| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 585 586 587 (588) 589 590 591 ... 956 »


Re: Gary Kasparov
Plume d'Argent
Inscrit:
02/03/2014 16:08
Messages: 426
Niveau : 19; EXP : 17
HP : 0 / 454
MP : 142 / 13747
Hors Ligne
Bonjour, j'ai l'occasion de temps en temps de faire une partie ou deux avec des amis , juste pour le plaisir, mais là nous sommes devant un monument une vraie légende de ce jeu (qui mets parfois à rude épreuve nos petites cellules grises ). Vraiment du lourd Mr Kasparof

Posté le : 13/04/2014 09:34
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Caherine de Médicis
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57775
Hors Ligne
Le 13 avril 1519 à Florence en Italie naît Catherine de Médicis

sous le nom de Caterina Maria Romola di Lorenzo de' Medici et morte le 5 janvier 1589 à Blois France.
Fille de Laurent II de Médicis 1492-1519, duc d'Urbino, et de Madeleine de la Tour d'Auvergne 1495-1519. Elle est régente du Royaume de France, du 5 décembre 1560 au 17 aout soit, 2 ans, 8 mois et 12 jours, le monarque est Charles IX. Elle est reine de France du 31 mars 1547 au 10 juillet 1559, Elle est couronnée le 10 juin 1549, en la basilique de Saint-Denis, le monarque est Henri II, son Prédécesseur est Éléonore d'Autriche, son successeur Marie Stuart Dynastie Maison de Médicis
Son nom de naissance est Caterina Maria Romola di Lorenzo de Medicis, elle décède le 5 janvier 1589 à 69 ans dans le Château de Blois France, son pèreest Laurent II de Médicis, sa mère est Madeleine de la Tour d'Auvergne, elle aura pour Conjoint Henri II de France, elle a pour enfants François II, Élisabeth de France, Claude de France, Louis de France, Charles IX, Henri III, Marguerite de France, François de France, Victoire de France et Jeanne de France

Elle grandit en Italie d'où elle est originaire par son père. Née à Florence, Catherine de Médicis n'avait pas deux mois lorsqu'elle perdit successivement sa mère, Madeleine de La Tour d'Auvergne, comtesse de Boulogne, et son père Laurent II de Médicis, duc d'Urbino. Elle passe ses premières années à Rome sous la protection de son cousin le cardinal Jules de Médicis qui deviendra en 1523 le pape Clément VII. De retour à Florence, elle y est retenue comme otage pendant la révolte qui, en 1527, chasse les Médicis. En 1530 elle revient à Rome où elle passera trois ans ; conduite à Marseille, elle y rejoint Clément VII qui, le 28 octobre 1533, bénit son mariage avec le deuxième fils de François Ier, Henri duc d'Orléans.
À la mort de ses parents, elle hérite du titre de duchesse d'Urbino, puis de celui de comtesse d'Auvergne à la mort de sa tante Anne d'Auvergne en 1524.
Par son mariage avec le futur Henri II, elle devient Dauphine et duchesse de Bretagne de 1536 à 1547, puis reine de France de 1547 à 1559. Mère des rois de France François II, Charles IX, Henri III, des reines Élisabeth,reine d'Espagne et Marguerite dite "la reine Margot", elle gouverne la France en tant que reine-mère et régente de 1560 à 1563.

Catherine de Médicis est une figure emblématique du XVIe siècle. Son nom est irrémédiablement attaché aux guerres de Religion opposant catholiques et protestants. Partisane d'une politique de conciliation, elle est l'instauratrice en France de la liberté de conscience pour les protestants, et a de nombreuses fois tenté de faire accepter le concept de tolérance civile.
Une légende noire persistante la dépeint comme une personne acariâtre, jalouse du pouvoir, ne reculant devant aucun crime pour conserver son influence. Aujourd'hui, la tendance historiographique la réhabilite, et reconnaît en elle une des plus grandes reines de France. Néanmoins, son rôle dans le massacre de la Saint-Barthélemy contribue à en faire une figure controversée.
S'il est une constante qui peut être retenue pour définir son comportement, c'est à coup sûr le sens de l'État que renforce chez elle le souci de préserver la grandeur de la monarchie dont ses fils, qu'elle entoure d'une affection sans partage, sont les dépositaires. Fidèle à sa foi catholique, mais sans fanatisme, et confrontée tout de suite au problème religieux qui divise la France, elle tente d'abord, avec le chancelier Michel de L'Hospital qui a toute sa confiance, une politique de tolérance et même de rapprochement avec les protestants aux états généraux d'Orléans 1560 et au colloque de Poissy en 1561. Pour affermir le pouvoir de Charles IX, elle entreprend avec lui un long voyage à travers le royaume 1564-1566. Mais les mesures qu'elle prend en faveur des protestants : suppression de la peine de mort pour hérésie, liberté de conscience et de célébration du culte hors des villes irritent les catholiques et surtout le groupe formé autour des Guise. Malgré l'opposition de la majorité de ses sujets, fervents catholiques, Catherine accorde encore aux protestants l'édit d'Amboise 1563 et la paix de Saint-Germain en 1570. Pour sceller la réconciliation, Henri de Navarre épousera sa fille, Marguerite de Valois. Mais l'ascendant pris sur son fils Charles par le chef du parti protestant, l'amiral de Coligny, l'effraie ; l'attentat de Meaux 1567, au cours duquel le roi avait failli être enlevé par Condé et l'amiral, l'avait déjà fortement ébranlée. Pressée par les princes catholiques de rétablir son autorité en extirpant l'hérésie, elle donne son aval au massacre de la Saint-Barthélemy dimanche 24 août 1572. Aux côtés de Henri III, dont elle a voulu qu'il fût roi de Pologne, elle s'efforcera, dès le retour de celui-ci en France 1574, de rétablir la paix intérieure en intervenant sans relâche auprès de son dernier fils François, duc d'Alençon puis d'Anjou, et de son gendre, Henri roi de Navarre. Ses ennemis l'accuseront, sans preuve, d'user de maléfices ; elle n'a eu en tout cas aucune part dans le meurtre du duc de Guise et du cardinal de Lorraine à Blois 1588, où elle meurt. Elle est inhumée à Saint-Denis auprès de son époux Henri II, dans le tombeau qu'elle-même avait commandé à Primatice et à Germain Pilon.

Sa vie, L'héritière des Médicis

Née à Florence, le 13 avril 1519, Catherine de Médicis se retrouve très rapidement orpheline, puisque ses parents meurent quelques jours après sa naissance, aussi est-elle prise en charge par sa grand-mère Alfonsina Orsini puis elle est placée sous la tutelle des vieilles tantes de sa famille, Clarice de Médicis et Maria Salviati. Elle devient l'unique héritière de la fortune des Médicis et prend le titre de duchesse d'Urbino, ce qui lui vaut le surnom de duchessina, la petite duchesse de la part des Florentins. Les Médicis ont joué un rôle important durant l'enfance de Catherine. Elle bénéficie de la protection de son oncle le pape Léon X, puis surtout de celle de Clément VII, un de ses cousins, élu pape en 1523 et qui la loge dans son Palazzo Medici-Riccardi.
L'enfance de Catherine dans la ville de Florence est perturbée par la guerre que se livrent Clément VII et l'empereur Charles Quint. Les républicains florentins profitent de la défaite du pape et du désordre qui règne à Rome pour se révolter contre les Médicis et prendre le contrôle de la ville. En 1529, Catherine est prise en otage par les républicains qui menacent de la violer et de la tuer quand les troupes de l'empereur du Saint-Empire romain germanique mettent en place le siège de la ville. Catherine n'a alors que dix ans et restera toute sa vie marquée par la cruauté politique de ce conflit. Pour la protéger, on la place dans différents couvents où par souci de sécurité, on lui fait prendre l'habit de nonne. Une fois la ville de Florence soumise au pouvoir du pape et de l'empereur, Catherine est emmenée à Rome au Vatican où désormais elle va grandir auprès de Clément VII.Elle passe ses premières années à Rome sous la protection de son cousin le cardinal Jules de Médicis qui deviendra en 1523 le pape Clément VII. De retour à Florence, elle y est retenue comme otage pendant la révolte qui, en 1527, chasse les Médicis. En 1530 elle revient à Rome où elle passera trois ans ; conduit
Catherine ne devait jamais revoir l'Italie et ses premières années à la cour de France auraient été sans joie si elle n'y avait reçu l'appui de François Ier lui-même, auquel elle gardera toute sa vie une dette de reconnaissance.
Placée sous la protection directe du pape, elle y reçoit une éducation très soignée. Elle bénéficie ainsi d'une culture raffinée, imprégnée d'humanisme et de néoplatonisme. Elle quitte l'Italie en 1533, lorsque le pape fait alliance avec le roi de France, François Ier, qui prévoit de la marier à l'un de ses fils cadets, Henri, alors duc d'Orléans, afin de contrecarrer l'influence à Rome de Charles Quint. En tant qu'unique héritière de la branche aînée des Médicis famille dominant alors Florence et avec un oncle pape à la tête des États pontificaux, Catherine est, en effet, un parti utile pour François Ier dans le contexte des Guerres d'Italie. Néanmoins, seules les filles d'empereurs ou de rois étant considérées comme dignes de devenir reine de France, on préfère attendre un meilleur parti pour le dauphin François III de Bretagne et plutôt marier Catherine, d'origine roturière que son physique disgracieux est censé rappeler, au jeune frère du dauphin, Henri, non destiné à régner.

La dauphine de France

Catherine quitte Florence le 1er septembre 1533 et rejoint la France à bord de la galère du pape. Elle apporte avec elle une dot de 100 000 écus d'argent et 28 000 écus de bijoux, ce qui lui vaudra de la part de courtisans persifleurs les surnoms de la Banquière ou la fille des Marchands. Il avait été convenu dans le contrat que le pape procurerait une dot assez importante pour combler le trou des finances royales. Le mariage a lieu à Marseille le 28 octobre 1533 en présence du pape venu s'entretenir avec le roi et lui remettre personnellement la main de Catherine, le contrat de mariage étant signé après le traité d'alliance qui prévoit que le pape aide le roi François Ier à reconquérir le duché de Milan et de Gênes en échange du mariage. Après le bal de mariage, le couple se rend dans la chambre nuptiale remplir ses devoirs conjugaux, suivi par le roi qui reste présent jusqu'à la consommation du mariage. Le pape s'y rend dès le lendemain pour trouver les deux jeunes mariés contents l'un de l'autre et est rassuré, Catherine n'étant plus répudiable. S'ensuivent des festivités somptueuses qui durent plusieurs semaines.
L'alliance avec la papauté ne procure finalement pas à la France les effets escomptés du fait de la mort de Clément VII, survenue l'année suivante. Le pape Paul III rompt le traité d'alliance et refuse de payer la dot à François Ier qui se lamente en ces termes : J'ai eu la fille toute nue. Au début de son mariage, Catherine n'occupe que peu de place à la Cour, bien qu'elle y soit appréciée pour sa gentillesse et son intelligence. Elle n'a pas quinze ans, ne parle pas bien le français et son jeune mari est plus intéressé par son amie et confidente Diane de Poitiers.
Le 10 août 1536, le destin de Catherine bascule. Le fils aîné de François Ier, le dauphin François, meurt soudainement, faisant de l'époux de Catherine l'héritier du trône. Catherine devient dauphine de Viennois et duchesse titulaire de Bretagne 1536-1547. Elle prend progressivement sa place à la Cour.

La conscience de l'honneur qu'on lui avait accordé explique l'attitude de Catherine à la cour de France, avant et après son veuvage. Princesse très effacée devant son glorieux beau-père, reine éperdument éprise de son roi, éclipsée par sa brillante rivale Diane de Poitiers, elle accepta tout avec humilité. Devenue régente après la mort de son mari, dont elle porta le deuil jusqu'à sa mort, elle s'attacha passionnément à sauvegarder pour ses fils l'héritage laissé par François Ier et Henri II. Cette Italienne fut, comme plus tard Mazarin, le meilleur serviteur de la monarchie française en des temps troublés.
La mort du dauphin François en 1536 fit de l'époux de Catherine l'héritier du trône. Stérile durant dix ans, la dauphine prit à cœur de s'imposer peu à peu par sa douceur et son intelligence. Elle s'instruisit et étudia particulièrement l'histoire. Elle trouva à la cour raffinée des Valois un terrain propice à la culture de son esprit. Aimant le luxe et les fêtes, elle fut une véritable princesse de la Renaissance, mais, à la différence de bien d'autres, elle se fit remarquer par la pureté de ses mœurs et la fidélité à tous ses devoirs.
Mais Catherine et Henri n'ayant toujours pas d'héritier, ils mettront dix ans à en avoir un. Pour Catherine, la menace de répudiation plane dès 1538. Mais elle reçoit l'appui inattendu de Diane de Poitiers, sa propre cousine et celle d'Henri. Elle laisse Henri arborer partout les couleurs de Diane.
La naissance d'un fils, le futur François II, bientôt suivie par celle de neuf autres enfants, dont six survécurent, acheva de consolider sa position. À la mort d'Henri II 10 juillet 1559, les Guises, oncles de la reine Marie Stuart, la tinrent à l'écart et gouvernèrent sous le nom du faible et maladif François II. Cependant, dès cette époque, pour la première fois, elle apparaît sur le devant de la scène. Au moment de la conjuration d'Amboise, lorsque les Guises perdent la tête et obtiennent une répression cruelle, Catherine seule garde son sang-froid ; elle publie une amnistie et s'efforce de sauver les coupables. Elle s'appuie sur le chancelier, le sage Michel de L'Hospital, pour imposer l'édit de Romorantin (mai 1560), qui atténue les persécutions contre les protestants. Cette attitude lui gagnera leur sympathie.
Cependant, cette nièce du pape était en matière religieuse le contraire d'une fanatique. Son drame fut de devoir gouverner un pays où les passions confessionnelles les plus exacerbées, et compliquées d'intérêts politiques, n'allèrent qu'en s'amplifiant jusqu'à sa mort. On peut même dire que son erreur la plus grande fut d'avoir minimisé l'importance du facteur religieux.
Remarquée pour son intelligence, Catherine est appréciée par le roi, son beau-père. Partageant avec sa belle-sœur Marguerite de France un goût pour les arts et lettres, Catherine devient son amie. Avec la reine de Navarre Marguerite d'Angoulême, elle participe à l'élévation culturelle de la cour, notamment par des compositions littéraires. C'est à cette époque que Catherine choisit son propre emblème : l'écharpe d'Iris l'arc-en-ciel.
Alors qu'elle craint de plus en plus d'être répudiée, elle accouche finalement en janvier 1544 d'un héritier : François, futur François II de France. Sa naissance, suivie l'année suivante par celle d'une fille, baptisée Élisabeth, conforte la position de Catherine à la cour. À la mort de François Ier le 31 mars 1547, Henri d'Orléans monte sur le trône sous le nom d'Henri II et Catherine devient reine de France.

La reine de France

Le 10 juin 1549, Catherine est officiellement sacrée reine de France à la basilique de Saint-Denis. Le rôle qui lui est conféré à la cour est celui de procréer. En l'espace d'une quinzaine d'années, Catherine mettra au monde dix enfants, dont sept survécurent. Les difficultés de l'accouchement de deux jumelles en 1557 mirent un terme à ces maternités successives.
Dans sa maison, Catherine réunit autour d'elle une cour où elle place de nombreux compatriotes italiens. Elle reste très attentive à la politique italienne de la France et protège les opposants au grand-duc de Toscane qui se sont exilés dans le royaume. Elle incite Henri II à confier des responsabilités militaires ou administratives à ces Italiens qui préfèrent servir la France plutôt que l'empereur. Parmi ces hommes se trouvent Simeoni, le jeune Gondi qui deviendra l'un des conseillers les plus influents de la reine dans les années 1570 et les cousins de Catherine, les frères Pierre et Léon Strozzi qui s'illustrent au service du roi durant les guerres d'Italie.
À l'avènement d'Henri II, Catherine doit souffrir la présence de la favorite royale Diane de Poitiers. Bien que par respect pour elle, le roi lui cache ses infidélités, elle doit accepter que sa rivale prenne une place importante à la cour. Diane de Poitiers exerce une influence importante sur le roi et reçoit en contrepartie de nombreuses responsabilités. Elle obtient ainsi la charge de l'éducation des enfants royaux et le titre de duchesse de Valentinois. Catherine souffre de cette situation en silence. Dans le fameux duel, le coup de Jarnac qui oppose La Châtaigneraie et Jarnac, Catherine prend le parti du second, celui de la duchesse d'Étampes, l'ennemie jurée de Diane.

Catherine obtient des responsabilités quand le roi reprend la guerre en 1552 contre Charles Quint et s'absente pour mener les opérations dans l'est du royaume. Catherine est nommée régente et avec l'aide du connétable Anne de Montmorency, elle assure l'approvisionnement et le renforcement des armées. Elle intervient également en 1557, après le désastre de Saint-Quentin. Elle est envoyée par le roi demander à la ville de Paris l'argent nécessaire pour poursuivre la campagne. Enfin, Catherine ne manque pas de désapprouver ouvertement la paix signée les 2 et 3 avril 1559 au Cateau-Cambrésis qui fait perdre l'essentiel des possessions italiennes à la France et met un terme à sa politique d'ingérence en Italie. Elle marque par là son opposition au connétable et son rapprochement avec le clan des Guise.
Le traité est suivi par des festivités au cours desquelles des mariages princiers doivent venir renforcer les alliances politiques tout juste conclues. Alors, que sa seconde fille , Claude, a épousé le duc Charles III de Lorraine en février, sa fille aînée Élisabeth épouse le roi Philippe II d'Espagne et sa belle-sœur Marguerite épouse le duc Emmanuel-Philibert de Savoie : le premier mariage est célébré par procuration à Notre-Dame de Paris le 22 juin, tandis que le second a lieu le 10 juillet alors que le roi est sur son lit de mort. Celui-ci a en effet été blessé à la tête le 30 juin par le capitaine de sa garde écossaise, Gabriel de Montgommery, lors d'un tournoi donné à l'occasion des noces, et meurt après plusieurs jours d'agonie ce même 10 juillet.

Le règne de François II

Le deuil de la reine Lorsque son fils François monte sur le trône, Catherine de Médicis lui recommande de confier les rênes du gouvernement à la famille de son épouse : les Guise. Issus de la maison de Lorraine et apparentés à la famille royale, les Guise sont riches et puissants. Ils ont su se faire une place de première importance à la cour et leur sœur Marie de Guise, la mère de la nouvelle reine, est régente d'Écosse pour sa fille.
Catherine les soutient et approuve la mise à l'écart opérée par eux, du connétable et de Diane de Poitiers. Elle-même intervient dans la redistribution des faveurs royales en échangeant avec l'ancienne favorite le château de Chenonceau contre celui de Chaumont. Par l'ascendant qu'elle exerce sur le jeune roi, Catherine joue un rôle central au sein du conseil royal, mais profondément atteinte par la mort de son époux, elle reste en retrait par rapport aux Guise qui détiennent la réalité du pouvoir.
Les contemporains ont souligné la douleur extrême manifestée par la reine à la mort du roi. Pour marquer son chagrin, Catherine choisit de ne plus s'habiller qu'en noir alors que le deuil se marquait traditionnellement en blanc et arbore désormais un voile qu'elle ne quittera plus. La souffrance qu'entraîne chez elle le souvenir de son défunt époux, la pousse même à ne pas assister au sacre de son fils le 18 septembre 1559. Catherine change son emblème : la lance brisée, avec la devise : De là viennent mes larmes et ma douleur, "Lacrymae hinc, hinc dolor".

Le problème protestant

Le règne de François II est marqué par la montée des violences religieuses. Jusqu'à présent Henri II avait réprimé très sévèrement le protestantisme. La mort de ce dernier encourage les protestants à réclamer la liberté de conscience et celle du culte. Bien que leur chef Calvin condamne la violence, une minorité de réformés veulent en découdre par la force. Devant la menace grandissante, les Guise sont favorables à une politique de répression.
À la mort de son époux, Catherine de Médicis était considérée par certaines autorités protestantes comme une personne ouverte d'esprit et sensible à l'injustice. Sous l'influence de ses amies les plus proches, attirées par la réforme protestante, la princesse Marguerite, la duchesse de Montpensier et la vicomtesse d'Uzès, et prenant conscience elle-même de l'inutilité de la répression, elle entame dès la mort du roi un dialogue avec les protestants. Elle se disait prête à accepter leur présence à la condition qu'ils restent discrets et qu'ils ne s'assemblent pas, et ainsi éviter l'agitation dans la population. Progressivement, elle devient face aux Guise le plus ferme soutien des partisans de la tolérance civile, appelés aussi moyenneurs.
Catherine demeurait toutefois étrangère à la religion nouvelle. Heurtée par l'injonction des prédicateurs, elle approuvait pleinement la sanction des fauteurs de trouble. Touchée personnellement par des pamphlets injurieux déposées chez elle lors de la conjuration d'Amboise, elle appuie la répression par les Guise des rebelles huguenots qui avaient attaqué la résidence royale.

L'entrée en scène de Catherine de Médicis

L'ampleur du mécontentement provoqué par les Guise au printemps 1560 obligeait ces derniers à céder davantage de pouvoir à Catherine de Médicis. Jusqu'alors réservée et marquée par la douleur du deuil, la reine-mère prend davantage part aux affaires. La montée du parti modérateur accroît son influence politique et le parti de la répression est contraint de l'écouter davantage. Elle s'entoure de conseillers modérés favorables à la Réforme et favorise leurs idées au sein du conseil royal. Parmi eux se trouvent des hommes d'Église comme Jean de Morvillier, Jean de Monluc, suspecté par Rome de protestantisme ou encore Paul de Foix, qui avait été arrêté par le roi l'année précédente avec Anne de Bourg.
En juin, elle permet au juriste Michel de L'Hospital, opposant à la répression, d'être nommé chancelier de France. En août, elle parvient à réunir à Fontainebleau une assemblée de notables pour discuter des problèmes du royaume et appuie malgré l'hostilité du pape, la tenue d'un concile national pour réformer l'Église de France.
La mort de son fils François II, le 5 décembre 1560, la meurtrit profondément mais lui permet de prendre en main les rênes du pouvoir.

Le règne de Charles IX

Le frère cadet du roi monte sur le trône sous le nom de Charles IX. Comme il n'a que dix ans et qu'il est encore mineur, Catherine de Médicis est déclarée régente. Face aux troubles religieux, elle met en place avec le soutien de conseillers modérés une politique de conciliation17. L'échec de sa politique la conduit toutefois à durcir à plusieurs reprises sa position à l'égard des protestants.

Une politique de conciliation

Catherine de Médicis est inspirée par deux courants : l'érasmisme, orienté vers une politique de paix, et le néoplatonisme, qui prône la mission divine du souverain pour faire régner l'harmonie dans son royaume. L'émergence de Catherine de Médicis et de Michel de L'Hospital sur la scène politique induit un relâchement de la pression sur les réformés. Ceux-ci dévoilent au grand jour leur foi et la cour installée au château de Saint-Germain voit l'arrivée en grand nombre de schismatiques.
Pour améliorer le sort de ses sujets prêts à s'entredéchirer, Catherine de Médicis multiplie les tractations et les assemblées de décision. Dès décembre 1560, des États généraux regroupant les trois ordres de la société s'étaient tenus à Orléans. Ils siègent de nouveau durant l'été 1561. Enfin au mois de septembre de cette même année se tient le Colloque de Poissy destiné à réconcilier la religion catholique et la religion protestante. En agissant ainsi, Catherine de Médicis se met à dos le pape Pie IV et les catholiques intransigeants, mais elle est très optimiste sur l'évolution de la situation.
Pour finir, le 17 janvier 1562, Catherine de Médicis promulgue l'Édit de janvier, qui constitue une véritable révolution, puisqu'il remet en cause le lien sacré entre unité religieuse et pérennité de l'organisation politique. L'Édit de janvier autorise en effet la liberté de conscience et la liberté de culte pour les protestants, à condition que ceux-ci restituent tous les lieux de culte dont ils s'étaient emparés. Cet édit fait partie de la politique de concorde voulue par Catherine de Médicis et Michel de L'Hospital. Pour eux, les réformés ne sont pas la cause du mal qui s'est abattu sur la terre mais ils sont un agent de conversion que Dieu a envoyé pour éveiller l'humanité à la conscience de son péché. Pour elle, la mission des dirigeants politiques consiste avant tout à briser le cycle des violences qui ravageaient le royaume.
Mais l'Édit de janvier échoue à cause des antagonismes trop forts qui opposent protestants et catholiques. Un triumvirat composé des trois anciens favoris d'Henri II s'oppose à la politique de tolérance de la reine-mère. Antoine de Bourbon, roi de Navarre choisit le camp des catholiques. La position de la régente est difficile. Elle espère un soutien de la part du prince de Condé, le chef des protestants.

Entre guerres et paix Catherine de Médicis et ses enfants

La reine refuse dans un premier temps la marche à la guerre que provoque en mars 1562 le massacre de Wassy. Elle se tient à l'écart des deux partis, jusqu'à ce que par un coup de force, François de Guise l'oblige à se placer sous sa protection. Le 31 mars il débarque à Fontainebleau où se trouve la famille royale et la contraint à le suivre à Paris. Durant les mois de mai et de juin, Catherine tente encore de provoquer des rencontres entre les belligérants, mais finit par se résigner à la guerre devant la résolution des chefs militaires à en découdre.
Pendant plusieurs mois, elle intervient activement dans l'organisation logistique pour défaire les protestants. Elle se déplace également personnellement au siège de Rouen. La mort et l'emprisonnement des principaux chefs de guerre lui permet finalement de ramener la paix. Tout en prenant ses distances avec les Guise, elle accorde aux huguenots la paix d'Amboise en mars 1563. L'édit prévoit déjà une certaine liberté de culte dans les maisons seigneuriales et dans les villes. En août 1563, Charles IX devient majeur. Catherine abandonne la régence, mais Charles IX la confirme immédiatement dans ses pouvoirs. Pour Catherine, l'heure est à la reconstruction, car la guerre civile a entraîné de très grosses destructions.
Les grandes fêtes de Fontainebleau marquent le départ du tour de France qu'entreprend la famille royale à partir de 1564. Pendant 28 mois, la reine parcourt la France pour montrer le roi à son peuple, faire oublier les dissensions religieuses et imposer ses édits de paix. Son but est également de provoquer la rencontre des chefs d'État européens et de relancer un nouveau concile. La reine n'avait pas accepté que lors du concile de Trente, les protestants n'aient pas été invités. Le voyage est une succession d'entrées royales. Il se termine le 1er mai 1566 à Moulins.
Après quatre années de paix, le conflit religieux reprend. En 1567, le prince de Condé tente de s'emparer du roi par surprise. C'est la surprise de Meaux : Charles IX et Catherine se réfugient à Paris, stupéfaits de la trahison du chef des protestants. Catherine impute au chancelier L'Hospital l'échec de la politique de tolérance civile et le renvoie en mai 1568. Le pouvoir royal décide d'en finir avec les rebelles et de terribles guerres s'ensuivent, ruinant le pays.
Les deux armées arrivent à bout de force en 1570. Catherine pousse les protestants à accepter la paix de Saint-Germain-en-Laye, qui leur accorde une liberté de culte très limitée.

Le massacre de la Saint-Barthélemy

Pour concrétiser une paix durable entre les deux partis religieux, Catherine tente d'organiser le mariage de sa fille, Marguerite avec le prince protestant Bourbon Henri de Navarre. Après la consécration des Espagnols à la bataille de Lépante, Catherine se rapproche des puissances protestantes en établissant une alliance avec Elisabeth d'Angleterre avec qui elle aimerait marier l'un de ses fils, et en promettant à Louis de Nassau le soutien de la France aux révoltés des Pays-Bas. La mort, en juin 1572, de la reine de Navarre Jeanne d'Albret, une importante rivale politique du côté protestant, l'arrange. Elle doit encore contrer l'influence, auprès de Charles IX, de l'amiral de Coligny : ce chef militaire des protestants veut que la France intervienne directement contre l'Espagne dans la guerre aux Pays-Bas, ce que Catherine veut éviter à tout prix.
À la suite de l'attentat manqué contre Coligny le 22 août 1572, Catherine semble avoir opté sur le conseil de certains membres de son entourage de convaincre le roi à faire tuer les principaux chefs huguenots montés à Paris pour les noces. Le massacre, dit de la Saint-Barthélemy, commence dans la nuit du 23 au 24 août 1572. En dépit des ordres du roi et de sa mère pour l'arrêter, il s'étend les jours suivants avec l'aide du peuple excité par quelques prédicateurs catholiques à tous les protestants parisiens, puis les mois suivants en province. Il fait plusieurs milliers de victimes.
Le massacre de la Saint-Barthélemy a suscité un important débat historiographique. Des thèses historiques contradictoires se sont longtemps affrontées sur la responsabilité de la reine dans ce massacre. Aujourd'hui, les historiens n'estiment plus que le massacre ait pu être prémédité. Face à une situation explosive, la reine et le roi ont décidé de prendre une décision exceptionnelle.
Ce massacre, qui fait plusieurs milliers de victimes à Paris puis en province, pèsera lourd sur la popularité de Catherine chez les protestants et dans l'Histoire. Catherine prend le parti de rompre avec sa politique de concorde et fait contraindre les protestants à revenir à la religion catholique. Deux ans plus tard, Charles IX meurt d'une pleurésie.

L'action artistique, Une politique culturelle au service de la monarchie

Catherine de Médicis poursuit la politique culturelle que son beau-père François Ier avait inaugurée. La cour de Catherine de Médicis est une succession de fêtes, de bals et de jeux. En février-mars 1564, la reine-mère organise dans le parc du château de Fontainebleau les plus somptueuses fêtes que le royaume ait jamais connues.
Tout comme l'avait fait François Ier au Camp du Drap d'Or, Catherine veut éblouir ses sujets. Elle s'entoure de femmes ravissantes qui attirent à la cour les hommes et les amènent à abandonner le parti de la guerre pour celui de la paix. Des ballets et des spectacles mythologiques mettent en scène la politique de tolérance de la reine ainsi que la gloire de la France et de la maison royale. Les enfants de Catherine participent aux danses et se travestissent dans des spectacles qui soulignent l'unité de la famille royale.
Catherine de Médicis utilisait la beauté des arts et des fêtes pour faire oublier la guerre aux hommes et n'hésitait pas à s'entourer d'un escadron volant - des jeunes femmes séduisantes - pour apaiser leur caractère belliqueux. Si elle encourageait les festivités et laissait la mode suivre son cours, la reine-mère s'est toujours montrée rigoureuse sur la moralité de sa cour et surveillait la vertu de ses filles d'honneurs. Lorsque l'une d'entre elles, Isabelle de Limeuil, fut mise enceinte par le prince de Condé en 1564, le scandale provoqué lui attira les foudres de la reine-mère qui la chassa improprement. Elle rédige en 1564 une lettre pour son fils pour la police de Cour et pour le gouvernement, série de conseils qui établit l'emploi du temps d'un roi et la manière de s'occuper de sa cour.
Excellente cavalière, on lui attribue parfois l'importation en France de la manière de monter en amazone. Elle a imposé le corset et le caleçon lors des promenades à cheval aux dames de sa cour.

Le mécénat

Héritière des goûts des Médicis pour les arts, Catherine de Médicis est considérée comme l'une des plus grands mécènes du xvie siècle français. Elle aimait s'entourer d'artistes, de poètes, d'hommes de lettres et de musiciens qu'elle faisait venir à la cour et pensionnait à son propre service, ce qu'aucune reine de France n'avait fait jusqu'à alors. Sa politique de mise en scène de la monarchie se doublait d'une véritable passion pour les arts. Elle s'intéressait aussi bien à l'orfèvrerie et à la musique qu'à la peinture et l'architecture. Catherine de Médicis portait également un intérêt particulier pour le portrait français et multipliait le nombre de portraitistes à son service, parmi lesquelles se tenaient François Clouet et les frères Dumonstier. À sa mort, sa collection de portraits comprenait entre 600 et 700 dessins, aujourd'hui éparpillés dans le monde.
Catherine protégeait également les hommes de lettres comme Montaigne ou Ronsard. Elle portait un soin à privilégier les artistes français, au lieu de faire appel à des artistes italiens comme il était d'usage chez les rois de France depuis le début de la Renaissance.
Aujourd'hui, il ne reste plus grand-chose de ses somptueuses collections. De son vivant, les visiteurs de marque pouvaient venir les admirer dans son grand palais parisien, mais accaparées en partie par la Ligue à sa mort, elles sont aujourd'hui ou disparues ou dispersées.
Catherine a également mis en place une politique de construction et des transformations architecturales : elle fait édifier non loin du Louvre le palais des Tuileries par Philibert Delorme et fait agrandir le château de Chenonceau. Son plus grand chantier est celui du somptueux mausolée des Valois à Saint-Denis, construit à l'antique sous forme d'une rotonde qui tranchait radicalement avec le style médiéval de la basilique. Aujourd'hui disparu, ce monument élevé à la gloire des derniers Valois devait contenir tous les gisants de ses enfants disposés autour du monument dédié à elle et à son époux. On y trouvait les trois gisants du couple royal dont ceux réalisés par le Primatice et Germain Pilon.
Excepté le château de Chenonceau, il ne reste rien de ses nombreux chantiers de construction. Le palais des Tuileries, le luxueux hôtel de la reine, la chapelle des Valois à Saint-Denis et les châteaux de Monceaux et de Saint-Maur qu'elle appréciait beaucoup, ont tous disparu.

Le règne de Henri III

À l'âge de vingt-trois ans, le duc d'Anjou, quatrième fils de Catherine, succède à son frère sous le nom de Henri III. Connu pour être le fils préféré, et sans doute le plus intelligent, le nouveau roi entend gouverner par lui-même. Catherine continue d'exercer le pouvoir, mais elle ne peut plus agir sans le consentement du roi.

La redistribution des pouvoirs, L'hôtel de la reine

Comme le roi se trouve en Pologne quand meurt Charles IX, Catherine est déclarée régente par le parlement. Elle assure l'intérim du pouvoir et jusqu'au retour du roi en septembre 1574, elle tente de combattre les troubles qui paralysent le royaume. Elle se réjouit de la capture de Montgomery, l'homme qui avait accidentellement tué son mari et qui depuis combattait dans le camp réformé. Elle encourage la justice à procéder à son exécution qui a lieu le 26 juin 1574.
Pendant son retour, le roi a commencé à répartir les postes publics aux membres de son entourage. Inquiète de voir lui échapper le contrôle du pouvoir, Catherine se déplace à sa rencontre et descend avec la cour jusqu'à Lyon. Elle entre en opposition avec son fils sur la distribution des dignités de la cour. Si elle parvient à maintenir auprès du roi certains de ses fidèles comme le comte de Retz, elle laisse le roi réorganiser l'étiquette à sa guise.
C'est une période tendue pour Catherine qui se remet mal de la mort de sa fille Claude, et qui entretient pendant quelques mois des rapports difficiles avec la nouvelle reine Louise de Lorraine que son fils épouse en février 1575. Catherine doit également accepter que son fils la décharge du pouvoir. Contrairement à son prédécesseur, le roi entend régner par lui-même. Catherine de Médicis s'attriste quelque temps de se voir privée du pouvoir par son fils préféré.
Catherine est également hostile aux favoris du roi qui restreignent l'accès au souverain et prônent parfois une politique contraire à la sienne. Elle contribue notamment à la chute de Bellegarde fin 1574.
À la même époque, elle fait construire par Jean Bullant, non loin de l'église Saint-Eustache un hôtel particulier dans lequel elle s'installera en 1584. De ce palais qui fut un lieu de la cour très prisé pendant les années 1580, il ne reste aujourd'hui que la grande colonne astrologique, près de l'actuelle bourse de commerce.

L'intarissable négociatrice

Sous le règne d'Henri III, Catherine demeure plus active que jamais au sein du gouvernement. Sa présence à la cour est particulièrement utile pour raccommoder le roi avec François d'Alençon, son fils cadet, victime des calomnies répandues par les mignons de la cour. Elle n'hésite pas à poursuivre son jeune fils et le ramener à la raison quand il s'enfuit et prend les armes en 1576.
Médiatrice hors norme, elle intervient surtout pour gérer les affaires diplomatiques. C'est elle qui mène les négociations et parcourt le royaume pour faire respecter les édits de paix et l'autorité du roi. En 1578, elle entame un nouveau tour de France au cours duquel elle rencontre son gendre Henri de Navarre devenu l'un des chefs protestants et le remet avec sa fille Marguerite avec qui il s'était brouillé. En dépit de ses rhumatismes, Catherine continue son voyage en litière et à dos de mule. Se privant la plupart du temps de confort, elle traverse les régions aux mains des rebelles comme le Languedoc et le Dauphiné, où elle rencontre les chefs protestants. Toujours portée par son optimisme, elle espère même rejoindre son fils François en Angleterre pour arranger son mariage avec la reine Élisabeth Ire. À la fin de sa tournée, en 1579, Catherine se félicite d'avoir rétabli l'entente dans sa famille.
Dans les années 1580, elle intervient personnellement dans la succession au trône du Portugal et envoie une expédition navale pour aider les Portugais à reconquérir leur pays envahi par le roi d'Espagne. En dépit de ses réticences, elle finit par soutenir les projets de son fils François pour devenir le souverain des Pays-Bas.
À l'approche de ses soixante-dix ans, elle n'hésite pas à payer de sa personne. En 1585, elle part dans l'est rappeler les Guise à l'ordre. En 1586, elle entame dans le sud-ouest des négociations avec son gendre Henri, roi de Navarre. Enfin lors de la Journée des barricades en 1588, elle n'a pas peur d'affronter la rébellion parisienne, en parcourant les rues de Paris à pied et en se frayant un chemin parmi les barricades. Par son combat, envers et contre tous, pour la concorde, Catherine de Médicis est devenue aux yeux de ses contemporains une personne hors du commun qui impose le respect. Cependant, son entêtement à se battre inutilement pour une cause qui semble perdue la discrédite aux yeux de ceux de ses sujets qui veulent en découdre avec leurs adversaires.

Échec et fin de vie

Catherine de Médicis meurt au château de Blois, le 5 janvier 1589.
La fin de la vie de Catherine est marquée par les préparatifs de mariage de sa petite-fille Christine de Lorraine qu'elle élevait depuis la mort de la duchesse de Lorraine sa mère en 1575. Ses derniers mois sont assombris par la montée en puissance de la Ligue catholique qui, à l'occasion de la journée des barricades, prend possession de la ville de Paris. Prisonnière dans la ville, Catherine se fait l'intermédiaire du duc de Guise pour le réconcilier avec le roi, ce qu'elle croit avoir réussi, lorsqu'ils se retrouvent à Chartres. Catherine entreprend ensuite son ultime voyage lorsque la cour se rend à Blois pour la réunion des États généraux. À l'arrivée de l'hiver, Catherine prend froid. Alitée en décembre 1588, sa santé se dégrade rapidement avec l'assassinat du duc de Guise qui l'inquiète d'autant plus que le roi ne l'avait pas avertie. Quelques jours plus tard, le 5 janvier 1589, elle meurt d'une pleurésie, entourée de l'amour des siens, mais complètement abattue par la ruine de sa famille et de sa politique.

Comme la basilique de Saint-Denis est aux mains des ligueurs, elle ne peut être enterrée dans le somptueux tombeau qu'elle y avait fait édifier pour sa famille. Sa dépouille n'y sera mise que vingt-deux ans plus tard, et au XVIIIe siècle son monument sera détruit.
Notons une anecdote célèbre au sujet de sa mort : une quinzaine d'années auparavant, vers 1571, son astrologue Côme Ruggieri lui aurait prédit qu'elle mourrait près de Saint-Germain. Catherine de Médicis, très superstitieuse, s'éloigna alors de tous les endroits rappelant de près ou de loin Saint-Germain, pensant ainsi échapper à la funeste prédiction. Ainsi, par exemple, elle fit interrompre la construction du Palais des Tuileries dépendant de la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois et s'installa précipitamment en 1572 dans ce qui allait devenir l'Hôtel de la Reine. Mais le destin la rattrapa, et sur son lit de mort, lorsqu'elle demanda son nom au confesseur appelé auprès d'elle pour lui porter l'extrême-onction, celui-ci répondit : Julien de Saint-Germain.

La légende noire de Catherine de Médicis, Historiographie

La personnalité de Catherine de Médicis est difficile à saisir parce qu'une légende noire est depuis toujours associée à son image. D'un tempérament optimiste et d'une grandeur d'âme particulièrement clairvoyante, Catherine de Médicis est devenue dans la mémoire collective l'incarnation de la noirceur, du machiavélisme et du despotisme.
Cette désinformation historique est restée longtemps intacte du fait que les historiens ont eux-mêmes véhiculé cette image sans souci d'objectivité. Il a fallu attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que l'historiographie traditionnelle de la reine soit alors remise en question, en particulier grâce à des historiens contemporains comme Garisson, Bourgeon, Jouanna, Crouzet, Sutherland et Knecht.
Dès l'époque des guerres de Religion, les catholiques et les protestants ont raillé la politique de tolérance de la reine-mère. Un véritable travail de propagande dressé contre les Valois a véhiculé une image très erronée de la reine. La mort du dernier des Valois en 1589 n'a pas permis sa réhabilitation. Au XVIIe siècle, on oublie que le travail accompli par Henri IV puis par Richelieu n'est que la continuité de la politique de Catherine de Médicis. Au XVIIIe siècle, les philosophes critiquent la monarchie absolue et la sage politique de la reine n'est désormais perçue que comme un despotisme oppressant et arbitraire. Sous la Révolution, le temps est à la dénonciation des rois et les révolutionnaires comme Marat reprennent les légendes parfois sordides qui couraient à son sujet pour vilipender la monarchie. C'est la Révolution française qui donne à la légende noire de Catherine de Médicis son aspect définitif. Au XIXe siècle, l'école républicaine et la tradition populaire pérennisent cette légende désormais rendue populaire par les romans historiques comme La Reine Margot de l'écrivain Dumas ou encore les travaux historiques de Balzac.

La légende

La légende noire de Catherine de Médicis entretenue jusqu'au milieu du XXe siècle fait d'elle une femme dominatrice qui cherche à accaparer le pouvoir, une adepte du machiavélisme qui n'hésite pas à utiliser les moyens les plus extrêmes, une Italienne qui laisse des étrangers, Gondi, Birague... gouverner la France et enfin une femme acariâtre, dévorée de jalousie.
Quand Catherine devient régente de France, elle gouverne pour ses enfants qui sont trop jeunes pour régner par eux-mêmes. Face aux différents partis religieux et politiques qui tentent d'accaparer le pouvoir en faisant pression sur elle, Catherine essaye de rester ferme pour éviter l'effondrement du pouvoir royal. C'est de là qu'est née la légende d'une reine arriviste et despotique. En tant que reine mère, elle souhaite préserver l'héritage royal de ses enfants. Les catholiques lui reprochaient d'accorder trop de liberté aux protestants, les protestants de ne pas en accorder assez. Prise entre ces deux partis antagonistes, Catherine de Médicis a tenté tant bien que mal de maintenir sa politique d'union nationale autour du trône.

Les allégations selon lesquelles elle aurait fait empoisonner la reine de Navarre Jeanne d'Albret puis, involontairement, son fils Charles IX, sont l'œuvre de deux romanciers, Michel Zévaco pour la première et Alexandre Dumas pour la seconde et ne reposent sur aucun élément tangible. Les romanciers et le cinéma sont en grande partie responsable de cette légende noire de la reine mère. Dans La Princesse de Clèves, film tourné en 1961, Catherine de Médicis utilise des nains espions et fait tomber ses ennemis dans des trappes qui donnent sur des profondes oubliettes. L'iconographie la représente parfois devant les cadavres des huguenots massacrés dans la cour du Louvre.
Les adversaires de Catherine lui reprochaient de louvoyer entre les partis et même de créer la discorde pour mieux régner. En réalité, Catherine de Médicis se méfiait de tous les partis et elle passa sa vie à tous les rabaisser pour n'en mettre en valeur qu'un seul, celui du roi. C'est la décrépitude du pouvoir royal et la faiblesse de ses moyens qui obligeaient Catherine de Médicis à s'appuyer sur tel ou tel parti.
Au château de Blois, on a longtemps cru que Catherine cachait des poisons derrière des armoires secrètes de son cabinet de travail.

Catherine était considérée comme une étrangère par beaucoup. Il est vrai qu'elle avait un accent italien assez marqué. Quand elle est arrivée en France pour épouser le duc d'Orléans, elle savait à peine parler le français. Mais la reine s'est toujours considérée comme française. Elle a effectivement introduit à la cour et au pouvoir certains de ses familiers d'origine italienne comme les Gondi et les Birague. Mais la plupart avait grandi en France et possédaient une culture et une intelligence raffinée, et ils surent le plus souvent se mettre au service de leur pays d'adoption.
Les écrivains ont tendance à réduire le personnage de Catherine à sa haine pour Diane de Poitiers, maîtresse âgée de son mari. Il est vrai que Catherine n'avait guère de sympathie pour celle qu'elle appelait la putain du roi.

Descendance

Catherine de Médicis, (1519 † 1589)
X 1533 Henri II (1519 † 1559), roi de France de 1547 à 1559

├─> François II (1544 † 1560), roi de France de 1559 à 1560
│ X 1558 Marie Stuart, Reine d'Écosse

├─> Elisabeth de France(1546 † 1568), reine d'Espagne
│ X 1559 Philippe II d'Espagne
│ │
│ ├─> Isabelle Claire Eugénie, gouverneur des Pays-Bas espagnols
│ └─> Catherine Michèle, duchesse de Savoie

├─> Claude de France (1547 † 1575), duchesse de Lorraine et de Bar
│ X 1559 Charles III de Lorraine
│ │
│ ├─> Henri II (1563 † 1624), duc de Lorraine et de Bar
│ ├─> Christine (1565 † 1637), grande-duchesse de Toscane
│ ├─> Charles (1567 † 1607), cardinal de Lorraine
│ ├─> Antoinette (1568 † 1610), duchesse de Juliers et de Berg
│ ├─> Anne (1569 † 1676)
│ ├─> François II (1572 † 1632), duc de Lorraine et de Bar
│ ├─> Catherine (1573 † 1648), abbesse de Remiremont
│ ├─> Elisabeth (1575 † 1636), duchesse puis électrice de Bavière
│ └─> Claude (1575 † 1576)

├─> Louis (1549 † 1550), duc d'Orléans

├─> Charles IX (1550 † 1574), roi de France de 1560 à 1574
│ X Élisabeth d'Autriche
│ │
│ └─> Marie-Élisabeth de France (1572 † 1578)

│ X Marie Touchet
│ │
│ └─> illégitime : Charles de Valois (1573 † 1650), duc d'Angoulême

├─> Henri III (1551 † 1589), roi de Pologne en 1574, roi de France de 1574 à 1589
│ X 1575 Louise de Lorraine

├─> Marguerite (1553 † 1615) Reine de Navarre et de France
│ X 1572 Henri III de Navarre, futur Henri IV, roi de France de 1589 à 1610

├─> François (1555 † 1584), duc d'Alençon puis d'Anjou

├─> Victoire de France (1556-1556)
└─> Jeanne de France (1556-1556) jumelles, l'accouchement fut difficile et faillit coûter la vie à la reine.

