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Re: Défi thème d'écriture du 2 septembre : "Qui suis-je vraiment ?"
Plume d'Or
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Bacchus : Très beau poème, toujours très sensible. J'aime beaucoup le style, très fluide.

Posté le : 01/09/2013 13:03
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Re: Défi thème d'écriture du 2 septembre : "Qui suis-je vraiment ?"
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Qui je suis ? Je le sais; et puis , parfois, j'en doute,
Selon ce que je trouve, au hasard de ma route.
Après l'évènement que je n'attendais guère,
Je découvre, étonné, ce que je viens de faire.

Ce dont je suis certain, c'est que j'aime la vie,
Que chaque jour qui vient m'étonne et me ravit.
Je sais que mes soucis ont été éphémères
Et ne me laissent pas de souvenirs amers.

Je sais parfaitement quels sont tous mes défauts
Et je sais m'en moquer, aussi, quand il le faut,
Je regrette mes mots qui, même en plaisantant,
Dépassent ma pensée, blessant, de temps en temps.

Je sais aussi qu' il est pénible de me suivre
Lorsque j'ai une idée, que je veux la poursuivre,
Entraînant malgré eux ceux qui ne veulent pas,
Choisissant leurs loisirs et aussi leurs repas !

Mes efforts pour rester fringuant comme naguère
Illusionnent certains mais ne m'abusent guère :
Je sens mes os grincer pour me faire souvenir
Qu'il faut les ménager pour les jours à venir.

Je me souviens très bien du temps de ma jeunesse,
De ce trop plein d'envies, cet excès d'allégresse,
De tous les faux chemins où l'on aime courir,
De ses grands désespoirs, de ses éclats de rire.

J'accorde à mes petits toute ma bienveillance
En laissant libre cours à une tolérance
Qui me permet aussi d'apprendre à les connaître
Et de pouvoir juger ce que je peux permettre.

Et chaque jour passant me révèle un peu plus
Ce que j'ai ignoré et qui m'aurait tant plu.
Ai-je su, en passant, bien leur prendre la main,
Aux amis qui croisaient au bord de mon chemin ?

Que vais-je encor trouver, au bord de cette route...
Des jours ensoleillés, quelques bonheurs, sans doute ?
Mais au bout du chemin où se poste la mort,
J'aurai quelques regrets et bien peu de remords.

Posté le : 01/09/2013 09:57
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Page du 25 Août,Tim Burton,Becquerel, Leroi-Gourhan, Nietzsche, Dominique Fernandez,Truman Capote
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fee etoilee
























  

Le 25 AOûT 1958 naît Tim BURTON
 

Le 25 Août 1984 meurt Truman CAPOTE

Lire ICI





Le 25 Août 1911 naît Andre LEROY-GOURHAN

Lire ICI




Aujourd'hui Dimanche 25 Août 2013
 LIRE , ECRIRE, DECOUVRIR

PAGES D'ACCUEIL PRECEDENTES Dans la BIBLIothèque
LIRE ICI
    
La pensée de la semaine de Grenouille


Texte à l'affiche :

"AZELINE de Arielleffe"




Le 25 août 1900 décède 
Friedrich NIETZSCHE

Lire ICI




Le 25 Août 1908 nameurtît
Henri  BECQUEREL


Lire ICI




Le 25 Août 1929 naît Dominique FERNANDEZ

LIre
ICI



Emma vous propose :
Je voudrais proposer un recueil de texte collectif d’environ une centaine de pages à partir des textes publiés sur ce site en 2012. Recueil sous forme d’un fichier PDF (et même en version imprimée, si ce projet en intéresse certains ?)
Pour donner votre choix de texte c'est ICI
              
            ---*ATELIER CONCOURS
*---


 ******* COUSCOUS vous propose un défi :
 *******Texte avec thème cliquez ici
   
    


        Lucinda vous pose deux questions :                                                           
        *Pourquoi le mensonge  ?          
        *Pourquoi avons nous besoin des autres ? 


      
     




Posté le : 01/09/2013 01:27
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Jacques Cartier
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Le 1 Septembre 1557, à St Malo, meurt Jacques Cartier

Navigateur et explorateur français, Il est l'auteur de cartes ayant permis l'apparition du golfe du Saint-Laurent sur les représentations du globe, Cartier, par ses relations, est le premier Européen à décrire et nommer ces eaux, leurs rives et leurs habitants, et le territoire visité qu'il nomme Canada.
Il prit possession du Canada, à Gaspé, au nom de François Ier le 24 juillet 1534, et remonta le Saint-Laurent au cours d'un deuxième voyage en 1535. Il revint au Canada en 1541.

Vie et famille

Nous ne connaissons que bien peu de chose de sa vie allant de sa naissance jusqu'à son premier voyage officiel en 1534. Son acte de baptême ne nous est pas parvenu puisque les registres de l'état civil de Saint-Malo manquent de 1472 à 1494.
Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les historiens considèrent Jacques Cartier comme le fils de Jamet et de Geffline Jansart, bien qu'aucun document d'archive ne l'atteste.
S'il est bien le fils de ces derniers, il aurait eu pour frères Lucas et un enfant non nommé, né en 1494, ainsi qu'une sœur ayant pour nom Berteline.
Ce qui est certain, c'est qu'il a eu une sœur nommée Jehanne, puisqu'elle apparaît dans le testament du pilote et explorateur malouin daté du 19 mai 1541.
Selon Frédéric Joüon des Longrais, il faudrait ajouter à la liste de la fratrie de l'explorateur le nom de Jehan puisqu'il a été le parrain de deux de ses enfants.
Jacques Cartier épouse, au début d'avril 1520, Catherine, fille de Jacques des Granches, connétable, et de Françoise Du Mast : un mariage qui améliore grandement la condition sociale de l'époux.
De cette union ne naîtra aucune descendance.
Les archives malouines nous le présentent sous les traits, entre autres, d'un compère, pour les cérémonies baptismales, et d'un témoin ou juré, dans les procédures judiciaires, très recherché de la part de ses concitoyens.
En effet, sur une période s’étalant du 21 août 1510 au 17 novembre 1555, son nom est indiqué sur 58 actes de baptême, dont 35 où il apparaît comme parrain d’enfants bretons.
Tissant soigneusement ses liens parmi les bourgeois et les officiers municipaux de Saint-Malo, Jacques Cartier consolida également son réseau social grâce à ses fréquentations auprès de la confrérie de Saint-Jean-Baptiste, communément appelée la confrérie des Frères Blancs.
Il semble que, parallèlement au domaine maritime, Jacques Cartier s'intéressait également au monde judiciaire, puisqu'en 1518 il avait en sa possession un livre intitulé Les loables Coustumes du pays et Duche de Bretaigne, dans lequel se trouvaient les règles juridiques bretonnes et les coutumes de la mer, rôles d'Oléron.
C'est sans doute grâce à son savoir du droit qu'il était souvent sollicité comme témoin ou juré dans les cours de Saint-Malo. Aucun document d'archive connu ne nous informe de sa carrière de pilote avant 1530.
La majorité des historiens reconnaissent qu'il devait avoir quelque compétence en la matière, pour mériter le titre de " capitaine et pilote pour le Roy ayant charge de voiaiger et allez aux Terres Neuffves passez le destroict de la baye des Chasteaulx" et de succéder ainsi à Giovanni da Verrazano..
Dans la mesure où l'on ne connaît pas le ou les auteurs des récits relatant les voyages de Cartier, il serait vain d'y chercher quelques indices sur sa personnalité et sa carrière maritime avant 1530.
Pour expliquer la genèse du premier voyage de 1534, et connaître les circonstances entourant le choix de Cartier par François Ier, roi de France, deux documents postérieurs aux événements et, comme l'on peut s'y attendre, relatant différemment les faits, ont été employés par les historiens.
Le premier, le plus anciennement utilisé par les auteurs, est tiré de l'Histoire de la Nouvelle France de l'avocat Marc Lescarbot. Selon l'avocat-historien, c'est Jacques Cartier qui aurait proposé lui-même ses services à l'amiral de France Philippe Chabot en 1533, qui :
"les representa à sa Majesté, et fit en sorte que le dit Quartier eut la charge".
Cette version des faits n'est rapportée que par Lescarbot, mais il y a toutefois des arguments qui viennent la supporter. En effet, Jacques Cartier avait donné le nom de l'amiral à l'île Brion, située dans le golfe du Saint-Laurent, et qui a préservé son choronyme jusqu'à aujourd'hui.
Parmi les raisons qui poussaient les chefs d'expédition à nommer un nouveau territoire, il y avait celle d'honorer les principaux "maîtres d'œuvre" du voyage.
Plusieurs historiens avancent qu'il aurait pu accompagner une campagne de pêche, pour se rendre à Terre-Neuve avant 1532, car la région était fréquentée des pêcheurs basques et bretons.
Certains suggèrent aussi qu'il aurait pu participer à l'un des voyages d'exploration de la côte brésilienne par la flotte normande sous pavillon dieppois, vu :
d'une part, les fréquentes comparaisons que Cartier fait, dans ses récits de voyage, entre les Amérindiens de la Nouvelle-France et les Brésiliens, ainsi que sa connaissance du portugais car lors de sa retraite il agit à plusieurs occasions comme interprète en langue portugaise ;
d'autre part, l'histoire de la ville de Dieppe, qui relate la navigation non seulement du capitaine Jean Cousin, mais de deux autres capitaines, Thomas Aubert et Giovanni da Verrazzano, qui embarquèrent de Dieppe en 1508 et reconnurent le fleuve Saint-Laurent, auquel ils donnèrent son nom.
En 1532, alors qu'une guerre éclate entre la couronne du Portugal et les armateurs normands au large du Brésil, il est présenté à François Ier par Jean Le Veneur, évêque de Saint-Malo et abbé du Mont-Saint-Michel. Celui-ci évoque des voyages que Cartier aurait déjà faits "en Brésil et en Terre-Neuve", pour affirmer qu'il était à même "de conduire des navires à la découverte de terres nouvelles dans le nouveau monde ".
Recevant une commission du roi de France, et devenant en ce sens le successeur de Giovanni da Verrazano, Cartier dirigera, aux frais du roi, trois voyages vers l'Amérique du Nord entre 1534 et 1542, espérant y trouver un passage pour l'Asie, sinon des richesses.


L'envoyé de François Ier

Cartier est déjà un marin expérimenté lorsque François Ier fait appel à lui, mais on ignore tout de ses débuts. On sait qu'il est recommandé au roi de France par Jean Le Veneur, brillant prélat qui vient d'obtenir du pape une interprétation laxiste de la bulle de 1493, partageant le monde entre l'Espagne et le Portugal.
Dès lors, François Ier estime avoir les mains libres pour effectuer des voyages de découvertes dans des régions qui ne sont pas encore fréquentées par les Ibériques. Il prête d’abord une oreille attentive aux dires du navigateur italien Verrazano, certifiant l'existence d'un passage par le nord pour atteindre les Indes et le Cathay, la Chine, ce qui pourrait assurer une nouvelle route vers l'or et les épices. Verrazano part en reconnaissance en 1524, longe l'Amérique du Nord, et revient en France en passant par Terre-Neuve. Puis, Cartier est chargé d'aller vers les terres inconnues situées au-delà du détroit de Belle-Isle, entre le Labrador et Terre-Neuve. Le but essentiel est la découverte de grandes quantités d'or "et autres riches choses ".
Mais il était possible, aussi, que la découverte le conduise vers l'Orient.

L'arrivée au Canada

Parti avec deux petits navires le 20 avril 1534, le Malouin traverse l'Océan en 20 jours seulement, franchit le détroit de Belle-Isle, suit les rivages désolés du Labrador et le littoral occidental de Terre-Neuve, puis, vers le sud, gagne les îles de la Madeleine et celles qui porteront le nom de Prince-Édouard, puis la baie des Chaleurs.
Il prend possession du littoral continental en érigeant une haute croix sur les falaises de la future baie de Gaspé , 24 juillet", ce qui marque la prise de possession du pays au nom du roi de France. Après une rencontre avec les Amérindiens, finalement amicale, il met la voile pour l'Europe par le détroit de Belle-Isle, emmenant bon gré mal gré deux fils de caciques, qui serviront plus tard d'interprètes.
Il revient à Saint-Malo le 5 septembre. Les récits de deux indigènes ramenés en France évoqueront les richesses des terres encore à découvrir.

Le deuxième voyage et le premier hivernage des Français

Encouragé, François Ier confie trois navires à Cartier pour une nouvelle expédition, plus minutieuse : la Grande-Hermine, la Petite-Hermine et l'Émerillon.
On met à la voile le 19 mai 1535. La traversée est, cette fois, difficile : les navires ne se regroupent dans la baie des Châteaux que le 26 juillet. Puis il suivent le littoral qui prolonge celui du Labrador. Au-delà de Terre-Neuve, la voie maritime vers le "Cathay" de Marco Polo semble découverte lorsque se révèle l'immense estuaire du Saint-Laurent.
Cartier donne le nom de Saint-Laurent à une petite baie limitée par l'île Sainte-Geneviève, en face d'Anticosti : le nom sera ensuite étendu à l'estuaire et au grand fleuve du Canada.
L'ouverture vers l'ouest est enfin trouvée.
Après avoir dépassé l'embouchure du Saguenay, l'expédition atteint l'île aux Coudres le 6 septembre. le surlendemain, Cartier rencontre le chef Donnacona.
Le 14 septembre, les Français s'établissent sur les bords de la rivière Sainte-Croix, aujourd'hui Saint-Charles, en face du promontoire du village indien de Stadaconé, où allait s'établir Québec.
L'installation des Français inquiète les Amérindiens, qui veulent sans doute se garder le monopole des trafics situés plus en amont : ils vont chercher par des cérémonies magiques à dissuader les nouveaux venus de poursuivre plus avant. Mais le 19 septembre, Cartier repart sur l'Émerillon vers l'amont.
Après plusieurs étapes, il parvient, avec deux chaloupes, le 2 octobre, à Hochelaga, gros village amérindien entouré d'une palissade, au pied des hauteurs baptisées Mont-Royal, c'est le site de Montréal.
Les rapides de "Lachine", qui évoquent toujours la quête d'un Orient fabuleux, arrêtent l'exploration.
De retour à Stadaconé, Cartier s'installe dans le fortin que ses compagnons, restés sur place, ont édifié entre-temps : les relations avec les Amérindiens se sont, en effet, détériorées et il faut prendre des mesures de sécurité.
La véritable épreuve commnce avec le terrible hiver canadien. Les mauvaises conditions alimentaires entraînent une épidémie de scorbut qui emporte vingt-cinq marins : un pèlerinage est promis à Rocamadour pour inciter le Seigneur à la pitié. Ce sont les Amérindiens qui, par une tisane de feuilles de cèdre blanc, apportent le remède.
Le 6 mai 1536, abandonnant la Petite-Hermine, Cartier met la voile, emmenant avec lui, par force, le chef Donnacona et plusieurs de ses sujets.
Il emprunte le détroit dit plus tard "de Cabot" et prouve ainsi l'insularité de Terre-Neuve. Le 16 juillet, les deux navires restant entrent dans le port de Saint-Malo.

François Ier précise sa doctrine concernant l'expansion outre-mer

François Ier, auquel le rapport de son explorateur laisse espérer la découverte de grandes richesses minières, est satisfait de l'entreprise et donne à Cartier la Grande-Hermine.
Toutefois, la guerre vient de reprendre contre Charles Quint et la commission pour un troisième voyage n'est délivrée à Jacques Cartier qu'en octobre 1540.
La période d'attente qui commence est capitale pour l'histoire coloniale de la France. C'est alors, en effet, que, face aux prétentions de l'Empereur et de la cour de Lisbonne sur l'ensemble de l'Amérique, François Ier précise sa doctrine concernant l'expansion outre-mer, établissant le principe de la légitimité des prises de possession basées sur l'occupation effective, et la mise en valeur des terres nouvelles qui ne sont fréquentées ni par les Espagnols ni par les Portugais.
À la tête d'une entreprise qui prend une nouvelle dimension, de colonisation et d'évangélisation, il faut désormais un personnage important, un noble : le protestant Jean-François de La Roque de Roberval sera donc le lieutenant général des terres nouvelles. Cette nomination d'un gentilhomme devait donner du poids à l'entreprise, qui devient un véritable début de colonisation, avec occupation effective du pays découvert.

Une dernière expédition suivie d'une désillusion


Autorisé à précéder son chef, Cartier part avec 5 navires et environ 1 500 hommes, le 23 mai 1541.
Ce dernier voyage est difficile, puisque le havre de la rivière Sainte-Croix n'est atteint que le 23 août. Un nouveau camp, qui prendra le nom de Charlesbourg-Royal, près de Stadaconé, est établi, sur le Saint-Laurent, au confluent de la rivière du cap Rouge , aujourd'hui près du pont de Québec.
Cartier commence aussitôt la mise en valeur des terres.
En septembre, sur deux barques, Cartier repart pour Hochelaga et les pays où il espère trouver enfin l'or et les diamants. Mais les rapides du Saint-Laurent et de l'Ottawa ne permettent pas d'aller très loin vers l'amont. Muni d'échantillons de pierres qu'il croit précieuses et de pépites qu'il pense être aurifères, Cartier revient vers le cap Rouge aux approches de la mauvaise saison.
L'hivernage est rude et marqué par divers excès à l'encontre des Amérindiens, qui commencent à se montrer hostiles. Sans attendre Roberval, Cartier entreprend de repartir en juin 1542. Il rencontre enfin son chef à Terre-Neuve mais, pressé de montrer ses trésors, le Malouin refuse de revenir au Canada pour ouvrir la voie à son chef : Roberval va connaître un piteux échec dans cette première tentative de colonisation du Canada.
Cartier est de retour à Saint-Malo à la fin de l'été 1542, mais ses richesses s'avèrent n'être que pyrites et des micas, soit des roches sans aucune valeur… La cruelle désillusion qui en résulte va condamner pour un temps les entreprises en direction de la "Nouvelle-France".


Samuel de Champlain


Il faudra plus d'un demi-siècle pour que les Français s'intéressent de nouveau, avec Champlain, à ces terres septentrionales. Cartier, quant à lui, allait se consacrer à la mise en valeur de son domaine du Limoilou, près des remparts de Saint-Malo.
Cartier ne revint pas au Canada. En 1543, c'est Jean Alfonse qui alla rapatrier la colonie de Roberval, laquelle était fort mal en point. Retiré dans son manoir de Limoilou, Cartier mit son domaine en valeur et vécut en bon bourgeois. Recherché comme compère lors des baptêmes, témoignant parfois en justice, il mena, semble-t-il, une vie agréable. Un document de l'époque le classe parmi les "bons biberons".
Il mourut à l'âge de soixante-six ans, jouissant d'une grande réputation parmi les navigateurs et les cartographes.

Liens
http://youtu.be/UOP8nHwp0rY Histoire du nouveau monde 1
http://youtu.be/HViCNQdNC38 Histoire du nouveau monde 2

http://youtu.be/8Xd3NtKQWvA Epopée du Canada

http://youtu.be/lZAaEZAzGf0 Charlebois Je reviendra à Montréal
http://youtu.be/AJ6CSOLxbeM La complainte du phoque en Alaska


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Posté le : 01/09/2013 01:21

Edité par Loriane sur 02-09-2013 18:44:39
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François Mauriac
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Le 1 septembre 1970, à Paris meurt François Mauriac.



François Mauriac, né le 11 octobre 1885 à Bordeaux est un écrivain français. Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1926, il est élu membre de l'Académie française au fauteuil no 22 en 1933. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1952.

Mauriac est sans conteste l'un des plus importants romanciers français du XXe siècle.
Son domaine est limité. Le décor, les personnages, les thèmes, les procédés, rétrospection, monologue intérieur varient peu d'un livre à l'autre.
Il est essentiellement le peintre de la province française, des combats entre la chair et l'esprit, entre la sensualité de tout jeunes hommes, ou de femmes mûres et insatisfaites, et l'attrait de la religion pour les cœurs inquiets et blessés.
Il s'est posé dans divers ouvrages de critique et dans son Journal bien des problèmes qui tourmentent le romancier catholique, soucieux de ne rien dissimuler de la vérité et des séductions du péché.
Ses livres sont remarquables par la création d'une atmosphère fiévreuse, par leur tension tragique et surtout par leur poésie.
Poète, il le demeura dans l'écrit politique qui, après 1945, devint progressivement sa préoccupation majeure et l'expression d'un engagement que la mort seule arrêta.
Il possédait le don de capter l’évènement pour le transposer de l'éphémère évanescent, qui est son milieu propre, dans l'éternel et situer le relatif dans le sillage de l'absolu. Il restitue l'actualité intégrée dans la durée du poème sous la double optique de la tendresse de l'homme et de l'espérance de Dieu.

Sa vie

Famille, enfance, et formation[modifier | modifier le wikicode]
François Mauriac naît le 11 octobre 1885 dans la maison familiale du 86, rue du Pas-Saint-Georges à Bordeaux, fils de Jean-Paul Mauriac, marchand de bois merrains et propriétaire terrien dans les Landes de Gascogne, et Claire Mauriac née Coiffard, héritière d'une famille du négoce bordelais.
Dernier d'une fratrie composée d'une sœur aînée : Germaine née en 1878 et de trois frères, Raymond né en 1880, Pierre né en 1883, et Jean né en 1884, François Mauriac est orphelin de père à vingt mois après la mort subite de celui-ci suite à un abcès au cerveau, le 11 juin 1887.
Il vit toute son enfance très entourée par une mère très pratiquante, dont il est le fils préféré et qui gère toutes les affaires de la famille, par sa grand-mère Irma Coiffard, née Abribat, et sous le tutorat de son oncle Louis Mauriac, magistrat et seul frère cadet de son père.
François Mauriac fait, à partir de 1892, ses études primaires puis secondaires chez les Marianistes de l'institution Sainte-Marie Grand-Lebrun à Caudéran, où il fera la rencontre d'un ami d'une vie, André Lacaze.
Outre les divers logements que la famille occupera à Bordeaux, son adolescence est marquée par plusieurs lieux girondins qui tous marqueront profondément son œuvre : Gradignan où sa grand-mère Irma possède le Château-Lange, les Landes de Gascogne autour de Langon, Verdelais et surtout l'été à Saint-Symphorien, bourgs dominés par la bourgeoisie viticole ou ayant fait fortune dans l'exploitation forestière, aux climats lourds de secrets étouffés qu'il peindra dans la plupart de ses romans.
Alors que jusqu'ici il n'a écrit que de petits textes et poèmes, il compose à treize ans sa première réelle œuvre, un mélodrame de jeunesse intitulé "Va-t-en" !, dédié à sa sœur Germaine.
En 1902, la mort de sa grand-mère Irma est un profond choc pour l'adolescent qu'il est, constatant la profonde hypocrisie de sa famille religieuse et bourgeoise qui se partage déjà l'héritage à côté de l'agonisante.
François Mauriac rate la seconde partie de philosophie et doit redoubler, préférant refaire son année au lycée public de Bordeaux.
Dans cet établissement il a notamment pour professeur, Marcel Drouin, beau-frère d'André Gide, qui lui fait découvrir les textes de Paul Claudel, Francis Jammes, Henri de Régnier, Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire, Colette et Gide, notamment "L'Immoraliste" et "Les Nourritures terrestres" qui le marqueront, tous proscrits dans sa famille et chez les pères, finissant ainsi de constituer son corpus littéraire personnel.
Il découvre également à cette époque les textes et idées de Maurice Barrès qui marqueront sa jeunesse.
Après son baccalauréat obtenu en juillet 1904, il étudie la littérature à la faculté de Bordeaux, sous la direction de Fortunat Strowski.
Il a alors pour condisciple Jean de la Ville de Mirmont et se lie d'amitié avec André Lafon.
À cette époque, il habite toujours avec l'ensemble de sa famille, dans divers appartements et immeubles de Bordeaux, dont le 15 rue Rolland de 1903 à 1907 et fréquente à partir de 1905 les cercles bordelais du Sillon de Marc Sangnier, mouvement catholique ouvriériste , dont il se sent proche mais qui le laisse insatisfait; et dont il s'écarte définitivement en juin 1907.
Ces milieux catholiques étaient proches du modernisme, tendance d'exégètes et de philosophes qui mettaient en cause l'identité historique du Christ, voire la foi chrétienne.
Dans la préface à sa Vie de Jésus, Mauriac avoue qu'il fut durablement troublé par le modernisme, avant de se rendre compte de l'a priori contre le surnaturel de ce courant de pensée.
Si, dans le cas du Sillon, la rupture n'empêcha pas que Mauriac prenne des attitudes politiques qui, pour lui, en prolongeaient l'esprit, avec le modernisme, en revanche, la rupture fut complète et sans compromis, au point que la préface à la deuxième édition de la Vie de Jésus prend violemment à partie la principale figure du modernisme Alfred Loisy.
Sa famille l'envoie avec une rente annuelle de 10 000 francs à Paris, où il s'installe le 16 septembre 1907 — tout d'abord dans une pension étudiante de frères maristes au no 104 de la rue de Vaugirard où il réside un an avant d'être exclu, puis quelques mois dans l'hôtel l'Espérance voisin, et enfin seul en 1909 au cinquième étage du no 45 de la rue Vaneau— pour préparer l'École des chartes qu'il intègre mais finit très rapidement par abandonner pour se consacrer entièrement à l'écriture en publiant des poèmes, à son compte, dans la Revue du temps présent.
Son premier volume de poèmes, "Les Mains jointes", est publié en 1909. Bien que retenant l'attention des milieux littéraires et notamment de Maurice Barrès, auquel il voue un véritable culte, Mauriac ne sera connu du grand public qu'une dizaine d'années plus tard.
En 1913, il épouse Jeanne Lafon, rencontrée chez leur amie commune Jeanne Alleman, auteur qui publie sous le pseudonyme masculin de Jean Balde, et elle lui donne un premier fils, Claude, en 1914, année de la publication de La Robe prétexte.
Ses autres enfants, Claire, Luce, et Jean naîtront respectivement en 1917, 1919 et 1924
Sa carrière littéraire est interrompue par la Première Guerre mondiale, durant laquelle il s'engage un temps, bien que réformé et de santé précaire, dans un hôpital de la Croix-Rouge à Salonique.
Après la victoire de 1918, il reprend ses activités et publie, en 1921, Préséances, qui le brouille pour longtemps avec la bonne société bordelaise, puis, en 1922, Le Baiser au lépreux.


