assemblée vote le principe de tenir les deux élections à la même date, au printemps 1852, soit sept mois avant la fin théorique du mandat présidentiel. Durant l'année 1850, afin de permettre la réélection du président de la République, le gouvernement Hautpoul demande aux préfets de mettre à l'ordre du jour des réunions des conseils généraux des départements l'adoption d'un vœu de révision de la constitution de 1848. Ce faisant, il entre en conflit avec une partie des parlementaires peu favorables à une telle réforme des institutions. Au début de l'année 1851, la classe politique dans son ensemble, à l'exception des républicains, est cependant convertie à l'idée d'une révision constitutionnelle pour supprimer la clause de non-rééligibilité du président de la République, le risque de voir Louis-Napoléon se représenter illégalement et remporter la majorité des suffrages populaires étant réel. Dans sa volonté de réformer la constitution, le président a le soutien d'Odilon Barrot, du comte de Montalembert et d'Alexis de Tocqueville. La première moitié de l’année 1851 est ainsi passée à proposer des réformes de la constitution afin qu’il soit rééligible et que son mandat passe de 4 à 10 ans. Or, à cette demande de révision constitutionnelle, le président ajoute l'abrogation de la loi électorale du 31 mai 1850 qui a supprimé le suffrage universel. Sur ce point, les résistances sont plus nombreuses et exprimées au sein même du parti de l'Élysée91.

Le 11 avril 1851, Louis-Napoléon Bonaparte remplace le ministère sans nom par une nouvelle équipe ouverte aux membres du parti de l'Ordre, à commencer par Léon Faucher, dans le but de rallier le vote conservateur mais c'est un échec, Faucher lui-même restant hostile à l'abrogation d'un texte qu'il avait défendu un an auparavant. À la suite d'une vaste campagne de pétition recueillant 1 456 577 signatures sur l'ensemble du territoire national, avec une prépondérance de signatures en provenance du bassin parisien, de l'Aquitaine et du Nord, le duc de Broglie dépose, le 31 mai 1851, à l'assemblée, une proposition de loi soutenue par 233 députés pour réviser la constitution et ainsi rendre rééligible le président de la République. Louis-Napoléon lui-même ne reste pas inactif et se rend en province où ses discours, en forme de manifeste et d'appel au peuple, provoquent la fureur des conservateurs. Ainsi s'en prend-il, à Dijon, à l'inertie de l'Assemblée législative et se met-il à la disposition de la France. Si les deux tiers des conseils généraux se rallient à sa cause, les orléanistes de Thiers et légitimistes de Changarnier s’allient à la fraction ouverte de gauche Montagne parlementaire pour le contrer.
Le 21 juillet 1851, au bout d'un mois de débat, l’Assemblée se prononce sur la réforme constitutionnelle. Bien qu'obtenant une majorité de 446 voix en sa faveur, dont celle d'Alexis de Tocqueville contre 278 voix opposées, la révision constitutionnelle n'est pas adoptée, faute d'avoir obtenu plus de 3/4 des suffrages des députés, seuil exigé par la constitution. Il manque aux partisans de la révision une centaine de voix, dont celles des orléanistes intransigeants comme Charles de Rémusat et Adolphe Thiers.

La marche vers le coup d'État

Si les rumeurs de coup d'État ont commencé à circuler au début de l'année 1851, c'est à partir de l'échec de la révision constitutionnelle que la certitude d'une épreuve de force, dont l'initiative partirait de l'Élysée, s'impose dans le grand public. Celle-ci est minutieusement préparée à partir du 20 août 1851 à Saint-Cloud. Les initiés sont peu nombreux et regroupés autour du duc de Morny. On y trouve Victor de Persigny, un fidèle de Louis-Napoléon, Eugène Rouher, Émile Fleury, Pierre Carlier, le préfet de police de Paris et le général de Saint-Arnaud.
Conseillé par Morny, Louis-Napoléon entend redemander à l’Assemblée nationale de rétablir le suffrage universel masculin et d'abroger ainsi la loi électorale de 1850. Léon Faucher, qui refuse de soutenir l'initiative présidentielle, démissionne le 12 octobre, suivi des autres ministres du gouvernement. Un nouveau cabinet est formé le 27 octobre comprenant trois représentants de l'Assemblée et le général de Saint-Arnaud, nommé au ministère de la Guerre. Ce dernier rappelle aux militaires leur devoir d’obéissance passive, le 1er novembre 1851, par une circulaire qui demande de veiller au salut de la société. D’autres proches sont placés aux postes clés : le général Magnan est nommé commandant des troupes de Paris ; le préfet de la Haute-Garonne, Maupas, est promu préfet de police de Paris en remplacement de Carlier.
Pendant ce temps, la proposition d'abrogation de la loi électorale est déposée à l'Assemblée le 4 novembre 1851. Elle est rejetée le 12 novembre par 355 voix contre 348, soit seulement par 7 voix de majorité.
Alors que des députés demandent la mise en accusation du président de la République, Thiers et ses amis tentent de réactiver un décret de la Constituante, tombé en désuétude, qui donnait au président de l'Assemblée le droit de requérir directement l'armée sans avoir à en référer au ministre de la guerre. Pour Louis-Napoléon, c'est une déclaration de guerre et un plan d'action est immédiatement mis au point pour mettre l'assemblée en état de siège au cas où une telle loi serait adoptée. La proposition est finalement repoussée par 408 voix, la majorité des républicains, les bonapartistes et de nombreux royalistes contre 338, la majorité des orléanistes et des légitimistes.
Convaincu de la nécessité d’un coup d’État du fait des derniers refus de l’Assemblée, Louis-Napoléon le fixe lui-même pour le 2 décembre, jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier en 1804 et de la victoire d’Austerlitz en 1805. L’opération est baptisée Rubicon.

Coup d’État à Paris du 2 décembre 1851

Dans la nuit du 1er au 2 décembre, les troupes de Saint-Arnaud prennent possession de la capitale, occupent les imprimeries, notamment pour empêcher les journaux républicains de paraître, procèdent aux premières arrestations de 78 personnes, parmi lesquelles figurent 16 représentants du peuple dont Thiers mais aussi les chefs de la Montagne et des militaires comme Changarnier qui auraient pu mener une résistance. Vers 6 h 30, des proclamations sont placardées sur les murs de Paris. Se fondant sur la crise politique qu'à son sens subit le pays, Louis-Napoléon dénonce l'Assemblée parlementaire et lui oppose la légitimité qu'il a lui seul reçue du pays tout entier lors de l'élection présidentielle de 1848. Dans son appel au peuple à destination des Français, il annonce une réforme de la constitution sur le modèle du consulat de son oncle de même que son intention de préserver les droits acquis en 1789 tout en faisant respecter l'ordre dans le pays. Une autre des proclamations placardées est destinée à l’armée qu'il salue comme une élite de la nation que les régimes ayant succédé à l'Empire ont traitée en vaincue. Ses décrets imposent également la dissolution de l’Assemblée nationale et le rétablissement du suffrage universel masculin.
Le siège de l'Assemblée étant occupé par la troupe, 220 parlementaires, essentiellement du parti de l'Ordre, se réfugient à la mairie du 10e arrondissement. Se fondant sur l'article 68 de la constitutions qui manifestent sont matraqués par la police.
Le 3 décembre, une vingtaine de parlementaires républicains, comme Victor Schœlcher ou Victor Hugo, tentent de soulever les quartiers populaires de Paris sans grand succès. Quelque 70 barricades sont finalement érigées dans le faubourg Saint-Antoine et les quartiers du centre. Sur l'une d'elles, le député Alphonse Baudin est tué par des tirs de soldats. Au soir du 3 décembre, le nombre d'insurgés ne dépasse guère 1 000 ou 1 500 hommes, pour la plupart aguerris depuis 1848 aux barricades.
Dans la nuit du 4 décembre, environ 30 000 soldats sont déployés dans les zones tenues par les insurgés parisiens, principalement l'espace compris entre les grands boulevards et la Seine ainsi qu’au jardin du Luxembourg et à la montagne Sainte-Geneviève.
La journée du 4 décembre est marquée par la fusillade des grands boulevards où les soldats de la division Canrobert se sont rassemblés et côtoient une foule où se mêlent curieux et manifestants qui pour certains prennent à partie la troupe en exclamant Vive la Constitution ! Vive l'Assemblée nationale !. Profondément énervés par cette attitude hostile ou goguenarde, les soldats de la division Canrobert, sans en avoir reçu l'ordre et au prétexte de tirs isolés s'affolent, ouvrent le feu avant de faire usage d'un canon, perpétrant une effroyable fusillade du boulevard de Bonne-Nouvelle au boulevard des Italiens avant que des maisons ne soient fouillées à la baïonnette. Le carnage fait entre 100 et 300 morts et des centaines de blessés.
Au soir du 4 décembre, la plupart des insurgés ont été écrasés105. Le bilan de ces journées parisiennes est de 300 à 400 personnes tuées, aux 2/3 des ouvriers, auxquels s'ajoutent 26 tués et 184 blessés parmi les soldats. Le nombre de victimes reste néanmoins très éloigné des 5 000 morts des journées de juin 1848. Le Moniteur ancêtre du Journal officiel reconnaît plus tard le chiffre de 380 tués, la plupart sur les boulevards.
Dans son ensemble, le monde du travail est resté passif et ne s'est pas mêlé au combat, laissant se dérouler le règlement de comptes entre le président et l'Assemblée. Pour Marx lui-même, la dictature de l'Assemblée nationale était imminente, sa majorité comme sa minorité n'ayant d'ailleurs montré que peu de respect de la constitution et ne songeant qu'au coup de force et à l'insurrection. Paris est désormais sous contrôle militaire, en dépit de quelques mouvements sporadiques. Le 11 décembre, Victor Hugo s'exile à Bruxelles.

Les réactions en province

En province, la nouvelle du coup d’État se diffuse progressivement. À l'instar de Paris, les grandes villes réagissent faiblement121. Des manifestations sont dispersées par l'armée à Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg ou Dijon. Quelques conseils municipaux, en application de l'article 68 de la constitution, proclament la déchéance de Louis-Napoléon Bonaparte.
Un mouvement de résistance se développe dans les petites villes et les campagnes du sud-est et de la vallée du Rhône, ainsi que dans quelques départements du Centre. C'est dans le département des Basses-Alpes qu'a lieu la seule véritable action d'envergure où un Comité départemental de résistance administre la préfecture du 7 au 10 décembre 1851, avant que l'armée et les forces de l'ordre ne viennent à bout de ces résistances.

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Posté le : 18/04/2014 18:01
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Caherine de Médicis
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Le 13 avril 1519 à Florence en Italie naît Catherine de Médicis

sous le nom de Caterina Maria Romola di Lorenzo de' Medici et morte le 5 janvier 1589 à Blois France.
Fille de Laurent II de Médicis 1492-1519, duc d'Urbino, et de Madeleine de la Tour d'Auvergne 1495-1519. Elle est régente du Royaume de France, du 5 décembre 1560 au 17 aout soit, 2 ans, 8 mois et 12 jours, le monarque est Charles IX. Elle est reine de France du 31 mars 1547 au 10 juillet 1559, Elle est couronnée le 10 juin 1549, en la basilique de Saint-Denis, le monarque est Henri II, son Prédécesseur est Éléonore d'Autriche, son successeur Marie Stuart Dynastie Maison de Médicis
Son nom de naissance est Caterina Maria Romola di Lorenzo de Medicis, elle décède le 5 janvier 1589 à 69 ans dans le Château de Blois France, son pèreest Laurent II de Médicis, sa mère est Madeleine de la Tour d'Auvergne, elle aura pour Conjoint Henri II de France, elle a pour enfants François II, Élisabeth de France, Claude de France, Louis de France, Charles IX, Henri III, Marguerite de France, François de France, Victoire de France et Jeanne de France

Elle grandit en Italie d'où elle est originaire par son père. Née à Florence, Catherine de Médicis n'avait pas deux mois lorsqu'elle perdit successivement sa mère, Madeleine de La Tour d'Auvergne, comtesse de Boulogne, et son père Laurent II de Médicis, duc d'Urbino. Elle passe ses premières années à Rome sous la protection de son cousin le cardinal Jules de Médicis qui deviendra en 1523 le pape Clément VII. De retour à Florence, elle y est retenue comme otage pendant la révolte qui, en 1527, chasse les Médicis. En 1530 elle revient à Rome où elle passera trois ans ; conduite à Marseille, elle y rejoint Clément VII qui, le 28 octobre 1533, bénit son mariage avec le deuxième fils de François Ier, Henri duc d'Orléans.
À la mort de ses parents, elle hérite du titre de duchesse d'Urbino, puis de celui de comtesse d'Auvergne à la mort de sa tante Anne d'Auvergne en 1524.
Par son mariage avec le futur Henri II, elle devient Dauphine et duchesse de Bretagne de 1536 à 1547, puis reine de France de 1547 à 1559. Mère des rois de France François II, Charles IX, Henri III, des reines Élisabeth,reine d'Espagne et Marguerite dite "la reine Margot", elle gouverne la France en tant que reine-mère et régente de 1560 à 1563.

Catherine de Médicis est une figure emblématique du XVIe siècle. Son nom est irrémédiablement attaché aux guerres de Religion opposant catholiques et protestants. Partisane d'une politique de conciliation, elle est l'instauratrice en France de la liberté de conscience pour les protestants, et a de nombreuses fois tenté de faire accepter le concept de tolérance civile.
Une légende noire persistante la dépeint comme une personne acariâtre, jalouse du pouvoir, ne reculant devant aucun crime pour conserver son influence. Aujourd'hui, la tendance historiographique la réhabilite, et reconnaît en elle une des plus grandes reines de France. Néanmoins, son rôle dans le massacre de la Saint-Barthélemy contribue à en faire une figure controversée.
S'il est une constante qui peut être retenue pour définir son comportement, c'est à coup sûr le sens de l'État que renforce chez elle le souci de préserver la grandeur de la monarchie dont ses fils, qu'elle entoure d'une affection sans partage, sont les dépositaires. Fidèle à sa foi catholique, mais sans fanatisme, et confrontée tout de suite au problème religieux qui divise la France, elle tente d'abord, avec le chancelier Michel de L'Hospital qui a toute sa confiance, une politique de tolérance et même de rapprochement avec les protestants aux états généraux d'Orléans 1560 et au colloque de Poissy en 1561. Pour affermir le pouvoir de Charles IX, elle entreprend avec lui un long voyage à travers le royaume 1564-1566. Mais les mesures qu'elle prend en faveur des protestants : suppression de la peine de mort pour hérésie, liberté de conscience et de célébration du culte hors des villes irritent les catholiques et surtout le groupe formé autour des Guise. Malgré l'opposition de la majorité de ses sujets, fervents catholiques, Catherine accorde encore aux protestants l'édit d'Amboise 1563 et la paix de Saint-Germain en 1570. Pour sceller la réconciliation, Henri de Navarre épousera sa fille, Marguerite de Valois. Mais l'ascendant pris sur son fils Charles par le chef du parti protestant, l'amiral de Coligny, l'effraie ; l'attentat de Meaux 1567, au cours duquel le roi avait failli être enlevé par Condé et l'amiral, l'avait déjà fortement ébranlée. Pressée par les princes catholiques de rétablir son autorité en extirpant l'hérésie, elle donne son aval au massacre de la Saint-Barthélemy dimanche 24 août 1572. Aux côtés de Henri III, dont elle a voulu qu'il fût roi de Pologne, elle s'efforcera, dès le retour de celui-ci en France 1574, de rétablir la paix intérieure en intervenant sans relâche auprès de son dernier fils François, duc d'Alençon puis d'Anjou, et de son gendre, Henri roi de Navarre. Ses ennemis l'accuseront, sans preuve, d'user de maléfices ; elle n'a eu en tout cas aucune part dans le meurtre du duc de Guise et du cardinal de Lorraine à Blois 1588, où elle meurt. Elle est inhumée à Saint-Denis auprès de son époux Henri II, dans le tombeau qu'elle-même avait commandé à Primatice et à Germain Pilon.

Sa vie, L'héritière des Médicis

Née à Florence, le 13 avril 1519, Catherine de Médicis se retrouve très rapidement orpheline, puisque ses parents meurent quelques jours après sa naissance, aussi est-elle prise en charge par sa grand-mère Alfonsina Orsini puis elle est placée sous la tutelle des vieilles tantes de sa famille, Clarice de Médicis et Maria Salviati. Elle devient l'unique héritière de la fortune des Médicis et prend le titre de duchesse d'Urbino, ce qui lui vaut le surnom de duchessina, la petite duchesse de la part des Florentins. Les Médicis ont joué un rôle important durant l'enfance de Catherine. Elle bénéficie de la protection de son oncle le pape Léon X, puis surtout de celle de Clément VII, un de ses cousins, élu pape en 1523 et qui la loge dans son Palazzo Medici-Riccardi.
L'enfance de Catherine dans la ville de Florence est perturbée par la guerre que se livrent Clément VII et l'empereur Charles Quint. Les républicains florentins profitent de la défaite du pape et du désordre qui règne à Rome pour se révolter contre les Médicis et prendre le contrôle de la ville. En 1529, Catherine est prise en otage par les républicains qui menacent de la violer et de la tuer quand les troupes de l'empereur du Saint-Empire romain germanique mettent en place le siège de la ville. Catherine n'a alors que dix ans et restera toute sa vie marquée par la cruauté politique de ce conflit. Pour la protéger, on la place dans différents couvents où par souci de sécurité, on lui fait prendre l'habit de nonne. Une fois la ville de Florence soumise au pouvoir du pape et de l'empereur, Catherine est emmenée à Rome au Vatican où désormais elle va grandir auprès de Clément VII.Elle passe ses premières années à Rome sous la protection de son cousin le cardinal Jules de Médicis qui deviendra en 1523 le pape Clément VII. De retour à Florence, elle y est retenue comme otage pendant la révolte qui, en 1527, chasse les Médicis. En 1530 elle revient à Rome où elle passera trois ans ; conduit
Catherine ne devait jamais revoir l'Italie et ses premières années à la cour de France auraient été sans joie si elle n'y avait reçu l'appui de François Ier lui-même, auquel elle gardera toute sa vie une dette de reconnaissance.
Placée sous la protection directe du pape, elle y reçoit une éducation très soignée. Elle bénéficie ainsi d'une culture raffinée, imprégnée d'humanisme et de néoplatonisme. Elle quitte l'Italie en 1533, lorsque le pape fait alliance avec le roi de France, François Ier, qui prévoit de la marier à l'un de ses fils cadets, Henri, alors duc d'Orléans, afin de contrecarrer l'influence à Rome de Charles Quint. En tant qu'unique héritière de la branche aînée des Médicis famille dominant alors Florence et avec un oncle pape à la tête des États pontificaux, Catherine est, en effet, un parti utile pour François Ier dans le contexte des Guerres d'Italie. Néanmoins, seules les filles d'empereurs ou de rois étant considérées comme dignes de devenir reine de France, on préfère attendre un meilleur parti pour le dauphin François III de Bretagne et plutôt marier Catherine, d'origine roturière que son physique disgracieux est censé rappeler, au jeune frère du dauphin, Henri, non destiné à régner.