Ascendance de Catherine de MEDICIS 1519-1589

Catherine de Médicis au cinéma

Plusieurs actrices ont incarné le rôle de Catherine de Médicis, celle-ci ayant inspiré de nombreux réalisateurs.
Josephine Crowell incarne l'une des facettes paroxystiques de l'intolérance dans le célèbre film Intolérance 1916 de David Wark Griffith.
La reine-mère assoiffée de sang, préparant minutieusement le massacre des huguenots, est le pendant historique français des prêtres babyloniens de Baal et des bourreaux du Christ.
Marguerite Moreno la représente sous les traits d'une femme autoritaire et revêche dans Les Perles de la couronne un film de Christian-Jaque en 1937.
Françoise Rosay incarne une reine mère roublarde de comédie, dont les disputes vaudevillesques en italien avec ses enfants ponctuent la Reine Margot, film réalisé par Jean Dréville 1954.
Marisa Pavan dans Diane, film réalisé par David Miller en 1956.
Lea Padovani, dans La Princesse de Clèves, de Jean Delannoy en 1961
Alice Sapritch, dans la Reine Margot, téléfilm ou feuilleton télévisé en 1961.
Isa Miranda, dans Hardi ! Pardaillan, film réalisé par Bernard Borderie en 1964.
D'après la série de cape et d'épée Les Pardaillan, romans populaires de Michel Zévaco.
Joan Young, dans The Massacre of St Bartholomew's Eve, série de quatre épisodes du feuilleton télévisé de science-fiction britannique Docteur Who, diffusée sur la BBC en février 1966.
Maria Meriko, dans La Dame de Monsoreau, feuilleton télévisé réalisé par Yannick Andréi, diffusé sur la deuxième chaîne de l'ORTF en décembre 1971. L'habile reine mère, déjà âgée en 1578 mais encore clairvoyante et bonne comédienne, est envoyée à Angers comme médiatrice entre Henri III et son frère rebelle François, duc d'Anjou.
Dominique Blanchar, dans le Chevalier de Pardaillan, feuilleton télévisé réalisé par Josée Dayan, diffusé sur Antenne 2 en janvier-avril 1988. D'après la série de cape et d'épée Les Pardaillan, romans populaires de Michel Zévaco. L'image d'Épinal de l'éternelle empoisonneuse et intrigante, affublée d'un accent italien caricatural.
Alice Sapritch, dans Catherine de Médicis : Le Tocsin de la révolution, téléfilm ou feuilleton télévisé réalisé par Yves-André Hubert, diffusé en 1989.
D'après Catherine de Médicis ou la Reine noire, biographie très romancée par Jean Orieux.
Virna Lisi, dans la Reine Margot, film réalisé par Patrice Chéreau en 1994. Méconnaissable dans son rôle de sinistre veuve noire, Virna Lisi reçut le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1994 ainsi que le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1995.
Marie-Christine Barrault, dans Saint-Germain ou la Négociation en 2003, téléfilm réalisé par Gérard Corbiau d'après le roman de Francis Walder. Catherine de Médicis y perd son traditionnel accent italien cinématographique. Un sablier fatidique et une indication ambiguë à Henri de Mesmes, seigneur de Malassise, semblent indiquer que la reine mère envisage le massacre de la Saint-Barthélemy dès l'été 1570, lors des négociations menées pour conclure la paix boiteuse et mal-assise.
Le roman de Francis Walder ne sous-entend rien de tel.

Liens
http://youtu.be/08MV96dL9hc 2000 ans d'histoire 1
http://youtu.be/YgAe7zRK2P8 2000 ans d'histoire 2
http://youtu.be/zjKBax-tu-M Catherine de Médicis Diaporama sur musique
http://youtu.be/EzUx_f5wkbQ La reine Margot
http://youtu.be/PtWw2Ha2naE Extrait la reine Margot
http://youtu.be/G_EqgerxUOw Henri de Navarre


Attacher un fichier:



jpg  220px-Catherine-de-medici.jpg (22.42 KB)
3_53499c2de0f22.jpg 220X297 px

jpg  225px-Catherine_de_Medicis.jpg (11.89 KB)
3_53499c58c22c5.jpg 225X279 px

jpg  doc-279.jpg (8.35 KB)
3_53499c81f2c54.jpg 230X278 px

jpg  photo.jpg (32.27 KB)
3_53499c9727e36.jpg 400X490 px

jpg  Catherine_de_medicis.jpg (24.60 KB)
3_53499ca3cb4fe.jpg 200X300 px

jpg  catherinedemedicis.jpg (45.83 KB)
3_53499cb30cb59.jpg 434X512 px

jpg  225px-Francois_Second_Mary_Stuart.jpg (20.29 KB)
3_53499cbdb876a.jpg 225X294 px

gif  Medicis_cat.gif (45.19 KB)
3_53499cccad8af.gif 300X270 px

jpg  medicis_catherine.jpg (20.13 KB)
3_53499cd8d89ed.jpg 236X354 px

jpg  mariejol-catherine-de-medicis-1519-1589-ed-tallandier-2235006736.jpg (58.97 KB)
3_53499ce66f7af.jpg 600X600 px

jpg  9782228900188.jpg (38.77 KB)
3_53499cfde9853.jpg 230X370 px

jpg  images.jpg (13.26 KB)
3_53499d3806100.jpg 178X283 px

jpg  9782228900188.jpg (38.77 KB)
3_53499d46d94c6.jpg 230X370 px

jpg  Maria.jpg (54.59 KB)
3_53499d555d96c.jpg 300X562 px

jpg  Exposition Les Clouet de Catherine de Médicis-2011©r.jpg (906.42 KB)
3_53499d6cf1064.jpg 1000X1500 px

jpg  Marie de Medicis.jpg (31.98 KB)
3_53499d882e208.jpg 260X400 px

jpg  10_vsubs.jpg (210.85 KB)
3_53499d990bff5.jpg 488X599 px

gif  9782710328391FS.gif (81.91 KB)
3_53499dac64e19.gif 296X475 px

jpg  e6d713a098.jpg (470.83 KB)
3_53499dbe5cdc5.jpg 700X1126 px

jpg  marie-10.jpg (29.01 KB)
3_53499dcbc62cb.jpg 299X377 px

jpg  02-008873_658x635.jpg (50.66 KB)
3_53499dd8bcc03.jpg 658X562 px

jpg  4100WRZABXL.jpg (31.93 KB)
3_53499de51716c.jpg 293X475 px

gif  poster_69268.gif (32.07 KB)
3_53499df27d772.gif 200X307 px

jpg  catherine_de_medicis-1880.jpg (66.10 KB)
3_53499dfd3ce76.jpg 700X392 px

jpg  product_9782070623860_244x0.jpg (32.86 KB)
3_53499e06b1f60.jpg 244X347 px

Posté le : 12/04/2014 22:11
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Jacques Lacan 1
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57775
Hors Ligne
Le 13 avril 1901 à Paris 3ème, naît Jacques Lacan,

psychiatre et psychanalyste français


Docteur en médecine, psychiatre en 1932, il se spécialise en Psychanalytique
Auteurs associés, il a pour détracteurs Sacha Nacht et pour partisans, Françoise Dolto, Serge Leclaire, Jean-Bertrand Pontalis, Octave Mannoni, Moustapha Safouan, Jacques-Alain Miller, Élisabeth Roudinesco, ses principaux travaux sont : Psychanalyse - Stade du miroir - Réel, symbolique et imaginaire - Signifiant - Sujet de l'inconscient - Forclusion, il meurt le 9 septembre 1981, à 80 ans à Paris 6e

Après des études de médecine, Lacan s'oriente vers la psychiatrie et passe sa thèse de doctorat en 1932. Suivant également une psychanalyse avec Rudolph Loewenstein, il intègre la Société psychanalytique de Paris SPP en 1934, et en est élu membre titulaire en 1938. Ses premières communications, qui concernent son interprétation de l'épreuve du miroir empruntée à Françoise Dolto, donnent lieu à l'invention du stade du miroir en psychanalyse.

C'est après la Seconde Guerre mondiale que son enseignement de la psychanalyse prend de l'importance. Tout en se réclament d’un freudisme véritable — le retour à Freud —, son opposition à certains courants du freudisme notamment l’Ego-psychology, l'aspect novateur de ses thèmes et sa conception de la cure conduisent à des scissions avec la SPP et les instances internationales. Tout en poursuivant ses recherches, Lacan donne des séminaires de 1953 à 1979, soit quasiment jusqu'à sa mort : successivement à l'hôpital Sainte-Anne, à l'École normale supérieure, puis à la Sorbonne.
Lacan a repris et interprété l'ensemble des concepts freudiens, mettant à jour une cohérence dégagée de la biologie et orientée vers le langage, en y ajoutant sa propre conceptualisation et certaines recherches intellectuelles de son époque tel le structuralisme et la linguistique. Lacan compte parmi les grands interprètes de Freud et donne naissance à un courant psychanalytique : le lacanisme.
Figure contestée, Lacan a marqué le paysage intellectuel français et international, tant par les disciples qu'il a suscités que par les rejets qu'il a provoqués.

Les deux thèses lacaniennes

Jacques Lacan a dominé pendant trente ans la psychanalyse en France. Il l'a marquée de son style ; il y laisse une trace ineffaçable. Aimé et haï, adoré et rejeté, il a suivi sa voie sans s'en écarter, ne laissant personne indifférent, s'imposant même à ceux qui ne voulaient pas de lui. Pour les psychanalystes, son œuvre et sa pensée sont incontournables, quelles qu'en soient les contraintes, les difficultés, voire les limites. Il n'a pas seulement, comme les élèves de Freud puis les analystes de la seconde génération tels Melanie Klein, Donald W. Winnicott et Wilfred R. Bion, enrichi la psychanalyse d'un apport original et personnel. Il a été le seul à reprendre et refondre dans son ensemble l'œuvre du fondateur, et à lui rendre l'hommage de la cohérence des voies et des rigueurs auxquelles elle dut se plier pour produire et imposer l'existence de l'inconscient. Il fut le seul à se donner la double ambition de faire revivre une parole à ses yeux oubliée et trahie, et de tenter d'y égaler la sienne.
L'essentiel de l'apport théorique de Lacan a consisté à poser ces deux énoncés corrélatifs, "l'inconscient est le discours de l'Autre" et "l'inconscient est structuré comme un langage" . En fin de carrière, il a ajouté une structure pseudo-topologique dans la structuration des trois instances, le réel, le symbolique et l'imaginaire, en dessinant une figure appelée le nœud borroméen.

Le désir est le désir de l'Autre

L'Autre n'est pas une autre personne que moi-même, il n'est pas situé hors de moi. L'Autre est d'abord le langage, le lieu du code reconnu par une communauté linguistique dans lequel, dès sa naissance, l'enfant est baigné, et par lequel il est également obligé de se couper de lui-même pour se dire, parler de lui. L'Autre est ainsi l'Autre maternel, primordial et cet Autre pris lui-même dans le langage interprète en fonction de ses signifiants les manifestations de l'enfant. Mais c'est aussi un autre lieu, l'inconscient, du fait de l'intervention d'une métaphore, la métaphore du Nom-du-Père, qui intervient dans le discours de la mère : le père, comme père symbolique la métaphore paternelle, lui apparaît progressivement comme celui qui lui interdit de jouir de sa mère. Il installe pour l'enfant l'ordre du langage qui nomme les liens de parenté et l'interdit de l'inceste. Cette opération fait basculer dans l'inconscient le désir qu'avait l'enfant de capter pour lui seul le désir de la mère. Ainsi se constitue le refoulé originaire.
L'Autre, ainsi constitué par la métaphore paternelle, est aussi le garant de la valeur de la parole. Le sujet qui parle à un autre s'adresse en fait à l'Autre reconnu comme tel. Dans la psychose, la parole atteste justement que cette fonction est défaillante : les hallucinations verbales par lesquelles le sujet psychotique s'entend insulté par tel ou tel illustrent la façon dont la parole ne vaut pour le sujet que dans une sorte de face-à-face imaginaire dans lequel cet Autre n'existe pas. C'est en ce sens que l'Autre est une place dans la structure du sujet.
Lacan a été amené à mettre en avant trois termes qui scandent sa pensée :
1° "le désir est désir de l'Autre" : l'être humain ne se constitue que dans l'Autre et l'objet de son désir est d'abord celui qu'il aperçoit dans l'Autre ;
2° le symbolique, c'est-à-dire l'ordre propre où existe l'être humain : c'est le registre de la parole en tant que dette à accomplir ;
3° le désir est pierre angulaire de l'inconscient, en ceci qu'il est désir d'autre chose : la cause du désir manque et l'objet du désir est, dès l'origine, perdu et, en conséquence, le sujet n'existe que grâce à la castration, qui réarticule le manque et permet d'exister grâce à ce manque.
Si on reprend les choses plus haut, il faut revenir à ce que Freud avait appelé le clivage du sujet. Il s'agit là d'un mécanisme intrapsychique qui conduit à la coexistence chez un même sujet de deux attitudes psychiques opposées et indépendantes l'une de l'autre, maintenues simultanément sans lien entre elles.
S. Freud avait proposé ce terme à propos du fétichisme et des psychoses, et on le retrouve dans bien des tableaux cliniques : une partie du sujet tient compte de la réalité, une autre la dénie – ou encore une part du sujet agit d'une certaine façon tandis qu'une autre part agit d'une autre, sans aucun lien.
Lacan reprend ce terme pour caractériser différents lieux du sujet qui vont se décrire dans ce qu'il appelle une topologie : le clivage constitue pour lui l'effet de ce qu'il appelle bouts de réel, qui existent eux-mêmes sans aucun lien entre eux. Il est ainsi amené à figurer le réel de l'être humain à l'aide d'une représentation topologique qui le représente plus réellement que la réalité même de l'être humain dans son vécu.

Le nœud borroméen

Lacan invente en même temps un mode de transmission du savoir psychanalytique qui va passer par un langage réputé objectif, c'est-à-dire représentable et objectivable, le symbolisme mathématique. En imaginant le nœud borroméen, Lacan inscrit le réel du sujet dans une représentation où le réel, le symbolique et l'imaginaire RSI sont représentés par des cercles imbriqués les uns dans les autres et formant un nœud. Mais il affirme que cette mise à plat du nœud inscrit ce qui peut s'écrire du réel. Cela signifie que le nœud borroméen n'est pas le réel en tant que tel. Suivre le dessin que forment ces trois ficelles liées entre elles, c'est suivre le trou du refoulement primaire qui structure le sujet. Chacun des ronds de ficelle du nœud nomme le RSI, mais n'existe que dans la mesure où il suppose un trou l'intérieur du rond, une consistance imaginaire la surface du rond et une existence dans le réel. Chacun de ces ronds est noué à un autre de telle manière que, si l'on pratique une coupure sur l'un quelconque des ronds, les trois sont dénoués. Il n'y a donc dans ce nœud pas d'ordre possible, et chaque catégorie, ou rond, est nouée aux deux autres. Le réel n'existe qu'à rencontrer par le symbolique et l'imaginaire sa limite. Et ainsi pour chacune des trois catégories.
Ces arrêts réels, non symboliques, produisent donc trois effets nécessaires : symptôme, angoisse, inhibition.
En inventant le nœud borroméen, Lacan a été obligé de réorganiser entre eux plusieurs concepts. La recherche de ce qu'est le réel et la découverte du nœud borroméen vont obliger Lacan à repenser autrement ces trois catégories. L'imaginaire, par exemple, déterminé par la consistance, ne sera plus une instance d'illusion, d'imagination, mais sera tout aussi réel que le symbolique et le réel.

Les effets cliniques du nœud

À son fameux slogan, l'inconscient est structuré comme un langage , Lacan ajoutera cette phrase : …avec une réserve : ce qui crée la structure est la manière dont le langage émerge au départ chez un être humain, Yale University, 1975. Lacan a dû, par exemple, repositionner le symbolique, qui n'est plus placé au-dessus de l'imaginaire et du réel comme on pouvait le déduire de ses écrits antérieurs : il advient comme un rond quelconque.
Apparaît ainsi un quatrième rond, le symptôme, que Lacan nomme sinthôme, qui a une fonction particulière : il ordonne les choses en les différenciant. Le sinthôme oblige à formuler une équivalence entre les Noms-du-Père et les symptômes, comme si sa fonction était en fait de suppléer à une faille fondamentale du Nom-du-Père. Dans la séance analytique, R, S, et I ne sont plus donnés d'emblée, ils doivent être corrélés ou, selon les termes lacaniens, suturés, afin qu'ils puissent tenir ensemble.
L'écriture topologique de Lacan se complétera dans les dernières années de sa vie par ce qu'il appelle la bande de Möbius et le cross-cap.

Conclusion

Que reste-t-il des élaborations lacaniennes ? Une abondance extraordinaire de groupes, de sous-groupes, qui tentent tous de capter tel point de la théorie lacanienne et de le poursuivre au travers de la formation d'écoles, de revues, de réunions de groupe, tout cela en attendant la publication complète et incontestable des œuvres – ce qu'il est aujourd'hui prématuré de prévoir. La liste des œuvres de Lacan est considérable et se présente pour la plupart comme des articles de circonstance. On peut cependant noter : les Écrits 1966, qui regroupent de nombreux textes déjà parus, dont le Séminaire sur la Lettre volée, le Stade du miroir, et quelques-uns des Séminaires, qui, par le succès qu'ils remportèrent auprès des psychanalystes parisiens, constituent des repères importants dans la tradition actuelle, même s'ils n'ont pas encore eu, pour certains, de publication officielle : les Écrits techniques de Freud 5 / 1976, la Topologie et le temps 1978 / 1979.

Sa vie

Jacques-Marie Émile Lacan est le premier enfant d'une famille appartenant à la moyenne bourgeoisie. Son grand père paternel Emile était un placier qui avait épousé la fille de son patron, vinaigrier à Orléans. Il grandit dans l'appartement parisien de ces grands parents, avec lesquels habitent ses parents. C'est un milieu catholique et conservateur. Sa mère, Émilie Baudry, fille de rentier, est très pieuse quand son père, Alfred, responsable financier des mêmes vinaigres Dessaux, accompli ses obligations religieuses sans ferveur remarquable. Son puiné nait en 1902 et meurt d'une hépatite en 1904. Sa sœur Madeleine, qui se mariera avec un cousin et s'installera en Indochine, nait en 1903. Marc, son cadet de sept ans, se fera moine bénédictin sous le nom de François
Enfant tyrannique et lunatique, Jacques Lacan entre au collège Stanislas en 1907, où il suit très brillamment la scolarité primaire et secondaire. À quatorze ans, il découvre l' Éthique, dont il ne jugera que tardivement le point de vue de l'éternité moins tenable pour un être humain que l'impératif moral de Kant. C'est explicitement sur l'impossibilité d'interaction entre corps et esprit établie en logique par Spinoza que, devenu étudiant en médecine, il fondera son rejet d'une explication des délires par la lésion d'un organe. Dans une époque où le fou continue bien souvent d'être vu comme un dégénéré et est enfermé comme un criminel, c'est encore sur l'Éthique qu'il fondera tout aussi explicitement sa démarche de considérer la folie raisonnante non comme une altération de la raison mais comme l'expression d'un désir obéissant à une logique propre, différente du sens commun mais pas moins digne.

La fin de la Grande guerre est une rupture avec son milieu. En classe de philosophie, il reçoit avec un intérêt vif l'enseignement de Jean Baruzi, auteur d'une thèse sur Jean de la Croix, qui pratique aussi Leibniz, Saint Paul et Angelus Silesius. Saint Paul sera une référence importante dans sa réflexion ultérieure sur le désir et la loi. Angelus Silesius sera cité lui aussi à plusieurs reprises. Son père, rentré du front, n'est plus le même, le père aimant de son enfance. Le fils renonce à la foi et découvre Dada à la La Maison des Amis des Livres. Aussi est ce contre l'avis de son père qu'il débute des études de médecine.

La médecine et la langue de 1920 à 1927

Il assiste à la première lecture d'Ulysse de James Joyce que Sylvia Beach donne à la librairie Shakespeare et Co. le 7 décembre 1922.
En 1924, au terme de l'externat, il interrompt ses études de médecine et envisage de s'installer au Sénégal. Introduit auprès de Maxime Weygand, il se présente à Léon Daudet en monarchiste nouvellement converti et sollicite avant son départ un appui, une entrevue de cinq minutes auprès de Charles Maurras, peut être pour faire de la politique. D'après, semble-t il, les souvenirs de son frère Marc François, il rencontre effectivement Maurras et participe à des réunions de l’Action française.
La sociologie positiviste de Maurras qui présente le sujet comme un produit de son milieu, partant de sa culture, a pu créer un malentendu avec une conception qu'Édouard Pichon poussera jusqu'à l'absurde d'un inconscient national. Le jeune Lacan s'inspire pour sa part de la thèse de l'éthologue Jakob von Uexküll sur le rôle déterminant de l'environnement non pas seulement sur l'évolution des espèces mais sur l'élaboration d'un langage. Il se montre en cela fidèle au projet spinozien d'une anthropologie déterministe selon laquelle l'illusion cartésienne du libre-arbitre est le fruit de l'inconscience de ses déterminations et préfigure plutôt la conception de Claude Lévy-Strauss qui identifie le développement du psychisme individuel à un jeu dans la structure sociale à laquelle appartient cet individu. Le départ pour les colonies n'aura finalement pas lieu et l'étudiant reprend son cursus à la Faculté de médecine de Paris en neurologie, la spécialité psychiatrie n'existant pas à l'époque.
Parce qu'il a perdu la foi pendant son adolescence et qu'il se sent une responsabilité d'ainé, il vit comme un échec personnel l'ordination sacerdotale de son frère à l'abbaye d'Hautecombe en 1926. Le 4 novembre, il fait sa première présentation de malade à la Société neurologique de Paris, rivale fondée à la Pitié par Joseph Babinski, successeur de Jean-Martin Charcot, de la Société française de psychologie fondée par Pierre Janet à la Salpêtrière, et commence son internat l'année suivante.
Il s'initie à la linguistique structuraliste de Ferdinand de Saussure à travers les compte rendus de Charles Pfersdorff et le cours en Sorbonne d'Henri Delacroix, ancien élève d'Henri Bergson, cours dont il tirera en 1930 un exemple pour étudier un cas de psychose où le délire s'exprime par une forme de langage écrit.

L'école française des aliénistes et le surréalisme 1928-1933

C'est auprès du chef du service de l'asile de Maison Blanche Marc Trénel, élève de Paul Sérieux et spécialiste de la psychiatrie légale, qu'il apprend la clinique des troubles du langage . Le 2 novembre 1928, il présente à la Société neurologique de Paris un cas de pithiatisme résistant à la psychothérapie dont il diagnostique, contre la nosographie enseignée et le consensus établi, la nature psychonévrotique41 en l'absence de lésion organique.
Sa curiosité pour la criminologie éveillée par Marc Trénel, il exerce son année d'internat 1928-1929 à Infirmerie Spéciale des Aliénés de la Préfecture de police de Paris sous la direction de Gaëtan Gatian de Clérambault. C'est auprès de l'inventeur de l'automatisme mental et de l'érotomanie qu'il apprend à observer les néologismes idéogéniques par lesquels Paul Guiraud caractérise les langues psychotiques. En dépit de son opposition au point de vue mécaniste et organiciste de Clérambault et des jalousies sourcilleuses de celui ci, il reconnaitra en lui, non sans une ingratitude provocatrice à l'endroit des nombreux professeurs brillants dont il aura reçu l'enseignement et Sigmund Freud, son seul maître en psychiatrie.
Comme son titre d'interne le permet, il ouvre une consultation privée dans son sombre rez de chaussée de la rue de la Pompe. En juillet 1930, après avoir lu dans une revue confidentielle, Surréalisme asdlr, L’Âne pourri de Salvador Dalí, il contacte le peintre et vient l'écouter dans sa chambre d'hôtel disserter sur les rapports entre création artistique et paranoïa. Il fréquente dès lors le directeur de la revue, André Breton, ancien infirmier psychiatrique sensible au rôle de suppléance joué par le délire et adepte de Freud qui est allé rencontrer celui ci à Vienne en 1922. Il est très ami avec Pierre Drieu La Rochelle, dont la femme délaissée, Olesia Sienkiewicz, dactylographie ses textes.

L'école allemande du Burghözli et le concept de personnalité paranoïaque

de 1930 à 1931

En août et septembre 1930, il accompli un stage à la Polyclinique du Burghözli, qui en est le service de psychiatrie ambulatoire, sous la direction de l'ex assistant de Carl Gustav Jung et successeur d'Eugène Bleuler, Hans Maier. Il poursuit l'expérience de soins sans enfermement systématique de 1931 à 1933 à l’hôpital qu'Henri Rousselle a ouvert en 1922 dans les locaux du service des admissions et de l'infirmerie de l'hôpital Sainte-Anne. Établissement autonome dirigé par Édouard Toulouse, c'est le premier service ouvert. Avec son dispensaire et son service social, il préfigure, non sans insuffisances, la politique de secteur qui se mettra en place en 1960 à partir de l'impulsion donnée par Georges Daumezon.
C'est au cours de cet internat dans l'établissement Henri Rousselle à Sainte-Anne qu'il peut faire l'observation de la genèse de la paranoïa et du développement du délire à partir de ses propres prises en charge et les théorise comme un effet de structure. Avec son collègue Henri Ey, il applique la leçon d'Hans Maier de rapporter les symptômes, au delà de leur description détaillée, à la personnalité propre du patient51. Pour faire valider sa formation, il se contraint à un discours conformiste sur l'hérédodégénérescence mais s'efforce d'y apporter toutes les nuances possibles. Du côté du freudisme, ce ne sont que déchirements teintés de chauvinisme entre partisans et opposants de l'analyse profane, au spectacle duquel il assiste les 30 et 31 octobre 1931 avec son collègue Henri Ey lors de la sixième Conférence des psychanalystes de langue française.
C'est cependant dans le service voisin "Clinique des Maladies mentales et de l’Encéphale" que dirige Henri Claude à Sainte Anne même, qu'il perfectionne en compagnie d'Henri Ey et Pierre Mâle la clinique. C'est là que Georges Heuyer, successeur d'Ernest Dupré en 1921, a introduit la psychanalyse dans l'institution hospitalière en confiant le poste de psychologue à Eugénie Sokolnicka et que Georges Dumas, enseignant en Sorbonne opposé à Henri Claude et à la psychanalyse, a fondé le célèbre Laboratoire de psychologie. C'est là que le 18 juin 1931 lui est confié, ainsi qu'à Joseph Lévy-Valensi, l'examen d'une érotomane criminelle qui relève de la médecine légale.

Aimée ou la psychanalyse sortant du puits de la médecine en 1932

Le cas Aimée lui donne les arguments de sa thèse de doctorat. Soutenue fin 1932, celle ci, par une réfutation des explications organicistes et un dépassement des théories psychogénétiques universellement professées par les écoles française et allemandes, introduit, discrètement mais fermement, dans la psychiatrie institutionnelle la conception freudienne de la paranoïa. Elle lui confère le diplôme de docteur en médecine, spécialité médecine légale, ainsi que le titre d'assistant des hôpitaux, mais ce sont ses amis surréalistes et son premier analysant seuls qui mesurent l'importance de l'événement et saluent ... pour la première fois, une idée homogène et totale du phénomène hors des misères mécanistes où s’embourbe la psychiatrie courante.
Cette cure et cette thèse ne sont pas le premier acte ni le premier écrit de psychanalyse en institution hospitalière mais la première adoption de la théorie freudienne par la Faculté, sous la forme officielle d'un diplôme. Ils interviennent à un moment où la communauté internationale des psychiatres sollicitée par l'opinion publique est en particulier agitée par les scandales des crimes passionnels, tel le cas de Madame Lefebvre, et une révision permanente de la nosographie induite par la discussion des concepts freudiens à ce sujet. Lacan y recourt à tout l'appareil théorique de son collègue viennois comme autant de preuves de la pertinence de ces concepts, pulsion insuffisamment socialisée, contenu manifeste et contenu latent du délire, narcissisme secondaire, fixation anale, irrésolution de l'Œdipe, homosexualité féminine refoulée, inefficience du surmoi, sublimation... pour caractériser paranoïas d'auto punition et paranoïas de revendication.
Cette nosographie ne sera pas retenue mais son propos est de renouveler le traitement moral de Philippe Pinel en invitant le médecin à ne plus se contenter d'user de considération philanthropique mais de jouer des ressorts de la vie affective propre au patient et de la relation d'autorité qu'il entretient avec lacan. Jacques Lacan, par un renversement d'une morale qui fustige l'illusion constatant la leçon spinozienne qu'au contraire la vie psychique de chacun est d'agir pour la satisfaction de ses différences, invite à reconnaître que chez le paranoiaque les illusions n’ont pas moins de consistance et d’intérêt que les vérités, c'est-à-dire qu'il a une personnalité propre, éventuellement productive et poétique, et non pas seulement altérée. Il s'agit de substituer à la tentative de dialogue normative une analyse des mécanismes de ces illusions au sein du monologue du psychotique pris au sérieux.
En un temps où un représentant de la psychiatrie en place tel Paul Guiraud concède à peine que tout en conservant notre entière indépendance à l'égard de la psychanalyse orthodoxe, nous pensons que dans les cas de ce genre, il faut admettre l'action de mobiles inconscients, l'innovation qu'apporte la thèse de Jacques Lacan est celle d'une cure en institution hospitalière de la paranoïa par la psychanalyse, que Sigmund Freud réservait a priori encore neuf ans plus tôt aux troubles névrotiques, c'est à dire à l'exclusion des psychoses telle la paranoïa.

Médecin des asiles, Un clinicien parmi les profanes de 1933 à 1937
Invité le 21 juin 1932 à la Société psychanalytique de Paris, il a entamé quelques mois avant la soutenance de sa thèse une psychanalyse didactique auprès de Rudolph Loewenstein, médecin zurichois installé à Paris en 1926 et amant de Marie Bonaparte. Celle ci, unique analysante de Sigmund Freud en France avec Eugénie Sokolnicka, est la mécène de la SPP. En octobre 1933, il est invité par son professeur Hans Maier à écouter Ferdinand de Saussure lors de la conférence annuelle de la Société Suisse de Psychiatrie.
Quelques semaines plus tard, Man Ray et Paul Éluard, le sollicite au sujet du procès des sœurs Papin, qui a pris une tournure politique, les partisans de l'ordre espérant une condamnation à mort. Il intervient pour appuyer son collègue le Docteur Logre et les journalistes Jean et Jérôme Tharaud dans leur contestation des trois experts qui ont conclu à la responsabilité pénale. Le cas lui est l'occasion de reprendre la conception des crimes passionnels formulée dans sa thèse à savoir que le passage à l'acte est la satisfaction d'un désir au cours d'un délire soudain, une auto punition, sans préméditation donc. Il précise que l'énucléation à vif répond à une image, à réaliser donc, de soi au miroir de l'autre comme un corps morcelé. Il s'appuiera sur le cas Papin pour réviser sa théorie des psychoses jusqu'en 1950.
Le 29 janvier 1934, il épouse Marie-Louise Blondin, dite Malou, sœur de son ami Sylvain Blondin, chirurgien des hôpitaux. Presque simultanément à l'obtention du titre de Médecin des asiles, sa demande d'adhésion à la SPP est agréée le 20 novembre 1934, trois jours après le suicide de son ancien professeur Gaëtan Gatian de Clérambault.
Les années trente sont celles de sa participation au séminaire qu'Alexandre Kojève donne sur la phénoménologie hégélienne à l'École pratique des hautes études. Non seulement ce séminaire est un lieu de rencontre entre des personnalités très différentes, Raymond Aron, Raymond Queneau, Jean Hyppolite, Maurice Merleau-Ponty, Georges Bataille etc. mais c'est aussi un lieu de formation intellectuelle très important pour Lacan, qui reprend à Kojève nombre de ses conceptions, concernant le désir humain comme désir de désir, ou la dimension, primordiale pour Lacan comme pour Kojève, de la reconnaissance, voire ses affirmations sur la nature imaginaire du moi.
En 1936, il déménage 97 boulevard Malesherbes, où il ouvre une consultation de psychanalyse. C'est là qu'en la présence silencieuse du psychiatre se tiennent les comités de rédaction surréalistes de L'Acéphale, antithèse de la revue scientifique L'Encéphale.
En août, il participe pour la première fois au congrès de l’IPA, qui se tient cette année à Marienbad. Il est invité le 31 juillet à y prononcer une communication brève sur le stade du miroir, dont le texte est perdu, mais le président Ernest Jones, connu pour être peu complaisant, ne le laisse pas terminer au-delà des dix minutes imparties. C'est la première fois qu'on ose ne pas se contenter de paraphraser Sigmund Freud, de se référer à des savants non psychanalystes, en l'occurrence Henri Wallon, de proposer un concept original. La réception est plutôt chaleureuse.
En 1937 nait son premier enfant, Caroline. Malou lui donnera deux autres enfants, Thibaut, né en 1939, et Sibylle, née en 1940.

Ruptures de 1938 à 1944

En 1938, Lacan rédige un article dans l'Encyclopédie française dans un volume dirigé par H. Wallon, qui lui vaut de nombreuses demandes de réécriture, qu'il accepte. Dès lors s'établit solidement sa réputation d'auteur difficile à lire qui le suivra toute sa vie.
Il a désormais des clients, il donne des consultations, il achète des propriétés, il mène une vie sentimentale et sexuelle agitée ; bref, cet ambitieux est en train d'arriver à la réussite sociale. En 1938, il devient membre de la Société psychanalytique de Paris S.P.P. et y fait la connaissance de F. Dolto. Il rencontre G. Bataille, et, en 1949, C. Lévi-Strauss, avec qui il se lie, comme il le fait avec M. Merleau-Ponty. L'ouvrage fondamental de Lévi-Strauss, les Structures élémentaires de la parenté, paru en 1949, en donnant à la prohibition de l'inceste une place centrale, avait permis de mettre un pont entre nature et culture dans l'évolution des sociétés. Lévi-Strauss fonde ainsi l'anthropologie structurale, et l'étiquette structurale tentera Lacan un moment pour se qualifier lui-même et son œuvre. Puis il tentera vainement d'intéresser Heidegger à ses conceptions, rencontrera Althusser, fera tout pour séduire l'intelligentsia parisienne et européenne.
Avec son attirance pour la conception structuraliste du langage dont l'œuvre de Saussure a été l'initiatrice, la doctrine de Lacan s'oriente vers une toute nouvelle problématique de la psychanalyse. Il prend désormais un tournant majeur, qu'il marque par sa démission de la S.P.P. 1953. La même année, il fonde avec F. Dolto une nouvelle Société française de psychanalyse, et, toujours la même année, il rédige un article intitulé le Symbolique, l'Imaginaire et le Réel, et prononce une conférence, le Discours de Rome, où il inaugure la notion de séance psychanalytique à durée variable. L'article de 1953 marque la fondation d'une nouvelle topique, par laquelle Lacan tient à proclamer son retour à Freud.

En 1938, l'Encyclopédie française fait appel à lui pour rédiger l'article Famille mais la reconnaissance par ses pairs, en fait Rudolph Loewenstein, de sa pratique de psychanalyste tarde, alors que son confrère Daniel Lagache, universitaire agrégé, est titularisé par la SPP dès 1937. De simple membre, il n'en devient lui-même membre titulaire que le 20 décembre 1938 après un exposé clinique illustrant la rénovation de la psychiatrie par la psychanalyse, en l'occurrence le concept d'impulsion et plus généralement la pratique de l'écoute des patients. A la recherche d'une structure préœdipienne correspondant à stade du moi morcelé, il en appelle à cette occasion à une notion de Réel, lieu d'une « pulsion à l'état pur se manifestant par une béatitude passive face à l'horreur. Loewenstein a conditionné son soutien à cette candidature, qu'il continue sa psychanalyse avec lui. À peine titulaire, Lacan met fin à son analysenote.L'analyste ne s'autorise que de lui même.
Au cours de l'année 1939, l'année de la mort de Sigmund Freud, il noue une liaison avec l'actrice cinématographique Sylvia Bataille, née Maklès.
Elle est mariée à son ami Georges Bataille mais vit séparée de celui ci depuis 1933. Il est mobilisé et affecté à l'hôpital militaire des Franciscains à Pau.
Le 13 juin 1940, la veille de l'entrée des allemands dans Paris, sa consœur Sophie Morgenstern se suicide. Jacques Lacan, démobilisé des services de santé des armées, rejoint en famille Marseille, principale ville de la Zone libre, où il retrouve André Malraux à cours d'argent. Il prend en location la maison que ce dernier possède à Roquebrune pour abriter sa maîtresse enceinte. La mère de Judith Bataille s'étant imprudemment déclarée avec sa fille comme juives au commissariat de Cagnes, son futur gendre s'introduit subrepticement dans la salle où sont rangés leurs dossiers et les dérobe sur une étagère. Il retrouve la sœur de Sylvia Bataille et le beau frère de celle ci, André Masson à Montredon chez la Comtesse Pastré, dont l'association Pour que vive l'esprit cache des artistes, telle Youra Guller, sous le coup de la loi contre les juifs et sert d'antenne légale au réseau du Centre américain de secours.
En 1941, alors qu'ils sont tous deux encore mariés, nait leur enfant, Judith Bataille, à laquelle la loi confert le nom du mari de sa mère. Le choix du prénom d'une héroïne juive et castratrice est en soi un programme et dans la circonstance un défi. L'épouse légitime demande alors le divorce qui sera prononcé après guerre.
À cours d'argent, incapable de donner le secours financier qu'André Malraux lui a réclamé pour faire libérer son frère, il revient à Paris prendre son poste dans le service désormais dirigé par Henri Ey à Sainte Anne. Les patients, arrivant déjà dénutris, meurent de faim et de froid en masse. Une partie de l'hôpital est réquisitionnée par l'occupant pour servir d'hôpital militaire, une autre abrite le réseau communiste Front national sanitaire, que dirige Lucien Bonnafé. Jacques Lacan y propose son aide à un confrère, Jacques Biézin, menacé par les lois antisémites, mais il reste en retrait de l'engagement de ses collègues résistants, Julian de Ajuriaguerra, Jean Talairach, Pierre Deniker, René Suttel, Henri Cénac-Thaly, qui est arrêté en 1943, le Capitaine Delcourt, Virginie Olivier alias Charlotte, qui meurt à Ravensbrück. Durant toute l'Occupation, il suspend toute publication et toute activité d'enseignement mais poursuit son activité de psychanalyste privé qu'il transfert dans un nouvel appartement, 5 rue de Lille. Parmi ses patients, René Diatkine, un camarade de Julian de Ajuriaguerra.

De la Société psychanalytique de Paris à la Société française

de psychanalyse de 1945 à 1953

Des mouvements comme celui du linguiste Édouard Pichon, théorisant un inconscient national dépendant de la langue, passent à l'arrière-plan du fait des expériences récentes. L'exil de Loewenstein, amant de Marie Bonaparte, fervent défenseur du biologisme et ayant l'autorité morale des pionniers de la psychanalyse, amène un changement des rapports de forces, Lesquels ?. Dans cet après-guerre à peine commencé, la figure de Lacan prend une importance, ne serait-ce que par effet d'aspiration : il fait partie des quelques titulaires d'avant-guerre n'ayant pas eu à choisir l'exil.
C'est à la fin des années 1940 et au début des années 1950 que le sujet des séances courtes commence à être traité par Lacan. Il s'agit en fait à l'époque davantage de séances de longueur variable que de séances véritablement courtes – comme vers la fin de sa vie où il donne des séances de quelques minutes à peine. Ce sujet devient le vase de Soissons de la psychanalyse française. Lacan reçoit un premier avertissement concernant ces séances en 1951. À la suite de la rébellion des élèves psychanalystes en 1953, due à l'obscurité du fonctionnement et à un certain autocratisme de l'institut qui est chargé de leur enseignement, une crise institutionnelle secoue la SPP. Cette crise mélange à la fois les problèmes de répartition des pouvoirs entre la Société de psychanalyse et l'institut, le poids respectif des différents courants et les pratiques – désapprouvées par presque tous à l'époque – de Lacan. Celui-ci est démis de son titre de président de la SPP. Daniel Lagache quitte la SPP et décide de fonder un institut d'inspiration universitaire, la Société française de psychanalyse, suivi par Françoise Dolto et Juliette Favez-Boutonnier. Lacan les suit, tout au moins pour un temps. Il est donc une des causes, mais non le fomenteur, de cette première scission. L'International Psychoanalytical Association décide que la nouvelle société ne pourra être affiliée qu'après enquête sur ses méthodes d'enseignement et d'analyse – ce qui vise implicitement Lacan.

L'inconscient est structuré comme un langage

Cette phrase de Lacan : L'inconscient est structuré comme un langage, est centrale dans son élaboration théorique. Il prend appui pour le démontrer sur les trois œuvres majeures de Freud, L'Interprétation des rêves, Psychopathologie de la vie quotidienne et Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient. C'est ainsi qu'il effectue un retour à Freud.
Une interview qu'il accorde à Madeleine Chapsal, pour L'Express, en 1957, révèle la portée de ce qu'il avance :
"Voyez les hiéroglyphes égyptiens : tant qu'on a cherché quel était le sens direct des vautours, des poulets, des bonshommes debout, assis, ou s'agitant, l'écriture est demeurée indéchiffrable. C'est qu'à lui tout seul le petit signe “vautour” ne veut rien dire ; il ne trouve sa valeur signifiante que pris dans l'ensemble du système auquel il appartient. Eh bien ! les phénomènes auxquels nous avons affaire dans l'analyse sont de cet ordre-là, ils sont d'un ordre langagier.
Le psychanalyste n'est pas un explorateur de continents inconnus ou de grands fonds, c'est un linguiste : il apprend à déchiffrer l'écriture qui est là, sous ses yeux, offerte au regard de tous. Mais qui demeure indéchiffrable tant qu'on n'en connaît pas les lois, la clé."
Lacan se livre alors à un plaidoyer pour démontrer en quoi toute l'œuvre freudienne peut et doit être lue avec l'appui de ces références linguistiques et que, pour ces raisons mêmes, ce qui fait l'efficience de la psychanalyse est lié au fait de parler, qu'elle est une expérience de parole.

Il propose la métaphore d'un hamac :

"l'homme qui naît à l'existence a d'abord affaire au langage ; c'est une donnée. Il y est même pris dès avant sa naissance, n'a-t-il pas un état civil ? Oui, l'enfant à naître est déjà, de bout en bout, cerné dans ce hamac de langage qui le reçoit et en même temps l'emprisonne ".

Structuralisme

Vers 1953/1954, Lacan opère un virage qui le fait abandonner momentanément ses références à Hegel, l'hégélianisme à la mode de Kojève pour le structuralisme86. Quand Lacan a abordé la fonction du symbolique et la nécessité d'un pacte entre le moi et le petit autre, c'est là qu'il a pris ses appuis dans la notion de structure, qui est strictement équivalente à celle de langage. C'est dans son grand texte inaugural Fonction et champ de la parole et du langage, qu'il se réfère aux études de Claude Lévi-Strauss, pour y énoncer, à sa suite, cette grande loi primordiale des échanges et de la parenté.
Il introduit par ailleurs en 1953 des concepts qui deviendront fondamentaux dans son œuvre, les trois registres : Réel, Symbolique, Imaginaire. Il commence à travailler à une théorie du signifiant en redécouvrant Ferdinand de Saussure et en s'appuyant sur Roman Jakobson. C'est aussi là qu'il commence à citer régulièrement la thèse de Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté.
En 1960, Henri Ey organise un colloque à l'abbaye Saint-Florentin de Bonneval sur le thème de l'inconscient : il y réunit des psychanalystes de la jeune génération, des philosophes comme Gilles Deleuze, Merleau-Ponty et Jean Hyppolite. Presque tous les débats se rapporteront de près ou de loin, évasif à la théorie lacanienne de l'inconscient, désormais formée dans ses grandes lignes et résumée par le mot d'ordre lacanien par excellence : "l'inconscient est structuré comme un langage". Dès cette époque, en France, la psychanalyse semble se résumer à ce positionnement : être avec ou contre Lacan. Il a acquis une position centrale et cristallise les débats.
Les douze ans qui s'écouleront entre la fondation de la SFP et sa dissolution en 1965 sont une période de grands changements dans le paysage psychanalytique français. D'un point de vue institutionnel, il s'agira de dix ans de négociations pour que les psychanalystes ayant fait scission en 1953 soient reconnus par l'IPA. L'enquête de l'IPA se concentrera progressivement sur Lacan et ses séances dites courtes – en fait à l'époque de durée variable, cette durée étant toujours inférieure à la norme de l'IPA. L'enquête conclura en 1963 que la SFP pourra recevoir l'agrément si elle retire à Lacan et à Françoise Dolto son titre de didacticien, c'est-à-dire qu'elle lui enlève le droit de former des psychanalystes et de continuer son enseignement. Cela provoqua l'éclatement de la société fondée par Daniel Lagache, tous ceux ne pratiquant pas et ne soutenant pas la technique de Lacan se voyant condamnés à l'exclusion des instances internationales s'ils continuent à protéger Lacan. Ainsi naîtra en 1964 l'Association psychanalytique de France, sous les auspices de Daniel Lagache, Jean-Bertrand Pontalis, Didier Anzieu et Jean Laplanche. Pour les lacaniens, il s'agira de l'École française de psychanalyse, bientôt renommée École freudienne de Paris.

