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Découverte de Madagascar 4
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Hors Ligne
Vers l'indépendance

Le 23 juin 1956, la loi-cadre Deferre est votée. Elle autorise le gouvernement français à prendre des mesures propres à l'évolution des territoires relevant du ministère de l'Outre-mer et à la décentralisation administrative (postes administratifs progressivement occupés par des Malgaches notamment). Des assemblées provinciales, élues au suffrage universel, délèguent leurs membres à une Assemblée législative, qui élit un conseil de gouvernement présidé par un haut-commissaire nommé par la France.
Les anciens partis, le P.A.D.E.S.M. et le M.D.R.M., sont à l'origine de nouveaux mouvements politiques. Ainsi, le 28 décembre 1956, le Parti social démocrate (P.S.D.), proche de la S.F.I.O., est créé à Majunga actuelle Mahajanga par les chefs historiques du P.A.D.E.S.M. comme Philibert Tsiranana, André Resampa, ou encore René Rasidy, des fonctionnaires issus de milieux modestes petite paysannerie côtière. Le P.S.D. devient un grand parti dominant qui noyaute tous les rouages de l'administration et se développe autour de la personnalité de Tsiranana. En 1957, les élections aux assemblées provinciales sont remportées par les éléments côtiers. En mai 1958 se réunit à Tamatave un congrès de l'Indépendance, à l'issue duquel est créé le Parti du congrès de l'indépendance de Madagascar (Antokon'ny Kongresin'ny Fahaleovantenan'I Madagasikara, A.K.F.M., en partie composé des membres de l'Union des démocrates sociaux, fondée en décembre 1956, et soutenue par les colons et du P.S.D. Il rassemble les partis politiques nationaux hostiles à une indépendance octroyée.
Le 28 septembre 1958 a lieu le référendum sur le projet de création de la Communauté française. Trois semaines après la victoire du oui, le 14 octobre 1958, la République malgache autonome est proclamée. Le Congrès des députés provinciaux se transforme en Assemblée constituante et le Conseil de gouvernement adopte l'appellation de gouvernement provisoire. Les institutions se mettent en place au cours de l'année 1959, président de la République, chef de gouvernement, Assemblée nationale élue au suffrage universel et Sénat. La Constitution de 1959 garantit le pluralisme et les grands principes de la démocratie.

La République malgache

Trois républiques se sont succédé à Madagascar depuis l'indépendance, entrecoupées par la fracture historique de 1972-1975, par le difficile régime de transition démocratique de 1990-1992 et par la crise de 2002 qui a paralysé le pays. Ces régimes ne se comprennent qu'en prenant en considération l'impact de la présence française dans l'histoire de la Grande Île et la question de la reconnaissance internationale, devenu un enjeu important.

De la présidence Tsiranana à la IIe République

Le premier gouvernement constitutionnel entre en fonction le 14 mai 1959, mais l'indépendance n'est proclamée que le 26 juin 1960, après la négociation d'accords bilatéraux de coopération technique et culturelle. Élu premier président de la République de Madagascar le 1er mai 1959, Philibert Tsiranana adopte une politique de continuité avec la France et développe des liens diplomatiques avec des pays non communistes comme les États-Unis, l'Allemagne de l'Ouest, Taiwan ainsi qu'avec le régime d'apartheid de l'Afrique du Sud, ce qui lui sera reproché par les pays de l'Organisation de l'unité africaine (O.U.A., créée en 1963) dont Madagascar est un des membres fondateurs. Les choix du gouvernement Tsiranana dans le domaine économique se traduisent par un néo-libéralisme qui, à la fois, encourage l'initiative privée, nationale et internationale, le développement économique grâce à des actions communautaires et la mise en valeur des fokonolona, communautés villageoises, et se caractérise également par un interventionnisme étatique dans les secteurs clefs. Le pays connaît une stabilité relative durant cette première décennie après l'indépendance, mais des indices alarmants s'accumulent : faiblesse de l'industrialisation, croissance du chômage, étroitesse du marché intérieur due au faible pouvoir d'achat des paysans et dérive autocratique du régime.
À la fin de la décennie 1960, le malaise et le vide politiques liés à la maladie de Tsiranana, ainsi que la rivalité des deux prétendants à sa succession (André Resampa, alors ministre de l'Intérieur, et Jacques Rabemananjara, ministre des Affaires étrangères), provoquent une crise. Celle-ci était latente face à une économie affaiblie, à un néocolonialisme trop présent, à un durcissement de l'appareil étatique et sa mise en question par la nouvelle génération. Plusieurs forces politiques d'opposition entrent alors en scène, notamment le Monima de Monja Jaona, fondé en 1958, comprenant une base de paysans, de migrants urbains pauvres et une minorité d'intellectuels de Tananarive faisant référence à différents modèles marxistes. Proche de l'A.K.F.M. et solidement implanté dans les milieux ruraux, surtout dans le Sud, le Monima représente une force d'opposition sérieuse pour le P.S.D. En avril 1971, sous son impulsion, les paysans se soulèvent et la répression est sanglante. Le 30 janvier 1972, Tsiranana est réélu à la présidence avec 99 p. 100 des voix, mais le 13 mai éclate à Tananarive une émeute populaire issue d'un mouvement étudiant qui a été relayé par une grève générale. Elle est durement réprimée par la garde présidentielle et les forces républicaines de sécurité. Les forces armées refusent d'intervenir au nom du président et le contraignent à solliciter Gabriel Ramanantsoa, le chef d'état-major, qui constitue un gouvernement d'union nationale, composé de militaires et de techniciens. Le 11 octobre 1972, Tsiranana démissionne.
Le ministre des Affaires étrangères Didier Ratsiraka est à l'origine de la rupture avec la France entre 1972 et 1974 lorsqu'il négocie la fermeture des bases militaires et navales à Madagascar et le retrait de la zone franc. Les coopérants qui occupaient les principaux postes administratifs quittent l'île. Des liens politiques sont tissés avec l'U.R.S.S., la République populaire de Chine ou encore la Corée du Nord. En 1973, le ministre de l'Intérieur, Richard Ratsimandrava, met en œuvre un programme de réforme rurale, basé sur le fokonolona. Cette tentative de restructuration rurale et la mise en place des fokonolona donnent l'illusion d'une paysannerie qui détient le pouvoir de décision et à qui l'on a promis le partage des terres anciennes et l'autogestion. Ces réforment laisseront les sociétés rurales sans moyens. En 1975, l'opposition des partis politiques et l'agitation sociale augmentent. Le général Ramanantsoa transmet les pouvoirs au colonel Richard Ratsimandrava, qui est assassiné six jours plus tard. Un Directoire militaire est alors formé et proclame la loi martiale. Il sera dissous le 15 juin 1975 et remplacé par un Conseil supérieur de la révolution, présidé par Didier Ratsiraka qui est également nommé chef du gouvernement. Le 21 décembre 1975, la République démocratique de Madagascar est fondée. Le parti Avant-garde pour la rénovation malgache (Arema), créé en 1976, devient l'organe principal de la présidence Ratsiraka.