Le romancier

Né à Bordeaux, François Mauriac est resté attaché à cette ville, dont il a dépeint la bourgeoisie sans indulgence.
La plupart de ses romans sont placés dans ce décor de province, étroit, oppressant, parmi des gens soupçonneux et férocement attachés à leurs possessions et à leurs traditions.
Pour Mauriac comme pour Balzac, il n'y a qu'en province que l'on sache bien haïr, et peut-être aussi aimer.
Il a d'ailleurs grossi, par l'imagination ou le souvenir, et les passions de ses personnages, et les angoisses de malheureuses femmes de la province négligées par leurs maris, et la sensualité qui se dégage des étés brûlants, des pins des Landes assoiffées, des tilleuls et des lilas odoriférants des jardins solitaires.
Mais ses meilleurs romans doivent une partie de leur force de suggestion à ces vignettes poétiques par lesquelles la nature sans cesse influe sur les personnages.

Sa sensibilité très vive fut accrue par la perte de son père, mort comme celui de Gide avant qu'il eût atteint sa dixième année.
La mère, laissée veuve avec cinq enfants, le futur romancier était le dernier, dut les élever avec quelque sévérité ; elle était fort pieuse, et le tableau que le romancier a souvent tracé de son enfance est austère.
Il a parlé de son "éducation janséniste", sans qu'il ait aimé beaucoup le jansénisme plus tard.
Il en connut surtout les Pensées de Pascal, mais y regretta un abus de rationalisme dans les choses de la foi.
Il fut élevé d'abord par les Frères maristes, puis au lycée.
Se sentant, en raison de sa sensibilité, qui le rendait très vulnérable, mal armé pour la vie active, il songeait surtout à étudier le passé, il prépara à Paris l'École des chartes et à s'exprimer par la plume.

À Paris, il découvrit avec exaltation la liberté de la vie de l'esprit, mais aussi combien était grande, comme elle le sera chez ses personnages, la nostalgie de la petite patrie familiale et provinciale abandonnée.
"Chaque écrivain venu de sa province à Paris est une Emma Bovary évadée", s'écria-t-il.
Il a, après sa cinquantième année, prodigué les confidences sur sa jeunesse, dans Commencements d'une vie en 1932, Mémoires intérieurs en 1959 et 1965, Le Jeune Homme en 1926, La Province en 1926, Bordeaux en 1926.
Mais c'est dans ses romans qu'avec la liberté procurée par la fiction, plus vraie que le vrai, il s'est le mieux révélé. Longtemps, l'adolescent gauche, rêveur, tourmenté à la fois par le besoin d'idéaliser l'amour et de le souiller, rebelle aux contraintes familiales et se croyant incompris, va réapparaître dans les romans de Mauriac.

Il écrivit d'abord des vers, tendres mais fiévreux, que quelques aînés, dont Barrès, remarquèrent :
"il est revenu à la poésie en vers, influencée par Maurice de Guérin, dans Le Sang d'Atys en 1940."
Mais pas plus que Chateaubriand ou Gide, il n'est devenu un maître de la forme poétique.
Ses premiers romans, deux écrits juste avant la guerre de 1914, à laquelle il prit part, le troisième et le meilleur, au titre significatif, La Chair et le sang, en 1920, sont encore gauches, tendus, trop inclinés vers le lyrisme.


Écrivain Chrétien et journaliste politique

Grand interprète de la vie provinciale, François Mauriac dépeignit aussi les souffrances du chrétien troublé par les questions du monde moderne. Contrastant avec son œuvre romanesque, son activité de journaliste révéla un polémiste au ton volontiers voltairien.

Son œuvre porte fortement la marque de son enfance et de sa jeunesse : d'abord par les images de Bordeaux et des landes girondines qui reviennent constamment sous la plume du romancier, du poète ou du journaliste ; ensuite, et plus profondément, à cause de l'éducation chrétienne marquée de puritanisme, on a pu parler de jansénisme que le jeune François a reçue. C'est alors que s'est forgée la hantise du "péché de la chair" qui marque l'œuvre du romancier.
Des jeunes gens troublés et parfois troubles, l'Enfant chargé de chaînes, 1913 ; le Baiser au lépreux, 1922 ; Genitrix, 1923), des couples déchirés, le Désert de l'amour, 1925 ; le Nœud de vipères, 1932), des femmes révoltées et humiliées dans Thérèse Desqueyroux, 1927 témoignent de l'importance d'une sexualité partout présente et refusée comme le signe d'une dramatique misère humaine.
Cependant, chez cet écrivain chrétien, un attachement tout païen à la terre éclate dans les poèmes d'Orages en 1925 ou du Sang d'Atys en 1940.
De même, on devine, derrière certaines lignes proches de la révolte de Souffrances du chrétien en 1928, les manifestations d'une crise morale et religieuse.
Bonheur du chrétien en 1929 traduit la fin de la crise et marque la "conversion" de Mauriac.
Après une grave opération à la gorge en 1932, Mauriac, qui s'est cru perdu, est élu à l'Académie française en 1933 : s'ouvre alors une carrière prestigieuse où les succès se suivent.
Délaissant les romans centrés sur un drame individuel, Mauriac, sous l'influence d'œuvres contemporaines plus complexes, tente de diversifier et de multiplier les personnages dans les Anges noirs en 1936 et surtout les Chemins de la mer en 1939.
Malgré les critiques de Sartre, qui, en 1939, lui reproche d'intervenir trop souvent dans le destin de ses personnages et de ne pas leur laisser la liberté indispensable à l'indétermination de la créature romanesque, Mauriac reste toujours moins préoccupé des questions de technique romanesque que des répercussions spirituelles de ses écrits.
La Pharisienne en 1941, le Sagouin en 1951, Galigaï en 1952, l'Agneau en 1954" complètent une œuvre qui reste centrée sur les problèmes du péché et de la grâce.
En 1952, le prix Nobel de littérature est non seulement une consécration, mais le point de départ d'une nouvelle carrière : Mauriac, qui ne connaît pas au théâtre le succès escompté evec Asmodée, en 1937 ; et les Mal-aimés, en 1945 ; Passage du Malin, en 1947 ; le Pain vivant, en 1950, se voue désormais presque entièrement à une œuvre journalistique, souvent polémique et politique.
En fait, dès avant 1914, en réaction contre le conservatisme étroit et l'antidreyfusisme de son milieu, l'écrivain avait été touché par le catholicisme libéral du Sillon, le mouvement de Marc Sangnier.
Après 1920, au contraire, les articles de l'Écho de Paris traduisaient la pensée d'un homme de droite.
Il avait fallu la guerre civile espagnole et l'influence spirituelle exercée par les prêtres et les laïcs de l'Action catholique , autour des hebdomadaires Sept et Temps présent, entre 1937 et 1940, pour que Mauriac s'engageât peu à peu aux côtés des catholiques libéraux.
Le Cahier noir, publié dans la clandestinité en 1943 aux Éditions de Minuit, sous le pseudonyme de Forez, révèle une pensée politique nuancée, mais intransigeante sur la défense des droits de l'homme.
La crise marocaine en 1953, puis l'engagement aux côtés du général de Gaulle marquent le Bloc-Notes, publié successivement dans la Table ronde, l'Express puis le Figaro littéraire.
Jamais Mauriac n'a eu autant de lecteurs. Redoutable polémiste, il égratigne, voire déchire les médiocres de la vie politique.
Lorsque les crises marocaine puis algérienne sont réglées, le vieil homme tourne plus facilement sa pensée vers le passé ou vers la réflexion spirituelle : le Bloc-Notes s'élargit en méditation.
Plus qu'un journaliste, Mauriac est alors tantôt poète, tantôt philosophe dans des pages où le lyrisme affleure.
On retrouve alors les thèmes que la réflexion mauriacienne nourrit depuis les origines dans un certain nombre d'ouvrages théoriques ou autobiographiques comme le Journal en 1934-1950, les Mémoires intérieures 1959 et les Nouveaux Mémoires intérieurs en 1965, ou cette sorte de bilan spirituel que constitue Ce que je crois en 1962.
On peut mesurer dans ces ouvrages l'importance affective de Maurice Barrès, qui accueillit et lança le jeune poète des Mains jointes en 1909 et surtout la permanence de l'influence pascalienne, qui date des années de collège et ne se démentit jamais ' Je doute que sans lui je fusse demeuré fidèle '.
Pascal apparaît à Mauriac comme le modèle de l'homme de foi, d'une foi vécue plus que traduite intellectuellement dans des raisonnements.
Le Dieu de Pascal comme celui de Mauriac est le Christ vivant, souffrant et ressuscité, et non le Dieu des philosophes et des savants.
Non que Mauriac prêche le quiétisme : il est au contraire convaincu de l'importance des débats théologiques, mais il sait que sa vocation l'appelle à méditer sur des situations concrètes plus que sur des idées.
Dans cette perspective, les romans peuvent apparaître comme des sortes d'expériences qui poussent à l'extrême des situations réelles en les portant au point où elles éclatent en drames porteurs d'une signification philosophique. En fait, la seule question qui passionne vraiment Mauriac est de savoir comment la grâce parvient à triompher du péché le plus invétéré.
Mais ne serait-ce pas aussi sous l'influence du Pascal janséniste que le péché apparaît comme si puissant et la grâce si peu agissante parfois sur des créatures vouées à la médiocrité et à une quasi-mort spirituelle ?
La fidélité au Christ passe par la fidélité à l'Église, mais elle nourrit surtout la foi, l'espérance et la charité, dont retentissent de plus en plus les pages de Mauriac et qu'il résume dans les dernières lignes de Ce que je crois : "Tu existes puisque je t'aime... Croire, c'est aimer."

Ses romans

Le désert de l'amour
En 1922 et 1923, coup sur coup, parurent deux courts romans, condensés, linéaires, creusant l'analyse vivante de quelques âmes tourmentées et implacables dans leur peinture de la laideur morale et de l'égoïsme des familles :
Le Baiser au lépreux en 1922 et Génitrix en 1923.
Dans le premier, Jean Péloueyre, provincial riche, mais laid, affreusement timide, épouse, sur les conseils du curé et parce que sa richesse fait de lui "un bon parti ", une fille robuste et simple, Noémi.
Il sait vite qu'elle ne donne, à ce " lépreux qu'il croit être, ses baisers que par devoir ou par pitié.
En vain médite-t-il les écrits de Nietzsche pour apprendre à devenir un fort avec volonté de puissance.
Il analyse incessamment sa faiblesse et meurt, se disant presque que sa jeune épouse sera enfin soulagée et libre. Génitrix trace l'image d'une mère, veuve, dominatrice, qui veut maintenir son fils unique en dehors du mariage, pour le conserver tout à elle, entouré de soins qui l'emprisonnent.
Il se marie cependant. Et sa femme, malade, est en train de mourir, abandonnée, dans une chambre isolée de la maison, détestée par la belle-mère, car elle est l'intruse. Une fois disparue cependant, elle sera regrettée du fils bourrelé de remords, intérieurement révolté contre cet égoïsme paysan de sa mère qu'il sait porter aussi en lui.

D'autres œuvres bien connues allaient suivre : Le Désert de l'amour en 1925, peut-être la meilleure réussite technique de Mauriac. Il y use, comme il l'a souvent fait, de la technique de la rétrospection.
Un incident rappelle soudain à Raymond Courrèges, habitué des boîtes de nuit à Paris, son passé d'adolescent bordelais, sa solitude au sein de sa famille où il se croyait incompris et, par timidité, ne savait se faire comprendre.
Maladroitement et brutalement, il avait alors essayé de violer une femme de réputation douteuse, Maria Cross, que son père, médecin naïf et bon, idéalisait.
Elle l'avait repoussé et vexé dans sa jeune fierté. Tout ce passé et la figure pathétique de son père revivent dans ce long récit. Mauriac, grand admirateur de Proust bien qu'il reproche à son œuvre d'avoir laissé béant le trou immense que devrait remplir Dieu, était passé maître dans l'art de remémorer le passé et de l'enchâsser dans le présent.

Deux autres romans de sa quarantaine sont de grandes œuvres : Thérèse Desqueyroux en 1927 et Le Nœud de vipères en 1932.
Le premier, utilisant avec plus de virtuosité encore la technique de la rétrospection, est le dramatique monologue d'une épouse plus fine et plus intelligente que son mari, propriétaire campagnard plein de suffisance ; elle se laisse entraîner à tenter de l'empoisonner, est jugée et, par égard aux convenances familiales, acquittée.
Mise au ban de la famille, contrainte d'abandonner sa petite fille, elle ne se repent point, mais va habiter seule à Paris. Elle y vit en névrosée malheureuse ; dans une nouvelle, "Thérèse chez le docteur", et un autre roman, "La Fin de la nuit" en 1935, Mauriac est revenu à ce personnage maladif et attachant, l'un des rares protagonistes de ses romans qu'il s'est résigné à ne pas convertir in extremis.
Le Nœud de vipères est celui d'une famille avare et haineuse, et plus encore le réseau de méchanceté, de dépit, d'endurcissement dans l'égoïsme et la poursuite des biens matériels d'un riche avocat, Louis.
Il se meurt d'angine de poitrine, note dans un journal atroce de vérité le progrès de sa haine envers sa femme, ses enfants, la religion hypocrite et lui-même. Mais son " effrayante lucidité" ainsi que la quête d'un amour vrai ouvrent une voie à la grâce qui le mène à la conversion.

Controverses

Sept ou huit autres romans de Mauriac, tous reprenant un décor, une intrigue, un leitmotiv analogues, n'atteignent que par moments à la beauté de ces réussites.
La Pharisienne en 1941, atroce peinture d'une dévote rigide et privée de charité, que l'on prendrait pour une attaque contre la religion si Mauriac n'avait tant proclamé sa foi catholique, a quelques parties saisissantes.
Sartre a, dans un célèbre article, pris à partie, non sans injustice, La Fin de la nuit, pour reprocher à l'auteur de priver ses personnages de toute liberté.
Il est vrai que Mauriac a toujours été confronté au dilemme du romancier catholique : éviter le doucereux et la prédication des romanciers dits bien-pensants, peindre le mal et le vice dans leur noire vérité, ne pas fausser la vie, mais par là même risquer de rendre la chair, la passion et le mal pleins d'attraits pour le lecteur peu averti.
Aussi l'orthodoxie de Mauriac a-t-elle été mise en doute par bien des catholiques, qu'il a effarouchés, même après qu'il eut été élu à l'Académie française en 1933, décoré par les gouvernements successifs du pays, consacré par le prix Nobel en 1952 et qu'il eut prodigué depuis 1945 ses éloges éperdus au général de Gaulle.
Néanmoins, avec Bernanos et, par moments seulement, Julien Green, Mauriac représente, dans le roman de ce siècle, le sommet de la littérature catholique, hardie et jeune.
Un autre reproche a été adressé à Mauriac, dont il n'a eu nulle peine à se justifier : celui de monotonie.
Car non seulement le décor, mais les thèmes, les personnages, la technique ne varient guère d'un roman à l'autre, pas plus qu'ils ne le font chez l'auteur qu'il met au-dessus de tout autre, Racine.
Mauriac s'est expliqué sur son art dans divers écrits sur le roman, dans son Journal, dans ses Mémoires et dans de nombreux articles de journal et de revue : depuis 1951, sa veine de romancier s'étant tarie, le théâtre ne lui ayant qu'à demi réussi, il est devenu un journaliste et un moraliste, parfois bavard.
Il a du moins réfléchi assidûment sur son art : il n'a pas caché que son premier souci avait été de rester fidèle à son monde intérieur, de dépeindre le monde qu'il connaissait le mieux et les obsessions ou souvenirs qui l'habitaient, et, acceptant ses limites, de renouveler son mode d'expression, mais non ses sujets.
Il est le plus grand en effet dans sa peinture des Mal-Aimés, c'est le titre d'une de ses pièces de 1945, et de l'amour où la chair lutte contre l'esprit, mais aussi où l'esprit, selon une formule de saint Paul, convoite contre la chair.
L'amour, même quand il devrait être ennobli par le sacrement du mariage et par la progéniture, est présenté par le romancier sous un jour lugubrement féroce : femmes solitaires en vain amoureuses de jeunes hommes égoïstes, adolescents traînant dans la boue l'objet de leurs désirs, hommes mûrs endurant les tortures de la jalousie, démons de midi et du soir et démons plus avides encore de l'adolescence, " cherchant qui dévorer ".
Cette insuffisance de l'amour humain préserve les personnages de Mauriac de la satisfaction dite bourgeoise : le sentiment de l'incomplet de leur existence leur fait enfin désirer le seul vrai amour, celui de Dieu.

La vertu d'engagement

"De sorte que bien loin qu'ils aient le droit de fuir les hommes en Dieu, il leur est enjoint de retrouver Dieu dans les hommes. Qu'ils le cherchent d'abord et qu'ils le trouvent dans ceux qui souffrent persécution pour la justice, chrétiens ou païens, communistes ou juifs, car de ceux-ci, la ressemblance avec le Christ est en raison directe des outrages qu'ils endurent : le crachat sur la face authentifie cette ressemblance."
Ce texte du Cahier noir – manifeste clandestin paru sous l'occupation allemande – détient la clé d'une bonne part de l'aventure mauriacienne : l'inflexion progressive du grand bourgeois vers la gauche comme celle de l'écrivain d'imagination vers le journalisme politique, jusqu'au pamphlet.
La révolution espagnole de 1936 en fut le point de départ ; la guerre de 1940 détermina Mauriac à l'engagement qui prit de plus en plus le meilleur de son talent.
D'abord dans son Journal, ensuite au fil du"Bloc-Notes" qui passa de l'Express au Figaro littéraire, il assuma les soucis majeurs de la France et du monde et y prit résolument parti avec autant de courage que de générosité.
Polémiste redouté, il ne s'est pas montré indulgent pour les jeunes romanciers dont les tentatives allaient à l'encontre de sa technique, paraissaient renoncer à toute action nouée, à toute exploration d'un caractère, à toute poésie dans l'art romanesque. Il n'était pas tendre non plus pour les politiciens de gauche, et moins encore pour ceux de droite, qui lui semblaient incapables de reconnaître, ou de proclamer, que la France recherchait une grandeur morale et l'avait trouvée en de Gaulle. Mais, si ses mots à l'emporte-pièce et ses jugements critiques ne manquaient pas de venin, ils savaient aussi faire place à la bonté et à la compassion.
Si Mauriac a ainsi dépeint un enfer plutôt qu'une antichambre du Paradis, il exerce, moins par la noirceur de ses sujets que par la nostalgie de pureté et de poésie qui est partout en son œuvre, une fascination sur ses lecteurs.
Il a souvent répété que le roman de son époque – et il pensait sans doute au sien – ne se sauvait de la médiocrité que par la poésie qu'il exprimait.
Cette poésie éclate dans le cadre d'une technique sobre et classique, et donne à la prose de Mauriac une vibration et une richesse qui le mettent, avec Malraux et Bernanos, aussitôt après Proust parmi les romanciers modernes de la France.

Fin de vie

Son dernier roman, Un adolescent d'autrefois reçoit un accueil enthousiaste de la critique en 1969. Une suite, Maltaverne, demeure inachevée et sera publiée de manière posthume en 1972.

François Mauriac meurt à Paris le 1er septembre 1970 et est enterré au cimetière de Vémars (Val-d'Oise).

Ses œuvres complètes ont été publiées en douze volumes entre 1950 et 1956. Une édition complète de ses œuvres romanesques et théâtrales a été éditée dans la collection de la Bibliothèque de la Pléiade, en quatre volumes, parus entre 1978 et 1985 ; elle est suivie en 1990 d'une édition de ses œuvres autobiographiques.
Claude Mauriac et Jean Mauriac, ses fils, et Anne Wiazemsky, sa petite-fille, sont aussi écrivains. Luce Mauriac, sa fille, a publié un roman en 2008.
Le domaine de Malagar, à Saint-Maixant, qui fut le lieu de la fin de l'adolescence et que l'écrivain reçut en 1927 à la suite d'un partage familial, est aujourd'hui propriété du Conseil régional d'Aquitaine. Cette maison d'écrivain, transformée en centre culturel, est désormais ouverte à la visite.

Révélations sur l'homosexualité de Mauriac

S'appuyant sur des sources écrites, l'ouvrage biographique de Jean-Luc Barré s'attache au fait que François Mauriac aurait notamment brûlé de passion — dont la nature exacte n'est pas précisée — pour un jeune écrivain, diplomate suisse, Bernard Barbey22,23.
L'information selon laquelle Mauriac aurait vécu des passions, probablement platoniques pour des jeunes gens avait été donnée dans une interview de Daniel Guérin publiée dans le livre de Gilles Barbedette et Michel Carassou, Paris gay 1925 publié aux Presses de la Renaissance.
Daniel Guérin est venu confirmer cette information, vérifiable dans la correspondance qu'il a reçue de Mauriac, conservée à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, en contradiction avec la volonté de l'écrivain de la récupérer et de la détruire.

Au cours de sa vieillesse combative, courageusement acceptée, il sut retrouver également son inspiration romanesque d'antan.
Son ultime roman, Un adolescent d'autrefois, publié en 1969, ne renouvelle ni le cadre ni les thèmes de son œuvre antérieure.
Mais il est frémissant encore de vie et il constitue comme le testament d'un romancier qui, à plus de quatre-vingts ans, comprenait encore la passion, les remords et les conflits entre la chair et les aspirations de l'âme.

L' Å’uvre

Romans, nouvelles, récits
1913 : L'Enfant chargé de chaînes
1914 : La Robe prétexte
1920 : La Chair et le Sang
1921 : Préséances
1921 : Dialogue d'un soir d'hiver
1922 : Le Baiser au lépreux
1923 : Le Fleuve de feu
1923 : Genitrix
1924 : Le Mal
1925 : Le Désert de l'amour (Grand prix du roman de l'Académie française, 1926)
1927 : Thérèse Desqueyroux
1928 : Destins
1929 : Trois récits : Coups de couteau, 1926 ; Un homme de lettres, 1926 ; Le Démon de la connaissance, 1928
1930 : Ce qui était perdu
1932 : Le Nœud de vipères
1933 : Le Mystère Frontenac
1935 : La Fin de la nuit
1936 : Les Anges noirs
1938 : Plongées comprenant Thérèse chez le docteur, 1933 ; Thérèse à l'hôtel, 1933 ; Le Rang ; Insomnie ; Conte de Noël
1939 : Les Chemins de la mer
1941 : La Pharisienne
1951 : Le Sagouin
1952 : Galigaï
1954 : L'Agneau
1958 : Le Fils de l'homme
1969 : Un adolescent d'autrefois
1972 : Maltaverne (posthume)

Théâtre

1938 : Asmodée
1945 : Les Mal-aimés
1947 : Passage du malin
1951 : Le Feu sur la terre

Poésie


1909 : Les Mains jointes
1911 : L'Adieu à l'adolescence
1925 : Orages
1940 : Le Sang d'Atys
Essais, recueils d'articles
1919 : De quelques cœurs inquiets (Société littéraire de France)
1926 : La Province (Hachette ; réédition Arléa, 1988)
1928 : Le Roman (L'artisan du livre)
1928 : La Vie de Jean Racine (rééd. Paris, Perrin, 1999)
1929 : Dieu et Mammon
1931 : Souffrances et bonheur du chrétien
1933 : Le Romancier et ses personnages
1936 : La Vie de Jésus (rééd. Seuil, 1999)
1945 : La Rencontre avec Barrès (rééd. La Table ronde, 1994)
1981 : Souvenirs retrouvés - Entretiens avec Jean Amrouche, éd. Fayard/INA
1993 : Bloc-notes, Seuil, 5 vol.
1996 : Mozart et autres écrits sur la musique, éd. Encre marine
2000 : La Paix des cimes : chroniques, 1948-1955, éd. Bartillat
2004 : D'un Bloc-notes à l'autre : 1952-1969, éd. Bartillat
2008 : Téléchroniques, 1959-1964, éd. Bartillat
Mémoires
1943 : Le Cahier noir
Publié sous le nom de Forez, qui était son pseudonyme, en clandestinité, par les éditions de Minuit
1948 : Journal d'un homme de trente ans (extraits) Editions Egloff
1959 : Mémoires intérieurs
1962 : Ce que je crois
1964 : Nouveaux mémoires intérieurs
1967 : Mémoires politiques

Autobiographie

1925 : Bordeaux, version première des Commencements d'une vie (L'Esprit du Temps, 2009)
1932 : Commencements d'une vie
1953 : Écrits intimes
Scénario
1955 : Le Pain vivant (scénario et dialogue du film Le Pain vivant sorti en 1955)
Œuvres complètes
Œuvres romanesques et théâtrales complètes, dirigées par Jacques Petit, éditions Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1986-1991, 4 vol.
Œuvres autobiographiques complètes, dirigées par François Durand, éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1990.
Préface
1958 : La Nuit d'Elie Wiesel

Prix et distinctions

Grand prix du roman de l'Académie française (1926)
Membre de l'Académie française (1933)
Prix Nobel de littérature (1952)
Grand-croix de la Légion d'honneur (1958)

Hommages

En 1994, l'État et la ville de Paris rendent hommage à l'écrivain en baptisant de son nom le quai François-Mauriac, aux pieds de la Bibliothèque nationale de France, dont c'est l'adresse officielle, dans le 13e arrondissement.
Par ailleurs, deux prix littéraires portent son nom :
Le prix François-Mauriac de l'Académie française
Le prix François-Mauriac de la Région Aquitaine



Liens

http://youtu.be/rzXRTZe06jM Pivot parle de Cams et Mauriac
http://youtu.be/yCMcJdbchhA Rencontre avec François mauriac
http://youtu.be/YvPIlc0G8IY Biographie de F. Mauriac
http://youtu.be/IqxwzU0bodo Thérèse Desqueyroux (extrait du film)


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Vittorio Gassman
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Le 1 Septembre 1922 à Gênes, naît Vittorio Gassman



[Vittorio Gassman est un acteur de théâtre et de cinéma et metteur en scène italien et mort à Rome le 29 juin 2000, des suites d'une crise cardiaque.
Il est considéré comme l'un des plus grands acteurs du cinéma italien, connu pour son professionnalisme, sa versatilité et ses interprétations teintées de magnétisme.
Sa carrière comporte à la fois des productions importantes comme des douzaines de comédies légères qui le rendirent extrêmement populaire.