Lacan, psychanalyste et chef d'école

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources janvier 2014. Pour l'améliorer, ajouter en note des références vérifiables ou les modèles ou sur les passages nécessitant une source.
À soixante-trois ans, Lacan fonde sa propre école. Les statuts de la nouvelle école sont autocratiques en ce que Lacan y préside à tout[réf. nécessaire]. Ils sont aussi beaucoup plus avantageux pour les plus jeunes car ils sont moins hiérarchisés. Il n'y a en effet qu'un rang hiérarchique à proprement parler : celui qui sépare Lacan des autres. Les organes décisionnels sont toujours composés par lui et n'outrepassent jamais ses avis. La publication des Écrits en 1966 lui apporte une célébrité longtemps attendue : il fait dorénavant partie des ténors du structuralisme et son nom est cité à côté de ceux de Claude Lévi-Strauss, de Roland Barthes et de Michel Foucault. Cette célébrité nouvelle amène un afflux important de jeunes à l'EFP, jeunes qui se mettent à imiter son style, à s'habiller et à parler comme lui.
Lacan introduit en 1969 une pratique expérimentale pour habiliter un psychanalyste comme psychanalyste de l'école, la passe, qui se révèlera à la fois être un facteur de dissension et un échec selon l'aveu même de Lacan. Facteur de dissension parce que l'adoption de cette procédure provoque immédiatement une scission : plusieurs membres historiques dont François Perrier, Piera Aulagnier et Jean-Paul Valabréga démissionnent de l'EFP et fondent le quatrième groupe. Un échec, parce que cette procédure, faite pour éviter les pièges de l'idéalisation et de la bureaucratisation, va avoir l'effet inverse de celui souhaité. En onze ans, seulement dix-sept personnes passeront avec succès.
Peu après la fondation de son école, Lacan opère un nouveau tournant dans son enseignement, qu'on appellera la relève logiciste. À la suite des interventions du tout jeune Jacques-Alain Miller, Lacan se tourne vers Frege, Gödel et la topologie. Son but est d'assurer que la réception de son enseignement ne soit pas sujette aux dérives qui ont marqué selon lui la réception de Freud. Les nœuds, les formes impossibles, les mathèmes vont désormais envahir les séminaires du maître et les rendre encore plus difficiles d'accès. Lacan espère ainsi sortir définitivement du caractère encore trop descriptif de ce qu'il qualifiera désormais de linguisterie.
Après avoir suturé, pas clair temporairement le sort de la psychanalyse à celui des sciences sociales, c'est l'échappée vers les sciences exactes : Seule demeurait, unique aliment de l'ermite au désert, la mathématique.Maintenant qu'il n'est plus lié à aucune négociation, sa pratique en tant que psychanalyste relève quasiment de l'expérimentation débridée, non neutre. Il peut aussi bien demander à une personne de venir trois fois pour trois séances éclairs de quelques minutes dans la même journée et la garder une heure entière la semaine d'après. Il avait déjà l'habitude de se lever, de parler, de manger, d'écrire pendant les séances : dorénavant il joue aussi avec des bandes de Möbius, des bouts de ficelle et de papier. Il reçoit à son cabinet tout le jour durant un flot ininterrompu de personnes. Les choses en sont à ce point que souvent on ne prend même pas rendez-vous.
Profitant de la réforme des universités consécutive aux événements de mai 1968, Lacan, d'abord assisté de Serge Leclaire, tente de s'implanter dans l'université par le biais d'un département de psychanalyse à Vincennes, Paris VIII. Malgré la proposition du président du département, il n'y occupera aucun poste, mais le département sera une sorte de bastion lacanien, non neutre. Cette dernière expérience cristallisera les oppositions déjà existantes entre différents courants au sein de l'EFP. La reprise en main du département au nom de Lacan par Jacques-Alain Miller en 1974, marquée par le remplacement de plusieurs chargés de cours, provoqua une vive polémique à l'intérieur et à l'extérieur de la faculté, chez les psychanalystes et les non-psychanalystes.
Quel ques années plus tard, le suicide d'une psychanalyste ayant échoué à la procédure de la passe sert de révélateur aux dissensions d'une école dont beaucoup doutent qu'elle soit encore dirigée par le maître et non par son entourage proche. En effet, Lacan a des absences se montre de plus en plus fatigué et délègue de plus en plus la gestion des affaires à son gendre Jacques-Alain Miller. Il décide de dissoudre l'EFP. Après quelques années de crise perpétuelle, l'EFP, seule école fondée par Lacan, est dissoute le 5 janvier 1980.
Souffrant d'une cancer du colon dont il a tardé à se faire opérer, déjà très diminué depuis un accident de voiture survenu en 1978, Lacan réduit sans les cesser ses activités à partir de février 1980. Le 15 mars, il choisit, non sans humour, l'hôtel Pullmann Saint Jacques pour prononcer d'une voix claire et forte, debout pendant plus d'une heure devant un parterre de huit cent personnes une conférence intitulée Dissolution, qui est un programme de refondation de la Cause freudienne. Sa dernière intervention publique est donnée à la conférence internationale qui se tient à Caracas du 12 au 15 juillet 1980. Durant ses derniers mois, il se remet d'une aphasie, conséquence d'un AVC, au domicile de sa fille Judith Miller et son gendre Jacques Alain Miller, où la chambre de son petit fils, polytechnicien, est disponible. Alors que son carnet de rendez vous est rempli,

Il meurt le 9 septembre 1981 à la clinique Hartmann à Neuilly sur Seine, d'une insuffisance rénale consécutive à l'ablation en urgence de sa tumeur.

Le 10 septembre son frère Marc François, silencieux bénédictin, lui rend hommage en l'église Saint Pierre du Gros Caillou : « Jacques Lacan a parlé. Le corps est enterré par toute la famille, réunie physiquement mais pas moralement, dans le cimetière de Guitrancourt, près de sa maison de campagne.

Caractères généraux de l'œuvre et de la pensée de Jacques Lacan

"L'inconscient est structuré comme un langage". Cette phrase donne une assez bonne idée générale de la pensée de Lacan. Elle rappelle, en utilisant le concept d'inconscient, que Lacan s'inscrit dans le courant psychanalytique. Elle indique, avec le terme de structure, l'approche particulière de Lacan, qui est l'approche structuraliste. Enfin, elle spécifie son apport, qui consiste principalement dans l'importance donnée à la nature du langage dans l'explication du fonctionnement psychique.

Freud avait désigné l'inconscient comme concept explicatif majeur du fonctionnement psychique. Il avait tâché de l'étudier à partir de ses manifestations, qu'elles soient normales ou pathologiques. L'abandon des méthodes d'hypnose et de suggestion a marqué un tournant dans la pensée freudienne, tournant qui a commencé à permettre à la psychanalyse de sortir de la simple technique de suggestion et de psychothérapie. À partir de ce moment, Freud n'interprète plus la maladie psychique qu'en fonction de la parole du patient. Lacan souligne que, dans les travaux de Freud, l'inconscient se laissait saisir de deux manières : lorsque le locuteur ou le rêveur commet un déplacement dire un mot à la place d'un autre ou lorsqu'il produit une condensation, le mot d'esprit famillionaire, analysé par Freud. Il affirme que le déplacement et la condensation, en l'espèce de la métonymie et de la métaphore, sont les deux seuls moyens de produire de la signification si l'on se réfère aux analyses de Jakobson, et qu'ainsi l'inconscient a un fonctionnement comparable à celui du langage.
Lacan a donc voulu renouveler la réception de Freud en opérant une lecture structuraliste de son œuvre, utilisant pour cela les outils de la linguistique. Ces outils, il ne fera pas que les réutiliser, il les remaniera pour servir son propos. C'est à la fois cette volonté de renouvellement de la lecture de Freud et le remaniement des outils théoriques de la linguistique qui valent à Lacan son succès auprès des uns et son rejet par les autres.

Les concepts majeurs de la psychanalyse lacanienne

Le stade du miroir : le moi traité comme un effet d'optique, Situation et enjeux

Objet de la première communication donnée par Lacan à un colloque international, le stade du miroir n'a cessé d'accompagner sa réflexion pendant toute son œuvre. En effet, dans sa réflexion sur ce stade ou cette phase, Lacan va reposer de manière tout à fait neuve un certain nombre de problèmes propres à la psychanalyse : sur la nature du moi, sur les rôles - pas clairement séparés chez Freud - du moi idéal et de l'idéal du moi, mais aussi sur la nature du narcissisme, point crucial de la théorie psychanalytique.

Les stades du miroir

Lacan ayant commencé à travailler sur ce concept vers 1936 et l'ayant remanié jusqu'en 1960 environ, on comprendra aisément qu'il est impossible de réduire une réflexion de plus de vingt ans à une seule théorie. Il y aura par exemple le stade du miroir avant et après l'invention des trois ordres que sont le Réel, le Symbolique, et l'Imaginaire. Il y aura le stade du miroir avant et après l'invention de l'objet. Ce concept s'inscrira donc dans l'histoire de la réflexion lacanienne et, malgré sa célébrité qui pourrait laisser croire à quelque chose de simple et de réutilisable hors même du lacanisme, il est nécessaire pour le comprendre de le restituer dans les problématiques propres à la pensée de son inventeur.
Le stade du miroir est avant tout une réflexion sur deux concepts : celui de corps propre, le terme wallonien de corps propre désignant l'intuition de l'unité de sa personne par le bébé, et celui de représentation - c'est-à-dire à la fois la capacité à organiser les images et à se situer dans l'ordre de ces images. Lacan affirme que l'enfant anticipe sur son unité corporelle pas encore physiologiquement accomplie - du fait de la maturation incomplète du système nerveux - en s'identifiant à une image extérieure qu'il a été capable de différencier des autres : la sienne. Pour avoir pu différencier son image de celle des autres, il a fallu qu'il comprenne la différence entre l'image, au sens de tout ce qui est vu et la représentation - l'image qui est mise à la place de ce qu'elle figure. Ma propre image dans le miroir ne peut être en effet qu'une représentation, elle me montre ce qu'en aucun cas je ne saurais voir directement, sans utiliser d'artifice. C'est ainsi que l'on peut comprendre une première différence entre le Je, celui qui voit son image et qui s'identifie à celle-ci, et le moi, l'image à laquelle l'enfant s'identifie.

Version finale du schéma du stade du miroir selon Lacan. S barré :

le sujet divisé.
M : Miroir.
A : le grand Autre.
C : le corps propre.
a : l'objet du désir.
i'(a) : moi idéal.
S : sujet de l'inconscient. I : idéal du moi.
Cela découvre le sens de l'identification pour Lacan : c'est une tension entre un Je, qu'il renommera plus tard "sujet de l'inconscient", et un moi toujours social, posé dans l'ordre de la logique, puisque le corps distingué comme étant le corps propre l'est du fait d'une induction logique et dans l'ordre social, plus tard Lacan soulignera l'importance du fait que l'assentiment d'un adulte soit donné à ce qui n'est qu'une intuition d'identification. Le stade du miroir, c'est donc l'aliénation active du sujet à une image, image qui ne peut servir à ce processus d'identification que si elle est reconnue à la fois comme artificielle par l'enfant et désignée comme représentation adéquate par l'adulte.
On croit parfois que le stade du miroir dévoile un moment du développement de l'enfant. Or ce qu'il entend dévoiler c'est la dynamique même de l'identification, dynamique qui reste la même tout au long de l'existence. Il décrit la structure - que Lacan appelle encore paranoïaque en 1949 - du sujet, divisé entre le Je, bientôt le sujet de l'inconscient, et le moi. Le Moi est redéfini comme une instance qui relève de l'image et du social, pur mirage, mais mirage nécessaire.

Le stade du miroir est-il un concept lacanien ?

La première rupture avec le conformisme institutionnel des psychanalystes

Il faut voir dans cette conceptualisation une prise de position novatrice pensée à partir de la deuxième topique de Freud. Ou le moi s'élabore à partir du ça en s'adaptant à la réalité : c'est la thèse de l'école américaine de l'Ego psychology, contre laquelle Lacan n'a pas de mot assez dur ; ou bien le moi se structure en fonction des étapes de la modification du ça, qui lui-même constitue la structure décisive parce que inconsciente de l'être humain, de l'être parlant. C'est là la thèse fondamentale de Lacan qui va en quelque sorte lui servir d'entrée dans la théorie, le stade du miroir.
L'expérience fondatrice que fait l'enfant de six à dix-huit mois est l'expérience dans laquelle il reconnaît son visage dans le miroir que lui tend sa mère, à une époque où il vit encore son corps comme morcelé et indistinct du corps de sa mère : il se voit et comprend que c'est lui et que ce n'est pas lui. Cette rencontre, vécue dans une intense jubilation, conduit l'enfant à son identité et le fait décoller par rapport à son rapport fusionnel avec sa mère. En même temps, l'image perçue est inversée et se trouve ainsi être imaginaire, alors que son corps ne l'est pas. En même temps aussi, il continue de vivre son rapport aux autres dans une perspective de séduction et d'agressivité qu'il tente de résoudre par l'imitation. La méconnaissance du moi s'installe à ce moment au cœur du moi et c'est avec cet autre que moi que l'enfant va découvrir ses objets libidinaux, processus qui amènera plus tard l'enfant au désir de l'autre. La doctrine lacanienne se précisera progressivement après l'élaboration de cette thèse, dont il reprendra le texte dans les Écrits 1966. Mais l'intervention de Lacan au congrès de Marienbad se passe mal (une interruption malencontreuse de son président hérisse l'ombrageux Lacan et dès ce moment sa méfiance à l'égard de la psychanalyse officielle se radicalise en opposition définitive. La reprise de cette thèse au congrès de Zurich en 1949 n'aura d'ailleurs pas davantage d'écho, malgré son importance, si l'on songe que ce processus intervient au moment même de la naissance de l'accès au langage, qui pose la question de l'altérité fondatrice de qui parle quand je parle.

Les débuts d'un grand maître

Lacan avait l'habitude de faire des emprunts à ses contemporains. Concernant le stade du miroir, les pages d'Henri Wallon dans Les origines du caractère chez l'enfant sont régulièrement citées, ainsi que les origines kojéviennes de la définition dynamique de l'identification conçue comme mouvement. Élisabeth Roudinesco rappelle aussi que la distinction Moi/Je qu'opère Lacan dans différents textes, et très importante pour sa réflexion, a certainement pour origine les remarques d'Édouard Pichon sur la difficulté qu'il y avait à traduire le Ich de Freud systématiquement par moi alors que dans certains contextes, le "Je" paraissait plus adapté. Même si ces problèmes de traduction ont effectivement intéressé Lacan, le Je lacanien est avant tout un Je imaginaire.
Néanmoins, sans nier l'apport de tous ces penseurs, la réflexion lacanienne sur le stade du miroir n'a que peu à voir avec la dialectique du développement que l'on retrouve chez Henri Wallon, qui n'a pas pour objet de recherche les problèmes conceptuels concernant l'identification en psychanalyse, comme il ne s'intéresse pas au narcissisme, ni à la nature imaginaire ou non du moi ou de l'objet du désir. Si l'on peut supposer une importance considérable de l'hégélianisme à la manière de Kojève, celle-ci s'efface dès 1954, peu de temps après l'entrée en jeu des concepts de Réel, Symbolique et Imaginaire.
Quant à l'apport de Pichon concernant la distinction Je/Moi, on sait que cette distinction subira des aventures conceptuelles bien éloignées des considérations théoriques du grammairien. Lacan a emprunté à Kojève, à Wallon, à Pichon, voire à Dali, mais force est de constater que le stade du miroir selon Lacan n'a, en définitive, rien de Wallonien, de Kojèvien, de Pichonien ni de Dalinien

Le retour à Freud

L'enseignement de Jacques Lacan débute sur un mot d'ordre du retour à Freud. La volonté d'un retour à Freud suppose que Lacan considérait qu'il existait une lacune en France, donc un besoin de retourner à l'œuvre de Freud, de la retrouver, et qu'il mettait implicitement en cause la qualité des traductions, de l'enseignement des psychanalystes et des théoriciens de la psychanalyse de son époque. Lacan s'opposa dès ses débuts à ce qu'il considérait comme une dérive de la psychanalyse : l'ego-psychology, représentée par Anna Freud et Rudolph Loewenstein.

Outre les différends théoriques avec ses pairs, ce qui caractérise l'attitude de Lacan dans son retour à Freud, c'est une lecture qui ne cherche pas à rester dans l'orthodoxie freudienne, mais plutôt à dégager ce qu'il y a d'original chez Freud, ainsi que le formule Jean-Michel Rabaté : De même qu'Althusser se demandait comment lire Marx de façon “symptomatique”, en séparant ce qui est authentiquement “marxiste” de ce qui est purement “hégélien” dans ses écrits, Lacan se demande où et comment repérer les textes où Freud se montre authentiquement “freudien”.
L'attitude de Lacan consiste à se réclamer de Freud tout en se moquant d'idées auxquelles Freud croyait fermement, comme la possibilité de réduire la psychologie, en dernière analyse, à la biologie. Le retour à Freud ne consiste donc pas seulement en une critique de l'enseignement des élèves de Freud, mais en une critique - au sens étymologique, opérer un choix entre le bon et le mauvais - de l'enseignement de Freud, qui n'a pas toujours su, selon une optique lacanienne, rester fidèle à lui-même ou explorer les conséquences de ses découvertes.
C'est dans cette manière de concevoir son retour à Freud que l'on peut saisir la pensée lacanienne, qui retourne chaque fois à Freud, qui s'en réclame, et qui pourtant, pour des raisons parfois historiques - la linguistique n'avait pas, du temps de Freud, l'audience qu'elle aura dans les années cinquante - et souvent théoriques, en diffère considérablement.

Le concept de structure

Lacan fait apparaître dans la psychanalyse, la perspective structuraliste : en opérant une lecture rigoureuse de Freud, il montre que Freud est déjà dans une perspective structurale, à partir de la deuxième topique.
Lacan a affirmé à plusieurs reprises devoir sa conception de la structure à Claude Lévi-Strauss, qui a été lui-même un lecteur attentif de Freud. Et la thèse de Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté, est l'ouvrage écrit par un contemporain le plus cité dans les séminaires de Lacan. Il convient donc, sans pour autant admettre sans critique préalable que la structure de Lacan et la structure de Lévi-Strauss sont les mêmes, de s'intéresser à la définition du terme de structure que Lévi-Strauss peut développer dans l'ouvrage en question.

Nœud borroméen illustrant l'intrication du Réel, du Symbolique et de l'Imaginaire au sens lacanien.
Une définition illustrant le sens que l'anthropologue français donne à ce terme est :
"Les institutions humaines elles aussi sont des structures dont le tout, c'est-à-dire le principe régulateur, peut être donné avant les parties, c'est-à-dire cet ensemble complexe constitué par la terminologie de l'institution, ses conséquences et ses implications, les coutumes par lesquelles elle s'exprime et les croyances auxquelles elle donne lieu. Ce principe régulateur peut posséder une valeur rationnelle sans être conçu rationnellement ; il peut s'exprimer de façon arbitraire, sans pour autant être privé de signification. "
De cette définition ressort que le tout de la structure en est le principe régulateur, indépendant des parties. La structure chez Lévi-Strauss est structure logique, c'est un ensemble de relations entre des termes interchangeables.
Selon Lacan, ce principe régulateur, la structure du sujet, c'est l'intrication de trois fonctions : le Réel, le Symbolique, l'Imaginaire, ce qu'il appellera R.S.I. En 1972, il représente cette intrication des trois fonctions par le nœud borroméen, qu'il appellera aussi le nœud-bo. Il suffit que n'importe lequel parmi les trois anneaux soit rompu pour que tous les anneaux soient indépendants. Ce tripode R.S.I, comme il sera appelé par Lacan lui-même, marque à la fois l'aboutissement de ses recherches antérieures, dans une perspective topologique, en même temps qu'un nouveau paradigme. C'est un des concepts clef de son œuvre.

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... php?topic_id=2171&forum=4

Posté le : 12/04/2014 21:54
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Jacques Lacan 2 suite
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57775
Hors Ligne

L'importance du langage

La Bataille de San Romano, Paolo Uccello. Dans le séminaire V, Lacan s'appuie sur cette scène de bataille et sur une histoire drôle pour illustrer une des particularités du symbolique : la généricité ou la stéréotypie.
Élève et analysant de Jacques Lacan, Charles Melman affirme dans un ouvrage de témoignages : En premier lieu, il s'est agi pour Lacan de souligner ce que Freud n'a pas pu ou n'a pas osé faire, à savoir montrer combien le langage est ce qui ordonne notre rapport au monde aussi bien qu'à nous-mêmes.
La pensée de Lacan pourrait être définie comme une théorie structurale du désir et du langage. Théorie du désir, parce que l'essence de l'être humain est le désir pour le lecteur de Spinoza que sera Lacan toute sa vie. Théorie du langage, parce que c'est par celui-ci que l'on a accès à l'inconscient. Théorie structurale, car le langage répond à des logiques internes que les recherches linguistiques du XXe siècle ont réussi à subsumer sous le terme de structuren. Or, la structure, pour Lacan, est à la fois ce qui produit et ce qui est la réalité de l'inconscient. En effet, l'inconscient n'est pas un stock de non-conscient, il correspond à un ensemble de processus actifs.
Ainsi, lorsque Lacan avance la théorie des trois ordres, Réel, Symbolique, Imaginaire, il le fait en s'appuyant sur ses réflexions concernant la nature, non du langage en général, mais de l'humain, l'être parlant, qu'il surnommera le parlêtre. Le fait d'apprendre le langage nous coupe en quelque sorte du monde : ainsi naît le Réel, ce qui ne peut être nommé, ce qui ne relève pas du langage. Le langage dans lequel nous naissons contient des valeurs, il organise le monde dans lequel nous vivrons avant même que nous soyons nés, cette dimension organisatrice et de distribution de la valeur, Lacan l'appelle le symbolique. Quant à l'imaginaire, il désigne la manière dont le sujet se perçoit par le truchement des autres et du langage dans lequel il se trouve.
La théorie lacanienne est à ce point tournée vers le langage qu'on peut en déceler l'importance dès son travail sur le stade du miroir. Lorsque l'enfant fait la différence entre l'image et la représentation, qui est exactement ce que décrit le stade du miroir, il ne fait rien d'autre que découvrir le signe, c'est-à-dire ce qui est mis là pour autre chose, qui désigne cette chose et qui pourtant ne l'est pas. Dans ce sens, on peut rapprocher le stade du miroir et le travail de Jerome Bruner sur l'attention conjointe chez le nourrisson, qui représente pour lui le début de l'accession au langage et la structure relationnelle sur laquelle l'apprentissage de la langue pourra s'appuyer.

Réel, symbolique et imaginaire, Schéma L et Grand Autre.,

Débats sur la conception lacanienne des liens entre langage et inconscient

Le psychanalyste Alain Costes, affirme en premier lieu que l'identification du concept freudien de déplacement à celui, linguistique, de métonymie, et symétriquement de la condensation toujours au sens de Freud à la métaphore, est impossible. Reprenant une critique faite à Lacan par Jean Laplanche, il ajoute que dans la topique freudienne, le langage relève du niveau préconscient et non de l'inconscient. Il affirme ainsi que Lacan n'est pas du tout freudien dans sa conception de l'inconscient.
Le linguiste Georges Mounin affirmait quant à lui, dans un article ayant fait beaucoup de bruit, que Lacan mésusait des concepts saussuriens, et que son enseignement à l'ENS ruinait quinze ans d'enseignement de la linguistique dans cette école. Un autre linguiste, Michel Arrivé, tout en soulignant les différences entre le signe lacanien et le signe saussurien, ne les considère pas comme des distorsions mais comme l'adaptation que nécessite la transposition d'un univers conceptuel à un autre. C'est ainsi que Lacan remodèle le concept saussurien de signifiant pour construire une logique du signifiant originale.

Les quatre discours,
lien social.
Critiques scientifiques
et philosophiques
Le symbolique représente la culture dans laquelle naît le sujet, et s'exprime à travers le langage, c'est-à-dire la mémoire, l'histoire et les interdits ; il s'impose au sujet de façon consciente mais aussi en créant un refoulé inaccessible ; il organise le réel en ce sens qu'il permet la maîtrise du manque, de l'absence, et assume ainsi la négativité au sein de l'être parlant. L'imaginaire est marqué par la relation à l'image du semblable et au corps. Son articulation au réel détermine la place de l'angoisse et celle de la jouissance de l'Autre son articulation avec le symbolique, la place de l'inhibition et celle du sens. Ainsi l'imaginaire représente le registre du leurre et de l'identification, celui par lequel l'enfant à l'âge du stade du miroir ce n'est pas un stade chronologique au sens de J. Piaget ou de H. Wallon repère l'image de son corps, instaurant ainsi la méconnaissance de l'humain et sa propre aliénation et le narcissisme primaire. Enfin le réel est ce qui échappe définitivement au symbolique : il est ce qui revient toujours à la même place, à cette place où le sujet en tant qu'il cogite … ne se rencontre pas 1964. C'est donc en définitive l'impossible, qui ne cesse pas de ne pas s'écrire, définitivement occulté par le symbolique.
Après dix ans d'enseignement à Sainte-Anne, Lacan est chargé de conférences à l'École pratique des hautes études 1963. Il a ainsi tracé les voies d'une formation nouvelle du psychanalyste – ce qui l'amène à quitter les sociétés internationales de la psychanalyse officielle et le conduit à fonder en 1964 sa propre école, l'École freudienne de Paris, qu'il dissoudra en 1980. En même temps, cette pratique l'amène à mettre au point le style de son discours, fait de tournures précieuses et de connivences culturelles, où les formules dans le style des moralistes ne sont pas rares, comme, par exemple, l'apophtegme souvent cité de 1965 : L'amour, c'est donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas.
En reprenant la doctrine lacanienne selon son enseignement, qui fut essentiellement oral une partie a été éditée en 1966, et l'autre Séminaire est en cours de parution depuis 1975 dans une rédaction assumée par son gendre, on peut en donner quelques aspects décisifs, sans référence à l'évolution chronologique lacanienne, que lui-même n'a pas beaucoup contribué à éclaircir.

Quelques aperçus de la doctrine lacanienne, Bricmont et Sokal

Alan Sokal et Jean Bricmont, dans leur ouvrage commun Fashionable Nonsense (Impostures intellectuelles, épinglent les abus ou les mésusages de termes scientifiques par des penseurs contemporains tels Jean Baudrillard, Gilles Deleuze ou Michel Serres, et consacrent leur premier chapitre à Lacan.

Sokal et Bricmont précisent :

"Nous ne prétendons pas juger la psychanalyse de Lacan, la philosophie de Deleuze ou les travaux concrets de Latour en sociologie. Nous nous limitons aux énoncés qui se rapportent soit aux sciences physiques et mathématiques, soit à des problèmes élémentaires en philosophie des sciences."
Ils soulignent que Lacan ne donne jamais de justification à son utilisation de surfaces étudiées en topologie pour traiter ou décrire la jouissance considérée comme un espace au sens topologique du terme ou la structure du névrosé censée être un tore.
Ils soulignent que l'usage de la métaphore étant généralement de rendre plus accessible le propos, parler de bouteille de Klein ou de tore ne semble pas de nature à rendre celui-ci plus accessible. À moins peut-être qu'il ne parte de l'expression "tourner en rond ", utilisée pour décrire la pensée de quelqu'un qui revient sans cesse aux mêmes idées, et qu'il la croise avec la définition du tore en se disant que le névrosé ne fait pas toujours le même raisonnement en boucle : il ne suis pas un fil mais se déplace dans un espace. Malheureusement cette forme de pensée dans laquelle il se meut a comme un creux au centre : ce n'est pas une sphère, métaphore classique d'une pensée cohérente depuis Platon.
Ils épinglent ensuite l'usage de termes mathématiques issus de l'arithmétique qui, faisant fi de leur définition technique, se réclament de leur rigueur, par exemple : "La vie humaine pourrait être définie comme un calcul dans lequel zéro serait irrationnel. Or zéro est un nombre entier donc un nombre rationnel. La phrase signifie donc La vie humaine pourrait être définie comme un calcul où quelque chose de vrai est faux. Lacan ne s'est jamais expliqué sur le sens de cette phrase, qu'il définit comme une métaphore mathématique, cette notion elle-même restant à définir.

Pour finir, les auteurs s'intéressent à l'usage des paradoxes concernant les fondements des mathématiquesparadoxes de Russell ou de Cantor. Tout en admettant que les mathématiques sont dans ce domaine moins maltraitées, ils soulignent qu'aucun argument n'est donné pour relier ces paradoxes appartenant aux fondements de la mathématique et la béance qui constitue le sujet en psychanalyse.

Mathématiques

Les mathématiciens en général n'approuvent pas la manière dont Lacan utilise les notions mathématiques. Ainsi, dans le magazine Tangente, les auteurs soulignent que Lacan utilise les mathématiques comme un réservoir de métaphores, sans que ses raisonnements soient valides mathématiquement comme ceux de Newton. Cet abus des mathématiques sert à donner aux théories de Lacan l'illusion d'une profondeur, et d'une légitimité scientifique. Dans le journal Quadrature, Bernard Randé compare les écrits de Lacan à Mickey Parade.

Chomsky


Le linguiste et philosophe américain Noam Chomsky, qui a connu Lacan dans les années 1970, a confié qu'il le considérait comme un charlatan conscient de l'être qui se jouait du milieu intellectuel parisien pour voir jusqu'à quel point il pouvait produire de l'absurdité tout en continuant à être pris au sérieux.

Laplanche

Le psychanalyste Jean Laplanche critique Lacan par sa conceptualisation de l’inconscient comme discours et langage au lieu de l'idée freudienne des représentations inconscientes comme images visuelles prélinguistiques.

Philosophie

Le philosophe Jean Guitton pour sa part en dénonçant cette idée selon laquelle en psychanalyse, et comme le pensait Freud, presque tous les maux sont d'ordre sexuels, a dit de Lacan : "L'on a toujours l'impression avec Lacan qu'autrui n'est qu'un être, un objet dont on voudrait abuser, et de ne pas le pouvoir librement là serait l'origine de tous les problèmes psychiques."

Culte de la personnalité

Lacan a également été critiqué pour la création d'un culte de la personnalité parmi ses disciples. Le psychologue Dylan Evans, auteur du Dictionnaire d'introduction de la psychanalyse lacanienne 1996 et plus tard de Le lacanisme déçu, signale : "Les disciples de Lacan assument simplement comme une vérité n’importe quelle phrase que le “maître” ait dite. Ses textes sont perçus comme une des Saintes Écritures. Était-ce cela une simple projection de ces disciples ? Se peut-il qu’ils l’aient placé à la place du sujet étant censé savoir, à la place où les patients illusoirement situent l’analyste ?.

Négation de la réalité

Le psychologue communautaire argentin Alfredo Moffatt écrit à propos de Lacan critiqué pour son accent sur la langue et le discours au détriment de la matérialité de la réalité sociale :
"Nous pensons que cet évitement de la réalité de l’école lacanienne qui domine actuellement dans le champ de la psychothérapie, a été fonctionnelle dans notre pays grâce à sa capacité à nier ce qui se passait. Pendant la dictature militaire, se contaminer avec le réel était très dangereux, un patient militant “brûlait”.

Lacan et la philosophie

La question des rapports entre l'œuvre de Lacan et la philosophie peut se poser de différentes manières. En premier lieu, il est possible de se questionner sur l'influence de la philosophie dans le parcours intellectuel de Lacan et sur ce que celui-ci a pu emprunter aux différents penseurs dont il faisait la lecture. On peut aussi s'interroger sur l'importance du travail de Lacan pour la philosophie, voire, avec Jean-Pierre Cléro, se demander s'il existe une philosophie de Jacques Lacan.

Métaphore/métonymie

Pour Freud, deux processus marquaient le passage à l'inconscient du traumatisme refoulé, la condensation et le déplacement, rendant méconnaissable la reconnaissance de ce qui avait été refoulé dans l'inconscient. Lacan généralise ces deux notions en assimilant la première à la métaphore et la deuxième à la métonymie. Dans la première un mot est substitué à un autre : c'est une opération dynamique qui va autoriser tous les remaniements possibles du signifié. L'enfant repère que, dans son rapport avec la mère, il n'est lui-même que l'objet partiel que désire sa mère : elle désire autre chose, le phallus paternel. Il repère ainsi une présence-absence, qui est la loi du Père, toujours présente dans la parole de la mère. C'est par la métonymie que le sujet peut indiquer sa place dans son désir : le désir se fait demande pour se faire entendre : le désir se fragmente en métonymies qui émergent en grand nombre dans le langage de l'enfant.

Les quatre discours

Les discours règlent les formes que revêtent les liens de l'individu au groupe social. La psychanalyse met l'accent sur l'assujettissement fondamental qui détermine le sujet dans sa totalité dans son rapport avec le social ; la socialité imprègne l'histoire de la parole du sujet, de la parole de ses parents – bien entendu avant et après sa naissance, sans compter les autres instances existentielles avec lesquelles il a eu tout au long de sa formation à se confronter.
La parole est ainsi envisagée par Lacan d'abord sous les espèces du discours. Il existe quatre formes possibles du discours, en fait quatre types. Le premier est le discours du maître, qui indique le rapport de celui qui parle avec le pouvoir ; le second le discours de l'hystérique, qui, par la division du sujet qu'il implique, oblige le maître à produire un savoir, et entraîne une mise en cause radicale du savoir et du pouvoir. Les deux derniers types de discours s'opposent radicalement. Le discours de l'universitaire est le fait de celui qui sait qu'il est dépositaire d'un savoir, qui transmet la culture, tandis que le discours de l'analyste est celui d'un homme qui n'a rien sinon un non-savoir et qui ne transmet rien. Ce discours est le discours de la vérité, qui parle par l'inconscient et qui fait de la psychanalyse une science à l'envers, dont les principes sont à fonder à chaque fois. La vérité, c'est à la fois ce qui s'actualise à travers nos symptômes, mais aussi ce qui engage notre responsabilité – cette constatation banale vaut pour tout le monde et donc aussi pour l'analyste lui-même. Ce qui organise le discours de l'analyste, c'est l'objet même qui le fait parler, qui coïncide avec l'objet de son désir, son rapport avec l'analysant, ou, en d'autres termes, avec le sujet qui est sur le divan.

Importance des références philosophiques dans l'œuvre de Jacques Lacan

Le problème de l'importance et de l'influence possible de la philosophie dans l'œuvre de Lacan est complexe. Il est indéniable que la philosophie de Hegel réinterprétée par Kojève a eu une importance considérable dans le cheminement intellectuel de Lacan. Ses rencontres avec Heidegger, et sa cotraduction de l'article Logos avec une amie germaniste montre l'intérêt qu'il aura porté à une philosophie dont on retrouve les traces dans ses séminaires. Il n'est pas douteux que ses relations avec Merleau-Ponty ont été d'une importance considérable, ne serait-ce que parce que ce dernier aura encouragé une redécouverte de Saussure, mais son influence en tant que philosophe reste à démontrer. Jean-Pierre Cléro a souligné l'importance de la théorie des fictions de Bentham dans l'élaboration de la pensée lacanienne que l'on se souvienne à ce propos de la phrase de Lacan : La vérité a structure de fiction. Le concept de Réel aurait aussi été forgé en pensant à l'usage qu'en fait Georges Bataille dans ses ouvrages, qu'à défaut de catégorie où faire entrer ce dernier, on peut classer comme philosophe. Mikkel Borch-Jacobsen est allé jusqu'à affirmer que les idées de Lacan doivent beaucoup plus à ces penseurs qu'à Freud et ne seraient en somme qu'une philosophie déguisée.
Cependant, malgré ses nombreuses amitiés avec des philosophes, malgré une culture philosophique certaine et les nombreuses références faites dans ses séminaires à des philosophes et à leurs concepts, Lacan affichera avec persistance une méfiance, voire une défiance — qu'il partage d'ailleurs avec Freud — envers la discipline fondée par Socrate. Lacan agit plus envers la philosophie comme si elle était une boîte à outils où il pourrait aller piocher des concepts qu'il recyclerait à la mode de l'inconscient lacanien.

Importance de l'œuvre de Lacan pour la philosophie

De son vivant Lacan intéressa des philosophes tels Louis Althusser ou Michel Foucault. Ses travaux sont ensuite repris aux États-Unis dans le champ des "cultural studies", en partie parce que Judith Butler, après Juliet Mitchel, a utilisé des concepts lacaniens pour son travail de critique philosophique des processus de socialisation et des rapports de force dans la société contemporaine. D'un point de vue plus européen, Slavoj Žižek, Giorgio Agamben et Alain Badiou sont les trois philosophes les plus connus à se réclamer ouvertement de Lacan dans leur réflexion philosophique.

D'autres comme Alain Juranville affirment que Lacan révolutionne le concept même de vérité en introduisant l'idée que la vérité serait nécessairement partielle et Gérard Granel opère un recroisement entre la perspective lacanienne et la perspective heideggerienne sur les questions de la vérité, du sujet et de la science.

Lacan et le féminisme

L'affirmation de la primauté du phallus parmi les autres signifiants a fait considérer à certains et à certaines que son approche était phallocentrée. Dominique Sels, dans son commentaire du Banquet, apporte un argument textuel en faveur de cet avis. Lacan, de ce fait, a toujours souffert d'une mauvaise réputation dans les mouvements féministes et de libération sexuelle. Il a été critiqué sur ce point par Luce Irigaray ou Judith Butler.
Cet avis n'est pourtant pas partagé de façon unanime et surtout pas par les psychanalystes, notamment les psychanalystes femmes. Liliane Fainsilber, reprend pas à pas les approches de Lacan concernant la différence des sexes et la sexualité féminine, en particulier la question laissée en suspens par Freud de la jouissance féminine. Juliet Mitchell, dans un ouvrage de 1975, considère que la théorie lacanienne et le féminisme ne sont pas incompatibles. Plus récemment, les travaux de Lacan ont été utilisés par Bracha L. Ettinger.
Quant à un phallocentrisme de la théorie lacanienne, Lacan, pour définir la différence entre les sexes, affirme que les hommes croient avoir le phallus quand les femmes croient en manquer, alors que personne ne le possède et que tous le désirent. Car le phallus lacanien est un signifiant, le signifiant d'un manque. Ce terme, phallus , ne doit pas être confondu avec l'organe, le pénis. Le choix de la dénomination de ce signifiant du manque comme phallus, et l'asymétrie du rapport à ce signifiant entre homme et femme laisserait pourtant ouverte la possibilité d'une critique d'une vision considérée comme phallocentrique. Laquelle vision renverrait à une vision structuraliste de la différence des sexes ou, des genres, qui restent historiquement, culturellement et politiquement déterminés.
Pour atteindre cette question cruciale, il est toutefois nécessaire de s'orienter avec les différents moments de l'orientation lacanienne. La première période de son enseignement, orientée par le stade du miroir et la captation imaginaire, constitue une étape fondamentale, il s'est fait connaître surtout par la période où il élève au "signifiant" tous les outils qui servaient sa théorie. C'est en continuant ce travail de "signifiantisation" selon Jacques Alain Miller qu'il va dépasser cette approche structuraliste, fondée à partir du travail de Saussure. Que faire de ce reste qui ne parvient pas à s'attraper dans la théorie du signifiant ? Il rejoint la théorie de la libido freudienne, la dépasse vers cet au-delà du principe de plaisir Il va faire surgir "la chose", das ding d'un retour à Freud dans Le séminaire, Livre VII, L'éthique de la psychanalyse. Puis revisiter l'"objet" de La relation d'objet, titre d'un de ces séminaires. Il porte attaque là, à l'idée de complétude, de combler le manque, et vise une autre approche.

Introduisant la facilité de la position féminine quant au rapport au désir, il décale la fixité de la vision opaque[Quoi ?] accordée à la sexualité féminine. Aucun objet ne saurait être pris comme objet de complétude mais son nouveau statut est comme objet qui cause le désir. Comparant et opposant l'obsessionnel qui tue le désir à la quête effrénée de l'hystérique à maintenir son désir insatisfait : point de frustration, et un pas de côté sur la théorie de la privation[réf. nécessaire].
L'objet atteint sa forme ultime de "pièce détachée" en 1962-1963, quand il traite la question de l'angoisse dans Le séminaire, Livre X, L'angoisse. Revisitant la place à donner à la marque signifiante ou à l'objet, il prépare un changement de cap sur la théorie du manque. Il va déclarer concernant la sexualité féminine : « on nous rabat les oreilles avec l'histoire du Penis » et la théorie du manque. Il évoque déjà la trompeuse jouissance phallique, et décline que l'impuissance n'est pas là où on croit ! Il dénonce aussi le masochisme féminin comme fantasme de l'homme137.

Lacan précise encore plus sa pensée que dans l'article "La signification du phallus" des Écrits, en 1958, quand en 1960 dans ses Propos directifs pour un Congrès sur "la sexualité féminine" : il énonce, partant d'une étape de la castration symbolique supposée reliée à la subjectivité d'un Autre de la loi, que l'altérité des sexes assurément dénaturée, fait de l'homme le relais pour que la femme devienne cet Autre à elle-même, comme elle l'est pour lui.
Ces développements sur la sexualité féminine, ou l'homosexualité sont loin de s'opposer au féminisme. Souvent mal compris quand il énoncera que "LA" femme n'existe pas en barrant d'un trait le "La", c'est pour lui reconnaître son caractère d'Unicité et pour ne pas recouvrir d'un universel, ce qui est le propre féminin. Une et PAS-TOUTE, seront des outils pour se confronter à la question de la jouissance féminine qui ne se réduit pas à la jouissance phallique. Dans ses tableaux de la sexuation, du Le séminaire, Livre XX, Encore, il tente de faire surgir comment passer de l'idée d'impuissance à l'impossible. Dévoilant la diffraction de la jouissance féminine, vers une jouissance Autre, il apportera des éclairages précieux à la théorie des genres qui ne sont pas biologiques mais choix de position subjective.

Lacan et l'homophobie

Élisabeth Roudinesco montre dans sa biographie de Jacques Lacan qu'il fut le premier à accepter des homosexuels en analyse. Certains auteurs, comme Didier Eribon, ont cependant dénoncé la teneur hétérocentrée, phallocentrique, sexiste, misogyne et homophobe des théories et des propos de Lacan.

L'objet et la cure

Qu'est-ce qui est analysable ? Rien d'autre que la relation du sujet au signifiant. La cure analytique est, à chaque fois, particulière : il n'y a d'analyse que du particulier ; son expérience n'est pas totalisable. Son objet est l'objet de la psychanalyse. Objet paradoxal qui n'est pas un objet plein et concret, corrélat et répondant d'un sujet consistant. L'autre du sujet, c'est son semblable, son alter ego. Le sujet barré, effet du signifiant, rencontre comme objet ce que l'Autre produit : son reste, son déchet, l'objet .
C'est un objet impossible à avoir, car c'est un objet perdu. Il n'est pas l'objet du désir, mais sa cause. Un désir irréductible, absolu, inéducable et inadaptable, sans objet qui puisse le saturer, rebelle à toute pédagogie et relevant uniquement d'une éthique. C'est un concept nouveau, le seul, de l'aveu même de Lacan, qu'il ait inventé. Il reprend cependant le concept freudien d'objet partiel, objet de la pulsion partielle, à la série classique duquel s'ajoutent le regard et la voix. Le fantasme le recouvre ; et l'analyse mène à son dévoilement, le temps d'un battement, d'une ouverture, avant que l'inconscient ne se referme. Ce serait le point ultime de l'analyse, celui où le voile de la réalité se déchirerait un temps devant le réel. Concept d'un objet à chaque fois singulier, qui n'est déductible qu'à la mesure de la psychanalyse de chacun.
L'analyste se voue, dans la cure, à en être le support, à être cause du désir pour l'analysant, cause de sa parole. C'est une place impossible à tenir, sauf sous la forme d'un défi ; elle a pour nom le rejet et le rebut ; pourtant, elle seule réserve à l'analyse, qui est toujours particulière, un accès au réel. Place d'inconfort et d'insupportable qui pose la question du désir et du plaisir qu'a l'analyste à s'y tenir, et de ce qui peut l'y maintenir. Car tout est bon aux analystes pour se défiler d'un défi dont je tiens qu'ils prennent existence – car, c'est là fait de structure à les déterminer – ce défi, je le dénote de l'abjection. Abjection, mot qui revient souvent sous la plume de Lacan pour qualifier cette place. Mot de l'exclusion et du rejet, de la honte et peut-être aussi de la haine de l'analyste. À vouloir porter la parole pour que l'inconscient ne se ferme pas, il se voue à en être la cause rejetée. Abjection du psychanalyste qu'était Lacan.

Que suis-je pour oser une telle élaboration ? La réponse est simple : un psychanalyste. C'est une réponse suffisante si l'on en limite la portée à ceci que j'ai d'un psychanalyste la pratique. Lacan se défiait des psychanalystes ; à l'égal de Freud, il voulait être le seul. Il n'a cessé de les rappeler à l'ordre et de vouloir les réveiller tout en en faisant ses interlocuteurs privilégiés. Il ne leur laissait d'autre choix qu'être ses élèves ou le rejeter, reprochant aux uns sa solitude et son incompréhension, et tirant de son exclusion réelle ou supposée par les autres la raison d'être de son enseignement. Ce qu'il écrivait de ses Écrits lui conviendrait assez bien : À ce qu'ils formulent, il n'y a qu'à se prendre ou bien à les laisser. Chacun n'est d'apparence que le mémorial d'un refus de mon discours par l'audience qu'il incluait : strictement les psychanalystes.
Pourtant, contrairement à Freud, il n'a pas transcrit ses rêves et n'a rien livré de sa propre analyse. Il n'a pas ajouté de nouveau chapitre à la liste des formations de l'inconscient. Il n'a pas relaté une seule cure menée par lui, même pas un fragment. Il existe une clinique lacanienne, mais, à de très rares exceptions près, elle se nourrit des travaux cliniques des autres, et surtout de Freud, ou de littérature.
Dans les dernières années de son séminaire, il développe un formalisme de plus en plus spéculatif, qui semble à beaucoup délié de tout rapport avec la clinique. Conjointement, il affirme, dans des interventions, une série d'échecs. Échec de la transmission de la psychanalyse ; échec de sa fondation scientifique la psychanalyse n'est pas une science, c'est une pratique ; échec de la passe, une expérience institutionnelle mise en place pendant plus de dix ans pour interroger et faire progresser le problème posé par Freud de la fin de l'analyse, pour en faire l'axe d'un enseignement, d'une formation et d'une transmission ; échec enfin de l'École freudienne de Paris qu'il avait fondée en 1964 et dont il proclame la dissolution en janvier 1980. Sa fin fut triste : J'ai échoué, conclut-il.
Cet échec, il serait absurde et sans commune mesure avec les questions qu'il soulève d'en imputer la responsabilité à d'autres. On ne peut non plus en prendre acte sans poser au moins le problème de ce qu'aurait été pour Lacan sa réussite. Aurait-ce été la fin, au moins sous une certaine forme, de la psychanalyse ? Comment ne pas le penser en lisant ces mots, qui datent de 1975 : La chose terrible est que l'analyse en elle-même est actuellement une plaie : je veux dire qu'elle est elle-même un symptôme social, la dernière forme de démence sociale qui ait été conçue.Quoi qu'il en soit, cet échec lui revient ; il ne lui enlève rien ; il reste le point où sa vie a rejoint son destin et ce qu'il aurait été doit laisser la place à ce qu'il fut et voulut être : Jacques Lacan, psychanalyste, seul, le seul.