La dauphine de France

Catherine quitte Florence le 1er septembre 1533 et rejoint la France à bord de la galère du pape. Elle apporte avec elle une dot de 100 000 écus d'argent et 28 000 écus de bijoux, ce qui lui vaudra de la part de courtisans persifleurs les surnoms de la Banquière ou la fille des Marchands. Il avait été convenu dans le contrat que le pape procurerait une dot assez importante pour combler le trou des finances royales. Le mariage a lieu à Marseille le 28 octobre 1533 en présence du pape venu s'entretenir avec le roi et lui remettre personnellement la main de Catherine, le contrat de mariage étant signé après le traité d'alliance qui prévoit que le pape aide le roi François Ier à reconquérir le duché de Milan et de Gênes en échange du mariage. Après le bal de mariage, le couple se rend dans la chambre nuptiale remplir ses devoirs conjugaux, suivi par le roi qui reste présent jusqu'à la consommation du mariage. Le pape s'y rend dès le lendemain pour trouver les deux jeunes mariés contents l'un de l'autre et est rassuré, Catherine n'étant plus répudiable. S'ensuivent des festivités somptueuses qui durent plusieurs semaines.
L'alliance avec la papauté ne procure finalement pas à la France les effets escomptés du fait de la mort de Clément VII, survenue l'année suivante. Le pape Paul III rompt le traité d'alliance et refuse de payer la dot à François Ier qui se lamente en ces termes : J'ai eu la fille toute nue. Au début de son mariage, Catherine n'occupe que peu de place à la Cour, bien qu'elle y soit appréciée pour sa gentillesse et son intelligence. Elle n'a pas quinze ans, ne parle pas bien le français et son jeune mari est plus intéressé par son amie et confidente Diane de Poitiers.
Le 10 août 1536, le destin de Catherine bascule. Le fils aîné de François Ier, le dauphin François, meurt soudainement, faisant de l'époux de Catherine l'héritier du trône. Catherine devient dauphine de Viennois et duchesse titulaire de Bretagne 1536-1547. Elle prend progressivement sa place à la Cour.

La conscience de l'honneur qu'on lui avait accordé explique l'attitude de Catherine à la cour de France, avant et après son veuvage. Princesse très effacée devant son glorieux beau-père, reine éperdument éprise de son roi, éclipsée par sa brillante rivale Diane de Poitiers, elle accepta tout avec humilité. Devenue régente après la mort de son mari, dont elle porta le deuil jusqu'à sa mort, elle s'attacha passionnément à sauvegarder pour ses fils l'héritage laissé par François Ier et Henri II. Cette Italienne fut, comme plus tard Mazarin, le meilleur serviteur de la monarchie française en des temps troublés.
La mort du dauphin François en 1536 fit de l'époux de Catherine l'héritier du trône. Stérile durant dix ans, la dauphine prit à cœur de s'imposer peu à peu par sa douceur et son intelligence. Elle s'instruisit et étudia particulièrement l'histoire. Elle trouva à la cour raffinée des Valois un terrain propice à la culture de son esprit. Aimant le luxe et les fêtes, elle fut une véritable princesse de la Renaissance, mais, à la différence de bien d'autres, elle se fit remarquer par la pureté de ses mœurs et la fidélité à tous ses devoirs.
Mais Catherine et Henri n'ayant toujours pas d'héritier, ils mettront dix ans à en avoir un. Pour Catherine, la menace de répudiation plane dès 1538. Mais elle reçoit l'appui inattendu de Diane de Poitiers, sa propre cousine et celle d'Henri. Elle laisse Henri arborer partout les couleurs de Diane.
La naissance d'un fils, le futur François II, bientôt suivie par celle de neuf autres enfants, dont six survécurent, acheva de consolider sa position. À la mort d'Henri II 10 juillet 1559, les Guises, oncles de la reine Marie Stuart, la tinrent à l'écart et gouvernèrent sous le nom du faible et maladif François II. Cependant, dès cette époque, pour la première fois, elle apparaît sur le devant de la scène. Au moment de la conjuration d'Amboise, lorsque les Guises perdent la tête et obtiennent une répression cruelle, Catherine seule garde son sang-froid ; elle publie une amnistie et s'efforce de sauver les coupables. Elle s'appuie sur le chancelier, le sage Michel de L'Hospital, pour imposer l'édit de Romorantin (mai 1560), qui atténue les persécutions contre les protestants. Cette attitude lui gagnera leur sympathie.
Cependant, cette nièce du pape était en matière religieuse le contraire d'une fanatique. Son drame fut de devoir gouverner un pays où les passions confessionnelles les plus exacerbées, et compliquées d'intérêts politiques, n'allèrent qu'en s'amplifiant jusqu'à sa mort. On peut même dire que son erreur la plus grande fut d'avoir minimisé l'importance du facteur religieux.
Remarquée pour son intelligence, Catherine est appréciée par le roi, son beau-père. Partageant avec sa belle-sœur Marguerite de France un goût pour les arts et lettres, Catherine devient son amie. Avec la reine de Navarre Marguerite d'Angoulême, elle participe à l'élévation culturelle de la cour, notamment par des compositions littéraires. C'est à cette époque que Catherine choisit son propre emblème : l'écharpe d'Iris l'arc-en-ciel.
Alors qu'elle craint de plus en plus d'être répudiée, elle accouche finalement en janvier 1544 d'un héritier : François, futur François II de France. Sa naissance, suivie l'année suivante par celle d'une fille, baptisée Élisabeth, conforte la position de Catherine à la cour. À la mort de François Ier le 31 mars 1547, Henri d'Orléans monte sur le trône sous le nom d'Henri II et Catherine devient reine de France.

La reine de France

Le 10 juin 1549, Catherine est officiellement sacrée reine de France à la basilique de Saint-Denis. Le rôle qui lui est conféré à la cour est celui de procréer. En l'espace d'une quinzaine d'années, Catherine mettra au monde dix enfants, dont sept survécurent. Les difficultés de l'accouchement de deux jumelles en 1557 mirent un terme à ces maternités successives.
Dans sa maison, Catherine réunit autour d'elle une cour où elle place de nombreux compatriotes italiens. Elle reste très attentive à la politique italienne de la France et protège les opposants au grand-duc de Toscane qui se sont exilés dans le royaume. Elle incite Henri II à confier des responsabilités militaires ou administratives à ces Italiens qui préfèrent servir la France plutôt que l'empereur. Parmi ces hommes se trouvent Simeoni, le jeune Gondi qui deviendra l'un des conseillers les plus influents de la reine dans les années 1570 et les cousins de Catherine, les frères Pierre et Léon Strozzi qui s'illustrent au service du roi durant les guerres d'Italie.
À l'avènement d'Henri II, Catherine doit souffrir la présence de la favorite royale Diane de Poitiers. Bien que par respect pour elle, le roi lui cache ses infidélités, elle doit accepter que sa rivale prenne une place importante à la cour. Diane de Poitiers exerce une influence importante sur le roi et reçoit en contrepartie de nombreuses responsabilités. Elle obtient ainsi la charge de l'éducation des enfants royaux et le titre de duchesse de Valentinois. Catherine souffre de cette situation en silence. Dans le fameux duel, le coup de Jarnac qui oppose La Châtaigneraie et Jarnac, Catherine prend le parti du second, celui de la duchesse d'Étampes, l'ennemie jurée de Diane.

Catherine obtient des responsabilités quand le roi reprend la guerre en 1552 contre Charles Quint et s'absente pour mener les opérations dans l'est du royaume. Catherine est nommée régente et avec l'aide du connétable Anne de Montmorency, elle assure l'approvisionnement et le renforcement des armées. Elle intervient également en 1557, après le désastre de Saint-Quentin. Elle est envoyée par le roi demander à la ville de Paris l'argent nécessaire pour poursuivre la campagne. Enfin, Catherine ne manque pas de désapprouver ouvertement la paix signée les 2 et 3 avril 1559 au Cateau-Cambrésis qui fait perdre l'essentiel des possessions italiennes à la France et met un terme à sa politique d'ingérence en Italie. Elle marque par là son opposition au connétable et son rapprochement avec le clan des Guise.
Le traité est suivi par des festivités au cours desquelles des mariages princiers doivent venir renforcer les alliances politiques tout juste conclues. Alors, que sa seconde fille , Claude, a épousé le duc Charles III de Lorraine en février, sa fille aînée Élisabeth épouse le roi Philippe II d'Espagne et sa belle-sœur Marguerite épouse le duc Emmanuel-Philibert de Savoie : le premier mariage est célébré par procuration à Notre-Dame de Paris le 22 juin, tandis que le second a lieu le 10 juillet alors que le roi est sur son lit de mort. Celui-ci a en effet été blessé à la tête le 30 juin par le capitaine de sa garde écossaise, Gabriel de Montgommery, lors d'un tournoi donné à l'occasion des noces, et meurt après plusieurs jours d'agonie ce même 10 juillet.

Le règne de François II

Le deuil de la reine Lorsque son fils François monte sur le trône, Catherine de Médicis lui recommande de confier les rênes du gouvernement à la famille de son épouse : les Guise. Issus de la maison de Lorraine et apparentés à la famille royale, les Guise sont riches et puissants. Ils ont su se faire une place de première importance à la cour et leur sœur Marie de Guise, la mère de la nouvelle reine, est régente d'Écosse pour sa fille.
Catherine les soutient et approuve la mise à l'écart opérée par eux, du connétable et de Diane de Poitiers. Elle-même intervient dans la redistribution des faveurs royales en échangeant avec l'ancienne favorite le château de Chenonceau contre celui de Chaumont. Par l'ascendant qu'elle exerce sur le jeune roi, Catherine joue un rôle central au sein du conseil royal, mais profondément atteinte par la mort de son époux, elle reste en retrait par rapport aux Guise qui détiennent la réalité du pouvoir.
Les contemporains ont souligné la douleur extrême manifestée par la reine à la mort du roi. Pour marquer son chagrin, Catherine choisit de ne plus s'habiller qu'en noir alors que le deuil se marquait traditionnellement en blanc et arbore désormais un voile qu'elle ne quittera plus. La souffrance qu'entraîne chez elle le souvenir de son défunt époux, la pousse même à ne pas assister au sacre de son fils le 18 septembre 1559. Catherine change son emblème : la lance brisée, avec la devise : De là viennent mes larmes et ma douleur, "Lacrymae hinc, hinc dolor".

Le problème protestant

Le règne de François II est marqué par la montée des violences religieuses. Jusqu'à présent Henri II avait réprimé très sévèrement le protestantisme. La mort de ce dernier encourage les protestants à réclamer la liberté de conscience et celle du culte. Bien que leur chef Calvin condamne la violence, une minorité de réformés veulent en découdre par la force. Devant la menace grandissante, les Guise sont favorables à une politique de répression.
À la mort de son époux, Catherine de Médicis était considérée par certaines autorités protestantes comme une personne ouverte d'esprit et sensible à l'injustice. Sous l'influence de ses amies les plus proches, attirées par la réforme protestante, la princesse Marguerite, la duchesse de Montpensier et la vicomtesse d'Uzès, et prenant conscience elle-même de l'inutilité de la répression, elle entame dès la mort du roi un dialogue avec les protestants. Elle se disait prête à accepter leur présence à la condition qu'ils restent discrets et qu'ils ne s'assemblent pas, et ainsi éviter l'agitation dans la population. Progressivement, elle devient face aux Guise le plus ferme soutien des partisans de la tolérance civile, appelés aussi moyenneurs.
Catherine demeurait toutefois étrangère à la religion nouvelle. Heurtée par l'injonction des prédicateurs, elle approuvait pleinement la sanction des fauteurs de trouble. Touchée personnellement par des pamphlets injurieux déposées chez elle lors de la conjuration d'Amboise, elle appuie la répression par les Guise des rebelles huguenots qui avaient attaqué la résidence royale.

L'entrée en scène de Catherine de Médicis

L'ampleur du mécontentement provoqué par les Guise au printemps 1560 obligeait ces derniers à céder davantage de pouvoir à Catherine de Médicis. Jusqu'alors réservée et marquée par la douleur du deuil, la reine-mère prend davantage part aux affaires. La montée du parti modérateur accroît son influence politique et le parti de la répression est contraint de l'écouter davantage. Elle s'entoure de conseillers modérés favorables à la Réforme et favorise leurs idées au sein du conseil royal. Parmi eux se trouvent des hommes d'Église comme Jean de Morvillier, Jean de Monluc, suspecté par Rome de protestantisme ou encore Paul de Foix, qui avait été arrêté par le roi l'année précédente avec Anne de Bourg.
En juin, elle permet au juriste Michel de L'Hospital, opposant à la répression, d'être nommé chancelier de France. En août, elle parvient à réunir à Fontainebleau une assemblée de notables pour discuter des problèmes du royaume et appuie malgré l'hostilité du pape, la tenue d'un concile national pour réformer l'Église de France.
La mort de son fils François II, le 5 décembre 1560, la meurtrit profondément mais lui permet de prendre en main les rênes du pouvoir.

Le règne de Charles IX

Le frère cadet du roi monte sur le trône sous le nom de Charles IX. Comme il n'a que dix ans et qu'il est encore mineur, Catherine de Médicis est déclarée régente. Face aux troubles religieux, elle met en place avec le soutien de conseillers modérés une politique de conciliation17. L'échec de sa politique la conduit toutefois à durcir à plusieurs reprises sa position à l'égard des protestants.

Une politique de conciliation

Catherine de Médicis est inspirée par deux courants : l'érasmisme, orienté vers une politique de paix, et le néoplatonisme, qui prône la mission divine du souverain pour faire régner l'harmonie dans son royaume. L'émergence de Catherine de Médicis et de Michel de L'Hospital sur la scène politique induit un relâchement de la pression sur les réformés. Ceux-ci dévoilent au grand jour leur foi et la cour installée au château de Saint-Germain voit l'arrivée en grand nombre de schismatiques.
Pour améliorer le sort de ses sujets prêts à s'entredéchirer, Catherine de Médicis multiplie les tractations et les assemblées de décision. Dès décembre 1560, des États généraux regroupant les trois ordres de la société s'étaient tenus à Orléans. Ils siègent de nouveau durant l'été 1561. Enfin au mois de septembre de cette même année se tient le Colloque de Poissy destiné à réconcilier la religion catholique et la religion protestante. En agissant ainsi, Catherine de Médicis se met à dos le pape Pie IV et les catholiques intransigeants, mais elle est très optimiste sur l'évolution de la situation.
Pour finir, le 17 janvier 1562, Catherine de Médicis promulgue l'Édit de janvier, qui constitue une véritable révolution, puisqu'il remet en cause le lien sacré entre unité religieuse et pérennité de l'organisation politique. L'Édit de janvier autorise en effet la liberté de conscience et la liberté de culte pour les protestants, à condition que ceux-ci restituent tous les lieux de culte dont ils s'étaient emparés. Cet édit fait partie de la politique de concorde voulue par Catherine de Médicis et Michel de L'Hospital. Pour eux, les réformés ne sont pas la cause du mal qui s'est abattu sur la terre mais ils sont un agent de conversion que Dieu a envoyé pour éveiller l'humanité à la conscience de son péché. Pour elle, la mission des dirigeants politiques consiste avant tout à briser le cycle des violences qui ravageaient le royaume.
Mais l'Édit de janvier échoue à cause des antagonismes trop forts qui opposent protestants et catholiques. Un triumvirat composé des trois anciens favoris d'Henri II s'oppose à la politique de tolérance de la reine-mère. Antoine de Bourbon, roi de Navarre choisit le camp des catholiques. La position de la régente est difficile. Elle espère un soutien de la part du prince de Condé, le chef des protestants.

Entre guerres et paix Catherine de Médicis et ses enfants

La reine refuse dans un premier temps la marche à la guerre que provoque en mars 1562 le massacre de Wassy. Elle se tient à l'écart des deux partis, jusqu'à ce que par un coup de force, François de Guise l'oblige à se placer sous sa protection. Le 31 mars il débarque à Fontainebleau où se trouve la famille royale et la contraint à le suivre à Paris. Durant les mois de mai et de juin, Catherine tente encore de provoquer des rencontres entre les belligérants, mais finit par se résigner à la guerre devant la résolution des chefs militaires à en découdre.
Pendant plusieurs mois, elle intervient activement dans l'organisation logistique pour défaire les protestants. Elle se déplace également personnellement au siège de Rouen. La mort et l'emprisonnement des principaux chefs de guerre lui permet finalement de ramener la paix. Tout en prenant ses distances avec les Guise, elle accorde aux huguenots la paix d'Amboise en mars 1563. L'édit prévoit déjà une certaine liberté de culte dans les maisons seigneuriales et dans les villes. En août 1563, Charles IX devient majeur. Catherine abandonne la régence, mais Charles IX la confirme immédiatement dans ses pouvoirs. Pour Catherine, l'heure est à la reconstruction, car la guerre civile a entraîné de très grosses destructions.
Les grandes fêtes de Fontainebleau marquent le départ du tour de France qu'entreprend la famille royale à partir de 1564. Pendant 28 mois, la reine parcourt la France pour montrer le roi à son peuple, faire oublier les dissensions religieuses et imposer ses édits de paix. Son but est également de provoquer la rencontre des chefs d'État européens et de relancer un nouveau concile. La reine n'avait pas accepté que lors du concile de Trente, les protestants n'aient pas été invités. Le voyage est une succession d'entrées royales. Il se termine le 1er mai 1566 à Moulins.
Après quatre années de paix, le conflit religieux reprend. En 1567, le prince de Condé tente de s'emparer du roi par surprise. C'est la surprise de Meaux : Charles IX et Catherine se réfugient à Paris, stupéfaits de la trahison du chef des protestants. Catherine impute au chancelier L'Hospital l'échec de la politique de tolérance civile et le renvoie en mai 1568. Le pouvoir royal décide d'en finir avec les rebelles et de terribles guerres s'ensuivent, ruinant le pays.
Les deux armées arrivent à bout de force en 1570. Catherine pousse les protestants à accepter la paix de Saint-Germain-en-Laye, qui leur accorde une liberté de culte très limitée.

Le massacre de la Saint-Barthélemy

Pour concrétiser une paix durable entre les deux partis religieux, Catherine tente d'organiser le mariage de sa fille, Marguerite avec le prince protestant Bourbon Henri de Navarre. Après la consécration des Espagnols à la bataille de Lépante, Catherine se rapproche des puissances protestantes en établissant une alliance avec Elisabeth d'Angleterre avec qui elle aimerait marier l'un de ses fils, et en promettant à Louis de Nassau le soutien de la France aux révoltés des Pays-Bas. La mort, en juin 1572, de la reine de Navarre Jeanne d'Albret, une importante rivale politique du côté protestant, l'arrange. Elle doit encore contrer l'influence, auprès de Charles IX, de l'amiral de Coligny : ce chef militaire des protestants veut que la France intervienne directement contre l'Espagne dans la guerre aux Pays-Bas, ce que Catherine veut éviter à tout prix.
À la suite de l'attentat manqué contre Coligny le 22 août 1572, Catherine semble avoir opté sur le conseil de certains membres de son entourage de convaincre le roi à faire tuer les principaux chefs huguenots montés à Paris pour les noces. Le massacre, dit de la Saint-Barthélemy, commence dans la nuit du 23 au 24 août 1572. En dépit des ordres du roi et de sa mère pour l'arrêter, il s'étend les jours suivants avec l'aide du peuple excité par quelques prédicateurs catholiques à tous les protestants parisiens, puis les mois suivants en province. Il fait plusieurs milliers de victimes.
Le massacre de la Saint-Barthélemy a suscité un important débat historiographique. Des thèses historiques contradictoires se sont longtemps affrontées sur la responsabilité de la reine dans ce massacre. Aujourd'hui, les historiens n'estiment plus que le massacre ait pu être prémédité. Face à une situation explosive, la reine et le roi ont décidé de prendre une décision exceptionnelle.
Ce massacre, qui fait plusieurs milliers de victimes à Paris puis en province, pèsera lourd sur la popularité de Catherine chez les protestants et dans l'Histoire. Catherine prend le parti de rompre avec sa politique de concorde et fait contraindre les protestants à revenir à la religion catholique. Deux ans plus tard, Charles IX meurt d'une pleurésie.