Sa vie

Né à Gênes de père allemand Enrico, et de Mary, mère toscane, juive Italienne, championne de basket, Vittorio Gassman passe son adolescence à Rome.
Là, outre sa passion pour le sport, il révèle des dons précoces pour l'écriture. En sortant du lycée, en 1941, il s'inscrit en droit à l'université de Rome, mais sa mère le pousse à suivre également les cours de l'Académie d'art dramatique que dirige Silvio D'Amico.
Il épousera plusieurs femmes et aura quatre enfants avec quatre femmes différentes.
En novembre 1943, il épouse la comédienne Nora Ricci.
Ils ont eu une fille née en 1945, Paola Gassman, également comédienne.
En avril 1952, il épouse la comédienne Shelley Winters.
Ils ont eu une fille, Vittoria Gassman, née le 14 février 1953.
Juliette Mayniel donne naissance à Alessandro Gassman, fils de Vittorio Gassman, le 24 février 1965.
Jacopo Gassman, né le 26 juin 1980, est le fils de la comédienne Diletta D'Andrea.
Les dernières années de sa vie, il souffre de trouble bipolaire et est souvent dépressif.

L'acteur

Repéré pour ses qualités, Vittorio Gassman fait ses débuts au théâtre dès 1943. À la fin de la guerre, après avoir été prisonnier en Allemagne, il reprend rapidement sa carrière.
Il fait partie au même titre que Nino Manfredi, Marcello Mastroianni, Alberto Sordi, Ugo Tognazzi et Monica Vitti, des monstres sacrés des comédies italiennes.
Acteur brillant, Vittorio Gassman attire aussi l'attention des producteurs : il fait ses débuts au cinéma en 1946, en participant essentiellement à des films de genre, mélodrames, adaptations littéraires ou films d'aventures.
À cette époque, Gassman n'attribue que peu de valeur artistique au cinéma ; de fait, la grande majorité des films dans lesquels il joue entre 1946 et 1958 ne sont pas d'un grand intérêt, à quelques exceptions près, excepté "Daniele Cortis" de Mario Soldati en 1946, "Riz amer" de Giuseppe De Santis et "Le Chevalier mystérieux" de Riccardo Freda en 1948.

Le théatre

À côté du cinéma, Vittorio Gassman se consacre prioritairement au théâtre.
En 1948-1949, il joue dans la compagnie dirigée par Luchino Visconti.
Les rôles qu'il interprête sous sa direction – notamment Un tramway nommé Désir – lui valent de véritables triomphes. En 1950, il est nommé premier acteur et chef de troupe du Théâtre national dirigé par Guido Salvini.
Il fait alors ses débuts dans la mise en scène avec Peer Gynt de Henryk Ibsen.
En 1952, il fonde le Teatro d'Arte italiano qu'il dirige en compagnie de Luigi Squarzina.
Il y met en scène et interprète un mémorable Hamlet. En 1955, il monte Kean genio e sregolatezza, d'Alexandre Dumas, dans la version revue par Jean-Paul Sartre, puis, en 1957, Othello.
Parallèlement, Vittorio Gassman continue à travailler pour le cinéma, mais toujours sans grande conviction.
C'est en 1958 que se produit sa véritable percée : "Le Pigeon" de Mario Monicelli révèle un véritable talent d'acteur comique que l'on n'avait pas soupçonné jusque-là.
Gassman collabore à nouveau avec Monicelli avec "La Grande Guerre" en 1959 puis plus tard avec "L'Armée Brancaleone" en 1966 et "Brancaleone aux croisades" en 1970.
Une nouvelle étape est franchie en 1962 grâce à Dino Risi qui le dirige dans La Marche sur Rome et Le Fanfaron.
Avec Risi, le comédien va tourner quelques-uns de ses films les plus célèbres : "Les Monstres" en 1963, Au nom du peuple italien en 1971, Parfum de femme en 1974, prix d'interprétation masculine au festival de Cannes en 1975, La Carrière d'une femme de chambre en 1975, Cher Papa en 1979.
Le troisième metteur en scène important dans la carrière de Gassman est Ettore Scola, qui le dirige notamment dans Nous nous sommes tant aimés en 1974, La Terrasse en 1979, La Famille en 1987, Le Dîner en 1999. Parmi les cinéastes étrangers, outre Alain Resnais , "La vie est un roman" en 1983 ou "André Delvaux Benvenuta" en 1983, il faut citer Robert Altman pour "Un mariage" en 1978 et "Quintet" en 1979.
Les succès cinématographiques de Vittorio Gassman ne lui font pas pour autant oublier le théâtre.
En 1960 est inauguré à Rome le Théâtre populaire italien, un chapiteau de 3 000 places conçu par Gassman avec l'aide technique de Giuseppe Erba, destiné à parcourir l'Italie et à permettre à un nouveau public d'accéder au monde de la scène.

Le cinéma

Gassman se livre aussi à quelques expériences cinématographiques. Il met en scène en 1956 une adaptation de la pièce dans laquelle il avait joué un an auparavant, "Kean genio e sregolatezza".
En 1968, il tourne L'Alibi en collaboration avec Adolfo Celi et Luciano Lucignani.
Dans ce film, les trois amis composent une œuvre autobiographique dans laquelle ils mêlent leurs expériences humaines et professionnelles. Gassman réalise en 1971 "Sans famille", une adaptation très personnelle du livre d'Hector Malot. Enfin, en 1981, il tourne pour la télévision "De père en fils", un film conçu et interprété par Vittorio et Alessandro Gassman à partir de scènes enregistrées depuis 1974.
Cette même année 1974 Gassman entame un véritable travail de recherche à partir des différentes mises en scène qu'il assure, par exemple Trasloco, O Cesare o nessuno , puis "Sette giorni all'asta" : Sept Jours aux enchères en 1977 – expérience limite de représentation ininterrompue pendant une semaine –, Macbeth en 1983, Affabulazione de Pasolini en 1986.
Entre l'écriture – un livre de souvenirs, Un grand avenir derrière moi publié en 1981 auquel fera suite en 1990 le roman Memorie del sottoscalo –, la mise en scène et le travail d'acteur, Gassman montre la richesse de ses diverses expériences.
Son immense talent lui permet d'interpréter au théâtre et au cinéma, avec la même perfection, des rôles appartenant à des registres complètement différents. Les grandes qualités de cet homme, son dynamisme d'histrion génial, sa volonté et sa capacité à se renouveler en permanence se retrouvent dans sa recherche de voies d'expression inédites. Sa participation à plus de 120 films, ses milliers de représentations au théâtre soulignent la place fondamentale qu'il occupe dans l'histoire du spectacle italien.


Liste de ses films

Guerre et paix (1956)
1946 : Danièle Cortis de Mario Soldati
1946 : La Fille maudite (Preludio d'amore) de Giovanni Paolucci
1947 : Les Aventures de Pinocchio (Le avventure di Pinocchio) de Giannetto Guardone
1947 : La Fille du capitaine (La figlia del capitano) de Mario Camerini
1947 : Le Juif errant (L'ebreo errante) de Goffredo Alessandrini
1948 : Le Cavalier mystérieux (Il Cavaliere misterioso) de Riccardo Freda
1948 : Riz amer (Riso amaro) de Giuseppe De Santis
1949 : Le Loup de la sila (Il lupo della Sila) de Duilio Coletti
1949 : Une voix dans ton cœur (Una voce nel tuo cuore) de Alberto Aversa
1949 : L'Épervier du Nil (Lo sparviero del Nilo) de Giaconio Gemilonto
1949 : J'étais une pécheresse (Ho sognato il paradiso) de Giorgio Pastina
1949 : Giuliano, bandit sicilien (I fuorilegge) de Aldo Vergano
1950 : Le Prince pirate (Il Leone di Amalfi) de Pietro Francisci
1951 : Anna de Alberto Lattuada
1951 : L'Héritier de Zorro (Il sogno di Zorro) de Mario Soldati
1951 : Trahison (Il Tradimento) de Riccardo Freda
1952 : La Traite des blanches (La tratta delle bianche) de Luigi Comencini
1952 : La Couronne noire (La corona negra) de Luis Saslavsky
1953 : Le Mystère des Bayous (Cry of the hunted) de Joseph H. Lewis
1953 : Les Frontières de la vie (The glass wall) de Maxwell Shane
1953 : Sombrero de John Farrow
1954 : Rhapsodie (Rhapsody) de Charles Vidor
1954 : Mambo de Robert Rossen
1955 : La Belle des belles (La donna più bella del mondo) de Robert Ziegler Leonard
1956 : Kean de Vittorio Gassman et Francesco Rosi
1956 : Guerre et paix (War and Peace) de King Vidor
1958 : La Tempête (La Tempesta), d'Alberto Lattuada
1958 : Le Pigeon (I soliti ignoti) de Mario Monicelli
1959 : La Grande Guerre (La Grande Guerra) de Mario Monicelli
1959 : L'homme aux cent visages (Il mattatore) de Dino Risi
1960 : Hold-up à la milanaise (Audace colpo dei soliti ignoti) de Nanni Loy
1961 : Le Jugement dernier (Il giudizio universale) de Vittorio de Sica
1962 : Le Fanfaron (Il sorpasso) de Dino Risi
1962 : La Marche sur Rome (La marcia su Roma) de Dino Risi
1962 : Âme noire (Anima nera) de Roberto Rossellini
1963 : Les Monstres (I mostri) de Dino Risi
1964 : Parlons femmes (Se Permettete parliamo di donne) de Ettore Scola
1964 : Il Gaucho de Dino Risi
1966 : Belfagor le Magnifique d'Ettore Scola : Belfagor
1966 : L'Armée Brancaleone (L'Armata Brancaleone) de Mario Monicelli
1967 : L'Homme à la Ferrari (Il tigre) de Dino Risi
1968 : Le prophète (Il profeta) de Dino Risi
1969 : 12 + 1 (Una su 13) de Nicolas Gessner et Luciano Lucignani : Mario
1970 : Brancaleone s'en va-t'aux croisades (Brancaleone alle crociate ) de Mario Monicelli
1971 : Au nom du peuple italien (In nome del popolo italiano) de Dino Risi
1972 : Mais qu'est-ce que je viens foutre dans cette révolution ? (Che c'entriamo noi con la rivoluzione ?) de Sergio Corbucci
1974 : Nous nous sommes tant aimés (C'eravamo tanto amati) de Ettore Scola
1974 : Parfum de femme (Profumo di donna) de Dino Risi
1976 : La Carrière d'une femme de chambre (Telefoni bianchi) de Dino Risi
1976 : Le Désert des Tartares (Il deserto dei Tartari) de Valerio Zurlini
1976 : Mesdames et messieurs, bonsoir (Signore e signori, buonanotte) de Luigi Comencini, Nanni Loy, Mario Monicelli, Ettore Scola, Luigi Magni
1976 : Âmes perdues (Anima persa) de Dino Risi
1978 : Les Nouveaux Monstres (I nuovi mostri) de Dino Risi, Mario Monicelli, Ettore Scola
1978 : Un mariage (A wedding) de Robert Altman
1978 : Deux bonnes pâtes (Due pezzi di pane) de Sergio Citti
1979 : Cher papa (Caro papà) de Dino Risi
1980 : La Terrasse (La terrazza) de Ettore Scola
1980 : Le Plus secret des agents secrets (The nude bomb) de Clive Donner
1981 : L'Anti-gang (Sharky's machine) de Burt Reynolds
1983 : Benvenuta de André Delvaux
1983 : La vie est un roman de Alain Resnais
1985 : Le Pigeon est de retour (I soliti ignoti… vent' anni dopo) de Amanzio Todini
1987 : La famille (La famiglia) de Ettore Scola
1989 : Oublier Palerme de Francesco Rosi
1989 : Les 1001 nuits de Philippe de Broca
1990 : Les Amusements de la vie privée (I divertimenti della vita privata) de Cristina Comencini
1990 : Valse d'amour de Dino Risi
1996 : Sleepers de Barry Levinson
1998 : Le Dîner (La cena) de Ettore Scola
1999 : La Bomba de Giulio Base

Théâtre

1945: La Machine à écrire de Jean Cocteau, mise en scène Luchino Visconti, Teatro Eliseo
1945: Adam de Marcel Achard, mise en scène Luchino Visconti
1945: La Route au tabac de John Kirkland, mise en scène Luchino Visconti
1946: Rebecca de Daphne du Maurier, mise en scène Guido Salvini, Teatro Quirino Rome
1948: Comme il vous plaira de William Shakespeare, mise en scène Luchino Visconti
1949: Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams, mise en scène Luchino Visconti
1949: Oreste de Vittorio Alfieri, mise en scène Luchino Visconti
1949: Troïlus et Cressida de William Shakespeare, mise en scène Luchino Visconti
1950: Peer Gynt d'Henrik Ibsen, mise en scène Vittorio Gassman
1950: Hamlet de William Shakespeare, Rome
1956: Kean de Jean-Paul Sartre
1957: Oreste de Vittorio Alfieri, mise en scène Vittorio Gassman, Théâtre des Nations
1958: Immagini e tempi d'Eleonora Duse, mise en scène Luchino Visconti
1961 : Récital One Man Show, Théâtre des Nations
1963 : Le Jeu des héros d'après Eschyle, Sénèque, Shakespeare, Luigi Pirandello, Samuel Beckett, conception et mise en scène Vittorio Gassman, Théâtre des Nations
1968 : Richard III de William Shakespeare, mise en scène Luca Ronconi, Teatro Stabile Turin
1982 : Gassman aux enchères d'après Franz Kafka (Relation à l'Académie), Boris Vian (Je voudrais pas crever), Vittorio Alfieri (Oreste, extraits), Alexandre Dumas (Kean, extraits), Luciano Codignola (Les Méfaits du théâtre), conception Vittorio Gassman, Festival d'Avignon
1983 : Gassman aux enchères, Théâtre Mogador
1987 : Affabulazione de Pier Paolo Pasolini, mise en scène Vittorio Gassman, MC93 Bobigny

Récompenses

1975 : Prix d'interprétation masculine du Festival International du Film de Cannes pour Parfum de femme (Profumo di donna) de Dino Risi

Distinction


Chevalier grand-croix de l'Ordre du Mérite de la République italienne (1994)

Doublage français

Jean-Claude Michel dans :
La Marche sur Rome
Mais qu'est-ce que je viens foutre dans cette révolution ?
Nous nous sommes tant aimés
Un mariage
La Terrasse
Valse d'amour
Sleepers
Georges Aminel dans :
Le Fanfaron
Les Monstres
Parfum de femme
Âmes perdues
La Carrière d'une femme de chambre
L'Anti-gang
Michel Roux dans :
Parlons femmes
12 + 1
Marc Valbel dans Le Cavalier mystérieux
Roger Rudel dans Sombrero
Serge Lhorca dans Guerre et Paix
Marc Cassot dans Le Pigeon
Jean Claudio dans La Grande Guerre
Jean-Louis Jemma dans Barabbas
Dominique Paturel dans Histoire d'aimer
Jacques Deschamps dans Le Pigeon est de retour

Pour les films franco-italiens des années 1980, aux côtés notamment de Fanny Ardant, il s'est lui-même exprimé en français.


Liens

http://youtu.be/nRS0Ud2OR7Q La plus belle femme du monde Gina Lollobrigida & Vittorio Gassman 1955
http://youtu.be/xneLtwIl_no Vittorio Gassman
http://youtu.be/U7-AXYcskfY Parfum de femme extrait

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Louis XIV
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Le 1 Septembre 1715 s'éteint le ROI SOLEIL, le roi absolu, Louis XIV,

roi absolu, personnage éminent de la royauté française, icone et symbole d'une royauté triomphante, disparaît après 54 ans de règne sans partage.


Louis XIV est un des personnages historiques sur lesquels l'attention demeure portée, sans que nul historien puisse prétendre donner de lui une image certaine et définitive.
Qu'il ait influencé directement les destinées françaises et qu'à ce titre on ne puisse imaginer l'histoire de la France sans lui, nul doute. Mais, parce que son règne a curieusement associé une incontestable gloire à de très lourds malheurs pour la nation, il a été extrêmement loué ou critiqué et ses historiens se sont souvent partagés entre apologistes et détracteurs. On doit observer qu'il est beaucoup plus malaisé à comprendre pour des hommes de la fin du XXe siècle que pour ceux du début, parce que les profondes mutations de la société française au cours de cette période ont fait disparaître des aspects de la mentalité collective qui demeuraient, il y a soixante-dix ans encore, relativement proches du XVIIe siècle. En revanche, les renouvellements de la méthode historique, surtout des études érudites sur les conditions de vie en France au temps de Louis XIV, autorisent une meilleure intelligence du pays sur lequel son action s' étend
La période du règne personnel s'étend de 1661 à 1715, soit pendant cinquante-quatre ans, période du gouvernement effectif du souverain.
C'est par le travail que l'on règne, disait Louis XIV ; il a mis ce principe en pratique, jour après jour, par son assiduité aux affaires. Au Conseil d'en haut, véritable moteur de la monarchie, il a pris, avec un très petit nombre de ministres, les résolutions les plus importantes. Obtenir l'obéissance à l'intérieur, assurer la réputation de la France au-dehors étaient les règles essentielles de sa politique.
Ses décisions avaient force de loi, elles étaient la loi même, en vertu de l' absolutisme royal, élaboré à la fois par la tradition féodale qui tenait le roi pour suprême suzerain et suprême juge et par les légistes imbus de droit romain, concevant l'autorité royale comme aussi indivisible que le point en géométrie et le roi comme arbitre, au nom de l'intérêt public, entre les divers ordres et les groupes de privilégiés, chaque groupe, même dans le tiers état, ayant ses privilèges et libertés.
L'obéissance à l'intérieur signifiait donc la fidélité de la noblesse, la soumission de tous à la décision royale, la nécessité de la présence d'agents du pouvoir central, officiers et intendants.

La monarchie a ainsi reçu un caractère administratif plus marqué. Le prestige au-dehors impliquait une force militaire redoutable, afin d'appuyer les revendications vis-à-vis de l'étranger, la guerre, qui procure la gloire au vainqueur, devenant le recours normal, lorsque l'honneur est en question.
À la tentation de la guerre, Louis XIV a peu résisté, mais les guerres, perdant leur caractère chevaleresque, sont devenues de plus en plus affaire de nombre, de discipline et de tactique.
Elles réclamaient des sommes de plus en plus élevées au trésor royal, en fait à l'impôt. Les ressources le permettaient-elles ? Pouvait-on rendre le pays plus riche et en recueillir un impôt augmenté sans cesse, mais qui parût à la fois supportable et équitable ?

À cela s'ajoutait ce qu'on appelle aujourd'hui les réactions de mentalité collective. La fonction royale jouissait d'un rayonnement quasi religieux.
Représentant de Dieu selon une conception hiérarchisée du monde, ayant reçu au sacre des charismes particuliers, le roi bénéficiait dans sa personne d'un prestige indiscutable.
À une société patriarcale, il apparaissait comme le père par excellence, ses peuples étaient ses enfants.
Or "les peuples se plaisent au spectacle, disait Louis XIV. Par là, nous tenons leur esprit et leur cœur."
D'où, ceci venant à la fois de la Renaissance et du caractère rituel de l'Église, le cadre magnifique où la vie du roi doit se dérouler comme une cérémonie.
La cour, Versailles, Fontainebleau, Saint-Germain répondaient à cette quête de prestige.


Une enfance marquée par la Fronde


Anne d'Autriche et Louis XIV enfant
Héritier longtemps désiré, Louis, né le 5 septembre 1638 au château neuf de Saint-Germain-en-Laye, devient roi à cinq ans, à la mort de son père, Louis XIII, en 1643. Sa mère, Anne d'Autriche, lui préfère son frère cadet Philippe, le futur Monsieur ; délaissé par elle, il grandit solitaire et se renferme de bonne heure sur lui-même. Là est peut-être l'origine de sa méfiance envers les hommes, de son goût du secret, qui sera une des règles de sa politique.

Chassé de sa capitale à l'âge de dix ans par la Fronde parlementaire, traqué avec sa mère par la Fronde des princes sur les routes de France jusqu'en 1652, il en restera profondément marqué ; de là peut-être plus tard sa volonté de brider les parlements, de fixer la résidence royale en dehors de Paris et d'y museler la noblesse.

Une formation précoce à l'art de gouverner…Mazarin

Cette adolescence agitée et nomade, si elle est néfaste à sa culture livresque, lui apprend à connaître très tôt les hommes et les choses de son royaume.
En outre, le cardinal Mazarin, son parrain, investi de la confiance de la reine régente et qui gouverne en son nom de 1643 à 1661, l'a très tôt initié au gouvernement.
Dès le 18 mai, soit quatre jours après la mort de son père, Louis XIV a tenu son premier lit de justice, séance royale du parlement, qui a consacré la puissance de la régente, aux dépens de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII, et surtout au profit de Mazarin.
Celui-ci, nommé le 15 mars 1646 surintendant au gouvernement et à la conduite du roi, lui enseigne donc les intrigues européennes, l'art d'acheter les consciences et de gouverner, le rôle, enfin, des mariages diplomatiques.… et à l'art militaire
Le marquis de Villeroy, le gouverneur du jeune roi, est chargé de lui inculquer l'art militaire, tandis que ses différents confesseurs, issus des jésuites, lui transmettent leur hostilité au jansénisme.
Son premier précepteur est Hardouin de Péréfixe, qui se consacre particulièrement à apprendre l'histoire de France au jeune roi, et cherche à lui donner le goût des classiques, à travers, par exemple, les Commentaires sur la conquête des Gaules, de Jules César.

Dès 1646, le roi s'initie à l'ambiance de la guerre au camp militaire d'Amiens, qui est alors l'un des lieux de rassemblement, avec Compiègne, de l'armée en campagne ; par la suite et jusqu'en 1693, Louis XIV passera une importante partie de son temps aux armées : de deux à trois mois par an en moyenne, et jusqu'à cinq mois durant la seule année 1673.

Sous l'égide de Mazarin, Mazarinade

La majorité du roi est proclamée le 7 septembre 1651, alors que des états généraux sont convoqués pour le lendemain à Tours – cette promesse a pour but de calmer les gentilshommes frondeurs, et la proclamation de la majorité du roi vise à empêcher son oncle Gaston d'Orléans ou le prince de Condé de chercher à s'emparer de la régence.
En réalité, Mazarin, depuis son exil en Allemagne, continue à diriger le roi et le Conseil de régence grâce à Anne d'Autriche.

Un jeune roi averti et méfiant

Quand il peut rentrer dans Paris enfin calme, en octobre 1652 – il est âgé alors de quatorze ans –, Louis XIV fait arrêter l'intrigant cardinal de Retz avant même le retour de Mazarin, annonçant ainsi le style de gouvernement autoritaire et déterminé qui va être le sien.
Louis retire de ces épreuves la conviction que l'autorité monarchique ne peut se partager avec les nobles les plus en vue, tandis qu'il conservera sa confiance aux serviteurs loyaux de Mazarin – qui étaient le plus souvent des personnages issus de la petite noblesse ou de grands bourgeois anoblis depuis peu.
Cette confiance réservée à quelques serviteurs dévoués – Michel Le Tellier, Hugues de Lionne, Nicolas Fouquet, vite écarté par Colbert, Louvois, puis, sur la fin du règne, Chamillart ou Villeroy – sera néanmoins assortie d'une méfiance universelle et d'un goût prononcé de la dissimulation.
Après le retour de Mazarin à Paris, 3 février 1653, Louis XIV laisse son parrain diriger les affaires de l'État, même s'il s'y intéresse de plus en plus, convaincu qu'un roi n'est pas fait que pour régner mais également pour gouverner.
Il est sacré à Reims le 7 juin 1654.

L'Espagne, enjeu du mariage de Louis XIV, Mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche

Malgré l'amour de son élève pour sa propre nièce, Marie Mancini, le cardinal impose à Louis XIV d'épouser l'infante d'Espagne Marie-Thérèse.
Couronnement de sa politique, qui triomphe en 1659 au traité des Pyrénées, la paix avec l'Espagne – avantageuse pour la France qui reçoit l'Artois et le Roussillon – est scellée par le mariage célébré le 9 juin 1660 à Saint-Jean-de-Luz.
Longuement négociées à partir de 1658, les clauses comprennent la renonciation par Marie-Thérèse à ses droits éventuels sur la succession espagnole, avec, en outre, le paiement, par l'Espagne, d'une dot d'un demi-million d'écus d'or, somme énorme que l'Espagne ne pourra pas payer.
Ainsi, dès son mariage, un axe fondamental de la politique extérieure de Louis XIV – l'affrontement avec l'Espagne – est-il tracé par Mazarin.


La devise du roi.