Liens

http://youtu.be/31iQQTPY-kA Jacques Lacan parle
http://youtu.be/ahuNN96G7jM La psychanalyse réinventée
http://youtu.be/Yyi90wUEgw0 Lacan et la mystique
http://youtu.be/RrP3mSUPRFk Lacan et le racisme


Attacher un fichier:



jpg  2.jpg (149.35 KB)
3_534994b455bd4.jpg 1808X1344 px

jpg  lacan.jpg (82.04 KB)
3_534994c08f374.jpg 656X521 px

jpg  770330.jpg (37.29 KB)
3_534994ce30543.jpg 605X400 px

jpg  Jacques_Lacan_T.jpg (60.78 KB)
3_534994dd5830e.jpg 1013X768 px

gif  Le_cigare_de_Lacan.gif (49.61 KB)
3_534994ed0cd0a.gif 400X264 px

jpg  Lacan_le_reve_le_reveil_et_et_la_mort-2.jpg (63.97 KB)
3_534994fd07030.jpg 972X768 px

jpg  1310238-Jacques_Lacan.jpg (48.07 KB)
3_53499508ee145.jpg 427X550 px

jpg  copy_of_jacques_lacan_028.jpg (750.16 KB)
3_5349951d94f9a.jpg 800X1184 px

jpg  LACAN41-2.jpg (996.14 KB)
3_5349953300c69.jpg 1643X2076 px

jpg  Jacques_Lacan_002-2.jpg (81.13 KB)
3_5349954ca15e0.jpg 768X933 px

gif  card17.gif (102.08 KB)
3_53499557b7750.gif 435X619 px

jpg  lacan (1).jpg (39.89 KB)
3_5349957fbc1db.jpg 300X419 px

jpg  DVD-Lacan-corps-de-texte.jpg (72.81 KB)
3_53499594190ac.jpg 698X468 px

jpg  seminaires-Lacan.jpg (326.39 KB)
3_534995a30555e.jpg 1026X428 px

jpg  affiche Lacan sept 2011.jpg (600.88 KB)
3_534995bc50fd6.jpg 1000X1417 px

jpg  65_htmlarea_agenda_10020_0_L.jpg (63.45 KB)
3_534995d1d21e0.jpg 530X750 px

jpg  séminaire.jpg (178.62 KB)
3_534995eacf62a.jpg 400X630 px

Posté le : 12/04/2014 21:37

Edité par Loriane sur 19-04-2014 08:33:03
Edité par Loriane sur 19-04-2014 08:34:53
Edité par Loriane sur 19-04-2014 08:37:03
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Boris Godounov Tsar de Russie
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57775
Hors Ligne
Le 13 avril 1605 meurt Boris Fedorovitch Godounov, en russe :

Бори́с Фёдорович Годуно́в,


né en 1551 à Viazma, tsar il gouverne la Russie à partir de 1594 à la place de Féodor Ie, le fils d'Ivan le Terrible, et devient tsar de Russie de 1598, pendant 7ans, 1 mois et 26 jours, il et couronné le 3 Septembre 1598 jusu'à sa mort subite, à 55 ans, à Moscou, en avril 1605.il succède à Irina Godounov et aura pour successeur Fédor II, il appartient à la dynastie des Godounov, il a pour père Féodor Ivanovich Godunov, pour mère Stépanide Ivanovna, sa conjointe Maria Malyiuta-Skouratov lui donne deux enfants Fédor II et Xénia, morte en 1662 à Troïtsa

Il fut un des conseillers les plus influents de Fédor, tsar de 1584 à 1598.
Il relégua à Ouglitch la dernière femme d'Ivan IV et le tsarévitch Dimitri, qui mourut mystérieusement en 1591. La rumeur publique accusa Boris Godounov de l'avoir fait assassiner. À la mort de Fédor, Boris se fit élire tsar par un Zemski Sobor 1598. Un prétendant au trône venu de Pologne, Dimitri, dit le faux Dimitri, se fit proclamer tsar après la mort subite de Boris avril
Descendant d'une famille noble d'origine tatare mais russifiée depuis le XIVe siècle, Boris Godounov s'impose à la tête de l'État moscovite vers 1587, comme conseiller du tsar Théodore Fedor, fils et successeur d'Ivan le Terrible et marié à la sœur de Boris.
Quand le tsar meurt sans laisser d'héritier son unique frère, le tsarevitch Dmitri, ayant péri en 1591 dans des circonstances troubles, Boris se fait élire tsar par les états généraux en 1598. Le gouvernement de Boris Godounov est marqué par des succès militaires contre la Suède 1590-1595, par un effort pour consolider la frontière méridionale face à la steppe et pour organiser la colonisation de la Sibérie fondation de Tobolsk en 1589 ; enfin il remporte un important succès de prestige :
la reconnaissance par les patriarches orientaux de l'indépendance de l'Église russe et le sacre d'un patriarche de Moscou et de toute la Russie en 1589.
Dans le domaine social, Boris doit, pour assurer une main-d'œuvre stable sur les terres des serviteurs de la couronne, interdire aux paysans de quitter leur terre de 1592 à 1593.
Cette mesure, rendue particulièrement insupportable par les famines de 1601-1603, provoque, surtout dans le sud-est du pays, des mouvements de mécontentement qu'attisent les tergiversations gouvernementales. D'un autre côté, l'autoritarisme de Boris, la brutalité avec laquelle il a éliminé ses adversaires de la scène politique, des bruits plus ou moins fondés sur sa responsabilité dans la mort du tsarevitch Dmitri, le rendent impopulaire auprès des classes dirigeantes.
Aussi l'entreprise d'un usurpateur, qui se fait passer pour le tsarevitch miraculeusement sauvé des mains de ses assassins et qui bénéficie de l'appui du roi de Pologne Sigismond III, met-elle en danger l'État moscovite, malgré la défaite qu'infligent les troupes de Boris à celles du faux Dmitri.
La mort subite du tsar survient dans une situation sociale et politique très tendue et marque le début du Temps des troubles de 1605 à 1613.
La personnalité de Godounov a inspiré le drame historique Boris Godounov de Pouchkine et l'opéra de Moussorgski joué pour la première fois en 1874.

Famille Godounov

On connaît peu de choses sur la famille Godounov : les rares documents conservés indiquent que Boris était de lointaine ascendance tatare. Un de ses lointains ancêtres, le prince tatar Tchet, fit construire au XIVe siècle le monastère orthodoxe Saint-Hypatius ou Monastère Ipatiev. Le nom de famille signifierait irréfléchi en tatar.
Son arrière-grand-père était Zacharie Godounov ; fils de Théodore Godounov, Boris aura une sœur, Irina Godounova, morte le 26 octobre 1603, épouse du tsar Fédor Ier et un frère cadet, Ivan Godounov, mort en 1610, époux d'Irène Romanov.

Sa vie, Régence

Boris Godounov commence par être chambellan d'Ivan le Terrible, commandant de la garde du palais puis, à partir de 1588 exerce la régence pour Fédor Ier, fils de ce dernier, et son beau-frère.
Le 7 janvier 1598, Fédor meurt sans héritier, mettant ainsi fin à la longue dynastie des Riourikides. Dimitri Ivanovitch, son frère, relégué à Ouglitch, y meurt mystérieusement : pendant plusieurs siècles, les historiens accusèrent Boris Godounov ; il semble cependant que ce dernier soit innocent : Dimitri se serait tué accidentellement avec un couteau, au cours d'une crise d'épilepsie.

Une nouvelle dynastie

À la mort du tsar, plusieurs hautes familles, les Galitzine, les Romanov peuvent prétendre au trône mais aucune ne fait acte de candidature car l'aristocratie a été affaiblie par le pouvoir tsariste, sous le règne d'Ivan IV puis sous celui de Fédor Ier.
Beau-frère du tsar défunt, Premier ministre, Boris Godounov n'a pas de difficulté à se faire élire tsar par un zemski sobor, assemblée comprenant les boïards, le clergé et les communes. Rencontrant une résistance au sein de la douma des boïards, Boris s'appuie sur la noblesse et sur le peuple ; présidé par le patriarche orthodoxe Job, Boris est élu tsar mais exigea qu'on lui prête serment non pas au palais, comme le voulait l'usage, mais dans la cathédrale de l'Assomption à Moscou.

Il est couronné dans cette même église en septembre 1598.

Manquant de légitimité historique, il n'est qu'un tsar élu, Boris tente d'unir sa famille aux Maisons royales européennes.
Il chercha ainsi à marier sa fille Xénia au prince Gustave de Suède, fils exilé d'Erik XIV : la tentative échoua devant le refus du prince de se convertir à l'orthodoxie ; le duc Jean de Danemark accepta, lui, toutes les conditions requises mais mourut subitement, foudroyé par une maladie.

Son règne

Selon les historiens, son règne est une période paisible après l'ère d'Ivan le Terrible.
Il mène une politique d'indépendance de la Russie, créant en 1589 le patriarcat de Moscou, la Russie devient alors autocéphale, guerroyant contre la Suède de 1590 à 1595, organisant la colonisation de la Sibérie.
Il tente de rapprocher le pays de l'Occident et de renforcer le pouvoir du tsar aux dépens des boyards. C'est ainsi qu'il envoie en Occident, à des fins d'instruction, un groupe de jeunes garçons nobles : six en Angleterre, six en France et six en Prusse ; l'expérience fut un échec puisque tous, à l'exception de deux d'entre eux, refusèrent de rentrer en Russie.
Boris ne peut cependant faire face aux troubles qui demeurent latents depuis la mort d'Ivan IV.
Ceux-ci trouvèrent un catalyseur dans la grande famine, qui éclate en 1601 et dure trois ans. En 1602, plusieurs milliers de morts sont dénombrés à Moscou et, si le gouvernement tente d'abord de remédier à la situation, il doit bientôt y renoncer à cause de l'immensité du territoire, attitude qui favorisera les désordres et les pillages.
Le 13 octobre 1604, Grégori Otrepiev, Gricha Otrepjov — moine défroqué ayant réussi à se faire reconnaître par le roi de Pologne comme le tsarévitch Dimitri, qui aurait survécu à son assassinat— entre en Russie à la tête d'une armée de mercenaires polonais et lituaniens. Boris Godounov décrète alors la mobilisation générale mais ses troupes sont défaites par celle d'Otrepiev, le 21 décembre 1604 à Novgorod-Severski ; le 21 janvier 1605, en revanche, le sort des armes est favorable aux troupes du tsar et Otrepi ev doit fuir.

Révolte des paysans

Rendus mécontents par la famine, les paysans rallient le camp d'Otrepiev.
Boris Godounov meurt, subitement, le 13 avril 1605 à Moscou : on parla alors d'empoisonnement ou de suicide. Il est inhumé au monastère de Serguiev Possad, près de Moscou.
Il laisse pour successeur son fils, Fédor II, et son épouse Maria Grigorievna Skouratova-Belskaya, fille de Maliouta Skouratov, un des chefs de l'Opritchnina d'Ivan le Terrible.

Personnalité

Jérôme Gorsey décrit ainsi le tsar Godounov : "Il est d’apparence agréable, beau, affable, porté sur la magie noire, âgé de quarante-cinq ans ; il manque d'instruction mais a l'esprit vif, il a des dons d’éloquence et maîtrise bien sa voix ; il est rusé, très impulsif, rancunier, peu enclin au luxe, modéré dans ses habitudes alimentaires mais il a le goût des cérémonies ; il offre de somptueuses réceptions aux étrangers, adresse de riches présents aux souverains des autres contrées."
Selon l'historien russe Nicolas Kostomarov : "Toute son action visait à favoriser son intérêt personnel, son propre enrichissement, le renforcement de son pouvoir, l’élévation de sa lignée… Cet homme était prêt à faire le bien, pour peu que cela ne gênât point ses visées mais les servit au contraire ; de la même façon, aucun mal, aucun forfait ne pouvait l’arrêter s’il l’estimait utile à ses intérêts."

Postérité culturelle

La vie de Boris Godounov a inspiré :
Boris Godounov, une tragédie d'Alexandre Pouchkine 1831, ce dernier inspirant :
un opéra de Modeste Moussorgski 1868 ;
une musique de scène de Serge Prokofiev 1936 ;
un film de Sergueï Bondartchouk 1986 ;
un film d'Andrzej Żuławski 1989.


N. Kostomarov : Histoire de la Russie par ceux qui l'ont faite.
S. Platonov : Boris Godounov Prague
L'écrivain français d'origine russe Vladimir Volkoff a consacré une trilogie romanesque à cette époque troublée de l'histoire de la Russie, Les Hommes du Tsar, Éditions de Fallois/L'Âge d'Homme :
Hommes du tsar
Les Faux Tsars
Le Grand Tsar blanc
Précédé par Boris Godounov Suivi par
Irina Godounova
Tsar de Russie
1598-1605


Fédor II, L'Opéra

Tragédie historique de Pouchkine en 1831 : le premier grand drame national de la littérature russe.
D'après cette tragédie, Moussorgski a composé un drame musical 1869-1872.
Créé au théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg le 27 janvier ancien style / 8 février (nouveau style) 1874, Boris Godounov – opéra en un prologue et quatre actes sur un livret du compositeur d'après le drame historique d'Alexandre Pouchkine – confère ses lettres de noblesse à la représentation du peuple sur une scène d'opéra. Plus encore que Boris, le tsar infanticide qui se meurt rongé par le remords et les hallucinations, le protagoniste est le chœur, véritable porte-parole du peuple de Russie. La censure a d'ailleurs bien senti le caractère subversif et anti-tsariste du livret et a refusé la version originale de 1869, en sept scènes, obligeant Moussorgski à en modifier certains aspects dans une nouvelle mouture écrite en 1871 et 1872. Il existe donc deux versions de l'œuvre, auxquelles il faut ajouter les réorchestrations de Rimski-Korsakov (1896), Mikhaïl Mikhaïlovitch Ippolitov-Ivanov (1927) et Chostakovitch (1940), tous soucieux d'« enjoliver » l'art brut de Moussorgski, peut-être maladroit mais si expressif dans son âpreté primitive. Quant à son art de la prosodie, il ne sera pas sans répercussion sur les compositeurs qui chercheront à rapprocher la musique de la parole, comme Debussy ou Janáček.

Liens

http://youtu.be/TpkLq1dR48Q Boris Godounov par Mussorgski
http://youtu.be/n8wKc3Azt1I Moscou
http://youtu.be/yKlzrMU2YBs Anglais
http://youtu.be/Y8YVkqZMBlU Yvan le terrible prédécesseur de Godounov
http://youtu.be/Y8YVkqZMBlU Tsars russes 1533 à 1917 (anglais)
http://youtu.be/S8x4XKDlmWM Tsars de Russie (Anglais)
http://youtu.be/kU-KUIRbvGk Expansion russe de l'origine à nos jours (anglais)
http://youtu.be/mV1OrSxZEdg L'empire russe des tatars à nos jours. (anglais)

Attacher un fichier:



jpg  220px-Borisgodunov.jpg (29.91 KB)
3_5349909b8b766.jpg 220X272 px

jpg  1008161-Boris_Godounov.jpg (44.17 KB)
3_534990a6eda6c.jpg 301X400 px

jpg  Godounov.jpg (30.47 KB)
3_534990b1b9088.jpg 300X411 px

jpg  Orlin-Anastassov-Boris-Godunov-1.jpg (95.13 KB)
3_534990e14bd6e.jpg 1000X665 px

jpg  boris-godunov_7-t.jpg (34.86 KB)
3_534990ee5dc1e.jpg 220X304 px

jpg  2988631984_6a1b697bfb.jpg (73.07 KB)
3_5349910157acf.jpg 380X400 px

jpg  dyn001_original_479_600_pjpeg__2fc11d21bb518c5a91ce4c807e74a245.jpg (71.47 KB)
3_5349910f8104b.jpg 479X600 px

jpg  InReviewBorishdl110110.jpg (180.27 KB)
3_534991258f2a0.jpg 600X443 px

jpg  boris_bastille_2005.jpg (32.83 KB)
3_53499132e04fb.jpg 320X480 px

jpg  0.jpg (15.44 KB)
3_534991476a269.jpg 480X360 px

jpg  boris_12.jpg (122.79 KB)
3_5349915a245a2.jpg 800X544 px

jpg  borisgodunov.JPG (57.73 KB)
3_5349916a9b4d1.jpg 365X552 px

jpg  007.jpg (36.91 KB)
3_5349917828e32.jpg 396X495 px

jpg  tableauxduneexhibition.004.jpg (88.30 KB)
3_53499188b8fbe.jpg 552X414 px

jpg  Tempsdestroubles.jpg (68.49 KB)
3_534991990e636.jpg 448X450 px

jpg  DVD_Godounov_FR-HD.jpg (827.74 KB)
3_534991ad2613c.jpg 1537X2174 px

jpg  f3030_2.jpg (33.20 KB)
3_534991bb0c098.jpg 400X280 px

jpg  ViergedeKazanmini.jpg (16.36 KB)
3_534991c5ac503.jpg 180X231 px

jpg  CD moussorgski boris-godounov membran anaclase.jpg (34.92 KB)
3_534991d307ea5.jpg 320X320 px

jpg  0095115300725_600.jpg (123.30 KB)
3_534991df2e49f.jpg 600X600 px

jpg  Transpositions.jpg (119.77 KB)
3_534991ecd2ae3.jpg 425X640 px

jpg  Crown-of-Michael-Fyodorovich-with-orb-and-sceptre-of-Boris-Godunov.jpg (157.01 KB)
3_534991fc4c907.jpg 1000X855 px

Posté le : 12/04/2014 21:20
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Gary Kasparov
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57775
Hors Ligne
Le 13 avril 1963 à Bakou RSS d'Azerbaïdjan, URSS naît

Garry ou Garri ou Gary Kimovitch Kasparov


en russe : Гарри Кимович Каспаров, joueur d'échecs russe. Champion du monde d'échecs de 1985 à 2000 et vainqueur de nombreux tournois, il est considéré comme l'un des meilleurs joueurs de l'histoire avec Bobby Fischer, Emanuel Lasker, José Raul Capablanca, Alexandre Alekhine et Anatoli Karpov. Il est le premier joueur à avoir dépassé les 2 800 points Elo en janvier 1990 et a obtenu le classement Elo le plus élevé jamais enregistré avec 2 851 points en juillet 1999 et janvier 2000, un record finalement battu 13 ans plus tard par Magnus Carlsen.

Kasparov a, depuis 2005, renoncé à reconquérir son titre de champion du monde perdu en 2000 et à s'imposer face aux nouvelles générations de joueurs de plus en plus jeunes, pour s'engager de toutes ses forces en politique dans l'opposition à Vladimir Poutine et se consacrer à la rédaction de ses trois séries de livres sur les échecs : My Great Predecessors 2003-2006, Garry Kasparov on Modern Chess 2007-2010 et Garry Kasparov on Garry Kasparov 2011. Celui qui s'engage en poitique fut sucessivement, Grand maître international en 1980, Champion du monde junior en 1980, Champion d'URSS de 1981 à 1988, Champion du monde d'échecs de 1985 à 2000, Oscar des échecs de 1982 à 1983, de 1985 à 1996, de 1999, de 2001 à 2002, Champion de Russie en 2004

Garik Kimovitch Vaïnstein transcription allemande : Weinstein est né le 13 avril 1963 d'un père juif, Kim Moïssevitch Vaïnstein ou Weinstein et d'une mère d'origine arménienne du Haut-Karabagh, Klara Chaguenovna Kasparova. Ses parents s'étaient rencontrés au laboratoire industriel de Bakou en Azerbaidjan où ils travaillaient comme ingénieurs. Le père de Garik était issu d'une famille de musiciens. Le père de Kim, Moïsseï, mort en 1963 était un compositeur et chef d'orchestre.
Le frère cadet de Kim Vaïnstein, Léonide Vaïnstein, était compositeur en Azerbaïdjan. Le père de Garik, opposé à ce qu'il apprenne la musique, lui apprit les échecs lorsqu'il eut cinq ans. Il lui donna également le goût de la géographie. La mère de Garik lui transmit sa passion pour l'histoire.
Son père tomba malade pendant l'été 1970 et mourut en 1971, à l'âge de trente-neuf ans, du lymphome de Hodgkin. La mère de Garik ne l'emmena pas à l'enterrement et Garik raconta à son école que son père était parti en voyage d'affaires. Son grand-père maternel, Chaguen, un ouvrier du pétrole et fervent communiste, prit sa retraite en 1971 et s'occupa de Garik. Ils eurent ensemble de nombreuses conversations sur le régime soviétique. En 1975, Garik prit le nom de sa mère, qui avait gardé son nom lors du mariage en russifiant son nom, devenant Garri ou Garry Kasparov.
En janvier 1990, Kasparov fut victime des pogroms anti-arméniens de Bakou du 13 au 16 janvier et contraint de fuir la capitale azérie, comme des milliers d'autres personnes d'origines arméniennes, en direction de l'Arménie16.
Garri Kasparov a trois enfants : Polina (née en 1993 de sa première épouse, Macha – Maria Arapova – épousée le 3 mars 1989, Vadim, né en 1997, de sa deuxième épouse Julia et Aida, née en 2006, de sa troisième épouse Daria.

Carrière aux échecs, Débuts et formation aux échecs

Garik Vaïnstein avait appris à jouer aux échecs par son père, qui n'avait pourtant jamais été un joueur intéressé, tandis que sa mère était très douée. En septembre 1970, la mère de Kasparov était à Moscou, où son père était hospitalisé. Les oncles de Garik, Léonide Vaïnstein et Konstantin Grigorian, l'inscrivirent et l'emmenèrent au cercle d'échecs du Palais des pionniers de Bakou. À la fin de l'année, Kasparov atteignait le grade de joueur de troisième catégorie. En 1972, il donna une partie simultanée contre des ouvriers du pétrole de Bakou. En juin 1972, il atteignit la phase finale du championnat de blitz adulte de Bakou. Il avait marqué neuf points sur neuf dans le tour préliminaire. En conséquence de ce résultat, Garik reçut le grade de joueur de première catégorie à neuf ans20. En janvier 1973, il termina troisième du championnat junior de Bakou. En mars 1973, il marqua quatre points sur quatre lors d'une tournée de l'équipe junior d'Azerbaïdjan en Lettonie et Estonie. En juillet 1973, il participa aux Jeux soviétiques de la jeunesse à Vilnius où il fut remarqué par Alexandre Nikitine qui avait été désigné au début de l'année, entraîneur de l'équipe nationale d'échecs par le Comité d'État aux sports.

Kasparov à l'issue du championnat du monde junior en 1980.
En août 1973, Nikitine recommanda Kasparov à Mikhaïl Botvinnik, qui avait décidé, après trois ans d'interruption, de rouvrir l'école Botvinnik, la meilleure école de formation aux échecs d'URSS. Kasparov suivit les cours de Botvinnik, ancien champion du monde, de Nikitine, et de Mark Dvoretski, spécialiste des fins de parties. D'autres maîtres ont contribué à sa formation comme Alexandre Ivanovitch Chakarov, entre autres dans le domaine des ouvertures. Au fil des années, lors de ses passes d'armes pour le championnat du monde, il sera aidé d'une équipe de secondants comme Iossif Dorfman, Zurab Azmaiparashvili, Sergueï Dolmatov, Ievgueni Vladimirov et Iouri Dokoyan.

Changement de nom 1974-1975

En 1975, toujours sous le nom de Vaïnstein, Garik termina septième du championnat d'URSS junior, joueurs de moins de 18 ans. Le changement de nom en Garri Kasparov intervint en août 1975, lors d'un conseil des familles Vaïnstein et Kasparov. La décision revint à la mère de Kasparov, Klara Kasparova, mais c'est l'entraîneur Nikitine qui défendit le changement dans l'intérêt de la carrière de Garri qui pourrait être freinée à cause d'un mauvais nom (origine Juive) . Dès 1974, avec l'accord de Botvinnik, Garik avait commencé à en parler avec sa mère. En 1975-1976, les relations entre Israël et l'URSS étaient rompues. En 1976, l'URSS boycotta l'olympiade d'échecs de Haïfa, alors qu'elle avait envoyé son équipe à Tel Aviv en 1964.

Premiers succès en URSS 1975-1978

En octobre-novembre 1975, Garri, sous son nouveau nom, remporta la coupe de la ville de Bakou adultes et sa victoire fut relayée par l'hebdomadaire de Moscou, 64. En novembre 1975, Kasparov rencontra pour la première fois le nouveau champion du monde Anatoli Karpov alors âgé de 24 ans lors d'un tournoi de parties simultanées à Moscou. Karpov remporta la partie. En 1976 et 1977, Garri Kasparov devint le plus jeune champion d'URSS junior de l'histoire et fut envoyé en France pour disputer les premiers championnats du monde cadets moins de seize ans. Ce furent ses premiers voyages en dehors de l'URSS.
En janvier-février 1978, Kasparov remporta le mémorial Sokolski à Minsk, puis le tournoi de sélection de Daugavpils et il se qualifia pour la finale du championnat d'URSS adultes où il termina neuvième à Tbilissi.

Un goût acharné pour le travail, un don combinatoire et une mémoire sidérante transforment vite Garry Kasparov en un prodige des échecs. Il n'a que treize ans lorsqu'il gagne pour la première fois le championnat d'U.R.S.S. juniors, face à des adversaires plus âgés que lui. En 1979, à Banja-Luka Yougoslavie, il remporte son premier tournoi de grands maîtres alors que lui-même ne se verra accorder ce titre que l'année suivante, en devenant champion du monde junior. Les victoires se succèdent dans un style flamboyant. Kasparov est un attaquant-né, n'aimant rien tant que les positions dynamiques qu'il peut faire exploser grâce à des sacrifices calculés avec une précision confondante. Allié à un charisme et à une fougue rares dans ce milieu, ce style spectaculaire fait de Kasparov l'exact opposé de celui qui, depuis 1975, détient le titre de champion du monde, Anatoli Karpov né en 1951, incarnation de l'apparatchik soviétique.
L'affrontement entre les deux hommes est inéluctable tant ils dominent les soixante-quatre cases. La saga des rencontres Karpov-Kasparov va entrer dans la légende des échecs. Même si tous deux sont membres du Parti communiste, le premier représente le système tandis que le second préfigure la perestroïka de l'ère Gorbatchev. Leur première confrontation débute à l'automne de 1984, à Moscou. Le règlement prévoit que le vainqueur sera le premier à totaliser six victoires. Kasparov, fidèle à lui-même, part baïonnette au canon à l'assaut de la forteresse Karpov et se brise contre le jeu glacé du champion du monde.
Le challenger est dominé. Cinq défaites à zéro. Alors, l'Azerbaïdjanais joue la prudence et attend, accumulant les parties nulles. Face à lui, Karpov, dont le point faible a toujours été une constitution physique frêle, s'épuise et ne parvient pas à arracher le point décisif. Il s'étiole et Kasparov revient à la marque : 5-1, 5-2, 5-3. C'est à ce moment que le Philippin Florencio Campomanes, président de la Fédération internationale des échecs F.I.D.E., voyant Karpov tituber comme un boxeur au bord du K.O., arrête et annule le match, au mépris de toute éthique sportive, le 15 février 1985, après la 48e partie. La nouvelle finale se jouera au meilleur des 24 parties, un changement de règlement censé favoriser Karpov. Mais Garry Kasparov, moins téméraire, ne répète pas ses erreurs et, le 9 novembre 1985, à vingt-deux ans, devient le plus jeune champion du monde de l'histoire. Par trois fois, en 1986, 1987 et 1990, Karpov revient à la charge ; par trois fois son cadet lui résiste.
Le Mur de Berlin tombe, l'U.R.S.S. l'imite. Garry Kasparov devient russe, ambassadeur planétaire des échecs et homme d'affaires. En 1993, il claque la porte de la F.I.D.E. pour fonder sa propre organisation, la Professional Chess Association P.C.A., qui vise à professionnaliser la discipline à l'instar d'autres sports. Avec le soutien de la firme Intel, la P.C.A. lance un circuit de compétitions richement dotées, dont certaines se jouent sur un rythme rapide, adapté à la télévision. En 1993 et en 1995, cette structure organise deux championnats du monde, au cours desquels Kasparov triomphe respectivement du Britannique Nigel Short et de l'Indien Viswanathan Anand.
Véritable modernisateur du jeu des rois, Kasparov va aussi passer à la postérité pour ses matches médiatiques contre le super-ordinateur d'I.B.M., Deep Blue. Le Russe gagne une première confrontation en 1996 en mettant en évidence certains défauts de la machine mais perd la revanche l'année suivante, pour des raisons plus psychologiques qu'échiquéennes. Avec cette retentissante défaite, quelque chose s'est cassé dans la belle mécanique Kasparov, même s'il survole encore les tournois auxquels il participe. Son prodigieux ego l'a progressivement coupé du reste de la famille des échecs. Intel cesse son partenariat avec la P.C.A., qui disparaît ; son site Internet fait faillite. En 2000, remettant une nouvelle fois son titre en jeu face à son compatriote et ancien disciple Vladimir Kramnik, il perd deux parties sans en gagner aucune, cédant sa couronne quinze ans presque jour pour jour après l'avoir conquise.
Pour la plupart des observateurs, il n'en demeure pas moins le numéro un. Divisé, comme la boxe, en championnats concurrents, le monde des échecs attend de Garry Kasparov un retour au sommet qui réunifierait les titres. Mais le 10 mars 2005, remportant ce jour-là, pour la neuvième fois, le tournoi espagnol de Linares, le Russe annonce sa retraite à la surprise générale : il va se consacrer à son autre passion, la politique. En juin naît le Front civique unifié qui se propose de restaurer la démocratie électorale en Russie. Un an plus tard, le mouvement contribue à fonder L’Autre Russie, coalition d’opposants à Vladimir Poutine. Plusieurs marches et manifestations se succèdent en 2007, qui valent à Garry Kasparov deux courts séjours en prison. Désigné pour représenter la coalition à l’élection présidentielle de 2008, celui-ci renonce toutefois à se présenter, dénonçant les obstacles suscités par le pouvoir contre sa candidature.

Premiers succès internationaux 1979-1983

En 1979, à l'âge de 16 ans et encore inconnu en Occident, Kasparov remporte son premier tournoi international de grands maîtres à Banja Luka en Yougoslavie, terminant invaincu avec 11,5 points sur 15 devant de grands noms de l'époque comme l'ancien champion du monde Tigran Petrossian, András Adorján, Jan Smejkal et Ulf Andersson.
En juillet, il obtient son premier classement Elo international, 2545, ce qui le place au 38e rang mondial.
En 1980, il remporte le championnat du monde junior et obtient le titre de grand maître international ; l'année suivante, en décembre 1981, il remporte le championnat d'URSS ex æquo avec Lev Psakhis. En 1982, il sort vainqueur du tournoi international de Bugojno et de l'interzonal de Moscou et entre ainsi dans le cycle des candidats au championnat du monde. Dans ce cycle, en 1983, il élimine Aleksandr Beliavski (+4 -1 =4) en quart de finale.

En 1983, la demi-finale des candidats contre Viktor Kortchnoï aurait dû se dérouler initialement à Pasadena en Californie sous les auspices de la FIDE. Cependant, les autorités soviétiques refusèrent de laisser Kasparov se rendre aux États-Unis et la FIDE le déclara perdant par forfait. Le président de la FIDE, le Philippin Florencio Campomanes, parvint cependant à organiser le match à Londres, avec l'accord de Kortchnoï qui obtint la fin du boycott organisé par la fédération soviétique et dont il faisait l'objet depuis sa défection en 1976. À Londres, Kasparov élimine Kortchnoï (+4 –1 =6), puis, à Vilnius dans la finale disputée en 1984, l'ancien champion du monde de 1957, Vassily Smyslov (+4 –0 =9).
En janvier 1984, Kasparov occupe la première place au classement Elo, devant le champion du monde Anatoli Karpov.
Kasparov dispute son premier championnat du monde en 1984 à Moscou contre Anatoli Karpov, le champion du monde en titre depuis 1975. Après 5 mois et 48 parties, aucun des deux joueurs ne parvenant à obtenir les 6 victoires nécessaires, ce match interminable est finalement interrompu par la Fédération internationale des échecs FIDE pour préserver la santé des joueurs . Cette interruption est critiquée par Kasparov alors qu'il était mené 5-3 après avoir été mené 5-0. Les éditions ultérieures prévirent un maximum de 24 parties.
C'est en 1985, lors du deuxième match contre Karpov, qu'il devient champion du monde, à l'âge de 22 ans sur le score de 13-11 (+5 =16 -3).

Défense du titre mondial 1986-1990

Championnat du monde d'échecs 1986, Championnat du monde d'échecs 1987 et Championnat du monde d'échecs 1990.
Après le match de 1985, Karpov avait droit à un match revanche l'année suivante. Kasparov conserva son titre (+5 =15 –4), toujours contre Karpov, en 1986 lors du championnat disputé dans deux villes : la première moitié à Londres et la fin à Léningrad.
En 1987, Karpov remporta la finale du tournoi des candidats. À la fin de l'année, les deux adversaires disputèrent leur quatrième match en quatre ans à Séville. Kasparov égalisa (+4 =16 –4) lors de la vingt-quatrième et dernière partie. Selon les conditions du match, en cas d'égalité au score (12–12) le champion du monde conservait son titre.

Trois ans plus tard, en 1990 à New York et Lyon, Kasparov retrouvait Karpov. Deux parties avant la fin du match, Kasparov était sûr de conserver son titre. Les deux dernières parties furent disputées pour décider la répartition des prix, score final : 12,5–11,5 (+4 =17 –3).

Victoire dans la coupe du monde GMA 1988-1989

En 1986, Kasparov estime que les intérêts des joueurs professionnels ne sont pas défendus au sein de la FIDE, et crée alors avec l'homme d'affaires et mécène néerlandais Bessel Kok une association de joueurs professionnels de haut niveau, la GMA Grand Master Association ; celle-ci organise entre 1988 et 1990 des compétitions prestigieuses comme les six tournois de la coupe du monde GMA 1988 — 1989, remportée par Kasparov. Des dissensions internes au sein de l'association, le retrait du principal sponsor, Bessel Kok, et la création de la PCA Professional Chess Association eurent raison d'elle au début des années 1990.

Coupe du monde GMA.

Scission avec la FIDE 1993-1995
Articles détaillés : Championnat du monde d'échecs 1993 classique et Championnat du monde d'échecs 1995 classique.
En 1993, Kasparov fonde la Professional Chess Association PCA avec le vainqueur du tournoi des candidats FIDE, le Britannique Nigel Short31. En septembre, la PCA organise à Londres un championnat du monde dit classique » en se revendiquant de la tradition commencée par Wilhelm Steinitz.
En septembre 1993, Kasparov l'emporte sur Short par le score de 12,5 à 7,5 (+6 =13 –1) dans le cadre d'un Championnat du monde organisé par la PCA, organisme non reconnu par la FIDE, ce qui lui vaut une exclusion provisoire.
Kasparov face à Anand en 1995
La FIDE ne reconnaît pas ce match et considère que les deux joueurs se sont exclus du cycle du championnat du monde ; elle organise un match entre Anatoli Karpov et Jan Timman pour le titre de Champion du monde FIDE. C'est le début d'un schisme qui dura jusqu'en 2006. Kasparov admit plus tard que cette séparation d'avec la FIDE était une grave erreur.
La FIDE exclut brièvement Kasparov et Short du classement Elo à titre de représailles mais les réintègre avant la fin de l'année 1993.
En 1995, Kasparov conserve son titre de champion du monde PCA en battant l'Indien Viswanathan Anand au World Trade Center à New York 10,5 à 7,5 (+4 =13 –1).

À la recherche de sponsors 1996–1999

À la suite du retrait du sponsor principal de la PCA en 1996 (Intel), l'organisation du championnat du monde est transférée à l'éphémère World Chess Council en 1998 ; les droits furent ensuite revendus à une organisation privée, Brain Games Network en 2000, puis rachetés en 2002 par le Einstein Group et finalement transférés à Dannemann en 2004.
En 1998, Alekseï Chirov bat Vladimir Kramnik dans un match de 10 parties (+2 –0 =7), mais Kasparov estime qu'il n'est pas possible de trouver de sponsor pour un match contre Chirov (dont le score contre Garry Kasparov est très mauvais) en raison du peu de suspense lié à un tel match.
En juillet 1999, après ses victoires à Wijk aan Zee janvier, Linares février-mars et Sarajevo mai, Kasparov atteint un classement Elo record avec 2 851 points qui ne seront dépassés qu'en janvier 2013 par le Norvégien Magnus Carlsen. Indépendamment du titre de champion du monde, il est resté no 1 mondial au classement Elo de la FIDE de 1984 jusqu'à sa retraite en 2005, soit pendant plus de 20 années consécutives, partageant seulement la première place avec Vladimir Kramnik au classement de janvier 199632. Il a été surnommé l'ogre de Bakou et le monstre aux cent yeux qui voient tout.

Kasparov contre le monde.

De juin à octobre 1999, Kasparov joua une partie via Internet contre le reste du monde, au rythme de un coup par jour. Face à lui, 50 000 joueurs de 75 pays, conseillés par quatre joueurs professionnels, dont le Français Étienne Bacrot. Il gagna en 62 coups.

Perte du titre mondial 2000

Championnat du monde d'échecs 2000 classique.
En 2000, Kasparov remporta une deuxième fois consécutivement les tournois de Wijk aan Zee, de Linares ex æquo avec Kramnik et de Sarajevo sans perdre une partie. Après avoir annoncé un match contre Anand en 1999, c'est finalement contre Kramnik qu'il défend son titre de champion du monde en 2000 à Londres. Kasparov perd ce match +0 –2 =13
Après sa défaite, en 2000, Kasparov multiplie les victoires en tournoi, malgré des contre-performances au tournoi de Linares où il est devancé pour la première place par Kramnik ou Lékó en 2003 et 2004. Entre 2000 et 2005, les diverses tentatives pour réunifier le titre mondial dont la plus sérieuse est l'accord de Prague en 2002 ou d'organiser un match-revanche contre Kramnik échouent.

Retraite des échecs depuis 2005

Le 11 mars 2005, après avoir gagné le prestigieux tournoi de Linares pour la neuvième fois de sa carrière, Kasparov annonce qu'il se retire du monde des échecs professionnels. Son nom a été rayé du classement Elo en avril 2006 suite à une inactivité de plus d'un an, comme le veut le règlement FIDE.
Kasparov a également écrit une autobiographie Et le fou devint roi 1987)= et plusieurs ouvrages échiquéens dont la série de livres My Great Predecessors Sur mes grands prédécesseurs, en cinq tomes 2003-2006 et la série Kasparov on Modern Chess Sur les échecs modernes, quatre tomes parus de 2007 à 2010.

En 2008 durant le Corsican Circuit, il affronte cinq joueurs corses en simultanée et gagne 5-0.
En 2009 et 2010, Kasparov a entraîné Magnus Carlsen et lui a permis de parvenir à la première place du classement mondial en janvier 2010

Deep Blue. Matchs contre les ordinateurs 1985-2003

Dès 1985, Kasparov s'est passionné pour les jeux d'échecs sur ordinateur et après avoir participé à l'élaboration de la première version de Chessbase sur Atari ST il en est devenu le premier utilisateur officiel en 1987 et en a fait un outil d'entrainement décisif 38,39,40
En 1989, Kasparov défait facilement par le score sans appel de 2-0 Deep Thought, un superordinateur spécialisé dans le jeu d'échecs et capable de calculer 720 000 coups par seconde.
En 1994, Fritz 3 tournant sur un Pentium à 90 MHz gagne une partie de blitz dans un tournoi contre Garry Kasparov et ils terminent ex æquo. Kasparov le bat dans les parties de départage : 4-1. Kasparov affronte aussi Chess Genius 2.9 tournant sur un Pentium à 100 MHz au grand Prix d'Intel à Londres en semi-rapide 30 min. la partie et perd 1.5-0.5.

En février 1996, Kasparov affronte Deep Blue, développé par Feng-hsiung Hsu chez IBM en six parties, perd la première partie du match, mais en gagne trois ensuite et annule les autres.

En mai 1997, il perd le match revanche contre Deeper Blue ; c'est la première fois qu'un ordinateur bat officiellement un champion du monde en match singulier à cadence normale de compétition. Deeper Blue était capable de calculer de 100 millions à 300 millions de coups par seconde, et a défait Kasparov 3,5 à 2,5 dans un match de six parties.
En janvier 2003, Kasparov affronte Deep Junior, un programme qui tourne sur un micro-ordinateur multiprocesseur, dans un match de championnat du monde homme-machine sous les auspices de la FIDE, avec une bourse d'un million de dollars américains41 ; Avec une victoire de part et d'autre le match se solde finalement par un nul 3-3 (+1 -1 =4). Pour la première fois un programme PC gagne une partie avec les noirs contre le champion du monde à une cadence de tournoi.
En novembre 2003, Kasparov joue un match de quatre parties contre le programme X3D Fritz, dont le classement Elo est estimé à 2 807, en utilisant un échiquier virtuel, des lunettes stéréoscopiques et un système de reconnaissance de la parole. Le match se solde à nouveau par un nul (+1 -1 =2) et Kasparov emporte la bourse de 175 000 dollars.

Engagement politique, Années 1980 et 1990

En 1987, Kasparov était élu au Komsomol, organisation de jeunesse du Parti communiste de l'Union soviétique. Il quitte le parti en 1990, soutient Boris Eltsine au nom du Parti démocratique de Russie, et est décoré du Keeper of the Flame award, décerné par le cercle de réflexion Center for Security Policy, proche des milieux néoconservateurs américains. Il a entretenu des liens avec des cercles de réflexion de la même obédience, comme l’Hudson Institute.

En juin 1993, Kasparov fut impliqué dans la création du bloc de partis Choix de la Russie » qui participa aux élections législatives de décembre 1993. Ce mouvement fut suivi de 1994 à 2001 par le choix démocratique de la Russie. Kasparov prit part en 1996 à la campagne électorale de Boris Eltsine.

Depuis 2005 Meeting de Solidarnost

En 2005, Kasparov abandonna la compétition échiquéenne après sa neuvième victoire au tournoi de Linares. Il poursuit depuis une carrière politique en Russie. Fondateur du Front civique unifié, il est l'un des chefs du mouvement L'Autre Russie, une coalition d'opposants à Vladimir Poutine. Il a été notamment brièvement interpellé lors d'une manifestation du mouvement à Moscou le 14 avril 2007

Il a été arrêté une nouvelle fois le 24 novembre 2007 lors d'une manifestation à Moscou contre la tenue le 2 décembre 2007 d'élections législatives russes qu'il juge injustes et condamné en comparution immédiate à cinq jours d'emprisonnement pour manifestation non autorisée et refus d'obéir aux ordres de la police. Son avocate, Me Mikhaïlova, a précisé qu'elle avait déposé plainte contre cette arrestation arbitraire.
Notre but est le démantèlement de ce régime qui couvre le pays de honte et le déteste. … Nous allons sortir de ce marécage de corruption et de mensonge et nous gagnerons !, avait lancé à la foule Garry Kasparov peu avant son interpellation.
Depuis son engagement politique en opposition contre le président Poutine, Kasparov se dit inquiet pour sa vie. Il a par exemple en permanence cinq gardes du corps et ne voyage plus avec la compagnie Aeroflot. Kasparov est également un des défenseurs de la théorie historique de la Nouvelle Chronologie de l'académicien russe Anatoli Fomenko.
Le 30 septembre 2007, il avait été désigné comme le candidat du mouvement d'opposition L'Autre Russie à l'élection présidentielle de 2008 en Russie. Le 12 décembre 2007, il annonce son retrait de la course à la présidence, s'estimant victime d'ostracisme. Le 18 janvier 2008, Kasparov publie dans Le Monde un article dans lequel il critique durement la complaisance de Nicolas Sarkozy envers Vladimir Poutine et les dangers que celle-ci présente à ses yeux51. Le 19 août 2008, Kasparov, Boris Nemtsov et d'autres personnalités de l'opposition, dénoncent la décision aventuriste du président Dmitri Medvedev de lancer une invasion de la Géorgie au-delà de l'Ossétie du Sud. Elle risque selon eux d'isoler la Russie sur la scène internationale.
Le 13 décembre 2008, Kasparov annonce la naissance de son nouveau parti politique : Solidarnost. Le parti rassemble des membres de l'union des forces de droite ainsi que des partisans de l'ancien premier ministre Mikhaïl Kassianov.
Le 24 décembre 2011, l'ancien champion du monde participa au troisième rallye de l'opposition à Moscou pour contester les résultats des élections législatives russes de 2011.
Le 17 août 2012, Kasparov est interpellé puis relâché par la police russe après des échauffourées devant le tribunal après le verdict condamnant le groupe punk les Pussy Riot à deux ans de prison.

Palmarès

Kasparov en 1980 (vainqueur du tournoi de Bakou)
Les tables suivantes donnent les résultats et les scores de Garry Kasparov dans les tournois55,56,57. La notation (+5 –2 =17) signifie : cinq victoires, deux défaites et dix-sept parties nulles.

Tournois et matchs à cadence lente
1975 – 1982 : champion d'URSS et champion du monde junior
Dans toute la carrière de Kasparov58, les seuls tournois individuels à cadence lente où il ne se classa pas parmi les trois premiers, furent le championnat d'URSS junior 1975 il finit 7e-10e, le tournoi de maîtres de Bakou 1976, la ligue supérieure du championnat d'URSS 1978 il finit neuvième et le tournoi international de Tilburg 1981 il termina 6e-8e.
Le tournoi de maîtres de Bakou 1976, le tournoi de qualification junior de Léningrad en 1977, les championnats d'URSS 1978 et 1979 et le tournoi international de Tilburg 1981 sont les seuls tournois dans la carrière de Kasparov où il perdit plus de deux parties.
Lors des olympiades d'échecs, Kasparov reçut la médaille de bronze individuelle à Malte en 1980 (2e remplaçant) et à Lucerne en 1982 (2e échiquier).

Année Vainqueur Deuxième à neuvième
1975 Coupe de la ville de Bakou adultes27 Championnat d'URSS junior (7e-10e) : 5,5 / 9 (+4 -2 =3)
(Vilnius, tournoi remporté par Ievgueni Vladimirov)
1976 Championnat d'URSS junior (Tbilissi) : 7 / 9 (+5 =4)
(vainqueur au départage Bucholtz devant Z. Sturuanote 2)
Bakou (tournoi de maîtres59,60) : 6,5 / 13 (+4 −4 =5)
Coupe du monde cadetsnote 3 (3e-6e) : 6 / 9 (+5 -2 =2)
(Wattignies, coupe remportée par Grinbergnote 4)
1977 Championnat d'URSS junior (Riga) : 8,5 / 9
Match URSS-Australie par télex (1-0)
(échiquier junior) Léningrad (juniorsnote 5) (2e) : 6,5 / 12 (+4 -3 =5)
(tournoi de sélection remporté par Youssoupov)
Championnat du monde cadetsnote 3 (3e) : 8 / 11 (+6 -1 =4)
(Cagnes-sur-Mer, tournoi remporté par Arnason)
1978 Minsk (mémorial Sokolski) : 13 / 17 (+11 -2 =4)
Daugavpils (tournoi de sélectionnote 6) : 9 / 13
(ex æquo avec Igor Ivanov) Championnat d'URSS (9e) (Tbilissi) : 8,5 / 17 (+4 -4 =9)
(championnat remporté par Tal et Tsechkovski)
1979 Banja Luka : 11,5 / 15 (+8 =7)
Spartakiade d'URSS (Moscou) : 5,5 / 8 (+4 –1 =3) Championnat d'URSS (3e-4e) (Minsk) : 10 / 17 (+6 -3 =8)
(tournoi remporté par Geller devant Youssoupov)
1980 Championnat d'Europe par équipes (Skara) : 5,5 / 6
Tournoi international de Bakou : 11,5 / 15 (+8 =7)
Championnat du monde junior
(Dortmund) : 10,5 / 13 (+8 =5) Olympiade de Malte : 9,5 / 12 (+8 -1 =3)
(3e au 2e échiquier de réserve)
1981 Moscounote 7 (tournoi des générations) : 4 / 6 (+3 -1 =2)
Olympiade universitaire (Graznote 8) : 9 / 10 (+8 =2)
Championnat d'URSS (Frounzé) (1er-2e)
(ex æquo avec Lev Psakhis) : 12,5 / 17 (+10 -2 =5) Moscou (2e-4e) : 7,5 / 13 (+3 -1 =9)
(tournoi international remporté par Karpov)
Tilburg (6e-8e): 5,5 / 11 (+3 -3 =5)
(tournoi international remporté par Beliavski
devant Petrossian, Portisch et Timman)
1982 Tournoi de Bugojno : 10,5 / 13 (+6 =7)
Tournoi interzonal de Moscou : 10 / 13 (+7 =6) Coupe d'URSS par équipes (Kislovodsk) : 4 / 7 (+3 –2 =2)
Olympiade de Lucerne (3e au 2e éch.) : 8,5 / 11 (+6 =5)
1983 – 1990 : la conquête du championnat du monde[modifier | modifier le code]
De décembre 1981 (championnat d'URSS d'échecs) à décembre 1990 (championnat du monde d'échecs), Kasparov termina premier (seul ou ex æquo) des quinze tournois individuels auxquels il participa et vainqueur de tous ses matchs (la victoire dans la dernière ronde du championnat du monde de Séville en 1987, lui permit d'égaliser et de conserver son titre mondial). Son seul échec fut le premier match contre Karpov, disputé en 1984 – 1985, qui fut interrompu et annulé par la FIDE alors que Kasparov était mené sur le score de trois victoires, cinq défaites et quarante parties nulles ; le match fut rejoué en octobre – novembre 1985.
En décembre 1985, au lendemain de la fin de son match contre Timman, Kasparov disputa une simultanée à la pendule contre une équipe de huit joueurs du club de Hambourg. Il gagna deux parties, perdit trois autres et fit trois nulles. Il prit sa revanche en février 1987, remportant six parties et ne concédant que deux nulles.
Dans les compétitions par équipes, Kasparov reçut la médaille d'or au premier échiquier aux olympiades 1986 et 1988 et il réalisa également la meilleure performance Elo de la compétition.