L'action artistique, Une politique culturelle au service de la monarchie

Catherine de Médicis poursuit la politique culturelle que son beau-père François Ier avait inaugurée. La cour de Catherine de Médicis est une succession de fêtes, de bals et de jeux. En février-mars 1564, la reine-mère organise dans le parc du château de Fontainebleau les plus somptueuses fêtes que le royaume ait jamais connues.
Tout comme l'avait fait François Ier au Camp du Drap d'Or, Catherine veut éblouir ses sujets. Elle s'entoure de femmes ravissantes qui attirent à la cour les hommes et les amènent à abandonner le parti de la guerre pour celui de la paix. Des ballets et des spectacles mythologiques mettent en scène la politique de tolérance de la reine ainsi que la gloire de la France et de la maison royale. Les enfants de Catherine participent aux danses et se travestissent dans des spectacles qui soulignent l'unité de la famille royale.
Catherine de Médicis utilisait la beauté des arts et des fêtes pour faire oublier la guerre aux hommes et n'hésitait pas à s'entourer d'un escadron volant - des jeunes femmes séduisantes - pour apaiser leur caractère belliqueux. Si elle encourageait les festivités et laissait la mode suivre son cours, la reine-mère s'est toujours montrée rigoureuse sur la moralité de sa cour et surveillait la vertu de ses filles d'honneurs. Lorsque l'une d'entre elles, Isabelle de Limeuil, fut mise enceinte par le prince de Condé en 1564, le scandale provoqué lui attira les foudres de la reine-mère qui la chassa improprement. Elle rédige en 1564 une lettre pour son fils pour la police de Cour et pour le gouvernement, série de conseils qui établit l'emploi du temps d'un roi et la manière de s'occuper de sa cour.
Excellente cavalière, on lui attribue parfois l'importation en France de la manière de monter en amazone. Elle a imposé le corset et le caleçon lors des promenades à cheval aux dames de sa cour.

Le mécénat

Héritière des goûts des Médicis pour les arts, Catherine de Médicis est considérée comme l'une des plus grands mécènes du xvie siècle français. Elle aimait s'entourer d'artistes, de poètes, d'hommes de lettres et de musiciens qu'elle faisait venir à la cour et pensionnait à son propre service, ce qu'aucune reine de France n'avait fait jusqu'à alors. Sa politique de mise en scène de la monarchie se doublait d'une véritable passion pour les arts. Elle s'intéressait aussi bien à l'orfèvrerie et à la musique qu'à la peinture et l'architecture. Catherine de Médicis portait également un intérêt particulier pour le portrait français et multipliait le nombre de portraitistes à son service, parmi lesquelles se tenaient François Clouet et les frères Dumonstier. À sa mort, sa collection de portraits comprenait entre 600 et 700 dessins, aujourd'hui éparpillés dans le monde.
Catherine protégeait également les hommes de lettres comme Montaigne ou Ronsard. Elle portait un soin à privilégier les artistes français, au lieu de faire appel à des artistes italiens comme il était d'usage chez les rois de France depuis le début de la Renaissance.
Aujourd'hui, il ne reste plus grand-chose de ses somptueuses collections. De son vivant, les visiteurs de marque pouvaient venir les admirer dans son grand palais parisien, mais accaparées en partie par la Ligue à sa mort, elles sont aujourd'hui ou disparues ou dispersées.
Catherine a également mis en place une politique de construction et des transformations architecturales : elle fait édifier non loin du Louvre le palais des Tuileries par Philibert Delorme et fait agrandir le château de Chenonceau. Son plus grand chantier est celui du somptueux mausolée des Valois à Saint-Denis, construit à l'antique sous forme d'une rotonde qui tranchait radicalement avec le style médiéval de la basilique. Aujourd'hui disparu, ce monument élevé à la gloire des derniers Valois devait contenir tous les gisants de ses enfants disposés autour du monument dédié à elle et à son époux. On y trouvait les trois gisants du couple royal dont ceux réalisés par le Primatice et Germain Pilon.
Excepté le château de Chenonceau, il ne reste rien de ses nombreux chantiers de construction. Le palais des Tuileries, le luxueux hôtel de la reine, la chapelle des Valois à Saint-Denis et les châteaux de Monceaux et de Saint-Maur qu'elle appréciait beaucoup, ont tous disparu.

Le règne de Henri III

À l'âge de vingt-trois ans, le duc d'Anjou, quatrième fils de Catherine, succède à son frère sous le nom de Henri III. Connu pour être le fils préféré, et sans doute le plus intelligent, le nouveau roi entend gouverner par lui-même. Catherine continue d'exercer le pouvoir, mais elle ne peut plus agir sans le consentement du roi.

La redistribution des pouvoirs, L'hôtel de la reine

Comme le roi se trouve en Pologne quand meurt Charles IX, Catherine est déclarée régente par le parlement. Elle assure l'intérim du pouvoir et jusqu'au retour du roi en septembre 1574, elle tente de combattre les troubles qui paralysent le royaume. Elle se réjouit de la capture de Montgomery, l'homme qui avait accidentellement tué son mari et qui depuis combattait dans le camp réformé. Elle encourage la justice à procéder à son exécution qui a lieu le 26 juin 1574.
Pendant son retour, le roi a commencé à répartir les postes publics aux membres de son entourage. Inquiète de voir lui échapper le contrôle du pouvoir, Catherine se déplace à sa rencontre et descend avec la cour jusqu'à Lyon. Elle entre en opposition avec son fils sur la distribution des dignités de la cour. Si elle parvient à maintenir auprès du roi certains de ses fidèles comme le comte de Retz, elle laisse le roi réorganiser l'étiquette à sa guise.
C'est une période tendue pour Catherine qui se remet mal de la mort de sa fille Claude, et qui entretient pendant quelques mois des rapports difficiles avec la nouvelle reine Louise de Lorraine que son fils épouse en février 1575. Catherine doit également accepter que son fils la décharge du pouvoir. Contrairement à son prédécesseur, le roi entend régner par lui-même. Catherine de Médicis s'attriste quelque temps de se voir privée du pouvoir par son fils préféré.
Catherine est également hostile aux favoris du roi qui restreignent l'accès au souverain et prônent parfois une politique contraire à la sienne. Elle contribue notamment à la chute de Bellegarde fin 1574.
À la même époque, elle fait construire par Jean Bullant, non loin de l'église Saint-Eustache un hôtel particulier dans lequel elle s'installera en 1584. De ce palais qui fut un lieu de la cour très prisé pendant les années 1580, il ne reste aujourd'hui que la grande colonne astrologique, près de l'actuelle bourse de commerce.

L'intarissable négociatrice

Sous le règne d'Henri III, Catherine demeure plus active que jamais au sein du gouvernement. Sa présence à la cour est particulièrement utile pour raccommoder le roi avec François d'Alençon, son fils cadet, victime des calomnies répandues par les mignons de la cour. Elle n'hésite pas à poursuivre son jeune fils et le ramener à la raison quand il s'enfuit et prend les armes en 1576.
Médiatrice hors norme, elle intervient surtout pour gérer les affaires diplomatiques. C'est elle qui mène les négociations et parcourt le royaume pour faire respecter les édits de paix et l'autorité du roi. En 1578, elle entame un nouveau tour de France au cours duquel elle rencontre son gendre Henri de Navarre devenu l'un des chefs protestants et le remet avec sa fille Marguerite avec qui il s'était brouillé. En dépit de ses rhumatismes, Catherine continue son voyage en litière et à dos de mule. Se privant la plupart du temps de confort, elle traverse les régions aux mains des rebelles comme le Languedoc et le Dauphiné, où elle rencontre les chefs protestants. Toujours portée par son optimisme, elle espère même rejoindre son fils François en Angleterre pour arranger son mariage avec la reine Élisabeth Ire. À la fin de sa tournée, en 1579, Catherine se félicite d'avoir rétabli l'entente dans sa famille.
Dans les années 1580, elle intervient personnellement dans la succession au trône du Portugal et envoie une expédition navale pour aider les Portugais à reconquérir leur pays envahi par le roi d'Espagne. En dépit de ses réticences, elle finit par soutenir les projets de son fils François pour devenir le souverain des Pays-Bas.
À l'approche de ses soixante-dix ans, elle n'hésite pas à payer de sa personne. En 1585, elle part dans l'est rappeler les Guise à l'ordre. En 1586, elle entame dans le sud-ouest des négociations avec son gendre Henri, roi de Navarre. Enfin lors de la Journée des barricades en 1588, elle n'a pas peur d'affronter la rébellion parisienne, en parcourant les rues de Paris à pied et en se frayant un chemin parmi les barricades. Par son combat, envers et contre tous, pour la concorde, Catherine de Médicis est devenue aux yeux de ses contemporains une personne hors du commun qui impose le respect. Cependant, son entêtement à se battre inutilement pour une cause qui semble perdue la discrédite aux yeux de ceux de ses sujets qui veulent en découdre avec leurs adversaires.

Échec et fin de vie

Catherine de Médicis meurt au château de Blois, le 5 janvier 1589.
La fin de la vie de Catherine est marquée par les préparatifs de mariage de sa petite-fille Christine de Lorraine qu'elle élevait depuis la mort de la duchesse de Lorraine sa mère en 1575. Ses derniers mois sont assombris par la montée en puissance de la Ligue catholique qui, à l'occasion de la journée des barricades, prend possession de la ville de Paris. Prisonnière dans la ville, Catherine se fait l'intermédiaire du duc de Guise pour le réconcilier avec le roi, ce qu'elle croit avoir réussi, lorsqu'ils se retrouvent à Chartres. Catherine entreprend ensuite son ultime voyage lorsque la cour se rend à Blois pour la réunion des États généraux. À l'arrivée de l'hiver, Catherine prend froid. Alitée en décembre 1588, sa santé se dégrade rapidement avec l'assassinat du duc de Guise qui l'inquiète d'autant plus que le roi ne l'avait pas avertie. Quelques jours plus tard, le 5 janvier 1589, elle meurt d'une pleurésie, entourée de l'amour des siens, mais complètement abattue par la ruine de sa famille et de sa politique.

Comme la basilique de Saint-Denis est aux mains des ligueurs, elle ne peut être enterrée dans le somptueux tombeau qu'elle y avait fait édifier pour sa famille. Sa dépouille n'y sera mise que vingt-deux ans plus tard, et au XVIIIe siècle son monument sera détruit.
Notons une anecdote célèbre au sujet de sa mort : une quinzaine d'années auparavant, vers 1571, son astrologue Côme Ruggieri lui aurait prédit qu'elle mourrait près de Saint-Germain. Catherine de Médicis, très superstitieuse, s'éloigna alors de tous les endroits rappelant de près ou de loin Saint-Germain, pensant ainsi échapper à la funeste prédiction. Ainsi, par exemple, elle fit interrompre la construction du Palais des Tuileries dépendant de la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois et s'installa précipitamment en 1572 dans ce qui allait devenir l'Hôtel de la Reine. Mais le destin la rattrapa, et sur son lit de mort, lorsqu'elle demanda son nom au confesseur appelé auprès d'elle pour lui porter l'extrême-onction, celui-ci répondit : Julien de Saint-Germain.

La légende noire de Catherine de Médicis, Historiographie

La personnalité de Catherine de Médicis est difficile à saisir parce qu'une légende noire est depuis toujours associée à son image. D'un tempérament optimiste et d'une grandeur d'âme particulièrement clairvoyante, Catherine de Médicis est devenue dans la mémoire collective l'incarnation de la noirceur, du machiavélisme et du despotisme.
Cette désinformation historique est restée longtemps intacte du fait que les historiens ont eux-mêmes véhiculé cette image sans souci d'objectivité. Il a fallu attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que l'historiographie traditionnelle de la reine soit alors remise en question, en particulier grâce à des historiens contemporains comme Garisson, Bourgeon, Jouanna, Crouzet, Sutherland et Knecht.
Dès l'époque des guerres de Religion, les catholiques et les protestants ont raillé la politique de tolérance de la reine-mère. Un véritable travail de propagande dressé contre les Valois a véhiculé une image très erronée de la reine. La mort du dernier des Valois en 1589 n'a pas permis sa réhabilitation. Au XVIIe siècle, on oublie que le travail accompli par Henri IV puis par Richelieu n'est que la continuité de la politique de Catherine de Médicis. Au XVIIIe siècle, les philosophes critiquent la monarchie absolue et la sage politique de la reine n'est désormais perçue que comme un despotisme oppressant et arbitraire. Sous la Révolution, le temps est à la dénonciation des rois et les révolutionnaires comme Marat reprennent les légendes parfois sordides qui couraient à son sujet pour vilipender la monarchie. C'est la Révolution française qui donne à la légende noire de Catherine de Médicis son aspect définitif. Au XIXe siècle, l'école républicaine et la tradition populaire pérennisent cette légende désormais rendue populaire par les romans historiques comme La Reine Margot de l'écrivain Dumas ou encore les travaux historiques de Balzac.

La légende

La légende noire de Catherine de Médicis entretenue jusqu'au milieu du XXe siècle fait d'elle une femme dominatrice qui cherche à accaparer le pouvoir, une adepte du machiavélisme qui n'hésite pas à utiliser les moyens les plus extrêmes, une Italienne qui laisse des étrangers, Gondi, Birague... gouverner la France et enfin une femme acariâtre, dévorée de jalousie.
Quand Catherine devient régente de France, elle gouverne pour ses enfants qui sont trop jeunes pour régner par eux-mêmes. Face aux différents partis religieux et politiques qui tentent d'accaparer le pouvoir en faisant pression sur elle, Catherine essaye de rester ferme pour éviter l'effondrement du pouvoir royal. C'est de là qu'est née la légende d'une reine arriviste et despotique. En tant que reine mère, elle souhaite préserver l'héritage royal de ses enfants. Les catholiques lui reprochaient d'accorder trop de liberté aux protestants, les protestants de ne pas en accorder assez. Prise entre ces deux partis antagonistes, Catherine de Médicis a tenté tant bien que mal de maintenir sa politique d'union nationale autour du trône.

Les allégations selon lesquelles elle aurait fait empoisonner la reine de Navarre Jeanne d'Albret puis, involontairement, son fils Charles IX, sont l'œuvre de deux romanciers, Michel Zévaco pour la première et Alexandre Dumas pour la seconde et ne reposent sur aucun élément tangible. Les romanciers et le cinéma sont en grande partie responsable de cette légende noire de la reine mère. Dans La Princesse de Clèves, film tourné en 1961, Catherine de Médicis utilise des nains espions et fait tomber ses ennemis dans des trappes qui donnent sur des profondes oubliettes. L'iconographie la représente parfois devant les cadavres des huguenots massacrés dans la cour du Louvre.
Les adversaires de Catherine lui reprochaient de louvoyer entre les partis et même de créer la discorde pour mieux régner. En réalité, Catherine de Médicis se méfiait de tous les partis et elle passa sa vie à tous les rabaisser pour n'en mettre en valeur qu'un seul, celui du roi. C'est la décrépitude du pouvoir royal et la faiblesse de ses moyens qui obligeaient Catherine de Médicis à s'appuyer sur tel ou tel parti.
Au château de Blois, on a longtemps cru que Catherine cachait des poisons derrière des armoires secrètes de son cabinet de travail.

Catherine était considérée comme une étrangère par beaucoup. Il est vrai qu'elle avait un accent italien assez marqué. Quand elle est arrivée en France pour épouser le duc d'Orléans, elle savait à peine parler le français. Mais la reine s'est toujours considérée comme française. Elle a effectivement introduit à la cour et au pouvoir certains de ses familiers d'origine italienne comme les Gondi et les Birague. Mais la plupart avait grandi en France et possédaient une culture et une intelligence raffinée, et ils surent le plus souvent se mettre au service de leur pays d'adoption.
Les écrivains ont tendance à réduire le personnage de Catherine à sa haine pour Diane de Poitiers, maîtresse âgée de son mari. Il est vrai que Catherine n'avait guère de sympathie pour celle qu'elle appelait la putain du roi.

Descendance

Catherine de Médicis, (1519 † 1589)
X 1533 Henri II (1519 † 1559), roi de France de 1547 à 1559

├─> François II (1544 † 1560), roi de France de 1559 à 1560
│ X 1558 Marie Stuart, Reine d'Écosse

├─> Elisabeth de France(1546 † 1568), reine d'Espagne
│ X 1559 Philippe II d'Espagne
│ │
│ ├─> Isabelle Claire Eugénie, gouverneur des Pays-Bas espagnols
│ └─> Catherine Michèle, duchesse de Savoie

├─> Claude de France (1547 † 1575), duchesse de Lorraine et de Bar
│ X 1559 Charles III de Lorraine
│ │
│ ├─> Henri II (1563 † 1624), duc de Lorraine et de Bar
│ ├─> Christine (1565 † 1637), grande-duchesse de Toscane
│ ├─> Charles (1567 † 1607), cardinal de Lorraine
│ ├─> Antoinette (1568 † 1610), duchesse de Juliers et de Berg
│ ├─> Anne (1569 † 1676)
│ ├─> François II (1572 † 1632), duc de Lorraine et de Bar
│ ├─> Catherine (1573 † 1648), abbesse de Remiremont
│ ├─> Elisabeth (1575 † 1636), duchesse puis électrice de Bavière
│ └─> Claude (1575 † 1576)

├─> Louis (1549 † 1550), duc d'Orléans

├─> Charles IX (1550 † 1574), roi de France de 1560 à 1574
│ X Élisabeth d'Autriche
│ │
│ └─> Marie-Élisabeth de France (1572 † 1578)

│ X Marie Touchet
│ │
│ └─> illégitime : Charles de Valois (1573 † 1650), duc d'Angoulême

├─> Henri III (1551 † 1589), roi de Pologne en 1574, roi de France de 1574 à 1589
│ X 1575 Louise de Lorraine

├─> Marguerite (1553 † 1615) Reine de Navarre et de France
│ X 1572 Henri III de Navarre, futur Henri IV, roi de France de 1589 à 1610

├─> François (1555 † 1584), duc d'Alençon puis d'Anjou

├─> Victoire de France (1556-1556)
└─> Jeanne de France (1556-1556) jumelles, l'accouchement fut difficile et faillit coûter la vie à la reine.