NEC PLURIBUS IMPAR : SUPERIEUR A TOUS
Voltaire rappelle dans son Histoire du siècle de Louis XIV l’épisode de la célèbre devise du Roi-Soleil.
Louis Douvrier, un médailliste antiquaire, eut l’idée en prévision du prochain carrousel de 1662, d’attribuer un emblème et une devise à Louis XIV qui n’en avait pas.
Cet ensemble ne plut pas au roi qui le trouva ostentatoire et prétentieux.
Douvrier, pour assurer malgré tout le succès de sa production, la promut discrètement auprès de la Cour qui s’enthousiasma de cette trouvaille et y vit l’occasion de montrer son éternel esprit de flatterie.
Le blason comportait un globe éclairé par un soleil étincelant et la devise : nec pluribus impar en latin.
Les héraldistes contemporains furent prompts à y voir un plagiat d’un ancien blason ayant appartenu à Philippe II d'Espagne qui signifiait pour la circonstance :
"Suffisant à toutes les étendues".
On fit alors remarquer que ce roi d’Espagne possédait encore à cette époque un empire où le soleil ne se couchait jamais. On détourna donc le sens de cette devise vers la personnalité du roi qui n’en demandait pas tant.
Cela lui fit tort car elle lui attribua une attitude hautaine, distante et orgueilleuse qu’il n’avait pas.
D’ailleurs, Louis XIV refusa toujours de s’en parer et ne la porta jamais dans les carrousels. Il semble que par la suite il ne fit que la tolérer pour ne pas décevoir ses courtisans.
Traduire la devise par non inférieur à plusieurs paraît d’abord un mot à mot plutôt indigent et n’a pas beaucoup de sens si elle s’adresse au soleil.
La formule latine trop abrupte et construite en litote permet ainsi toutes les traductions. Charles Rozan rapporte dans un ouvrage la parole que Louvois adressa au roi quand celui-ci déplorait le sort de Jacques II d'Angleterre chassé de son pays :
"Si jamais devise a été juste à tous égards, c’est celle qui a été faite pour votre Majesté : Seul contre tous . De fait, le roi dut déclarer la guerre à l’Angleterre, les Provinces-Unies, l’Espagne et le Saint-Empire, avec l’espoir de rétablir son cousin sur le trône."
Enfin, la ville de Neuf-Brisach qui doit tant au Roi-Soleil, arbora à cette époque la devise du souverain : Nec pluribus impar, avec le sous-titre inattendu de « sans pareille ». Faisant abstraction du symbole solaire, on peut dire également que Louis XIV fut un roi sans pareil.
Napoléon Ier en dictant ses mémoires jugeait de son côté :
"Le soleil lui-même n’a-t-il pas de taches ? Louis XIV fut un grand roi. C’est lui qui a élevé la France au premier rang des nations. Depuis Charlemagne, quel est le roi de France qu’on puisse comparer à Louis XIV sous toutes ses faces."
Louis XIV, une force de la nature


Le monarque absolu, Un roi qui règne et gouverne par lui-même

À la mort du cardinal Mazarin, en 1661, Louis XIV décide de gouverner par lui-même – une exception dans l'Europe d'alors, où ministres et favoris gouvernent au nom des rois.
Il élimine d'un coup le surintendant des Finances, Fouquet, accusé de prévarication, manquement aux obligations de sa charge, et donne sa confiance à Colbert, que Mazarin lui a recommandé.

L'oint du Seigneur

De 1661 à 1715, cette volonté de gouverner par lui-même ne se relâchera jamais.
Louis XIV exerce ce qu'il appelle le métier de roi avec la conscience – puisée dans la conviction profonde de ses devoirs envers Dieu, des devoirs de ses sujets envers lui – d'être l' oint du Seigneur, le représentant de Dieu sur terre. Il écrira dans ses Mémoires : Ce qui fait la grandeur et la majesté des rois n'est pas tant le sceptre qu'ils portent que la manière de le porter.
C'est pervertir l'ordre des choses que d'attribuer la résolution aux sujets et la déférence au souverain.
C'est à la tête seule qu'il appartient de délibérer et de résoudre et toutes les fonctions des autres membres ne consistent que dans l'exécution des commandements qui leur sont donnés.

Le champion de l'absolutisme, Louis XIV et sa famille

L'essence de sa doctrine politique, l'absolutisme, auquel Richelieu et Mazarin avaient préparé la voie et dont Louis XIV est le champion, est contenue dans les réflexions qu'il formule dans ses Mémoires.
Elles expliquent sa politique étrangère brutale, son orgueil, son égoïsme, ses erreurs tragiques, telles la révocation de l'édit de Nantes ou la persécution des jansénistes, avec la prétention d'imposer sa loi aux consciences mêmes de ses sujets.
Pareillement, elles font comprendre pourquoi le roi sera toute sa vie un travailleur acharné, passionnément attaché à remplir toutes les charges de son métier , à en goûter tous les plaisirs aussi.
Il sera aidé par sa constitution particulièrement robuste, qui était capable de résister à tous les excès, ceux du travail, de la chasse, de la table, de l'amour, de la maladie.
En cela, Louis XIV ressemble plus à son grand-père Henri IV qu'à son père Louis XIII.
Le roi et ses favorites

De son aïeul, Louis XIV a le tempérament amoureux.

Ses maîtresses sont en effet nombreuses : Louise de Lavallière, Françoise de Montespan, Marie-Angélique de Fontanges ne sont que les plus célèbres et les plus durables de ses innombrables passions.
Il comblera de biens ses différents bâtards, qu'il légitimera, surtout les deux fils de Mme de Montespan, le duc du Maine et le comte de Toulouse ; il prendra soin, en outre, de les marier à sa descendance légitime Louis XIV eut six enfants de la reine, dont seul survécut Louis, dit le Grand Dauphin.
Ainsi, il obligera son neveu Philippe d'Orléans, à épouser Mlle de Blois, fille de Mme de Montespan, ou bien une petite-fille du Grand Condé à s'unir au duc du Maine.
Mais l'influence des maîtresses sur les affaires du royaume est à peu près nulle, de par la volonté même du roi.
Madame de Maintenon, qu'il a épousée secrètement en 1683, après la mort de la reine Marie-Thérèse, joue néanmoins un rôle discret à la fin de sa vie, assistant par exemple aux réunions particulières du roi avec ses ministres ou avec les ambassadeurs étrangers.
Il est probable qu'elle a influencé le roi en lui recommandant certains gentilshommes – ainsi, le maréchal de Villeroy, ou Daniel Voysin, qui devint chancelier en 1714.

Imbu de la grandeur de son rôle

C'est toujours le roi et non l'homme privé qui s’impose, au point que l'homme s'estompe et disparaît derrière le Roi-Soleil, toujours en représentation et contraint par le cérémonial de l'étiquette, héritage maternel d'ailleurs plus dans la tradition espagnole que française.

Est-ce l'effacement de l'individu derrière le personnage royal qui a empêché l'histoire de rendre justice à Louis XIV ?
Il faut sans doute faire l'effort de replacer le personnage dans son époque et de le comprendre en fonction d'un univers mental si différent du nôtre.
Si certains l'ont louangé exagérément, d'autres en ont fait le type du monarque absolu, tyrannique, égoïste et soucieux de sa seule gloire, Louis XIV ne fut pas si différent des autres souverains de son temps, mais, à cause de la force de son royaume, de l'exceptionnelle pléiade de génies qui illustrent son règne, du sentiment particulièrement aigu aussi qu'il avait de la grandeur de son rôle, il accentua seulement – certes jusqu'au paroxysme – l'absolutisme.
Tendance politique qui est celle de l'époque, des Provinces-Unies de Guillaume d'Orange à l'Angleterre des Stuarts ou au Brandebourg du Grand Électeur allemand.
Fidèle à la tradition de roi thaumaturge, Louis XIV pratiqua le toucher des écrouelles, ces lésions cutanées que les rois de France étaient censés guérir par attouchement, et fut même l'un des rois qui le pratiqua le plus.

Le Roi-Soleil

Un cérémonial quotidien parfaitement réglé
Louis XIII avait voulu poser une distance entre lui-même d'une part, sa noblesse et son peuple d'autre part. Louis XIV introduit à l'inverse un cérémonial complexe, qui permet à chacun de voir le roi. La seule condition pour approcher la personne royale est de respecter un ordre de préséance précis et un cérémonial régulier, que la cour de France n'avait jamais connus auparavant, même au temps d'Henri III.
Tout, dans la vie quotidienne du Roi-Soleil, est parfaitement réglé, voire minuté.
Le roi se lève vers huit heures et demie, et les courtisans pouvent alors assister au petit lever, puis au grand lever.
De neuf heures et demie à midi, le roi se consacre au Conseil, puis il va entendre la messe, et va ensuite dîner .
Après le repas, le roi prend quelques instants de repos, se promenant dans ses jardins, puis l'après-midi est de nouveau consacrée aux affaires.
Certains soirs, le roi reçoit ses courtisans à partir de dix-neuf heures, puis il soupe vers vingt heures, pour se coucher vers minuit, après le rituel du grand coucher et du petit coucher, qui s'achève vers minuit et demie, voire une heure du matin.

Le soleil de Versailles, Louis XIV en Apollon

Au château de Versailles, la chambre du roi occupe le centre du bâtiment, et se situe au départ des axes qui s'ouvrent du château vers Versailles.
Les appartements des princes royaux, princes du sang, puis des autres membres de la noblesse sont assignés en fonction de la place de chacun dans la hiérarchie royale.
Dans son château, Louis XIV est à la fois le Soleil, donc Apollon – le rythme du lever et du coucher du roi semblant régler la course de l'astre –, et Jupiter à l'image de certaines représentations de la galerie des Glaces dans lesquelles un Louis-Jupiter guerrier brandit la foudre et écrase ses ennemis.

Les fastes de la Cour

Le règne du Roi-Soleil est marqué par de nombreuses fêtes, au cours desquelles le souverain exhibe les fastes de sa cour.
Ainsi, du 6 au 13 mai 1664, au château de Versailles, qui n'est alors qu'une "maison de campagne ", ancien rendez-vous de chasse de son père), Louis XIV fait donner les fêtes des "Plaisirs de l'île enchantée" , au cours desquelles sont représentés plusieurs ballets, pièces de théâtre, dont les Fâcheux et le Mariage forcé, de Molière et autres amusements marqués par la magnificence royale.
En 1698, le roi organise pour son petit-fils, le duc de Bourgogne, une fête militaire à Compiègne, qui dure vingt-cinq jours, et coûte environ seize millions de livres.
Il s'agit à la fois d'instruire le duc de Bourgogne et de proclamer la gloire du roi un an après les traités de Ryswick.
La Cour tout entière doit jouer de véritables réceptions pour les personnages importants, chacun y tenant un rôle qui est d'abord fonction de son rang, le roi y compris.

Le mécénat royal

On ne saurait énumérer ici toutes les gloires littéraires, artistiques ou scientifiques du règne de Louis XIV, mais il faut s'interroger sur l'action personnelle du roi et de son gouvernement dans ce domaine.

Le règne de la censure

Il y a d'abord, moins connu, tout un aspect négatif du gouvernement des esprits, semblable à ce qui se passe dans toute l'Europe d'alors, à l'exception toutefois des Provinces-Unies et de l'Angleterre d'après 1688.
La politique suivie à l'égard de l'édition en est révélatrice.
Les imprimeurs sont réduits en nombre pour rendre leur surveillance plus facile, puis, en 1666, une censure impitoyable et tatillonne s'exerce, les écrivains coupables sont frappés d'amendes, d'emprisonnement, de bannissement ou de galères.
Le remarquable, malgré ces mesures répressives, c'est la magnifique floraison littéraire du règne.
Le roi, seul mécène
Dans tous les domaines, le roi veut être le seul mécène. Colbert, en qualité de surintendant des Bâtiments, le seconde dans cette tâche.
En 1671, Louis XIV loge l'Académie française chez lui, dans son Louvre, et en devient le protecteur.
Académie royale de peinture et sculpture avec Le Brun comme directeur, Académie royale d'architecture, dont le roi nomme lui-même les membres, Académie de France à Rome sont créées ou refondues durant les dix premières années du règne.

Écrivains et artistes

Louis XIV pensionne les artistes. Molière, dont il impose le Tartuffe contre l'Église et les dévots, lui doit presque tout. Racine est son historiographe, chargé d'écrire officiellement l'histoire du souverain, et le roi finit par autoriser La Fontaine, qu'il n'aime pas, à entrer à l'Académie française.
Passionné de musique et de ballets, il donne à Lully pleins pouvoirs en matière musicale.
Louis XIV fait en tous domaines aussi bien appel à des étrangers de talent, qu'il comble de biens ; ainsi des sculpteurs italiens comme le Bernin ou Filippo Caffieri.
Il appelle en outre une quantité d'étrangers, surtout italiens, les verriers vénitiens ou flamands, qui travaillent en sa Manufacture royale des meubles de la Couronne en 1667.

Architectes

Certes, Louis XIV bénéficie de l'extraordinaire foule de génies qui illustrent le début de son règne, et qui sont un héritage de Mazarin et de Fouquet, les trois créateurs de Versailles : Le Vau, Le Brun et Le Nôtre, sont ceux qui avaient construit le château de Vaux-le-Vicomte.
Mais il a le mérite de poursuivre ce mécénat en soutenant de son autorité et de ses deniers les plus grands talents de son temps.
L'art royal par excellence, l'architecture, donne un de ses chefs-d'Å“uvre sous Louis XIV.
La création de Versailles, malgré l'opposition de Colbert, est imposée et dirigée par le roi.
Admirable concert de pierres, de verdure, d'eau et de fleurs, le palais de Versailles et les fêtes splendides qui s'y donnent sont le meilleur ambassadeur du rayonnement français à l'étranger.
Mais Versailles ne doit pas faire oublier d'autres constructions importantes : la colonnade du Louvre conçue par Claude Perrault, l'hôtel des Invalides, les portes Saint-Denis et Saint-Martin, les quais de la Seine, le Trianon et Marly, construit pour lui et ses amis, Versailles l'étant pour ses courtisans par Jules Hardouin-Mansart, et dont il ne reste plus que le parc et ses pièces d'eau.

Savants et hommes de science

Le roi protège aussi les savants, qui sont regroupés à l'Académie royale des sciences, fondée en 1666.
L'Observatoire de Paris, construit en 1667, reste une des plus belles réalisations du règne : il est organisé par Cassini, que Louis XIV fait venir d'Italie et qui est le premier d'une lignée de savants remarquables.
Le Hollandais Huygens travaillera à cet Observatoire, où il confirmera, par exemple, les théories d'Olaüs Römer sur la vitesse de la lumière.
Au Jardin des plantes officinales du Roi, actuel Jardin des plantes, où exerce le grand botaniste Joseph Pitton de Tournefort, la circulation du sang à la découverte de laquelle contribue un Français, Jean Pecquet, est enseignée dès 1673.

Le roi, la foi, l'Église

Des intérêts du Ciel, pourquoi vous chargez-vous ? interroge Molière dans le Tartuffe. En matière de foi, Louis XIV semble avoir hérité de sa mère une piété à l'espagnole, plus formaliste que profonde ; mais cette piété se manifeste assez tard, l'âge venu et sous l'influence de Mme de Maintenon.
Dans les premières années du règne, le jeune souverain, dominé par ses passions et qui soutient le Tartuffe de Molière, fait plutôt songer à un jeune prince quelque peu libertin.
Il ne s'est pas moins impliqué pour autant dans les affaires religieuses du royaume dès le début de son règne et celles-ci, occupant une place importante, constituent sans doute l'aspect le plus négatif de sa politique ; en effet, le combat contre le jansémisme et le protestantisme — au nom de l'unité de la foi – est un facteur d'affaiblissement de la cohésion du royaume.

Le roi contre le pape

Louis XIV affirme son indépendance à l'égard de la papauté et son autorité sur l'Église de France. Entré en conflit avec le pape Innocent XI, en 1673, il fait rédiger par Bossuet la Déclaration des quatre articles 1682 qui érige le gallicanisme en politique d'État.
Condamnée par le pape Alexandre VIII en 1691, cette Déclaration sera retirée en 1693, en raison des difficultés extérieures du royaume.

La lutte contre le jansénisme

Abbaye de Port-Royal

Hostile aux jansénistes, Louis XIV les prive de l'abbaye de Port-Royal.
Loin de réussir, la lutte du roi contre le jansénisme va faire de la secte persécutée le lieu de rencontre, à la fin du règne, de toutes les oppositions, jusqu'à ce que la bulle Unigenitus en 1713)– qui aura de nombreux adversaires – scelle son union avec le gallicanisme parlementaire et antiabsolutiste pour toute la durée du XVIIIe siècle.

La révocation de l'édit de Nantes

À l'égard des protestants, Louis XIV adopte une politique tout aussi répressive, qui se manifeste par les dragonnades ,mesures de cocercition pour héberger les dragons royaux et qui culmine, en 1685, par la révocation de l'édit de Nantes. Dès lors le protestantisme n'a plus d'existence légale en France ; il en résultera un exode massif des réformés.
Pour en savoir plus, voir l'article révocation de l'édit de Nantes.

La puissance, la gloire et la guerre

Ce qui fut la passion dominante de la vie de Louis XIV est bien connu.
Il l'écrit lui-même : "Vous remarquerez toujours en moi la même passion pour la grandeur de l'État, et la même ardeur pour la véritable gloire." – gloire de son royaume, qui se confondait pour lui avec la sienne propre.

Trente et une années de guerre

" J'ai trop aimé la guerre. "
Ainsi le roi se serait-il exprimé sur son lit de mort.
S'il n'est pas certain que le roi ait prononcé ces paroles, en revanche, ses Mémoires ne laissent aucun doute quant à l'attrait de la guerre pour lui.
À propos de la possibilité qui s'offrait à lui, en 1665, de déclarer la guerre soit à l'Espagne, soit à l'Angleterre alors en lutte avec les Provinces-Unies, Louis XIV écrit :
"J'envisageais avec plaisir le dessein de ces deux guerres comme un vaste champ où pouvaient naître à toute heure de grandes occasions de me signaler".
Le règne personnel de Louis XIV comprend, en effet, trente et une années de guerres contre vingt-trois années seulement de paix.
La réussite qu'était la remise en ordre de l'État par Colbert, durant les dix premières années du règne, n'était, aux yeux du roi, que le moyen de réaliser son rêve de gloire militaire.
Ce fut lui seul qui décida vraiment de sa politique extérieure, dont le seul facteur d'unité sera la direction royale orientée vers la grandeur. Louvois lui avait forgé une excellente armée, Colbert une bonne marine, Vauban avait entouré la France d'une admirable ceinture de fortifications.
Louis XIV donna au corps unique roupant toutes les formations affectées à sa maison militaire le nom de Maison du roi.

Guerre de Dévolution ou des "Droits de la Reine" 1667-1668

Contre l'Espagne. Droits de la reine sur le Brabant. Énorme supériorité de la France. Promenade militaire.
Paix d'Aix-la-Chapelle.
Restitution de la Franche-Comté à l'Espagne.
Les places conquises aux Pays-Bas en 1667 sont gagnées par la guerre contre la Hollande et la 1re coalition en 1672-1678
Invasion de la Hollande. Résistance inattendue du pays.
– 1673 : coalition européenne contre la France (Empire, Espagne, Lorraine).
– 1674 : conquête de la Franche-Comté. Victoire de Condé à Seneffe.
– 1675 : en Alsace, admirable campagne d'hiver de Turenne, victorieux à Turckheim.
-Paix de Nimègue 1678-1679 : Acquisition de la Franche-Comté, du reste de l'Artois, du pays de Cambrai et de Maubeuge.

Le Roi dans son Conseil, arbitre de la paix et de la guerre

La politique des réunions commencée dès 1679 par Louis XIV, qui exploite systématiquement les clauses douteuses des traités antérieurs, exaspère l'Europe : réunion des villages dépendant anciennement des Trois-Évêchés, d'Alsace, du pays de la Sarre, de Luxembourg ; surtout, en 1681, réunion de Strasbourg.
L'avance turque arrête d'abord la coalition. Mais, en 1683, l'empereur est victorieux au Kahlenberg.
En 1686, formation de la ligue d'Augsbourg.
En 1688, l'invasion de Cologne et du Palatinat met le feu aux poudres. Coalition de l'Europe entière contre Louis XIV.
Malgré les victoires du duc de Luxembourg à Fleurus 1690, Steinkerque 1692, Neerwinden 1693 et de Nicolas Catinat à La Marsaille 1693, l'équilibre des forces fait durer la guerre.
Des réunions , la France garde seulement Strasbourg. Louis XIV reconnaît Guillaume d'Orange roi d'Angleterre.

Guerre de la Succession d'Espagne 1701-1714

Par son testament, Charles II d'Espagne lègue ses États au petit-fils de Louis XIV, le duc d'Anjou, qui devient Philippe V.
Après des succès initiaux, défaites de Höchstädt en 1704, de Ramillies en 1706 infligées par le duc de Marlborough. La sanglante bataille de Malplaquet 1709, où Villars et Boufflers s'affrontent au duc de Marlborough et au Prince Eugène, est une demi-victoire. Les coalisés y perdent la moitié de leurs effectifs de 43 000 hommes, et la France seulement 7 000 hommes.
En Espagne, la victoire de Villaviciosa en 1710 sur les coalisés rétablit la situation de Philippe V. La victoire inespérée de Villars à Denain, 1712 ouvre la voie aux pourparlers.
Traités d'Utrecht en 1713 et de Rastatt en 1714.
La France revient aux limites de Ryswick, mais perd les portes du Canada, Acadie, Terre-Neuve; les clauses économiques, surtout, sont très défavorables pour elle, au profit de l'Angleterre. Si Philippe V reste roi d'Espagne, il perd les Pays-Bas et ses possessions italiennes, Milanais, Naples et Sicile.

L'agrandissement du royaume de France sous Louis XIV

En ce qui concerne l'agrandissement territorial, le succès de la politique de Louis XIV est incontestable.
La frontière du Nord est définitivement constituée avec la conquête de l'Artois, du Cambrésis, du pays de Maubeuge et de Givet. Celle de l'Est, avec la conquête de l'Alsace, s'avance désormais jusqu'au Rhin, et l'enclave lorraine, entourée de trois côtés, n'est pas dangereuse.
La Franche-Comté complète bien cette frontière.
Dans le Sud, le Roussillon a été acquis définitivement à la France en 1659. À l'intérieur, des principautés étrangères anachroniques, comme Orange et le Charolais, ont été réunies. Ainsi, à l'exception de la Lorraine, de la Savoie, de Nice et d'Avignon, ce sont déjà les limites actuelles de la France.


L'économie et la guerre, Le coût des guerres

Au point de vue économique, il en va tout autrement.
Le poids de la guerre a obligé l'État à renoncer aux meilleurs résultats acquis par Colbert. Après 1674, il n'y aura plus jamais de tout le règne d'équilibre financier et, dès 1676, le déficit est de 24 millions de livres. Il faut revenir aux affaires extraordinaires : vente d'exemption de tailles, vente d'offices, vente du Domaine, augmentation des impôts, emprunts.
Toutes ces mesures contribuent à accroître les difficultés résultant, déjà, d'une phase économique défavorable.
L'enjeu du commerce
Les causes économiques des guerres sont d'ailleurs prépondérantes. Colbert lui-même pousse à la campagne contre la Hollande, qui gêne notre commerce.
Après les traités de Nimègue, néanmoins, et avant la guerre contre l'Europe en 1689 (guerre de la ligue d'Augsbourg), la France est encore prospère et reste très puissante. On n'expliquerait pas autrement qu'elle ait pu résister à vingt-deux années de guerre.
Le commerce, notamment, avec la richesse grandissante de Marseille et de Saint-Malo, est florissant, et la guerre contre notre commerce explique la lutte de la Hollande et de l'Angleterre contre la France en 1689.
Les Français les concurrencent en effet en Asie, en Méditerranée, en Afrique sur la Côte des Esclaves, à Cadix, en Amérique, grâce à des négociants remarquables et à une bonne marine de commerce soutenue par une marine de guerre neuve et entreprenante.

Le redressement

La guerre de la ligue d'Augsbourg, conjuguée avec la crise de 1693-1694, épuise l'économie du pays.
De 1697 à 1701, on assiste pourtant à un redressement dû au soulagement fiscal, à l'abondance du travail liée à la paix et à la reprise du grand commerce. Les négociants français envahissent l'Amérique espagnole, le Pacifique et la Chine, si bien qu'on voit éclore, en quelques années, six compagnies de commerce créées par des capitaux malouins, rochelais, parisiens et nantais.
Le Conseil de commerce, dominé par ces grands marchands, fait pénétrer les intérêts de ceux-ci au sein du gouvernement et influence Louis XIV au moment de la succession espagnole.
Mais ces quatre années de répit sont insuffisantes, et les traités qui mettent fin à la guerre de la Succession d'Espagne vont consacrer la prépondérance économique de l'Angleterre pour deux siècles.

Fin de l'hégémonie française

Les divisions de l'Europe ont finalement favorisé la primauté politique, maritime et commerciale de l'Angleterre, primauté et prépondérance symbolisées par une nouvelle forme de gouvernement, celui de Guillaume d'Orange, qui illustre le triomphe du régime parlementaire sur l'absolutisme de Louis XIV.
En 1703 déjà, par le traité de Methuen, l'Angleterre s'attribue le monopole des marchés brésiliens et portugais. À Utrecht, surtout, l'Empire espagnol échappe à la France et s'ouvre à l'Angleterre par la clause de la nation la plus favorisée. Le marché américain – par l'asiento commerce des esclaves et le vaisseau de permission, la baie d'Hudson et son commerce de fourrures, l'Acadie et Terre-Neuve avec leurs riches pêcheries – passe de la France à l'Angleterre.