De la IIe à la IIIe République

De fait, la chute de l'ère Tsiranana ouvre, après la période transitoire de 1972 à 1975, la voie à un régime autoritaire, de type socialiste, désireux de couper les ponts avec la France et prônant un nationalisme fervent. Cela se traduit par une politique de malgachisation de l'enseignement scolaire et des noms de ville. En organisant le référendum du 30 décembre 1975, Ratsiraka dote le pays d'institutions à l'orientation révolutionnaire, dont il a lui-même défini les grandes lignes dans le Boky Mena (livre rouge). L'institution militaire devient le support de la nouvelle idéologie socialiste. Ainsi légitimé, le nouveau pouvoir procède à une série de nationalisations (banques, assurances...) et promeut une politique d'investissements à outrance mobilisant tous les acteurs de l'économie (création d'entreprises publiques et de complexes industriels, extension des surfaces rizicoles, promotion de cultures d'exportation, recherche pétrolière, infrastructures routières et transports).
À partir de 1978, une politique immodérée d'endettement public aggrave une situation déjà fragile, tandis que s'accentue la répression contre l'opposition nationaliste (particulièrement dans le Sud). La détérioration économique et sociale, les atteintes aux libertés individuelles provoquent des mouvements de contestation et de remise en cause du régime. Dès 1982, les Églises catholiques et protestantes mettent en garde le pouvoir en dénonçant les échecs et les dérives de l'idéologie révolutionnaire. À partir de 1987, la gravité de la situation économique et les contraintes imposées par le F.M.I. et la Banque mondiale pour obtenir l'aide internationale, aboutissent à une libéralisation de l'économie. Le secteur nationalisé est réduit et la porte s'ouvre aux investissements privés malgaches et étrangers. Cette situation accroît l'appauvrissement généralisé de la population tandis que certains s'enrichissent effrontément.
En 1989, la réélection de Ratsiraka avec seulement 62 p. 100 des voix augure un changement de régime et une transition démocratique. En 1991 éclate une nouvelle crise avec des manifestations populaires importantes, en juin et en juillet, qui réclament le départ de Ratsiraka. Au cours de l'année 1991, le gouvernement est « doublé » (et plus ou moins paralysé) par un gouvernement parallèle (la Haute autorité de l'État) qui court-circuite le président. Issue de la société civile, l'opposition, connue sous le nom de Forces vives, opposée au parti Arema, est décidée à changer de régime politique. Ritualisé dans le cadre des manifestations quotidiennes sur la place du 13-Mai à Antananarivo, le mouvement est pacifique. Mais, le 10 août 1991, une marche populaire, dominée par les Forces vives, vers le palais présidentiel d'Iavoloha, s'achève par une répression sanglante et contribue au discrédit international du régime. Les Églises, notamment le puissant Conseil des Églises chrétiennes de Madagascar (F.F.K.M., fondé en 1979), jouent alors un rôle majeur en organisant une médiation entre Ratsiraka et les Forces vives, pour permettre la constitution d'un gouvernement de transition. Les Églises fournissent ainsi l'encadrement et la légitimité morale des manifestations populaires. À la fin du mois d'octobre 1991, Ratsiraka signe avec le nouveau Premier ministre Guy Razanamasy et les représentants de l'opposition un accord qui prévoit la création d'un gouvernement de transition jusqu'aux prochaines élections. Le 19 août 1992, un référendum approuve, avec 76 p. 100 des suffrages, la nouvelle Constitution qui limite les pouvoirs présidentiels et fonde la IIIe République. Le second tour de l'élection présidentielle, en février 1993, confirme l'avance du candidat de l'opposition, Albert Zafy, ancien ministre de la Santé sous le gouvernement Ramanantsoa en 1972, qui remporte 66,74 p. 100 des votes. Madagascar sort peu à peu de son isolement économique en introduisant des réformes structurelles libérales et en cherchant à attirer les investisseurs étrangers. En 1996, un accord prévoyant la restructuration de l'économie est signé avec le F.M.I.
Cinq ans après la mise en place du nouveau régime, la popularité des dirigeants malgaches est entamée par des scandales financiers, par le manque d'autorité et l'impuissance du président Zafy à combattre la corruption. En 1995, une crise institutionnelle provoque un renforcement du régime présidentiel — le président, et non plus l'Assemblée, nomme le Premier ministre —, entériné par un référendum. De fait, des perspectives économiques sombres et une instabilité politique flagrante (six gouvernements se sont succédé depuis 1992) déclenchent une nouvelle crise qui aboutit à la destitution, par voie constitutionnelle, du président Zafy et à la réélection, de justesse, 50,71 p. 100 des voix de Ratsiraka en décembre
Celui-ci se lance dans une nouvelle politique qui vise à promouvoir une république humaniste et écologiste. En 1998, une nouvelle Constitution est adoptée. Elle introduit la décentralisation administrative, notamment avec la création de provinces autonomes. Suite à la mise en œuvre des directives du F.M.I. et à un réaménagement de la dette, le pays connaît une reprise économique, qui touche en particulier les domaines des télécommunications et du textile. À partir de 2000, les conséquences du programme de privatisation préconisé par le F.M.I. commencent à inquiéter la population malgache, notamment la forte inflation.

Succession de crises politiques depuis 2001 : un avenir compromis L’espoir de Ravalomanana