Ascendance de Catherine de MEDICIS 1519-1589

Catherine de Médicis au cinéma

Plusieurs actrices ont incarné le rôle de Catherine de Médicis, celle-ci ayant inspiré de nombreux réalisateurs.
Josephine Crowell incarne l'une des facettes paroxystiques de l'intolérance dans le célèbre film Intolérance 1916 de David Wark Griffith.
La reine-mère assoiffée de sang, préparant minutieusement le massacre des huguenots, est le pendant historique français des prêtres babyloniens de Baal et des bourreaux du Christ.
Marguerite Moreno la représente sous les traits d'une femme autoritaire et revêche dans Les Perles de la couronne un film de Christian-Jaque en 1937.
Françoise Rosay incarne une reine mère roublarde de comédie, dont les disputes vaudevillesques en italien avec ses enfants ponctuent la Reine Margot, film réalisé par Jean Dréville 1954.
Marisa Pavan dans Diane, film réalisé par David Miller en 1956.
Lea Padovani, dans La Princesse de Clèves, de Jean Delannoy en 1961
Alice Sapritch, dans la Reine Margot, téléfilm ou feuilleton télévisé en 1961.
Isa Miranda, dans Hardi ! Pardaillan, film réalisé par Bernard Borderie en 1964.
D'après la série de cape et d'épée Les Pardaillan, romans populaires de Michel Zévaco.
Joan Young, dans The Massacre of St Bartholomew's Eve, série de quatre épisodes du feuilleton télévisé de science-fiction britannique Docteur Who, diffusée sur la BBC en février 1966.
Maria Meriko, dans La Dame de Monsoreau, feuilleton télévisé réalisé par Yannick Andréi, diffusé sur la deuxième chaîne de l'ORTF en décembre 1971. L'habile reine mère, déjà âgée en 1578 mais encore clairvoyante et bonne comédienne, est envoyée à Angers comme médiatrice entre Henri III et son frère rebelle François, duc d'Anjou.
Dominique Blanchar, dans le Chevalier de Pardaillan, feuilleton télévisé réalisé par Josée Dayan, diffusé sur Antenne 2 en janvier-avril 1988. D'après la série de cape et d'épée Les Pardaillan, romans populaires de Michel Zévaco. L'image d'Épinal de l'éternelle empoisonneuse et intrigante, affublée d'un accent italien caricatural.
Alice Sapritch, dans Catherine de Médicis : Le Tocsin de la révolution, téléfilm ou feuilleton télévisé réalisé par Yves-André Hubert, diffusé en 1989.
D'après Catherine de Médicis ou la Reine noire, biographie très romancée par Jean Orieux.
Virna Lisi, dans la Reine Margot, film réalisé par Patrice Chéreau en 1994. Méconnaissable dans son rôle de sinistre veuve noire, Virna Lisi reçut le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1994 ainsi que le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1995.
Marie-Christine Barrault, dans Saint-Germain ou la Négociation en 2003, téléfilm réalisé par Gérard Corbiau d'après le roman de Francis Walder. Catherine de Médicis y perd son traditionnel accent italien cinématographique. Un sablier fatidique et une indication ambiguë à Henri de Mesmes, seigneur de Malassise, semblent indiquer que la reine mère envisage le massacre de la Saint-Barthélemy dès l'été 1570, lors des négociations menées pour conclure la paix boiteuse et mal-assise.
Le roman de Francis Walder ne sous-entend rien de tel.

Liens
http://youtu.be/08MV96dL9hc 2000 ans d'histoire 1
http://youtu.be/YgAe7zRK2P8 2000 ans d'histoire 2
http://youtu.be/zjKBax-tu-M Catherine de Médicis Diaporama sur musique
http://youtu.be/EzUx_f5wkbQ La reine Margot
http://youtu.be/PtWw2Ha2naE Extrait la reine Margot
http://youtu.be/G_EqgerxUOw Henri de Navarre


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Posté le : 12/04/2014 22:11
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Boris Godounov Tsar de Russie
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Le 13 avril 1605 meurt Boris Fedorovitch Godounov, en russe :

Бори́с Фёдорович Годуно́в,


né en 1551 à Viazma, tsar il gouverne la Russie à partir de 1594 à la place de Féodor Ie, le fils d'Ivan le Terrible, et devient tsar de Russie de 1598, pendant 7ans, 1 mois et 26 jours, il et couronné le 3 Septembre 1598 jusu'à sa mort subite, à 55 ans, à Moscou, en avril 1605.il succède à Irina Godounov et aura pour successeur Fédor II, il appartient à la dynastie des Godounov, il a pour père Féodor Ivanovich Godunov, pour mère Stépanide Ivanovna, sa conjointe Maria Malyiuta-Skouratov lui donne deux enfants Fédor II et Xénia, morte en 1662 à Troïtsa

Il fut un des conseillers les plus influents de Fédor, tsar de 1584 à 1598.
Il relégua à Ouglitch la dernière femme d'Ivan IV et le tsarévitch Dimitri, qui mourut mystérieusement en 1591. La rumeur publique accusa Boris Godounov de l'avoir fait assassiner. À la mort de Fédor, Boris se fit élire tsar par un Zemski Sobor 1598. Un prétendant au trône venu de Pologne, Dimitri, dit le faux Dimitri, se fit proclamer tsar après la mort subite de Boris avril
Descendant d'une famille noble d'origine tatare mais russifiée depuis le XIVe siècle, Boris Godounov s'impose à la tête de l'État moscovite vers 1587, comme conseiller du tsar Théodore Fedor, fils et successeur d'Ivan le Terrible et marié à la sœur de Boris.
Quand le tsar meurt sans laisser d'héritier son unique frère, le tsarevitch Dmitri, ayant péri en 1591 dans des circonstances troubles, Boris se fait élire tsar par les états généraux en 1598. Le gouvernement de Boris Godounov est marqué par des succès militaires contre la Suède 1590-1595, par un effort pour consolider la frontière méridionale face à la steppe et pour organiser la colonisation de la Sibérie fondation de Tobolsk en 1589 ; enfin il remporte un important succès de prestige :
la reconnaissance par les patriarches orientaux de l'indépendance de l'Église russe et le sacre d'un patriarche de Moscou et de toute la Russie en 1589.
Dans le domaine social, Boris doit, pour assurer une main-d'œuvre stable sur les terres des serviteurs de la couronne, interdire aux paysans de quitter leur terre de 1592 à 1593.
Cette mesure, rendue particulièrement insupportable par les famines de 1601-1603, provoque, surtout dans le sud-est du pays, des mouvements de mécontentement qu'attisent les tergiversations gouvernementales. D'un autre côté, l'autoritarisme de Boris, la brutalité avec laquelle il a éliminé ses adversaires de la scène politique, des bruits plus ou moins fondés sur sa responsabilité dans la mort du tsarevitch Dmitri, le rendent impopulaire auprès des classes dirigeantes.
Aussi l'entreprise d'un usurpateur, qui se fait passer pour le tsarevitch miraculeusement sauvé des mains de ses assassins et qui bénéficie de l'appui du roi de Pologne Sigismond III, met-elle en danger l'État moscovite, malgré la défaite qu'infligent les troupes de Boris à celles du faux Dmitri.
La mort subite du tsar survient dans une situation sociale et politique très tendue et marque le début du Temps des troubles de 1605 à 1613.
La personnalité de Godounov a inspiré le drame historique Boris Godounov de Pouchkine et l'opéra de Moussorgski joué pour la première fois en 1874.

Famille Godounov

On connaît peu de choses sur la famille Godounov : les rares documents conservés indiquent que Boris était de lointaine ascendance tatare. Un de ses lointains ancêtres, le prince tatar Tchet, fit construire au XIVe siècle le monastère orthodoxe Saint-Hypatius ou Monastère Ipatiev. Le nom de famille signifierait irréfléchi en tatar.
Son arrière-grand-père était Zacharie Godounov ; fils de Théodore Godounov, Boris aura une sœur, Irina Godounova, morte le 26 octobre 1603, épouse du tsar Fédor Ier et un frère cadet, Ivan Godounov, mort en 1610, époux d'Irène Romanov.

Sa vie, Régence

Boris Godounov commence par être chambellan d'Ivan le Terrible, commandant de la garde du palais puis, à partir de 1588 exerce la régence pour Fédor Ier, fils de ce dernier, et son beau-frère.
Le 7 janvier 1598, Fédor meurt sans héritier, mettant ainsi fin à la longue dynastie des Riourikides. Dimitri Ivanovitch, son frère, relégué à Ouglitch, y meurt mystérieusement : pendant plusieurs siècles, les historiens accusèrent Boris Godounov ; il semble cependant que ce dernier soit innocent : Dimitri se serait tué accidentellement avec un couteau, au cours d'une crise d'épilepsie.

Une nouvelle dynastie

À la mort du tsar, plusieurs hautes familles, les Galitzine, les Romanov peuvent prétendre au trône mais aucune ne fait acte de candidature car l'aristocratie a été affaiblie par le pouvoir tsariste, sous le règne d'Ivan IV puis sous celui de Fédor Ier.
Beau-frère du tsar défunt, Premier ministre, Boris Godounov n'a pas de difficulté à se faire élire tsar par un zemski sobor, assemblée comprenant les boïards, le clergé et les communes. Rencontrant une résistance au sein de la douma des boïards, Boris s'appuie sur la noblesse et sur le peuple ; présidé par le patriarche orthodoxe Job, Boris est élu tsar mais exigea qu'on lui prête serment non pas au palais, comme le voulait l'usage, mais dans la cathédrale de l'Assomption à Moscou.

Il est couronné dans cette même église en septembre 1598.

Manquant de légitimité historique, il n'est qu'un tsar élu, Boris tente d'unir sa famille aux Maisons royales européennes.
Il chercha ainsi à marier sa fille Xénia au prince Gustave de Suède, fils exilé d'Erik XIV : la tentative échoua devant le refus du prince de se convertir à l'orthodoxie ; le duc Jean de Danemark accepta, lui, toutes les conditions requises mais mourut subitement, foudroyé par une maladie.

Son règne

Selon les historiens, son règne est une période paisible après l'ère d'Ivan le Terrible.
Il mène une politique d'indépendance de la Russie, créant en 1589 le patriarcat de Moscou, la Russie devient alors autocéphale, guerroyant contre la Suède de 1590 à 1595, organisant la colonisation de la Sibérie.
Il tente de rapprocher le pays de l'Occident et de renforcer le pouvoir du tsar aux dépens des boyards. C'est ainsi qu'il envoie en Occident, à des fins d'instruction, un groupe de jeunes garçons nobles : six en Angleterre, six en France et six en Prusse ; l'expérience fut un échec puisque tous, à l'exception de deux d'entre eux, refusèrent de rentrer en Russie.
Boris ne peut cependant faire face aux troubles qui demeurent latents depuis la mort d'Ivan IV.
Ceux-ci trouvèrent un catalyseur dans la grande famine, qui éclate en 1601 et dure trois ans. En 1602, plusieurs milliers de morts sont dénombrés à Moscou et, si le gouvernement tente d'abord de remédier à la situation, il doit bientôt y renoncer à cause de l'immensité du territoire, attitude qui favorisera les désordres et les pillages.
Le 13 octobre 1604, Grégori Otrepiev, Gricha Otrepjov — moine défroqué ayant réussi à se faire reconnaître par le roi de Pologne comme le tsarévitch Dimitri, qui aurait survécu à son assassinat— entre en Russie à la tête d'une armée de mercenaires polonais et lituaniens. Boris Godounov décrète alors la mobilisation générale mais ses troupes sont défaites par celle d'Otrepiev, le 21 décembre 1604 à Novgorod-Severski ; le 21 janvier 1605, en revanche, le sort des armes est favorable aux troupes du tsar et Otrepi ev doit fuir.

Révolte des paysans

Rendus mécontents par la famine, les paysans rallient le camp d'Otrepiev.
Boris Godounov meurt, subitement, le 13 avril 1605 à Moscou : on parla alors d'empoisonnement ou de suicide. Il est inhumé au monastère de Serguiev Possad, près de Moscou.
Il laisse pour successeur son fils, Fédor II, et son épouse Maria Grigorievna Skouratova-Belskaya, fille de Maliouta Skouratov, un des chefs de l'Opritchnina d'Ivan le Terrible.

Personnalité

Jérôme Gorsey décrit ainsi le tsar Godounov : "Il est d’apparence agréable, beau, affable, porté sur la magie noire, âgé de quarante-cinq ans ; il manque d'instruction mais a l'esprit vif, il a des dons d’éloquence et maîtrise bien sa voix ; il est rusé, très impulsif, rancunier, peu enclin au luxe, modéré dans ses habitudes alimentaires mais il a le goût des cérémonies ; il offre de somptueuses réceptions aux étrangers, adresse de riches présents aux souverains des autres contrées."
Selon l'historien russe Nicolas Kostomarov : "Toute son action visait à favoriser son intérêt personnel, son propre enrichissement, le renforcement de son pouvoir, l’élévation de sa lignée… Cet homme était prêt à faire le bien, pour peu que cela ne gênât point ses visées mais les servit au contraire ; de la même façon, aucun mal, aucun forfait ne pouvait l’arrêter s’il l’estimait utile à ses intérêts."

Postérité culturelle

La vie de Boris Godounov a inspiré :
Boris Godounov, une tragédie d'Alexandre Pouchkine 1831, ce dernier inspirant :
un opéra de Modeste Moussorgski 1868 ;
une musique de scène de Serge Prokofiev 1936 ;
un film de Sergueï Bondartchouk 1986 ;
un film d'Andrzej Żuławski 1989.


N. Kostomarov : Histoire de la Russie par ceux qui l'ont faite.
S. Platonov : Boris Godounov Prague
L'écrivain français d'origine russe Vladimir Volkoff a consacré une trilogie romanesque à cette époque troublée de l'histoire de la Russie, Les Hommes du Tsar, Éditions de Fallois/L'Âge d'Homme :
Hommes du tsar
Les Faux Tsars
Le Grand Tsar blanc
Précédé par Boris Godounov Suivi par
Irina Godounova
Tsar de Russie
1598-1605


Fédor II, L'Opéra

Tragédie historique de Pouchkine en 1831 : le premier grand drame national de la littérature russe.
D'après cette tragédie, Moussorgski a composé un drame musical 1869-1872.
Créé au théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg le 27 janvier ancien style / 8 février (nouveau style) 1874, Boris Godounov – opéra en un prologue et quatre actes sur un livret du compositeur d'après le drame historique d'Alexandre Pouchkine – confère ses lettres de noblesse à la représentation du peuple sur une scène d'opéra. Plus encore que Boris, le tsar infanticide qui se meurt rongé par le remords et les hallucinations, le protagoniste est le chœur, véritable porte-parole du peuple de Russie. La censure a d'ailleurs bien senti le caractère subversif et anti-tsariste du livret et a refusé la version originale de 1869, en sept scènes, obligeant Moussorgski à en modifier certains aspects dans une nouvelle mouture écrite en 1871 et 1872. Il existe donc deux versions de l'œuvre, auxquelles il faut ajouter les réorchestrations de Rimski-Korsakov (1896), Mikhaïl Mikhaïlovitch Ippolitov-Ivanov (1927) et Chostakovitch (1940), tous soucieux d'« enjoliver » l'art brut de Moussorgski, peut-être maladroit mais si expressif dans son âpreté primitive. Quant à son art de la prosodie, il ne sera pas sans répercussion sur les compositeurs qui chercheront à rapprocher la musique de la parole, comme Debussy ou Janáček.

Liens

http://youtu.be/TpkLq1dR48Q Boris Godounov par Mussorgski
http://youtu.be/n8wKc3Azt1I Moscou
http://youtu.be/yKlzrMU2YBs Anglais
http://youtu.be/Y8YVkqZMBlU Yvan le terrible prédécesseur de Godounov
http://youtu.be/Y8YVkqZMBlU Tsars russes 1533 à 1917 (anglais)
http://youtu.be/S8x4XKDlmWM Tsars de Russie (Anglais)
http://youtu.be/kU-KUIRbvGk Expansion russe de l'origine à nos jours (anglais)
http://youtu.be/mV1OrSxZEdg L'empire russe des tatars à nos jours. (anglais)

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Posté le : 12/04/2014 21:20
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Le traité de Paris-fin de la guerre de Crimée
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Le 30 Mars 1856 est signé le traité de Paris mettant fin à la guerre de Crimée

commencée le 4 Octobre 1853, Elle conclut la Victoire de l'alliance franco-britannico-sardo-ottomane contre la Russie, ce traité marque le début d'un sévère déclin de l'influence russe dans la région.
Le traité de Paris du 30 mars 1856, met fin à la guerre de Crimée 1853-1856. Entré en vigueur le 16 avril 1856, il déclare la neutralité de la mer Noire, y interdit la navigation aux navires de guerre ainsi que la construction de fortifications.

Déclaration réglant divers points de droit maritime. Paris, 16 avril 1856

Lors de la conclusion du traité, les plénipotentiaires signèrent également la présente déclaration. Elle est le résultat d'un modus vivendi passé entre la France et le Royaume-Uni en 1854, qui concernait originellement la guerre de Crimée.
Ces deux puissances avaient reconnu qu'elles n'opèreraient pas la saisie de biens ennemis sur des bateaux neutres ni de biens neutres sur des bateaux ennemis. Les belligérants avaient également déclaré qu'ils ne délivreraient plus de lettre de marque, abolition théorique de la guerre de course.
La Déclaration de Paris confirme ces règles et y rajoute le principe que les blocus, pour être obligatoires, doivent être effectifs.
Elle pose également le principe de la liberté des détroits maritimes. Elle sera complétée par la Convention de Constantinople sur la liberté des canaux interocéaniques en 1888.
Le traité de Paris institua la première Commission du Danube.

Les signataires

Pratiquement tous les États ont adhéré à cette déclaration. Les États-Unis, qui souhaitaient obtenir une exemption complète de prise en mer pour la propriété privée, ont retiré leur adhésion formelle, leur amendement n'ayant pas été accepté par toutes les puissances.
En 1861, au début de la guerre civile, les États-Unis ont pourtant annoncé qu'ils respecteraient les principes de la déclaration pendant les hostilités. Ils ont fait de même en 1898 pendant la guerre contre l'Espagne, en affirmant que la politique du gouvernement des États-Unis dans la conduite des hostilités serait de se conformer aux dispositions de la Déclaration. Les règles contenues dans cette déclaration ont été considérées plus tard comme faisant partie du droit international général et même les États-Unis, qui n'y sont pas formellement partie, suivent ses dispositions.

Préalablement

Constantinople – soutenue par Londres et Paris – refuse de céder à la Russie la protection des orthodoxes dans l'Empire ottoman déclenche la guerre en 1853. Français et Anglais, aidés par des troupes piémontaises, débarquent en Crimée en 1854 et assiègent la forteresse de Sébastopol. Le choléra et le froid tuent des milliers de soldats. Sébastopol tombe en 1855.

Conséquence de la politique menée par Napoléon III pour essayer de rompre la coalition européenne qui, depuis 1815, réduit le rôle de la politique étrangère de la France. Envisageant certains remaniements de frontières, avec l'accord de l'Angleterre et de la Russie, et voulant engager l'intérêt de ces deux pays, Napoléon III choisit comme terrain d'action le Moyen-Orient et, en homme habile qu'il est, il invoque un prétexte — la question des lieux saints —, certain d'ouvrir une discussion sans déclencher d'hostilités. Quel pays voudrait entrer en guerre pour une question de cet ordre ? Malheureusement, cette politique échoue, parce que la France n'a pas suffisamment de poids dans la diplomatie européenne pour contrôler la marche des événements. L'Angleterre semble appuyer la politique française, mais elle ne le fait en réalité qu'en vue de ses propres objectifs, c'est-à-dire pour arrêter l'expansion russe au Moyen-Orient. Quant à la Russie, craignant une renaissance napoléonienne, elle réagit contre la politique française. Napoléon III réclame la réunion d'un congrès qui, pacifiquement, provoquerait des changements dans le système européen. Cependant, la Turquie, se sentant menacée par la Russie et encouragée par l'Angleterre, prend une position qui aboutit au déclenchement des hostilités en octobre 1853. La France et l'Angleterre déclarent la guerre à la Russie et font débarquer leurs troupes en Crimée, mettant le siège devant Sébastopol. Mais les opérations militaires sont mal organisées et se déroulent dans des conditions désastreuses. En dépit des batailles de l'Alma et d'Inkermann, charge de la brigade légère à Balaklava, aucune victoire décisive n'est possible en 1854.

Le traité de paix est signé à Paris en mars 1856. La Russie est évincée des Balkans et la défaite poussera le tsar à mettre en œuvre des réformes de modernisation de la société russe. L'intégrité de l'Empire ottoman et des principautés danubiennes est désormais garantie par les puissances européennes. La neutralisation de la mer Noire s'accompagne de la liberté de circulation sur le Danube. La paix est aussi considérée comme une réussite de la diplomatie française : l'ordre européen des traités de 1815 est remis en cause, et la question des nationalités est posée sur la scène internationale.