L'heure du bilan : la France en 1715

Ainsi le vieux roi, après la terrible et épuisante guerre de la Succession d'Espagne, peut faire le bilan de son règne.
À cette date, qu'en est-il du royaume ?
De sérieuses retouches doivent être apportées au tableau de désolation tel que l'a dressé Fénelon. La baisse de population due à la crise de 1709-1710 a été vite compensée, car à partir de 1714 de belles récoltes vont faire baisser le prix du pain.
La vigoureuse expansion de la marine de commerce favorise un intense trafic avec la Chine et les ports sud-américains.
Le commerce avec la Louisiane s'est développé ; Marseille s'est enrichie par le commerce du Levant, et Nantes grâce au sucre antillais. Dans l'industrie, le bas prix des subsistances et le renouveau du négoce favorisent une renaissance des manufactures ; aussi le climat est-il bien plus propice à la reprise qu'à une récession.
Dans sa politique étrangère, le roi a eu contre lui les riches économies anglaise et hollandaise, le regain de puissance de l'empereur Léopold Ier qui, en arrêtant les Turcs à Vienne, puis en les chassant de ses Marches de l'est, a retrouvé un grand prestige, en se posant, comme jadis, champion de la chrétienté.
Mais en 1715, la France sort territorialement agrandie des guerres de Louis XIV, et les frontières renforcées empêcheront pour un siècle toute invasion étrangère.
Dans le domaine militaire, de grands progrès ont été obtenus ; la France a la première armée d'Europe, et, surtout, une véritable intendance a été enfin créée, arsenaux, magasins d'étapes, casernes.
Si la marine de guerre, après 1690, décline, par manque de moyens, la première place revient aux armements privés, et le roi a su favoriser et judicieusement employer les flottes privées des négociants.
La grande faiblesse, ce sont les finances. En 1715, l'État est considérablement endetté par plus de vingt ans de guerres presque successives. Louis XIV, à cause de ses guerres, n'a jamais eu, après 1672, de finances stables.
Ce déséquilibre est aggravé par l'absence d'une grande banque et d'organismes de crédit, et, malgré les efforts et quelques essais de Vauban, qui n'a pas été écouté, il n'y a eu aucune réforme dans la répartition des impôts.
Quant à l'État, l'œuvre de Louis XIV fut une entreprise de modernisation.
Si la vieille administration des officiers vénaux subsiste encore, elle n'a plus grande autorité ; la réalité du pouvoir appartient désormais au gouvernement royal et à son solide réseau d'intendants.
Les fureurs paysannes ont disparu en même temps que se sont développées la police et l'armée. Les éléments nomades, pouvant devenir dangereux, ont été sédentarisés : mendiants dans les hôpitaux généraux, soldats dans les casernes.
En 1715, dans une France encore auréolée de toutes les gloires de son Grand Siècle, la monarchie administrative centralisatrice commence.
La France ordonnée de Louis XV s'annonce.

Une santé défaillante

Il a été régulièrement dit du roi qu'il n'était pas grand.
En 1956, Louis Hastier avait déduit, à partir des dimensions de l’armure qui lui avait été offerte en 1668 par la République de Venise, que le roi ne pouvait mesurer plus de 1,65 m.
Cette déduction est aujourd’hui contestée : cette armure aurait pu être fabriquée selon un standard moyen de l’époque et était un présent honorifique : elle n’était donc pas destinée à être portée, si ce n’est dans les tableaux peints à sujet antique – au Grand siècle, le roi allait à la guerre en chapeau à plume et en perruque.
Certains témoignages confirment qu’il était d’une belle prestance ; ce qui laisse supposer que, pour son temps, il avait au moins une taille moyenne et une silhouette bien proportionnée.
Madame de Motteville raconte, par exemple, que lors de l’entrevue sur l’île aux Faisans en juin 1660 entre les jeunes promis, présentés par les deux partis français et espagnols, que l’Infante Reine le regardait avec des yeux tout-à-fait intéressés par sa bonne mine, parce que sa belle taille le faisait dépasser les deux ministres Mazarin, d’un côté et don Louis de Haro, de l’autre de toute la tête .
Enfin, un seul témoin, François-Joseph de Lagrange-Chancel qui fut maître d’hôtel de la princesse Palatine, belle-sœur du roi, avance une mesure précise : Cinq pieds, huit pouces de hauteur , soit 1,84m
Il fut un amateur fervent de la danse, du spectacle de ballets et du jeu de paume et comme presque tous ses ancêtres, un passionné de chasse et d’équitation.
Cela fut surtout vrai dans sa jeunesse car s’il a pu paraître robuste et insensible à la fatigue, ne se plaignant ni du chaud ni du froid, ni de la pluie ni de la grêle et feignait de s’étonner qu’on puisse en souffrir, Louis XIV fut avant tout un homme d’une grande endurance physique et morale.
Et s’il eut un règne d’une longueur exceptionnelle, il fut paradoxalement toute sa vie d’une santé déficiente et maintes fois mise en péril, aussi fut-il suivi quotidiennement par cinq médecins, Jacques Cousinot de 1643 à 1646, François Vautier en 1647, Antoine Vallot de 1648 à 1671, Antoine d'Aquin de 1672 à 1693, enfin Guy-Crescent Fagon jusqu'à la mort du roi, tous usant et abusant de la saignée, des purgations et des lavements aux clystères le roi ayant reçu plus de 5 000 lavements en 50 ans.
Par ailleurs, comme l'expliquent des notes sanitaires, il eut de nombreux ennuis peu royaux .
Ainsi, il arriva à Louis d'avoir fort mauvaise haleine à cause de ses ennuis dentaires apparus en 1676 selon le journal de son dentiste Dubois : il arrivait alors à ses maîtresses de placer un mouchoir parfumé devant leur nez, et ce d'autant plus que le roi ne supportait pas les parfums, à l’exception de la fleur d'oranger et en 1685, alors qu'on lui arrachait un des nombreux chicots de son maxillaire gauche, une partie de son palais fut arrachée, provoquant une communication bucco-nasale.
Sa psychologie présentait des tendances mégalomanes comme en témoignent sa grande collection de chaussures de ballet ornées de rubans somptueux dont certains témoignages l'évaluait à 2 500 paires.
Il avait une obsession pour sa vaste collection qui l'a porté toute sa vie à chercher la deuxième pièce d'une paire qui ne sera jamais reconstituée.
La lecture du journal de santé de ce monarque, minutieusement entretenu, est édifiante : il se passe peu de jours sans que le souverain ne soit pas l’objet d’une purgation, d’un lavement, d’un emplâtre, d’une pommade ou d’une saignée. On y trouve entre autres consignés :

Petite vérole en 1647.
Troubles gastriques et dysenteries : ce sont des indispositions pénibles et chroniques chez ce monarque, réputé gros mangeur.
Tumeurs : tétin droit cautérisé en janvier 1653…
Blennorragie : tenue secrète, cette maladie le tenaille régulièrement depuis sa jeunesse, depuis mai 1655, époque de ses premières liaisons.
Vapeurs et douleurs dorsales fréquentes : certaines en novembre 1647 attribuées à une attaque de petite vérole ; avec pustules sur tout le visage et d’autres parties du corps, suivie d'un début de gangrène des orteils…
Langueurs et fièvres variées : fièvres de fin 1655 ; fièvre typhoïde de juin 1658…
Maux de dents : en 1685, toute sa dentition supérieure côté gauche est arrachée avec le voile du palais qui sera cautérisé plusieurs fois aux pointes de feu les liquides lui ressortent parfois par le nez.
Fistule anale : cette malformation handicapante lui fera finalement subir une opération expérimentale la plus douloureuse qui soit par le chirurgien Félix en novembre 1686.
Ennuis urinaires : accompagnés de probables calculs mictions accompagnées de pelotons de sable …
La goutte : des attaques insupportables au pied droit et à la cheville gauche qui le tiennent longtemps immobilisé ou gênent sa marche.

Ses dernières années tiendront du supplice.

Louis XIV est roi depuis soixante-douze ans et a perdu tous ses compagnons de jeunesse.
Ses grands ministres sont morts. En quatre ans, de 1711 à 1714, la mort va lui enlever toute sa descendance à l'exception d'un arrière-petit-fils de cinq ans, le duc d'Anjou futur Louis XV.
Ces deuils l'inciteront à écrire, sans trop d'illusions semble-t-il, un testament qui habilite ses bâtards à lui succéder.
Son neveu Philippe d'Orléans, qu'il a nommé régent, fera d'ailleurs casser ce testament le lendemain de la mort du Roi-Soleil, qui survient après une courte maladie le 1er septembre 1715.

L'âge de Louis XIV et la santé très fragile de l'enfant qui est désormais son héritier posent un grave problème dynastique. En effet, si l'enfant venait à mourir, l'arbre génénalogique des Bourbon poserait un problème diplomatique majeur pour la succession du Roi de France.
┌── par Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683)
│ └──> Louis de France (1661–1711)
│ │
│ │ ┌──>Louis de France, duc de Bourgogne
│ │ │ │
│ │ │ └──> Louis de France (1704-1705)
│ │ │ └──> Louis de France (1707-1712) (1707-1712)
│ │ │ └──> Louis XV de France (1710-1774)
│ │ │
│ └──+──>Philippe de France, duc d'Anjou (1683-1746) Roi d'Espagne
│ │
│ └──>Charles de France (1686-1714), duc de Berry, marié avec Marie Louise Élisabeth d'Orléans
│
┌──> Louis XIV (1638–1715)
│ │
│ │ ┌──> Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine (1670-1736),
│ │ │
│ │ ┌────────+──> Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1678-1737)
│ │ │ │
│ │ │ └──> Autres enfants dont Mademoiselle de Blois
│ │ │
│ └─ par Madame de Montespan
│
│
└──> Philippe d'Orléans (1640-1701)──> Philippe d'Orléans (1674-1723)(Régent)

Mort de Louis XIV

" On crut le Roy mort dez le Lundy 25. Il se porta
mieux un jour ou deux quoyque sans esperance. Il
est mort après avoir beaucoup souffert et avec une grande
patience le Dimanche 1r sept a 8 h. du matin
Mr le Duc d’Orleans alla au Parlt [Parlement] et fut declaré
Regent le 2. septe "
Le Parlement de Paris cassa son testament dès le 4 septembre, ouvrant une ère de retour en force des nobles et des parlementaires. Pour la plupart de ses sujets, le souverain vieillissant était devenu une figure de plus en plus lointaine. Le cortège funèbre de Louis XIV fut même hué ou raillé sur la route de Saint-Denis. Cependant, de nombreuses cours étrangères, même traditionnellement ennemies de la France, eurent conscience de la disparition d'un monarque d'exception : l'Électeur de Saxe n'eut besoin de donner aucune précision de nom lorsqu'il annonça solennellement à ses ministres :
"Messieurs, le roi est mort ".

Sépulture

Le corps de Louis XIV est déposé dans le caveau des Bourbons, dans la crypte de la basilique Saint-Denis. Au XIXe siècle, Louis-Philippe Ier commande un monument dans la chapelle commémorative des Bourbons à Saint-Denis, en 1841 - 1842.
L'architecte Debret est chargé de concevoir un cénotaphe en remployant plusieurs sculptures d'origines diverses : un médaillon central représentant un portrait du roi de profil réalisé par l'atelier du sculpteur Girardon au XVIIe siècle, mais dont l'origine n'est pas connue, cantonné de deux figures de Vertus sculptées par Le Sueur et provenant du tombeau du cardinal du Vair, et surmonté d'un ange sculpté par Jacques Bousseau au XVIIIe siècle et provenant de l'église de Picpus.
De part et d'autre de cet ensemble de sculptures sont placées quatre colonnes en marbre rouge provenant de l'église de Saint-Landry, et des bas-reliefs provenant du tombeau de Louis de Cossé à l'église du couvent des Célestins de Paris, les génies funéraires provenant du même tombeau ont été déplacés par Viollet-le-Duc au musée du Louvre.

Descendance de Louis XIV.

Louis XIV a de nombreux enfants légitimes et illégitimes.
De sa femme, Marie-Thérèse d'Autriche, le roi a six enfants, 3 filles et 3 garçons dont un seul survécut à l'enfance :
Nom Naissance Décès
Louis de France, fils de France, le Grand Dauphin 1er novembre 1661 14 avril 1711
Anne-Élisabeth de France, fille de France 18 novembre 1662 30 décembre 1662
Marie-Anne de France, fille de France 16 novembre 1664 26 décembre 1664
Marie-Thérèse de France, fille de France, la Petite Madame 2 janvier 1667 1er mars 1672
Philippe-Charles de France, fils de France, duc d'Anjou 5 août 1668 10 juillet 1671
Louis-François de France, fils de France, duc d'Anjou 14 juin 1672 4 novembre 1672
De ses deux principales maîtresses, il eut 11 enfants légitimés:
De l'union du roi avec Louise de La Vallière naissent :
Charles (1663-1672)
Philippe (1665-1666)
Marie-Anne, mademoiselle de Blois (1666-1739), mariée au prince de Conti ;
Louis, comte de Vermandois (1667-1683).
De Madame de Montespan naissent :
Louise-Françoise (1669-1672)
Louis-Auguste, duc du Maine (1670-1736) ;
Louis César, comte de Vexin (1672-1683) ;
Louise-Françoise, mademoiselle de Nantes (1673-1743), mariée au duc de Bourbon ;
Louise-Marie, mademoiselle de Tours (1674-1681).
Françoise-Marie, mademoiselle de Blois (1677-1749), mariée à Philippe d'Orléans, le futur régent ;
Louis-Alexandre, comte de Toulouse (1678-1737).
En 1679, l'affaire des Poisons consomme la disgrâce dans laquelle Madame de Montespan, ex-favorite du roi était tombée quelques mois auparavant.
Le roi aurait eu d'autres enfants mais non reconnus dont :
Avec Claude de Vin des Å’illets :
Louise de Maisonblanche (1676-1718)
Madame de Maintenon, sera l'épouse secrète du roi
Louis XIV a de très nombreuses maîtresses, parmi lesquelles Louise de La Vallière, Athénaïs de Montespan, Marie-Élisabeth de Ludres, Marie Angélique de Fontanges, Madame de Maintenon, qu'il épousa secrètement après la mort de la Reine, sans doute dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683, en présence du Père de La Chaise qui donna la bénédiction nuptiale.
On dit souvent que Mademoiselle de Beauvais, dite Cateau La Borgnesse, déniaisa le roi qui avait 14 ans, mais les historiens en doutent fortement.
Cependant, cette femme issue de peu eut l'extrême honneur de recevoir un cadeau étonnant d'Anne d'Autriche, la reine-mère : elle est payée en pierres précieuses, prévues initialement pour les travaux du Louvre, avec lesquelles elle s’est construit un hôtel particulier à Paris, aujourd’hui situé au 68, rue François-Miron, l'hôtel de Beauvais.
Le roi adolescent fait à 18 ans la rencontre d'une nièce du cardinal Mazarin, Marie Mancini.
S'ensuivra entre eux une grande passion, contrariée par le puissant cardinal qui est l'oncle de la jeune fille, le parrain du roi, le premier ministre du royaume et un prince de l'Église.
Conscient des intérêts de la France et des siens, le primat préfère faire épouser au roi, son pupille, l'infante d'Espagne.
En 1670, Jean Racine s'inspira de l'histoire du roi et de Marie Mancini pour écrire Bérénice.
Plus tard, le roi fait aménager des escaliers secrets dans Versailles pour rejoindre ses différentes maîtresses.
Ces liaisons irritent la compagnie du Saint-Sacrement, un parti de dévots. Bossuet, comme Madame de Maintenon, tentent de ramener le roi à plus de vertu.

liste des maîtresses et favorites

On dénombre au moins 15 maîtresses au roi :
Marie Mancini, nièce du cardinal de Mazarin qui deviendra Madame la Connétable de Colonna ;
Olympe Mancini, comtesse de Soissons (1655), sœur de la précédente;
Lucie de La Motte-Argencourt (1657) ;
Henriette Anne Stuart d'Angleterre, sa belle-sœur (Le statut de maîtresse est contesté par des historiens, notamment par Jean-Christian Petitfils qui parle de relation platonnique 55;
Louise Françoise de La Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière et de Vaujours (1644+1710, liaison avec le roi de 1661 à 1667) ;
Catherine Charlotte de Gramont, princesse de Monaco, épouse du prince de Monaco
Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan (1667 à 1681) ;
Bonne de Pons, marquise d'Heudicourt (1665 ou 1666) ;
Anne-Julie de Rohan-Chabot, princesse de Soubise (1674 à 1676)
Marie-Élisabeth de Ludres (1676 à 1677) ;
Lydie de Rochefort-Théobon ;
Marie Angélique de Scoraille de Roussille, marquise puis duchesse de Fontanges (+1681), dite " Mademoiselle de Fontanges" ;
Claude de Vin des Œillets, dite « mademoiselle des Œillets » ;
Anne-Lucie de La Mothe-Houdancourt ;.
Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon, veuve du poète Scarron dite « la belle indienne » qu'il épousera en secret après le décès de la reine

Titres

1638 - 1643 S.A.R. Monseigneur le Dauphin
1643 - 1715 S.M. le Roi de France et de Navarre

Filmographie

Laurent Heynemann, Le Roi, l'Écureuil et la Couleuvre, 2011
Thierry Binisti, Versailles, le rêve d'un roi, 2007
Gérard Corbiau, Le roi danse, 2000
Patricia Mazuy, Saint-Cyr, 2000
Nina Companeez, L'Allée du roi, 1995
Roger Planchon, Louis, enfant roi, 1993
Roberto Rossellini, La Prise de pouvoir par Louis XIV, 1966



Conseillé : une anecdote peu connue que nous indique Musloch :

Bonjour,
Au sujet du décès du roi "soleil", je vous indique un petit lien.....
Une anecdote historique sur la mort de ce roi :

http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article1463

Bonne journée.
Amicalement.
Musloch





Liens

http://youtu.be/csun6FqXIqc L'allée du roi 1
http://youtu.be/pU4SflTdcVY L'allée du roi 2

http://youtu.be/mkMMNq7r2Zo Le roi dans 1/14
http://youtu.be/u6qryLypJds Louis XIV le roi soleil
http://youtu.be/46cqiFowr9Q Hymne de la monarchie Française

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Posté le : 31/08/2013 23:49

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louis XIV
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Le 1 Septembre 1715 s'éteint le ROI SOLEIL, le roi absolu, Louis XIV,

roi absolu, personnage éminent de la royauté française, icone et symbole d'une royauté triomphante, disparaît après 54 ans de règne sans partage.


Louis XIV est un des personnages historiques sur lesquels l'attention demeure portée, sans que nul historien puisse prétendre donner de lui une image certaine et définitive.
Qu'il ait influencé directement les destinées françaises et qu'à ce titre on ne puisse imaginer l'histoire de la France sans lui, nul doute. Mais, parce que son règne a curieusement associé une incontestable gloire à de très lourds malheurs pour la nation, il a été extrêmement loué ou critiqué et ses historiens se sont souvent partagés entre apologistes et détracteurs. On doit observer qu'il est beaucoup plus malaisé à comprendre pour des hommes de la fin du XXe siècle que pour ceux du début, parce que les profondes mutations de la société française au cours de cette période ont fait disparaître des aspects de la mentalité collective qui demeuraient, il y a soixante-dix ans encore, relativement proches du XVIIe siècle. En revanche, les renouvellements de la méthode historique, surtout des études érudites sur les conditions de vie en France au temps de Louis XIV, autorisent une meilleure intelligence du pays sur lequel son action s' étend
La période du règne personnel s'étend de 1661 à 1715, soit pendant cinquante-quatre ans, période du gouvernement effectif du souverain.
C'est par le travail que l'on règne, disait Louis XIV ; il a mis ce principe en pratique, jour après jour, par son assiduité aux affaires. Au Conseil d'en haut, véritable moteur de la monarchie, il a pris, avec un très petit nombre de ministres, les résolutions les plus importantes. Obtenir l'obéissance à l'intérieur, assurer la réputation de la France au-dehors étaient les règles essentielles de sa politique.
Ses décisions avaient force de loi, elles étaient la loi même, en vertu de l' absolutisme royal, élaboré à la fois par la tradition féodale qui tenait le roi pour suprême suzerain et suprême juge et par les légistes imbus de droit romain, concevant l'autorité royale comme aussi indivisible que le point en géométrie et le roi comme arbitre, au nom de l'intérêt public, entre les divers ordres et les groupes de privilégiés, chaque groupe, même dans le tiers état, ayant ses privilèges et libertés.
L'obéissance à l'intérieur signifiait donc la fidélité de la noblesse, la soumission de tous à la décision royale, la nécessité de la présence d'agents du pouvoir central, officiers et intendants.

La monarchie a ainsi reçu un caractère administratif plus marqué. Le prestige au-dehors impliquait une force militaire redoutable, afin d'appuyer les revendications vis-à-vis de l'étranger, la guerre, qui procure la gloire au vainqueur, devenant le recours normal, lorsque l'honneur est en question.
À la tentation de la guerre, Louis XIV a peu résisté, mais les guerres, perdant leur caractère chevaleresque, sont devenues de plus en plus affaire de nombre, de discipline et de tactique.
Elles réclamaient des sommes de plus en plus élevées au trésor royal, en fait à l'impôt. Les ressources le permettaient-elles ? Pouvait-on rendre le pays plus riche et en recueillir un impôt augmenté sans cesse, mais qui parût à la fois supportable et équitable ?

À cela s'ajoutait ce qu'on appelle aujourd'hui les réactions de mentalité collective. La fonction royale jouissait d'un rayonnement quasi religieux.
Représentant de Dieu selon une conception hiérarchisée du monde, ayant reçu au sacre des charismes particuliers, le roi bénéficiait dans sa personne d'un prestige indiscutable.
À une société patriarcale, il apparaissait comme le père par excellence, ses peuples étaient ses enfants.
Or "les peuples se plaisent au spectacle, disait Louis XIV. Par là, nous tenons leur esprit et leur cœur."
D'où, ceci venant à la fois de la Renaissance et du caractère rituel de l'Église, le cadre magnifique où la vie du roi doit se dérouler comme une cérémonie.
La cour, Versailles, Fontainebleau, Saint-Germain répondaient à cette quête de prestige.


Une enfance marquée par la Fronde


Anne d'Autriche et Louis XIV enfant
Héritier longtemps désiré, Louis, né le 5 septembre 1638 au château neuf de Saint-Germain-en-Laye, devient roi à cinq ans, à la mort de son père, Louis XIII, en 1643. Sa mère, Anne d'Autriche, lui préfère son frère cadet Philippe, le futur Monsieur ; délaissé par elle, il grandit solitaire et se renferme de bonne heure sur lui-même. Là est peut-être l'origine de sa méfiance envers les hommes, de son goût du secret, qui sera une des règles de sa politique.

Chassé de sa capitale à l'âge de dix ans par la Fronde parlementaire, traqué avec sa mère par la Fronde des princes sur les routes de France jusqu'en 1652, il en restera profondément marqué ; de là peut-être plus tard sa volonté de brider les parlements, de fixer la résidence royale en dehors de Paris et d'y museler la noblesse.

Une formation précoce à l'art de gouverner…Mazarin

Cette adolescence agitée et nomade, si elle est néfaste à sa culture livresque, lui apprend à connaître très tôt les hommes et les choses de son royaume.
En outre, le cardinal Mazarin, son parrain, investi de la confiance de la reine régente et qui gouverne en son nom de 1643 à 1661, l'a très tôt initié au gouvernement.
Dès le 18 mai, soit quatre jours après la mort de son père, Louis XIV a tenu son premier lit de justice, séance royale du parlement, qui a consacré la puissance de la régente, aux dépens de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII, et surtout au profit de Mazarin.
Celui-ci, nommé le 15 mars 1646 surintendant au gouvernement et à la conduite du roi, lui enseigne donc les intrigues européennes, l'art d'acheter les consciences et de gouverner, le rôle, enfin, des mariages diplomatiques.… et à l'art militaire
Le marquis de Villeroy, le gouverneur du jeune roi, est chargé de lui inculquer l'art militaire, tandis que ses différents confesseurs, issus des jésuites, lui transmettent leur hostilité au jansénisme.
Son premier précepteur est Hardouin de Péréfixe, qui se consacre particulièrement à apprendre l'histoire de France au jeune roi, et cherche à lui donner le goût des classiques, à travers, par exemple, les Commentaires sur la conquête des Gaules, de Jules César.

Dès 1646, le roi s'initie à l'ambiance de la guerre au camp militaire d'Amiens, qui est alors l'un des lieux de rassemblement, avec Compiègne, de l'armée en campagne ; par la suite et jusqu'en 1693, Louis XIV passera une importante partie de son temps aux armées : de deux à trois mois par an en moyenne, et jusqu'à cinq mois durant la seule année 1673.

Sous l'égide de Mazarin, Mazarinade

La majorité du roi est proclamée le 7 septembre 1651, alors que des états généraux sont convoqués pour le lendemain à Tours – cette promesse a pour but de calmer les gentilshommes frondeurs, et la proclamation de la majorité du roi vise à empêcher son oncle Gaston d'Orléans ou le prince de Condé de chercher à s'emparer de la régence.
En réalité, Mazarin, depuis son exil en Allemagne, continue à diriger le roi et le Conseil de régence grâce à Anne d'Autriche.