À la fin de l'année 2001 a lieu une nouvelle élection présidentielle où la victoire de Ratsiraka semble assurée. Le président sortant maîtrise les principaux rouages de l'État et dispose d'une Assemblée et d'une administration locale soumises. Or, le 16 décembre 2001, à l'issue du premier tour, Marc Ravalomanana – maire de la capitale, entrepreneur florissant issu d'une noblesse rurale appauvrie de l'est d'Antananarivo – arrive largement en tête grâce, notamment, à l'affirmation de sa foi protestante, le soutien des Églises et son aura de self-made-man. Ratsiraka conteste le résultat et un bras de fer s'engage entre les deux candidats et leurs partisans jusqu'à l'été de 2002, à l'issue duquel la victoire de Ravalomanana est confirmée. Madagascar voit, pendant cette période, apparaître deux centres de commandement : l'un se proclamant pouvoir légal (Ratsiraka déplace son régime à Toamasina sur la côte est et l'autre pouvoir légitime (Ravalomanana constitue son propre gouvernement dans la capitale. Ce contexte s'accompagne d'une grève générale, de manifestations quotidiennes dénonçant la fraude électorale, du blocage des principales voies de communication. Les velléités sécessionnistes de certaines provinces, encouragées par le président sortant, ont paralysé le pays. Cette tentative de diviser la nation sur un mode opposant côtiers et merina fief du camp ravalomananiste, à l'instar de ce qu'ont fait le pouvoir monarchique au XIXe siècle, le gouvernement colonial ou encore l'État postcolonial, au risque de l'anéantir économiquement, reste inopérante. Madagascar sort exsangue de la crise du point de vue économique mais sauvée dans son unité.
Dans un contexte de rejet des précédents régimes par la population, Marc Ravalomanana représente une figure politique nouvelle qui s'appuie sur l'image du messie venu sauver l'île. Reprenant un verset de l'Évangile de Marc, « Ne crains point ; crois seulement », dont il a fait sa devise, il bénéficie du soutien de la F.F.K.M. Sous son impulsion, les pasteurs deviennent des « agents de développement ». En août 2004, le président est réélu vice-président de l'Église réformée de Jésus-Christ, une des composantes de la F.F.K.M.
Cette tonalité religieuse s'accompagne d'un libéralisme économique. Marc Ravalomanana, qui a alors le monopole de la fabrication industrielle des produits laitiers à Madagascar, qui est propriétaire d'une radio, d'une chaîne de télévision et d'un journal, et qui a également investi dans les travaux publics, se lance dans la course à la présidence avec son parti Tiako'i Madagasikara, J'aime Madagascar. Certains dirigeants de son groupe laitier deviennent députés ou agents de l'administration et des membres du gouvernement obtiennent des fonctions importantes au sein de la F.F.K.M. De même, plusieurs mesures prises par le président de la République bénéficient particulièrement à son groupe. Ainsi, en 2005, Tiko Oil profitera d'une détaxation sur l'huile brute, tandis que l'huile raffinée importée par ses concurrents sera taxée à 20 p. 100. Dans le même temps, le prix du litre d'essence double presque, signifiant pour de nombreux Malgaches une augmentation générale du coût de la vie.
Sous son gouvernement, certaines infrastructures, notamment les ports, sont améliorées. Ceux de Toliara, dans le sud-ouest du pays, et de Mahajanga, dans le nord-ouest, ont été réhabilités. La ville de Mahajanga, à la faveur de la visite éclair du président Jacques Chirac en juillet 2005, voit son front de mer ainsi qu'un certain nombre d'axes urbains rénovés pour le tourisme, tandis que la ville de Toamasina, à l’est, fief ratsirakiste, se trouve dans un état de délabrement. Les villes semblent se développer, 1 500 kilomètres de routes reliant la capitale aux chefs-lieux des six provinces ont été refaits, une certaine forme de richesse devient visible. Ce développement ne cache toutefois pas l'appauvrissement continu des campagnes et la fragilité de l'économie du pays. De janvier à avril 2004, la monnaie malgache perd 50 p. 100 de sa valeur. Cette dévaluation s'accompagne d'une inflation galopante ainsi que d'un changement de monnaie. En 2005, le franc malgache est remplacé par l'ariary. Le pays connaît également d'importantes coupures d'électricité quotidiennes du fait de la quasi-faillite de la compagnie nationale. Il est classé 146e sur 177 par rapport à l'indice du développement humain (I.D.H.) du Programme des Nations unies pour le développement.
Le 3 décembre 2006, Marc Ravalomanana est réélu président dès le premier tour en l'absence de leader d'opposition crédible. Les élections se déroulent dans le calme, mais pas dans les meilleures conditions. Le Comité national d'observation des élections, collectif de la société civile, a dénoncé des lacunes dans l'organisation, notamment dans l'élaboration des listes, la distribution des cartes d'électeurs et des bulletins de vote. La campagne est également marquée par une grande disparité de moyens entre les candidats. Le 23 septembre 2007, des élections législatives anticipées, souhaitées par le chef de l’État afin d'affaiblir une opposition naissante au sein de l'Assemblée nationale, aboutissent au renforcement de la majorité présidentielle.
Durant son mandat, le président Ravalomanana a des intérêts économiques dans presque tous les secteurs. Ses méthodes néolibérales, son marketing politique moderne ainsi que son allégeance à l'Église causent ainsi maintes déceptions parmi la population, mais également chez les intellectuels et les cadres économiques, qui l'avaient pourtant soutenu face à Ratsiraka en 2002.

Le cercle vicieux malgache

Au début de 2009, le maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, entrepreneur prospère lui aussi, dénonce une dérive autoritaire et organise d'importantes manifestations pour demander la destitution du président Ravalomanana. Il accuse ce dernier d'avoir confisqué le pouvoir au profit des entreprises qu'il dirige et d'avoir réduit les libertés de la presse (fermeture de la station de radio privée du maire de la capitale notamment).
Après plusieurs semaines d'affrontements violents entre les manifestants et les forces de l'ordre qui font une centaine de victimes en février 2009, Andry Rajoelina, surnommé TGV, comme son parti Tanora malaGasy Vonona Les Jeunes Malgaches décidés, prend la tête, le 7 février 2009, d'une Haute Autorité de transition. Estimant le changement de gouvernement non constitutionnel, l'Union africaine (U.A.) suspend Madagascar de ses instances, la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (S.A.D.C.) refuse de reconnaître le nouveau président et l'Union européenne estime qu'il s'agit d'un coup d'État.
Le 21 mars 2009, Andry Rajoelina prête serment dans le stade de Mahamasina à Antananarivo devant plus de quarante mille personnes et s'engage à organiser des élections et à rédiger une nouvelle Constitution d'ici deux ans – un délai que la communauté internationale juge trop long. Un processus de médiation conduit par l'U.A. et la S.A.D.C. avec le soutien des Nations unies et de l’Organisation internationale de la francophonie (O.I.F.) se met alors en place. Il aboutit à un accord, signé le 9 août à Maputo (Mozambique), qui prévoit la constitution d'un gouvernement de transition chargé d'organiser des élections avant la fin de l'année 2010. Il envisage un partage du pouvoir entre les quatre principales formations politiques dont les leaders, outre le président autoproclamé, ne sont autres que les anciens présidents Didier Ratsiraka, Albert Zafy et Marc Ravalomanana.
Dans les faits, Andry Rajoelina garde le pouvoir et Eugène Mangalaza, ratsirakiste, devient Premier ministre. Toutefois, cet arrangement ne sera pas respecté. En décembre 2009, Andry Rajoelina met fin unilatéralement au processus de transition en limogeant Eugène Mangalaza et en le remplaçant par un militaire, le colonel Albert Camille Vital. Le spectre des divisions au sein de l'armée, des tensions régionales et des manifestations non contrôlées resurgit. En mars 2010, une seconde médiation est organisée à Addis-Abeba (Éthiopie) afin de rassembler le gouvernement et l'opposition. Mais Andry Rajoelina, pour qui le processus de résolution de la crise doit être national, n'y envoie qu'une délégation, ce qui conduit à de nouvelles sanctions de la part de l'U.A. qui suspend son aide au développement à Madagascar. En août 2010, il avalise la tenue d'un référendum devant aboutir à des élections législatives et présidentielle. Cette consultation, conçue comme une étape du processus de sortie de crise, se déroule le 17 novembre 2010. Elle est boycottée par l'opposition et contestée par la communauté internationale, qui souligne le manque de consensus et de transparence. Mais 52,6 p. 100 des Malgaches se déplacent pour aller voter et 74,2 p. 100 approuvent le projet d’une nouvelle Constitution. Le 11 décembre, le régime de la transition promulgue la nouvelle Loi fondamentale qui instaure la Quatrième République. L’âge d’éligibilité à la présidence est abaissé à trente-cinq ans pour permettre à Andry Rajoelina de se porter candidat à la magistrature suprême. La diversité des groupes et le rôle des différents acteurs, les Églises, l'armée, le secteur privé, la communauté internationale, la société civile, les populations contribuent à la complexité de la situation.