Guerre de Crimée


Celle-ci ne doit pas être confondue avec Campagne de Crimée, Offensive de Crimée ni Crise de Crimée.

Elle sévit du 4 octobre 1853 au 30 mars 1856 principalement autour de la mer Noire, Crimée, Caucase, Balkans mais aussi en mer Baltique, en mer Blanche et en Extrême-Orient et se termina par la victoire de l'alliance franco-britannico-sardo-ottomane et la signature du traité de Paris
Les belligérants étaient d'un part l' Empire français, celui du Royaume-Uni, l'Empire ottoman et Royaume de Piémont-Sardaigne contre l'Empire russe
Les commandants de ce conflit étaient Napoléon III et de Armand Jacques Leroy de Saint-Arnaud, le maréchal Canrobert, Aimable Pélissier, François Achille Bazaine
Patrice de Mac Mahon pour la France, la reine Victoria, lecomte d'Aberdeen, lord Raglan, Sir James Simpson, Sir William John Codrington, Pour la Turquie, le général Omer Pacha, İskender Pacha, Alfonso La Marmora et pour la Russie Nicolas Ier, Alexandre II, prince Menchikov, Pavel NakhimovVassili, ZavoïkoNikolay, MouraviovIev, fimy Poutiatine, VladimirIstomine et le comte Tolstoï
Les forces en présence étaient de 1 000 000 dont 400 000 Français, 300 000 Turcs, 250 000 Britanniques, 18 000 Sardes
Se trouvaient également sur place, sous commandement britannique : British German Legion : 4 250 hommes, British Swiss Legion : 2 200 hommes, British Polish Legion : 5 000 hommes, au total : 710 000 hommes auxiliaires.
du côté Russe, combattaient 700 000 Russes, 3 000 Bulgares, 2 000 Serbo-Monténégrins, 1 000 Grecs
Il y eut au total des pertes importantes en hommes des deux côtés soit 300 000 à 375 000 morts :
Les Batailles furent Oltenița · Cetate · Silistra · Sinope · Kurekdere · Bomarsund · Petropavlovsk · Alma · Balaklava · Inkerman · Sébastopol · Eupatoria · Taganrog · Tchernaïa · Kars · Malakoff · Grand Redan (en) · Kinburn

La guerre de Crimée a opposé de 1853 à 1856 l'Empire russe à une coalition comprenant l’Empire ottoman, le Royaume-Uni, l'Empire français de Napoléon III et le royaume de Sardaigne. Relativement coûteuse en hommes, principalement à cause des maladies, comme le choléra qui furent plus meurtrières que les combats, elle s'acheva par une défaite russe. Elle révéla une certaine inefficacité du commandement britannique et français mais surtout des mauvaises conditions sanitaires,entrainant des problèmes d'approvisionnement des corps expéditionnaires, avec des généraux nommés par opportunisme politique plus qu'en fonction de leurs compétences. Par ailleurs elle montra que les Russes avaient sous-estimé la valeur des Turcs.

Présentation de la Crimée

Situation géographique
La presqu'île de Crimée est située au sud du territoire ukrainien. Elle se trouve dans la mer Noire et est reliée au territoire par l’isthme de Perekop. La Crimée constitue aujourd'hui une république autonome de l'Ukraine et sa capitale est Simferopol. À l'époque de la guerre de Crimée, elle se trouvait dans la province de Nouvelle Russie.

Contexte historique

La Crimée, successivement occupée par plusieurs peuples, dont les Hérules, les Huns, les Coumans, les Tatars, devenue possession de la République de Gênes, est conquise en 1475 par les Ottomans.
En 1774, Catherine II de Russie oblige l'Empire ottoman à reconnaître l’indépendance de la presqu’île. Neuf ans plus tard, elle annexe le territoire et y implante des colons russes et ukrainiens à côté des Tatars, qui forment la majorité de la population.
Sébastopol devient une importante base navale sur la mer Noire et le principal centre de peuplement russe de la région.
Au milieu du XIXe siècle, la circulation des marchandises se fait essentiellement par mer, car le réseau routier est très mauvais et se révélera un des graves handicaps des armées russes pendant les opérations militaires.

Causes de la guerre

L'expansionnisme russe vers l'Empire ottoman

celui-ci se manifeste d'abord avec Pierre le Grand. Dans la même logique, l'empereur Nicolas Ier, qui règne depuis 1825, souhaite s’installer à Istanbul pour accéder aux détroits du Bosphore et des Dardanelles. De plus, et c'est évidemment important pour légitimer ses visées, il entend protéger les communautés chrétiennes orthodoxes de l'Empire ottoman et occupe la Moldavie et la Valachie.
En février 1854, la France et la Grande-Bretagne demandent à la Russie de quitter ces deux principautés.
Le 27 mars 1854, sans réponse de la Russie, les nations française et britannique lui déclarent la guerre. Loin du prétexte religieux, la véritable raison du conflit est d'empêcher la Russie de profiter de la faiblesse de l'Empire ottoman pour s'assurer le contrôle des détroits du Bosphore et des Dardanelles, et du commerce maritime entre la mer Noire et la Méditerranée.

Les événements qui affectent l’Empire ottoman sont à l’origine du premier conflit qui aboutit à la guerre de Crimée. Le problème se trouve posé depuis le début du siècle par la décadence de la puissance ottomane et par l’opposition radicale du Royaume-Uni et de la Russie quant à l’avenir des territoires qui la composent.
Afin de légitimer cet expansionnisme de la Russie, et se déclarant protecteur des Slaves orthodoxes, Nicolas Ier souhaite établir sa domination sur la plus grande partie de la péninsule balkanique et s’assurer le contrôle des détroits afin d’obtenir ce débouché sur la mer Méditerranée. Or cette ambition expansionniste se heurte aux intérêts de la Grande-Bretagne, qui entend maintenir le contrôle de la route des Indes par le Proche-Orient, et pour ce faire préserver l’intégrité de l’Empire ottoman.
En 1853, tirant argument de la préférence donnée par le sultan aux moines latins, protégés par la France, sur les moines grecs, soutenus par l’Empire des tsars, le gouvernement de Saint-Pétersbourg adresse à l'Empire ottoman un ultimatum lui demandant d’accepter le protectorat russe. Le sultan Abdülmecit Ier ayant refusé de se plier au diktat de Nicolas Ier, celui-ci donne l’ordre à ses troupes, le 4 octobre 1853, d’envahir les provinces roumaines de l’Empire.

Affaire des Lieux saints

Au-delà de la volonté de l'Empire britannique de contenir la Russie hors de la Méditerranée, la guerre de Crimée a aussi pour contexte lointain un conflit religieux : la querelle opposant Français, catholiques romains et Russes, chrétiens orthodoxes pour la protection des Lieux saints. Le Vendredi saint 10 avril 1846, une querelle entre les deux communautés religieuses fait plus de 40 morts au Saint-Sépulcre à Jérusalem. La modernisation des transports, chemin de fer, navires à vapeur a fait exploser le nombre de pèlerins à Jérusalem. Dans les années qui précèdent la guerre, Jérusalem est d'ailleurs l'objet d'une intense concurrence religieuse et diplomatique : les autorités britanniques fondent un évêché anglican, le pape rétablit un patriarche permanent, le premier depuis le XIIe siècle, les Grecs y réinstallent le patriarche de Constantinople, les Français ouvrent un consulat, etc. À cette époque, les Russes forment la majorité des pèlerins, environ 15 000 chaque année.
Ce prétexte est exploité par le pouvoir tsariste pour imposer sa domination sur un Empire ottoman qui semble à sa merci. Depuis l’indépendance grecque, Nicolas Ier ne cesse de penser au démantèlement de l’Empire. Après leurs victoires dans la guerre russo-ottomane de 1828-1829 et surtout après le traité d'Unkiar-Skelessi en 1833, les Russes veulent s’assurer le protectorat des peuples slaves et orthodoxes des Balkans pour dominer la plus grande partie de la péninsule. Le but est aussi de s’emparer des détroits, Bosphore, mer de Marmara, Dardanelles pour obtenir un débouché sur la Méditerranée.
À cette vision impérialiste mêlant religion et volonté de puissance s’oppose celle du gouvernement de Londres. Pour les Britanniques, il s’agit de protéger la route des Indes par le Proche-Orient en empêchant le tsar de prendre pied dans les détroits et sa flotte de faire irruption en Méditerranée orientale.
Quant à la France, en vertu des capitulations conclues en 1535 entre François Ier et Soliman le Magnifique, elle a obtenu que la garde des Lieux saints, église du Saint-Sépulcre et tombeau de la Vierge à Jérusalem, église de la Nativité à Bethléem soit assurée par des moines latins. Or, depuis la fin du XVIIIe siècle, les pèlerins et les moines orthodoxes sont de plus en plus nombreux à venir en Terre sainte et à s’y fixer afin d’en chasser les franciscains.
À cette date, les relations entre Nicolas Ier et Napoléon III sont courtoises mais sans plus après la proclamation de l’Empire par la France et le refus de l'empereur russe de donner à Napoléon III une épouse parmi les princesses de sa famille. Ni l’un ni l’autre n’ont pris l’échange de piques très au sérieux et ne songent à déclencher une crise pour une simple querelle de moines. La question des Lieux saints semble donc réglée. L’accord conclu fin avril et rendu officiel le 5 mai 1853 établit une nouvelle répartition des sanctuaires plus favorable aux pèlerins de rite byzantin. Napoléon III veut bien s’en accommoder. Grâce aux concessions françaises, l’affaire paraît donc entendue. Pourtant, c’est de cette bénigne querelle que naît le premier conflit armé entre puissances de première grandeur qu’ait connu l’Europe depuis 1814.
À la suite du refus ottoman, l'Empire russe fait occuper les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie le 1er juillet 1853.
En tant que suzerain de ces principautés chrétiennes qui sont vassales de l'Empire ottoman, le sultan ottoman déclare alors la guerre à la Russie le 4 octobre.

Motifs de l'intervention française

Bien que Napoléon III, empereur de fraîche date, ait affirmé :" L'empire, c'est la paix ", il veut manifester sa bonne volonté à l'égard du Royaume-Uni et de la reine Victoria en envoyant des troupes françaises combattre aux côtés des Britanniques pour la défense de l'Empire ottoman et surtout des intérêts britanniques, le maintien dans leurs mains de la route des Indes. Il entraîne dans l'aventure le royaume de Piémont-Sardaigne qui attendait son appui contre l'Autriche. C'est une occasion pour lui de briser l'isolement politique en se montrant l'allié fidèle des Britanniques — chez qui il avait trouvé refuge après son évasion du fort de Ham en 1846 —, sans autre grand profit immédiat pour la France elle-même.
Selon l'ouvrage d'Alain Gouttman La Guerre de Crimée 1853-1856, Napoléon III semble au contraire avoir tout fait pour éviter la guerre, mais une fois celle-ci inévitable, il prend l'initiative avant l'Angleterre, contrairement à ce qui est communément écrit.

Déroulement de la guerre.

Les Russes occupent donc les principautés de Moldavie et Valachie, mais Nicolas Ier refuse de franchir le Danube : il craint une réaction autrichienne sur ses frontières, même si l'Autriche proclame sa neutralité dans le conflit. Le général turc Omer Pacha occupe le sud du Danube et harcèle les Russes avec quelques succès.
La guerre se déroule non seulement dans les principautés, mais aussi de l'autre côté de la mer Noire, à l'est. Des éléments ottomans, les bachi-bouzouks, prennent un avant-poste russe et commettent nombre d'atrocités.
Quand les Franco-Britanniques entrent en guerre, le conflit s'élargit à la mer Baltique et même à l'océan Pacifique, où des navires britanniques attaquent les ports russes, sans succès.

Entrée en guerre des Franco-Britanniques

Le Royaume-Uni, qui a poussé le gouvernement ottoman à la résistance, ne peut rester les bras croisés devant une agression dont le but évident est d’assurer à la flotte russe la clé de la Méditerranée orientale. Mais il souhaite ne pas agir seul et s’efforce d’entraîner la France dans l’aventure.
Celle-ci n’a aucun intérêt immédiat à entrer en guerre contre la Russie. Mais Napoléon III voit dans l’entreprise un triple avantage :
elle pourrait lui offrir la gloire militaire dont le nouveau régime a besoin pour se consolider ;
elle lui permettrait de briser l’isolement diplomatique qui a suivi la proclamation de l’empire, laquelle a réveillé chez les souverains européens les souvenirs des conquêtes napoléoniennes ;
elle constituerait enfin un moyen d’affaiblir l’une des puissances qui garantissent l’ordre instauré en 1815.
Un arrangement paraît néanmoins possible, lorsque l’on apprend, le 30 novembre 1853, la destruction par la flotte russe d’une escadre ottomane dans le port de Sinop, sur la mer Noire, qui soulève une réclamation pleine de colère au Royaume-Uni et en France. Pendant six mois, les pourparlers se poursuivent entre Londres, Paris et Saint-Pétersbourg, mais l’intransigeance du gouvernement russe fait échouer toutes les tentatives de compromis.
Le 29 janvier 1854, Napoléon III adresse à l'empereur russe une lettre personnelle : "Les coups de canons de Sinope ont retenti douloureusement dans les cœurs de tous ceux qui, en Angleterre et en France, ont un vif sentiment de la dignité nationale."Il fait appel à ses sentiments pacifiques et propose l’évacuation des principautés danubiennes en échange du retrait des flottes occidentales. La réponse de Nicolas Ier est sans appel : " Ma confiance est en Dieu et en mon droit ; et la Russie, j’en suis garant, saura se montrer en 1854 ce qu’elle fut en 1812." Une semaine plus tard, les ambassadeurs russes quittent Londres et Paris.

Le 12 mars 1854, le Royaume-Uni et la France s’unissent à l'Empire ottoman. Le 14, ils somment la Russie d'évacuer les principautés roumaines et, le 27, leur ultimatum étant resté sans réponse, ils lui déclarent la guerre.
Persuadés qu’il suffira de quelques opérations ponctuelles pour convaincre l'Empire russe de leur détermination commune, Français et Britanniques ne se sont pas préparés à une longue et dure campagne menée à des milliers de kilomètres de leur base. C’est la raison pour laquelle l’empereur Napoléon III ne prend pas personnellement le commandement de son armée, confiant celle-ci à Armand de Saint-Arnaud.
Trois divisions sont envoyées à Gallipoli, sur la rive nord des Dardanelles, où elles attendent un matériel insuffisant qui arrive tardivement. Le corps expéditionnaire britannique, placé sous les ordres de lord Raglan, s’établit à Malte, là encore en attente de moyens. Aucun objectif n’a encore été défini. On se montre d’autant moins pressé que l’Autriche, à son tour, donne des signes d’impatience et qu’à Vienne on songe à entrer en guerre aux côtés des alliés occidentaux.
La menace autrichienne, conjuguée avec le débarquement à Varna, le 29 avril 1854, de troupes franco-britanniques, amène les Russes, qui ont mis le siège devant Silistrie, à évacuer sans combattre les provinces roumaines. En attendant que l’Autriche se joigne à la coalition, les alliés adoptent durant l’été une attitude conciliante. On décide finalement d’adopter le plan proposé dès le mois d’avril par Napoléon III, qui consiste à avancer à la rencontre des Russes ou d'attaquer la Crimée et de s’emparer de Sébastopol, où une puissante base navale s'est établie.

Siège de Sébastopol

Pour débloquer la situation, les alliés décident finalement de débarquer en Crimée et d’attaquer Sébastopol. Le 14 septembre 1854, ils arrivent dans la baie d’Eupatoria, à une soixantaine de kilomètres au nord de Sébastopol. Les Russes ont 51 000 hommes en Crimée, dont 40 000 à l’ouest, sous les ordres du prince Menchikov. Campés sur les hauteurs qui dominent la rivière de l’Alma, ils tentent de barrer la route de Sébastopol. Ainsi se déroule la première bataille en Crimée proprement dite. La bataille de l'Alma est une bataille courte, les Franco-Britanniques, appuyés par leur flotte à l’embouchure de l’Alma, mettent les Russes rapidement en déroute. L’inertie dans le haut commandement allié, tout au long de ce conflit — et aussi bien chez les Français que chez les Britanniques —, fait qu'ils ratent une excellente occasion de terminer rapidement ce conflit. En effet, l’armée russe a souffert de nombreuses pertes — environ 6 000 hommes — et est en déroute, mais les alliés tardent à poursuivre l’ennemi avec leur cavalerie pour lui infliger encore d’autres pertes et provoquer une plus grande confusion parmi ses troupes.
De plus, l’armée alliée, tardant à reprendre sa marche sur Sébastopol, perd plusieurs journées. Cela donne le temps à l’armée russe de battre en retraite et de se reformer dans la forteresse de Sébastopol.
Lorsque les Britanniques arrivent devant Sébastopol, la ville est mal défendue par des fortifications inachevées. Elle ne résisterait probablement pas à une attaque rapide et vigoureuse. Mais Saint-Arnaud, déjà affaibli par le choléra, il meurt le 29 septembre, doit céder le commandement à François de Canrobert. Les alliés tergiversent et manquent une autre occasion de prendre d’assaut la ville, ce qui aurait permis d'éviter un siège de huit mois.
Les semaines passent, laissant aux Russes le temps d’organiser la défense. Sur ordre de Menchikov, sept bâtiments de l’escadre sont coulés à l’entrée de la rade, bloquant l’accès aux alliés. Ceux-ci sont obligés de s’enterrer à leur tour pendant une année entière, tantôt repoussés par une défense intraitable, tantôt assaillis par les unités envoyées en renfort par les Russes.
Le siège et la chute de Sébastopol constituent les éléments les plus importants de la guerre de Crimée et conduisent à sa conclusion. Le blocus n’est cependant pas complet puisque à plusieurs reprises les Franco-Britanniques doivent repousser les armées russes de secours, lors des batailles de Balaklava et d’Inkerman, en automne 1854. Avec le choléra et le scorbut, l’état sanitaire des armées devint désastreux.
Pendant le siège, les adversaires s’affrontent au sud de la ville, à la bataille de Balaklava, le 25 octobre 1854. L’armée britannique s’impose face aux forces russes. Le même épisode se reproduit le 5 novembre, sur le plateau d’Inkerman, tandis que les assiégés tentent une sortie.

La chute de Sébastopol.

L’arrivée de 140 000 hommes, du côté des alliés, ne suffit pas à renverser la situation avant l’hiver. Le 14 novembre, une violente tornade balaie la région, coulant des navires, emportant les tentes et les équipements. À cela s'ajoutent les ravages des épidémies. Le choléra, puis le typhus et la dysenterie, font plusieurs dizaines de milliers de victimes. Attaques et contre-attaques, tirs d’artillerie et corps à corps sauvages coûtent d’innombrables vies humaines.
Avec le printemps, cependant, la situation des alliés s’améliore un peu. À défaut de l’Autriche, la coalition reçoit le renfort du royaume de Sardaigne qui ne semble pourtant avoir aucune raison de s’engager contre la Russie. Cavour, récemment nommé président du Conseil, entend ainsi se ménager le soutien de la France et de l’Angleterre dans la perspective d’un conflit avec l’Autriche auquel il se prépare. L’alliance est conclue le 26 janvier 1855. 15 000 hommes sont envoyés en Crimée à partir du mois d’avril. L’arrivée de ces renforts fait renaître l’espoir d’un dénouement rapide.
Le 16 mai, Canrobert est à son tour remplacé par Aimable Pélissier, tandis que Simpson prend la place de lord Raglan, atteint lui aussi du choléra. Le 7 juin, les alliés s’emparent du mamelon vert, un ouvrage fortifié qui couvre Malakoff à l’est. Le 18 juin l’assaut général ordonné par Pélissier se solde par un sanglant échec.
Le 7 septembre 1855, le général Patrice de Mac Mahon attaque le fort de Malakoff, clé de la défense russe. Le lendemain, les Russes abandonnent la position après y avoir mis le feu. La tour Malakoff tombe aux mains des Français et des Britanniques. Par cette victoire, Mac Mahon passe à la postérité. C’est à ce moment qu’il prononce son fameux " J’y suis ! J’y reste ".
Le soir même, après avoir incendié leurs navires, et détruit les défenses de la ville, les Russes évacuent Sébastopol. En 332 jours de siège, les alliés ont perdu 120 000 hommes, autant que l’adversaire : les Français ont perdu 95 000 hommes dont 75 000 de maladies, les Britanniques en ont perdu environ 25 000 et les Sardes, entrés plus tard dans le conflit, environ 2 000.