Un jeune roi averti et méfiant

Quand il peut rentrer dans Paris enfin calme, en octobre 1652 – il est âgé alors de quatorze ans –, Louis XIV fait arrêter l'intrigant cardinal de Retz avant même le retour de Mazarin, annonçant ainsi le style de gouvernement autoritaire et déterminé qui va être le sien.
Louis retire de ces épreuves la conviction que l'autorité monarchique ne peut se partager avec les nobles les plus en vue, tandis qu'il conservera sa confiance aux serviteurs loyaux de Mazarin – qui étaient le plus souvent des personnages issus de la petite noblesse ou de grands bourgeois anoblis depuis peu.
Cette confiance réservée à quelques serviteurs dévoués – Michel Le Tellier, Hugues de Lionne, Nicolas Fouquet, vite écarté par Colbert, Louvois, puis, sur la fin du règne, Chamillart ou Villeroy – sera néanmoins assortie d'une méfiance universelle et d'un goût prononcé de la dissimulation.
Après le retour de Mazarin à Paris, 3 février 1653, Louis XIV laisse son parrain diriger les affaires de l'État, même s'il s'y intéresse de plus en plus, convaincu qu'un roi n'est pas fait que pour régner mais également pour gouverner.
Il est sacré à Reims le 7 juin 1654.

L'Espagne, enjeu du mariage de Louis XIV, Mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche

Malgré l'amour de son élève pour sa propre nièce, Marie Mancini, le cardinal impose à Louis XIV d'épouser l'infante d'Espagne Marie-Thérèse.
Couronnement de sa politique, qui triomphe en 1659 au traité des Pyrénées, la paix avec l'Espagne – avantageuse pour la France qui reçoit l'Artois et le Roussillon – est scellée par le mariage célébré le 9 juin 1660 à Saint-Jean-de-Luz.
Longuement négociées à partir de 1658, les clauses comprennent la renonciation par Marie-Thérèse à ses droits éventuels sur la succession espagnole, avec, en outre, le paiement, par l'Espagne, d'une dot d'un demi-million d'écus d'or, somme énorme que l'Espagne ne pourra pas payer.
Ainsi, dès son mariage, un axe fondamental de la politique extérieure de Louis XIV – l'affrontement avec l'Espagne – est-il tracé par Mazarin.


La devise du roi.


NEC PLURIBUS IMPAR : SUPERIEUR A TOUS
Voltaire rappelle dans son Histoire du siècle de Louis XIV l’épisode de la célèbre devise du Roi-Soleil.
Louis Douvrier, un médailliste antiquaire, eut l’idée en prévision du prochain carrousel de 1662, d’attribuer un emblème et une devise à Louis XIV qui n’en avait pas.
Cet ensemble ne plut pas au roi qui le trouva ostentatoire et prétentieux.
Douvrier, pour assurer malgré tout le succès de sa production, la promut discrètement auprès de la Cour qui s’enthousiasma de cette trouvaille et y vit l’occasion de montrer son éternel esprit de flatterie.
Le blason comportait un globe éclairé par un soleil étincelant et la devise : nec pluribus impar en latin.
Les héraldistes contemporains furent prompts à y voir un plagiat d’un ancien blason ayant appartenu à Philippe II d'Espagne qui signifiait pour la circonstance :
"Suffisant à toutes les étendues".
On fit alors remarquer que ce roi d’Espagne possédait encore à cette époque un empire où le soleil ne se couchait jamais. On détourna donc le sens de cette devise vers la personnalité du roi qui n’en demandait pas tant.
Cela lui fit tort car elle lui attribua une attitude hautaine, distante et orgueilleuse qu’il n’avait pas.
D’ailleurs, Louis XIV refusa toujours de s’en parer et ne la porta jamais dans les carrousels. Il semble que par la suite il ne fit que la tolérer pour ne pas décevoir ses courtisans.
Traduire la devise par non inférieur à plusieurs paraît d’abord un mot à mot plutôt indigent et n’a pas beaucoup de sens si elle s’adresse au soleil.
La formule latine trop abrupte et construite en litote permet ainsi toutes les traductions. Charles Rozan rapporte dans un ouvrage la parole que Louvois adressa au roi quand celui-ci déplorait le sort de Jacques II d'Angleterre chassé de son pays :
"Si jamais devise a été juste à tous égards, c’est celle qui a été faite pour votre Majesté : Seul contre tous . De fait, le roi dut déclarer la guerre à l’Angleterre, les Provinces-Unies, l’Espagne et le Saint-Empire, avec l’espoir de rétablir son cousin sur le trône."
Enfin, la ville de Neuf-Brisach qui doit tant au Roi-Soleil, arbora à cette époque la devise du souverain : Nec pluribus impar, avec le sous-titre inattendu de « sans pareille ». Faisant abstraction du symbole solaire, on peut dire également que Louis XIV fut un roi sans pareil.
Napoléon Ier en dictant ses mémoires jugeait de son côté :
"Le soleil lui-même n’a-t-il pas de taches ? Louis XIV fut un grand roi. C’est lui qui a élevé la France au premier rang des nations. Depuis Charlemagne, quel est le roi de France qu’on puisse comparer à Louis XIV sous toutes ses faces."
Louis XIV, une force de la nature


Le monarque absolu, Un roi qui règne et gouverne par lui-même

À la mort du cardinal Mazarin, en 1661, Louis XIV décide de gouverner par lui-même – une exception dans l'Europe d'alors, où ministres et favoris gouvernent au nom des rois.
Il élimine d'un coup le surintendant des Finances, Fouquet, accusé de prévarication, manquement aux obligations de sa charge, et donne sa confiance à Colbert, que Mazarin lui a recommandé.

L'oint du Seigneur

De 1661 à 1715, cette volonté de gouverner par lui-même ne se relâchera jamais.
Louis XIV exerce ce qu'il appelle le métier de roi avec la conscience – puisée dans la conviction profonde de ses devoirs envers Dieu, des devoirs de ses sujets envers lui – d'être l' oint du Seigneur, le représentant de Dieu sur terre. Il écrira dans ses Mémoires : Ce qui fait la grandeur et la majesté des rois n'est pas tant le sceptre qu'ils portent que la manière de le porter.
C'est pervertir l'ordre des choses que d'attribuer la résolution aux sujets et la déférence au souverain.
C'est à la tête seule qu'il appartient de délibérer et de résoudre et toutes les fonctions des autres membres ne consistent que dans l'exécution des commandements qui leur sont donnés.

Le champion de l'absolutisme, Louis XIV et sa famille

L'essence de sa doctrine politique, l'absolutisme, auquel Richelieu et Mazarin avaient préparé la voie et dont Louis XIV est le champion, est contenue dans les réflexions qu'il formule dans ses Mémoires.
Elles expliquent sa politique étrangère brutale, son orgueil, son égoïsme, ses erreurs tragiques, telles la révocation de l'édit de Nantes ou la persécution des jansénistes, avec la prétention d'imposer sa loi aux consciences mêmes de ses sujets.
Pareillement, elles font comprendre pourquoi le roi sera toute sa vie un travailleur acharné, passionnément attaché à remplir toutes les charges de son métier , à en goûter tous les plaisirs aussi.
Il sera aidé par sa constitution particulièrement robuste, qui était capable de résister à tous les excès, ceux du travail, de la chasse, de la table, de l'amour, de la maladie.
En cela, Louis XIV ressemble plus à son grand-père Henri IV qu'à son père Louis XIII.
Le roi et ses favorites

De son aïeul, Louis XIV a le tempérament amoureux.

Ses maîtresses sont en effet nombreuses : Louise de Lavallière, Françoise de Montespan, Marie-Angélique de Fontanges ne sont que les plus célèbres et les plus durables de ses innombrables passions.
Il comblera de biens ses différents bâtards, qu'il légitimera, surtout les deux fils de Mme de Montespan, le duc du Maine et le comte de Toulouse ; il prendra soin, en outre, de les marier à sa descendance légitime Louis XIV eut six enfants de la reine, dont seul survécut Louis, dit le Grand Dauphin.
Ainsi, il obligera son neveu Philippe d'Orléans, à épouser Mlle de Blois, fille de Mme de Montespan, ou bien une petite-fille du Grand Condé à s'unir au duc du Maine.
Mais l'influence des maîtresses sur les affaires du royaume est à peu près nulle, de par la volonté même du roi.
Madame de Maintenon, qu'il a épousée secrètement en 1683, après la mort de la reine Marie-Thérèse, joue néanmoins un rôle discret à la fin de sa vie, assistant par exemple aux réunions particulières du roi avec ses ministres ou avec les ambassadeurs étrangers.
Il est probable qu'elle a influencé le roi en lui recommandant certains gentilshommes – ainsi, le maréchal de Villeroy, ou Daniel Voysin, qui devint chancelier en 1714.

Imbu de la grandeur de son rôle

C'est toujours le roi et non l'homme privé qui s’impose, au point que l'homme s'estompe et disparaît derrière le Roi-Soleil, toujours en représentation et contraint par le cérémonial de l'étiquette, héritage maternel d'ailleurs plus dans la tradition espagnole que française.

Est-ce l'effacement de l'individu derrière le personnage royal qui a empêché l'histoire de rendre justice à Louis XIV ?
Il faut sans doute faire l'effort de replacer le personnage dans son époque et de le comprendre en fonction d'un univers mental si différent du nôtre.
Si certains l'ont louangé exagérément, d'autres en ont fait le type du monarque absolu, tyrannique, égoïste et soucieux de sa seule gloire, Louis XIV ne fut pas si différent des autres souverains de son temps, mais, à cause de la force de son royaume, de l'exceptionnelle pléiade de génies qui illustrent son règne, du sentiment particulièrement aigu aussi qu'il avait de la grandeur de son rôle, il accentua seulement – certes jusqu'au paroxysme – l'absolutisme.
Tendance politique qui est celle de l'époque, des Provinces-Unies de Guillaume d'Orange à l'Angleterre des Stuarts ou au Brandebourg du Grand Électeur allemand.
Fidèle à la tradition de roi thaumaturge, Louis XIV pratiqua le toucher des écrouelles, ces lésions cutanées que les rois de France étaient censés guérir par attouchement, et fut même l'un des rois qui le pratiqua le plus.

Le Roi-Soleil

Un cérémonial quotidien parfaitement réglé
Louis XIII avait voulu poser une distance entre lui-même d'une part, sa noblesse et son peuple d'autre part. Louis XIV introduit à l'inverse un cérémonial complexe, qui permet à chacun de voir le roi. La seule condition pour approcher la personne royale est de respecter un ordre de préséance précis et un cérémonial régulier, que la cour de France n'avait jamais connus auparavant, même au temps d'Henri III.
Tout, dans la vie quotidienne du Roi-Soleil, est parfaitement réglé, voire minuté.
Le roi se lève vers huit heures et demie, et les courtisans pouvent alors assister au petit lever, puis au grand lever.
De neuf heures et demie à midi, le roi se consacre au Conseil, puis il va entendre la messe, et va ensuite dîner .
Après le repas, le roi prend quelques instants de repos, se promenant dans ses jardins, puis l'après-midi est de nouveau consacrée aux affaires.
Certains soirs, le roi reçoit ses courtisans à partir de dix-neuf heures, puis il soupe vers vingt heures, pour se coucher vers minuit, après le rituel du grand coucher et du petit coucher, qui s'achève vers minuit et demie, voire une heure du matin.

Le soleil de Versailles, Louis XIV en Apollon

Au château de Versailles, la chambre du roi occupe le centre du bâtiment, et se situe au départ des axes qui s'ouvrent du château vers Versailles.
Les appartements des princes royaux, princes du sang, puis des autres membres de la noblesse sont assignés en fonction de la place de chacun dans la hiérarchie royale.
Dans son château, Louis XIV est à la fois le Soleil, donc Apollon – le rythme du lever et du coucher du roi semblant régler la course de l'astre –, et Jupiter à l'image de certaines représentations de la galerie des Glaces dans lesquelles un Louis-Jupiter guerrier brandit la foudre et écrase ses ennemis.

Les fastes de la Cour

Le règne du Roi-Soleil est marqué par de nombreuses fêtes, au cours desquelles le souverain exhibe les fastes de sa cour.
Ainsi, du 6 au 13 mai 1664, au château de Versailles, qui n'est alors qu'une "maison de campagne ", ancien rendez-vous de chasse de son père), Louis XIV fait donner les fêtes des "Plaisirs de l'île enchantée" , au cours desquelles sont représentés plusieurs ballets, pièces de théâtre, dont les Fâcheux et le Mariage forcé, de Molière et autres amusements marqués par la magnificence royale.
En 1698, le roi organise pour son petit-fils, le duc de Bourgogne, une fête militaire à Compiègne, qui dure vingt-cinq jours, et coûte environ seize millions de livres.
Il s'agit à la fois d'instruire le duc de Bourgogne et de proclamer la gloire du roi un an après les traités de Ryswick.
La Cour tout entière doit jouer de véritables réceptions pour les personnages importants, chacun y tenant un rôle qui est d'abord fonction de son rang, le roi y compris.

Le mécénat royal

On ne saurait énumérer ici toutes les gloires littéraires, artistiques ou scientifiques du règne de Louis XIV, mais il faut s'interroger sur l'action personnelle du roi et de son gouvernement dans ce domaine.

Le règne de la censure

Il y a d'abord, moins connu, tout un aspect négatif du gouvernement des esprits, semblable à ce qui se passe dans toute l'Europe d'alors, à l'exception toutefois des Provinces-Unies et de l'Angleterre d'après 1688.
La politique suivie à l'égard de l'édition en est révélatrice.
Les imprimeurs sont réduits en nombre pour rendre leur surveillance plus facile, puis, en 1666, une censure impitoyable et tatillonne s'exerce, les écrivains coupables sont frappés d'amendes, d'emprisonnement, de bannissement ou de galères.
Le remarquable, malgré ces mesures répressives, c'est la magnifique floraison littéraire du règne.
Le roi, seul mécène
Dans tous les domaines, le roi veut être le seul mécène. Colbert, en qualité de surintendant des Bâtiments, le seconde dans cette tâche.
En 1671, Louis XIV loge l'Académie française chez lui, dans son Louvre, et en devient le protecteur.
Académie royale de peinture et sculpture avec Le Brun comme directeur, Académie royale d'architecture, dont le roi nomme lui-même les membres, Académie de France à Rome sont créées ou refondues durant les dix premières années du règne.

Écrivains et artistes

Louis XIV pensionne les artistes. Molière, dont il impose le Tartuffe contre l'Église et les dévots, lui doit presque tout. Racine est son historiographe, chargé d'écrire officiellement l'histoire du souverain, et le roi finit par autoriser La Fontaine, qu'il n'aime pas, à entrer à l'Académie française.
Passionné de musique et de ballets, il donne à Lully pleins pouvoirs en matière musicale.
Louis XIV fait en tous domaines aussi bien appel à des étrangers de talent, qu'il comble de biens ; ainsi des sculpteurs italiens comme le Bernin ou Filippo Caffieri.
Il appelle en outre une quantité d'étrangers, surtout italiens, les verriers vénitiens ou flamands, qui travaillent en sa Manufacture royale des meubles de la Couronne en 1667.

Architectes

Certes, Louis XIV bénéficie de l'extraordinaire foule de génies qui illustrent le début de son règne, et qui sont un héritage de Mazarin et de Fouquet, les trois créateurs de Versailles : Le Vau, Le Brun et Le Nôtre, sont ceux qui avaient construit le château de Vaux-le-Vicomte.
Mais il a le mérite de poursuivre ce mécénat en soutenant de son autorité et de ses deniers les plus grands talents de son temps.
L'art royal par excellence, l'architecture, donne un de ses chefs-d'Å“uvre sous Louis XIV.
La création de Versailles, malgré l'opposition de Colbert, est imposée et dirigée par le roi.
Admirable concert de pierres, de verdure, d'eau et de fleurs, le palais de Versailles et les fêtes splendides qui s'y donnent sont le meilleur ambassadeur du rayonnement français à l'étranger.
Mais Versailles ne doit pas faire oublier d'autres constructions importantes : la colonnade du Louvre conçue par Claude Perrault, l'hôtel des Invalides, les portes Saint-Denis et Saint-Martin, les quais de la Seine, le Trianon et Marly, construit pour lui et ses amis, Versailles l'étant pour ses courtisans par Jules Hardouin-Mansart, et dont il ne reste plus que le parc et ses pièces d'eau.

Savants et hommes de science

Le roi protège aussi les savants, qui sont regroupés à l'Académie royale des sciences, fondée en 1666.
L'Observatoire de Paris, construit en 1667, reste une des plus belles réalisations du règne : il est organisé par Cassini, que Louis XIV fait venir d'Italie et qui est le premier d'une lignée de savants remarquables.
Le Hollandais Huygens travaillera à cet Observatoire, où il confirmera, par exemple, les théories d'Olaüs Römer sur la vitesse de la lumière.
Au Jardin des plantes officinales du Roi, actuel Jardin des plantes, où exerce le grand botaniste Joseph Pitton de Tournefort, la circulation du sang à la découverte de laquelle contribue un Français, Jean Pecquet, est enseignée dès 1673.

Le roi, la foi, l'Église

Des intérêts du Ciel, pourquoi vous chargez-vous ? interroge Molière dans le Tartuffe. En matière de foi, Louis XIV semble avoir hérité de sa mère une piété à l'espagnole, plus formaliste que profonde ; mais cette piété se manifeste assez tard, l'âge venu et sous l'influence de Mme de Maintenon.
Dans les premières années du règne, le jeune souverain, dominé par ses passions et qui soutient le Tartuffe de Molière, fait plutôt songer à un jeune prince quelque peu libertin.
Il ne s'est pas moins impliqué pour autant dans les affaires religieuses du royaume dès le début de son règne et celles-ci, occupant une place importante, constituent sans doute l'aspect le plus négatif de sa politique ; en effet, le combat contre le jansémisme et le protestantisme — au nom de l'unité de la foi – est un facteur d'affaiblissement de la cohésion du royaume.

Le roi contre le pape

Louis XIV affirme son indépendance à l'égard de la papauté et son autorité sur l'Église de France. Entré en conflit avec le pape Innocent XI, en 1673, il fait rédiger par Bossuet la Déclaration des quatre articles 1682 qui érige le gallicanisme en politique d'État.
Condamnée par le pape Alexandre VIII en 1691, cette Déclaration sera retirée en 1693, en raison des difficultés extérieures du royaume.

La lutte contre le jansénisme

Abbaye de Port-Royal

Hostile aux jansénistes, Louis XIV les prive de l'abbaye de Port-Royal.
Loin de réussir, la lutte du roi contre le jansénisme va faire de la secte persécutée le lieu de rencontre, à la fin du règne, de toutes les oppositions, jusqu'à ce que la bulle Unigenitus en 1713)– qui aura de nombreux adversaires – scelle son union avec le gallicanisme parlementaire et antiabsolutiste pour toute la durée du XVIIIe siècle.

La révocation de l'édit de Nantes

À l'égard des protestants, Louis XIV adopte une politique tout aussi répressive, qui se manifeste par les dragonnades ,mesures de cocercition pour héberger les dragons royaux et qui culmine, en 1685, par la révocation de l'édit de Nantes. Dès lors le protestantisme n'a plus d'existence légale en France ; il en résultera un exode massif des réformés.
Pour en savoir plus, voir l'article révocation de l'édit de Nantes.

La puissance, la gloire et la guerre

Ce qui fut la passion dominante de la vie de Louis XIV est bien connu.
Il l'écrit lui-même : "Vous remarquerez toujours en moi la même passion pour la grandeur de l'État, et la même ardeur pour la véritable gloire." – gloire de son royaume, qui se confondait pour lui avec la sienne propre.

Trente et une années de guerre

" J'ai trop aimé la guerre. "
Ainsi le roi se serait-il exprimé sur son lit de mort.
S'il n'est pas certain que le roi ait prononcé ces paroles, en revanche, ses Mémoires ne laissent aucun doute quant à l'attrait de la guerre pour lui.
À propos de la possibilité qui s'offrait à lui, en 1665, de déclarer la guerre soit à l'Espagne, soit à l'Angleterre alors en lutte avec les Provinces-Unies, Louis XIV écrit :
"J'envisageais avec plaisir le dessein de ces deux guerres comme un vaste champ où pouvaient naître à toute heure de grandes occasions de me signaler".
Le règne personnel de Louis XIV comprend, en effet, trente et une années de guerres contre vingt-trois années seulement de paix.
La réussite qu'était la remise en ordre de l'État par Colbert, durant les dix premières années du règne, n'était, aux yeux du roi, que le moyen de réaliser son rêve de gloire militaire.
Ce fut lui seul qui décida vraiment de sa politique extérieure, dont le seul facteur d'unité sera la direction royale orientée vers la grandeur. Louvois lui avait forgé une excellente armée, Colbert une bonne marine, Vauban avait entouré la France d'une admirable ceinture de fortifications.
Louis XIV donna au corps unique roupant toutes les formations affectées à sa maison militaire le nom de Maison du roi.

Guerre de Dévolution ou des "Droits de la Reine" 1667-1668

Contre l'Espagne. Droits de la reine sur le Brabant. Énorme supériorité de la France. Promenade militaire.
Paix d'Aix-la-Chapelle.
Restitution de la Franche-Comté à l'Espagne.
Les places conquises aux Pays-Bas en 1667 sont gagnées par la guerre contre la Hollande et la 1re coalition en 1672-1678
Invasion de la Hollande. Résistance inattendue du pays.
– 1673 : coalition européenne contre la France (Empire, Espagne, Lorraine).
– 1674 : conquête de la Franche-Comté. Victoire de Condé à Seneffe.
– 1675 : en Alsace, admirable campagne d'hiver de Turenne, victorieux à Turckheim.
-Paix de Nimègue 1678-1679 : Acquisition de la Franche-Comté, du reste de l'Artois, du pays de Cambrai et de Maubeuge.

Le Roi dans son Conseil, arbitre de la paix et de la guerre

La politique des réunions commencée dès 1679 par Louis XIV, qui exploite systématiquement les clauses douteuses des traités antérieurs, exaspère l'Europe : réunion des villages dépendant anciennement des Trois-Évêchés, d'Alsace, du pays de la Sarre, de Luxembourg ; surtout, en 1681, réunion de Strasbourg.
L'avance turque arrête d'abord la coalition. Mais, en 1683, l'empereur est victorieux au Kahlenberg.
En 1686, formation de la ligue d'Augsbourg.
En 1688, l'invasion de Cologne et du Palatinat met le feu aux poudres. Coalition de l'Europe entière contre Louis XIV.
Malgré les victoires du duc de Luxembourg à Fleurus 1690, Steinkerque 1692, Neerwinden 1693 et de Nicolas Catinat à La Marsaille 1693, l'équilibre des forces fait durer la guerre.
Des réunions , la France garde seulement Strasbourg. Louis XIV reconnaît Guillaume d'Orange roi d'Angleterre.

Guerre de la Succession d'Espagne 1701-1714

Par son testament, Charles II d'Espagne lègue ses États au petit-fils de Louis XIV, le duc d'Anjou, qui devient Philippe V.
Après des succès initiaux, défaites de Höchstädt en 1704, de Ramillies en 1706 infligées par le duc de Marlborough. La sanglante bataille de Malplaquet 1709, où Villars et Boufflers s'affrontent au duc de Marlborough et au Prince Eugène, est une demi-victoire. Les coalisés y perdent la moitié de leurs effectifs de 43 000 hommes, et la France seulement 7 000 hommes.
En Espagne, la victoire de Villaviciosa en 1710 sur les coalisés rétablit la situation de Philippe V. La victoire inespérée de Villars à Denain, 1712 ouvre la voie aux pourparlers.
Traités d'Utrecht en 1713 et de Rastatt en 1714.
La France revient aux limites de Ryswick, mais perd les portes du Canada, Acadie, Terre-Neuve; les clauses économiques, surtout, sont très défavorables pour elle, au profit de l'Angleterre. Si Philippe V reste roi d'Espagne, il perd les Pays-Bas et ses possessions italiennes, Milanais, Naples et Sicile.

L'agrandissement du royaume de France sous Louis XIV

En ce qui concerne l'agrandissement territorial, le succès de la politique de Louis XIV est incontestable.
La frontière du Nord est définitivement constituée avec la conquête de l'Artois, du Cambrésis, du pays de Maubeuge et de Givet. Celle de l'Est, avec la conquête de l'Alsace, s'avance désormais jusqu'au Rhin, et l'enclave lorraine, entourée de trois côtés, n'est pas dangereuse.
La Franche-Comté complète bien cette frontière.
Dans le Sud, le Roussillon a été acquis définitivement à la France en 1659. À l'intérieur, des principautés étrangères anachroniques, comme Orange et le Charolais, ont été réunies. Ainsi, à l'exception de la Lorraine, de la Savoie, de Nice et d'Avignon, ce sont déjà les limites actuelles de la France.


L'économie et la guerre, Le coût des guerres

Au point de vue économique, il en va tout autrement.
Le poids de la guerre a obligé l'État à renoncer aux meilleurs résultats acquis par Colbert. Après 1674, il n'y aura plus jamais de tout le règne d'équilibre financier et, dès 1676, le déficit est de 24 millions de livres. Il faut revenir aux affaires extraordinaires : vente d'exemption de tailles, vente d'offices, vente du Domaine, augmentation des impôts, emprunts.
Toutes ces mesures contribuent à accroître les difficultés résultant, déjà, d'une phase économique défavorable.
L'enjeu du commerce
Les causes économiques des guerres sont d'ailleurs prépondérantes. Colbert lui-même pousse à la campagne contre la Hollande, qui gêne notre commerce.
Après les traités de Nimègue, néanmoins, et avant la guerre contre l'Europe en 1689 (guerre de la ligue d'Augsbourg), la France est encore prospère et reste très puissante. On n'expliquerait pas autrement qu'elle ait pu résister à vingt-deux années de guerre.
Le commerce, notamment, avec la richesse grandissante de Marseille et de Saint-Malo, est florissant, et la guerre contre notre commerce explique la lutte de la Hollande et de l'Angleterre contre la France en 1689.
Les Français les concurrencent en effet en Asie, en Méditerranée, en Afrique sur la Côte des Esclaves, à Cadix, en Amérique, grâce à des négociants remarquables et à une bonne marine de commerce soutenue par une marine de guerre neuve et entreprenante.