Une sortie de crise difficile

En 2011, une mission de médiation est confiée par la S.A.D.C. et l’U.A. à l’ancien président mozambicain, Joaquim Chissano. Une feuille de route est signée, le 16 septembre 2011, par les principales formations politiques malgaches ; celle-ci prévoit la formation d’un nouveau gouvernement et le retour sans condition de l’ex-président Ravalomanana. Elle engage également une réforme des institutions de la transition et vise à la tenue d’élections crédibles, avec l’aide de la communauté internationale. Le 28 octobre 2011, Jean-Omer Beriziky est nommé Premier ministre de transition. Cette nomination est suivie de la formation d’un gouvernement d’union nationale de transition le 21 novembre. Ce dernier est rapidement contesté par les dirigeants de l’opposition, qui estiment que la Haute Autorité de transition est favorisée dans la mesure où elle conserve le contrôle de ministères stratégiques. En mars 2012, la Commission électorale nationale indépendante est mise en place et, le 14 avril, une loi d’amnistie est adoptée, excluant Marc Ravalomanana, condamné à plusieurs reprises pour la mort de manifestants en février 2009.
Pendant plus d’un an, une course-poursuite à la candidature, jalonnée de nombreuses volte-face et tractations, s’engage entre les trois principaux anciens dirigeants et leurs poulains. Elle se termine le 17 août 2013 avec l’annonce par la nouvelle Cour électorale spéciale (C.E.S.) d'une liste de trente-trois candidats autorisés à se présenter au suffrage universel. Sous la pression de la communauté internationale, la C.E.S. invalide huit candidatures, dont celles de Lalao Ravalomanana (femme de l’ancien président), d’Andry Rajoelina et de Didier Ratsiraka. La stratégie du « ni-ni » (ni candidature de Rajoelina ni celle de Ravalomanana, considérés comme les principaux responsables de la crise), imposée par la communauté internationale, l’emporte. Les présidents déchus s’affrontent désormais par candidats interposés.
L’élection présidentielle se déroule les 25 octobre et 20 décembre 2013 ; des élections législatives ont lieu en même temps que le second tour. Hery Rajaonarimampianina, ancien ministre des Finances du gouvernement Rajoelina, arrive en tête, face à Jean-Louis Robinson, proche de Ravalomanana. Le 17 janvier 2014, la C.E.S. de Madagascar valide ce résultat.
Madagascar a désormais un nouveau président de la République élu dans des conditions jugées satisfaisantes par la communauté internationale. Mais les crises politiques récurrentes qu’a connues Madagascar depuis son indépendance, même si elles ont été entrecoupées d’épisodes éphémères de croissance, ont généré une situation économique très préoccupante qui n’a cessé de s’aggraver ces dernières années : fermeture des zones franches créées dans les années 1990, suspension des aides et arrêt des financements accordés par les bailleurs de fonds internationaux, etc. La population malgache a durement souffert (chômage important, déscolarisation, insécurité grandissante, détérioration des infrastructures...) et plus de 92 p. 100 des Malgaches vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, avec des disparités et des inégalités importantes entre régions ainsi qu’entre zones rurales et zones urbaines. Cette dégradation des conditions de vie a exacerbé les tensions sociales et la montée des sentiments d'injustice et d'exclusion.
La fin de la période de transition, avec l’élection de Hery Rajaonarimampianina, devrait permettre à Madagascar de retrouver la confiance des institutions internationales (U.A., S.A.D.C., O.I.T.) et le soutien des bailleurs internationaux. Mais comme le souligne l’historien Solofo Randrianja, tous les ingrédients d’une nouvelle crise sont d’ores et déjà présents. Le constat est amer mais il reflète une réalité qui l’est plus encore. L’île reste parmi les pays les plus pauvres au monde et l’avenir de sa population est très incertain.

Littérature

Hors de Madagascar, l'homme averti, mais qui n'est pas versé dans les choses malgaches, citera trois noms : Rabemananjara, Rabearivelo et Jean Paulhan. Si, par penchant ou profession, cet homme est au fait de la petite histoire littéraire, il ajoutera peut-être avec le sourire celui du chevalier de Parny salué par Sainte-Beuve et mis en musique par Ravel. Mais que dira l'étranger que sa curiosité aura conduit auprès de quelque Malgache de bonne compagnie ? Selon ce qu'aura signifié pour son guide le qualificatif ambigu de malgache ( madécasse ? malagasy ? ou les deux ?) appliqué au concept non moins ambigu de littérature, peut-être concédera-t-il – côté fleur-d'herbe – les noms de Robert Edward Hart ou de Robert Mallet, ou avancera-t-il – côté folklore unique au monde – celui de Flavien Ranaivo. Et si sa curiosité a pu se faire insistante, par une pointe d'indiscrétion que la sympathie justifie, l'étranger devenu ami, voire coopérant, reconnaîtra sans trop d'effort, quand on les prononcera, l'étrange pseudonyme de Dox et le long murmure du nom vénéré de Ny-Avana-Ramanantoanina. En revanche, le nom d'Andriamalala sera pour lui un nom bien malgache mais sans rapport avec la littérature, et il se trouvera bien quelqu'un pour l'approuver en arguant du fait qu'Andriamalala, plutôt que d'employer literatiora, si transparent, fût-il d'emprunt, préféra lancer le néologisme de haisoratra. Quant aux noms de Ramarajaona ou Bilôha Zamanitandra, Iabanimaka ou Ramasy, ce ne sont sans doute que les fruits d'une tendance à mystifier autrui.
Si l'on parvient à abattre l'arbre, dit un exemple des Anciens malgaches, c'est que le manche de la cognée s'est mis de la partie. L'arbre de la littérature malgache n'est pas un zahana (Phyllarthron bojerianum) ; les noms inscrits sur ses feuilles sont souvent illisibles ; certains pour l'effeuiller à la cime le voudront couché à leurs pieds. Il est temps de comprendre que l'essentiel est de savoir jeter le manche après la cognée. Noms de ceux qui ont pris place au soleil, noms des obscurs et des vaincus, noms effacés sur les plus belles des feuilles mortes... Admettons même ces noms qui se sont inscrits sur les feuilles les plus vertes des branches entées ! Des noms, l'on peut bien, entrant dans le jeu habituel, en citer tant et plus ; quand on les aura multipliés pour permettre à qui sait de jongler avec eux, serait-ce en un brillant numéro d'illusionniste, le public n'aura rien vu de ce qui fait encore l'arbre après la saison des fruits : racines et branches qui ne meurent que séparées du tronc, à moins que la foudre ne soit passée par là.