Campagne franco-britannique en mer Baltique

Une escadre franco-britannique est envoyée en mer Baltique sous les commandements de l'amiral Charles Napier et d'Alexandre Ferdinand Parseval-Deschênes. Forte de 20 000 hommes, marins, marines britanniques, troupes de l'infanterie de marine et de l'infanterie coloniale françaises, elle s'attaque aux forts de la côte finlandaise, en particulier à la forteresse de Bomarsund, dans les îles Åland, à l'entrée du golfe de Botnie, édifiée 22 ans auparavant.
En août 1854, après un bombardement intense de la forteresse de Bomarsund, les alliés débarquent 12 000 soldats, 1er, 2e et 21e RIMa, sous les ordres du général Achille Baraguey d'Hilliers contre les 3 000 défenseurs finlandais. Les alliés ont 17 tués, alors que les Finlandais perdent 1 700 hommes, dont 300 prisonniers qui sont déportés dans une petite ville du sud de l'Angleterre : Lewes east Sussex.

En août 1854 :

par calme plat, le HMS Duke of Wellington bombarde la forteresse de Bomarsund. Napier, le chapeau de paille aux bord rabattus sur les yeux et la longue-vue sous le bras, rend une visite débonnaire à une de ses pièces en action. Noter le boulet posé sur le pont dans un cordage lové, le jack-tar agenouillé qui prépare une gargousse — et à gauche les deux jeunes hommes appuyés au bastingage qui à l'aide de leur longue-vue transmettent aux artilleurs les corrections nécessaires.
En 1855 Richard Saunders Dundas remplace Napier tombé en disgrâce pour avoir, entre autres, refusé de bombarder des forts russes trop bien défendus. Napier, desservi par le mauvais temps et l'absence de batteries flottantes, était par ailleurs harcelé par la presse : alimentée par les correspondants de guerre nouvellement apparus, elle critiquait à la fois son inaction, les destructions et les morts que les bombardements infligeaient aux populations côtières… Dundas, lui, bombarde — massivement et inutilement — la forteresse de Sveaborg, devant Helsinki, ainsi que Kronstadt, devant Saint-Pétersbourg.
La campagne franco-britannique en mer Baltique aura en somme mis en jeu d'énormes moyens pour peu de résultats. Elle aura cependant empêché la Russie d'envoyer 30 000 hommes vers la Crimée et ses bateaux de guerre vers la mer Noire.
Si les navires de la flotte de la Baltique sont restés au port, privant les Franco-Britanniques de combat naval, en revanche la technique des opérations de débarquement conjointes a été éprouvée, et de nouvelles armes sont apparues. Les mines marines — expérimentées pour la première fois en 1842 pour couler un navire sur le Potomac — ainsi que les torpilles furent perfectionnées par Immanuel Nobel, le père d'Alfred Nobel.

Refus d'élargir le conflit

Les Tcherkesses du Caucase, en révolte contre les Russes, envoient des émissaires aux Français pour leur demander des armes. Napoléon III, qui ne souhaite pas engager ses forces vers l'intérieur ni attirer des représailles sur les populations, décline leur offre. Il renoncera aussi, lors des négociations, à évoquer la question de la Pologne : le nouvel empereur Alexandre II de Russie, fils de Nicolas Ier mort en 1855 a clairement fait savoir qu'il combattrait jusqu'à la dernière extrémité pour conserver la souveraineté russe sur ce pays. Les puissances vont donc vers une paix de compromis. Cette défaite fait prendre conscience à Alexandre II que son pays a beaucoup de retard sur les plans économique et social.

Congrès de Paris

Nicolas Ier meurt le 2 mars 1855. Son fils et successeur Alexandre II se décide à accepter les quatre points du congrès de Vienne du 4 août 1854 :
substitution d’une tutelle collective de l’Europe au protectorat russe sur les principautés ;
liberté de navigation sur le Danube ;
révision de la convention de 1841 sur les détroits ;
démilitarisation des îles d'Åland ;
abandon des prétentions russes à un protectorat sur les chrétiens de rite grec de l’Empire ottoman.
L’Autriche conclut un premier accord le 1er février 1856. Le 26 février, un congrès s’ouvre à Paris sous la présidence de Alexandre Colonna Walewski, ministre français des Affaires étrangères. Les Britanniques et les Français obligent la Russie à reconnaître l’indépendance de l’Empire ottoman. Les négociations aboutissent le 30 mars, avec la signature du traité de Paris, dont les clauses principales reprennent les dispositions des quatre points de Vienne.
Le traité signé à l’issue de la rencontre prévoit également l’autonomie des deux principautés roumaines de Moldavie et de Valachie qui doivent chacune élire un hospodar (gouverneur). En fait, appuyées par Napoléon III, elles choisissent le même gouverneur en la personne d’Alexandre Cuza. Le congrès s’achève enfin sur un débat de politique générale le 8 avril. Pour Cavour, c'est le moment de dénoncer l’occupation autrichienne dans la péninsule italienne.
Le Royaume-Uni a obtenu ce qu’il désirait en faisant garantir par les puissances l’intégrité de l’Empire ottoman, la fermeture des détroits, la neutralisation de la mer Noire, tandis que l’Autriche tire de son habile jeu diplomatique un avantage de taille : la liberté de navigation sur les bouches du Danube. Pour la France, le congrès de Paris apparaît un peu comme la revanche du congrès de Vienne et des humiliations subies en 1815, c’est le début d’une nouvelle période de prépondérance.

Dépenses militaires pendant la guerre de Crimée, en millions de livres sterling


1852 1853 1854 1855 1856
Russie 15,6 19,9 31,3 39,8 37,9
France 17,2 17,5 30,3 43,8 36,3
Royaume-Uni 10,1 9,1 76,3 36,5 32,3
Empire ottoman 2,8 ? ? 3,0 ?
Sardaigne 1,4 1,4 1,4 2,2 2,5
Source : P. Kennedy, Naissance et déclin…, chap. 5.

Conséquences et perspectives Armement et technique

La guerre de Crimée est considérée comme étant la première guerre moderne. On y voit apparaître de nouvelles armes et de nouvelles blessures. Les fusils à canon rayé, employés pour la première fois à grande échelle par les Français et les Britanniques, décuplent la portée du tir d'infanterie et font des ravages dans les rangs russes. Les obus et les boulets explosifs font plus de morts que les armes blanches. Au cours du conflit, le chemin de fer est pour la première fois utilisé de façon tactique et le télégraphe électrique permet des communications plus rapides y compris avec le pouvoir politique.
Cette guerre marque aussi la naissance des cuirassés. En effet, les manœuvres de l'infanterie appuyées par la marine démontrent l'utilité de navires de guerre fortement armés, à coque renforcée et ligne de flottaison basse.
À côté de percées techniques remarquables, ce conflit est aussi resté célèbre pour diverses manifestations d'incompétence militaire et logistique, dont on trouve un exemple dans la charge de la brigade légère immortalisée par le poème d'Alfred Tennyson. La plupart des soldats tombés au cours de cette guerre périssent de maladies plutôt que des combats. La mauvaise viande de mouton mal fumée en Dobrogée, barbaque avait déjà provoqué une violente dysenterie avant même le début des hostilités. L'eau croupie et la mauvaise hygiène provoquent le choléra, qui sape les préparatifs français du siège de Sébastopol. La tempête du 14 novembre 1854 incite le Français Le Verrier à mettre au point un réseau européen d'information météorologique afin d'anticiper les variations climatiques et météorologiques.

Opinion et action humanitaire

C'est au cours de cette guerre que pour la première fois un photographe est engagé par un gouvernement pour faire un reportage photographique. C'est ainsi que le Britannique Roger Fenton réalise environ 360 photographies entre mars et juin 1855. D'autres le suivent bientôt, bien que ne bénéficiant pas d'une mission officielle du gouvernement britannique, comme James Robertson et Felice A. Beato. Les photographies des champs de bataille sont publiées dans la presse londonienne et provoquent un certain émoi, non sans effet sur le gouvernement britannique. La guerre de Crimée marque ainsi la naissance balbutiante des opinions publiques.
L'insuffisance des secours aux malades et aux blessés apparaît avant même le débarquement de Crimée, lorsque le choléra décime le corps expéditionnaire en mer Noire. Une prise de conscience aidée par la presse permet un début d'organisation de l'aide humanitaire, avec des figures comme, en France, Valérie de Gasparin, la grande-duchesse Helena Pawlowna, belle-fille du tsar, qui envoie plus de deux cents sœurs aux hôpitaux de Crimée, et, au Royaume-Uni, la plus connue, Florence Nightingale. Celle-ci, avec des volontaires venues d'Angleterre, entreprend d'améliorer la prise en charge des blessés, introduisant des méthodes de soins modernes, à l'hôpital d'Üsküdar, Scutari sur le Bosphore, puis à celui de Balaklava en Crimée.

Reconnaissance des nationalités

L'autonomie des principautés roumaines marque la reconnaissance officielle du principe des nationalités et la rupture avec l'ordre dynastique hérité du congrès de Vienne. La participation du royaume de Sardaigne à cette guerre permet à Victor-Emmanuel II de revendiquer ce principe, point de départ de la progressive unification de l'Italie autour du Piémont-Sardaigne.

Commémorations

On trouve un mémorial français de la guerre de Crimée - Sebastopol - Bâtiment principal - édifié sous la direction de Jules Bezard-Falgas
La guerre de Crimée est contemporaine des grands travaux du baron Haussmann à Paris. Aussi beaucoup de grands axes urbanistiques reçoivent-ils le nom de victoires de Crimée : le boulevard de Sébastopol, le pont de l'Alma avec sa fameuse statue du zouave, la commune de Malakoff dans les Hauts-de-Seine près de Vanves.
L'église Saint-Nicolas de Sébastopol abrite le cimetière des militaires russes tombés pendant le conflit. Cette église, où se trouve l’icône de saint Théodore Ouchakov vice-amiral, décédé en 1817 et saint protecteur de la marine russe, accueille encore aujourd'hui une cérémonie annuelle célébrée par l'amiral de la flotte russe de la mer Noire.
De 1863 à 1865, en hommage aux victimes françaises du conflit, un mémorial sera construit près de Sébastopol, à l'emplacement du grand quartier-général du corps expéditionnaire français. Edifié sous la direction du capitaine du Génie Jules Bezard-Falgas (1824-1872)14, cet espace funéraire de 100 m de côté ceint d'un mur, était composé dans son centre d'un mausolée principal haut de 9,5 mètres où reposaient les cendres de 80 membres de l'Etat-major, accompagné de 17 monuments secondaires abritant les ossements des officiers et soldats. Sévèrement endommagé pendant la Deuxième Guerre mondiale, et laissé à l'abandon depuis lors, il sera renové en 2004 par Le Souvenir français.

Points généraux et anecdotes

Les sections Anecdotes, Autres détails, « Le saviez-vous ? », « Citations », etc., peuvent être inopportunes dans les articles.
Pour améliorer cet article il convient, si ces faits présentent un intérêt encyclopédique et sont correctement sourcés, de les intégrer dans d’autres sections.
Les soldats des troupes occidentales virent leurs camarades ottomans rouler leurs cigarettes dans du papier, ce qui était bien plus efficace que les feuilles de tabac qu'ils utilisaient jusqu'alors, parce que celles-ci s'émiettaient.
Durant la défense de Sébastopol, l'armée coula des navires, d'une part pour encombrer l'accès à la rade, d'autre part pour éviter qu'ils ne tombent aux mains de l'ennemi. Une fois la paix signée, une vaste entreprise de renflouement fut organisée pour récupérer les bâtiments et leurs équipements, dont une partie avait été préparée à cet effet avant le sabordage.
Dans ses Souvenirs d'un demi-siècle, Maxime Du Camp raconte que Napoléon III, résolu à s'engager à fond dans le conflit et désirant un point d'appui pour les armées françaises, regarda vers Saint-Pétersbourg, car il avait toujours penché du côté de l'alliance russe. Il envoya donc son cousin, le prince Napoléon, en mission secrète auprès du prince Alexandre Gortchakov, en poste à Baden-Baden. Celui-ci s'entremit avec Nicolas Ier de Russie. La réponse fut lente à venir mais concise : Entre un Romanoff et un Bonaparte, il ne peut y avoir rien de commun. Trois jours après, la France et l'Angleterre se serraient la main.

Chronologie de la guerre de Crimée

1774 : Catherine II de Russie oblige les Turcs à reconnaître l’indépendance de la Crimée
1783 : la Russie annexe la Crimée
1851 : rivalité franco-russe à propos des Lieux saints
1853 :
janvier : l'empereur Nicolas Ier propose officieusement au Royaume-Uni un plan de démembrement de l’Empire ottoman (réserves de Londres)
juillet : Nicolas Ier prétend vouloir protéger les orthodoxes et les chrétiens de l’Empire ottoman et occupe la Moldavie et la Valachie
4 octobre : l’Empire ottoman attaque la Russie
30 novembre : la flotte ottomane est anéantie à Sinope, en mer Noire
1854
janvier : Britanniques et Français entrent en mer Noire
février : la Grande-Bretagne et la France demandent à la Russie d’évacuer la Moldavie et la Valachie
mars :
25 : les deux nations, n’obtenant pas de réponse, déclarent la guerre à la Russie
27 : début de la guerre de Crimée
août :
du 18 au 27 : siège de Petropavlovsk
septembre :
14 : débarquement d'Eupatoria
20 : bataille de l’Alma
26 : début du siège de Sébastopol
octobre
25 : bataille de Balaklava
novembre
5 : bataille d'Inkerman
1855 :
janvier : le royaume de Piémont-Sardaigne apporte son aide aux Franco-Britanniques
février :
17 : bataille d'Eupatoria
mai-août
12 mai - 31 août : siège de Taganrog
juillet-novembre
siège de Kars
août
16 : bataille de la Tchiornaïa
septembre :
8-9 : fin du siège à Sébastopol par la prise de la tour Malakoff par Mac Mahon
1856 :
février
1er : signature des préliminaires de Vienne pour la paix
mars
30 : congrès de Paris, qui aboutit au traité de Paris

La guerre de Crimée dans la littérature

Pendant la guerre, le dessinateur français Gustave Doré compose une des premières bandes dessinées, Les Russes, dans laquelle il raconte l'histoire de la Russie en tournant en dérision le despotisme et l'ambition de Nicolas Ier.
Léon Tolstoï écrit les Récits de Sébastopol en 1856.
La comtesse de Ségur, née Rostopschine, a situé pendant la guerre de Crimée un épisode de son roman pour enfants Le Général Dourakine, paru en 1863. Dourakine est un officier russe capturé à Sébastopol et accueilli par une famille française. A. Gouttman relève que la captivité a souvent débouché sur des liens d'estime et d'amitié entre les officiers des deux camps, contribuant à la réconciliation franco-russe.
Dans la série de romans uchroniques Thursday Next de Jasper Fforde, la guerre de Crimée est encore d'actualité en 1985 et n'est toujours pas terminée. Les armes et les équipements ont changé, mais les vieux conflits et les vieilles incompréhensions culturelles sont toujours les mêmes.

Liens

http://youtu.be/Z5PucXC73oo La guerre de Crimée 2000 ans d'histoire
http://youtu.be/-4T2NdDZ3lg Guerre de Crimée 1853
http://youtu.be/9-fhEoeEaTY Guerre de Crimée
http://youtu.be/CQ2fBuL3Pbg Guerre de Crimée Traité de Paris

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Posté le : 29/03/2014 20:34

Edité par Loriane sur 30-03-2014 15:17:38
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Loi Millerand ramène la journée de travail à 11 Heures
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Le 30 mars 1900 est voté la loi Millerand qui réforme le droit du travail,

et limite la journée de travail à 10 heures

Le 2 mars 1848, le gouvernement propose de limiter la durée de travail à 10 heures à Paris et à 11 heures en province. Mais, le 9 septembre, la loi est abrogée.
En mai 1874, une loi prévoit des réformes et de nouvelles règles en ce qui concerne les conditions de travail des enfants et des femmes.
Désormais, il est interdit d’employer un enfant de moins de 12 ans, sauf cas exceptionnel.
D’autre part, les femmes et les mineurs seront dispensés de travailler le dimanche ainsi que les jours fériés et leur journée de travail sera limitée à 12 heures.

Alexandre Millerand inaugure le vendredi 30 mars 1900 un ensemble de lois qui va modifier le statut de l’ouvrier d’avant-guerre.
Loi du 30 mars 1900, dite loi Millerand, limite la journée de travail à dix heures et en fixant l'application progressive sur un délai de quatre ans.
La limitation du temps de travail concerne pour la première fois toute la population.
Fonctionnant par paliers, la limitation horaire absolue est de onze heures par jour.
C’est le début d’une série de lois qui vont se succéder en dix ans sur les thèmes de la sécurité, du repos hebdomadaire ou encore des retraites.
Par ailleurs, on s’oriente vers une réglementation du travail qui n’est plus unilatérale mais qui inclut les syndicats dans les négociations.

Le temps de travail

La réduction du temps de travail devient très tôt une revendication syndicale. La journée de douze heures donne lieu à de nombreuses luttes sociales dès les années 1830. A cette époque, on travaille quinze à dix-sept heures par jour. Les rapports médicaux révèlent que ces effroyables conditions de travail sont à l'origine d'une morbidité importante, en particulier chez les femmes et les enfants. Un décret de 1848 fixe, pour la première fois, la journée de travail à douze heures. Mais ce verrou va rapidement sauter sous les coups de boutoirs des dogmes libéraux qui condamnent l'intervention de d'Etat. Le patronat impose l'allongement de la durée du travail sous le second Empire, alors que le pays s'industrialise de façon intensive. L'historien P. Pierrard rapporte ces propos tenus par un patron du textile à l'adresse d'un inspecteur des fabriques : " La science économique veut que l'homme, dut-il y périr, doit toujours suivre le rythme de la machine qui, elle-même, pour assurer la prospérité, ne doit jamais s'arrêter. "

La revendication des huit heures apparaît en 1864 au sein de la Première Internationale et sera popularisée en France par le parti ouvrier de Jules Guesde. Le congrès ouvrier socialiste, réuni en 1889 à Paris, décide d'inviter les travailleurs de tous les pays à organiser, chaque année, une journée revendicative internationale. La date en est fixée au 1er mai avec l'objectif d'obtenir la réduction de la durée légale du travail à huit heures par jour 1er mai et rtt . Dès lors, le 1er mai devient une grande journée de lutte internationale pour la réduction du temps de travail (voir " Aperçus " n° 68 et plaquette Raymond Lavigne .
La loi Millerand organise progressivement la transition vers la journée de dix heures. Le repos dominical obligatoire est acquis en 1906. La loi de 1919 institue la journée de huit heures, sur la base générale de six jours de travail par semaine. Les historiens relèvent que la législation sociale a surtout pour effet d'officialiser et de régulariser des pratiques déjà largement existantes.