Le sacre de Kasparov en 1985

Année Seul vainqueur ou ex æquo
1983 Spartakiade d'URSS : 1 / 2 (+0 −0 =2) contre Beliavski et Tal
Tournoi de Niksic : 11 / 14 (+9 −1 =4)
Tournoi des candidats (Moscou et Londres) :
(Moscou) Quart de finale contre Beliavski : 6 – 3 (+4 −1 =4)
(Londres) Demi-finale contre Kortchnoï : 7 – 4 (+4 −1 =6)
1984 (Vilnius) Finale des candidats contre Smyslov : 8,5 – 4,5 (+4 −0 =9)
(Londres) Match URSS - Reste du monde contre Timman : 2,5 – 1,5 (+1 =3)
(Londres) Partie simultanée à la pendule : 8,5 / 10 (+7 =3)
1984-1985 (Moscou) : match interrompu contre Karpov : 23 – 25 (+3 −5 =40)
1985 (Hambourg) Match contre Hübner : 4,5 – 1,5 (+3 =3)
(Belgrade) Match contre Andersson : 4 – 2 (+2 =4)
Championnat du monde contre Karpov (Moscou) : 13 – 11 (+5 −3 =16)
(Hilversum) Match contre Timman : 4 – 2 (+3 −1 =2)
1986 (Bâle) Match contre Miles : 5,5 – 0,5
Championnat du monde contre Karpov : 12,5 – 11,5 (+5 −4 =15)
(Londres et Léningrad, match revanche)
Olympiade de Dubaï (meilleure performance Elo) : 8,5 / 11 (+7 −1 =3)
Bruxelles (tournoi OHRA) : 7,5 / 10 (+6 −1 =3)
1987 Bruxelles (tournoi SWIFT) : 8,5 / 11 (+6 =5) (ex æquo avec Ljubojevic)
Simultanée à la pendule contre Hambourg : 7 – 1 (+6 =2)
Championnat du monde contre Karpov (Séville) : 12 – 12 (+4 −4 =16)
(Kasparov conserva son titre)
1988 Amsterdam (tournoi Optieburs) : 9 / 12 (+6 =6)
Belfort (Coupe du monde GMA) : 11,5 / 15 (+9 −1 =5)
Championnat d'URSS (Moscou) : 11,5 / 17 (+6 =11) (ex æquo avec Karpov)
Reykjavik (Coupe du monde GMA) : 11 / 17 (+6 −1 =10)
Olympiade de Thessalonique (meilleure performance Elo) : 8,5 / 10 (+7 =3)
1989 Barcelone (GMA) : 11 / 16 (+7 −1 =8) (ex æquo avec Ljubojevic)
Skelleftea (GMA) : 9,5 / 15 (+4 =11) (ex æquo avec Karpov)
Tournoi de Tilburg61 : 12 / 14 (+10 =4)
Belgrade62 : 9,5 / 11 (+8 =3)
1990 Tournoi de Linares : 8 / 11 (+6 −1 =4)
Match exhibition télévisé contre Hansen au Château de Valdemar : 1,5–0,5
Match d'entrainement contre Psakhis à Murcie : 5 – 1 (+4 –0 =2)
Championnat du monde contre Karpov
(New York et Lyon) : 12,5 – 11,5 (+4 −3 =17)

1991 – 1998 : champion du monde PCA

En 1991, lors du tournoi de Linares, Vassili Ivantchouk fut le premier joueur à battre Karpov et Kasparov dans le même tournoi. En définitive, il devança le champion du monde d'un demi-point, mettant fin à la série ininterrompue de victoires en tournois de Kasparov qui durait depuis plus de neuf ans. À Amsterdam, Kasparov finit troisième ex æquo avec Karpov, devancé par Short et Salov. Après un autre échec à Reggio-Emilia en 1991-1992, il remporta deux fois de suite le tournoi de Linares (devant Karpov), gagna le tournoi de Dortmund, reçut la médaille d'or à l'olympiade de 1992 et battit Short en finale du championnat du monde. En 1994, Kasparov fut devancé par Karpov à Linares et ne termina que 17e du classement individuel lors de l'olympiade de Moscou. En 1996, il remporta le super-tournoi de Las Palmas où participaient les meilleurs joueurs du monde, à l'exception de Gata Kamsky — 6e joueur mondial, remplacé par le 7e joueur au classement mondial : Veselin Topalov. En 1997, Kasparov remporta les trois tournois auxquels il participa, mais il perdit le match revanche contre Deep Blue.
1998 fut une année de faible activité pour Kasparov avec un seul super-tournoi disputé : le tournoi de Linares où il occupa la troisième-quatrième place, tandis que Viswanathan Anand remportait les tournois de Wijk aan Zee (ex æquo avec Kramnik), Linares (devant Chirov et Kasparov), Madrid et Tilburg. En 1997, puis en 1998, pour la première fois depuis 1985, Kasparov ne reçut pas l'Oscar du meilleur joueur d'échecs de l'année qui fut décerné à Anand. En 1998, Kasparov disputa un match Advanced Chess contre Topalov à León match assisté par ordinateur : six parties à la cadence de 60 minutes par joueur (+2 -2 =2), suivies d'un départage blitz en trois parties sans ordinateur que Kasparov remporta63. Auparavant, Kasparov avait battu Topalov 4-0 dans un match rapide organisé par Eurotel à Prague. En 1998 et 1999, les tentatives pour organiser un match de championnat du monde contre Chirov, puis contre Anand échouèrent.

Année Seul vainqueur ou ex æquo Deuxième ou troisième
1991 Tilburg : 10 / 14 (+7 –1 =6)
(devant Short, Anand, Karpov, Kamsky et Timman) Linares 2e après Ivantchouknote 9 : 9 / 13 (+6 –1 =6)
Amsterdamnote 10 (3e-4e) : 5,5 / 9 (+2 =7)
(tournoi remporté par Short et Salov devant Karpov)
1992 Linares : 10 / 13 (+7 =6)
Dortmund : 6 / 9 (+5 –2 =2) (ex æquo avec Ivantchouk)
Olympiade de Manillenote 11 : 8,5 / 10 (+7 =3)
Championnat d'Europe par équipes (Debrecen) : 6 / 8 (+4 =4) 1991-1992 : Reggio Emilia (2e-3e) : 5,5 / 9 (+3 –1 =5)
(tournoi remporté par Anand devant Guelfand)

1993 Linares : 10 / 13 (+7 =6) (devant Karpov et Anand)
Championnat du monde PCA contre Short
(Londres) : 12,5 — 7,5 (+6 –1 =13)
1994 Amsterdam : 4 / 6 (+3 –1 =2) (devant Ivantchouk)
Novgorod : 7 / 10 (+4 =6) (ex æquo avec Ivantchouk)
Horgen : 8,5 / 11 (+6 =5) (devant Chirov et Youssoupov) Linares (2e-3e) : 8,5 / 13 (+6 –2 =5)
(tournoi remporté par Karpov devant Chirov)

1995 Riga (mémorial Tal) : 7,5 / 10 (+5 =5)
(tournoi remporté devant Anand, Ivantchouk et Kramnik)
Novgorod : 6,5 / 9 (+4 =5)
Championnat du monde PCA contre Anand
(New York) : 10,5 — 7,5 (+4 –1 =13) Amsterdam (2e après Lautiernote 12) : 3,5 / 6 (+3 –2 =1)
1996 (Philadelphie) Match contre Deep Blue : 4–2 (+3 –1 =2)
Amsterdamnote 13 : 6,5 / 9 (+5 –1 =3) (ex æquo avec Topalov)
Olympiade de Erevannote 14 : 7 / 9 (+5 =4)
Las Palmas : 6,5 / 10 (+3 =7) (tournoi remporté
devant Anand, Kramnik, Topalov, Ivantchouk et Karpov) Dos Hermanas (3e-4e) : 5 / 9 (+2 –1 =6)
(tournoi remporté par Topalov et Kramnik devant Anand)
1997 Linares : 8,5 / 11 (+7 –1 =3) (devant Kramnik)
Novgorod : 6,5 / 10 (+4 –1 =5) (devant Kramnik)
Tilburg : 8 / 11 (+6 –1 =4) (ex æquo avec Kramnik et Svidler) (New York) Match contre Deep Blue : 2,5–3,5 (+1 –2 =3)
1998 (Prague) Match contre Timman : 4-2 (+2 –0 =4)
(trophée Eurotel) Linares (3e-4e) : 6,5 / 12 (+1 =11)
(tournoi remporté par Anand devant Chirov et Kramnik)

1999 – 2005 : numéro un mondial

En 1999, le champion du monde fit son retour à la compétition en participant pour la première fois au tournoi de Wijk aan Zee. De 1999 à 2002, Kasparov remporta les dix super-tournois à cadence lente auxquels il participa64 : trois fois consécutivement Wijk aan Zee, quatre fois de suite Linares, deux fois de suite Sarajevo et, en 2001, le tournoi d'Astana devant Kramnik qu'il battit. Il ne partagea la première place qu'avec Kramnik à Linares en 2000 et il ne concéda qu'une défaite lors de ces dix tournois (+53 -1 =61), contre Ivan Sokolov à wijk Aan Zee en 1999, partie perdue après une série de sept victoires consécutives65. Kasparov termina l'année 2002 en réalisant la meilleure performance à l'olympiade de Bled. Sa série de succès en tournoi fut interrompue en 2003 à Linares où Kasparov termina seulement troisième ex æquo et perdit une partie contre Radjabov.

L'année 1999 fut celle de tous les succès et Kasparov obtint le plus haut classement Elo jamais atteint avec 2 851 points, un record qui ne fut battu que treize ans plus tard par Magnus Carlsen en janvier 2013. Outre ses succès à Wijk aan Zee, Linares et Sarajevo, Kasparov remporta également le tournoi de blitz de Wijk aan Zee devant Anand, Kramnik, Ivantchouk et Topalov ainsi que le tournoi rapide des géants à Francfort, battant Anand, Kramnik et Karpov sur le même score de 2,5 à 1,5. Cependant, en novembre 2000, Kasparov, qui avait partagé la première place du tournoi de Linares avec Kramnik, perdit son titre de champion du monde face à Kramnik. À la fin de l'année, l'oscar des échecs pour l'année 2000 fut décerné à Kramnik, pour sa victoire sur Kasparov et ses premières places à Linares ex æquo avec Kasparov et au tournoi de Dortmund ex æquo avec Anand ; Kasparov était absent à Dortmund. Malgré cette défaite, Kasparov conserva sa première place au classement Elo mondial jusqu'à sa retraite en 2005 et reçut l'oscar des échecs en 2001 et 2002. Entre la défaite contre Ivan Sokolov à Wijk aan Zee en 2000 et celle lors de la deuxième partie du championnat du monde de 2000, Kasparov fut invaincu pendant soixante trois parties.
En 2003 et 2004, l'oscar des échecs fut décerné à Anand qui avait remporté le tournoi de Wijk aan Zee, puis en 2005 à Topal

Année Vainqueur ou ex æquo Deuxième ou troisième
1999 Tournoi de Wijk aan Zee : 10 / 13 (+8 –1 =4)
Linares : 10,5 / 14 (+7 =7)
Sarajevo : 7 / 9 (+5 =4)
Partie « Kasparov contre le monde » : 1-0
2000 Wijk aan Zee : 9,5 / 13 (+6 =7)
Linares : 6 / 10 (+2 =8) (ex æquo avec Kramnik)
Sarajevo : 8,5 / 11 (+6 =5)
Championnat du monde contre Kramnik
(Londres) : 6,5–8,5 (+0 –2 =13)
2001 Wijk aan Zee : 9 / 13 (+5 =8)
Linares : 7,5 / 10 (+5 =5)
Astana : 7,5 / 10 (+5 =5)
(Moscou) Match exhibition contre Kramniknote 15
(parties lentes : +0 −0 =4)
2002 Linares : 8 / 12 (+4 =8)
Olympiade de Bled : 7,5 / 9 (+6 =3)
(meilleure performance Elo)
2003 (New York)
Match contre Deep Junior : 3–3 (+1 –1 =4)
Match contre Fritz X3D : 2–2 (+1 –1 =2) Linares (3e-4e) : 6,5 / 12 (+2 –1 =9)
(victoire de Leko et Kramnik devant Anand)

2004 Championnat de Russie
(Moscou) : 7,5 / 10 (+5 =5) Linares (2e-3e) : 6,5 / 12 (+1 =11)
(tournoi remporté par Kramnik devant Leko)
2005 Linares : 8 / 12 (+5 –1 =6)
vainqueur au départage devant Topalov

Tournois de Linares 1990 – 2005

Kasparov a remporté neuf fois le tournoi de Linares en quatorze participations, dont quatre victoires consécutives de 1999 à 2002.
L'édition de 1995 fut la seule où Kasparov fut absent de 1990 à sa retraite, en 2005. Kasparov ne concéda que sept défaites lors de ses quatorze participations, et seulement deux parties perdues lors des huit dernières participations de 1998 à 2005.

Année Classement Score Adversaires battus Défaites Début du classement et notes
1990 Vainqueur 8 / 11 (+6 –1 =4) Ivantchouk, Short, Youssoupov,
Spassky, Portisch et Illescas Goulko 1er : Kasparov
2e : Gelfand (7,5 / 11) ; 3e : Salov
1991 Deuxième 9 / 13 (+6 –1 =6) Beliavski, Ljoubojevic, Gourevitch,
Gelfand, Kamsky et Ehlvest Ivantchouk 1er : Ivantchouk (9,5 / 13) ;
3e : Beliavski
1992 Vainqueur 10 / 13 (+7 =6) Timman, Karpov, Gelfand, Short,
Youssoupov, Ljubojevic et Illescas 1er : Kasparov avec 2 points d'avance
2e-3e : Ivantchouk et Timman (8 / 13)
1993 Vainqueur 10 / 13 (+7 =6) Karpov, Anand, Bareev, Kamsky,
Timman, Gelfand et Ljubojevic 1er : Kasparov avec 1,5 point d'avance
2e-3e : Karpov et Anand (8,5 / 13)
1994 2e-3e 8,5 / 13 (+6 -2 =5) Bareev, Kamsky, Anand,
Ivantchouk, Illescas et J. Polgar Lautier,
Kramnik 1er : Karpov (11 / 13) ; 2e-3e : Chirov
Performance record de Karpov (+9 =4)
En 1995, année du championnat du monde contre Anand, Kasparov ne disputa pas le tournoi, remporté par Ivantchouk.
En 1996, le tournoi fut remplacé par le championnat du monde féminin.
1997 Vainqueur 8,5 / 11 (+7 –1 =3) Kramnik, Adams, Topalov,
J. Polgar, Anand, Nikolic, Chirov Ivantchouk 1er : Kasparov avec 1 point d'avance
2e : Kramnik (7,5 / 11) ; 3e : Adams
1998 3e-4e 6,5 / 12 (+1 =11) Anand 1er : Anand (7,5 / 12) ; 2e : Chirov ;
3e-4e : Kramnik
1999 Vainqueur 10,5 / 14 (+7 =7) Anand, Topalov, Svidler,
Ivantchouk (2 fois) et Adams (2 fois) 1er : Kasparov avec 2,5 points d'avance
2e-3e : Kramnik et Anand (8 / 14)
2000 Covainqueur
avec Kramnik 6 / 10 (+2 =8) Anand et Chirov 1er-2e : Kramnik
3e-6e : quatre autres joueurs (4,5 / 10)
2001 Vainqueur 7,5 / 10 (+5 =5) Karpov, Chirov, Leko
et Grichtchouk (2 fois) 1er : Kasparov avec 3 points d'avance
2e-6e : cinq autres joueurs (4,5 / 10)
2002 Vainqueur 8 / 12 (+4 =8) Ponomariov, Adams, Chirov
et Vallejo Pons 1er : Kasparov avec 1,5 point d'avance
2e : Ponomariov (6,5 / 12) ;
3e-5e : Ivantchouk, Anand et Adams
2003 3e-4e 6,5 / 12 (+2 –1 =9) Anand, Ponomariov Radjabov 1er-2e : Leko et Kramnik (7 / 12), 3e-4e : Anand
2004 2e-3e 6,5 / 12 (+1 =11) Vallejo Pons 1er : Kramnik (7 / 12) ; 2e-3e : Leko
2005 Vainqueur 8 / 12 (+5 –1 =6) Adams (2 fois), Kazhimdzanov,
et Vallejo Pons (2 fois) Topalov Vainqueur au départage devant Topalov
2e : Topalov ; 3e : Anand (6,5 / 12)
Total Neuf victoires 113,5 / 168 (+66 –7 =95)

Compétitions par équipes, Olympiades d'échecs

À chaque participation de Kasparov aux olympiades, son équipe remporta la médaille d'or par équipes.
Résultats avec l'équipe d'URSS ou de Russie aux olympiades d'échecs
Année Lieu Échiquier Classement individuel Score Défaites Composition de l'équipe d'URSS
ou de Russie
1980 Malte 2e remplaçant médaille de bronze 9,5 / 12
(+8 –1 =3) Georgiev
(Bulgarie) Karpov, Polougaïevski, Tal, Geller ;
réserve : Balachov et Kasparov
1982 Lucerne deuxième
échiquier médaille de bronze 8,5 / 11
(+6 =5) Karpov, Kasparov, Polougaïevski, Beliavski ;
réserve : Tal et Youssoupov
En 1984, Kasparov et Karpov disputaient leur premier match marathon.
1986 Dubaï premier échiquier
de l'URSS médaille d'or,
meilleure performance Elo 8,5 / 11
(+7 -1 =3) Seirawan
(États-Unis) Kasparov, Karpov, Youssoupov, Sokolov ;
réserve : Vaganian et Tsechkovski.
1988 Thessalonique médaille d'or,
meilleure performance Elo 8,5 / 10
(+7 =3) Kasparov, Karpov, Youssoupov, Beliavski ;
réserve : Ehlvest et Ivantchouk.
En 1990, Kasparov et Karpov disputaient leur cinquième et dernier match.
À partir de 1992, Kasparov conduisit l'équipe de Russie à la victoire sans la participation de Karpov.
1992 Manille premier échiquier
de la Russie médaille d'or,
2e meilleure performance Elo 8,5 / 10
(+7 =3) Kasparov, Khalifman, Dolmatov, Dreïev ;
réserve : Kramnik et Vyjmanavine.
1994 Moscou 17e 6,5 / 10
(+4 –1 =5) Topalov
(Bulgarie) Kasparov, Kramnik, Bareïev, Dreïev ;
réserve : Tiviakov et Svidler.
1996 Erevan meilleure performance Elo,
médaille d'argent 7 / 9
(+5 =4) Kasparov, Kramnik, Dreïev, Svidler ;
réserve : Bareïev et Roublevski.
En 2000, Kasparov et Kramnik disputaient leur match de championnat du monde.
2002 Bled premier échiquier
de la Russie meilleure performance Elo
4e au 1er échiquier 7,5 / 9
(+6 =3) Kasparov, Grichtchouk, Khalifman,
Morozevitch ; réserve : Svidler et Roublevski.
Matchs URSS (ou Russie) contre le Reste du monde
Lors du match URSS - Reste du monde de 1984 à Londres, Kasparov battit Timman 2,5 à 1,5 (une victoire et trois nulles).
En décembre 1988, Kasparov participa à un match de bienfaisance URSS - Reste du monde, disputé en parties rapides à Madrid. Il marqua 5,5 points sur 8 (+3 =5) et l'URSS (ans Karpov remporta le match.

En 2002, un match Russie - Reste du monde fut organisé à Moscou en parties rapides. Kasparov finit avec un score négatif : 4 points sur 10 (+1 –3 =6) et l'équipe de Russie perdit le match.

Championnats inter-clubs

Championnat d'Azerbaïdjan par équipes
1977 : Bakou : 4 / 6 (+2 =4)
Coupe d'URSS par équipes
1982 : Kislovodsk, deuxième échiquier du Spartak : 4 / 7 (+3 −2 =2)
Championnat de France par équipes (Nationale 1)
1993 : Auxerre, premier échiquier d'Auxerre : 3 / 4 (+2 =2) (le championnat fut remporté par Lyon)
Coupe d'Europe des clubs
1994 : Lyon, premier échiquier du Bosna Sarajevo : 1,5 / 3 (+1 −1 =1) (Sarajevo et Lyon partagèrent la coupe)
1995 : Ljubljana, premier échiquier du Bosna Sarajevo : 1,5 / 2 (+1 =1)
2003 : Réthymnon, premier échiquier du Ladya Kazan-1000 : 4,5 / 6 (+4 −1 =1)
2004 : Çeşme (province d'Izmir), premier échiquier du Max Ven Ekaterinburg : 3,5 / 7 (+1 −1 =5)

Compétitions blitz et rapides

En octobre ou novembre 1975, à douze ans, Kasparov remporta la coupe de Bakou rapide. La victoire fut relatée dans l'hebdomadaire de Moscou .

1983 à 1996

En 1988, lors du championnat du monde de blitz à Saint-Jean, Kasparov fut éliminé en quart de finale par Kiril Georgiev, 3 à 1.
Année vainqueur ou ex-æquo Deuxième ou troisième
1983 Herceg Novi (tournoi blitz) : 13,5 / 16 (+12 −1 =3)
1987 (Londres) Match rapide contre Short : +4 −2
Bruxelles (championnat du monde de blitz non officiel)
1988 Match semi-rapide (1h) contre Hort (Cologne) : 2,5–0,5
Madrid (tournoi rapide) (1er-33e) : 5,5 / 8 (+3 =5)
(match-tournoi URSS - Reste du monde)
1989 Londres (championnat d'Europe rapide Infolink)
(éliminé en demi-finale par Speelman : 0-1)
1990 Paris70 (tournoi rapide), finale contre Short : +2 −1
1991 Paris70 (tournoi rapide), finale perdue 0,5–1,5 contre Timman
1992 Moscou (tournoi super-blitz) : 11,5 / 14
Paris70 (tournoi rapide, finale contre Anand, +3 −1)
Match tv contre Hübner : rapide 1,5–0,5 et blitz : 1,5–0,5
1993 (Londres) Exhibition rapide contre Short (4-0) (Londres) Exhibition rapide thématique contre Short (+0 −1 =2)
1994 Parisnote 16 (rapide, finale contre Nikolic, 2-0)note 17 New-York (tournoi rapide, finale perdue 0,5 - 1,5 contre Kramnik)
1995 New York (rapide, finale contre Ivantchouk, 2-0)
Paris (rapide+blitz, finale contre Kramnik)note 18 Moscou (tournoi rapide, demi-finale contre Anand, 0,5 - 1,5)
1996 Moscou (rapide+blitz, finale perdue contre Kramnik, +0 −1 =3)
Genève (rapide+blitz, finale perdue contre Anand, +1 −2 =2)
1998 à 2011[modifier | modifier le code]
Année vainqueur ou ex-æquo Deuxième ou troisième
1998 (Sofia) Match contre Topalov (rapide) : 4–0
(Moscou) Match contre Kramnik (blitz) : 12 - 12 Francfort (rapide) (3e-4e derrière Anand et Kramnik) : 2,5 / 6
(3e après un départage blitz gagné contre Ivantchouk, +1 =3)
1999 Wijk aan Zee (tournoi blitz) : 10,5 / 13 (+9 −1 =3)
(devant Anand, Kramnik, Ivantchouk et Topalov)
Francfort (tournoi rapide à quatre) : 7,5 / 12 (+3 =9)
(Kasparov marqua 2,5–1,5 contre Anand, Karpov et Kramnik)
2000 Kopavogur (rapide, finale contre Anand, +2 =2) Grand Prix KasparovChess (2e) (rapide sur Internet)
(finale perdue contre Jeroen Piket : +0 −2 =8)
Francfort (rapide) (2e derrière Anand) : 6 / 10 (+3 −1 =6)
2001 Coupe du monde rapide, Cannes (finale contre Bareev : 1,5–0,5)
(Batoumi) Match rapide Europe-Asie : 11 / 12
(Moscou) Match rapide et blitz contre Kramnik
(Mémorial Botvinnik) : 9,5 - 6,5
(+4 −1 =5) en parties rapides et (+1 −1 =4) en blitz Zurichnote 20 (tournoi semi-rapide, 70')
(finale perdue contre Kramnik, +0 −1 =1)
2002 Moscou (tournoi rapide, finale contre Radjabov, 1,5–0,5) (Moscou) Tournoi-match rapide Russie-Reste du Monde (+1 −3 =6)
(New York) Match rapide contre Karpov : 1,5–2,5 (+1 −2 =1)
2003 (Panormo) Match rapide contre Azmaïparachvilinote 21 (2-0)
2004 Reykjavik (tournoi rapide, finale contre Short, +1 =1)
2006 Zurich (tournoi blitz, ex-æquo avec Karpov)
2009 (Valence) Match rapide et blitz contre Karpov : 9 - 3
(+3 −1, rapide) et (6 à 2, blitz)
2011 (Clichy) Match blitz contre Vachier-Lagrave : 1,5 – 0,5
(Louvain) Match blitz contre Short : 4,5 – 3,5

Style échiquéen et parties remarquables

Style échiquéen[modifier | modifier le code]
Mikhaïl Botvinnik, le père de l'école d'échecs soviétique, a qualifié Garry Kasparov de « joueur-chercheur », le considérant de ce fait comme son plus digne héritier. Le style de Kasparov est empreint de nombreux sacrifices, comme le montre la partie suivante :

Deeper Blue - Kasparov, New York 1997, 2e partie

1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 a6 4.Fa4 Cf6 5.O-O Fe7 6.Te1 b5 7.Fb3 d6 8.c3 O-O 9.h3 h6 10.d4 Te8 11.Cbd2 Ff8 12.Cf1 Fd7 13.Cg3 Ca5 14.Fc2 c5 15.b3 Cc6 16.d5 Ce7 17.Fe3 Cg6 18.Dd2 Ch7 19.a4 Ch4 20.Cxh4 Dxh4 21.De2 Dd8 22.b4 Dc7 23.Tec1 c4 24.Ta3 Tec8 25.Tca1 Dd8 26.f4 Cf6 27.fxe5 dxe5 28.Df1 Ce8 29.Df2 Cd6 30.Fb6 De8 31.T3a2 Fe7 32.Fc5 Ff8 33.Cf5 Fxf5 34.exf5 f6 35.Fxd6 Fxd6 36.axb5 axb5 37.Fe4 Txa2 38.Dxa2 Dd7 39.Da7 Tc7 40.Db6 Tb7 41.Ta8+ Rf7 42.Da6 Dc7 43.Dc6 Db6+ 44.Rf1 Tb8 45.Ta6 1-0.
Kasparov a été déstabilisé par le refus de la machine d'accepter son sacrifice.

Exemples de parties

Seizième partie du match Karpov-Kasparov, 1985
Article détaillé : Karpov - Kasparov (Moscou, 1985, partie 16).
L'Informateur d'échecs no 68, paru en 1996, choisit la 16e partie du match de Championnat du monde de 1985 entre Karpov et Kasparov avec les Noirs, comme la meilleure partie publiée lors des 30 premières années de la revue (1967–1996). En 2009, Nicolas Giffard a considéré qu'il s'agissait de la plus belle victoire de Kasparov contre Karpov.

Vingtième partie du match Kasparov-Karpov, 1990

Article détaillé : Kasparov - Karpov Lyon, 1990, partie 20.
Dixième partie du match Kasparov-Anand, 1995

Kasparov-Anand, avant 14. Fc2!! Dxc3 15. Cb3!!
Durant sa carrière, Kasparov fut généralement considéré comme le joueur le mieux préparé au monde sur le plan des ouvertures. Sa capacité à produire des nouveautés théoriques qui n'étaient pas seulement de simples améliorations, mais renversaient l'analyse d'une position en faveur de l'autre camp, était remarquable72. Un exemple notable fut donné par sa 10e partie jouée avec les Blancs lors du championnat du monde d'échecs 1995 contre Viswanathan Anand. Au 15e coup, Kasparov offrit une tour pour obtenir une attaque gagnante :

1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Fb5 a6 4. Fa4 Cf6 5. 0-0 Cxe4 6. d4 b5 7. Fb3 d5 8. dxe5 Fe6 9. Cbd2 Cc5 10. c3 d4!? (le coup le plus agressif, mais aussi le plus risqué; 10…Fg4 est plus sûr) 11. Cg5!? dxc3? (coup douteux, mais qui était alors considéré comme satisfaisant depuis la 10e partie entre Anatoli Karpov et Viktor Kortchnoï du Championnat du monde de 1978) 12. Cxe6 fxe6 13. bxc3 Dd3 14. Fc2!! (un coup extraordinaire, basé sur un sacrifice de Tour ; l'idée elle-même n'était pas neuve, car elle avait déjà été évoquée par l'ancien champion du monde Mikhaïl Tal dans ses annotations de la partie entre Anatoli Karpov et Viktor Kortchnoï, mais c'est Kasparov qui a mis la touche finale à la variante, sonnant ainsi le glas du coup 11... dxc3 à haut niveau73) ...Dxc3 15. Cb3!! Cxb3 16. Fxb3 Cd4 (temps de réflexion d'Anand pour jouer ce coup : près d'une heure) 17. Dg4! Dxa1 18. Fe6 Td8 19. Fh6! Dc3 20. Fxg7 Dd3 21. Fxh8 (temps total de réflexion de Kasparov jusqu'à ce moment : près de six minutes, ce qui prouve son extraordinaire travail de préparation des ouvertures) ...Dg6 22. Ff6 Fe7 23. Fxe7 Dxg4 24. Fxg4 Rxe7 25. Tc1 c6 26. f4 a5 27. Rf2 a4 28. Re3 b4 29. Fd1 a3 30. g4 Td5 31. Tc4 c5 32. Re4 Td8 33. Txc5 Ce6 34. Td5 Tc8 35. f5 Tc4+ 36. Re3 Cc5 37. g5 Tc1 38. Td6 1-0.

Kasparov-Anand, Linares, 1993

1. d4 d5 2. c4 c6 3. Cf3 Cf6 4. Cc3 dxc4 5. a4 Ff5 6. e3 e6 7. Fxc4 Fb4 8. 0-0 Cbd7 9. Ch4 Fg6 10. h3!?! 0-0 11. Cxg6 hxg6 12. Dc2 Tc8 13. Td1 Db6 14. e4 c5 15. d5 Ce5 16. Fe2 exd5 17. Cxd5 Cxd5 18. Txd5 Cc6 19. Fc4 Cd4 20. Dd3 Tcd8 21. Fe3 Txd5 22. Fxd5 Td8 23. Dc4 Td7 24. Tc1 Df6 25. Td1 Ce6 26. Db3 a5 27. Td3 Cf4 28. e5 Df5 29. Fxf4 Dxf4 30. e6 Td8 31. e7 Te8 32. Tf3 Dc1+ 33. Rh2 Txe7 34. Fxf7+ Rh7 35. Fxg6+ Rh6 36. Dd5 Dg5 37. Ff5 g6 38. h4 Df6 39. Fd3 De5+ 40. Dxe5 Txe5 41. Tf6 c4 42. Fxc4?! Fe7 43. Tb6 Fc5 44. Tf6 Te4 45. Fd3 Tg4 46. Rh3 Fe7 47. Te6 Txh4+ 48. Rg3 Td4 49. Txg6+ Rh5 50. Ff5 Fd6+ 51. Rf3 Fc5 52. g4+ Rh4 53. Th6+ Rg5 54. Tg6+ Rh4 55. Fe4 Td6 56. Tg7 Tf6+ 57. Ff5 Tb6 58. Th7+ Rg5 59. Th5+ Rf6 60. Fd3 Fd4 61. g5+ Rg7 62. Th7+ Rf8 63. Fc4 Txb2 64. Tf7+ Re8 65. g6 1 - 0 (il peut suivre: 66. g7, et 65…Txf2+ 66. Re4 Fc5 67. Txf2 Fxf2 68. g7).

Kasparov-Topalov, Wijk aan Zee, 1999

Kasparov-Topalov après 23...Dd6
Quand on demande à Kasparov quelle était sa meilleure partie, il cite celle qu'il a jouée avec les Blancs contre Topalov au tournoi de Wijk aan Zee en 1999. Cette dernière74 montre en effet une de ses meilleures combinaisons. Il semble cependant que le remarquable sacrifice de Tour de Kasparov au 24e coup ne lui aurait seulement assuré le partage du point si Topalov avait joué au mieux.

Après les coups : 1.e4 d6 2.d4 Cf6 3.Cc3 g6 4.Fe3 Fg7 5.Dd2 c6 6.f3 b5 7.Cge2 Cbd7 8.Fh6 Fxh6 9.Dxh6 Fb7 10.a3 e5 11.0-0-0 De7 12.Rb1 a6 13.Cc1 0-0-0 14.Cb3 exd4 15.Txd4 c5 16.Td1 Cb6 17.g3 Rb8 18.Ca5 Fa8 19.Fh3 d5 20.Df4+ Ra7 21.The1 d4 22.Cd5 Cbxd5 23.exd5 Dd6 (voir diagramme), Kasparov joua :

24.Txd4!

Il suivit: 24…cxd4 25.Te7+! Rb6 (Dxe7? 26.Dxd4+ Rb8 27.Db6+, suivi du mat) 26.Dxd4+ Rxa5 27.b4+ Ra4 28.Dc3 Dxd5 29.Ta7 Fb7 30.Txb7 Dc4 (la menace des Blancs était Ff1, suivi de Fxb5) 31.Dxf6 Rxa3 32.Dxa6+ Rxb4 33.c3+! Rxc3 34.Da1+ Rd2 35.Db2+ Rd1 36.Ff1! Td2 (Dxf1 37.Dc2+, suivi du mat) 37.Td7! Txd7 38.Fxc4 bxc4 39.Dxh8 Td3 40.Da8 c3 41.Da4+ Re1 42.f4 f5 43.Rc1 Td2 44.Da7 1-0

Partie Kasparov contre le monde jouée en 1999 par internet
Kasparov contre le monde.

Incidents de jeu

En 1994, au tournoi de Linares, dans une partie qui l'oppose à Judit Polgár il joue un coup de cavalier 36…Cc5note 22 pour le reprendre aussitôt et jouer 36…Cf875, ce qui est contraire aux règles du jeu. Judit Polgár ne proteste pas, croyant qu'il n'y avait pas de témoins. L'incident a cependant été filmé.

En 2003, à Linares Jaén, il est dans une position désespérée face au jeune Teimour Radjabov, et plutôt que d'abandonner et de serrer la main de son adversaire comme c'est l'usage, il préfère quitter l'aire de jeu et perdre au temps. Il crée un nouvel incident lors de la cérémonie de clôture, alors que le prix de beauté est décerné à Radjabov.

En 2004, toujours à Linares, il quitte l'aire de jeu sans autorisation pendant une partie pour se rendre dans sa chambre d'hôtel afin, dit-il, de prendre des médicaments.

Liens
http://youtu.be/ZIcZymAzifM Kasparov/ Deep blue
http://youtu.be/AZrQQs1ze1U Victoire de l'homme sur la machine.
http://youtu.be/wPm9k6ul9EI (anglais)
http://youtu.be/JBUBLUnD2eU Kasparov/Karpov

Attacher un fichier:



jpg  deep-blue-kasparov.jpg (128.54 KB)
3_53498e548ad2c.jpg 660X421 px

jpg  Garry-Kasparov-IQ-190.jpg (90.20 KB)
3_53498e608937d.jpg 1280X866 px

jpg  220px-Kasparov-34.jpg (16.07 KB)
3_53498e6c33a36.jpg 220X331 px

jpg  Garry-Kasparov-by-cool-sports-players-3.jpg (45.64 KB)
3_53498e781ff6b.jpg 500X360 px

jpg  Portisch_Kasparov_Dubai_1986.jpg (394.66 KB)
3_53498e875679d.jpg 2400X1600 px

jpg  1546_p-19990902-00K68Q_0JZ7SSHX.JPG (71.53 KB)
3_53498e983aef3.jpg 572X640 px

jpg  Kasparov-2.jpg (46.25 KB)
3_53498ea8e044e.jpg 288X397 px

jpg  images.jpg (9.73 KB)
3_53498eb4f1381.jpg 206X245 px

jpg  1211232.jpg (53.65 KB)
3_53498ec55d1e5.jpg 628X396 px

jpg  deep.jpg (60.68 KB)
3_53498ed6df82f.jpg 430X300 px

jpg  Gary_Kasparov.jpg (17.36 KB)
3_53498ee67de6a.jpg 332X296 px

jpg  kasparov-deep-blue-game-6-1997.jpg (668.07 KB)
3_53498ef9b78b3.jpg 1055X768 px

jpg  kasparov_2.jpg (70.40 KB)
3_53498f0722753.jpg 976X650 px

jpg  Kasparov Fischer.jpg (531.94 KB)
3_53498f1d34acf.jpg 1600X1200 px

jpg  x3dworld19.jpg (23.36 KB)
3_53498f60700ab.jpg 450X338 px

jpg  Garry-Kasparov-298x300.jpg (25.15 KB)
3_53498f6c1e99d.jpg 298X300 px

jpg  echecs-Kasparov.jpg (22.23 KB)
3_53498f864753c.jpg 300X456 px

jpg  1165147315-00.jpg (106.35 KB)
3_53498f946f6f8.jpg 640X907 px

jpg  kasparov_start_of_presentation_0.jpg (50.65 KB)
3_53498fa044168.jpg 300X199 px

jpg  Art-111-CRY-JE-CRYSTA-Pieces-2.jpg (302.63 KB)
3_53498fb0910bd.jpg 1280X850 px

jpg  78199b.jpg (411.03 KB)
3_53498fc119f42.jpg 3186X1257 px

jpg  561917136_small.jpg (28.26 KB)
3_53498fcd05504.jpg 400X300 px

jpg  O_Rei-enxadrista.jpg (109.79 KB)
3_53498fd9315bf.jpg 800X600 px

Posté le : 12/04/2014 21:11
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Jean de La Fontaine
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57775
Hors Ligne
Le 13 avril 1695 à Paris meurt Jean de La Fontaine,

né le 8 Juillet 1621 à Chateau-Thierry, France, poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure ses contes licencieux. On lui doit également des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.
Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine reste à l'écart de la cour royale mais fréquente les salons comme celui de Madame de La Sablière et malgré des oppositions, il est reçu à l'Académie française en 1684. Mêlé aux débats de l'époque, il se range dans le parti des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes.
C'est en effet en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'Ésope, qu'il écrit les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles est publié en 1668, le deuxième livres VII à XI en 1678, et le dernier livre XII actuel est daté de 1694. Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes, parfois plus complexes qu'il n'y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le fabuliste a éclipsé le conteur d'autant que le souci moralisant a mis dans l’ombre les contes licencieux publiés entre 1665 et 1674.

La Fontaine est aujourd’hui le plus connu des poètes français du XVIIe siècle, et il fut en son temps, sinon le plus admiré, du moins le plus lu, notamment grâce à ses Contes et à ses Fables. Styliste éblouissant, il a porté la fable, un genre avant lui mineur, à un degré d’accomplissement qui reste indépassable. Moraliste, et non pas moralisateur, il pose un regard lucide sur les rapports de pouvoir et la nature humaine, sans oublier de plaire pour instruire.
Est-ce le plus grand poète français ou le plus français de nos grands poètes ? La célébrité de Jean de La Fontaine – indéniable – occulte souvent d'irritantes questions qu'on retrouve en filigrane, d'une époque à l'autre, dans les innombrables études qui lui sont consacrées. Par exemple, celles-ci : doit-il sa gloire à l'habitude que nous avons prise d'utiliser ses fables à l'école ou s'agit-il d'un malentendu nous cachant sa vraie grandeur, qu'il faut chercher dans la poésie pure ? Est-ce un professeur d'opportunisme ou même d'immoralité politique, comme l'ont affirmé tour à tour Rousseau, Lamartine, Breton ou Eluard, ou un opposant courageux qui s'est dressé contre l'instauration de l'absolutisme ? Faut-il regretter avec Valéry qu'il n'ait pas écrit deux ou trois fables de plus au lieu de ses contes à l'érotisme glacé ? Les douze livres de ses Fables ne sont-ils qu'un polypier de poèmes capricieusement accrochés les uns aux autres ou s'agit-il d'un jardin aux itinéraires soigneusement ménagés, comme ces bosquets à secrets que Le Nôtre dessinait à la même époque ? Comment se fait-il enfin que le mot inimitable revienne si souvent pour caractériser le ton de La Fontaine alors que la plus grande partie de son œuvre est composée – au sens exact du mot – d'imitations ?

J'aime le jeu, l'amour, les livres, la musique...

Les parents de La Fontaine sont des bourgeois aisés : sa mère est veuve d'un négociant de Coulommier. L'atmosphère familiale est perturbée par des problèmes d'intérêt qui se retrouveront tout au long de la vie du poète. L'enfant semble avoir été élevé par deux mères, la vraie, qui a trente-neuf ans à sa naissance, et une charmante demi-sœur de huit ans. Image double de la femme qui réapparaîtra souvent dans ses rêveries.
Le jeune Jean passe ses premières années à Château-Thierry dans l'hôtel particulier que ses parents, Charles de La Fontaine, Maître des Eaux et Forêts et Capitaine des Chasses du duché de Château-Thierry, et Françoise Pillou, fille du bailli de Coulommiers, ont acheté en 1617 au moment de leur mariage. Le poète gardera cette maison jusqu'en 1676. Classée monument historique en 1886, la demeure du fabuliste abrite aujourd’hui le musée Jean de La Fontaine.
On dispose de très peu d’informations sur les années de formation de Jean de La Fontaine. On sait qu’il a étudié au collège de sa ville natale jusqu’en troisième où il se lie d'amitié avec François de Maucroix et apprend surtout le latin, mais n’étudie pas le grec. En 1641, il entre à l’Oratoire. Mais dès 1642, il quitte cette carrière religieuse, préférant lire L'Astrée, d’Honoré d'Urfé, et Rabelais, plutôt que Saint Augustin.
Fut-il, comme le prétend une tradition tenace, un adolescent lourdaud, grand dormeur, indolent, voire paresseux et viveur ? Passe pour l'indolence, puisqu'il l'avoue ; mais elle est associée à une curiosité d'esprit qui le sensibilise à tous les événements importants et à tous les grands courants de pensée de son époque. Cette curiosité insatiable lui permet d'accumuler – et d'assimiler – une très vaste culture : les classiques latins, base de l'enseignement du temps, mais aussi les grecs, moins pratiqués : Homère, les Tragiques, Platon, dont il traduira un dialogue, les italiens : Boccace, Arioste, Tassoni, les espagnols. Et, bien entendu, notre littérature : les vieux conteurs, avec une prédilection marquée pour Rabelais, et encore Marot, Honoré d'Urfé, les précieux, les burlesques, les théologiens, les philosophes. Ce panorama de ses lectures, qui est aussi un aperçu de ses sources, serait bien incomplet s'il oubliait les signes d'intérêt de l'artiste pour les cultures marginales de son époque : les emblèmes, imagerie commentée qui connaît un grand succès, aussi bien chez les mal-lisants que chez les amateurs de peinture peu fortunés ; les facéties de cabaret qu'on écrit en joyeuse compagnie, sur un coin de table ; les jeux de salon, portraits, devinettes, questions d'amour, etc., créations futiles et raffinées d'une société qui cherche à se définir ; et surtout la littérature orale, les récits merveilleux, facétieux ou d'animaux, vaste répertoire très vivant au XVIIe siècle et qui lui est très familier, ne serait-ce qu'à cause de son enfance en Champagne, terre de passage où se croisent les contes du Nord, du Midi et de l'Est.
Il reprend des études de droit à Paris et fréquente un cercle de jeunes poètes : les chevaliers de la table ronde, où il rencontre Pellisson, François Charpentier, Tallemant des Réaux, et Antoine de Rambouillet de La Sablière, qui épousera la future protectrice du poète Marguerite de La Sablière. Il obtient en 1649, un diplôme d’avocat au parlement de Paris.
On retrouve l'artiste à vingt ans, novice à l'Oratoire, puis, à vingt-six ans, marié et père de famille. Il a suivi des cours de droit, mais l'office de maître des Eaux et Forêts qu'il rachète à son beau-frère en 1653 puis celui dont il hérite de son père en 1658 se révèlent peu rentables, à cause d'une succession embrouillée par les exigences d'un frère cadet, de dettes, d'une paysannerie éprouvée par les secousses de la Fronde, la répression et la guerre étrangère.
Entre temps, en 1647, son père lui avait organisé un mariage de complaisance avec Marie Héricart, à la Ferté-Milon. Marie Héricart est la fille de Louis Héricart, lieutenant civil et criminel du bailliage de La Ferté-Milon, et d’Agnès Petit. Le contrat de mariage est signé dans cette bourgade proche de Château-Thierry le 10 novembre 1647, chez le notaire Thierry François. Il est alors âgé de 26 ans et elle de 14 ans et demi. Elle lui donne un fils, Charles. Il se lasse très vite de son épouse qu’il délaisse, voici ce qu'en dit Tallemant des Réaux dans ses Historiettes :
" Sa femme dit qu'il resve tellement qu'il est quelque fois trois semaines sans croire estre marié . C'est une coquette qui s'est assez mal gouvernée depuis quelque temps : il ne s'en tourmente point. On luy dit : mais un tel cajolle vostre femmes - Ma foy ! répond-il qu'il fasse ce qu'il pourra; je ne m'en soucie point. Il s'en lassera comme j'ay fait. Cette indiférence a fait enrager cette femme, elle seiche de chagrin ".
Ses fréquentations parisiennes, pour ce que l’on en sait, sont celles des sociétés précieuses et libertines de l’époque.
En 1652, La Fontaine acquiert la charge de maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry, à laquelle se cumule celle de son père à la mort de celui-ci. Tâche dont on soupçonne La Fontaine de ne guère s’occuper avec passion ni assiduité et qu’il revendit intégralement en 1672. C’est ainsi qu’il amorce une carrière de poète par la publication d’un premier texte, une comédie en cinq actes adaptée de Térence, L’Eunuque, en 1654, qui passe totalement inaperçue.
Au service de Fouquet 1658-1663

En 1658, il entre au service de Fouquet, Surintendant des Finances, auquel, outre une série de poèmes de circonstances prévus par contrat - une pension poétique - il dédie le poème épique Adonis tiré d’Ovide et élabore un texte composite à la gloire du domaine de son patron, le Songe de Vaux, qui restera inachevé, le surintendant des Finances Nicolas Fouquet, alors au faîte de sa puissance, se sent en passe d’atteindre à la succession de Mazarin et à la fonction de Premier ministre. Il s’organise, non sans intention de propagande, une cour d’écrivains. Par Pellisson peut-être, ou par un oncle de sa femme, Jannart, substitut de Fouquet, La Fontaine est mis en rapport avec le nouveau mécène, qui le prend sous sa protection et lui fait une pension. À son service, La Fontaine lui dédie un roman mythologique, Adonis 1658, écrit pour lui des vers de circonstance, entreprend une description du château de Vaux-le-Vicomte alors en construction, le Songe de Vaux. Cet ouvrage restera inachevé, mais témoigne de la souplesse de La Fontaine à parler de tous les arts : il y a en lui plus qu’un amateur éclairé, un critique d’art possible. Il est possible qu’il ait déjà composé des contes dès cette époque. Il se lie avec Pellisson, Scudéry, Saint-Évremond, comme lui clients de Fouquet.
Alors commence une période heureuse et féconde où le poète – savoureuse et prophétique plaisanterie – paie une pension poétique au protecteur qui le pensionne. Fouquet intègre son nouveau protégé au petit groupe d'artistes chargés d'embellir et de célébrer son domaine de Vaux, dont la magnificence sert son crédit. La Fontaine reçoit mission de décrire ces merveilles présentes et à venir. Peut-être compose-t-il ses premières fables pour illustrer les groupes de sculptures destinés aux fontaines que projette Le Nôtre.
Mais, Mais le luxe et les intrigues du surintendant inquiètent le jeune roi qui, guidé par Colbert, amorce une autre politique : relance de l'économie, protectionnisme, recherche de nouveaux débouchés. en 1661, c’est la disgrâce du tout-puissant ministre, arrêté pour malversations sur ordre de Louis XIV Fouquet est arrêté. L’arrestation de Fouquet disperse cette cour de protégés intéressée. Parmi les rares fidèles restent La Fontaine et Jannart. Ce dernier organise la défense du surintendant par toute une campagne de publications. La Fontaine écrit alors, en hommage à Fouquet, une Élégie aux nymphes de Vaux 1661 et une Ode au roi pour M. Fouquet 1663. Il est contraint à un temps d’exil à Limoges, période qu’il évoquera en écrivant pour sa femme Voyage en Limousin, chef-d’œuvre d’allégresse, d’humour et de justesse d’observation. La Fontaine écrit en faveur de son protecteur en 1662, l’Ode au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux. Certains biographes ont soutenu que cette défense de Fouquet alors arrêté lui avait valu la haine de Jean-Baptiste Colbert, puis celle de Louis XIV lui-même, sans que l’on ne dispose de témoignages clairs à ce sujet. On ne sait pas exactement si son voyage en Limousin en 1663 est un exil ordonné par l’administration Louis XIV, ou une décision librement consentie d’accompagner l'oncle Jannart de sa femme, lui exilé et qui lui a présenté Fouquet en 1658. Il tire de ce déplacement une Relation d’un Voyage de Paris en Limousin : il s’agit d’un récit de voyage sous forme de lettres en vers et en prose adressées à son épouse, publié de façon posthume. Dans ce récit, il mentionne sa rencontre avec une servante d'auberge à Bellac, ce qui permettra à Jean Giraudoux originaire de ce lieu de s'imaginer une affiliation avec ce poète pour qui l'écrivain noue une grande passion.
Fouquet est arrêté, emprisonné. Ses amis se dispersent. La Fontaine est l'un des très rares à lui rester fidèle. Il plaide même sa cause dans L'Élégie aux nymphes de Vaux et dans une Ode au roi. Il semble aussi avoir participé activement aux Défenses de Fouquet et aux campagnes de pamphlets qui dénoncent la rage de Colbert et les irrégularités du procès.
Si la fréquentation de la cour de Fouquet n’a sans doute pas beaucoup infléchi l’art de La Fontaine, elle fut toutefois lourde de conséquences. D’abord, La Fontaine fait figure d’opposant, modestement, au roi et à son principal ministre Colbert, qui, des années durant, lui garderont rigueur de ce courage, le tenant à l’écart des honneurs et des récompenses. Les tentatives de La Fontaine pour atteindre le roi, les dédicaces de fables aux enfants royaux, à la toute-puissante maîtresse Montespan n’y feront rien. Son œuvre se développe en marge de l’organisation officielle du monde littéraire.
Surtout, il a vu, des coulisses, le théâtre politique ; il a été pris dans une débâcle ; il a constaté les reniements qui accompagnent une soudaine disgrâce. Cette expérience amère, mais enrichissante, lui communique un pessimisme souriant et méprisant, auquel les Fables doivent une amertume lucide et somme toute tonique. Mélancolique et de bon sens , a-t-on dit de La Fontaine au XVIIe s. L’affaire Fouquet ne pouvait que renforcer ces deux traits.
La vindicte du ministre s'acharne sur le poète : poursuites pour usurpation de titres, pour malversation, exil à Limoges, ce qui nous vaut les délicieuses lettres à sa femme, publiées après sa mort sous le titre Relation d'un voyage de Paris en Limousin.
Le clan opposé à Colbert récupère et protège le bonhomme : amitié de la très jeune et jolie duchesse de Bouillon pour qui il écrit ses premiers contes, sinécure auprès de la duchesse douairière d'Orléans, au palais du Luxembourg. Entre 1664 et 1667, en quatre livraisons, La Fontaine publie vingt-sept contes et nouvelles en vers, parmi lesquels Joconde, La Matrone d'Éphèse et Le Calendrier des vieillards, puis, en 1668, sous le titre modeste de Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine, un premier ensemble de cent vingt-six fables divisé en six livres, précédé d'une Vie d'Ésope, d'une préface et d'une dédicace où l'auteur pose sans ambiguïté sa candidature à la fonction de précepteur du Dauphin, en équipe, semble-t-il, avec le duc de La Rochefoucauld.
Le recueil obtient un succès immédiat.
L'œuvre a pu être lue comme une colbertade, et cela d'autant plus que certaines fables ont circulé sous le manteau. Mais l'artiste a délibérément dominé et dépassé la chronique. Les allusions sont gommées et intégrées à un projet plus vaste, à la fois artistique, pédagogique et philosophique. Au moment où s'édite la prestigieuse collection ad usum delphini, La Fontaine entreprend d'élargir le genre traditionnellement scolaire de la fable et d'y regrouper les symboles et les repères permettant à un jeune prince – et à tout homme – une meilleure connaissance des autres et de lui-même.
Ce succès encourage l'artiste. Dans un mouvement alterné, fables et contes se succèdent. En 1669 paraît Les Amours de Psyché et de Cupidon, sorte de roman promenade mêlé de prose et de vers, suivi d'Adonis, en 1671, d'une nouvelle fournée de Contes et nouvelles et de huit fables inédites parmi lesquelles Le Coche et la Mouche et L'Huître et les Plaideurs. En 1673, à la mort de la duchesse d'Orléans, La Fontaine est recueilli par Mme de La Sablière. Dans cette maison et dans ce salon hospitaliers, il trouve le climat d'amitié, de liberté et de culture dont il a besoin. Il y fréquente des artistes, des philosophes et des voyageurs, élargit son information au domaine du Moyen-Orient et de l'Asie et publie en 1677 une nouvelle édition des Fables en quatre volumes dont les deux derniers, parus en 1678 et en 1679, contiennent les livres VII à XI des éditions actuelles ; ils marquent un renouvellement et un approfondissement de son inspiration. Ses Nouveaux Contes, en 1674, qui mettent en scène des gens d'Église, lui valent la colère du parti dévot qui les fait interdire à la vente. Mais l'affaiblissement du clan colbertiste et l'amitié de Mme de Montespan et de Racine conjurent le danger. La Fontaine s'essaie dans l'opéra et il est reçu en 1684 – non sans difficulté – à l'Académie française où il remplace Colbert, son ancien persécuteur, et prononce – en termes sibyllins – son éloge.