Condition de la littérature malgache

Madagascar n'est plus, comme au seuil des années 1970, le pays naturellement paradisiaque que certains, se prévalant à tort du silence, voulaient déjà faire passer pour l'Île heureuse et délivrée naguère entrevue par le poète derrière l'Île heureuse de dérision du romancier dont il hérita. Mais qui donc prenait garde à cette île flottante qui, à l'écart des grands courants internationaux, venait à l'appel de son ancre sudiste et mettait le cap sur l'Orient ? Même quand éclata en 1971, dans le Sud de la misère et de l'abandon, la jacquerie des paysans en sagaies de l'armée de Monja Jaona, dont la levée était périodiquement annoncée depuis une trentaine d'années, bien peu voulurent comprendre le sens évident de l'événement. Alors s'en saisirent au vol, dans une stratégie de rupture qui n'épargna nullement les domaines linguistique et littéraire, quelques minorités marxisantes tournées vers les modèles asiatiques et qui voulurent voir en cette révolte les signes précurseurs d'une révolution populaire enfin proche. Émergeaient au cœur des débats, habilement brouillés par des politiciens en quête de pouvoir, le néocolonialisme jugé responsable de tous les maux (sous-développement, corruption, népotisme...) et la langue française, à la fois perçue comme symbole de l'impérialisme occidental et première cause des échecs scolaires et universitaires de plus en plus nombreux. À l'arrière-plan, une certaine population des villes, sans regard pour la campagne et le menu peuple, et désormais impatiente d'accéder au mieux-être et à l'égalité promis avec l'indépendance ; et, masse de manœuvre toute prête, la population scolaire et universitaire, prise au piège d'une politique démagogique qui, en guise de carotte, joua l'ouverture de maternités et d'écoles, en faisant fi des problèmes de l'économie et de l'emploi. Aussi suffit-il d'une atmosphère de fin de règne, créée par la vieillesse et la maladie du président, et de l'application brutale – mais calculée ? – de la politique de dégagement de la France dans le domaine de l'enseignement, pour que le gouvernement social-démocrate, obligé de traduire dans les faits l'équation démocratisation + justice = malgachisation + sélection, se trouvât totalement isolé, victime de son ancienne confiance aveugle dans les vertus du néocolonialisme.
Levée de boucliers au premier rang, chez ceux dont les privilèges, liés à la francophonie, étaient menacés par ses réformes tardives ; levée de boucliers dans les derniers rangs, chez ceux qui – malgachisation ou non – avaient espéré de lui des portes plus grandes ouvertes. Instituteur formé par l'école coloniale française, le ministre de l'Éducation nationale et des Affaires culturelles – qui, non sans raison, se faisait un titre de gloire d'être, dans la tradition ancestrale, le plus grand orateur de l'Ouest malgache – ne put résister aux attaques verbales d'une étudiante de la capitale radicalement irrespectueuse du code traditionnel des échanges et aussi profondément nationaliste qu'incapable de tenir un discours cohérent dans la langue de ses ancêtres, objet de ses études universitaires... Le ministre démissionna, cédant la place à un scientifique issu de l'Université française, qui d'ailleurs n'en put mais, tandis que loin des affrontements, le poète francophone, ministre des Affaires étrangères, troisième vice-président de la République et chargé à ce titre de superviser les affaires culturelles, se taisait. Ainsi, quand, à la faveur des erreurs d'analyse et des multiples contre-sens, déferla le carnaval masqué de 1972, l'effondrement de la Ire République malgache, dans un simulacre de grand soir ponctué de mouvements de foule et de lueurs d'incendies, de brèves rafales et de tocsins divers, sonna les débuts d'une guerre linguistique dont la littérature écrite devait être l'une des premières victimes, et l'une des plus sérieusement touchées. Bien sûr, Madagascar, aujourd'hui, est un pays remis à plat. Mais chaque chose en son lieu. Et quoique la vitalité d'une littérature dépende de fort nombreux facteurs, nous ne parlerons ici que de ce que la situation présente et à venir doit au sort fait aux langues qui furent les moyens d'expression de la littérature malgache, comme aux cultures dont elle était l'expression.
Sous la Ire République, entre la juste revendication de l'égalité dans la différence et la dure nécessité de s'insérer dans le vaste univers du XXe siècle qui impose le regroupement, les esprits étaient restés partagés. Le plus grave était que bien des groupes d'« adultes » répugnaient ouvertement à faire l'effort de cultiver ou le pluralisme dialectal, qui reste pourtant le chemin d'accès aux richesses des terroirs, ou la langue nationale, qui reste le miroir historique de l'identité dont on est fier, ou le français, seconde langue officielle, qui reste la chance d'ouverture sur le monde, cette répugnance pouvant d'ailleurs concerner deux domaines, ou même les trois à la fois. Trompés par ces irresponsables qui, d'autre part, reprenaient sottement le reproche de favoriser les disciplines littéraires au détriment des scientifiques et des techniques, – reproche couramment adressé par les « experts » aux pays du Tiers Monde mais sans guère de fondement à Madagascar –, les moins vigoureux des enfants s'étaient endormis, bercés dans leur fierté de former une nation déclarée sans problèmes, ni frontaliers ni linguistiques, parfois déjà grisés par le parfum et le nectar de leurs fleurs de trois-couleurs, ou telomiova, curiosité botanique qui porte à la fois des fleurs mauves, des fleurs violettes et des fleurs blanches. Quant aux gouvernements successifs du Président Tsiranana – conduite témoignant peut-être d'autant de candeur et de négligence que d'une certaine foi en la magie de l'écrit –, leur action en faveur de la paix linguistique avait en somme consisté à rappeler gravement que l'on avait donné au bilinguisme franco-malgache, inscrit en 1959 dans la Constitution, la suprême consécration d'un statut officiel. Dans un pays néocolonial, où l'intercommunication sans contrainte formelle prenait de plus en plus le biais d'un sabir diamétralement à l'opposé d'une langue de culture – rien à voir avec le créole –, ce n'était là que des gestes en quelque sorte rituels, aussi incapables de sauver les deux langues d'une perte assurée que d'instaurer le bilinguisme dans la sérénité quotidienne. Et cette sérénité se trouvait moins encore dans la conscience partagée des écrivains qui savaient que, dans le contexte d'une culture dominée par l'oral, la vie et la survie de leurs œuvres dépendaient avant tout de la formation de leurs lecteurs potentiels par les écoles, où le pire côtoyait le meilleur.