Ce n'est pas le cas en 1936, lorsque le Front populaire et le puissant mouvement de grève avec occupations d'usines, imposent la semaine de quarante heures et l'instauration de deux semaines de congés payés. Le succès est considérable, à tel point que certains ont du mal à y croire. Les temps de non travail seront-ils vraiment rémunérés ? Très vite, c'est la cohue en direction des bords de mer et le gouvernement Blum crée un sous-secrétariat d'Etat aux loisirs, confié au député Léo Lagrange. Le patronat ne décolère pas, il désavoue ses négociateurs et se réorganise sous l'égide de la Confédération générale du patronat français, ancêtre du Cnpf et du Medef.

La désagrégation du Front populaire va conduire à une remise en cause de la loi des quarante heures. En 1938, Daladier promulgue un décret autorisant la semaine de quarante-huit heures pour trois ans. Puis la semaine de soixante heures est généralisée, la durée du travail pouvant atteindre jusqu'à onze heures par jour.

Au lendemain de la Libération, le gouvernement abroge tous les textes de Vichy sur la durée du travail promulgués pendant la guerre. C'est officiellement le retour aux quarante heures. Mais avec la possibilité d'effectuer des dépassements d'horaires "pour accroître la production", dans la limite de vingt heures par semaine. Ces heures supplémentaires donnent lieu à des majorations de salaire, + 25 % jusqu'à 48 heures et + 50 % au-delà.

De l'après-guerre au milieu des années 60, la durée annuelle du travail se stabilise sous l'effet combiné d'une légère augmentation de la durée hebdomadaire du travail et de l'allongement des congés payés annuels. La 3e semaine de congés payés est légalisée en 1956. La période du milieu des années 60 au début des années 80 se caractérise par une baisse de la durée hebdomadaire du travail. On voit là trace du passage de mai et juin 68, fruit des grèves et du constat_grenelle fixant pour " but de mettre en œuvre une politique de réduction progressive de la durée hebdomadaire du travail an vue d'aboutir à la semaine de 40 heures ". A cela s'ajoute en 1969 la généralisation de la 4e semaine de congés payés, vote unanime de l'assemblée nationale du 2 mai 1968 sur proposition des députés communistes. Le gouvernement décrète en 1982 le passage de la semaine de travail à 39 heures et la généralisation de la 5e semaine de congés payés. Depuis, la durée du travail des salariés à temps complet a plutôt tendance à augmenter, tandis que le travail à temps partiel s'envole. On observe simultanément un mouvement de diversification croissante des horaires.
La loi sur les 35 heures constitue la dernière grande étape historique de la réduction du temps de travail en France.

Bataille du temps

1841 : le travail des enfants de moins de 12 ans est limité à 8 heures par jour et à 12 heures pour les enfants de moins de 16 ans.
1848: la durée maximale de la journée de travail est fixée à 12 heures. La durée hebdomadaire est donc de 84 heures.
1892 : limitation de la durée quotidienne du travail à 11 heures pour les femmes et les enfants, assortie de l'interdiction du travail de nuit dans l'industrie.
1900 : la journée de travail est ramenée à 10 heures dans l'industrie, soit 70 heures par semaine.
1906 : la loi institue pour la première fois un jour de repos hebdomadaire obligatoire, le dimanche.
1919 : la durée légale du travail est fixée à 8 heures par jour à raison de 6 jours par semaine, soit 48 heures hebdomadaire.
1936 : le gouvernement du Front populaire ramène la durée hebdomadaire du travail à 40 heures et accorde deux semaines de congés payés.
1946 : chaque branche de l'industrie définit ses horaires de référence, souvent supérieurs à la durée légale du travail. L'âge de la retraite est fixé à 65 ans.
1956 : troisième semaine de congés payés. La victoire ds métallos de Renault en septembre 1955 devient celle de tous les salariés. En effet la loi du 27 mars 1956 fixe à 1,5 jour ouvrable par mois de travail la durée des congés payés.
1969 : quatrième semaine de congés payés. Là encore, la loi du 16 mai 1969 étendra à tous les salariés les quatre semaines de congés payés obtenues en décembre 1962 par les métallos de Renault et que 85 % des salariés du privé avaient arrachées au cours de mai 68.
1982 : la durée légale du travail passe à 39 heures par semaine, sans perte de salaire, et la cinquième semaine de congés payés est étendue. L'âge de la retraite est abaissé à 60 ans.
1984 : échec des négociations engagées par le patronat sur la flexibilité du temps de travail.
1987: la loi Seguin facilite le recours à la modulation des horaires de travail.
1993 : la loi quinquennale sur l'emploi introduit la notion d'annualisation du temps de travail.
1996 : la loi de Robien organise une réduction du temps de travail, en échange d'un abattement des charges sociales patronales.
13 juin 1998 : vote de la première loi sur les 35 heures, dite "loi Aubry d'orientation et d'incitation relative à la réduction du temps de travail", qui définit les conditions de la RTT obligatoire en incitant à la signature d'accords de branche.
1999 : Entre le 5 et le 15 décembre : vote final de la deuxième loi Aubry par les députés en dernière lecture.
1er janvier 2000 : les entreprises de plus de 20 salariés doivent appliquer les 35 heures
1er janvier 2002 : passage aux 35 heures pour les entreprises de moins de 20 salariés
2003 : La réforme Fillon-Raffarin voir notamment les lois n° 2003-47 du 17 janvier 2003, n° 2004-391 du 4 mai 2004 et n° 2005-296 du 31 mars 2005) 1er coup porté au 35 heures
2008 : sera t-elle l'année de tous les dangers, pour la réduction du temps de travail ? à suivre.



Les circulaires Millerand DE 1900
extraits des cahiers du Chatefp n° 5, mai 2001
Présentation

Les deux circulaires Millerand de 1900 que nous publions, ont opéré discrètement, en évitant un débat parlementaire à l’issue incertaine, un tournant fondamental dans les missions de l’inspection du travail.
De 1841 à 1900, celle-ci était restée cantonnée dans le contrôle des quelques lois et décrets protégeant la santé et la sécurité des ouvriers de l’industrie, avant tout les enfants, les jeunes filles et les femmes.
Chargée depuis la Restauration de protéger des êtres faibles, mineurs, l’inspection du travail ne reconnaissait pas "la classe ouvrière" en temps que telle et n’avait pas le syndicat ouvrier comme partenaire.
D’établissement en établissement l’inspecteur n’avait au cours de ses tournées que le chef d’établissement pour interlocuteur. Sa fonction était hygiéniste, sa mission préventive, un peu comme aujourd’hui celle du service prévention des C.R.A.M. ou de l’O.P.P.B.T.P.
La République avait bien consacré le droit syndical, mais ce droit d’organisation du travailleur citoyen se faisait sans liaison avec l’inspection du travail. Les relations industrielles n’avaient pas été pensées et, pour la grande majorité des républicains, elles n’avaient pas à l’être, car l’Etat n’avait pas à intervenir dans les relations contractuelles entre le patron et l’ouvrier : L’Etat protégeait la santé de l’ouvrier d’industrie, le syndicat défendait l’intérêt de l’ouvrier face au patron.
Mais en même temps, la classe politique s’inquiétait d’une agitation sociale grandissante, de grèves longues et dures, de l’emprise des courants révolutionnaires, socialistes ou anarchistes, sur les syndicats ouvriers.
Les républicains qui devaient, en pleine Affaire Dreyfus, se garder à droite face à des courants nationalistes venant renforcer les courants réactionnaires et cléricaux, devaient aussi se garder à gauche face à une montée de l’extrême-gauche.
Dans ce contexte, des républicains d’horizons divers cherchaient des voies d’apaisement social, des formes pacifiques de relations entre patrons et ouvriers.
Le long ministère Waldeck-Rousseau, juin 1899-juin 1902 intégra pour la première fois un élu d’extrême-gauche, Alexandre Millerand, à la tête du ministère du commerce dont dépendait alors l’inspection du travail. Dangereux révolutionnaire pour beaucoup, celui-ci était devenu en réalité un authentique réformiste qui allait chercher à réformer les relations sociales.
L’apaisement va être le fil conducteur de projets mis au point sous son autorité par Arthur Fontaine, directeur du travail, partisan convaincu de l’intervention de l’Etat dans le contrat de travail, avec l’accord de Waldeck Rousseau, républicain modéré. Les deux circulaires en forment un volet.
Un décret de 1899 réforme le Conseil supérieur du Travail pour en faire un organisme tripartite composé de représentants patronaux et ouvriers à côté de parlementaires, pour affermir la collaboration féconde des ouvriers, des patrons et du gouvernement à des enquêtes scientifiques suivies de discussions contradictoires. Dans une même optique, les conseils généraux sont invités à introduire des représentants directs des patrons et des ouvriers dans les commissions départementales du travail associées aux missions de l’inspection du travail. Trente-trois conseils généraux accepteront la suggestion de prendre en charge les frais de déplacement des représentants ouvriers. Un décret de 1900 crée des conseils du travail réunissant sur un pied d’égalité patrons et ouvriers pour faciliter des accords syndicaux et les conventions générales entre intéressés et fournir en cas de conflits collectifs des médiateurs compétents.
Mais cette tentative d’institutionnaliser la négociation collective rencontre l’hostilité à la fois des patrons et des syndicats. Elles ne voient le jour que dans
quelques départements et disparaissent rapidement. Un projet d’arbitrage visant à prévenir et réguler les conflits sociaux rencontre la même hostilité : le patronat y voit un projet de grève obligatoire, les syndicats une atteinte à la spontanéité créatrice de la grève, et le projet est enterré en commissions parlementaires. Un autre projet vise à généraliser à tous les grands établissements industriels l’institution des délégués à la sécurité existant dans les mines auprès des ingénieurs des mines. Ces délégués ouvriers noteraient sur un registre spécial les circonstances d’accidents ou les faits réprimables. Ils seraient choisis dans chaque établissement industriel par le personnel. Un petit crédit d’heures alloué serait rémunéré par l’employeur. Mais tous les syndicats se déclarent opposés à ce projet, même la prudente Fédération du Livre qui y voit une machine à enrayer le développement des syndicats dès lors que les délégués ne sont pas désignés par eux.
C’est que les syndicats demandaient depuis longtemps une inspection ouvrière pour faire inspecter les ateliers par des délégués rémunérés par l’Etat mais désignés par les syndicats. Ce projet rencontrait l’hostilité du patronat et ne pouvait conquérir de majorité dans les deux assemblées. Millerand propose de créer un corps d’inspecteurs-adjoints recrutés parmi des ouvriers désignés par les syndicats. Mais le C.S.T. s’y oppose au nom de l’unicité du concours et du corps. Un compromis est trouvé en 1900 dans une réforme du concours visant à faciliter l’accès des ouvriers. D’autres facilités seront encore introduites en 1907.
Seule administration de l’Etat à être en contact direct avec les chefs d’établissements et les ouvriers, l’inspection du travail est la mieux placée pour se voir confier une mission d’apaisement social et de médiation entre les syndicats et les employeurs. Or, il ressort des réponses à un questionnaire de novembre 1899 que jusqu’à ce jour le service de l’inspection a été presque complètement privé du concours des travailleurs. L’ouvrier ne se rend pour ainsi dire jamais chez l’inspecteur ; il lui écrit rarement. A l’atelier, pendant la visite, il ne lui adresse presque jamais la parole de lui-même ; quand il est interrogé, il répond souvent d’une manière évasive ; et il arrive fréquemment d’ailleurs que l’inspecteur ne l’interroge pas, dans la crainte des suites que ce dialogue pourrait avoir pour
l’ouvrier.
Les deux circulaires tentent donc d’opérer un tournant fondamental. L’une, qui en réalité est une lettre, est adressée aux organisations syndicales, l’autre aux inspecteurs divisionnaires. Désormais une collaboration étroite devra s’établir entre l’I.T. et les syndicats ouvriers. Le ministre s’engage au nom de tous les inspecteurs du travail : ils feront désormais tous leurs efforts pour qu’entre eux et les organisations corporatives, bourses du travail, syndicats, s’établissent des relations suivies.
La circulaire aux inspecteurs du travail est plus explicite, plus contraignante. Le ministre prend des dispositions pour que sa volonté ne reste pas lettre morte. Les inspecteurs sont tenus de communiquer aux secrétaires leurs adresses, leur signaler toutes les infractions aux lois protectrices du travail qu’ils pourraient connaître, les aviser dans un délai de quinze jours du résultat des visites faites d’après leurs indications. Et dans le rapport annuel, l’I.T. devra désormais indiquer le nombre de visites provoquées par une plainte de quelque nature que ce soit et plus particulièrement encore le nombre de visites faites à la suite de communications orales ou écrites émanant de groupements ouvriers, enfin le nombre de ces groupements avec lesquels il se sera trouvé en relation pendant l’année.
Ces deux circulaires, derrière leurs dispositions pratiques, ont une forte inspiration politique explicitée dans le Rapport sur la collaboration des ouvriers organisés à l’œuvre de l’inspection du travail pour l’Association nationale pour la protection légale des travailleurs que préside A. Millerand et que dirige A. Fontaine . Il s’agit de reconnaître aux organisations ouvrières seules l’aptitude à faire valoir efficacement les droits des salariés, considérer l’affiliation syndicale comme dénotant chez les syndiqués un sens de la fraternité et une notion de la solidarité qui les élèvent au-dessus de la préoccupation exclusive des avantages individuels matériels immédiats et qui leur donnent, avec l’intelligence de l’intérêt collectif, la conscience d’un idéal à poursuivre ; c’est investir les syndicats
d’un rôle éducateur de la responsabilité sociale, c’est-à-dire du sentiment de l’équilibre nécessaire entre les droits et les devoirs ; c’est enfin engager leur activité dans une direction qui répond à leur raison d’être, qui est susceptible de leur attirer des adhérents et de favoriser le développement de l’organisation du monde ouvrier. Le syndicat ouvrier doit devenir un organisme normal du système républicain et du jeu démocratique. Cela suppose de combattre les pratiques patronale et anarchosyndicaliste qui se complètent pour le diaboliser et le marginaliser. L’inspection du travail doit s’en charger. Vincent Viet observe que peu d’instructions auront marqué aussi profondément le corps des inspecteurs du travail, citant à l’appui des extraits de rapports d’inspecteurs divisionnaires. Pour l’un d’eux, en 1900 de nouvelles relations se sont établies …. Jusqu’à ce moment, les corporations ouvrières tenaient l’Inspection en méfiance et ne s’adressaient jamais à elle ; depuis lors, ces préventions ont cessé et … la méfiance a disparu. … Je le répète, nous ne sommes plus des ennemis pour la population ouvrière. Un autre note avec enthousiasme que l’année 1900 va faire époque dans les annales de l’Inspection. Il observe en effet que toutes les plaintes, aujourd’hui, passent par les bourses du travail ; les secrétaires les examinent d’abord, puis nous les transmettent. De notre côté, nous ne manquons pas de leur donner notre avis sur la suite de nos démarches. … Les ouvriers ne récriminent plus inutilement. Les renseignements fournis sont plus complets et portent sur les faits contraventionnels. L’inspecteur y trouve l’avantage de ne plus se déplacer pour rien et d’avoir connaissance de faits contraventionnels qu’il ne pourrait pas connaître autrement.
Le tournant ne fut pas partout facile à réaliser. Le faible nombre d’inspecteurs, la dispersion des syndicats, le peu de permanents syndicaux, la méfiance réciproque et les préjugés, le poids des pratiques anciennes, se conjuguaient souvent pour freiner les évolutions. A travers des questionnaires de l’Office du travail, le ministère était mis au courant des reproches des syndicats. Soit l’I.T. ne prenait pas contact avec le syndicat, soit il ne donnait pas suite à une plainte, soit il y répondait par une formule évasive toute faite.
L’une des formes de collaboration les plus remarquées fut la tenue de conférences par les inspecteurs du travail devant des ouvriers rassemblés par le secrétaire de la bourse du travail, suivant la volonté d’A. Millerand : Grâce à ces rapprochements que je désire voir se multiplier, par ces conférences,
qu’ils ne devront perdre aucune occasion de faire, les inspecteurs du travail montreront aux ouvriers quel souci ils ont de faire appliquer les lois sur le travail. Ils gagneront ainsi bien vite la confiance due à leurs efforts persévérants et à leur dévouement.

Liens

http://youtu.be/r6_HbrvzgrI Champ de Mars en 1900
http://youtu.be/XB13REAhJ1M La loi Millerand De 1878/1914
http://www.ina.fr/video/R10295962/tou ... -yves-allegret-video.html Germinal d'Allegret
http://youtu.be/E5W_ZfMS6YM Les enfants dans la mine
http://youtu.be/RmYcunCJfyc Germinal de Rappeneau
http://youtu.be/CoCIdorjazM "Germinal" en Chine

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Posté le : 29/03/2014 20:32

Edité par Loriane sur 30-03-2014 15:09:54
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Les vêpres siciliennes
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Le 30 Mars 1282 commence le soulévement et les massacres des siciliens contre

les français

Les Vêpres siciliennes désignent un soulèvement et une révolte populaire de l'île de Sicile contre la domination féodale du roi français Charles d'Anjou, survenu à Palerme et Corleone, le 31 mars 1282, mardi de Pâques. À la suite de ce soulèvement et du massacre des Français, les Siciliens se libèrent du joug angevin en passant sous la protection du roi d'Aragon Pierre III. L'événement est donc à la fois un moment clef de l'histoire nationale sicilienne et un tournant géopolitique.

Le roi angevin, qui distribue de nombreux fiefs à des Français, accentue la pression fiscale et s'établit à Naples ; il mécontente les Siciliens, remuants depuis la mort de Frédéric II. Le 31 mars 1282, à Palerme, un incident entraîne le massacre des Français : ce sont les «Vêpres siciliennes ; la révolte gagne toute l'île, villes et villages se donnent des conseils : l'autonomie locale, soutenue par l'aristocratie, triomphe de la centralisation. Jean de Procida, ancien chancelier de Mandred, fait venir Pierre III d' Aragon, gendre de Manfred, qui, avec l'aide des villes gibelines, s'empare de l'île. En 1296, la Sicile, séparée de la couronne d'Aragon, passe à son second fils, Frédéric. Le traité de Caltabellotta 1302 lui donne le titre de roi de Trinacrie le royaume angevin continental gardant le nom de Sicile. Les deux pays sont durablement séparés.