La retraite et la mort de Mme de La Sablière le laissent sans ressources.Il songe à s'expatrier en Angleterre. Recueilli in extremis par Mme d'Hervart, il regroupe et publie en 1693 les fables du livre XII qui s'achèvent par Le Juge arbitre, l'Hospitalier et le Solitaire, poème qui est à la fois un testament et un art de vivre. Il tombe gravement malade et son confesseur, l'abbé Pouget, qui admire en lui un homme fort ingénu, fort simple, lui arrache une abjuration publique de ses contes infâmes et lui fait déchirer sa dernière œuvre à peine achevée, une comédie.

Redécouvrir les contes

Une des erreurs les plus constantes, même au XXe siècle, aura été de séparer contes et fables. Ségrégation due au moralisme né de la Contre-Réforme qui a tenté d'occulter ou de discréditer un des courants les plus vivants de notre littérature, celui des contes facétieux et érotiques. C'est d'autant plus injuste que La Fontaine choisit dans ce répertoire des histoires lestes, sans doute, mais excluant toute perversité ou vulgarité, et qu'il les raconte d'une façon savoureuse mais généralement pudique, en maniant avec art la litote et l'allusion. L'anathème jeté sur ses contes est aussi un contresens littéraire, car plusieurs fables, par exemple La Jeune Veuve ou La Femme noyée, sont, elles aussi, des contes, à peine moins licencieux que ceux qu'on voudrait proscrire. À travers quelques histoires archiconnues d'initiations au plaisir, de prêtres en goguette, de cocus complaisants ou magnifiques, on peut surprendre quelques thèmes très neufs à l'époque et qui restent actuels à la nôtre : la célébration du désir et du plaisir, l'éloge de la femme, le respect des unions bien assorties et de l'amour. La critique de l'avenir serait bien inspirée en réhabilitant ces chefs-d'œuvre inconnus du grand public, par exemple ces deux épopées burlesques de la naïveté, Comment l'esprit vient aux filles et Les Oies de frère Philippe, ou le truculent maquignonnage du Maupassant avant la lettre du conte Les Troqueurs.

L'Univers dans le discours

Pourquoi La Fontaine se sert-il d'animaux et choisit-il avec tant d'obstination d'écrire des fables, genre exclu des arts poétiques et rejeté dans le secteur déjà décrié de la littérature enfantine ? Il n'est pas impossible que cet « enfant aux cheveux gris ait trouvé du plaisir à perfectionner l'élaboration minutieuse des circonstances qu'il a apprise à l'école. L'essentiel reste qu'il ait transfiguré ces gênes exquises et qu'il soit parvenu, malgré elles, jusqu'à ce charme qui est pour lui la vraie beauté : art du moins dire et, souvent, du dire sans dire qui caractérise sa manière, insaisissable et reconnaissable entre toutes.
Un souriceau raconte à sa mère ses surprenantes rencontres, un cerf éclate de rire aux obsèques de la lionne, deux pigeons se séparent puis se retrouvent. Le conteur est adroit et nous l'écoutons avec amusement, sans nous sentir particulièrement concernés. Et voilà que, par une suite de transitions savantes – intelligemment analysées par Léo Spitzer dans Études de style – et par un subtil jeu de miroirs, nous sommes entrés dans les raisons, souvent saugrenues, d'animaux qui nous ressemblent comme des frères ; nous mesurons les limites de notre sagesse et la sagesse de certaines de nos folies.

Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?
Que ce soit aux rives prochaines.
Les Deux Pigeons.
La Fontaine a réussi la gageure de construire une œuvre monumentale à partir de pièces brèves et qu'on aurait pu croire futiles. Dans leur variété et leur apparente désinvolture, les Fables sont bien :

Une ample comédie aux cent actes divers
Et dont la scène est l'Univers.

Le Bûcheron et Mercure, V, 1.
L'œuvre, très élaborée, se développe suivant un ordre organique plus que selon un plan. Sa texture, très serrée, est à la fois mémoire et invention ; chaque fable contient d'autres fables et les renouvelle par un mécanisme souterrain de correspondances. Les codes se modifient imperceptiblement ou brutalement, ce qui permet au narrateur d'approfondir un thème, de le renouveler de l'intérieur, soit en juxtaposant des fables doubles, soit en faisant correspondre des contrastes aux similitudes. Aux frontières incertaines de l'oral, de l'écrit et de l'image, le récit proprement dit, tout en restant limpide, est traversé – comme le montre bien la critique « intertextuelle – de références externes et internes, d'associations d'idées, de réflexions, de facéties, de confidences, de bonheurs d'expression qui le rendent imprévisible et passionnant. Exemple particulièrement significatif, La Souris métamorphosée en fille IX, 7, où le plus usé des contes balançoire devient un étourdissant long métrage où l'on se demande avec anxiété si la Belle finira, ou non, par trouver son prince Charmant et où il est question aussi, sans qu'on ait l'impression qu'on digresse, de la philosophie hindoue, de Pilpay Bidpāï, de l'âme des animaux, de la nôtre et de la métempsycose.

La Fontaine est un poète moraliste, et non pas moralisateur. Son œuvre n’exprime pas une pensée systématique, mais une attitude de pensée, avec ses évolutions, variations, contradictions même. Aussi réduire l’explication à une seule rubrique est-il vain. Il est de toute évidence ridicule de voir dans l’œuvre une simple description de la nature et d’y noter du même coup des erreurs de zoologie : les cigales ne survivent pas en hiver, sauf dans les Fables où l’imagination est reine.... D’une autre façon, s’il est vrai que La Fontaine prend certains de ses sujets dans l’actualité en particulier, la façon dont Colbert a manigancé la chute de Fouquet trouve des échos dans son livre), il ne faut pas faire non plus de la Cigale et la Fourmi une allégorie du conflit entre les deux ministres.
Il convient au contraire de saisir cette œuvre comme un regard qui se veut lucide, et constater que la pensée s’y interroge autant ou plus qu’elle ne répond. Il est certain que La Fontaine est nourri de philosophie épicurienne épicurisme, de libertinage, qu’il déteste les superstitions l’Astrologue, l’Horoscope. Mais il est certain aussi qu’il a éprouvé des sympathies pour les jansénistes jansénisme. De même, en matière de politique, il a critiqué les monarques absolus, victimes de leurs ambitions, de leurs conseillers flatteurs, de la facilité de la violence les Animaux malades de la peste. S’il témoigne de l’intérêt et de la pitié à l’égard du peuple, il le perçoit aussi comme un enfant, incapable de se conduire seul, et qui a donc besoin d’être dirigé et protégé, par un pouvoir donc nécessairement fort et si possible juste.

Une dénonciation des rapports de pouvoir

Jean de La Fontaine, l'Âne et ses Maîtres
La rédaction et la publication des Fables s’étendent sur trente années, et la situation du poète a changé, aussi bien que le contexte sociopolitique, au fil des décennies. Aussi voit-on parfois La Fontaine soutenir la politique royale au moment d’une guerre la Ligue des rats, et d’autres fois, en des temps où la politique de puissance risque de ruiner l’économie, et singulièrement l’agriculture, rappeler les mérites du travail, contre les spéculations et les visées de prestige le Marchand, le Gentilhomme, le Pâtre et le Fils de roi.
Il y a cependant, dans son attitude, quelques constantes. Tel qu’il le voit, le monde est impitoyable : y règnent seuls les rapports de force. Contre la raison du plus fort le Loup et l’Agneau, les faibles ne peuvent rien, à moins d’être capables de contrebalancer la force par la ruse. Souvent, d’ailleurs, La Fontaine conçoit des situations redoublées, où un fort s’incline devant un plus faible mais plus adroit, et où ce dernier trouve à son tour son maître : cette structure complexe peut aussi bien montrer les apparences vaines des rapports de pouvoir le Lion et le Moucheron que des jeux où un trompeur est pris par un trompeur et demi le Renard et la Cigogne. La vision n’est pas alors moins noire, mais elle a l’avantage de prêter à des effets comiques.
Sans cesse attaché à dénoncer les illusions de tous ordres, La Fontaine est proche de La Rochefoucauld, qu’il cite élogieusement l’Homme et son image. Pourtant, on n’entend ni cri de révolte, ni plaintes de ressentiment. Parfois, le je omniprésent se laisse aller à la mélancolie Ai-je passé le temps d’aimer ? , les Deux Pigeons. Plus profondément, il laisse deviner le désir latent du repos, d’une retraite en marge de ce monde violent, et parfois il l’avoue plus ouvertement le Songe d’un habitant du Mogol, les Deux Amis. À défaut, il suggère de s’accommoder de son sort et de son état, en renonçant aux ambitions et aux chimères le Berger et la Mer, la Laitière et le Pot au lait, le Savetier et le Financier.

L'opposant

Homme sincère, fidèle en amitié, émerveillé par la force de la vie et de l'amour, viscéralement hostile à l'hypocrisie et à la violence, La Fontaine s'est retrouvé pour ainsi dire tout naturellement dans l'opposition. C'est là, sans doute, une autre raison de la convenance complexe qui existe entre son talent et le conte d'animaux, répertoire traditionnel de la contestation politique et sociale.

Selon que vous serez puissant ou misérable... Les Animaux malades de la peste, VII, Sa peinture de la cour et des injustices sociales est souvent féroce. Doit-on pour autant voir en lui l'apôtre masqué de la démocratie ? Ce serait à la fois une erreur et un anachronisme, comme le montrent sans équivoque plusieurs fables, et en particulier Démocrite et les Abdéritains. Dans le milieu historique qui est le sien, le poète ne peut concevoir d'autre régime que la monarchie, qu'il souhaite sans doute plus éclairée, à l'exemple de l'Angleterre. Ce qui est sûr, c'est que cet homme généreux et sans illusion rêve d'un monde plus juste et plus tolérant, tout en sachant que le chemin pour y parvenir est long et que les meilleures intentions peuvent être détournées de leur but et récupérées, comme il le laisse entendre avec une mordante subtilité dans Le Paysan du Danube XI, 7.

On a souvent cherché à préciser sa philosophie et on y a décelé de multiples contradictions. Mais ce sont celles de la vie elle-même, saisies et exprimées au plus près, dans un registre imagé, bref et savoureux qui rappelle la facture des proverbes populaires et qui débouche sur elle. Son discours ne s'enferme jamais dans l'univers du discours ni dans le jargon. La transparence de son œuvre ne doit pas nous cacher qu'il est l'un de nos plus authentiques philosophes, dans la ligne de Platon et de Lucrèce, de Montaigne et de Pascal. Il a rendu accessibles à tous, et souriantes, les observations les plus profondes sur la vie, l'amour et la mort. Enfin, La Fontaine est aussi un très grand poète lyrique qui a su rendre cette méditation bouleversante par le frémissement de son accent personnel, combinaison subtile d'intelligence et de bonté qui donne à sa voix – toujours perceptible – une résonance inouïe, au sens exact du mot.

L’apogée de l’activité littéraire 1664-1679

En 1664, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la duchesse douairière d’Orléans. La Fontaine partage alors son temps entre Paris et Château-Thierry en qualité de gentilhomme - ce qui assure son anoblissement. C’est le moment où La Fontaine fait une entrée remarquée sur la scène littéraire publique avec un premier conte, tiré de l'Arioste, Joconde. Cette réécriture suscite en effet une petite querelle littéraire, sous forme d’une compétition avec la traduction qu’en a proposée Bouillon peu de temps avant ; le débat porte sur la liberté dont peut disposer le conteur par rapport à son modèle : là où le texte de Bouillon est extrêmement fidèle, voire parfois littéral, celui de La Fontaine s’écarte à plusieurs reprises du récit du Roland furieux. La Dissertation sur Joconde, qu’on attribue traditionnellement à Boileau, tranche le débat magistralement à l’avantage du conte de La Fontaine.
Deux recueils de contes et nouvelles en vers se succèdent alors, en 1665 et 1666, dont les canevas licencieux sont tirés notamment de Boccace et des Cent Nouvelles Nouvelles. Continuation de cette expérience narrative mais sous une autre forme brève, cette fois de tradition morale, les Fables choisies et mises en vers, dédiées au Grand Dauphin, paraissent en 1668.
En 1669, La Fontaine ajoute un nouveau genre à son activité en publiant le roman Les amours de Psyché et de Cupidon, qui suscite une relative incompréhension au vu de sa forme inédite : mélange de prose et de vers, de récit mythologique - cette fois tiré d’Apulée - et de conversations littéraires, le texte contrevient à des principes élémentaires de l’esthétique classique.
C’est à partir de la fiction des quatre amis que met en scène ce roman qu’on a spéculé sur l’amitié qui unirait La Fontaine, Molière, Boileau et Racine, sans grande preuve : si La Fontaine est lié de façon éloignée à la famille de Racine, leurs relations sont épisodiques ; les rapports avec Molière ne sont pas connus si tant est qu’ils existent ; quant à Boileau, il n’y a guère de trace d’une telle amitié.
Après sa participation à un Recueil de poésies chrétiennes et diverses édité en 1670 par Port-Royal, La Fontaine publie successivement, en 1671, un troisième recueil de Contes et nouvelles en vers, et un recueil bigarré, contenant des contes, des fables, des poèmes de l’époque de Fouquet, des élégies, sous le titre de Fables nouvelles et autres poésies.
En 1672, meurt la Duchesse d’Orléans : La Fontaine connaît alors de nouvelles difficultés financières ; Marguerite de La Sablière l’accueille et l’héberge quelques mois après, probablement en 1673.

Le salon de Mme de La Sablière 1673-1693

Jean de La Fontaine, le Pot de terre et le Pot de fer
La Fontaine se place alors auprès de grands seigneurs un peu en marge de la Cour Conti, Bouillon et de financiers. Il obtient un emploi de gentilhomme au palais du Luxembourg, au service de la vieille duchesse d’Orléans. Après la mort de celle-ci, il devient en 1673 l’hôte, à la fois secrétaire et ami personnel, de Mme de La Sablière. Celle-ci tient un salon que fréquentent des médecins, des hommes de science et aussi un philosophe voyageur, François Bernier, qui a été secrétaire de Gassendi, traducteur de son monumental Syntagma, et qui a fait un très long séjour en Inde comme médecin du Grand Moghol.
Ce salon est sans aucun doute l’endroit où se brassent le plus d’idées nouvelles. La crise de conscience, ou au moins la prise de conscience qui annonce le siècle des Lumières y est plus sensible qu'ailleurs. Avec l’affaire Fouquet, La Fontaine avait connu une grande expérience humaine ; la fréquentation du salon de Mme de La Sablière, jusqu’à la mort de celle-ci en 1693, lui apporte un grand enrichissement intellectuel.

En 1674, La Fontaine se lance dans un nouveau genre : l’opéra, avec un projet de collaboration avec Jean-Baptiste Lully, qui avorte. C’est l’occasion d’une violente satire de La Fontaine contre Lully, registre rare dans son œuvre, dans un poème intitulé Le Florentin, Lully était originaire de Florence.
La même année, un recueil de Nouveaux Contes est publié - mais cette fois-ci, sans qu’on sache très bien pourquoi, l’édition est saisie et sa vente interdite : si La Fontaine avait chargé le trait anticlérical et la licence, reste que ces contes demeuraient dans la tradition du genre et dans une topique qui rendait relativement inoffensive leur charge.
Après deux recueils de Contes, c’est à nouveau un recueil de Fables choisies et mises en vers que publie La Fontaine en 1678 et 1679, cette fois-ci dédié à Madame de Montespan, maîtresse du Roi : ce sont les livres actuellement VII à XI des Fables, mais alors numérotés de I à V.
En 1680, est une période moins faste, où les productions sont quantitativement moins importantes, mais non moins diverses : ainsi, en 1682, La Fontaine publie un Poème du Quinquina », poème philosophique dans la manière revendiquée de Lucrèce à l’éloge du nouveau médicament, et accompagné de deux nouveaux contes.
L’activité littéraire des années 1665-1679 se solde en 1684 par une élection, néanmoins tumultueuse, à l’Académie française, sans qu’on puisse préciser les exactes raisons de cette difficulté : on a pu faire l’hypothèse que l’administration louis-quatorzième gardait rancune au poète qui avait publié deux poèmes en faveur de Fouquet lors du procès de celui-ci ; le discours des opposants à cette entrée de La Fontaine à l’Académie s’appuie quant à lui sur l’accusation d’immoralité lancée contre les recueils de Contes et nouvelles en vers. Toujours est-il que La Fontaine, après une vague promesse de ne plus rimer de contes, est reçu le 2 mai 1684 à l’Académie, où, en sus du remerciement traditionnel, il prononce un Discours à Madame de La Sablière où il se définit, en une formule fameuse, comme « papillon du Parnasse.
L’année suivante, l’Académie est encore le cadre d’une nouvelle affaire dans laquelle est impliqué La Fontaine : Antoine Furetière, qui en composant son propre dictionnaire a passé outre le privilège de la compagnie en cette matière, est exclu, et lance une série de pamphlets notamment contre La Fontaine, son ancien ami, qu’il accuse de trahison et contre lequel il reprend l’accusation de libertinage.
C’est une autre vieille amitié, elle sans rupture, qui donne jour, la même année, aux Ouvrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine ; le recueil contient des traductions de Platon, Démosthène et Cicéron par François de Maucroix et de nouvelles fables et de nouveaux contes de La Fontaine, qui aura peu attendu pour trousser quelque nouvelle licencieuse.
Nouveau scandale, de plus grande ampleur, à l’Académie : la lecture du poème Le siècle de Louis Le Grand de Charles Perrault déclenche la Querelle des Anciens et des Modernes, dans laquelle La Fontaine se range, non sans ambiguïtés, du côté des Anciens, par une Épître à Monsieur de Soissons, prétexte à une déclaration de principes littéraires, dont la plus fameuse reste Mon imitation n’est point un esclavage.

Les dernières années et les dernières fables 1689-1695

Une série de fables est publiée en revue entre 1689 et 1692, qui est rassemblée en 1693 avec des inédites et celles de 1685, dans un ultime recueil, notre actuel livre XII, dédié au duc de Bourgogne, fils aîné du Grand Dauphin, et à ce titre héritier présomptif de la Couronne.
La Fontaine tombe gravement malade fin 1692, vraisemblablement de la tuberculose. Il demande alors à voir un prêtre, et le curé de l'église Saint-Roch lui envoie le jeune abbé Pouget, qui vient d'obtenir son doctorat de théologie. Celui-ci s'applique à lui faire abjurer sa vie épicurienne et ses écrits anticléricaux, et le soumet quotidiennement à des exercices religieux. Il reçoit l'extrême-onction le 12 février 1693. Sont présents des membres de l'Académie française, des amis, et des prêtres. La Fontaine annonce renoncer à l'écriture et à la publication de ses contes et fables. Cet événement est en particulier rapporté par un récit de l'abbé Pouget, en 1718, mais ne figure pas sur les registres de l'Académie. Il promet également de n'écrire que des ouvrages pieux. Il traduira ainsi le Dies Irae, qu'il fera lire devant l'Académie le jour de l'introduction de Jean de La Bruyère.

Il meurt le 13 avril 1695, et est inhumé le lendemain au cimetière des Saints-Innocents.

On trouve sur son corps un cilice, pénitence que l'abbé Pouget jure ne pas avoir ordonnée. Sa dépouille sera transférée en 1817 avec celle de Molière au cimetière du Père-Lachaise.

La Fontaine avait composé lui-même son épitaphe, où il s'attribue un caractère désinvolte et paresseux. Cette paresse revendiquée peut être associée à la facilité de ses œuvres, qui n'est pourtant qu'apparente :

Jean s'en alla comme il étoit venu,
Mangeant son fonds après son revenu ;
Croyant le bien chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien sçut le dispenser :
Deux parts en fit, dont il souloit passer
L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire.

Chronologie de la vie et de l'oeuvre de Jean de la Fontaine

1617 : Mariage des parents du fabuliste. Charles de La Fontaine, d’origine champenoise, et Françoise Pidoux, d’origine poitevine. Assassinat de Concini et fin de la régence de Marie de Médicis.
1621 : Le 8 juillet, Jean de La Fontaine est baptisé à Château-Thierry, où il est né le jour même ou la veille dans l’hôtel particulier de ses parents. Son père porte le titre de Conseiller du Roi et Maître des Eaux et Forêts du duché de Chaury Château-Thierry. Il est aussi capitaine des chasses. Soulèvements protestants ; mort de Charles d'Albert, duc de Luynes.
1623 : Le 26 septembre, baptême de Claude, frère du fabuliste.Publication à Paris de l’Adonis du Cavalier Marin,avec préface de Jean Chapelain.Procès de Théophile de Viau.
1624 : Richelieu devient chef du Conseil du roi.
1627 : Publication des deux derniers volumes d’Astrée.
1628 : Mort de Malherbe.
Vers 1630 : Les études de La Fontaine restent mal connues. Probablement les commence-t-il au collège de Château-Thierry, établissement réputé, pour aller vers 1635 les achever dans un collège parisien, où il a Antoine Furetière pour condisciple.
1633 : Le 26 avril, baptême de Marie Héricart, fille du lieutenant civil et criminel au bailliage de La Ferté-Milon, apparenté à la famille Sconin-Racine.
1636 : Naissance de Boileau. Le Cid de Corneille.
1637 : Discours de la méthode de Descartes.
1639 : Naissance de Racine.
1641 : La Fontaine entre à la maison mère de l’Oratoire à Paris le 27 avril, puis se rend peut-être à Juilly et revient à Paris à la maison de Saint-Magloire pour étudier la théologie. Son frère Claude le rejoint à l’Oratoire.
1642 : La Fontaine quitte l’Oratoire, au bout de 18 mois. Mort de Richelieu.
1643 : La Fontaine est rentré à Château-Thierry. Sa vocation poétique s’éveille alors, semble-t-il. Le 15 mai, mort de Louis XIII. Le 19 mai, victoire de Rocroi.
Vers 1646 : La Fontaine vient étudier le Droit à Paris ; il acquiert le titre d’avocat en la Cour du Parlement. Avec d’autres jeunes poètes, habitués du Palais, il fait partie d’une petite académie littéraire et amicale dite de la "Table Ronde". Ces palatins sont Pellisson, Furetière, Maucroix, Charpentier, Cassandre. Il fait la connaissance d’autres hommes de lettres: Conrart, Chapelain, Patru, Perrot d’Ablancourt, les Tallemant, Antoine de La Sablière…
1647 : Le 10 novembre, signature du contrat de mariage entre le poète et Marie Héricart à la Ferté-Milon. "Son père l’a marié, et lui l’a fait par complaisance". La mère du poète, vivante en 1634, est morte à la date du contrat. En avril, Maucroix avait acheté une prébende de chanoine à Reims. Il restera l’ami de La Fontaine jusqu’à la mort de celui-ci. Gassendi : De Vita et Moribus Epicuri.
1649 : Claude, confrère de l’Oratoire, renonce en faveur de Jean à sa part d’héritage, moyennant pension. La fronde a éclaté en 1648.
1652 : La Fontaine achète la charge de Maître particulier triennal des Eaux et Forêts.
1653 : En août, vente d’une propriété sise à Oulchy-le-Château. Le 30 octobre, baptême à Château-Thierry du fils de La Fontaine, Charles, qui a Maucroix pour parrain. Le père ne s’occupera jamais beaucoup de son fils. Fin de la Fronde.
1654 : En août, première œuvre publiée de La Fontaine : l’Eunuque, comédie en vers imitée de Térence.
1658 : Mort du père de La Fontaine, qui laisse à son fils ses charges, peu lucratives et une succession embrouillée comportant de lourdes dettes. Par mesure de prudence, La Fontaine et sa femme demandent la séparation de biens. Le ménage lui-même n’est guère uni, par la faute probable du poète, mari indifférent. Après juin, La Fontaine offre à Fouquet son Adonis. Jannart, oncle de Marie Héricart, est substitut de Fouquet au Parlement et Pellisson, ami de La Fontaine, est au service du surintendant.
1659 : Jusqu’en 1661, La Fontaine va recevoir de Fouquet une pension en espèces, moyennant une "pension poétique". Il doit aussi composer un ouvrage en l’honneur de Vaux-le-Vicomte : il entreprend le Songe de Vaux. Il habite tantôt à Paris, chez Jannart, avec sa femme, tantôt à Château-Thierry pour les devoirs de ses charges, mais il fréquente le château de Fouquet, se lie avec Charles Perrault, Saint-Evremond, Madeleine de Scudéry. Paix des Pyrénées.
1660 : Les Rieurs de Beau Richard sont joués au carnaval de Château-Thierry. Dans cette ville existe une Académie à laquelle s’intéresse La Fontaine et encore plus sa femme. En 1660-1661, La Fontaine se lie avec Racine débutant, cousin de Marie Héricart. En juin, mariage du roi. En août, entrée de la reine Marie-Thérèse à Paris.
1661 : Le 17 août, fête de Vaux, au cours de laquelle La Fontaine assiste à la première représentation des Fâcheux par Molière. Le 5 septembre, arrestation de Fouquet à Nantes. La Fontaine tombe gravement malade. Guéri, il revient à Château-Thierry, où il est poursuivi par un traitant en usurpation de noblesse. Début de construction de Versailles.
1662 : Environ en mars, publication anonyme de l’Élégie aux Nymphes de Vaux. Août : le Duc de Bouillon, seigneur de Château-Thierry épouse Marie Anne Mancini, nièce de Mazarin. La Fontaine devient "gentilhomme servant" de la Duchesse Douarière d'Orléans au Luxembourg, mais il loge toujours chez Jannart. Le 10 décembre, achevé d'imprimer les Nouvelles en vers, contenant les deux premiers Contes de La Fontaine.
1665 : Le 10 janvier, achevé d'imprimer des Contes et Nouvelles en vers. Le 30 juin, achevé d'imprimer d’une traduction de la Cité de Dieu de Saint Augustin, dont les citations poétiques ont été rendues en vers français par La Fontaine ; le deuxième tome paraîtra en 1667.
1669 : Les Amours de Psyché et Cupidon, roman suivi de l'Adonis, imprimé pour la première fois.
1671 : Le 21 janvier, La Fontaine quitte ses charges rachetées par le Duc de Bouillon, et perd cette source de revenus. Publication du Recueil de Poésies Chrétiennes et Diverses, dédié à Monseigneur le Prince de Conti. La Fontaine a beaucoup contribué à la préparation de ce recueil janséniste achevé d'imprimer le 20 décembre 1670. Le 27 janvier, Troisième partie des Contes. Le 12 mars : Fables nouvelles et autres poésies huit fables. En janvier a été représentée la Psyché de Molière et Corneille, Quinault et Lulli, inspirée du roman de La Fontaine.
1672 : Mort de la Duchesse Douarière d'Orléans. La Fontaine perd ainsi sa dernière charge. Publication séparée de deux fables Le Soleil et les Grenouilles, Le Curé et le mort. Invasion de la Hollande. Discours de la connaissance des bêtes par P. Pardies.
1673 : C'est sans doute à partir de 1673 que Marguerite de La Sablière héberge Jean de La Fontaine. Jusqu’à ce qu'elle meure en 1693, elle pourvoira à ses besoins. Dans son hôtel, il peut rencontrer Charles Perrault, Bernier, médecin et disciple de Gassendi, qui a longuement séjourné en Inde, et bon nombre de savants tels que Roberval et Sauveur. Publication du Poème de la Captivité de Saint Malc, sujet sans doute suggéré par des amis jansénistes. Le 17 février, mort de Molière, pour qui La Fontaine rédige une épitaphe.
1674 : La protection de Madame de Montespan et de sa sœur Madame de Thianges vaut à La Fontaine la mission d'écrire un livret d'opéra sur Daphné, pour Lully, qui le refuse : d'où la satire du Florentin, restée manuscrite pendant 17 ans. Publication des Nouveaux Contes, très licencieux. Epîtres, à Turenne, membre de la famille de Bouillon, qui tient personnellement La Fontaine en amitié. En juillet, l'Art poétique de Boileau n'accorde aucune mention à la fable, ni à La Fontaine.
1675 : Interdiction de la vente des Nouveaux Contes par ordonnance de La Reynie, lieutenant de police. Le 27 juillet, Turenne est tué à la bataille de Salzbach. Bernier publie l'Abrégé de la Philosophie de Gassendi.
1676 : La Fontaine vend à son cousin Antoine Pintrel sa maison natale et achève de payer les dettes paternelles.
1677 : La Duchesse de Bouillon, protectrice de La Fontaine et son frère le Duc de Nevers cabale contre la Phèdre de Racine.
1678-1679 : Nouvelle édition des Fables choisies, dédiées à Madame de Montespan. La paix de Nimègue (août 1678) est célébrée par La Fontaine dans plusieurs pièces.
1680 : Exil à Nérac de la Duchesse de Bouillon compromise dans l'affaire des poisons. Mort de La Rochefoucauld. Mort de Fouquet à Pignerol. Conversion de Marguerite de La Sablière qui, veuve, ayant marié ses trois enfants, abandonnée par La Fare, son amant, se consacre au soin des malades et va loger rue Saint Honoré, elle installe La Fontaine près de sa nouvelle demeure.
1681 : Le 1er août, achevé d'imprimer des Épîtres de Sénèque les lettres à Lucilius traduites par Pierre Pintrel, cousin de La Fontaine qui lui-même a traduit en vers les citations poétiques et qui a fait publier l'ouvrage.
1682 : En janvier, Poème du Quinquina, dédié à la Duchesse de Bouillon, suivi de deux contes, de Galatée, et de Daphné, livrets d'opéra. Vers cette époque, La Fontaine entreprend une tragédie, Achille, restée inachevée. Naissance du Duc de Bourgogne.
1683 : Le 6 mai, première représentation à la Comédie Française, du Rendez-vous comédie de La Fontaine qui n'a aucun succès et dont le texte est perdu. Le 6 septembre, mort de Colbert. La Fontaine brigue son siège à l'Académie française, alors que Louis XIV souhaite voir élire Boileau, son historiographe. Le 15 novembre, l'Académie, en majorité hostile au satirique, propose La Fontaine par seize voix contre sept. La séance a été agitée, en raison de la colère manifestée par Toussaint Rose, secrétaire du roi. Louis XIV en prend prétexte pour refuser l'autorisation de "consommer" l'élection.
1684 : Le 17 avril, Boileau est élu à l'unanimité ; le roi accorde l'autorisation de recevoir La Fontaine. Le 2 mai, réception du fabuliste, lecture du Discours à Madame de La Sablière. La Fontaine écrit La Comparaison d'Alexandre, de César et de Monsieur le Prince de Condé, à la demande du Prince de Conti. Condé lui-même estime La Fontaine et le voit volontiers à Chantilly. Mort de Corneille.
1685 : En janvier, l'Académie exclut Furetière, coupable d'avoir obtenu par surprise un privilège pour son Dictionnaire, achevé avant celui de l'Académie. La Fontaine vote l'exclusion et subit les virulentes attaques de son ancien ami, auquel il réplique par des épigrammes. Le 28 juillet, achevé d'imprimer des Ouvrages de Prose et de Poésie des Seigneurs de Maucroix et de La Fontaine en deux volumes, dont le premier contient de nouveaux contes, et le second de nouvelles fables et d’autres pièces. Révocation de l’Edit de Nantes. Mort du Prince Louis-Armand de Conti.
1686 : Mort de Condé. Ligue d’Ausbourg. Perrault lit son poème du Siècle de Louis Le Grand, protestation de Boileau. La Querelle des Anciens et des Modernes éclate. En février, l’Epître à Huet est imprimé en plaquette à tirage restreint. En juillet, Marie-Anne, Duchesse de Bouillon, doit se réfugier en Angleterre auprès de sa sœur Hortense, amie de Saint-Evremond. Correspondance suivie de La Fontaine avec eux et quelques amis du groupe de Londres, qui comprend, entre autres, les diplomates Bonrepaux et Barrillon.
1688 : Marguerite de La Sablière se retire aux Incurables mais continue à assurer le logement de La Fontaine. Le poète devient le familier du Prince François-Louis de Conti, dans le milieu très libre du Temple des Vendôme, chez qui il retrouve Chaulieu. Il chaperonne un moment la scandaleuse Madame Ulrich. Les caractères de la Bruyère; le portrait de La Fontaine n’y entrera qu’à la 6e édition, en 1691.
1691 : Le 28 novembre, première représentation à l’Opéra d’Astrée, tragédie lyrique de La Fontaine, avec musique de Colasse, gendre de Lulli : échec complet.
1692 : En décembre, gravement malade, La Fontaine est converti par l’abbé Pouget, jeune vicaire de St Roch.
1693 : Le 12 février, il renie les Contes devant une délégation de l’Académie et reçoit le viatique. Il se rétablit néanmoins. Marguerite de La Sablière est morte en janvier, Pellisson le 7 février. Les amis d’Angleterre essaient en vain de décider La Fontaine à venir s’installer à Londres. Il devient l’hôte d’Anne d’Hervart, Maître des Requêtes au Parlement de Paris, fils de banquier et extrêmement riche, marié à Françoise de Bretonvilliers. Le 1er septembre, achevé d’imprimer des Fables choisies, portant la date de 1694, et constituant le livre XII. En octobre-novembre, remarques adressées à Maucroix sur sa traduction d’Astérius.
1694 : Naissance de Voltaire.
1695 : Le 9 février, La Fontaine est pris de faiblesse en revenant de l’Académie. Il meurt le 13 avril, chez les d’Hervart, dans l’hôtel du même nom, situé dans la rue de la Plâtrière, actuelle rue Jean-Jacques-Rousseau. En procédant à la toilette mortuaire, on trouve sur lui un cilice. La Fontaine est enterré le 14 avril au cimetière des Innocents. Par suite d’une erreur commise sur ce point par d’Olivet dans l’Histoire de l’Académie, les commissaires de la Convention exhumeront en 1792, pour leur élever un mausolée, des ossements anonymes, au cimetière du Père-Lachaise.
1696 : Œuvres posthumes, avec dédicace signée par Madame Ulrich.
1709 : Mort de Marie Héricart, veuve du poète.
1723 : Mort de Charles, fils unique du poète.

Regards sur l’œuvre

Fables de La Fontaine et Liste des Fables de La Fontaine.
Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique, et l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française.
Le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque là n’avait aucune dignité littéraire et n'était réservé qu'aux exercices scolaires de rhétorique et de latin.

Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine ou plus simplement Les Fables est une œuvre écrite entre 1668 et 1694. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un recueil de fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin. Ces fables furent écrites dans un but éducatif et étaient adressées au Dauphin.
Le premier recueil des Fables publié correspond aux livres I à VI des éditions actuelles. Il a été publié en 1668, et était dédié au dauphin. La Fontaine insiste sur ses intentions morales : je me sers d’animaux pour instruire les hommes.
Le deuxième recueil des fables correspond aux livres VII à XI des éditions modernes. Il est publié en 1678, et était dédié à Madame de Montespan, la maîtresse du roi.
Le dernier recueil publié correspond au livre XII actuel. Il est publié en 1693, mais daté de 1694. Il est dédié au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi.
Travail de réécriture des fables d’Ésope par exemple La Cigale et la Fourmi, de Phèdre, Abstémius, de Pañchatantra Pilpay, mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live les Membres et l’estomac, de lettres apocryphes d’Hippocrate Démocrite et les Abdéritains , et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.
Les Contes
Le fabuliste a éclipsé le conteur. La crispation religieuse de la fin du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes licencieux dont le défi poétique consiste à jouer de l’implicite pour ne pas nommer la sexualité, à dire sans dire, dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur. La Fontaine a mené simultanément ces deux activités, jusqu’à joindre des contes à l’ultime recueil de fables de 1693 : bien plus qu’un laboratoire de la narration enjouée des Fables, les Contes pourraient bien participer d’une même entreprise, celle d’une narration poétique sous le signe d’une gaieté sans illusions.
L’œuvre de La Fontaine offre la figure, exemplaire, d’une sagesse désabusée : elle choisit, comme le Démocrite de la fable Démocrite et les Abdéritains, la retraite méditative plutôt que la vie de la cité d’Abdère soumise aux pensers du vulgaire, et, face à la violence forcenée du réel elle préfère, contre l’Héraclite de l’Histoire, le rire plutôt que les pleurs.
Quelques vers de Jean de La Fontaine devenus proverbes
Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Le Corbeau et le Renard
La raison du plus fort est toujours la meilleure. Le Loup et l’Agneau
Si ce n’est toi, c'est donc ton frère. Le Loup et l’Agneau,
Plutôt souffrir que mourir, c’est la devise des hommes. La Mort et le Bûcheron
Garde toi, tant que tu vivras, de juger les gens sur la mine. Le Cochet, le Chat et le Souriceau
Je plie et ne romps pas. Le Chêne et le Roseau
Il faut autant qu’on peut obliger tout le monde : On a souvent besoin d’un plus petit que soi. Le Lion et le Rat
Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Le Lion et le Rat
Est bien fou du cerveau qui prétend contenter tout le monde et son père. Le Meunier, son Fils et l’Âne
Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. Le Renard et les Raisins
La méfiance est mère de la sûreté. Le Chat et un vieux Rat
Petit poisson deviendra grand. Le Petit Poisson et le Pêcheur
Un tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras. Le Petit Poisson et le Pêcheur
Le travail est un trésor. Le Laboureur et ses Enfants
Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. Le Lièvre et la Tortue
Aide-toi, le Ciel t’aidera. Le Chartier embourbé
Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. Les Animaux malades de la peste
Tel est pris qui croyait prendre. Le Rat et l'Huître
Amour, Amour, quand tu nous tiens / On peut bien dire: Adieu prudence. Le Lion amoureux
Mais les ouvrages les plus courts sont toujours les meilleurs… Discours à M. le duc de La Rochefoucauld
Que de tout inconnu le sage se méfie. Le Renard, le Loup et le Cheval
Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours / Qu’on ne l’ait mis par terre L'Ours et les deux Compagnons
Qu’on me rende impotent, cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu’en somme je vive, c’est assez, je suis plus que content. "Ne viens jamais, ô Mort; on t’en dit tout autant." La Mort et Le Malheureux
Les délicats sont malheureux : rien ne sauroit les satisfaire. Contre Ceux Qui On Le Goût Difficile
Si Dieu m’avait fait naître propre à tirer marrons du feu, certes marrons verraient beau jeu. Le Singe et le Chat

Œuvres

L’Eunuque 1654
Adonis 1658, publié en 1669
Les Rieurs du Beau-Richard 1659
Élégie aux nymphes de Vaux 1660
Ode au roi 1663
Contes 1665, 1666, 1671, 1674
Fables 1668, 1678, 1693
Les Amours de Psyché et de Cupidon 1669
Recueil de poésies chrétiennes et diverses 1671
Poème de la captivité de saint Malc 1673
Daphné 1674
Poème du Quinquina 1682
Ouvrages de prose et de poésie 1685
Astrée 1691

Iconographie, filmographie

1953 fresque peinte dans l'école maternelle Bel Air à Saint-Servan, aujourd'hui Saint-Malo, par l'artiste peintre Geoffroy Dauvergne,(1922-1977) partiellement recouverte de toile de verre.
2007 : Jean de la Fontaine, le défi, réalisé par Daniel Vigne.
Galerie
Statue de Jean-Louis Jaley au Louvre à Paris
La cigale et la fourmi, par Gustave Doré
Grandville : Le loup et le chien
La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf 1936
Le lièvre et la tortue 1936
Le loup devenu berger
Statue de Pierre Julien au musée du Louvre à Paris
Statue de Charles-René Laitié à Château-Thierry

Liens

http://youtu.be/aXyIHlFZvHo Les fables de La fontaine avec F. Luchini
http://youtu.be/Qs3OcybtqiI Variations sur La fontaine par F. Luchini
http://youtu.be/IYtHBvELXlM Deux amis
http://youtu.be/S_PUFlB4t78 Les animaux malades de la peste
http://youtu.be/GVRUUZFMa_4 Paroles de Socrate de La Fontaine
Le corbeau et le renard (Rap)
http://youtu.be/XENxfCkMCEA La cigale et la fourmi Pierre Péchin
http://youtu.be/L3TNJHjYpTU Fables de La Fontaine par Pierre Repp
http://youtu.be/y-N8Rc4dy9k Le lièvre et la tortue par Pit et Rik
http://youtu.be/9ss1wTbq7ds Le rat des villes et le rat des champs Pit et Rik
http://youtu.be/xpJF_PDsK-o La cigale et la fourmi Pit et Rik
http://youtu.be/yEdW_-aq8Sw Le corbeau et le renard et Pit et Rik
http://youtu.be/-gScHT2fzhM Le renard et la cigogne Pit et Rik


Attacher un fichier:



jpg  JEAN_DE_LA_FONTAINE.jpg (9.49 KB)
3_53498bc6d6824.jpg 302X368 px

jpg  jean-de-la-fontaine.jpg (118.70 KB)
3_53498bf04485e.jpg 621X660 px

jpg  jean_de_la_fontaine.jpg (53.54 KB)
3_53498c032e93c.jpg 640X768 px

jpg  lafontaine.jpg (10.60 KB)
3_53498c268978f.jpg 230X296 px

jpg  JEAN-DE-LA-FONTAINE.jpg (95.84 KB)
3_53498c3bdbfd6.jpg 600X602 px

jpg  1004051-Jean_de_La_Fontaine.jpg (28.03 KB)
3_53498c49082b7.jpg 305X400 px

jpg  portrait_de_jean_de_la_fontaine_carte-r98576ac03c2743de979a3c9710b81c0e_xvuat_8byvr_512.jpg (49.49 KB)
3_53498c56bab94.jpg 512X512 px

jpg  Jean_de_la_Fontaine.jpg (65.38 KB)
3_53498c69654d5.jpg 428X512 px

jpg  14.jpg (95.76 KB)
3_53498c768f236.jpg 620X340 px

jpg  timbre-jean-de-la-fontaine.jpg (45.06 KB)
3_53498c82c8daf.jpg 315X483 px

jpg  la-fontaine-1.jpg (13.29 KB)
3_53498c8e11deb.jpg 250X250 px

jpg  lzode2nk.jpg (17.51 KB)
3_53498c995f9ef.jpg 470X651 px

jpg  9782849492192_cg.jpg (82.47 KB)
3_53498ca658248.jpg 576X800 px

jpg  51Ho6j3bpsL._SY300_.jpg (16.62 KB)
3_53498cb59b593.jpg 300X300 px

jpg  21dpgnd.jpg (100.68 KB)
3_53498cc597bf4.jpg 743X585 px

jpg  la-cigale-et-la-fourmi.jpg (67.45 KB)
3_53498cd2bb7bf.jpg 817X520 px

gif  9782733808405FS.gif (104.52 KB)
3_53498cdedfb71.gif 358X475 px

jpg  Affixhe_Expo_Collinet.jpg (94.45 KB)
3_53498cec28b4c.jpg 401X567 px

jpg  00078879.jpg (39.68 KB)
3_53498cf5f3785.jpg 550X382 px

jpg  1313080-Jean_de_La_Fontaine_la_Cigale_et_la_Fourmi.jpg (123.02 KB)
3_53498d0400a2e.jpg 550X369 px

jpg  2840494221.01.LZZZZZZZ.jpg (34.65 KB)
3_53498d0faf0e5.jpg 332X475 px

jpg  $(KGrHqNHJC8E922V2wBmBPgvNUgFQw~~60_12.JPG (39.09 KB)
3_53498d401acac.jpg 500X330 px

jpg  conseil_tenu_par_les_rats.jpg (66.23 KB)
3_53498d4dedcfb.jpg 817X520 px

jpg  la-poule-aux-oeufs-d-or-de-jean-de-la-fontaine-885227976_ML.jpg (14.98 KB)
3_53498d5968ddf.jpg 270X270 px

jpg  rencig.jpg (84.78 KB)
3_53498d67167a4.jpg 350X450 px

Posté le : 12/04/2014 21:01
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Jean-Marc Reiser
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57775
Hors Ligne
Le 13 Avril 1941 naît à Réhon en Meurthe et Moselle Jean-Marc Reiser,

qui a signé à ses débuts Jean-Marc Roussillon et mort à Paris, le 5 novembre 1983 des suites d'un cancer des os, auteur de bande dessinée français connu pour ses planches à l'humour féroce.