Le redressement

La guerre de la ligue d'Augsbourg, conjuguée avec la crise de 1693-1694, épuise l'économie du pays.
De 1697 à 1701, on assiste pourtant à un redressement dû au soulagement fiscal, à l'abondance du travail liée à la paix et à la reprise du grand commerce. Les négociants français envahissent l'Amérique espagnole, le Pacifique et la Chine, si bien qu'on voit éclore, en quelques années, six compagnies de commerce créées par des capitaux malouins, rochelais, parisiens et nantais.
Le Conseil de commerce, dominé par ces grands marchands, fait pénétrer les intérêts de ceux-ci au sein du gouvernement et influence Louis XIV au moment de la succession espagnole.
Mais ces quatre années de répit sont insuffisantes, et les traités qui mettent fin à la guerre de la Succession d'Espagne vont consacrer la prépondérance économique de l'Angleterre pour deux siècles.

Fin de l'hégémonie française

Les divisions de l'Europe ont finalement favorisé la primauté politique, maritime et commerciale de l'Angleterre, primauté et prépondérance symbolisées par une nouvelle forme de gouvernement, celui de Guillaume d'Orange, qui illustre le triomphe du régime parlementaire sur l'absolutisme de Louis XIV.
En 1703 déjà, par le traité de Methuen, l'Angleterre s'attribue le monopole des marchés brésiliens et portugais. À Utrecht, surtout, l'Empire espagnol échappe à la France et s'ouvre à l'Angleterre par la clause de la nation la plus favorisée. Le marché américain – par l'asiento commerce des esclaves et le vaisseau de permission, la baie d'Hudson et son commerce de fourrures, l'Acadie et Terre-Neuve avec leurs riches pêcheries – passe de la France à l'Angleterre.

L'heure du bilan : la France en 1715

Ainsi le vieux roi, après la terrible et épuisante guerre de la Succession d'Espagne, peut faire le bilan de son règne.
À cette date, qu'en est-il du royaume ?
De sérieuses retouches doivent être apportées au tableau de désolation tel que l'a dressé Fénelon. La baisse de population due à la crise de 1709-1710 a été vite compensée, car à partir de 1714 de belles récoltes vont faire baisser le prix du pain.
La vigoureuse expansion de la marine de commerce favorise un intense trafic avec la Chine et les ports sud-américains.
Le commerce avec la Louisiane s'est développé ; Marseille s'est enrichie par le commerce du Levant, et Nantes grâce au sucre antillais. Dans l'industrie, le bas prix des subsistances et le renouveau du négoce favorisent une renaissance des manufactures ; aussi le climat est-il bien plus propice à la reprise qu'à une récession.
Dans sa politique étrangère, le roi a eu contre lui les riches économies anglaise et hollandaise, le regain de puissance de l'empereur Léopold Ier qui, en arrêtant les Turcs à Vienne, puis en les chassant de ses Marches de l'est, a retrouvé un grand prestige, en se posant, comme jadis, champion de la chrétienté.
Mais en 1715, la France sort territorialement agrandie des guerres de Louis XIV, et les frontières renforcées empêcheront pour un siècle toute invasion étrangère.
Dans le domaine militaire, de grands progrès ont été obtenus ; la France a la première armée d'Europe, et, surtout, une véritable intendance a été enfin créée, arsenaux, magasins d'étapes, casernes.
Si la marine de guerre, après 1690, décline, par manque de moyens, la première place revient aux armements privés, et le roi a su favoriser et judicieusement employer les flottes privées des négociants.
La grande faiblesse, ce sont les finances. En 1715, l'État est considérablement endetté par plus de vingt ans de guerres presque successives. Louis XIV, à cause de ses guerres, n'a jamais eu, après 1672, de finances stables.
Ce déséquilibre est aggravé par l'absence d'une grande banque et d'organismes de crédit, et, malgré les efforts et quelques essais de Vauban, qui n'a pas été écouté, il n'y a eu aucune réforme dans la répartition des impôts.
Quant à l'État, l'œuvre de Louis XIV fut une entreprise de modernisation.
Si la vieille administration des officiers vénaux subsiste encore, elle n'a plus grande autorité ; la réalité du pouvoir appartient désormais au gouvernement royal et à son solide réseau d'intendants.
Les fureurs paysannes ont disparu en même temps que se sont développées la police et l'armée. Les éléments nomades, pouvant devenir dangereux, ont été sédentarisés : mendiants dans les hôpitaux généraux, soldats dans les casernes.
En 1715, dans une France encore auréolée de toutes les gloires de son Grand Siècle, la monarchie administrative centralisatrice commence.
La France ordonnée de Louis XV s'annonce.

Une santé défaillante

Il a été régulièrement dit du roi qu'il n'était pas grand.
En 1956, Louis Hastier avait déduit, à partir des dimensions de l’armure qui lui avait été offerte en 1668 par la République de Venise, que le roi ne pouvait mesurer plus de 1,65 m.
Cette déduction est aujourd’hui contestée : cette armure aurait pu être fabriquée selon un standard moyen de l’époque et était un présent honorifique : elle n’était donc pas destinée à être portée, si ce n’est dans les tableaux peints à sujet antique – au Grand siècle, le roi allait à la guerre en chapeau à plume et en perruque.
Certains témoignages confirment qu’il était d’une belle prestance ; ce qui laisse supposer que, pour son temps, il avait au moins une taille moyenne et une silhouette bien proportionnée.
Madame de Motteville raconte, par exemple, que lors de l’entrevue sur l’île aux Faisans en juin 1660 entre les jeunes promis, présentés par les deux partis français et espagnols, que l’Infante Reine le regardait avec des yeux tout-à-fait intéressés par sa bonne mine, parce que sa belle taille le faisait dépasser les deux ministres Mazarin, d’un côté et don Louis de Haro, de l’autre de toute la tête .
Enfin, un seul témoin, François-Joseph de Lagrange-Chancel qui fut maître d’hôtel de la princesse Palatine, belle-sœur du roi, avance une mesure précise : Cinq pieds, huit pouces de hauteur , soit 1,84m
Il fut un amateur fervent de la danse, du spectacle de ballets et du jeu de paume et comme presque tous ses ancêtres, un passionné de chasse et d’équitation.
Cela fut surtout vrai dans sa jeunesse car s’il a pu paraître robuste et insensible à la fatigue, ne se plaignant ni du chaud ni du froid, ni de la pluie ni de la grêle et feignait de s’étonner qu’on puisse en souffrir, Louis XIV fut avant tout un homme d’une grande endurance physique et morale.
Et s’il eut un règne d’une longueur exceptionnelle, il fut paradoxalement toute sa vie d’une santé déficiente et maintes fois mise en péril, aussi fut-il suivi quotidiennement par cinq médecins, Jacques Cousinot de 1643 à 1646, François Vautier en 1647, Antoine Vallot de 1648 à 1671, Antoine d'Aquin de 1672 à 1693, enfin Guy-Crescent Fagon jusqu'à la mort du roi, tous usant et abusant de la saignée, des purgations et des lavements aux clystères le roi ayant reçu plus de 5 000 lavements en 50 ans.
Par ailleurs, comme l'expliquent des notes sanitaires, il eut de nombreux ennuis peu royaux .
Ainsi, il arriva à Louis d'avoir fort mauvaise haleine à cause de ses ennuis dentaires apparus en 1676 selon le journal de son dentiste Dubois : il arrivait alors à ses maîtresses de placer un mouchoir parfumé devant leur nez, et ce d'autant plus que le roi ne supportait pas les parfums, à l’exception de la fleur d'oranger et en 1685, alors qu'on lui arrachait un des nombreux chicots de son maxillaire gauche, une partie de son palais fut arrachée, provoquant une communication bucco-nasale.
Sa psychologie présentait des tendances mégalomanes comme en témoignent sa grande collection de chaussures de ballet ornées de rubans somptueux dont certains témoignages l'évaluait à 2 500 paires.
Il avait une obsession pour sa vaste collection qui l'a porté toute sa vie à chercher la deuxième pièce d'une paire qui ne sera jamais reconstituée.
La lecture du journal de santé de ce monarque, minutieusement entretenu, est édifiante : il se passe peu de jours sans que le souverain ne soit pas l’objet d’une purgation, d’un lavement, d’un emplâtre, d’une pommade ou d’une saignée. On y trouve entre autres consignés :

Petite vérole en 1647.
Troubles gastriques et dysenteries : ce sont des indispositions pénibles et chroniques chez ce monarque, réputé gros mangeur.
Tumeurs : tétin droit cautérisé en janvier 1653…
Blennorragie : tenue secrète, cette maladie le tenaille régulièrement depuis sa jeunesse, depuis mai 1655, époque de ses premières liaisons.
Vapeurs et douleurs dorsales fréquentes : certaines en novembre 1647 attribuées à une attaque de petite vérole ; avec pustules sur tout le visage et d’autres parties du corps, suivie d'un début de gangrène des orteils…
Langueurs et fièvres variées : fièvres de fin 1655 ; fièvre typhoïde de juin 1658…
Maux de dents : en 1685, toute sa dentition supérieure côté gauche est arrachée avec le voile du palais qui sera cautérisé plusieurs fois aux pointes de feu les liquides lui ressortent parfois par le nez.
Fistule anale : cette malformation handicapante lui fera finalement subir une opération expérimentale la plus douloureuse qui soit par le chirurgien Félix en novembre 1686.
Ennuis urinaires : accompagnés de probables calculs mictions accompagnées de pelotons de sable …
La goutte : des attaques insupportables au pied droit et à la cheville gauche qui le tiennent longtemps immobilisé ou gênent sa marche.

Ses dernières années tiendront du supplice.

Louis XIV est roi depuis soixante-douze ans et a perdu tous ses compagnons de jeunesse.
Ses grands ministres sont morts. En quatre ans, de 1711 à 1714, la mort va lui enlever toute sa descendance à l'exception d'un arrière-petit-fils de cinq ans, le duc d'Anjou futur Louis XV.
Ces deuils l'inciteront à écrire, sans trop d'illusions semble-t-il, un testament qui habilite ses bâtards à lui succéder.
Son neveu Philippe d'Orléans, qu'il a nommé régent, fera d'ailleurs casser ce testament le lendemain de la mort du Roi-Soleil, qui survient après une courte maladie le 1er septembre 1715.

L'âge de Louis XIV et la santé très fragile de l'enfant qui est désormais son héritier posent un grave problème dynastique. En effet, si l'enfant venait à mourir, l'arbre génénalogique des Bourbon poserait un problème diplomatique majeur pour la succession du Roi de France.
┌── par Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683)
│ └──> Louis de France (1661–1711)
│ │
│ │ ┌──>Louis de France, duc de Bourgogne
│ │ │ │
│ │ │ └──> Louis de France (1704-1705)
│ │ │ └──> Louis de France (1707-1712) (1707-1712)
│ │ │ └──> Louis XV de France (1710-1774)
│ │ │
│ └──+──>Philippe de France, duc d'Anjou (1683-1746) Roi d'Espagne
│ │
│ └──>Charles de France (1686-1714), duc de Berry, marié avec Marie Louise Élisabeth d'Orléans
│
┌──> Louis XIV (1638–1715)
│ │
│ │ ┌──> Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine (1670-1736),
│ │ │
│ │ ┌────────+──> Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1678-1737)
│ │ │ │
│ │ │ └──> Autres enfants dont Mademoiselle de Blois
│ │ │
│ └─ par Madame de Montespan
│
│
└──> Philippe d'Orléans (1640-1701)──> Philippe d'Orléans (1674-1723)(Régent)

Mort de Louis XIV

" On crut le Roy mort dez le Lundy 25. Il se porta
mieux un jour ou deux quoyque sans esperance. Il
est mort après avoir beaucoup souffert et avec une grande
patience le Dimanche 1r sept a 8 h. du matin
Mr le Duc d’Orleans alla au Parlt [Parlement] et fut declaré
Regent le 2. septe "
Le Parlement de Paris cassa son testament dès le 4 septembre, ouvrant une ère de retour en force des nobles et des parlementaires. Pour la plupart de ses sujets, le souverain vieillissant était devenu une figure de plus en plus lointaine. Le cortège funèbre de Louis XIV fut même hué ou raillé sur la route de Saint-Denis. Cependant, de nombreuses cours étrangères, même traditionnellement ennemies de la France, eurent conscience de la disparition d'un monarque d'exception : l'Électeur de Saxe n'eut besoin de donner aucune précision de nom lorsqu'il annonça solennellement à ses ministres :
"Messieurs, le roi est mort ".

Sépulture

Le corps de Louis XIV est déposé dans le caveau des Bourbons, dans la crypte de la basilique Saint-Denis. Au XIXe siècle, Louis-Philippe Ier commande un monument dans la chapelle commémorative des Bourbons à Saint-Denis, en 1841 - 1842.
L'architecte Debret est chargé de concevoir un cénotaphe en remployant plusieurs sculptures d'origines diverses : un médaillon central représentant un portrait du roi de profil réalisé par l'atelier du sculpteur Girardon au XVIIe siècle, mais dont l'origine n'est pas connue, cantonné de deux figures de Vertus sculptées par Le Sueur et provenant du tombeau du cardinal du Vair, et surmonté d'un ange sculpté par Jacques Bousseau au XVIIIe siècle et provenant de l'église de Picpus.
De part et d'autre de cet ensemble de sculptures sont placées quatre colonnes en marbre rouge provenant de l'église de Saint-Landry, et des bas-reliefs provenant du tombeau de Louis de Cossé à l'église du couvent des Célestins de Paris, les génies funéraires provenant du même tombeau ont été déplacés par Viollet-le-Duc au musée du Louvre.

Descendance de Louis XIV.

Louis XIV a de nombreux enfants légitimes et illégitimes.
De sa femme, Marie-Thérèse d'Autriche, le roi a six enfants, 3 filles et 3 garçons dont un seul survécut à l'enfance :
Nom Naissance Décès
Louis de France, fils de France, le Grand Dauphin 1er novembre 1661 14 avril 1711
Anne-Élisabeth de France, fille de France 18 novembre 1662 30 décembre 1662
Marie-Anne de France, fille de France 16 novembre 1664 26 décembre 1664
Marie-Thérèse de France, fille de France, la Petite Madame 2 janvier 1667 1er mars 1672
Philippe-Charles de France, fils de France, duc d'Anjou 5 août 1668 10 juillet 1671
Louis-François de France, fils de France, duc d'Anjou 14 juin 1672 4 novembre 1672
De ses deux principales maîtresses, il eut 11 enfants légitimés:
De l'union du roi avec Louise de La Vallière naissent :
Charles (1663-1672)
Philippe (1665-1666)
Marie-Anne, mademoiselle de Blois (1666-1739), mariée au prince de Conti ;
Louis, comte de Vermandois (1667-1683).
De Madame de Montespan naissent :
Louise-Françoise (1669-1672)
Louis-Auguste, duc du Maine (1670-1736) ;
Louis César, comte de Vexin (1672-1683) ;
Louise-Françoise, mademoiselle de Nantes (1673-1743), mariée au duc de Bourbon ;
Louise-Marie, mademoiselle de Tours (1674-1681).
Françoise-Marie, mademoiselle de Blois (1677-1749), mariée à Philippe d'Orléans, le futur régent ;
Louis-Alexandre, comte de Toulouse (1678-1737).
En 1679, l'affaire des Poisons consomme la disgrâce dans laquelle Madame de Montespan, ex-favorite du roi était tombée quelques mois auparavant.
Le roi aurait eu d'autres enfants mais non reconnus dont :
Avec Claude de Vin des Å’illets :
Louise de Maisonblanche (1676-1718)
Madame de Maintenon, sera l'épouse secrète du roi
Louis XIV a de très nombreuses maîtresses, parmi lesquelles Louise de La Vallière, Athénaïs de Montespan, Marie-Élisabeth de Ludres, Marie Angélique de Fontanges, Madame de Maintenon, qu'il épousa secrètement après la mort de la Reine, sans doute dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683, en présence du Père de La Chaise qui donna la bénédiction nuptiale.
On dit souvent que Mademoiselle de Beauvais, dite Cateau La Borgnesse, déniaisa le roi qui avait 14 ans, mais les historiens en doutent fortement.
Cependant, cette femme issue de peu eut l'extrême honneur de recevoir un cadeau étonnant d'Anne d'Autriche, la reine-mère : elle est payée en pierres précieuses, prévues initialement pour les travaux du Louvre, avec lesquelles elle s’est construit un hôtel particulier à Paris, aujourd’hui situé au 68, rue François-Miron, l'hôtel de Beauvais.
Le roi adolescent fait à 18 ans la rencontre d'une nièce du cardinal Mazarin, Marie Mancini.
S'ensuivra entre eux une grande passion, contrariée par le puissant cardinal qui est l'oncle de la jeune fille, le parrain du roi, le premier ministre du royaume et un prince de l'Église.
Conscient des intérêts de la France et des siens, le primat préfère faire épouser au roi, son pupille, l'infante d'Espagne.
En 1670, Jean Racine s'inspira de l'histoire du roi et de Marie Mancini pour écrire Bérénice.
Plus tard, le roi fait aménager des escaliers secrets dans Versailles pour rejoindre ses différentes maîtresses.
Ces liaisons irritent la compagnie du Saint-Sacrement, un parti de dévots. Bossuet, comme Madame de Maintenon, tentent de ramener le roi à plus de vertu.

liste des maîtresses et favorites

On dénombre au moins 15 maîtresses au roi :
Marie Mancini, nièce du cardinal de Mazarin qui deviendra Madame la Connétable de Colonna ;
Olympe Mancini, comtesse de Soissons (1655), sœur de la précédente;
Lucie de La Motte-Argencourt (1657) ;
Henriette Anne Stuart d'Angleterre, sa belle-sœur (Le statut de maîtresse est contesté par des historiens, notamment par Jean-Christian Petitfils qui parle de relation platonnique 55;
Louise Françoise de La Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière et de Vaujours (1644+1710, liaison avec le roi de 1661 à 1667) ;
Catherine Charlotte de Gramont, princesse de Monaco, épouse du prince de Monaco
Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan (1667 à 1681) ;
Bonne de Pons, marquise d'Heudicourt (1665 ou 1666) ;
Anne-Julie de Rohan-Chabot, princesse de Soubise (1674 à 1676)
Marie-Élisabeth de Ludres (1676 à 1677) ;
Lydie de Rochefort-Théobon ;
Marie Angélique de Scoraille de Roussille, marquise puis duchesse de Fontanges (+1681), dite " Mademoiselle de Fontanges" ;
Claude de Vin des Œillets, dite « mademoiselle des Œillets » ;
Anne-Lucie de La Mothe-Houdancourt ;.
Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon, veuve du poète Scarron dite « la belle indienne » qu'il épousera en secret après le décès de la reine

Titres

1638 - 1643 S.A.R. Monseigneur le Dauphin
1643 - 1715 S.M. le Roi de France et de Navarre

Filmographie

Laurent Heynemann, Le Roi, l'Écureuil et la Couleuvre, 2011
Thierry Binisti, Versailles, le rêve d'un roi, 2007
Gérard Corbiau, Le roi danse, 2000
Patricia Mazuy, Saint-Cyr, 2000
Nina Companeez, L'Allée du roi, 1995
Roger Planchon, Louis, enfant roi, 1993
Roberto Rossellini, La Prise de pouvoir par Louis XIV, 1966



Liens

http://youtu.be/csun6FqXIqc L'allée du roi 1
http://youtu.be/pU4SflTdcVY L'allée du roi 2

http://youtu.be/mkMMNq7r2Zo Le roi dans 1/14
http://youtu.be/u6qryLypJds Louis XIV le roi soleil
http://youtu.be/46cqiFowr9Q Hymne de la monarchie Française

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Posté le : 31/08/2013 23:47
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« In extenso »


Intégralement, de bout en bout.


Cette expression vient du latin signifiant "dans toute son étendue".


Pour lire (peut-être) un exemple d'utilisation de l'expression du jour, voyez la rubrique 'Exemple' à cette page.

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Le port de l'étoile jaune 1 Septembre 1941 (suite)
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Un phénomène international

Constitutionnellement attachés à la liberté de conscience depuis l'origine, les États-Unis, nation profondément imprégnée de biblisme protestant, n'en ont pas moins gardé jusqu'à la fin de la guerre de Sécession des lois discriminatoires contre les juifs concernant le droit de vote et l'accès aux charges publiques.

L'antisémitisme importé d'Europe à la fin du siècle est présent dans le discours populiste de certains leaders ouvriers et dans celui des groupes extrémistes américains tels que le Ku Klux Klan, sans jamais pourtant prendre les proportions qu'il allait connaître en Europe.

Le nationalisme qui se développe, dans le sillage des révolutions de 1848, contre les Habsbourg en Europe centrale, tout comme celui qui voit le jour dans les Balkans avec l'affaiblissement de l'Empire ottoman ne sert pas seulement à légitimer l'autodétermination nationale, mais aussi à propager l'idée que l'ethnicité serait le principe le plus adapté à la formation de l'État.
La situation des juifs ne fait ainsi que se détériorer avec la fin de ces Empires multinationaux, mieux disposés à gérer les questions de minorités.
Dans ces contextes multiethniques, le nationalisme de la nation dominante sert désormais de fondement au nouvel État.

En Allemagne, avec l'appui de Bismarck qui vient d'interdire le parti socialiste des travailleurs (le futur S.P.D.), Adolf Stöcker, pasteur à la cour de Guillaume Ier, fonde en 1878 le parti ouvrier chrétien-social sur la base d'un programme dénonçant la domination des juifs sur la presse et la finance.
Les pangermanistes allemands tiennent des discours similaires.
À l'instar de l'organisation de Wilhelm Marr, les ligues antisémites se multiplient. En 1893, seize députés appartenant à l'Antisemitische Volkspartei fondé par Otto Böckel sont élus au Reichstag.
L'exclusion des juifs de la fonction publique et de l'enseignement, voire l'abolition pure et simple des lois d'émancipation est réclamée par tous ces mouvements.

En Autriche aussi, l'antisémitisme devient une force politique et en 1897, Karl Lueger est élu maire de Vienne sur un programme antisémite.
Il sera réélu jusqu'à sa mort en 1910, malgré la ferme désapprobation du gouvernement impérial. L'Europe centrale connaît dans son ensemble une fièvre d'antisémitisme, avec une résurgence de la vieille accusation de meurtre rituel, comme à Tisza Eszlar, en Hongrie, en 1882.

En Russie, qui abrite depuis le partage de la Pologne au XVIIIe siècle la plus grande population de juifs – environ cinq millions –, l'antisémitisme est érigé en politique d'État, attisant une haine populaire vivace, nourrie de siècles d'antijudaïsme orthodoxe.
L'assassinat du tsar Alexandre II en 1881 provoque la première grande vague de pogroms dans le sud de l'Ukraine. Alexandre III impose aux juifs des restrictions économiques en 1882.
Au fil des années, les discriminations ne font que s'aggraver. Vers la fin des années 1880, on introduit des quotas pour l'admission des juifs dans les écoles russes, les universités et diverses professions. En 1891-1892, plus de 20 000 juifs sont expulsés de Moscou. Le 6 avril 1903, c'est le pogrom de Kishinev.
En 1904, les juifs sont accusés d'intelligence avec les Japonais contre qui la Russie est en guerre, ce qui occasionne de graves émeutes. L'agitation antijuive qui s'étend atteint son point culminant avec l'affaire Beilis, une affaire de calomnie de meurtre rituel en 1911-1912.
Chacune de ces flambées d'antisémitisme dans l'empire déclenche une nouvelle vague d'émigration.

Dès le XIXe siècle, les effets de l'antisémitisme européen n'épargnent plus même l'Orient musulman qui n'avait pourtant connu jusque-là que des accès plutôt rares et circonscrits de violence contre les juifs.
L'hostilité s'exprime là aussi par des accusations de meurtre rituel lancées contre les juifs par les populations chrétiennes, spécialement grecques.
Elle s'inscrit dans un contexte de concurrence économique exacerbée et trouve des relais chez les puissances européennes qui se servent des minorités non musulmanes pour étendre leur influence.

Une des plus célèbres calomnies de meurtre rituel de cette période est celle de Damas, laquelle intervient dans le cadre des visées impérialistes de la France de Louis-Philippe, au Proche-Orient. En 1840, un moine et son serviteur disparaissent. On ne les retrouvera jamais.
Sur l'instigation du consul de France, le crime est imputé aux juifs, qui sont arrêtés, emprisonnés, torturés. Adolphe Thiers valide la thèse du crime rituel.
Cette affaire secoue les juifs d'Europe qui s'organisent pour éviter que ne se reproduisent de telles calomnies, vestiges moyenâgeux qui, à leurs yeux, ne devraient plus avoir leur place dans la société moderne.
Parallèlement, les États-nations chrétiens orthodoxes nés sur les terres de l'Empire ottoman démembré, Grèce, 1830 ; Serbie et Grande Bulgarie, 1878, entretiennent un climat d'antisémitisme comparable à celui que connaît l'Occident.

L'antisémitisme de 1914 à 1945

En France, la Grande Guerre dilue l'antisémitisme dans l'élan patriotique de l' Union sacrée prônée par Barrès, qui consent enfin à admettre les juifs parmi Les Diverses Familles spirituelles de la France, titre de son ouvrage paru en 1917.
Le prix du sang versé à la patrie donnait la preuve la plus haute de la loyauté nationale des juifs : il fut oublié par bon nombre aussitôt la guerre finie.
Enraciné dans le terrain idéologique constitué à la fin du XIXe siècle, l'antisémitisme réapparaît dans l'après-guerre plus fort que jamais ; les causes en sont multiples.
La guerre avait occasionné une dépression économique importante. La société européenne avait subi un traumatisme de taille avec ses millions de morts.
Le nationalisme forcené des nouveaux États européens indépendants, comme la Pologne, la Roumanie, la Lituanie et la Lettonie, la peur du bolchevisme, la résistance à la démocratie parlementaire à la suite des soulèvements révolutionnaires qui se produisirent à la fin de la guerre se combinent pour créer un climat très favorable au développement de l'antisémitisme.