En 1972 se trouvaient dans les locaux de la fondation Charles de Gaulle, université de langue française mais de statut malgache depuis un an, des jeunes gens, qui avaient pris le chemin de l'école avec la proclamation de la Ire République et qui, dans l'ensemble, ne maîtrisaient ni le français ni le malgache – situation peu propice aux réussites dans les études supérieures et, moins encore, à l'éclosion puis au développement du goût littéraire. Leurs maîtres avaient été en majorité des coopérants français – surtout des volontaires du service national inexpérimentés et, dans les dernières années, des jeunes gens frais émoulus de l'effervescence et des barricades de Mai-68 : à de très rares exceptions près, les uns et les autres, persuadés d'offrir les clefs d'une science et d'une culture modernes à vocation universelle, ignoraient tout de la langue et de la culture malgaches – situation de monologue bien peu propice à la réussite des missions invoquées. Quant au malgache, langue littéraire ayant abondamment fait ses preuves en ses diverses variétés dialectales depuis des temps immémoriaux, si, dans sa forme classique en tant que langue ayant évolué dans le cadre d'une culture écrite amplement soumise aux influences européennes, il s'était vu reconnaître une place en différents lieux, tout comme au début et à la fin de la colonisation, du moins était-il demeuré le parent pauvre du système éducatif : il était enseigné, le plus souvent, par des diplômés de l'Université française assez profondément déculturés et qui, en cette matière, n'avaient généralement pour seul brevet que d'être nés de parents malgaches... Aucune erreur n'était alors aussi répandue que cette confusion du biologique et du culturel, fréquemment étendu à la langue, si ce n'est peut-être le culte du diplôme que l'on retrouve à l'origine d'autres aberrations. Ainsi, tandis que l'enseignement supérieur – université de coopération française et institut pédagogique sous le patronage de l'U.N.E.S.C.O. réunis – n'était pas parvenu à former sur place assez d'enseignants pour assurer à la langue nationale le modeste statut de langue vivante obligatoire pour les élèves malgaches de l'enseignement secondaire, l'administration responsable s'était, mal à propos, refusée à faire une exception pour les vrais maîtres de la langue, écrivains et orateurs, qui avaient le tort de ne pas être munis de titres universitaires. C'est tout cet ensemble que nombre de manifestants de l'automne 1972 percevaient comme un dispositif d'impérialisme culturel en action, une sorte de bastion qu'il convenait d'investir pour obtenir les réformes indispensables.
La destinée du pays remise par le président aux mains du chef d'état-major, les partisans des réformes, qui ignoraient les décisions françaises restées quasi confidentielles, prirent donc leur élan, sans se douter que, d'une part, la reddition sans résistance du bastion supposé et l'ivresse d'une victoire facile les entraîneraient bien au-delà de leurs revendications premières et que, d'autre part, certains, perdant complètement de vue les réalités, élèveraient des chimères sur des ruines. Ils ne purent ainsi qu'assister, dans l'impuissance, à la mise en œuvre d'une malgachisation d'autant plus outrancière que nourrie de passion, d'ignorance et de mauvaise conscience alourdies d'une forte dose de démagogie, laquelle transparaissait plus clairement encore à travers la reprise de la politique d'ouverture d'écoles, au moment même où diminuait tragiquement le nombre d'enseignants qualifiés. Cette œuvre objectivement destructive bénéficiant de la caution des « techniciens » placés aux postes de commande dans un esprit d'union nationale, ce fut en vain que se firent entendre les protestations des jeunes gens trop pauvres pour bénéficier d'ouvertures, faire leurs bagages et aller s'inscrire, aux frais de leurs parents ou des contribuables, dans les universités et les lycées de France. Chacun ses extrémistes et ses déviationnistes : on se mit à parler d'impérialisme merina, et l'on assista, dans un paroxysme, à la mise à feu et à sang de Tamatave/Toamasina, la ville portuaire de l'Est, depuis longtemps tournée vers les Mascareignes francophones et créolophones, par des manifestants chantant la Marseillaise et clamant leur refus d'un enseignement donné dans la langue nationale, identifiée au dialecte merina dont elle était initialement dérivée. Le tribalisme, relativement discret jusque-là, faisait ainsi irruption sur la place publique, accroché significativement au problème de la langue d'enseignement, que ne pouvait plus résoudre la simple affirmation de ce qu'on appelle depuis des siècles « unité linguistique et culturelle » de l'île. Celle-ci était certes aussi généralement reconnue que scientifiquement fondée, mais par ailleurs elle restait marquée par deux puissants facteurs de différenciation : d'une part l'adoption de l'alphabet latin – effective dans le Centre dès le début du XIXe siècle – et sa diffusion par l'école, qui firent passer le dialecte merina codifié au statut de malgache classique – langue officielle de la couronne et des Églises protestantes jusqu'à la fin de la monarchie, en 1897, reconnue comme telle mais minorée par les autorités coloniales, puis par celles de la République malgache – et, d'autre part, la position dominante du français dans toutes les villes malgaches au XXe siècle, période néocoloniale comprise.
Aucun don de voyance n'était indispensable pour deviner que des explosions en cascade pouvaient se produire au moindre faux-pas et que, non maîtrisée, la situation dégénérerait rapidement. La malgachisation telle qu'elle fut mal conçue et mise en application dans la pire des ambiances – même si l'on tient compte de la prise en considération des dialectes et des actions menées en faveur de la naissance d'un nouveau malgache commun – ne pouvait être qu'un échec... Elle le fut, mais on mit dix ans à le reconnaître, sacrifiant ainsi des centaines de milliers d'enfants scolarisés et déformés, en majorité perdus pour nombre de secteurs de la vie active, économique ou culturelle. Dans un tel contexte, on devine aisément ce qu'est et ce que pourra devenir la situation de la littérature, qui n'est certes pas au cœur des préoccupations générales.
De fait, même si l'on ne peut oublier que, dans cette période, la littérature malgache écrite a jeté quelques flammes en s'ouvrant aux passions, sans négliger de livrer des pages blanches aux paroles dialectales et argotiques, jamais, à ne considérer que la frange de la vie malgache se situant dans la mouvance des villes et du monde moderne, les situations linguistique et littéraire ne furent aussi déplorables. Hasardées sur un terrain miné, la langue classique et sa littérature en sortent à présent comme désarticulées, tandis que le français, longtemps réduit au statut de langue technique inconsidérément livrée au laxisme, n'est plus aux mains des nouvelles générations qu'un pauvre outil défectueux, la jouissance de ses trésors littéraires laissée en privilège aux classes dominantes d'hier et d'aujourd'hui. Cela constaté, parallèlement à la fermeture des chemins de l'Occident aux jeunes gens non boursiers, la nouvelle tendance est aujourd'hui à une sorte de retour au français.
La différence entre la loi et la coutume, disait un juriste jacobin, c'est que celle-ci s'efforce de maintenir l'homme dans la fidélité au passé tandis que celle-là veut le modeler en vue d'un avenir meilleur. Certains y crurent en 1972, d'autres y croient aujourd'hui... Ce sont, parfois, les mêmes. Mais ce sont, écrivains compris, des hommes qui tâchent de récupérer une langue et une culture par-delà une période de marginalisation et de déclin dont ils étaient au moins partiellement responsables ; qui plus est, des hommes avançant les mains vides. Loin de tendre vers un heureux dénouement, le vieux drame de la littérature malgache écrite n'en finit pas de se renouer et de se rejouer sous nos yeux. En attendant qu'il puisse enfin naître du magma autre chose que des avortons, le véritable espoir pour la littérature, nous semble-t-il, est à mettre une fois encore dans la contribution des artistes qui n'ont cessé de faire fleurir les chefs-d'œuvre de la littérature orale inscrite dans la tradition vivante, non pas immuable mais aussi fidèle à soi-même qu'accueillante aux souffles venus du large. De cela du moins des hommes et des œuvres nous sont garants.