Après avoir commencé dans la vie comme livreur chez le caviste Nicolas durant quatre ans, Reiser commence en 1958 une carrière de dessinateur en publiant dans différentes revues mineures, telles que Blagues pseudo JIEM et La Gazette de Nectar pseudo J-M Roussillon - journal interne à la maison Nicolas. Après une vaine tentative pour se faire accepter dans l'équipe des dessinateurs d'Ici Paris, Jean-Marc Reiser entre comme coursier chez Nicolas. Cet emploi lui vaut de voir certains de ses dessins publiés dans Le Courrier du nectar sous le nom de Jiem. Ce fait n'est extraordinaire qu'en apparence, car la maison Nicolas est connue pour avoir fait appel depuis longtemps à des gens de talent, dont certains ont marqué l'histoire du graphisme : Paul Iribe, Cassandre, Charles Loupot...
Introduit par le dessinateur Fred auprès de Cavanna, il s'intègre en 1960 à l'équipe de Hara-Kiri, journal bête et méchant , qui est déjà très pourvue en talents virulents : fondé par Cavanna, Georges Bernier Professeur Choron et Fred Fred Othon Aristidès, magazine qui deviendra l'un des fleurons de la culture underground des années 1970.
Le journal Hara-Kiri est interdit en 1966.

Après l'interdiction d'Hara-Kiri Hebdo en 1970, en raison de l'annonce irrespectueuse du décès du général de Gaulle le fameux Bal tragique à Colombey : un mort, amalgame iconoclaste de la mort du général et de l’incendie d’un dancing en Isère où périrent 146 personnes, il collabore naturellement dès le premier numéro à Charlie Hebdo qui lui succède. Tout au long de sa carrière, Reiser a également publié dans La Gueule ouverte il s'intéresse de très près à l'écologie, particulièrement à l'énergie solaire, BD, Charlie Mensuel, Métal hurlant, L'Écho des savanes ce dernier avec la collaboration de Coluche.

Reiser rejoint alors Pilote dirigé par le scénariste d'Astérix, de Lucky Luke et d'Iznogoud, René Goscinny, et où son ami Cabu remporte un succès populaire avec la série Le Grand Duduche, où il collabore avec Gotlib, Alexis, Mézières, Mandryka, etc.
En mai 68, il dessine dans Action, avec Siné et Wolinski.Cabu, Gébé, Wolinski... Ses premiers dessins rappellent la manière de Bosc : visages identiques au long nez, dupliqués à l'infini, situations absurdes. Dans l'ensemble, l'humour est encore de type anglo-saxon. Il parvient à publier sans trop de difficultés des dessins dans Planète et dans des magazines comme Noir et blanc, Week-End, Le Journal du dimanche.
Mais il lui faut bientôt choisir entre ces deux équipes, et il décide de revenir à celle de Hara-Kiri qui a repris sa parution. Épris d'écologie, il collabore également à La Gueule ouverte 1972 en tenant une rubrique sur l'énergie solaire.
À partir de 1968, il va créer un genre bien à part lié à un esprit qui ne l'est pas moins. Son trait devient heurté, irrégulier, très adapté à une intention délibérée de déranger le lecteur.
Ce qui rend Reiser inacceptable, à un moment ou à un autre, à toute personne même la plus avertie, c'est qu'il s'attaque, entre autres choses, aux conceptions hygiénistes de la société, conceptions qui font quasiment l'unanimité. Reiser met en scène des personnages qui sont sales, obsédés sexuels, scatologiques, non pour la seule satisfaction de scandaliser, mais pour réveiller en nous cette zone où demeure encore le refus d'entrer dans le monde des adultes.
C'est de cet endroit qu'il canarde tous les acquis, qu'il fait aussi la démonstration de leur fragilité. Son trait est le symptôme direct de ce refus : il fait des saletés, lutte contre l'obligation même de s'exprimer. En fait, s'il rejette ce monde adulte, c'est parce qu'il voit sous les apparences de la propreté, du bon goût, du contrôle un lent acheminement vers la dégradation et la mort. Il s'agit donc bien d'un exercice graphique désespéré.

Par la suite, il donnera chaque semaine, jusqu'à sa mort, une planche au Nouvel Observateur qui prépublia un de ses récits les plus caractéristiques, Gros Dégueulasse) et collaborera régulièrement à Hara-Kiri et à Charlie Hebdo. Il fut même engagé par Le Monde pour tenir pendant l'été de 1978 une « chronique de vacances ». Ce fut La Famille Oboulot, série ravageuse qui scandalisa plus d'un lecteur, et que le journal dut suspendre brutalement.

Quelle que soit l'opinion que chacun peut avoir sur la vision de Reiser, il est une qualité qui ne peut lui être contestée : son sens de la narration. En quelques images, il sait exposer et résoudre une histoire avec le maximum d'efficacité. Pour peu qu'il ne se laisse pas rebuter par la première image, le « lecteur » qui s'engage dans l'une de ses histoires ne peut qu'être emporté, même à son corps défendant, par la théâtralité des situations, le caractère percutant des répliques et la pertinence de la chute.

Son œuvre est considérable. On retiendra ses personnages : Gros Dégueulasse, Jeanine… Ses dessins ont été rassemblés dans de nombreux recueils : Ils sont moches, La Famille Oboulot aux vacances, Les Oreilles rouges, La Vie au grand air, Vive les femmes, La Vie des bêtes etc. La série des Sales Blagues publiée dans L'Écho des Savanes, poursuivie par Vuillemin, continue d'attirer un grand nombre de lecteurs.

Parmi les principales caractéristiques de son style, on peut retenir :
Son habitude de parler des gens ordinaires, de leur vie de tous les jours. Il a très rarement dessiné les hommes politiques de son époque, alors qu'il travaille pour un hebdomadaire satirique ;
La simplicité de son dessin. Reiser va toujours à l'essentiel. Son but : faire rire ;
Son humour, très cru pour l'époque, et souvent d'un mauvais goût assumé.
Il est allé au cimetière à pied il est enterré au cimetière du Montparnasse, pour reprendre le titre du numéro spécial d'Hara-Kiri à sa mort qui reprenait un de ses dessins, réalisé initialement pour Franco. Lors de son enterrement, l'équipe d'Hara-Kiri avait déposé une gerbe sur laquelle on pouvait lire : De la part de Hara Kiri, en vente partout .

La tombe de Reiser, d'une forme peu conventionnelle, a été brocardée par Pierre Desproges qui vouait une véritable admiration pour Reiser dans l'un de ses sketches.

Elle présente en fait le profil d'une aile car Reiser était un passionné d’aviation il est l’un des pionniers du vol libre français à travers l’expérimentation des ailes delta. Il croque les travers de ce milieu avec le trait féroce qui caractérise son œuvre : la crise de l’industrie aéronautique française et de l’aéropostale, les difficultés de Concorde, les grèves des pilotes d’Air France, les détournements d’avion, le choc pétrolier... Une exposition au musée de l'air a dévoilé ce côté méconnu de Reiser.

Il a été l'époux de Michèle Reiser, réalisatrice de télévision et membre du CSA, auteur des livres Dans le creux de la main, Jusqu'au bout du festin.

Œuvres

Publications dans des périodiques

Histoires courtes et illustrations dans Hara-Kiri, 1960-1982.
Histoires courtes scénario, avec divers dessinateurs, dans Pilote, 1966-19702.
Actualités, dans Pilote, 1967-1972.
L'Histoire de France en 80 gags scénario, avec Pouzet dessin, dans Pilote, 1967-1969.
Gribouillons scénario, avec Alain Dubouillon dessin, dans Tintin, 1967-1969.
Gazoual scénario, avec Alain Dubouillon dessin, dans Record, 1967-1969.
Histoires courtes et illustrations dans Hara-Kiri Hebdo, 1969-1970.
Histoires courtes dans Charlie Mensuel, 1969-1970.
Mon papa, dans Charlie Mensuel, 1969-1970.
La Vie au grand air, dans Charlie Mensuel, 1970-1979.
Histoires courtes et illustrations dans Charlie Hebdo, 1970-1981.
Gros Dégueulasse, dans BD, 1977-1978.
Les Sales Blagues de Coluche et Reiser, avec Coluche scénario, dans L'Écho des savanes, 1982-1983.
Histoires courtes dans L'Écho des savanes, 1982-1984.

Albums et recueils

L'Histoire de France en 100 gags scénario, avec Pouzet dessin, Dargaud, 1969. Réédition sous le titre 1515 connais pas !, 1984.
Ils sont moches, Éditions du Square, coll. Série bête et méchante , 1970.
Mon Papa, Éditions du Square, coll. Série bête et méchante, 1971.
Je vous aime, Euréditions, 1971.
La Vie au grand air :
La Vie au grand air, Éditions du Square, coll. Série bête et méchante , 1972.
La Vie au grand air 2, Albin Michel, 1996.
La Vie au grand air 3, Albin Michel, 1997.
La vie des bêtes, Éditions du Square, coll. Série bête et méchante , 1974.
On vit une époque formidable, 1976.
Vive les femmes, Éditions du Square, 1978.
Vive les vacances, Éditions du Square, 1979.
Phantasmes, Éditions du Square, 1980.
Les Copines, Albin Michel, 1981.
Gros Dégueulasse, Albin Michel, 1982.
Fous d'amour, Albin Michel, 1984.
La Saison des amours, Albin Michel, 1986 . Repris dans La vie au grand air 2 et 3.
Jeanine, Albin Michel, 1987.
La Famille Oboulot en vacances, Albin Michel, 1989.
Y'en aura pour tout le monde dessin, avec Coluche scénario, Albin Michel, 1989.
Les Oreilles rouges, Albin Michel, 1992.
Tam tam, Albin Michel, 1993. Repris dans La vie au grand air 2 et 3.
Les années Reiser préf. Delfeil de Ton, Albin Michel :
On est passé à côté du bonheur, 1994. Année 1974.
Sont pas plus fort que nous, 1995. Année 1975.
À bas tout !, 1996. Année 1976.
Votez printemps !, 1996. Année 1977.
C'est beau une femme !, 1996. Année 1978.
Plage privée, 1997. Année 1979.
La ruée vers rien, 1998. Année 1980.
L'année des handicapés, 1999. Année 1981.
Vive le soleil, 2001. Années 1982 et 1983.
Dessins cochons, Albin Michel, 1998.
Ça va être ta fête, Albin Michel, 2003.
Reiser à la une, Glénat, coll. Humour , 2008. Sélection de couvertures pour l'Hebdo Hara Kiri et Charlie Hebdo.
Reiser. L'écologie, Glénat, 2010. Recueil thématique de planches écologistes.
Reiser. Les années Pilote préf. Jean-Marc Parisis, Dargaud, 2011. Planches publiées en 1967-1972.

Illustration de disque

La Grande Bouffe BOF du film - 45T, 1973
Vive les femmes ! BOF du film - 45T, 1984
Gros Dégueulasse BOF du film - 45T, 1985

Ouvrages collectifs

Les Meilleures couvertures de Charlie Hebdo, Alain Moreau, 1978.
1407 couvertures auxquelles vous avez échappé(es) de Charlie Hebdo, Alain Moreau, 1978.
Mai 68, Michel Lafon, 2008.

Tirages limités


En avant pour une vie de bonheur. Reiser, 1987. Tirage limité à 500 exemplaires, pour l'inauguration du lycée professionnel Reiser de Longlaville (Meurthe-et-Moselle).

Récompenses

1974 : Prix Saint-Michel du Meilleur auteur étranger à Bruxelles pour l'album La Vie au Grand Air
1978 : Grand prix de la ville d'Angoulême

Hommages

Le lycée professionnel de Longlaville Meurthe-et-Moselle porte son nom depuis 1987 : le lycée Reiser. Lors de son inauguration, étaient présents sa mère, sa femme, ainsi que Georges Wolinski et Gébé.
Pour le vingtième anniversaire de son décès, en 2003, plusieurs dessinateurs lui rendent hommage dans l'album Reiser forever, dirigé et préfacé par Jean-Marc Parisis, aux éditions Denoël Graphic. Parmi eux : Marjane Satrapi, Julie Doucet, Baru, Florence Cestac, Joann Sfar, Cabu, Emmanuel Guibert, René Pétillon et Edmond Baudoin.
Notes et références

Liens
http://youtu.be/AcxBLAfychg Reportage sur Reiser
http://youtu.be/pDSE-XJCG-4 Réquisitoire / Reiser par Desproges
http://youtu.be/V2vVG0nvW3w L'humour de Reiser
http://youtu.be/mts5xuTyRKw Couvertures de Hara Kiri
http://youtu.be/K9-JsHIylq4 Le gros dégueulasse film
http://youtu.be/y3zrbGT4Ln0 La maison de JM. Reiser
http://youtu.be/Xn09e9jYLUw La mort de JM. Reiser

Attacher un fichier:



jpg  Reiser_op_struct.jpg (220.84 KB)
3_534987b41e8ff.jpg 640X708 px

gif  arbres-reiser.gif (109.23 KB)
3_534987c4bf008.gif 2290X1527 px

jpg  reiser-vive-les-femmes_957703-L.jpg (42.99 KB)
3_534987cfcebd7.jpg 550X611 px

jpg  reiser_1982.jpg (52.65 KB)
3_534987db475a7.jpg 389X425 px

jpg  reiser (1).jpg (273.34 KB)
3_534988005072c.jpg 945X597 px

jpg  PHO66015f58-4796-11e3-bbfa-0516bded9d7a-805x453.jpg (70.50 KB)
3_534988128cc94.jpg 805X453 px

jpg  reiser_charlie.jpg (31.98 KB)
3_53498828a37a8.jpg 435X241 px

jpg  430_001.jpg (220.91 KB)
3_5349883eb931a.jpg 1020X1403 px

jpg  reiser-unes.jpg (17.49 KB)
3_5349884f4c5c0.jpg 200X268 px

jpg  9782226145734_pg.jpg (63.89 KB)
3_5349885e8265a.jpg 600X777 px

jpg  reiser (2).jpg (222.14 KB)
3_5349889a2f2ac.jpg 525X650 px

jpg  reiser-lecologie.jpg (57.82 KB)
3_534988aa60c9c.jpg 440X440 px

jpg  REISER.jpg (29.81 KB)
3_534988b9ed796.jpg 600X628 px

jpg  Reiser-2013.jpg (37.49 KB)
3_534988c70defc.jpg 331X417 px

jpg  1er mai reiser.JPG (218.19 KB)
3_534988d591d9e.jpg 433X521 px

jpg  9782723477109_cg.jpg (73.52 KB)
3_534988e5ab0cf.jpg 600X795 px

jpg  3d-reiser-_zoom__.jpg (79.21 KB)
3_534988f27725b.jpg 614X600 px

jpg  blog-reiser-bunker-500.jpg (38.68 KB)
3_53498909e9ddd.jpg 400X253 px

jpg  anarchie_reiser2.jpg (22.60 KB)
3_534989160c48c.jpg 334X400 px

jpg  Communication_Reiser.jpg (28.21 KB)
3_53498920a05ba.jpg 177X210 px

Posté le : 12/04/2014 20:42
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Vladimir Cosma
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57775
Hors Ligne
Le 13 avril 1940 à Bucarest Roumanie naît Vladimir Cosma

compositeur, violoniste et chef d'orchestre roumain. Musiques de films notables "Le Grand Blond avec une chaussure noire", "Les Aventures de Rabbi Jacob", "La Boum", "La Chèvre", "L'As des as", "La Gloire de mon père", "Diva"

Sa vie

Vladimir Cosma est né à Bucarest dans une famille de musiciens. Son père, Teodor Cosma est pianiste et chef d’orchestre, sa mère, Carola, musicienne et championne d'Europe et de Roumanie de natation, son oncle, Edgar Cosma, compositeur et chef d’orchestre et une de ses grand-mères, pianiste élève de Ferruccio Busoni.
Après des premiers prix de violon et de composition au conservatoire National de Bucarest, il arrive à Paris, en 1963 et poursuit ses études au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et travaille avec Nadia Boulanger. En plus de la musique dite classique, il se passionne très tôt pour le jazz, la musique de films et toutes formes de musique populaire.
À partir de 1964, il effectue de nombreuses tournées à travers le monde comme violoniste concertiste et se consacre de plus en plus à la composition. Il écrit différentes œuvres dont : Trois mouvements d’été pour orchestre symphonique, Oblique pour violoncelle et orchestre à cordes, des musiques de scène et de ballet, Volpone pour la Comédie-Française, Fantômas....

Musiques de films

En 1968, Yves Robert lui confie sa première musique de film pour Alexandre le Bienheureux, en remplacement de Michel Legrand, trop occupé.
Vladimir Cosma, depuis, a composé plus de trois cents partitions pour des films de longs métrages cinéma et séries télévisées.
On lui doit au cinéma de très nombreux succès parmi lesquels : Le Grand Blond avec une chaussure noire, Diva, Les Aventures de Rabbi Jacob, La Boum, le Bal, L'As des as, La Chèvre, Les Fugitifs, Les Zozos, Pleure pas la bouche pleine, Dupont Lajoie, Un éléphant ça trompe énormément, La Dérobade, Le père Noël est une ordure, L'Étudiante, La Gloire de mon père, Le Château de ma mère, Le Dîner de cons…
Il collabore notamment avec Yves Robert, Gérard Oury, Francis Veber, Claude Pinoteau, Jean-Jacques Beineix, Claude Zidi, Ettore Scola, Pascal Thomas, Pierre Richard, Yves Boisset, André Cayatte, Jean-Pierre Mocky, Édouard Molinaro et Jean-Marie Poiré
Vladimir Cosma s’est également illustré dans d’importantes productions télévisuelles françaises et américaines : Michel Strogoff, L'Enlèvement de David Balfour, Kidnapped, L'Amour en héritage, Mistral’s Daughter, Châteauvallon, Les Mystères de Paris, Les Cœurs brûlés…

Autres créations

La musique de film lui permet d’aborder et d’approfondir différentes tendances musicales : le jazz avec des œuvres écrites pour des grands solistes comme Chet Baker, Toots Thielemans, Don Byas, Stéphane Grappelli, Jean-Luc Ponty, Philip Catherine, Tony Coe, Pepper Adams, la chanson, pour Nana Mouskouri, Marie Laforêt, Richard Sanderson, Diane Dufresne, Herbert Léonard, Mireille Mathieu, Nicole Croisille, Lara Fabian, Guy Marchand…, des œuvres d’inspiration folklorique pour Gheorghe Zamfir, Stanciu Simion Syrinx, flûte de pan, Liam O'Flynn, uilleann pipes, Romane, guitare, ainsi que de formes classiques, Concerto de Berlin pour violon et orchestre, Concerto pour euphonium et orchestre, Concerto ibérique pour trompette et orchestre, Courts-métrages pour quintette de cuivres….
En 2006, il a dirigé, en création mondiale, son œuvre Eh bien ! dansez maintenant, divertissement pour narrateur et orchestre symphonique d’après les Fables de Jean de La Fontaine, lors d’un concert donné au Victoria Hall à Genève, avec l’Orchestre de la Suisse romande et Lambert Wilson comme récitant. C’est à la tête de l’Orchestre national de France qu’il reprend cette œuvre en décembre 2010, en création parisienne au théâtre des Champs-Élysées, avec la participation d’Éric Génovèse, sociétaire de la Comédie-Française.
Vladimir Cosma a écrit l’opéra Marius et Fanny, d’après la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol dont la création a eu lieu en septembre 2007 à l’Opéra de Marseille, avec Roberto Alagna et Angela Gheorghiu dans les rôles-titres ainsi que Jean-Philippe Lafont dans le rôle de César. Ces représentations ont fait l’objet d’une captation diffusée plusieurs fois à la télévision sur les chaînes Arte et France 3.

En 2008, il a composé la comédie musicale Les Aventures de Rabbi Jacob, créée au Palais des congrès de Paris, avec Éric Métayer et Marianne James.
Le 6 juin 2009, Vladimir Cosma dirige en création mondiale dans l'église Sainte-Madeleine de Béziers, la cantate 1209 pour soprano, récitant, chœurs d’enfants et orchestre qu’il a écrite à l’occasion du huitième centenaire du Sac de Béziers, sur un livret de Marc Henric. Elle est interprétée par les Petits Chanteurs de la Trinité, la maitrise de la cathédrale de Béziers, Pueri Cantores, l'orchestre Baeterra, la soprano Ulrike Van Cotthem et le comédien Dominique Lautré. Cette œuvre fait référence au massacre de milliers d'habitants à Béziers en 1209, lors de la croisade des Albigeois.
Parallèlement, il se consacre à la direction d’orchestre et à la réécriture de ses musiques de films dans le but de leur exécution en dehors des salles de cinéma et plus particulièrement pour des concerts symphoniques. Il donne, entre autres, en 2003 un concert à Genève avec l’Orchestre de la Suisse romande, une série de concerts en 2003 avec l’Orchestre national de Lyon, trois concerts en 2005 à Paris au Grand Rex et un concert exceptionnel en 2010 avec l’Orchestre national de l’Ile-de-France au théâtre du Châtelet à Paris.
Il se produit également dans de nombreux pays avec de grands orchestres symphoniques et des solistes prestigieux tels que Ivry Gitlis, Vadim Repin, Wilhelmenia Fernandez, Patrice Fontanarosa, Jean-Luc Ponty, Didier Lockwood, Stanciu Simion Syrinx, Philip Catherine… Un livre d’entretiens avec Vincent Perrot intitulé Vladimir Cosma comme au cinéma est paru en 2009 aux éditions Hors-Collection, ainsi qu'une anthologie phonographique de ses musiques de films regroupant 91 bandes originales intégrales en deux volumes en 2011.
Deux soirées lui ont été consacrées par France 3 en 2010, qui a diffusé son concert au théâtre du Châtelet et un film documentaire intitulé Vladimir Cosma intime. Les 23 et 24 mars 2013, il donne deux concerts au Grand Rex, qui reprennent quelques unes de ses musiques de films les plus connues, avec la participation de la chanteuse Nolwenn Leroy. Un extrait de 1209 y est également chanté.

Distinctions

Vladimir Cosma a reçu deux Césars de la meilleure musique de films pour Diva en 1982 et Le Bal en 1984, deux 7 d'or de la meilleure musique télévisée, ainsi que divers prix et distinctions en France et à l’étranger.
Il a également obtenu de nombreux disques d’or et de Platine à travers le monde, France, Allemagne, Japon, Angleterre, Suisse, Belgique, Italie, Hollande, Scandinavie….
Vladimir Cosma est chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur, commandeur des Arts et des Lettres et Grand officier du Mérite culturel roumain.

Œuvres, Cinéma

Années 1960
1965 : Tendre Voyou de Jean Becker – arrangements et direction d’orchestre musique de Michel Legrand
1965 : Moi et les hommes de quarante ans de Jack Pinoteau – arrangements et direction d’orchestre musique de Claude Bolling
1965 : Monnaie de singe d'Yves Robert – arrangements et direction d’orchestre musique de Michel Legrand
1966 : Le Plus Vieux Métier du monde, film à sketches de Jean-Luc Godard, Claude Autant-Lara, Philippe de Broca... – musique de Michel Legrand et Vladimir Cosma
1966 : Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy – arrangements et direction d’orchestre musique de Michel Legrand
1967 : But, court métrage de Dominique Delouche
1967 : Du mou dans la gâchette de Louis Grospierre – arrangements
1967 : L'Homme à la Buick de Gilles Grangier – arrangements
1968 : Alexandre le bienheureux d'Yves Robert
1968 : Maldonne de Sergio Gobbi
1968 : Les Prisonniers de la liberté ou Aserei Hahofesh de Yona Zaretsky
1968 : Sayarim de Micha Shagrir, Musique d'Alexander Argov – arrangements et direction d’orchestre
1968 : Pour un amour lointain d’Edmond Séchan - arrangements et direction d’orchestre
1969 : Clérambard d'Yves Robert
1969 : Appelez-moi Mathilde de Pierre Mondy – arrangements et direction d’orchestre musique de Michel Legrand

Années 1970

1970 : Le Distrait de Pierre Richard
1970 : Teresa de Gérard Vergez
1970 : Caïn de nulle part de Daniel Daert
1970 : Le Voyageur de Daniel Daert
1971 : Les Malheurs d'Alfred ou Après la pluie le beau temps de Pierre Richard
1972 : Le Grand Blond avec une chaussure noire d'Yves Robert
1972 : Les Zozos de Pascal Thomas
1972 : Les Félines de Daniel Daert
1972 : Les Dernières Heures d'une vierge de Tadeus Matuchewsky – sous le pseudonyme de Richard Eldwyn
1972 : Le Journal intime d'une nymphomane de Jésus Franco
1972 : Neither by Day Nor by Night ou Lo B’Yom V’Lo B’Layla de Steven Hilliard Stern
1972 : De sang-froid d'Abder Isker
1973 : L’Affaire Crazy Capo de Patrick Jamain
1973 : Pleure pas la bouche pleine de Pascal Thomas
1973 : La Dernière Bourrée à Paris de Raoul André
1973 : Les grands sentiments font les bons gueuletons de Michel Berny
1973 : Salut l'artiste d'Yves Robert
1973 : La Raison du plus fou de François Reichenbach avec Raymond Devos
1973 : Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury
1973 : Les Infidèles de Christian Lara – sous le pseudonyme de Richard Eldwyn
1973 : Le Dingue de Daniel Daert
1973 : La Couture française, court métrage de Pierre Unia
1974 : La Rivale de Sergio Gobbi
1974 : Le Chaud Lapin ou le Confident malgré lui de Pascal Thomas
1974 : La moutarde me monte au nez de Claude Zidi
1974 : La Gueule de l'emploi de Jacques Rouland
1974 : Le Retour du Grand Blond d'Yves Robert
1974 : La Virée superbe de Gérard Vergez
1974 : Les Filles de Malemort ou Le Carnaval de Malemort de Daniel Daert
1975 : Dupont Lajoie d'Yves Boisset
1975 : La Course à l'échalote de Claude Zidi
1975 : Catherine et Cie de Michel Boisrond
1975 : Le Faux-cul de Roger Hanin – sous le pseudonyme de Richard Eldwyn
1975 : Le Téléphone rose d'Édouard Molinaro
1976 : Les Œufs brouillés de Joël Santoni
1976 : La Surprise du chef de Pascal Thomas
1976 : Le Jouet de Francis Veber
1976 : Un éléphant ça trompe énormément d'Yves Robert
1976 : Dracula père et fils d’Édouard Molinaro
1976 : L'Aile ou la Cuisse de Claude Zidi
1976 : À chacun son enfer ou Autopsie d’un monstre d'André Cayatte
1976 : Silence… on tourne de Roger Coggio
1977 : Le Chien de monsieur Michel, court métrage de Jean-Jacques Beineix
1977 : Nous irons tous au paradis d'Yves Robert
1977 : Un oursin dans la poche de Pascal Thomas
1977 : L'Animal de Claude Zidi
1977 : Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine de Coluche et Marc Monnet – sous le pseudonyme de Jeff Jordan
1978 : La Zizanie de Claude Zidi
1978 : La Raison d'État d'André Cayatte
1978 : Je suis timide mais je me soigne de Pierre Richard
1978 : Cause toujours... tu m'intéresses ! d'Édouard Molinaro
1978 : Confidences pour confidences de Pascal Thomas
1978 : Plein les poches pour pas un rond de Daniel Daert – sous le pseudonyme de Miroslav Cadim4
1979 : La Dérobade de Daniel Duval
1979 : Courage fuyons d'Yves Robert
1979 : C'est pas moi, c'est lui de Pierre Richard
1979 : Ils sont grands, ces petits de Joël Santoni
1979 : Duos sur canapé, de Marc Camoletti

Années 1980

1980 : La Femme enfant ou L’Ombre du loup de Raphaële Billetdoux
1980 : Inspecteur la Bavure de Claude Zidi
1980 : Diva de Jean-Jacques Beineix – César de la meilleure musique originale
1980 : Le Bar du téléphone de Claude Barrois
1980 : La Boum de Claude Pinoteau
1980 : Celles qu'on n'a pas eues de Pascal Thomas
1980 : Le Coup du parapluie de Gérard Oury
1980 : Laat de dokter maar schuiven de Nikolai van der Heyde
1980 : L’Antichambre, court métrage de Michel Bienvenu
1981 : Les Sous-doués en vacances de Claude Zidi
1981 : Une affaire d'hommes de Nicolas Ribowski
1981 : Pourquoi pas nous ? de Michel Berny
1981 : La Chèvre de Francis Veber
1981 : L'Année prochaine... si tout va bien de Jean-Loup Hubert
1982 : Jamais avant le mariage de Daniel Ceccaldi
1982 : Le père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré
1982 : La Boum 2 de Claude Pinoteau
1982 : Tout le monde peut se tromper de Jean Couturier
1982 : L'As des as de Gérard Oury
1983 : Le Bal d'Ettore Scola – César de la meilleure musique originale
1983 : Le Prix du danger d'Yves Boisset
1983 : Banzaï de Claude Zidi
1983 : Les Compères de Francis Veber
1983 : P'tit Con de Gérard Lauzier
1983 : L’Étincelle de Michel Lang
1983 : Retenez-moi... ou je fais un malheur ! de Michel Gérard
1984 : La Septième Cible de Claude Pinoteau
1984 : Just the Way You Are d’Édouard Molinaro
1984 : Le Jumeau d'Yves Robert
1984 : La Tête dans le sac de Gérard Lauzier
1985 : Les Rois du gag de Claude Zidi
1985 : Astérix et la Surprise de César de Pierre et Gaëtan Brizzi
1985 : Le Gaffeur de Serge Pénard
1985 : Drôle de samedi de Bay Okan
1985 : La Galette du roi de Jean-Michel Ribes
1986 : Mort un dimanche de pluie de Joël Santoni
1986 : Les Fugitifs de Francis Veber
1986 : Astérix chez les Bretons de Pino Van Lamsweerde
1986 : Lévy et Goliath de Gérard Oury
1987 : Le Moustachu de Dominique Chaussois
1987 : Cœurs croisés de Stéphanie de Mareuil
1987 : Promis…juré ! de Jacques Monnet
1987 : La Petite Allumeuse de Danièle Dubroux
1987 : Nitwits de Nikolai van der Heyde
1988 : L'Étudiante de Claude Pinoteau
1988 : Corps z’à corps d'André Halimi
1988 : La Vouivre de Georges Wilson
1989 : Il gèle en enfer de Jean-Pierre Mocky

Années 1990

1990 : La Gloire de mon père d'Yves Robert
1990 : Le Château de ma mère d'Yves Robert
1990 : La Pagaille de Pascal Thomas
1991 : La Neige et le Feu de Claude Pinoteau
1991 : La Totale ! de Claude Zidi
1991 : La Montre, la Croix et la Manière The Favour, the Watch and the Very Big Fish de Ben Lewin
1992 : Ville à vendre de Jean-Pierre Mocky
1992 : Coup de jeune de Xavier Gélin
1992 : Le Souper d'Édouard Molinaro
1992 : Le Bal des casse-pieds d'Yves Robert
1993 : Cuisine et Dépendances de Philippe Muyl
1993 : Le Mari de Léon de Jean-Pierre Mocky
1993 : La Soif de l'or de Gérard Oury
1993 : Mercedes mon amour de Bay Okan
1994 : Montparnasse-Pondichéry d'Yves Robert
1994 : Bonsoir de Jean-Pierre Mocky
1994 : Cache cash de Claude Pinoteau
1994 : L’Affaire de Sergio Gobbi
1995 : Les Sables mouvants de Paul Carpita
1996 : Le Jaguar de Francis Veber
1996 : Le Plus Beau Métier du monde de Gérard Lauzier
1996 : Les Palmes de monsieur Schutz de Claude Pinoteau
1997 : Soleil de Roger Hanin
1998 : Le Dîner de cons de Francis Veber
1999 : Le Schpountz de Gérard Oury
1999 : Le Fils du Français de Gérard Lauzier

Années 2000

2000 : La Vache et le Président de Philippe Muyl
2001 : Le Placard de Francis Veber
2002 : Marche et rêve ! Les Homards de l'utopie de Paul Carpita
2002 : Au loin... l'horizon d'Olivier Vidal
2003 : Le Furet de Jean-Pierre Mocky
2004 : Albert est méchant d'Hervé Palud
2004 : Touristes, oh yes ! de Jean-Pierre Mocky
2005 : Grabuge ! de Jean-Pierre Mocky
2005 : Les Ballets écarlates de Jean-Pierre Mocky
2005 : Le Bénévole de Jean-Pierre Mocky
2006 : Le Temps des porte-plumes de Daniel Duval
2006 : Le Deal de Jean-Pierre Mocky
2007 : 13 French Street de Jean-Pierre Mocky
2009 : Climax, court métrage de Frédéric Sojcher

Années 2010

2010 : Le Portrait, court métrage d'Olivier Vidal et Sébastien Maggiani
2011 : Les Insomniaques de Jean-Pierre Mocky
2011 : Crédit pour tous de Jean-Pierre Mocky
2011 : Le Dossier Toroto de Jean-Pierre Mocky
2011 : HH, Hitler à Hollywood de Frédéric Sojcher
2011 : En attendant Longwood de Thomas Griffet, court métrage
2012 : Le Mentor de Jean-Pierre Mocky
2012 : À votre bon cœur, mesdames de Jean-Pierre Mocky
2013 : Dors mon lapin de Jean-Pierre Mocky
2013 : Le Renard jaune de Jean-Pierre Mocky

Télévision, Téléfilm

1972 : De sang-froid d'Abder Isker
1973 : La Main enchantée de Michel Subiela
1973 : Enquête sur un vaisseau fantôme de Michel Subiela
1975 : Hugues-le-Loup de Michel Subiela
1976 : Le Collectionneur de cerveaux ou Les Robots pensants de Michel Subiela
1976 : L'Assassinat de Concino Concini de Gérard Vergez et Jean Chatenet
1976 : Les Mystères de Loudun de Gérard Vergez
1977 : La Mer promise de Jacques Ertaud
1977 : Les Confessions d’un enfant de cœur de Jean L'Hôte
1977 : Vaincre à Olympie de Michel Subiela
1977 : Où vont les poissons rouges ? d'André Michel
1977 : L'Affaire des poisons de Gérard Vergez
1978 : L'Enlèvement du Régent ou Le Chevalier d’Harmental de Gérard Vergez
1978 : L'Équipage d'André Michel
1979 : La Servante de Lazare Iglesis
1979 : La Belle vie de Lazare Iglesis
1979 : La Fabrique, un conte de Noël de Pascal Thomas
1979 : Le Baiser au lépreux d'André Michel
1980 : Les Maîtres sonneurs de Lazare Iglesis
1981 : La Grande Pitié du comte de Gruyère de Lazare Iglesis
1981 : La Vie des autres ou l’Ascension de Catherine Sarrazin de Jean-Pierre Prévost
1981 : Pollufission 2000 de Jean-Pierre Prévost
1981 : La Guerre des insectes de Peter Kassovitz
1982 : Un adolescent d'autrefois d'André Michel
1983 : La Jeune Femme en vert de Lazare Iglesis
1986 : Claire de Lazare Iglesis
1988 : Julien Fontanes, magistrat, épisode La Bête noire de Michel Berny
1989 : L'Été de la révolution de Lazare Iglesis
1989 : Les Sœurs du Nord ou SOS Disparus de Joël Santoni
1990 : Le Complot du Renard Night of the Fox de Charles Jarrott
1990 : Le Déjeuner de Sousceyrac de Lazare Iglesis
1992 : La Femme abandonnée d'Édouard Molinaro
1993 : Le Bœuf clandestin de Lazare Iglesis
1996 : Faisons un rêve de Jean-Michel Ribes
1996 : Le Cheval de cœur de Charlotte Brandstrom
1996 : Berjac : Coup de maître de Jean-Michel Ribes
1996 : Berjac : Coup de théâtre de Jean-Michel Ribes
1997 : Drôle de père de Charlotte Brandstrom
1998 : La Femme du boulanger de Nicolas Ribowski
1999 : La Fiction des Guignols de Bruno Le Jean
1999 : Voleur de cœur de Patrick Jamain
2009 : Colère de Jean-Pierre Mocky

Série télévisée, Années 1960-1970

1969 : Les Aventures de Tom Sawyer de Wolfgang Liebeneiner
1971 : Tang d'André Michel
1975 : Michel Strogoff de Jean-Pierre Decourt
1975 : Les Grands Détectives de Jacques Nahum, Jean-Pierre Decourt, Jean Herman, Alexandre Astruc, etc…
1976 : Adios d'André Michel
1977 : Richelieu ou le Cardinal de velours de Jean-Pierre Decourt
1977 : Les Jeunes Filles de Lazare Iglesis
1977 : Le Loup blanc de Jean-Pierre Decourt
1978 : Madame le juge, épisode Le Dossier Françoise Muller d’Édouard Molinaro
1978 : Les Grandes Conjurations, épisode Le Connétable de Bourbon de Jean-Pierre Decourt
1978 : Histoires insolites, épisode La Stratégie du serpent d'Yves Boisset
1978 : Sam et Sally de Nicolas Ribowski, Jean Girault, Robert Pouret - 1re série
1978-1986 : Médecins de nuit de Nicolas Ribowski, Philippe Lefebvre, Bruno Gantillon, Jean-Pierre Prévost, Emmanuel Fonlladosa, Peter Kassovitz, Pierre Lary
1979 : Histoires de voyous, épisode Les Marloupins de Michel Berny
1979 : Histoires de voyous, épisode La Belle affaire de Pierre Arago
1979 : Les Aventures de David Balfour de Jean-Pierre Decourt

Années 1980

1980 : Sam et Sally de Joël Santoni - 2e série
1980 : Petit déjeuner compris de Michel Berny
1980 : Les Mystères de Paris d'André Michel
1980 : Les Roses de Dublin de Lazare Iglesis
1981 : La Double Vie de Théophraste Longuet de Yannick Andreï
1982 : L'Adieu aux as de Jean-Pierre Decourt
1982 : Les Dames à la licorne de Lazare Iglesis
1982 : La Veuve rouge d'Édouard Molinaro
1983 : La Chambre des dames de Yannick Andreï
1984 : Billet doux de Michel Berny
1984 : L'Homme de Suez de Christian-Jaque
1984 : L'Amour en héritage de Douglas Hickox et Kevin Connor
1984 : La Bavure de Nicolas Ribowski
1984 : Hello, Einstein de Lazare Iglesis
1984 : Châteauvallon de Paul Planchon et Serge Friedman
1986 : L'Été 36 d'Yves Robert
1986 : Le Tiroir secret de Michel Boisrond, Édouard Molinaro, Nadine Trintignant, Roger Gillioz
1986 : Vive la comédie de Jacques Fabbri, Jean-Luc Moreau, Paul Planchon, Jean-Pierre Bisson
1986 : Tour de France de Philippe Monnier
1987 : L'Or noir de Lornac de Tony Flaadt
1988 : Les Pique-assiette de Dominique Giuliani, Gilles Amado et Jean-Luc Moreau
1988 : M'as-tu vu ? de Jean-Michel Ribes et Éric Le Hung
1989 : Les Grandes Familles d'Édouard Molinaro
1989 : Le Secret de Château-Valmont Till We Meet Again de Charles Jarrott
1989 : Le Retour d'Arsène Lupin de Michel Wyn, Jacques Besnard, Philippe Condroyer, Michel Boisrond
1989 : Mésaventures d’Élise Durupt
1989 : Intrigues de Maurice Dugowson

Années 1990

1990 : La Belle Anglaise de Jacques Besnard
1990 : Édouard et ses filles de Michel Lang
1990 : Le Gorille, épisode Le Pavé du Gorille de Roger Hanin
1990 : Les Années infernales The Nighmare Years d'Anthony Page
1990 : Passions
1990 : Côté cœur
1991 : Myster Mocky présente de Jean-Pierre Mocky :
La Méthode Barnol
La Vérité qui tue
Dis-moi qui tu hais
1992 : Les Cœurs brûlés de Jean Sagols
1993 : Trois jours pour gagner de Michel Berny et Alain Nahum
1994 : Les Yeux d'Hélène de Jean Sagols
1994 : Les Racines du cœur Dazzle de Richard A. Colla
1995 : Les Nouveaux Exploits d'Arsène Lupin d'Alain Nahum et Nicolas Ribowski
1997 : Maître da Costa, épisode Le Doigt de Dieu de Bob Swaim
1999 : Le Monde à l'envers de Charlotte Brandstrom

Années 2000

2000 : La Trilogie marseillaise : Marius, Fanny, César de Nicolas Ribowski
2001 : Le Monde à l’envers, épisode Le Secret d’Alice de Michaël Perrotta
2002 : Clémy de Nicolas Ribowski
2002 : Action justice, épisode Une mère indigne d'Alain Schwartzstein
2003 : Action justice, épisode Un mauvais médecin de Jean-Pierre Igoux
2003 : Action justice, épisode Déclaré coupable d'Alain Nahum
2004 : Le Président Ferrare d'Alain Nahum
2007 : Myster Mocky présente de Jean-Pierre Mocky :
Le Diable en embuscade
Le Farceur
Un éléphant dans un magasin de porcelaine
Service rendu
La Clinique opale
Cellule insonorisée
2008 : Myster Mocky présente de Jean-Pierre Mocky :
Témoins de choix
Le Jour de l’exécution
Dans le lac
Morts sur commande
Chantage à domicile
L’Énergumène
2009 : Myster Mocky présente de Jean-Pierre Mocky :
Le Voisin de cellule
De quoi mourir de rire
Sauvetage
Un risque à courir
Une si gentille serveuse
Haine mortelle

Années 2010

2010 : Myster Mocky présente de Jean-Pierre Mocky :
L’Aide
La Cadillac
Martha in Memoriam
Meurtre entre amies
Ultime bobine
La Voix de la conscience

Séries animées

1970 : Oum le dauphin blanc de René Borg – arrangements et direction d’orchestre musique de Michel Legrand
1983 : Biniky le dragon rose – chanson du générique
1985 : Les Mondes engloutis de Michel Gauthier
1987 : Rahan, le fils des âges farouches d'Alain Sion

Divers

1975 : TF1 – indicatif de la chaîne et du journal télévisé, habillage de Catherine Chaillet
1975 : Cinéma du dimanche soir sur TF1 - indicatif
2000–2003 : Élection de miss France sur TF1 – musiques originales, ballets et chansons, dont une reprise de Reality par Richard Sanderson en 2000

Œuvres scéniques

Fantômas, opéra de chambre d’après l’œuvre de Robert Desnos, mise en scène d'Ève Griliquez, créée à la Maison de la culture d'Amiens en 1970
Volpone de Ben Jonson, musique de scène et ballets de Volpone, mise en scène de Gérard Vergez, créé par la Comédie-Française au théâtre de l'Odéon en 1971
Alcazar de Paris, musique et chansons de la revue de Frantz Salieri pour le cabaret l'Alcazar 1986
Marius et Fanny, opéra en deux actes d’après l’œuvre de Marcel Pagnol 2007
Les Aventures de Rabbi Jacob, comédie musicale de Danièle Thompson et Gérald Sibleyras, mise en scène de Patrick Timsit, créée au Palais des congrès de Paris en 2008

Œuvres symphoniques basées sur des musiques de films

L’As des as, ouverture 2001 - 2002
La Boum, suite d’orchestre 1991
La Gloire de mon père / Le Château de ma mère, suite d’orchestre 1991- 2006 : Habanera, Les Vacances, Isabelle, Le Parc Borelli, Massalia Rag, Valse d’Augustine
Le Grand Blond avec une chaussure noire, danse roumaine 1991
Michel Strogoff, suite d’orchestre 1995 - Thème de Nadia, Danse Tartare
Les Aventures de Rabbi Jacob, danses hassidiques 1996
Le Bal, pour trompette et orchestre 1994
La Course à l’échalote, suite d’orchestre 1995
La Dérobade Solitude 1995
Le Jaguar thème de l’Aventure 1999
Les Aventures de David Balfour La Légende de David 2006
Le Placard 2001
La Chèvre La Cabra pour kena ou naï et orchestre 2002
Les Compères 1991
Les Fugitifs, suite d’orchestre 1991
La Boum 2, suite d’orchestre 1998
Diva Promenade sentimentale , version orchestrale 2002
Un éléphant, ça trompe énormément Hello Marilyn 1991
L’Été 36, suite d’orchestre 1995
L’Amour en héritage, version orchestrale 1996
Châteauvallon, version orchestrale 1999
Les Cœurs brûlés, version orchestrale 1996
Le Bal des casse-pieds pour solistes de jazz et orchestre 1999
Le Bal des casse-pieds, version orchestrale 1999
Salut l’artiste Yves et Danièle pour solistes de jazz et orchestre 1999
L’Aile ou la Cuisse concerto gastronomique pour solistes de jazz et orchestre 2003
Le Père Noël au Paradis, suite basée sur les musiques des films : Le père Noël est une ordure, Nous irons tous au Paradis, pour solistes de jazz et orchestre 1996 - 1999
Le Dîner de cons, pour solistes de jazz et orchestre 2002

Musique concertante

Oblique, pour violoncelle et orchestre à cordes 1969
Concerto pour euphonium et orchestre commande du festival et concours international de Tuba de Guebwiller, 1997
Concerto ibérique, pour trompette et orchestre création lors du concours international de cuivres de la ville de Narbonne, 1998
Concerto de Berlin, pour violon et orchestre - version du film La Septième Cible 1984 – env. 9’ ; version intégrale 2001 – env. 29’