Nationalisme et antisémitisme

À partir de 1919, la mise en circulation, à l'Ouest, des Protocoles des Sages de Sion, d'abord sous forme manuscrite, va devenir une arme clé de la propagande antisémite.
La première édition allemande paraît en 1920. Le livre connaît un succès rapide.
Il fut réédité deux fois au cours du mois qui suivit la publication, cinq fois avant la fin de 1920. 120 000 exemplaires en furent écoulés en moins d'un an.
Le livre a certainement beaucoup contribué à la propagation de la folie nazie sous le régime démocratique et libéral de la République de Weimar.
La première édition anglaise, anonyme, parut sous le titre de Péril juif, en janvier ou février 1920.
Le 8 mai 1920, le Times de Londres lui consacrait un long article.
Son exploitation à grande échelle ne venait que de commencer.
Il s'agit en fait d'un faux fabriqué au début du XXe siècle par la police tsariste pour fournir la preuve parfaite du complot juif pour dominer le monde.
Toute une littérature se développe autour de ce faux à partir des années 1930, qui sont aussi celles de la faillite de l'ordre international pacifique incarné par la S.D.N.

L'Allemagne, l'Autriche et la Hongrie, sorties vaincues de la guerre, connaissent les formes d'antisémitisme les plus virulentes. Humiliée par les conditions du traité de Versailles, la première reste abasourdie par la défaite de son armée, soi-disant invaincue sur le champ de bataille .
L'idée d'une trahison des politiciens, d'un coup de poignard dans le dos , d'une collusion contre l'Allemagne des juifs bolcheviques et des juifs capitalistes est colportée dès l'armistice.
Crise politique, chute de l'empire, révolution spartakiste et économique se conjuguent pour reconvertir nombre des six millions de soldats démobilisés dans une multitude de formations paramilitaires, et banaliser la violence de guerre dans la société civile.
On dénombre en Allemagne plus de 300 assassinats d'hommes politiques entre 1919 et 1924. Les formations d'extrême droite s'en prennent aux juifs et aux hommes politiques de la république enjuivée de Weimar.
L'une d'entre elles, le Parti national socialiste des travailleurs allemands (N.S.D.A.P.) est dirigée dès sa fondation, en 1920, par un obscur caporal, Adolf Hitler.
En 1922, le ministre juif allemand des Affaires étrangères, Walter Rathenau, est assassiné par deux membres de l'organisation Consul, persuadés d'éliminer l'un des sages des Protocoles.

Dans l'Europe issue du démembrement des empires centraux, l'antisémitisme fait partie intégrante du discours nationaliste des nouveaux États.
Sur le vieux fond d'hostilité chrétienne vient se greffer la dénonciation de la dernière version de l'internationalisme juif, le judéobolchevisme, agent corrupteur de valeurs nationales si chèrement conquises.
Ainsi en Hongrie, traumatisée par l'épisode de la République des Conseils de Béla Kun et par la terreur blanche qui lui succède, puis par le traité de Trianon qui lui enlève 60 p. 100 de son territoire.
Sous la férule du régent Horthy, militaire calviniste, le pays cultive une idéologie antimoderniste qui proclame contraire à la tradition et à l'esprit national hongrois le capitalisme, la démocratie parlementaire et la culture urbaine de masse.
Cette modernisation entamée au XIXe aurait été importée par des étrangers, en particulier par les juifs, et n'aurait servi que leurs intérêts.
Les juifs ne sont jamais tenus pour des Hongrois, quel que soit leur degré d'assimilation.
Cet antisémitisme vise non plus seulement les immigrés juifs galiciens refusant l'assimilation mais aussi la classe moyenne, les citoyens juifs cosmopolites et germanophones, intégrés à la société hongroise depuis l'empire.
Toujours selon la rhétorique nationaliste, leur présence provoquait une corrosion du caractère national.
Elle risquait de porter atteinte à son intégrité et de finir par le corrompre.
C'est ainsi qu'en 1920 la Hongrie adoptait la première loi de discrimination raciale d'Europe, imposant aux étudiants juifs un numerus clausus pour l'entrée à l'université.

Quant à la Pologne, d'après le recensement de 1931, elle compte 3,5 millions de juifs représentant près de 10 p. 100 de sa population.
Contrairement au modèle assimilationniste qui prévaut en Occident, les juif polonais bénéficient du statut de minorité nationale garanti constitutionnellement, en application du traité des minorités de 1919, annexé au traité de Versailles pour régler le problème des minorités en Europe orientale. Ils ont ainsi leurs écoles subventionnées par l'État, leurs partis et syndicats, leurs députés à la Diète, leur presse – yiddish ou polonaise.
Jamais accepté par les Polonais catholiques, ce système imposé de l'extérieur favorise les phénomènes de rejet mutuel et influe sur la perception que les juifs ont d'eux-mêmes.
Même assimilés et convertis, ils sont considérés comme des étrangers. En dépit de cette étrangeté, une large part de la culture polonaise de cette époque a été produite par des juifs polonais acculturés.

L'ère nazie : 1933-1945

La crise économique et politique qui secoue l'Europe après le krach de 1929 va encore aggraver la xénophobie et l'antisémitisme.
L'année 1933 marque l'arrivée de Hitler au pouvoir et la mainmise de l'idéologie raciste nazie sur l'Allemagne.
L'Europe de l'Est est secouée par l'essor de mouvements antisémites qu'on retrouvera collaborant activement à l'élimination physique des juifs pendant les années noires de la Seconde Guerre mondiale.

En France, une série d’évènements vient attiser l'antisémitisme.
L'affaire Stavisky, 1933-1934, scandale financier provoqué par un escroc, juif d'origine russe, fournit le prétexte à l'émeute du 6 février 1934.
La publication en français, la même année, du Mein Kampf de Hitler lui sert de caution.
Avec la victoire en 1936 du Front populaire et la formation du gouvernement de Léon Blum, tous les motifs de haine sont réactivés : l'alliance judéobolchevique, les juifs envahisseurs et apatrides, éternels étrangers inassimilables, êtres nuisibles, maléfiques, déicides, responsables de tous les maux et de tous les désordres.
Au côté de l'Action française qui réunit quelque 60 000 adhérents en 1934, les organisations d'extrême droite, Camelots du roi, Croix de feu, Parti franciste, Parti national populaire remettent en cause les fondements mêmes de l'ordre républicain, mais ne parviennent pas à l'abattre comme en Allemagne.

Une grande partie de l'opinion publique est sensible à cette propagande.
La presse antisémite regroupe près de cinquante titres en 1938 dont Gringoire, Candide et Je suis partout, auquel collaborent Robert Brasillach et Lucien Rebatet.
Des écrivains comme Louis-Ferdinand Céline, Pierre Gaxotte, Marcel Jouhandeau, Paul Morand, Robert Brasillach, Jean Giraudoux, qui souhaite la création d'un grand ministère de la Race en 1939, Pierre Drieu La Rochelle, Camille Mauclair, Maurice Bedel et Maurice Constantin-Weyer, respectivement prix Goncourt en 1927 et 1928, sont de la partie.
Le décret Marchandeau du 21 avril 1939, du nom du ministre de la Justice prévoit des sanctions pénales pour l'incitation à la haine raciale, mais il arrive bien tard.
Le Parti communiste et la C.G.T. sont également gagnés par la xénophobie, et la classe ouvrière s'en trouve imprégnée.

Face à ce discours de haine, des chrétiens se rangent avec la majorité des progressistes et des modérés au côté des juifs pour lutter contre le racisme.
De jeunes publications chrétiennes comme La Vie Catholique, la revue Esprit, l'hebdomadaire des dominicains Sept, les périodiques de la jeunesse ouvrière catholique et des Pères de Sion diffusent les idées des chrétiens philosémites.
En même temps, des voix s'élèvent à partir de 1933 pour réclamer haut et fort qu'on interdise l'entrée en France aux juifs et aux réfugiés juifs allemands, accusés tantôt de pouvoir devenir des espions pour l'Allemagne en cas de conflit, tantôt de pousser la France à la guerre contre l'Allemagne.
Certains exigent déjà un statut juridique qui ferait des juifs des citoyens de seconde zone.

En Allemagne, l'arrivée au pouvoir des nazis anéantit toute l'œuvre d'émancipation.
Le régime adoptera environ 2000 lois et règlements discriminatoires à l'encontre des juifs.
La toute première exclusion des non-aryens figure au paragraphe 3 de la loi du 7 avril 1933 sur la fonction publique.
Le 15 septembre 1935, les lois de Nuremberg – l'une sur la nationalité et l'autre pour la protection du sang et de l'honneur allemands –, déchoient les juifs de leur citoyenneté et les mettent hors du droit et de toute vie sociale.
Mariages et relations sexuelles entre aryens et non-aryens sont également interdits.
L'application de ces dispositions requiert une définition du juif : est considéré comme tel celui qui a au moins trois grands-parents juifs, ainsi que celui qui a seulement deux grands-parents juifs mais appartient à la communauté religieuse juive ou est marié à un juif.
Cette preuve religieuse était aussi un aveu de l'impossibilité pour les nazis de parvenir à une définition raciale des juifs.
Le 3 août 1938, l'Italie fasciste de Mussolini adopte à son tour une loi excluant les juifs de la société.

L'assassinat, le 7 novembre 1938, de Ernst vom Rath, secrétaire de l'ambassade d'Allemagne à Paris, par Herschel Grynszpan, juif polonais immigré d'Allemagne en situation illégale, fournit le prétexte au déclenchement par les nazis, dans la nuit du 9 au 10 novembre, d'un pogrom dans tout le pays, appelé Nuit de cristal.
Entre 1933 et 1939, environ la moitié des 500 000 juifs d'Allemagne ont quitté le pays.

Juifs allemands

Une nouvelle étape commence avec la conquête de la Pologne en septembre 1939. Les nazis y réintroduisent aussitôt les ghettos, comme plus tard sur l'ensemble des territoires occupés à l'Est.
Les conditions de travail, les épidémies, la faim dans ces ghettos causent la mort d'un demi-million de juifs polonais.
Loin de faire revivre la logique traditionnelle de ségrégation, cet enfermement prépare l'organisation et le transit étalé dans le temps de l'ensemble des populations juives vers les camps d'extermination.

En France, les premières mesures discriminatoires en zone occupée sont l'œuvre des autorités allemandes. Dès le 27 septembre 1940, les Allemands promulguent une ordonnance définissant qui est juif.
Ceux qui répondent à cette définition sont tenus de se faire recenser jusqu'au 20 octobre, auprès de la sous-préfecture de leur domicile. Mais le 3 octobre 1940, une semaine après l'ordonnance allemande, le gouvernement de Vichy, de sa propre initiative et sans qu'il y ait eu pression allemande, décrète son statut des juifs.
Vichy compte affirmer sa souveraineté sur les deux zones et promulgue sa propre législation.
Ce sont les Allemands qui, le 29 mai 1942, obligent les juifs à porter l'étoile jaune en zone occupée

Des Juifs déportés, l'étoile jaune cousue sur leur vêtement, arrivent au camp d'extermination d'Auschwitz.

Le bilan global du génocide des juifs d'Europe se situe entre 5,5 et 6 millions de victimes. Sur ce total, les Einsatzgruppen, unités spéciales chargées, après l'offensive à l'Est, d'exterminer sur place, sont à l'origine de la mort de 1,25 million de personnes. Environ 3,5 millions ont été anéantis dans les camps d'extermination.
Les marches forcées de la fin de la guerre, dites « marches de la mort », effectuées lors de l'évacuation des camps, ont provoqué 250 000 décès.
Le reste a péri de malnutrition, de maladie, d'épuisement.
La solution finale n'a pas fonctionné à la même échelle partout : le Danemark a par exemple protégé et sauvé presque toute sa communauté juive, 485 furent déportés à Theresienstadt, et entre 7 000 et 8 000 juifs furent transportés en Suède pour y être mis à l'abri, quand la Pologne l'a perdue presque totalement, sur 3 350 000 juifs polonais, il n'en restait que 50 000 en 1945.
En France, sur une population juive estimée à 300 000-330 000 personnes en 1939, 75 721 ont été déportés, dont 2 500 ont survécu. En 1939, 60 p. 100 de l'ensemble des juifs vivaient en Europe ; en 1951, cette proportion était tombée à 30 p. 100.

L'après-guerre

L'Église et les juifs après le génocide
Malgré l'engagement de nombreux catholiques dans la lutte contre le nazisme et le soutien déployé individuellement par certains pour sauver des juifs, les silences de la hiérarchie catholique face au déchaînement de la haine nazie dès 1933, l'existence avérée d'un antisémitisme clérical appuyant activement les nazis, en Allemagne, en Autriche, en Croatie notamment, enfin l'absence de condamnation officielle du génocide par le pape pourtant informé dès 1941 des déportations de juifs vers des destinations inconnues à l'Est, ne pouvaient que susciter questionnements et interpellations.
Il n'est certes pas évident que les officiels du Vatican, le Conseil mondial des Églises à Genève, ou même les organisations juives situées en dehors de la sphère contrôlée par les nazis aient immédiatement réalisé les intentions génocidaires du Reich.
Les chrétiens n'en devaient pas moins se pencher sur leur propre passé, sur des siècles d'incompréhension, sur cet enseignement du mépris, selon l'expression de Jules Isaac, qu'ils reçurent et qui modela leurs mentalités.

Les soixante-cinq personnalités catholiques, protestantes et juives réunies dans la ville suisse de Seelisberg, à l'instigation de Jules Isaac, souhaitent se concerter sur cette question. Parmi les présents, aucun représentant des Églises catholique et protestante de France.
La déclaration qu'ils adoptent le 5 août 1947 est un message aux Églises, qui dicte en quelque sorte aux chrétiens la bonne conduite à adopter à l'endroit des juifs.
Jules Isaac fonde l'année suivante l'Amitié judéo-chrétienne pour favoriser les rapprochements entre juifs et chrétiens.

Le pape Jean XXIII lance le processus de révision de l'enseignement chrétien sur les juifs le Vendredi saint de 1959, pendant la cérémonie solennelle, en demandant l'abandon, dans la célèbre prière pour les juifs, de la mention de la erfidie judaïque et des juifs perfides.
Le 25 octobre 1965, on aboutit à la promulgation officielle d'un texte, la déclaration Nostra Aetate no 4, qui affirme le lien spirituel entre l'Église catholique et Israël et reconnaît, le grand patrimoine spirituel commun aux chrétiens et aux juifs, sans pour autant totalement supprimer la notion de déicide.
Pour le vingtième anniversaire de la promulgation de Nostra Aetate, la Commission du Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme fait paraître Notes pour une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l'Église catholique.
Enfin, Jean-Paul II publie, en décembre 1992, le nouveau Catéchisme universel de l'Église catholique qui adopte un ton nuancé et bienveillant sur les juifs. Les évêques de R.D.A., de R.F.A. et d'Autriche, en 1988, les évêques français, en 1997, s'engagent dans des déclarations de repentance pour le silence de leurs Églises face aux persécutions. Enfin, le 16 mars 1998, dans un texte intitulé Nous nous souvenons.
Une réflexion sur la Shoah, le Vatican condamne « les interprétations erronées et injustes du Nouveau Testament relatives au peuple juif et à sa culpabilité » qui ont nourri l'hostilité à son endroit mais nie le lien direct entre antijudaïsme chrétien et antisémitisme nazi. Cette prise de position suscite des critiques en Israël et dans les milieux juifs en Europe.

L'Europe de l'Est

Après la guerre, pour la première fois de leur histoire en Europe de l'Est, des juifs accèdent au pouvoir politique.
Dans ces régions détruites par la guerre et sous domination soviétique, avec une partie importante de ses nouveaux cadres dirigeants issue de la résistance juive, les conditions étaient réunies pour nourrir largement l'antisémitisme populaire.
L'opposition anticommuniste, encore représentative à l'époque, reproche aux juifs leur connivence avec le stalinisme et leur attribue tous les maux du régime ainsi que ses dysfonctionnements.
En Pologne, outre de violents incidents en 1945 à propos de terres confisquées aux juifs, le pogrom de Kielce, le 4 juillet 1946, auquel participent des nationalistes polonais et quelques communistes (42 victimes), révèle la persistance des mêmes mécanismes de haine en dépit du génocide commis pour ainsi dire la veille.
De son côté, Staline exploite dès 1946 cet antisémitisme populaire, en ordonnant l'élimination des membres du Comité antifasciste juif, qui débute avec l'assassinat du célèbre acteur de théâtre yiddish Salomon Mikhoels à Minsk, en janvier 1948.
Les purges visent les juifs à tous les échelons du système.
Le procès Slansky à Prague, en 1952, est l'un des tout premiers d'une série dont le plus célèbre est celui des blouses blanches , à Moscou, qui n'est interrompu que grâce à la mort de Staline en 1953.
Mais même lorsque les juifs ont disparu du pouvoir, l'antisémitisme des pays du bloc communiste persiste, maquillé sous les accusations de cosmopolitisme et de sionisme reprises invariablement par la propagande contre les ennemis du socialisme.

Depuis la chute du communisme, les actes d'inspiration antisémite commis aujourd'hui à l'Est ne sont plus guère différents dans leur forme de ceux qu'on rencontre régulièrement en Europe occidentale et aux États-Unis : graffitis, paroles non contrôlées, utilisation de stéréotypes, profanations de tombes juives, vandalisme sur des monuments ou des biens juifs, hooliganisme.
En Allemagne de l'Est, dès la chute du régime communiste, le Parlement, abandonnant l'interprétation marxiste du génocide, produit du fascisme, vrai visage du capitalisme, admet la responsabilité du peuple dans la Shoah. Comme la R.F.A. quarante ans plus tôt, il accepte de payer des indemnités à Israël comme préalable à l'établissement de relations diplomatiques avec ce dernier, et ouvre les portes du pays aux juifs fuyant l'antisémitisme d'Union soviétique.
Ce qui n'empêche pas les skinheads néo-nazis de pratiquer un antisémitisme de rue.
Ce phénomène persiste dans l'Allemagne réunifiée, sans qu'on puisse le considérer comme significatif.

L'antisémitisme populaire observé dans ces régions se nourrit notamment de la peur de l'avenir, des incertitudes économiques, et les couches les plus fragiles sont directement concernées.
Point d'antisémitisme de masse pourtant, plutôt une tolérance à l'antisémitisme qui, dans un contexte de crise, pourrait devenir préoccupante.
Le danger venant des juifs est perçu comme invisible, lié à une conspiration, où ils n'ont pas besoin d'être véritablement présents.
Les stéréotypes anciens et nouveaux se conjuguent, se ressourçant dans la tradition, le folklore, l'injure, le langage quotidien et bien sûr les fantasme sur un juif imaginaire.
Les éditions des Protocoles se multiplient.
C'est un complot juif ou franc-maçon qui expliquerait les changements intervenus au cours des dernières années. Le juif est à la fois le capitaliste d'aujourd'hui et le communiste d'hier, sources de tous les malheurs.
Toutefois, antisémitisme et philosémitisme cohabitent étrangement.

Le nationalisme, si fortement ancré dans la culture politique des États de l'Est, fait son grand retour, glorifiant certaines pages d'histoire que le communisme avait disqualifiées.
La réinstauration des valeurs et des mythes nationaux conduit à promouvoir l'idée d'États ethniquement purs ne se définissant plus comme des sociétés civiles.
Aujourd'hui, les politiciens de ces pays se proclament à l'envie vrais Polonais ou Hongrois chrétiens , le christianisme entrant nécessairement dans l'équation du citoyen authentique.
La judaïsation des objets de haine et de rejet n'habite leur discours que parce que le stéréotype du juif maléfique est resté ancré dans les mentalités.
Cette manipulation politique de l'antisémitisme concerne encore un groupe restreint mais pas vraiment marginal de leaders comme C. V. Tudor en Roumanie, Istvan Čsurka en Hongrie, ou Miroslav Sladek en République tchèque.

Europe de l'Ouest et Moyen- Orient

En Europe de l'Ouest, hormis chez les groupuscules néo-nazis, l'antisémitisme ouvert demeurait un phénomène marginal marginal jusqu'à la projection du conflit israélo-palestinien sur la scène européenne.
Contrairement aux États-Unis, certains États européens sanctionnent l'expression des opinions racistes, antisémites et négationnistes.
Le Japon, pour sa part, développe un antisémitisme sans juifs et connaît une floraison récente d'écrits antisémites et négationnistes. Version dissimulée d'antisémitisme, le négationnisme est diffusé dans le monde entier par de pseudo-historiens depuis les années 1950.
Il prend des formes multiples, soit qu'on accuse les juifs d'avoir inventé de toutes pièces le génocide ou d'avoir grossi le nombre des victimes, soit qu'on prétende que le soutien apporté par l'Ouest à l'État d'Israël repose sur sa culpabilité entretenue et très exagérée dans l'extermination pendant la Seconde Guerre mondiale.

Depuis la fondation de l'État d'Israël, le monde musulman nourrit une hostilité latente et parfois violente à l'encontre des juifs. Des traductions des Protocoles des Sages de Sion y sont largement diffusées. L'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël à la suite de la guerre de Six Jours en 1967 n'a pas aidé à faire baisser la tension.
La littérature antisémite et les stéréotypes traditionnels ont fait leur chemin avec vigueur et ont envahi les livres de classe, formant les jeunes esprits à la haine du juif confondu avec l'Israélien.
Chaque épisode du conflit entre Palestiniens et Israéliens génère des réactions violentes et passionnées dans les pays arabes et, plus largement, musulmans.

En France, la réévaluation ces dernières décennies du régime de Vichy et du rôle de l'antisémitisme français des années 1930-1940 a pris valeur de réparation morale pour les familles victimes du génocide, tout en faisant prendre conscience à la collectivité dans son ensemble de la responsabilité de l'État français dans le processus de déportation qui aboutit à l'extermination des juifs.

Les attaques antijuives liées à la tension au Moyen-Orient ne sont pas nouvelles dans l'histoire du conflit israélo-arabe. Depuis la seconde Intifada commencée en octobre 2000 et l'aggravation du conflit au Moyen-Orient, auxquelles s'est greffé le choc du 11 septembre 2001, des actes antijuifs commis par de jeunes maghrébins issus de l'immigration, originaires de quartiers et banlieues pauvres où juifs et arabes cohabitent, ont remis en France la question de l'antisémitisme au devant de la scène.
On signale chaque année quelques centaines d'incidents antijuifs allant de simples graffitis à des incendies de synagogues ou d'écoles.
Sans cadre idéologique précis, ces jeunes agissent sous l'effet de l'hostilité qu'ils éprouvent à l'endroit d'Israël et d'une projection du conflit israélo-palestinien qu'ils lisent sous l'angle de leurs propres exclusion et échec dans la société française.
Les replis communautaires constatés ces dernières années n'aident nullement au rapprochement entre juifs et arabes en France.
La seconde Intifada a aussi fourni un prétexte aux antisémites honteux pour s'exprimer plus librement.
Tout cela prend place également dans le regain de xénophobie qui touche la France comme les autres pays d'Europe.
Cet antisémitisme reste sensible à la conjoncture et n'a rien d'irréversible. De même, les travaux récents montrent que l'antisémitisme traditionnel recule en France, excepté la persistance des stéréotypes associant les juifs à l'argent et au progrès, et leur attribuant une influence disproportionnée avec la réalité.
De même, le négationnisme est unanimement rejeté, les demandes de réparations pour les spoliations subies pendant la guerre sont approuvées.
La minorité juive est de mieux en mieux acceptée dans la société française. L'antijudaïsme auquel elle doit faire face confond Israël en tant qu'État et les juifs pris globalement. Il ressemble à celui qui a cours actuellement dans les États arabes. En cela, il constitue une nouvelle forme d'antisémitisme.
Les dirigeants français dénoncent avec vigueur les actes antijuifs recensés dans le pays et ont mis en place des mesures de sécurité destinées à les prévenir.
Le rejet du juif semble plus grand dans les milieux populaires peu instruits inquiets pour leur avenir, parmi les personnes âgées et dans les strates politiquement situées à l'extrême droite.
Dans certains milieux de l'extrême gauche non organisée, anti-sharonisme, anti-israélisme et antisionisme se confondent et peuvent parfois donner lieu à certains glissements antisémites.

Les effets déstabilisants de la mondialisation, les incertitudes concernant l'élargissement de l'Union européenne ont préparé le terrain à la recrudescence de discours identitaires nationalistes.
Si elles se distinguent de l'antisémitisme historique, les formes d'hostilité antijuive contemporaine ne s'en inspirent pas moins. Antisémitisme, mais aussi xénophobie, islamophobie et racisme sont les déclinaisons diverses et multiples d'une attitude d'exclusion et de rejet contre laquelle chaque citoyen est appelé à mener un combat au quotidien. L'antisémitisme n'est pas une fatalité.

Liens

http://youtu.be/j--0Y8b1M4w Petit simon
http://youtu.be/ySZBnMukO8g Comme toi
http://youtu.be/ySZBnMukO8g Né en 17 à Leindenstadt
http://youtu.be/nCHMCvjvT3U La liste de Schindler musique
http://youtu.be/OCSuC7XSFVw La liste de Schindler Extrait du film
http://youtu.be/CwGaG5IMiyE Ferrat
http://youtu.be/lebwzRjREEU nuit et brouillards 1
http://youtu.be/9frXX1qOqSY nuits er brouillards 2
http://youtu.be/-oA4OBuaWYY nuits et brouillard 3
http://youtu.be/oCe07rhjOhw Auschwitz



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Posté le : 31/08/2013 13:45
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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