Littérature de combat

Jacques Rabemananjara est, avec Ranaivo, l'un des deux écrivains malgaches dont la réputation ne s'est pas bornée aux côtes de la Grande Île. Ses chefs-d'œuvre, écrits en français, sont des fruits qui mûrirent au soleil de la torture et des prisons que lui firent connaître les Français de la IVe République, à cause des sanglants événements de 1947 dont il nie la responsabilité. Le chemin qu'il a parcouru peut servir à illustrer la naissance et le développement d'une littérature de combat.
Le sang européen qui coule dans ses veines est celui de l'inénarrable baron polono-hongrois Maurice Auguste Benyowski, qui mourut en 1786 sous les balles françaises, paré du titre illusoire d empereur de Madagascar. Ses ascendances malgaches vont des intrépides piroguiers betsimisaraka des siècles passés, qui de la côte nord-est s'en allaient porter la guerre dans les îles et les pays de l'Est africain, aux réunisseurs de terres et de pouvoirs du XIXe siècle merina, qui descendaient de leurs hauteurs en quête de l'unité malgache, au service de la monarchie. Enfant choyé de la croix catholique, jeune homme protégé du drapeau français, Rabemananjara devint le chef de file, trop curieux de sciences sociales, des apprentis-poètes de l'éphémère Revue des jeunes, dont la naissance (1935) fut saluée sur place comme un « fait important dans l'ordre littéraire, si important aussi dans l'ordre politique que la colonie, après avoir cherché à empêcher, avec le concours de l'Église, la parution de la revue, envoya son animateur à Paris pour le défilé du cent cinquantième anniversaire de la Révolution française. Grâce à la compréhension de Georges Mandel, il put y rester et fréquenter la Sorbonne, et c'est là que se nouèrent les liens qui unirent les futurs compagnons de Présence africaine dans la découverte de la solidarité des vaincus.
Rentré à Madagascar pour se présenter aux élections législatives d'après guerre comme candidat M.D.R.M. (Mouvement démocratique de la rénovation malgache), élu par le peuple malgache, Jacques Rabemananjara fut jeté en prison, quand éclata la rébellion, sans même avoir bénéficié de son immunité parlementaire. Dans les fers, il s'éveilla conscience tourmentée de son peuple et voix de sa révolte, tour à tour puissante et nostalgique. De ce moment et pendant un peu plus d'une dizaine d'années, celui que ses amis appelaient brièvement « Rabe » publia des chants – et non seulement des cris ; au-delà de la grandeur « révolutionnaire » que Sartre dans Orphée noir, préface à l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache d'expression française de Senghor (1948), reconnaissait alors comme apanage exclusif de cette « poésie noire de langue française », ces chants atteignent plus d'une fois à la véritable grandeur poétique. Brisés les liens de sa condition antérieure qui l'avaient même conduit aux abords du chauvinisme occidental, l'alexandrin de ses débuts trop sages peut enfin éclater jusqu'à devenir méconnaissable.
À la première mesure du souffle ou selon les rythmes de l'émotion malgache apprivoisée, le poète enfin libéré dans le citoyen enchaîné peut désormais transfigurer ce qui fut son idole le verbe humain qui a pu donner un Racine, un Lamartine et un Baudelaire, pour marteler en dissonance les cris de douleur et d'indignation de l'homme pris en traître, scander en dramaturge trop éloigné de la scène l'arrivée dans la baie d'Antongil des ancêtres venus d'Asie, entonner l'hymne d'éloges en l'honneur de la souveraine Liberté trahie par la France et de l'Île aux syllabes de flammes qu'il lui préfère comme jamais, lamenter la détresse et l'angoisse de l'homme que menace d'anéantissement le poids d'une langue et d'une culture étrangères à son peuple.
Puis, sa condamnation aux travaux forcés à perpétuité ayant été commuée en exil à Paris, c'est dans la liberté surveillée qu'il poursuit sa réflexion politique. Celle-ci s'exprime souvent en une prose passionnée, où l'éloquence voisine avec l'humour ; mais bientôt apparaît une prose limpide et serrée d'analyste dont la finesse n'est pas la moindre qualité.
Quand fut recouvrée l'indépendance, Rabemananjara revint au pays dans l'avion du président, pour y exercer des fonctions d'homme d'État. Pour lui, la création littéraire parut alors appartenir au passé, et le sonnet composé lors de la mort du général de Gaulle sembla moins l'œuvre du poète que celle du ministre désirant célébrer la mémoire de l'homme qui fit advenir la décolonisation. Cependant, le poète, qui, vers le même temps, disait la joie que lui apporta la publication des Hainteny d'autrefois recueillis sous les auspices de Ranavalona Ire, garda sa plume pour travailler aux pièces d'Ordalies, expressément données pour des « exercices de style mais qui, nourries de l'ancienne culture, restent par le fond ses œuvres les plus malgaches.
Œuvre aussi importante que symbolique, pouvait-on dire en ce temps-là de la sienne, et dont la postérité était non moins nombreuse que clandestine. Cependant, défaut majeur déjà – quoique son auteur ait pu affirmer : «La vérité est que sous l'impératif de notre drame, nous parlons malgache [...] dans la langue de nos maîtres –, elle est restée inaccessible à la majorité des Malgaches. Que dire aujourd'hui ? Ordalies ne parut que plus tard, à Paris, où Rabemananjara, ayant préféré reprendre le chemin de l'exil après 1972, est venu retrouver le monde de Présence africaine.

Littérature de détresse et d'espoir

Aîné de Rabemananjara, Rabearivelo est le poète maudit de la littérature malgache : naissance aristocratique mais marginale, suicide de poète « apolitique » mais qui témoigne contre tout régime colonial ; entre les deux, une vie douloureuse de proscrit dont l'unique ambition était de devenir un grand écrivain et d'atteindre à la gloire. Mais cette gloire qu'il a recherchée hors de l'étouffante société coloniale de l'Emyrne qui le tenait prisonnier, cette gloire ne l'a jamais atteint vivant, de tous les coins du monde où il lança son œuvre : de l'Amérique du Sud à l'Afrique du Nord, de Vienne à Paris, de Marseille à Port-Louis, sans oublier Tananarive. Elle ne lui permit même pas de vivre décemment dans sa capitale prise dans l'impasse de l'assimilation : parent trop pauvre des notables malgaches enfoncés dans leurs ornières » et plus gênés que lui par les « oripeaux chrétiens et occidentaux , allié méconnu des colonisateurs qui le rejettent violemment dans l'indigénat et la misère, il n'avait plus pour pairs et amis que quelques hommes de lettres dont il restait néanmoins séparé par la distance (Amrouche, Guibert) ou le souci de sa dignité (Boudry, Razafintsalama, Rabemananjara). On ne peut se faire une consolation de ce que, confrontée à la mort, la gloire ait rapidement effleuré son nom sur l air du mois de la Nouvelle Revue française et les pages du Mercure de France ; mais, venue trop tard pour l'homme, fait-elle au moins vivre ce qui reste de son œuvre ?
Cette œuvre, bilingue si l'on ne tient compte de l'espagnol un moment taquiné par amour de l'histoire malgache, embrasse pour ainsi dire tous les genres, de la nouvelle à la critique en passant par la traduction (Poe, Baudelaire). Mais la vocation de Rabearivelo resta la poésie à laquelle il donna ses chefs-d'œuvre : en malgache, des poèmes crépusculaires dominés par l'angoisse et la nostalgie qu'il éparpilla dans les très nombreux journaux tananariviens de son temps ; en français, des recueils de poèmes d'une grande beauté formelle, où le sentiment n'est plus qu'un imperceptible frémissement ; mais surtout, en un texte bilingue, deux œuvres qui témoignent et de son talent, et de ses trouvailles fécondes en malgache, et de sa grande maîtrise de la langue française harmonieusement dépaysée par la respiration de l'ancien vers libre malgache et naturalisée par les thèmes.
Depuis sa mort, son œuvre fut aussi tiraillée que lui de son vivant, et scandaleusement. Rabearivelo, Latin égaré en Scythie ou inversement Scythe latinisé, écartelé entre deux cultures et deux langues, victime à en mourir du régime colonial, est un exemple unique de réussite personnelle (il fréquenta à peine l'école) à peu près égale dans les deux langues. Il est le seul qui puisse servir de guide à la foule innombrable de jeunes et de moins jeunes que tient le démon de la littérature.
Que nul des contemporains malgaches de Rabearivelo n'ait été connu à l'étranger peut aisément s'expliquer : d'une part, alors qu'il était seul à user du français en maître, on n'étudiait pas le malgache pour sa littérature, condamnée d'avance par les préjugés colonialo-racistes ; d'autre part, la curiosité littéraire pour l'Île trouvait à se satisfaire par les récits de voyages, par la littérature exotique qui la choisit parfois pour thème le plus souvent alterné avec celui des îles sœurs de l'océan Indien, ou par l'infidèle traduction du folkloriste qui, tantôt sacrifiant la forme au fond, tantôt saisi par la fausse élégance, détruit l'œuvre.
Quant à la faiblesse de la production littéraire contemporaine comparée à celle des devanciers, déjà peut largement l'expliquer ce que l'on sait de ses conditions d'existence. Peut-être même doit-on s'émerveiller de ce qu'une telle adversité n'ait pu empêcher la croissance de quelques œuvres, évidemment bien plus nombreuses en malgache qu'en français, mais les unes et les autres comme libérées des vieilles pesanteurs, qui en étreignent encore tant d'autres, qu'il s'agisse du puritanisme transmis par les Églises devenues les refuges du malgache classique au temps de son éviction des écoles publiques, ou du nationalisme étroit encore à l'œuvre ces derniers temps.
Devant toutes les raisons de craindre que la relève ne soit pas de sitôt assurée, ces quelques lueurs paraissent bien faibles. Mais l'on ne peut oublier qu'il reste effectivement une grande raison d'espérer. C'est loin des écoles, en effet, qu'au lendemain de l'indépendance, la langue littéraire s'est mise à récupérer, avec le vieux fonds traditionnel remis au jour, ses vertus d'autrefois. Et c'est ainsi que se fait à nouveau entendre le message que Rabearivelo tenta d'exprimer à travers une réinterprétation du mythe d'Antée, ressuscitant comme tous ceux qui savent boire à la source. Pensons notamment à la belle œuvre de Flavien Ranaivo (1914-1999) et à son effort pour donner un équivalent français des poèmes malgaches. Traduction et création sont ici indissociables.