Histoire

Le contexte italien est celui de la lutte entre les partisans du pape et de l'empereur : les partis des guelfes guelfi, pour le pape et des gibelins ghibellini, pour l'empereur se cristallisent à cette occasion.
La situation sicilienne était complexe depuis la mort en 1250 de l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, roi de Sicile et ennemi déclaré de la papauté.
Son fils Conrad IV lui succède mais meurt en 1254. Le pape Innocent IV, suzerain nominal de Sicile, veut profiter de la minorité de son fils Conradin pour évincer les Hohenstaufen d'Italie. Le régent de Conradin, Manfred de Hohenstaufen, fils bâtard de Frédéric II, se proclame roi en 1258 au détriment de son neveu.
Il est alors excommunié et privé de son royaume par le pape, qui cherche un nouveau prétendant à faire valoir pour abattre la race de vipères que représente pour le pouvoir pontifical la famille de Hohenstaufen.
En 1266 c'est le comte Charles d'Anjou, frère de Louis IX dit saint Louis qui est investi par le pape du royaume de Sicile. Il envahit le sud de la péninsule italienne et tue Manfred à la bataille de Bénévent le 26 février 1266. Il doit faire face par la suite aux attaques de Conradin, dorénavant assez âgé pour faire valoir ses droits. Toutefois ce dernier est vaincu et fait prisonnier en 1268 à la suite de la bataille de Tagliacozzo.
Le 29 octobre, après un procès pour trahison, il est décapité à Naples.
Dès lors, fort de l'appui du pape et de ses victoires militaires, Charles d'Anjou nourrit des projets plus vastes de croisade : il prend le titre de roi de Jérusalem en 1277, il fait occuper Saint-Jean-d'Acre, et veut contraindre les Byzantins à l'union religieuse. Pour cela, il prépare une expédition contre l'Empire byzantin pour le printemps 1283 et masse sa flotte à Messine.
La mort du dernier des Hohenstaufen et les exactions des seigneurs français de la suite de Charles d'Anjou, peu au fait des institutions particulières de la Sicile, entraînent dans l'aristocratie et les classes urbaines siciliennes un rejet des Français qui se traduit par la préparation d'une révolte.
L'un des souverains les plus intéressés par la Sicile est alors le roi Pierre III d'Aragon, qui avait épousé en 1262 Constance de Sicile, fille de Manfred. S'il n'encourage pas la révolte, il est probable qu'il ne fait rien pour l'empêcher.
L'empereur byzantin Michel VIII Paléologue, inquiet des visées sur l'Orient qu'entretient Charles d'Anjou, est également contacté par des émissaires siciliens.
Début 1282 une flotte de cent quatre-vingts vaisseaux part de Collioure et de Valence. Elle est destinée à punir l'émir de Tunis du non-versement de son tribut à l'Aragon, mais il est probable que le roi Pierre ait également un projet sicilien.

Le soulèvement et l'intervention aragonaise

Le soulèvement des Vêpres siciliennes débute le 30 mars 1282 à Palerme et à Messine. En ce lundi de Pâques à l’heure des vêpres, au son des cloches, c’est un massacre des troupes de Charles d’Anjou à Palerme et de la plupart des Français.
À en suivre les chroniques du temps, le 31 mars, mardi de Pâques, on assiste à un pèlerinage habituel des familles palermitaines de la porte Sainte-Agathe à l'église du Saint-Esprit Santo Spirito hors les murs ; on constate la présence oppressive des soldats français. Le prétexte à l'embrasement n'est pas clair : l'indélicate recherche d'armes sur les jeunes gens et sur les femmes – certaines chroniques évoquent l'offense particulière faite à une jeune fille sur son intimité – ou une pierre lancée par des enfants insultés par les Français ? Dans tous les cas l'étincelle est une atteinte à l'honneur.
La réaction se fait violente, les Français ainsi que le personnel administratif amalfitain, sont alors traqués et massacrés. Les artisans palermitains mettent en place une éphémère commune avant d'être rejoints par les habitants de Corleone. Le 30 août 1282, l’héritier le plus proche de Manfred met fin à la République fédérale. Pendant quatre mois, la république avait connu une liberté aussi extraordinaire que sanglante.
Seul le Château de Sperlinga n’a pas participé à la rébellion de 1282 contre les soldats de Charles d’Anjou. Les documents historiques témoignent de la présence de soldats angevins dans le château et que les habitants fournissaient de la nourriture pendant le long siège qui a duré presque 13 mois. La légende populaire raconte que les Siciliens révoltés obligeaient les étrangers à prononcer le mot cicero pois-chiche pour découvrir s’il s’agissait d’un Français. Ce mot sicilien était difficile à prononcer pour les Français du Moyen Âge.
Sur l’arc en ogive de la première chambre du château on peut apercevoir la devise gravée sur deux pierres qui résume les faits de l’aide du village aux Angevins : Quod Siculis Placuit Sola Sperlinga Negavit (en français : Ce que les Siciliens ont aimé, seulement Sperlinga l’a nié. Finalement ces soldats, guidés par Petro de Lemannon, eurent la vie sauve et arrivèrent en Calabre où Charles d'Anjou les attendait, leur donnant des fiefs.
S'agit-il d'une révolte anti-française ?
Ce point semble indiscutable. Le cri des révoltés était bien Mort aux Français !. Faut-il pour autant, comme l'ont avancé certains auteurs, y voir l'origine historique de la Mafia et en même temps une préfiguration de la lutte de l'Italie pour sa réunification et son indépendance ?
Selon eux, le cri de ralliement des insurgés aurait été " Morta Alla Francia ! Italia Aviva !" en français : À mort la France! Vive l'Italie!, ou bien " Morte a i francesi ! Italia Anella ! en français : Mort aux français ! crie l'Italie ! ce qui constituerait l'acronyme du mot Mafia.
Cette origine prétendue, souvent évoquée, ne résiste cependant guère à l'analyse.
En effet, le concept d'Italie en tant que Nation soumise, qui se serait, dès le Moyen Âge, soulevée contre la France en tant que Nation occupante est tout à fait anachronique au XIIIe siècle, aussi bien d'ailleurs pour l'Italie que pour la France. Il s'agirait plutôt d'une explication controuvée, remontant sans doute au XIXe siècle, et pouvant satisfaire à la fois les partisans de l'unité italienne à l'époque du Risorgimento que la Mafia elle même qui se donnait à bon compte une image de défenseur du peuple contre l'occupant étranger. Au demeurant le rattachement de la Sicile, qui faisait partie du Royaume de Naples, au Royaume d'Italie ne remonte qu'à 1861.
Les sources présentent les vêpres tantôt comme un complot – ainsi l'Anonyme de Messine, La conspiration de Jean Prochyta et ses références au soutien occulte de Pierre III d’Aragon et de Giovanni da Procida, médecin et jurisconsulte en exil depuis 1275 – tantôt comme un mouvement populaire – Crònica de Ramon Muntaner. Quelle que soit la réalité de ces complots – il paraît certain que Procida, alors chancelier de la couronne d'Aragon, ait noué des contacts avec les Gibelins de Sicile – le mouvement fut récupéré par Pierre III d'Aragon, massivement soutenu par l'aristocratie et la bourgeoisie catalane2.

La flotte aragono-catalane débarque à Palerme et chasse les troupes fidèles à Charles d'Anjou en dehors de l'île. Peu de Français échappent au massacre. Une exception est à signaler : Guillaume III des Porcellets, chambellan de Charles d'Anjou et membre de l'illustre Maison de Provence des Porcellets, en considération de sa droiture et de sa vertu. Les émissaires siciliens apportent au roi Pierre la couronne de l'île au nom de sa femme. Il est proclamé roi le 4 septembre.
Toutefois son armée n'arrive pas à mettre le pied dans la partie continentale du royaume de Sicile ; c'est le début de la division entre les royaumes de Naples et de Sicile, dont les rois prétendent tous deux au même titre de roi de Sicile.
Le pape Martin IV, furieux de voir un héritier des Hohenstaufen remettre le pied en Italie, excommunie le roi Pierre et donne son royaume d'Aragon, dont il est également le suzerain, à Charles de Valois, fils de Philippe le Hardi, roi de France, ce qui donne lieu à la croisade d'Aragon.
Portée historique et postérité littéraire

De 1282 à 1372, puis jusqu'en 1422, la Sicile devait connaître un cycle de conflits qui épuisa la monarchie et renforça l'influence des familles gibelines.
La guerre entre la maison de Barcelone et la maison capétienne commence et dure vingt ans, jusqu'à la Paix de Caltabellotta 1302 où le roi de Sicile Frédéric III reconnaît les possessions angevines en Italie du sud. Mais la paix ne fut guère solide qu'en 1373 traité d'Aversa : les Angevins reconnaissent la possession des Aragons sur la Sicile.
Au-delà, comme a pu le souligner Henri Bresc, les Vêpres peuvent être lues comme une l'affirmation tumultueuse de la sicilianité, la première expression unitaire d'une population unie politiquement et bientôt culturellement.

Littérature

Frappant les imaginations, l'événement fut utilisé par Dante Divine Comédie, Paradis, VIII, 75, inspira à Casimir Delavigne une tragédie en cinq actes en 18194 et fut la source d'un roman historique d'Étienne de Lamothe-Langon.

Musique

En 1821 Jean de Procida ou les vêpres siciliennes et en 1855, Verdi y consacra un opéra intitulée Les Vêpres siciliennes.

Les Vêpres siciliennes, I vespri siciliani est un grand opéra en 5 actes de Guiseppe Verdi sur un livret d' Eugène Scribe et de Charles Duveyrier en langue Italienne et française, il fut donné le 26 décembre 1855 au Teatro regio de Parme et Teatro regio de Turin sous le titre Giovanna da Guzman et le 4 février 1856 à la Scala de Milan et 1857 : Teatro San Carlo, Naples, sous le titre Batilde di Turenna

Personnages

Hélène Elena, sœur de Frédéric d'Autriche soprano
Henri Arrigo, jeune sicilien ténor
Montfort Guido di Monforte, gouverneur de Sicile, roi de Naples baryton
Jean de Procida Giovanni da Procida, médecin sicilien basse
De Béthune, officier français basse
Le comte Vaudemont, officier français basse
Ninetta, suivante d'Hélène soprano
Danieli, jeune sicilien ténor
Thibault Tebaldo, soldat français ténor
Robert Roberto, soldat français basse
Manfredo, sicilien ténor
Soldats, peuple chœur
Airs
Merce, dilette amiche-Elena acte V
Les Vêpres siciliennes est un opéra en cinq actes de Giuseppe Verdi, sur un livret d' Eugène Scribe et Charles Duveyrier créé le 13 juin 1855 à l'Opéra de Paris.

Genèse

Dans les années 1850, se développe le "Grand Opéra" : œuvres longues avec ballets... Un contrat est signé entre Verdi et l'opéra de Paris en 1852, alors même que la grande époque du Grand opéra est un peu passée. Ce sera le premier opéra français de Verdi. Le livret de Scribe ne plaît pas à Verdi qui met du temps à l'adapter. Scribe refusera de modifier son livret et les répétitions furent marquées par l'absence de Sophie Cruvelli, partie pour suivre un baron dans le midi de la France pendant plusieurs semaines.
Verdi écrira à Francesco Maria Piave: La Cruvelli s'est enfuie !!! Où ? Le diable seul le sait. Au début, la nouvelle m'a quelque peu ennuyé mais maintenant je ris sous cape. ...Cette disparition me donne le droit de résilier mon contrat et je n'ai pas laissé échapper l'occasion; je l'ai officiellement demandé". Verdi écrira à cet effet une lettre, en français, à François-Louis Crosnier, alors administrateur du Théâtre impérial de l'Opéra. Il y fait part de la mauvaise volonté de Scribe et de l'ambiance des répétitions. Verdi se heurtera à un refus et continuera malgré tout.

Création

Avec du retard, l'opéra fût créé en France le 13 juin 1855, salle Le Peletier, en présence de Napoléon III, de l'impératrice Eugénie et du Duc de Porto.
Verdi entreprend rapidement une traduction de son opéra en italien. Ce dernier sera transposé au Portugal sous occupation espagnole et créé à Parme en décembre 1855.

Distribution.

Affiche pour la première des Vêpres au Théâtre impérial de l'Opéra
La duchesse Hélène Elena, sœur du duc Frédéric d'Autriche5, Sophie Cruvelli soprano
Henri Arrigo, jeune sicilien, Louis Gueymard ténor
Guy de Montfort Guido di Monforte, gouverneur de Sicile sous Charles d'Anjou, roi de Naples, Marc Bonnehée baryton
Jean de Procida Giovanni da Procida, médecin sicilien, Louis-Henri Obin basse
Le Sire de Béthune, officier français, Coulon basse
Le comte de Vaudemont, officier français, Guignot basse
Ninetta, camériste d'Hélène, Sannier soprano
Danieli, jeune sicilien, Boulo ténor
Thibault Tebaldo, soldat français, Aimès ténor
Robert Roberto, soldat français, Claude-Marie-Mécène Marié de l'Isle basse
Manfredo, sicilien, Koenig ténor
de l'Opéra de Paris
Concertatore : Giuseppe Verdi
Directeur d'orchestre : Narcisse Girard
Chorégraphie : Lucien Petipa
Costumes : Alfred Albert et Paul Lormier

Représentations successives

La première représentation des vêpres en italien à l'Opéra Garnier eu lieu le 9 avril 1974. Prévue initialement le 3 avril, elle fût annulée à la suite du décès du Président Georges Pompidou.

Les versions italiennes

Une version italienne est créée dans une traduction d'Arnaldo Fusinato l'année même de la création à Paris et donnée simultanément le 26 décembre 1855 au Teatro regio de Parme et au Teatro regio de Turin sous le titre Giovanna da Guzman puis en 1857 au Teatro San Carlo de Naples sous le titre Batilde di Turenna.
Sous ce même titre mais dans une traduction d'Enrico Caimi l'opéra est représenté le 4 février 1856 à la Scala de Milan.

Le public

La création de l'opéra à Paris fût un grand succès. Berlioz évoquera "la majesté souveraine de la musique". Les vêpres siciliennes seront données soixante-deux fois à Paris.

Argument

L'action, inspirée d'un évènement historique, se situe à Palerme en mars 1282, durant les fêtes de Pâques.

Acte I
La duchesse Hélène, dont le frère a été condamné à mort, est contrainte par un soldat français à chanter. Celle-ci, avec son chant excite la haine des Siciliens contre les Français. Montfort, le gouverneur, intervient et calme tout le monde. Arrive Arrigo, qui vient juste d'être gracié. Ignorant que Montfort est présent, il se met à l'insulter. Le gouverneur demande à tout le monde de partir afin de rester seul avec le jeune imprudent. Il lui demande son nom mais celui-ci refuse puis il tente de l'acheter en lui offrant un grade dans son armée et essuie un nouveau refus. Montfort interdit alors à Arrigo de parler avec la duchesse : celui-ci, à nouveau, brave l'interdit.

Acte II
Dans une vallée proche de Palerme, se rencontrent Arrigo, Hélène et Procida, arrivés clandestinement. Celui-ci annonce le soutien de Pierre d'Aragon en cas de début d'insurrection. Arrigo déclare son amour à la duchesse qui l'accepte à condition qu'il venge son frère. Arrigo reçoit une invitation de la part de Montfort et la refuse. Ce refus entraîne son arrestation et les Siciliens jurent de le venger. En outre, l'enlèvement des femmes par les soldats français ne fait qu'accentuer la haine de ceux-ci.

Acte III
Montfort, dans son cabinet, relit une lettre de la mère d'Arrigo, exécutée depuis dix mois, dont il apprend être le père d'Arrigo. Arrigo arrive et apprend la vérité concernant son père, qu'il croyait en exil. Il refuse de le reconnaître comme son père. Le soir, un bal masqué a lieu et parmi les danseurs, Arrigo reconnaît Procida et Hélène, venus le délivrer et tuer Montfort. Arrigo empêche ses amis de le faire, au moment où Hélène sort sa dague. Les conjurés sont arrêtés.

Acte IV
Procida et Hélène sont déportés à la forteresse, Arrigo les rejoint pour tenter de se disculper. S'il y arrive auprès d'Hélène qui lui conserve son amour, l'annonce de son lien de parenté avec Monfort, ruine les espoir de Procida qui a reçu la nouvelle de l'arrivée des armes. Monforte arrive pour annoncer l'arrivée du bourreau et fait le chantage suivant à Arrigo : soit celui-ci le connait publiquement comme son père, soit ses amis sont exécutés. Celui-ci finit par céder et Monfort annonce les noces entre Arrigo et la duchesse. Celle-ci hésite à accepter mais Procida l'incite à le faire.

Acte V
Dans les jardins du palais, se prépare la fête pour le mariage. Procida retrouve Hélène et lui annonce que, dès que les cloches sonneront, l'insurrection commencera. Elle retire sa parole au grand désespoir d'Arrigo. Montfort arrive et ordonne que le mariage ait lieu. Les cloches sonnent et les Français sont massacrés.

Liens

http://youtu.be/dCjfikAWufQ opéra Vêpres siciliennes
http://youtu.be/rFjvX5cw8i8 Les vêpres siciliennes en Français


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Posté le : 29/03/2014 20:27

Edité par Loriane sur 30-03-2014 14:59:39
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Re: Apocalypse l'avancée d'Hitler (plusieurs extraits
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KJtiti
J'enrage au temps que toi, je comprends ce que tu ressens. Mais j'ai bien peur qu'il nous faille faire le deuil de nos illusions sur la race humaine.
C'est terrible de souhaiter une bonne guerre et pourtant, nous voyons bien que seules la frustration et la douleur rendent plus sage. L'expérience de nos générations ne sert pas aux générations suivantes, car comme le disait trivialement je ne sais plus quel humoriste philosophe ; " l'expérience est une serpillière qui ne sert que peu de fois". En temps que maman il y a longtemps que j'ai compris que mettre en garde un enfant doit être fait mais sans en attendre plus.
J'espère que tu as pu regarder ces films, vraiment bien foutus, colorisés et très pédagogues sans être ennuyeux.
Ils ont trouvé le juste milieu entre le côté culturel et le côté attractif pour que chacun se sente accroché aux images sans quitter son siège.
Le mécanisme de l'entraînement de chaque pays dans cet incendie planétaire est très bien démontré sans lasser. Ce n'est pas trop pathos, pas trop scolaire, pas trop leçon de morale, juste la vie, notre vie.Je crois en l'impact de ce procédé.
As-tu eu des problèmes avec les liens ? Malheureusement ils sont cassés, j'ai pas pu faire mieux mais en les mettant dans l'adresse URL ça doit marcher.
J'ai mis il y a peu un article sur Taras Tchevtchenko, le chantre de l'Ukraine, Ukraine martyrisée par les russes, je mets cette semaine un article sur la guerre de Crimée, Crimée qui était une terre Tatars et Turque ...
Tu vois nous sommes en pleine actualité pour mieux comprendre ce qui nous entoure.
En règle général il est mieux de penser seul sans laisser les journalistes, trop souvent incultes, nous remplir la tête en débitant des âneries.

Les liens sur l'excellente série "Apocalypse La première guerre mondiale " :

http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=5034#forumpost5034

Merci

Posté le : 26/03/2014 20:03
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Re: Apocalypse l'avancée d'Hitler (plusieurs extraits
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Loriane, remarquable idée que la mise sur le site de ces vidéos, sur cette période de notre histoire, dont je crains qu'elle ne soit plus qu'un souvenir lointain pour nos contemporains, alors qu'elle devrait source de réflexion, voir d’unification et d’intégration, à l’instant ou notre pays flirte avec des idées inquiétantes.

Il me semble, au travers de ce que me dit mon vieux père âgé de 93 ans, que cette époque d’après guerre générait davantage de solidarité et d’entraide que de nos jours.

Ainsi donc, ce terrible exemple n’aura servi à rien, et comme me disait dernièrement un vieux c.. (encore plus c.., que vieux, et pourtant déjà très âgé), il faudrait une bonne guerre pour remettre le pays en marche.

Somme nous trop sots et nos édiles politiques trop intéressés par leurs carrières et leurs intérêts personnels, pour qu’il faille que notre pays s’enfonce encore davantage dans la difficulté pour qu’enfin on réagisse ?

Loriane , je ne comprends toujours pas pourquoi les exemples du passé tragique, ne servent qu’aux commémorations.

Tout cela me fout la colère !!!!!!!!!!!!!!!!!!

Bisous, tout de même et merci pour ce rappel

Posté le : 26/03/2014 19:30
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Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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