Œuvres pour orchestre d’harmonie

Concerto pour euphonium et orchestre d’harmonie commande du Festival et Concours international de Tuba de Guebwiller, 1997
Concerto ibérique, pour trompette et orchestre d’harmonie création lors du Concours international de cuivres de la ville de Narbonne, 1998
La Boum - suite pour orchestre d’harmonie 2010
La Gloire de mon père / Le Château de ma Mère, suite pour orchestre d’harmonie 2009 - Habanera, Les Vacances, Isabelle, Valse d’Augustine
Le Grand Blond avec une chaussure noire : Danse roumaine 2010
Michel Strogoff,suite pour orchestre d’harmonie 2008 - Thème de Nadia, Danse tartare
Les Aventures de Rabbi Jacob : Danses hassidiques 2007
L’Aile ou la Cuisse : Concerto gastronomique 2007
Nous irons tous au Paradis : Les Saxs Brothers pour quintette de saxophones, piano, contrebasse et batterie 2008

Musique de chambre

Courts-métrages pour quintette de cuivres commande du Festival et Concours international de Narbonne, 1996
Concerto pour euphonium et orchestre, réduction pour euphonium et piano 1997
Concerto ibérique, réduction pour trompette et piano 1998
Concerto de Berlin, réduction pour violon et piano
version du film La Septième Cible 1984 – env. 9’
version intégrale – env.29’ 2009
Eh bien ! Dansez maintenant – divertissement d’après les Fables de La Fontaine – partition pour récitant et piano 2006
Marius et Fanny, réduction pour piano et chant 2007
Cantate 1209, réduction pour piano, récitant, soprano, chœurs d’enfants 2009

Musique vocale Avec orchestre

Eh bien ! dansez maintenant, divertissement d’après les Fables de La Fontaine pour récitant et orchestre symphonique 2006
Cantate 1209, pour récitant, soprano, chœurs d’enfants et orchestre 2009
Reality du film La Boum, pour voix de ténor et orchestre 2001
L’Amour en héritage Only Love, pour soprano et orchestre 1996
Your Eyes du film La Boum 2, pour soprano et orchestre 1998
Les Cœurs brûlés, pour soprano et orchestre 1996
Divine du film Diva pour soprano et orchestre 1996
Air de la Wally du film Diva Alfredo Catalani, argt. V. Cosma, pour soprano et orchestre (1980
You call It Love du film L’Étudiante pour soprano et orchestre 2002
Eternity du film La Vouivre pour soprano et orchestre2002

Chansons sélection

Reality, du film La Boum, interprétée par Richard Sanderson 1980
L’Amour en héritage Only Love, interprétée par Nana Mouskouri 1984
Destinée, des films Le père Noël est une ordure et Les Sous-doués en vacances, interprétée par Guy Marchand 1982
Puissance et Gloire, de la série Châteauvallon, interprétée par Herbert Léonard 1985
Your Eyes, du film La Boum 2, interprétée par Cook Da Books 1982
Le Ciel, La Terre et l’Eau, du film Alexandre Le Bienheureux, interprétée par Isabelle Aubret 1968
Un souvenir heureux de la série Le Tiroir secret, interprétée par Diane Dufresne 1986
You Call It Love, du film L’Étudiante, interprétée par Karoline Krüger 1988
My Life, de la série Till We Meet Again, interprétée par Mireille Mathieu 1989
Je n’ai pas dit mon dernier mot d’amour, du film La Dérobade, interprétée par Nicole Croisille 1979
L’Année prochaine si tout va bien, interprétée par Sofie Kremen 1981
Ballade de Clérambard, du film Clérambard, interprétée par Marie Laforêt 1969
Pour l’amour, de la série La Chambre des dames, interprétée par Annick Thoumazeau 1983
Les Cœurs brûlés, interprétée par Nicole Croisille 1992
Laisse-moi rêver, du film La Neige et le Feu, interprétée par Lara Fabian 1991
Les Mondes engloutis, interprétée par les Mini-stars 1985
Maybe You’re Wrong, du film La Boum 2, interprétée par Freddie Meyer 1982
Go on for Ever, du film La Boum, interprétée par Richard Sanderson et Chantal Curtis 1980
Get It Together, du film Inspecteur La Bavure, interprétée par Chantal Curtis 1980
David's Song

Autres

1973 : Indicatif de l'émission radio Les routiers sont sympas de Max Meynier sur RTL

Distinctions

1981 :
Disques d'or et de platine pour les B.O.F. de Diva et La Boum.
César de la meilleure musique pour Diva.
1982 :
Prix de la musique du film au festival de Moscou pour Diva.
Disques d'or et de platine pour la B.O.F. La Boum 2.
1983 : Grand Prix du disque Sacem pour l’ensemble de son œuvre à Cannes.
1984 : César de la meilleure musique de film pour Le Bal.
1985 : Disques d’or et de platine pour les B.O.F. de L’Amour en Héritage, Les Mondes engloutis et Châteauvallon.
1986 :
7 d’or de la meilleure musique pour la télévision pour le téléfilm en deux parties : L’Été 36.
Nommé au grade de commandeur des Arts et des Lettres.
1988 : Disque d’or pour la B.O.F. de L’Étudiante.
1990 : Grand prix Sacem de l’Œuvre musicale audiovisuelle .
1991 : 7 d’or de la meilleure musique pour la télévision.
1995 : Médaille d’honneur de la ville de Beauvais.
2000 : Médaille d’honneur du Conseil général de l’Yonne.
2001 : Philip Award au festival de Varsovie Greatest Creation accomplishment in Europeen film music .
2003 : Grand Prix Sacem de la musique de film.
2004 :
Nommé grand officier du Mérite culturel roumain.
Nommé chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur.
2005 : Lumière d’honneur – Festival La Ciotat - Berceau du cinéma.
2006 : Médaille d’honneur de la ville et parrain de l’école municipale de musique de Vandœuvre-lès-Nancy.
2007 : Hommage et médaille d'honneur de la ville de Cabourg.
2008 : Trophée Phenix Award saluant l’ensemble de sa carrière Festival du film à Spa en Belgique.
2009 : Hommage et médaille d’honneur de la ville de Béziers.
2010 : Prix Henri-Langlois de la Cinémathèque française 2010.
2011 : Président du jury du 4e Festival international du film de Dieppe.
2012 : Remise de la médaille d'honneur de la ville de La Motte-Servolex à l'occasion de la dénomination de la maison de la musique en son honneur

Liens
http://youtu.be/HwkAFAr0Wc8 Un des meilleurs compositeurs
http://youtu.be/HknVlOeXhnE Cosma au Chatelet en 2010
http://youtu.be/hhC1c_dHwbA La valse D'Augustine
http://www.youtube.com/watch?v=DwEGV5 ... 34&feature=share&index=10
http://youtu.be/LlKEgZnkt_E La boum musique de Cosma

Attacher un fichier:



jpg  vladimir cosma.jpg (250.49 KB)
3_534985c91f987.jpg 900X680 px

jpg  vladimir-cosma1.jpg (28.53 KB)
3_534985d6b7747.jpg 450X290 px

jpg  Vladimir_Cosma,_Romanian-French_music_score_composer.jpg (63.44 KB)
3_534985e14e6f9.jpg 554X1004 px

jpg  2149015-1.jpg (43.85 KB)
3_534985eb41a08.jpg 240X185 px

jpg  Vladimir Cosma.jpg (13.15 KB)
3_534985f88f986.jpg 300X347 px

jpg  vladimir-cosma-10884914zzypq.jpg (101.93 KB)
3_5349860781c50.jpg 720X720 px

jpg  photo_1320912969.jpg (45.15 KB)
3_534986136682e.jpg 572X340 px

jpg  114963070.jpg (225.69 KB)
3_53498622b9961.jpg 1013X1013 px

jpg  9782258081185.jpg (79.47 KB)
3_53498630aa887.jpg 400X460 px

jpg  516-343vladimir-cosma_318641_516x343.jpg (47.27 KB)
3_534986412067e.jpg 516X343 px

jpg  1ddcbb90-1d8e-11df-a16a-f8b84430f143.jpg (43.76 KB)
3_5349864dcf8d6.jpg 493X271 px

jpg  3760002134956_600.jpg (96.66 KB)
3_5349865b8b08b.jpg 600X600 px

jpg  Vladimir-Cosma-Le-Pere-Noel-Est-Une-Ordure-CD-Album-675147102_ML.jpg (16.94 KB)
3_5349866872b60.jpg 270X270 px

jpg  41S4PJG7NQL.jpg (25.12 KB)
3_53498674711c7.jpg 300X300 px

jpg  3760002138695_600.jpg (47.20 KB)
3_5349868a53519.jpg 600X600 px

jpg  3760002134369_600.jpg (48.03 KB)
3_53498697d836e.jpg 600X600 px

jpg  3365299501322_600.jpg (56.88 KB)
3_534986a599cd7.jpg 600X600 px

jpg  cosma-box.jpg (30.73 KB)
3_534986b11bee5.jpg 300X300 px

jpg  be09800602.jpg (36.93 KB)
3_534986bc838f9.jpg 400X550 px

jpg  510W7F3R3ZL._SY300_.jpg (29.34 KB)
3_534986c89f7f4.jpg 300X300 px

jpg  3892283.jpg (24.93 KB)
3_534986d53dbb5.jpg 300X298 px

jpg  vladimir-cosma-les-coeurs-brules.jpg (20.15 KB)
3_534986e4222db.jpg 320X320 px

jpg  vladimir-cosma-cosma-bande-originale-du-dessin-anime-asterix-et-la-surprise-de-cesar-1985-106350650.jpg (84.18 KB)
3_534986eee6d4f.jpg 312X312 px

jpg  1337691739_08883c57f5f85aaeb0751614acd_prev.jpg (51.26 KB)
3_534986f8abe1e.jpg 590X527 px

Posté le : 12/04/2014 20:33
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Jean-Marie Gustave Le Clézio
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9500
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 57775
Hors Ligne
Le 13 avril 1940 à Nice, naît Jean-Marie Gustave Le Clézio,

plus connu sous la signature J. M. G. Le Clézio écrivain de romans, essais, nouvelles, traduction, de langues française et mauricienneil reçoit pour distinctions le prix Renaudot en 1963, le prix Paul-Morand en 1980, le prix Nobel en 2008, ses Œuvres principales sont Le Procès-verbal en 1963, Le Déluge en 1966
Désert en 1980, Mondo et autres histoires en 1978, Les Géants en 1973, Ritournelle de la faim en 2008

Il connaît très vite le succès avec son premier roman publié, Le Procès-verbal en 1963. Jusqu’au milieu des années 1970, son œuvre littéraire porte la marque des recherches formelles du Nouveau Roman. Par la suite, influencé par ses origines familiales, par ses incessants voyages et par son goût marqué pour les cultures amérindiennes, Le Clézio publie des romans qui font une large part à l’onirisme et au mythe, Désert et Le Chercheur d’or, ainsi que des livres à dominante plus personnelle, autobiographique ou familiale, L’Africain. Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages de fiction, romans, contes, nouvelles et d’essais.
Le prix Nobel de littérature lui est décerné en 2008, en tant qu’écrivain de nouveaux départs5, de l’aventure poétique et de l’extase sensuelle, explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante.

Sa vie

Le jeune Jean-Marie Gustave est le fils de Raoul Le Clézio chirurgien, et de Simone Le Clézio. Ses parents sont cousins germains, tous les deux ont le même grand-père, sir Eugène Le Clézio et sont issus d’une famille bretonne émigrée à l’île Maurice au XVIIIe siècle, où ils acquièrent la nationalité britannique à la suite de l’annexion de l’île par l’Empire.
Il grandit à Nice, élevé par sa mère et par sa grand-mère qui lui donnent le goût de la lecture et de l’écriture il est, dès l’âge de 7 ans, l’auteur d’un livre sur la mer, tandis que son père, médecin britannique, se trouve en poste au Cameroun anglophone, puis au Nigeria. En 1948, il rend visite à son père en Afrique, expérience déterminante qui nourrit son imaginaire et sur laquelle s’appuiera bientôt sa vocation d’écrivain. Le jeune homme partage ses études entre l’Angleterre Bath, où il est aussi professeur de Lettres en 1959 ; Bristol, où il s’inscrit à l’université et Nice, où il se spécialise en littérature. En 1964, en vue de son diplôme d’études supérieures, il soutiendra un mémoire sur Henri Michaux la Solitude dans l’œuvre d’Henri Michaux.
Le Clézio se considère lui-même comme de culture mauricienne et de langue française. Il écrit ses premiers récits à l’âge de sept ans, dans la cabine du bateau qui le conduit avec sa mère au Nigeria où il va retrouver son père, qui y est resté pendant la Seconde Guerre mondiale. L’écriture et le voyage resteront dès lors indissociables sous sa plume.
Le jeune homme effectue ses études au lycée Masséna, puis au collège littéraire universitaire à Nice, à Aix-en-Provence, puis à Londres et à Bristol. En 1964, il rédige un mémoire pour l’obtention du diplôme d’études supérieures sur le thème : La solitude dans l’œuvre d’Henri Michaux.

Premières publications

Dès 23 ans, il devient célèbre lorsque paraît Le Procès-verbal, récit esthétiquement proche de L'Étranger d’Albert Camus et des recherches narratives du Nouveau Roman, baigné par le climat de la guerre d’Algérie finissante, et couronné par le prix Renaudot en 1963.
En 1967, il fait son service national en Thaïlande en tant que coopérant, et est rapidement expulsé pour avoir dénoncé la prostitution infantile. Il est envoyé au Mexique afin d’y finir son service. Il participe à l’organisation de la bibliothèque de l'Institut français d’Amérique latine IFAL, et commence à étudier le maya et le nahuatl à l’université de Mexico, études qui le conduiront au Yucatán. Pendant quatre ans, de 1970 à 1974, il partage la vie des Indiens Emberás et Waunanas, au Panama. La découverte de leur mode de vie, si différent de celui qu'il connaissait jusqu'alors, constitue pour lui une expérience qu'il qualifiera plus tard de bouleversante. Après un premier mariage en 1961 avec Rosalie Piquemal avec qui il a une fille, Patricia, il se marie en 1975 avec Jémia Jean, originaire du Sahara occidental et mère de sa deuxième fille Alice. Ensemble, ils écrivent Sirandanes recueil de devinettes proverbiales courantes à Maurice et Gens des nuages.
En 1977, Le Clézio publie une traduction des Prophéties du Chilam Balam, ouvrage mythologique maya, travail qu'il effectue au Yucatán. Spécialiste du Michoacán centre du Mexique, il soutient en 1983 une thèse d’histoire sur ce sujet à l’Institut d'études mexicaines de Perpignan. Il enseigne entre autres aux universités de Bangkok, de Mexico, de Boston, d’Austin et d’Albuquerque, mais en 1978, il ne peut accéder au poste de chercheur au CNRS.

Changement d’écriture

À la fin des années 1970, Le Clézio opère un changement dans son style d’écriture et publie des livres plus apaisés, à l’écriture plus sereine, où les thèmes de l’enfance, de la minorité, du voyage, passent au premier plan. Cette manière nouvelle séduit le grand public. En 1980, Le Clézio est le premier à recevoir le Grand prix de littérature Paul-Morand, décerné par l’Académie française, pour son ouvrage Désert. En 1990, Le Clézio fonde en compagnie de Jean Grosjean la collection L’Aube des peuples, chez Gallimard, dédiée à l’édition de textes mythiques et épiques, traditionnels ou anciens. Son intérêt pour les cultures éloignées se déplace dans les années 2000 vers la Corée, dont il étudie l’histoire, la mythologie et les rites chamaniques, tout en occupant une chaire de professeur invité à l’Université des femmes Ewha.
En mars 2007, il est l’un des quarante-quatre signataires du manifeste intitulé Pour une littérature-monde en français, qui invite à la reconnaissance d’une littérature de langue française qui ne relèguerait plus les auteurs dits francophones dans les marges ; et à retrouver le romanesque du roman en réhabilitant la fiction grâce notamment à l'apport d'une jeune génération d'écrivains sortis de l’ère du soupçon.Dans un entretien paru en 2001, Le Clézio déplorait déjà que l’institution littéraire française, héritière de la pensée dite universelle des Encyclopédistes,ait toujours eu la fâcheuse tendance de marginaliser toute pensée de l’ailleurs en la qualifiant d'"exotique". Lui-même se définit d'ailleurs comme un écrivain français, donc francophone, et envisage la littérature romanesque comme étant un bon moyen de comprendre le monde actuel.

Le prix Nobel de littérature

En octobre 2008, alors que paraît Ritournelle de la faim, inspiré par la figure de sa mère, il se voit décerner le prix Nobel de littérature. Sa première réaction est d’affirmer que la récompense ne changera rien à sa manière d’écrire.
En 2010, l'ordre de l'Aigle aztèque mexicain lui est accordé en tant que spécialiste des civilisations antiques mexicaines. Le président Felipe Calderon décrit à cette occasion l'écrivain français comme un prix Nobel français très mexicanisé, et si j'ose dire, très michoacanisé.

Depuis très longtemps, Le Clézio parcourt de nombreux pays dans le monde, sur les cinq continents, mais vit principalement à Albuquerque, et en France, à Nice et à Paris. Il a publié une quarantaine de volumes : contes, romans, essais, nouvelles, deux traductions de mythologie indienne, ainsi que d'innombrables préfaces et articles et quelques contributions à des ouvrages collectifs.
En 2011, J.-M. G. Le Clézio est le grand invité du musée du Louvre. Il pose un nouveau regard sur les collections du musée à travers à travers le thème Les musées sont des mondes associé à une programmation pluridisciplinaire : exposition, conférences, concerts, cinéma, théâtre… Il met à l’honneur des artistes et auteurs comme Georges Lavaudant, Dany Laferrière, Camille Henrot, Dupuy-Berberian, Souleymane Cissé, Danyèl Waro, Jean-François Zygel…

Polémique avec Richard Millet

En septembre 2012, Le Clézio éprouve le besoin d'intervenir dans les polémiques soulevées par un essai de Richard Millet intitulé Langue fantôme, suivi de Éloge littéraire d'Anders Breivik. Il qualifie le texte d'élucubration lugubre et de répugnant. Richard Millet considère, de son côté, J.M.G. Le Clézio comme un exemple de la postlittérature qu'il dénonce et avance que son style est aussi bête que naïve sa vision manichéenne du monde et ses romans dépourvus de ressort narratif.Il précise dans un entretien : Je ne suis pas anti-Le Clézio. Je trouve que sa syntaxe est bête, c'est-à-dire qu'elle est un peu gnan-gnan, qu'elle est le parfait reflet de sa pensée qui va dans le sens de la propagande, pensée multiculturaliste facile, manichéenne. Les Blancs, les Occidentaux sont tous épouvantables, mais les Indiens, etc., sont magnifiques… Le Clézio est le parfait représentant de cet effondrement du style…

L'oeuvre

Son œuvre, qui se réclame à la fois des présocratiques, de Lautréamont, de Michaux et de Ponge, impose d'abord la recherche d'un renouvellement romanesque Depuis son prix Renaudot, qu'il obtint à vingt-trois ans, il poursuit une carrière littéraire dont l'étonnante régularité s'inscrit en marge des courants et des modes. Quant aux influences, elles sont difficiles à cerner. Passé Le Procès-verbal, l'œuvre oublie les voies du Nouveau Roman. Et si elle reste plus fidèle à une certaine tradition fantastique et visionnaire, c'est sans rien devoir vraiment au rire mordant de Lautréamont ni au surréalisme de William Blake.
À la vérité, l'invention de Le Clézio paraissait d'abord sans précédent. Mais, après les grands romans glacés des premières années, on a mieux vu se dessiner des versants, des thèmes privilégiés, et du même coup se révéler des héritages. Aujourd'hui, face au paysage que compose l'univers le clézien, on reconnaît au moins trois grands axes d'orientation : une exceptionnelle sensibilité aux choses ; une relation privilégiée au monde amérindien ; enfin, et sur le plan de l'écriture cette fois, un progressif retour à des formes narratives conventionnelles. Trois traits qu'on doit d'ailleurs éviter aussitôt de distinguer trop nettement, tant ils paraissent profondément liés en une unique et constante appréhension du fait romanesque.
Tous les romans de Le Clézio mettent en scène une certaine forme d'absence. Terra amata, par exemple, s'ouvre sur une puissante évocation de la terre, du soleil, de la vie animale et végétale, d'où l'homme est exclu. Dans L'Extase matérielle, c'est le gonflement de la vie quand je n'étais pas né qui fournit à la rêverie le premier objet de son émerveillement. Quant aux Voyages de l'autre côté, ils s'achèvent dans ces terres où il n'y avait pas d'herbes, pas d'arbres, pas d'hommes, rien . À l'horizon du texte se dresse cette vision élémentaire d'où tout part et où tout retourne inéluctablement, ce désert auquel un grand roman, sous ce titre, consacre un hymne véritable. Là, rien n'a de signification. Tout s'abolit, jusqu'à la distinction des genres et des formes ; mais, là aussi, le roman prend sa source en même temps que l'essai : l'un et l'autre s'y confondent : Il y a cette étendue déserte, et belle, cette étendue libre. C'est là que naît le langage, simplement, comme un phénomène du ciel. Il se déroule et enveloppe la terre, et nous sentons passer son onde froide Vers les icebergs. Mais, remontant jusqu'à cette origine absolue du paysage et du phantasme, l'écriture découvre que les mots eux-mêmes n'y ont aucune place. C'était hors des sentiments, loin des mots douteux du langage, loin des signes affolés de l'écriture. Actes sans origine ni destination, acteurs sans conscience et sans destin sont les termes d'un drame de vents, d'herbes, de terres et de lumière où les seules modifications résultent de l'usure géologique et des variations climatiques.
Ce drame élémentaire admet pourtant d'autres acteurs. Ainsi Adam Pollo, dans Le Procès-verbal. Homme des commencements, comme son prénom l'indique, Adam Pollo sait être objet parmi les objets, prêt à se fondre dans l'éclatement et l'absorption universelle des matières. Comme le Jeune Homme Hogan, dans Le Livre des fuites, ou Chancelade, dans Terra amata, il représente une sorte de conscience flottante. Tous, en effet, enregistrent chaque ébranlement du monde le plus proche avec une précision d'halluciné. C'est par leur connivence privilégiée avec les manifestations de la matière que ces héros connaissent de façon si intense le sentiment d'une vie qui nous échappe et, parallèlement, l'insignifiance de celle qui nous est chère. Sans cesse ballottés sur un flot de formes, de couleurs, de sons et de consistances, ils se heurtent à une double postulation : l'une vers l' infiniment moyen de la quotidienneté selon Le Clézio ; l'autre vers le fourmillement profond du monde.
Car le monde est vivant. Dans les arbustes, dans les grottes, dans le fouillis inextricable des plantes, il chante, avec la lumière ou avec l'ombre, il vit d'une vie explosive. Dès lors, écrire, pour Le Clézio, c'est étirer dans le temps et dans l'espace, c'est agrandir, c'est animer cette attention patiente à la surface de ce qui nous entoure et nous enveloppe. Pas question de comprendre ! Il importe seulement de saisir par les mots ce qui passe devant soi.
Ce n'est pas un hasard, sans doute, si les objets tendent ici à l'absence d'épaisseur : le lisse, les couleurs crues, les lumières vives, les matières chromées ou vernies reviennent avec une fréquence parfois proche de l'obsession, sur cette étrange planète urbaine pour laquelle Le Clézio conçoit contradictoirement attirance et répulsion. Mais, en contrepoint ou en écho, le monde oppose au paysage abrupt des villes les territoires vides du drame cosmologique. Avec plus ou moins de bonheur, les héros du roman, comme Pouce et Poussy dans La Grande Vie ou Titi et Martine dans La Ronde – qui donne son titre à un recueil de faits divers –, tentent l'évasion hors de l'univers hostile des rues et des immeubles. Mais en vain ; car au drame grandiose des forces élémentaires répond la fatalité possessive des villes. Dans Onitsha, Maou désire ardemment quitter la petite cité d'Afrique qui la rejette : elle s'y découvre paradoxalement engluée. C'est sans doute que les villes de Le Clézio présentent toutes, à l'instar de celle que dessinait La Guerre, une figure altérée, renversée, mais encore déchiffrable de la violence élémentaire.

Les derniers hommes heureux

Qu'on se porte au cœur du monde amérindien, dans Trois Villes saintes, on y reconnaîtra le même enveloppement de l'habitation humaine par les éléments : Le froid remonte sur la terre, venu des grottes, il se répand sur la place du village, il recouvre la forêt. Il prend les choses une à une, il pénètre dans chaque maison, avec le vent et la lumière lunaire.
Là pourtant, quelque chose d'autre est en jeu. La dureté de la terre ou de la nuit ne compose plus exactement le paysage féroce que traversait Chancelade dans Terra amata. La sécheresse a substitué au décor des dieux de la consommation et du déplacement d'autres dieux, plus essentiels, plus élémentaires : C'est ici l'un des endroits les plus importants du monde. Car l'épreuve de la sécheresse ouvre une relation au cosmos que l'œuvre ne cesse d'invoquer, souvent d'ailleurs sur un mode nostalgique. Il s'agit de cette sagesse – et le mot comporte explicitement une charge de sacralité – qui fut révélée à Le Clézio par les Indiens d'Amérique. C'est en effet sa fréquentation, au Panamá, des populations indiennes qui inspirera Haï, et l'intérêt qu'il porte à la civilisation maya, son adaptation des Prophéties de Chilam Balam. Deux livres tout entiers fascinés par le lien particulier d'une civilisation à la parole et à l'écriture. Lien heureux, magique même, sur lequel Le Clézio fonde l'espoir, apparu dès Voyages de l'autre côté, d'une harmonie possible entre l'homme, le monde et les mots. À mesure que s'avance l'œuvre, le texte le clézien devient lui-même l'un des agents de cette harmonie. Dès la Préface de Haï, l'auteur écrivait : Au moment où s'achève ce livre, je m'aperçois qu'il a suivi, comme cela, par hasard, à mon insu, le déroulement du cérémonial de guérison magique... Un jour, on saura peut-être qu'il n'y avait pas d'art, mais seulement de la „médecine“.

La quête et le secret

Car le détour par l'écriture sacrée des civilisations archaïques a révélé à l'écriture même des puissances cachées : celles de l' initiation. Dès lors, le roman de Le Clézio retrouvera les ressources narratives traditionnelles de ce qu'il faut bien appeler une quête initiatique . Tantôt il s'agit de découvrir la lagune ou la langue ? où se cachent les baleines, et c'est dans Pawana. Tantôt, de reprendre la recherche d'un trésor déjà localisé par le père, et c'est toute la geste du Chercheur d'or. Quête chaque fois décevante : l'objet se dérobe sans fin ; ou s'il se donne, comme le spectacle réel des baleines, c'est pour s'enfouir aussitôt dans une histoire sanglante. Bref, au fil des pages, le chercheur découvre que le trésor gît dans l'univers même, dans sa beauté, dans sa puissance de destruction celle de l'ouragan final du Chercheur d'or, par exemple et dans sa permanence.
Pour mener à bien une telle entreprise, l'imaginaire romanesque dispose d'une figure privilégiée : celle de l'initiée-initiatrice. De fait, c'est presque toujours à la femme, et plus précisément à la jeune fille, que revient le don du passage, l'art des Voyages de l'autre côté. Déjà Naja Naja, l'héroïne énigmatique de ce roman, détenait son secret : un pouvoir d'absence issu de la contemplation des choses. Mais l'attrait pour le mystère et la magie de l'adolescente se fait plus précis dans Désert, Printemps et autres saisons, Étoile errante, dans les nouvelles de La Ronde et autres faits divers, enfin dans Le Chercheur d'or. Là, c'est vraiment Ouma, la jeune manaï descendante des anciens esclaves noirs, qui enseigne au héros le mépris de l'or et la connaissance de la beauté. Ainsi toujours, à la frénésie possessive et guerrière de l'Occidental, Lalla, Ouma, Zobéïde, Zinna et tant d'autres opposent, au sein du plus grand dénuement, leur noblesse et leur liberté souveraines. En elles se déploie la mémoire de lointains fabuleux, l'Orient ou l'Afrique, vers laquelle il revient dans L'Africain, un beau texte autobiographique, qui font de leurs paroles, et plus encore de leurs silences, de leurs simples gestes, bref de leur être entier, un témoignage abrupt sur notre monde.
Il était naturel que, dans cette quête d'un secret originel, le roman lui-même rencontrât des formes ancestrales. Certains diront que l'œuvre de Le Clézio s'éloigne, avec le temps, de ses audaces et de ses inventions initiales. Et, de fait, ses formes les plus brèves les nouvelles ne conservent plus guère que l'originalité d'une thématique certes nettement reconnaissable, mais incapable de répondre à ce qui apparaît bien comme l'ambition la plus profonde de l'entreprise le clézienne : la réparation du monde. C'est au contraire aux amples constructions narratives que paraissent vouées de nature et cette ambition et l'écriture qui la nourrit. Une écriture dont l'idéal est d'abord d'évidence. Le style, souvent presque parlé, affecte la transparence. À travers lui, on sent le monde comme une grosse chose proche, dont la présence impose une émotion où l'on reconnaîtrait volontiers les traits d'une conscience primitive ou enfantine.
Une telle attitude face au langage définit moins la position du romancier que celle, archaïque, du conteur. Cette position d'où il importe de renouer d'anciennes histoires à une autre, toute neuve, qui s'invente sous nos yeux parce qu'elle est tout simplement celle d'une vie orientée par les histoires. Pour Geoffroy, l'un des trois personnages centraux d'Onitsha, le présent n'a de sens que par les liens qu'il tisse avec la très vieille histoire de la reine Méroé et de sa fille Arsinoé. Le Chercheur d'or se réfère, lui, à la légende de Jason et des Argonautes. Ainsi s'en va le conte, infini en ce qu'il ne fait que relier, et merveilleux en ce qu'il épouse toujours d'un peu plus près la beauté du monde.
Mais conte obscur aussi, parce que jamais il ne livre clairement son sens – ce serait sa mort. Je voudrais faire un livre qui soit aussi clair que la vie, qui soit un double de la vie mais je n'y suis jamais arrivé, dit Le Clézio. Seule la vie vécue est simple. Dès que l'écriture s'en empare, elle y introduit la traînée opaque de la méduse, la poudre aux yeux : elle aveugle.Écrire m'aveugle. Or je suis partisan de l'aveuglement, dit encore Le Clézio. C'est que, pour lui, évidence et complexité ne sont pas exactement contradictoires. L'aveuglement n'est que le nœud de ces deux modes de perception, le nœud à partir duquel s'effile cette phrase lumineuse et compacte à la fois, où un lecteur attentif, les deux yeux grands ouverts comme tant de héros le cléziens, succombe à l'envoûtement d'une parole dont il espère qu'elle n'aura pas de fin. Significativement, le prix Nobel de littérature 2008 a distingué en lui un écrivain des nouveaux départs ainsi qu’un explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante.

Prix et distinctions

1963 : prix Renaudot pour Le Procès-verbal
1972 : prix Valery-Larbaud ex æquo avec Frida Weissman
1980 : grand prix de littérature Paul-Morand de l'Académie française, pour l'ensemble de son œuvre, à l'occasion de la sortie de Désert
1992 : prix international Union latine des littératures romanes
1996 : prix des téléspectateurs de France Télévisions, pour La Quarantaine
1997 : grand prix Jean-Giono, pour l'ensemble de son œuvre
1997 : prix Puterbaugh
1998 : prix Prince-Pierre-de-Monaco, pour l'ensemble de son œuvre, à l'occasion de la sortie de Poisson d'or
2008 : prix Stig Dagerman, pour l'ensemble de son œuvre, à l'occasion de la sortie suédoise de Raga. Approche du continent invisible
2008 : prix Nobel de littérature, pour l'ensemble de son œuvre

Distinction

1er janvier 2009 : officier de la Légion d'honneur

14 septembre 2010 : le ministre des affaires étrangères mexicain lui décerne l'Aigle aztèque.

Œuvre littéraire, Recherches formalistes des premières années

À la parution des premiers volumes publiés par Le Clézio dans les années 1960 Le Procès-verbal, La Fièvre, Le Déluge, le jeune écrivain est rapproché des recherches formalistes du Nouveau Roman, en particulier de Georges Perec, Michel Butor et Nathalie Sarraute. Les thèmes abordés – la douleur, l’angoisse, la douleur dans le milieu urbain – font surtout de lui l’héritier des questionnements et dénonciations existentialistes, et plus encore d'Albert Camus. Le Procès-verbal rappelle ainsi irrésistiblement L'Étranger, quoiqu'il puisse également évoquer le Nexus de Henry Miller.

Influence des voyages et l’exploration culturelle

Le Clézio élabore dès la fin des années 1960 des œuvres plus personnelles, moins marquées par le formalisme, sans perdre sa capacité de révolte. Ses publications sont dominées par l’exploration de l’ailleurs et par les préoccupations écologiques, Terra Amata, Le Livre des fuites, La Guerre, et de plus en plus influencées par les voyages de l’auteur et son séjour chez les indiens du Mexique Les Géants. Les essais de Le Clézio mettent en évidence son cheminement méditatif nourri par la culture des indiens Embera, dirigé vers le panthéisme L'Extase matérielle, la culture indienne, l'onirisme et l'expérience des drogues, Mydriase, Haï, et toujours la recherche d'une échappatoire à la société occidentale et urbaine contemporaine.
La réflexion culturelle de Le Clézio s’étend par ailleurs à d'autres influences. Lui-même cite parmi ses lectures les poètes John Keats et W. H. Auden. Il admet surtout l'influence de J. D. Salinger, qu'il relit le plus souvent, de William Faulkner et d'Ernest Hemingway. Du premier, Le Clézio retient la confrontation entre l'individu et la société. Du second le lyrisme de plus en plus évident et l'influence du monologue intérieur, du flux de conscience ; du troisième la démarche de l'écrivain voyageur. Il se montre également influencé par le mysticisme de Lautréamont, sur lequel il écrit une thèse et publie de nombreux articles et préfaces ; par certaines idées d'Henri Michaux hostilité envers la société, usage de la drogue comme expansion de la conscience, auquel il consacre un mémoire d'études ; ou encore par la démarche de rupture spirituelle d'Antonin Artaud qu'il salue comme précurseur de ce rêve d'une terre nouvelle où tout est possible ; ... d'un retour aux origines mêmes de la science et du savoir ; ... ce rêve, mélange de violence et de mysticisme. Enfin, Le Clézio se révèle un insatiable lecteur, passionné par la découverte de nouveaux horizons, comme il le montre en rédigeant des préfaces pour des auteurs d'origines variées : Margaret Mitchell, Lao She, Thomas Mofolo, V.S. Naipaul et d'autres encore.
Cette évolution débouche sur des œuvres de fiction exploitant ces thèmes du voyage, de l'onirisme et de la méditation, qui trouvent un écho favorable auprès du public à partir de Mondo et autres histoires, en 1978 et surtout de Désert, en 1980. Le Clézio est dès lors volontiers décrit comme inclassable, et poursuit l'exploration des thèmes de l'ailleurs dans Le Chercheur d'or, Onitsha ou encore Poisson d'or.

La capacité de révolte

En 1980, Désert devient le premier livre à succès de Le Clézio.
La contestation est un caractère permanent de l’œuvre de Le Clézio. Après la dénonciation de la société urbaine et de sa brutalité dans les premières œuvres publiées, c’est une remise en cause plus générale du monde occidental qu’il élabore dans ses romans ultérieurs. Nourri par son expérience personnelle, Le Clézio dénonce ainsi la guerre cynique du monde mercantile La Guerre, le scandale de l'exploitation des enfants Hasard et des cultures minoritaires à partir de la fin des années 1980, il soutient l’ONG Survival International, dont il devient membre du Comité d’honneur. Les préoccupations touchant à l’environnement et à la pollution apparaissent également comme récurrentes chez Le Clézio, ce qui amène l’Académie suédoise à le qualifier comme un écrivain écologiste engagé : on la retrouve dès les années 1960-1970 avec Terra Amata, Le Livre des fuites, La Guerre, Les Géants.
Cette révolte demeure sensible dans les romans plus populaires des années 1980 : haine de l’impérialisme colonial Désert et du système qui en découle Onitsha, rejet de la guerre destructrice première Guerre mondiale dans Le Chercheur d’or, guerre du Biafra dans Onitsha, des nouvelles formes d'exploitation prostitution, trafics humains, dans Désert. L’ensemble de ces engagements aboutissent dans les années 2000 à des œuvres plus nettement amères et critiques envers l’évolution occidentale moderne, en particulier le roman Ourania 2005, histoire du rejet catégorique du monde moderne par un groupe de chercheurs dans une vallée mexicaine perdue, ou Raga. Approche du continent invisible 2006, défense ardente des peuples insulaires d’Océanie, menacés par la mondialisation.

Le thème familial et autobiographique

Au milieu des années 1980, Le Clézio commence à aborder au sein de ses œuvres des thèmes plus personnels, en particulier à travers l’évocation de la famille. Ses intrigues et personnages s’inspirent de ses proches. Alexis, le narrateur du Chercheur d’or 1985, est ainsi inspiré à l'auteur par son grand-père Léon, auquel le roman est dédié, et qui habite également le récit Voyage à Rodrigues. Cette tendance se renforce avec Onitsha, en 1991, hommage à l’Afrique de l’enfance de Le Clézio. Puis, son grand-père est de nouveau au centre d’un ouvrage avec La Quarantaine en 1995. Le penchant autobiographique est ensuite clairement assumé dans Révolutions, en 2003. Puis c’est au tour de la figure du père d'être célébrée dans L'Africain en 2004, avant que Le Clézio ne s'inspire de sa mère pour le personnage d'Ethel Brun, dans Ritournelle de la faim.

Réception critique et publique

Le Clézio connaît un succès indéniable dès ses premières parutions prix Renaudot 1963. Il rencontre plus tard un véritable succès public, à partir de Mondo et autres histoires et surtout de Désert, livre à succès en 198044. Cette reconnaissance du public se vérifie en 1994, lorsque les lecteurs du magazine Lire le désignent « plus grand écrivain francophone vivant , le préférant à ses aînés Nathalie Sarraute, Claude Simon, Françoise Sagan, Michel Tournier ou encore Julien Gracq.
Le Clézio est l'un des auteurs de langue française les plus traduits dans le monde allemand, anglais, catalan, chinois, coréen, danois, espagnol, grec, italien, japonais, néerlandais, portugais, russe, suédois, turc.

Depuis le prix Nobel de littérature en 2008, une revue internationale publiée par les éditions Complicités à Paris, Les Cahiers Le Clézio46, publie chaque année un numéro thématique qui rassemble des articles critiques signés par des spécialistes de l’œuvre. Les premiers numéros de cette revue portent sur les thèmes suivants :

À propos de Nice 2008
Contes, nouvelles et romances 2009
Migrations et métissages 2011, numéro double
La tentation poétique 2012

Œuvres, Romans, nouvelles et récits

Le Procès-verbal, roman, Gallimard, Le Chemin , Paris, 1963, 250 p. prix Renaudot
Édition illustrée par Edmond Baudoin, Futuropolis, Gallimard, 1989
Le Jour où Beaumont fit connaissance avec sa douleur, nouvelle, Mercure de France, L'écharpe d’Iris, Paris, 1964
La Fièvre, nouvelles, Gallimard, Le Chemin, Paris, 1965, 237 p.
Le Déluge, roman, Gallimard, Le Chemin , Paris, 1966, 288 p.
Terra Amata, roman, Gallimard, Le Chemin, Paris, 1967, 248 p.
Le Livre des fuites, roman, Gallimard, Le Chemin, Paris, 1969, 290 p.
La Guerre, roman, Gallimard, Le Chemin, Paris, 1970, 295 p.
Les Géants, roman, Gallimard, Le Chemin, Paris, 1973, 320 p.
Voyages de l'autre côté, nouvelles, Gallimard, Le Chemin, Paris, 1975, 308 p.
Mondo et autres histoires, contes, Gallimard, Paris, 1978, 278 p.
Désert, roman, Gallimard, Le Chemin, Paris, 1980, 410 p. grand prix de littérature Paul-Morand de l'Académie française
La Ronde et autres faits divers, nouvelles, Gallimard, Le Chemin , Paris, 1982, 235 p
Le Chercheur d'or, roman, Gallimard, Paris, 1985, 332 p
Voyage à Rodrigues, roman, Gallimard, Le Chemin , Paris, 1986
Printemps et autres saisons, roman, Gallimard, Le Chemin , Paris, 1989, 203 p.
Onitsha, roman, Gallimard, Paris, 1991, 250 p. ISBN 2-07-072230-9
Étoile errante, roman, Gallimard, Paris, 1992, 339 p.
Pawana, roman, Paris, Gallimard, 1992, 54 p.
La Quarantaine, roman, Gallimard, Paris, 1995, 464 p
Poisson d'or, roman, Gallimard, 1996, 255 p.
Hasard, suivi de Angoli Mala, romans, Gallimard, Paris, 1999, 290 p.
Cœur brûle et autres romances, nouvelles, Gallimard, Paris, 2000, 187 p.
L'enfant de sous le pont, roman, Lire c'est partir, Paris, 2000
Fantômes dans la rue, éditions Elle, Aubin Imprimeur, Poitiers, 2000
Révolutions, roman, Gallimard, Paris, 2003, 554 p
L'Africain, portrait de son père, Mercure de France, Traits et portraits , Paris, 2004, 103 p.
Ourania, roman, Gallimard, « Collection Blanche », Paris, 2006, 297 p.
Ritournelle de la faim, roman, Gallimard, Collection Blanche , Paris, 2008
Histoire du pied et autres fantaisies, nouvelles, Gallimard, Paris, 2011
Tempête, deux novellas, Gallimard, Paris, 2014

Essais et idées

L'Extase matérielle, Gallimard, Le Chemin,
Paris, 1967, 229 p.
Haï, Skira, « Les Sentiers de la création », Genève, 1971, 170 p.
Mydriase, illustrations de Vladimir Veličković, Fata Morgana, Saint-Clément-la-Rivière, 1973 ; éd. définitive, 1993, 62 p.
Vers les icebergs, Fata Morgana, Explorations , Montpellier, 1978, 52 p. contient le texte d’Iniji, par Henri Michaux
L'Inconnu sur la terre, Gallimard, Le Chemin, Paris, 1978, 325 p.
Trois villes saintes, Gallimard, Paris, 1980, 81 p.
Édition de bibliophilie : Chancah première ville de Trois villes saintes, lithographies de Tony Soulié, Les Bibliophiles de France, 2012
Civilisations amérindiennes, Arléa, Paris, 1981
Le Rêve mexicain ou la pensée interrompue, Gallimard, NRF Essais , Paris, 1988, 248 p.
Diego et Frida47, Stock, Échanges , Paris, 1993, 237 p. + 12 p. de pl.
Ailleurs, entretiens avec Jean-Louis Ezine, Arléa, 1995, 124 p.
La Fête chantée, Gallimard, Le Promeneur, 1997, 256 p.
Gens des nuages avec Jémia Le Clézio, photographies de Bruno Barbey, récit de voyage, Stock, Beaux Livres , 1997
Raga. Approche du continent invisible, Le Seuil, Peuples de l'eau , Paris, 2006, 135 p.
Ballaciner, Gallimard, 2007

Éditions de textes

Les Prophéties du Chilam Balam, version et présentation de Le Clézio, Gallimard, Le Chemin, Paris, 1976, 201 p.
Relation de Michoacan, version et présentation de J.-M. G. Le Clézio, Gallimard, Tradition, Paris, 1984, 315 p. p. de pl.
Sirandanes avec Jémia Le Clézio, Seghers, 1990, 93 p.

Livres pour la jeunesse

Voyage au pays des arbres, illustré par Henri Galeron, Gallimard, Enfantimages, Paris, 1978, 27 p.
Lullaby, illustré par Georges Lemoine, Gallimard, 1980
Celui qui n'avait jamais vu la mer, suivi de La Montagne ou le dieu vivant, Paris, Gallimard, 1982
Villa Aurore, suivi de Orlamonde, Paris, Gallimard, 1985
Balaabilou, Paris, Gallimard, 1985
La Grande Vie, suivi de Peuple du ciel, Paris, Gallimard, 1990

Discours et conférences

Dans la forêt des paradoxes, conférence Nobel vidéo, discours de réception du prix Nobel de littérature, 2008.

Articles

Jean-Marie Gustave Le Clézio, Les îlois de Chagos contre le Royaume-Uni, suite et fin ?, Libération, no 9 953,‎ 15 mai 2013

Liens
http://youtu.be/2F7c3EmzEcE Par lui même
http://youtu.be/8U01a9jv1VQ Le procès-verbal
http://youtu.be/lQYwCCt9eFY Au salon du Livre
http://youtu.be/kYdFI-N1GeE Avec Bernard Pivot
http://youtu.be/hzir9_fkrS8 Il faut bien mettre des motshttp://youtu.be/gIayM1gK_sg Prix nobel de littérature

Attacher un fichier:



jpg  c915012912a05a7b58b9d110.L.jpg (26.53 KB)
3_534982c027229.jpg 309X500 px

jpg  Le_Clézio_S.P.Gallimard.JPG (62.12 KB)
3_534982cd83447.jpg 255X396 px

jpg  4099.jpg (46.57 KB)
3_534982ffc2a63.jpg 540X810 px

jpg  le-clezio-bac-francais-toulouse-ozenne.JPG (12.93 KB)
3_5349830f21954.jpg 386X280 px

jpg  clezio_lecture_photo_02.jpg (79.36 KB)
3_5349831c917ba.jpg 515X343 px

jpg  71666_une-clezio.jpg (26.99 KB)
3_5349832903fb2.jpg 630X274 px

jpg  J-M-Leclezio.-1991.-04.--Jean-Pierre-REY.jpg (39.93 KB)
3_53498336a2c2d.jpg 500X340 px

jpg  Jean-Marie-Gustave-Le-Clezio-prix-Nobel-de-litterature_large.jpg (19.46 KB)
3_53498371867d9.jpg 300X225 px

jpg  Le-Clezio-Jean-Marie-Gustave-Mondo-Et-Autres-Histoires-Livre-896907710_ML.jpg (12.84 KB)
3_534983825d48f.jpg 270X270 px

gif  9782070383771FS.gif (75.72 KB)
3_5349839205b3d.gif 289X475 px

jpg  29756.jpg (29.19 KB)
3_5349839f93a0c.jpg 315X527 px

jpg  jean-marie-gustave-clezio-entre-mondes_0.jpg (15.29 KB)
3_534983acbcbb8.jpg 284X400 px

gif  peuple-du-ciel-jean-marie-gustave-le-clezio-9782070426768.gif (38.10 KB)
3_534983b86c852.gif 200X335 px

jpg  XY240.jpg (9.58 KB)
3_534983c5a11a9.jpg 240X240 px

jpg  9782268032870.jpg (29.70 KB)
3_534983d0cfd8d.jpg 296X475 px

gif  9782914428262FS.gif (164.37 KB)
3_534983e578b20.gif 546X475 px

gif  9782070428427FS.gif (86.35 KB)
3_534983f3951b0.gif 330X475 px

jpg  jean-marie-gustave-le-clezio 3.jpg (33.03 KB)
3_5349840049c6b.jpg 282X475 px

jpg  le-proces-verbal-780762-250-400.jpg (35.52 KB)
3_5349841012e2c.jpg 241X400 px

Posté le : 12/04/2014 20:21
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 585 586 587 (588) 589 590 591 ... 956 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
113 Personne(s) en ligne (64 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 113

Plus ...