Littérature coulant de source

J'avais lu, lycéen, Les Hainteny et, sais-je pourquoi ? je doutai longtemps (j'aime à douter encore) si les Malgaches avaient eu vraiment tant de chance, si ces merveilles poétiques n'étaient pas dues tout entières à un poète caché qui se donnait pour leur traducteur, si Jean Paulhan, en somme, n'avait pas réussi ce que le Pierre Louýs des Chansons de Bilitis avait autrefois manqué. Tangible, irrécusable aboutissement, pensais-je, d'une méditation sur le langage poétique et comme l'incarnation, ou la démonstration, de ses pouvoirs. Un poète ? (À qui cette vérification, peut-être, avait suffi. À l'affût, désormais, de la voix des autres) Jacques Borel, Jean Paulhan et la Nouvelle Revue française, 1969
Paulhan poète ? La beauté de ses traductions en fait foi, et nous savons, pour l'avoir entendu, qu'il était effectivement capable d'improviser en hainteny, en malgache comme en français (même s'il les appelle parfois haikai). Mais c'est depuis sa jeunesse que Paulhan a été « à l'affût de la voix des autres » et a su se mettre à leur école sans l'ombre d'un préjugé. On peut répondre de façon définitive à ceux qui, avec Jacques Borel ou avec Guy Dumur, se demandent encore si les hainteny, tels que les a fait connaître Paulhan, sont ou non une supercherie. Laissons à la littérature française, jusqu'à preuve du contraire, les Chansons madécasses de Parny qui n'ont que leur exotisme et leur générosité, mais les hainteny sont authentiquement malgaches : ceux qui se disent encore dans les campagnes épargnées par la civilisation, comme ceux de Rabearivelo, ceux qu'a traduits Paulhan, ceux que Dahle a recueillis une quarantaine d'années auparavant et qu'il a traduits en norvégien en les rapprochant des stev de son pays, comme ceux du manuscrit vieux d'un siècle et demi qui furent publiés en 1968, et qui auraient sans doute plu à Paulhan pour leur érotisme sans autre fard que la poésie. Cela dit, Jacques Borel a fort bien saisi ce que représentent les hainteny en tant que production littéraire ; d'ailleurs, « science et puissance des mots » traduit mieux leur nom que « science des paroles » d'une ambiguïté aussi paulhanienne que française.
L'existence des hainteny merina, des saimbola sakalava, des fampariahitse betsileo, etc. – tous déjà aussi souvent dits que chantés (dans les spectacles de mpilalao qui évoquent les sotties) – atteste et l'origine asiatique et l'ancienneté (les chansons de l'ancienne Chine du Sud, les chants alternés de l'Indochine, les haies de chants de l'ancien Japon, etc.) de la littérature malgache traditionnelle, tout comme témoignent peut-être de l'influence africaine et de l'originalité malgache les analogies thématiques entre le cycle africain du Roman de Lièvre et le cycle du Roman d'Ikotofetsy (le rusé) et Imahakà (le jeteur de sort ?) remarquable par l'absence de recours au masque animal. Des anciens vazo (récitatifs psalmodiés) aux éternels et universels ohabolana (poésie gnomique) en passant par les grands sôva (blasons) de l'actuel ôsika tsimihety, cette littérature a illustré plus d'un genre poétique issu du rythme et du chant, n'ignorant même pas la rime, et, des mythes à l'embryon de roman apologétique du conte d'Ibonia en passant par les légendes et les traditions historiques, plus d'une forme du récit. Il restait donc à renouer avec la tradition établie par les katibo des sorabe antemoro et reprise par les secrétaires et les mémorialistes de la cour de Ranavalona Ire, pour recueillir et étudier ce trésor littéraire avant qu'il ne fût trop tard. Dans les dernières décennies ce fut à nouveau, pour quelques-uns, une préoccupation majeure. Et, dans le contexte d'une reconnaissance émerveillée de richesses hier encore insoupçonnées, l'intérêt que l'on a vu ainsi porté à la littérature orale a paru ne plus devoir se démentir.


En revanche, la littérature malgache contemporaine compte peu de romanciers (Pélandrova Dreo, Pélandrova, 1975 ; Michèle Rakotoson, Le Bain des reliques, 1988), et il lui a fallu affronter une situation compliquée par la révolution de 1972, qui voulut faire prévaloir l'écriture en malgache. Depuis 1980, avec l'évolution politique du régime, la littérature malgache d'expression française a en partie retrouvé sa place. En témoignent les œuvres de Charlotte Rafenomanjato (Le Pétale écarlate, 1980, Lente Spirale, 1990)

Liens
http://youtu.be/6OrhB2ukRQU Voyage sur l'île rouge 1
http://youtu.be/fwB2Qpf02Lg Voyage sur l'île rouge 2

http://youtu.be/Zjxb-vcdt68 Madagascar D'Ambilobe à Vohémar 1
http://youtu.be/ZabC2r4Syis Madagascar Baie d'ANtogil 2
http://youtu.be/JxL9YDPMihE De Vohémar à Sambava3
http://youtu.be/6OrhB2ukRQU?list=PL6AC2393A0671771C Madagascar.


[img width=600]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/45/Detail_of_Diogo_Dias's_ship_(Cabral_Armada).jpg[/img]

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Posté le : 09/08/2014 18:23
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Marie-Claire Alain
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Le 10 août 1926 à St Germain en Laye naît Marie-Claire Alain

organiste concertiste française,et enseignante au conservatoire de Paris elle a pour maîtres Marcel Dupré
Maurice Duruflé et Simone Plé-Caussad, elle meurt à 86 ans au Pecq en France, le 26 février 2013.

En bref

Elle compte parmi les plus illustres organistes de sa génération, de réputation internationale. Les critiques sont unanimes à louer la clarté lumineuse de son jeu, la pureté de son style, la musicalité intense et vivante de son interprétation, et sa maîtrise dans l’art de la registration.
La haute stature de Marie-Claire Alain domine de très loin le paysage de l'orgue français de la seconde moitié du XXe siècle. Le rayonnement de l'enseignante et le renom de l'interprète ont largement débordé nos frontières pour s'étendre dans le monde entier.
Fille d'Albert Alain, sœur de Jehan et d'Olivier Alain, elle fit ses études auprès de son père et au Conservatoire de Paris, où elle obtint le premier prix d'orgue dans la classe de Marcel Dupré en 1950. Elle connut vite la célébrité grâce à ses concerts et à de très nombreux disques, dont deux intégrales de l'œuvre de J.-S. Bach. Son répertoire, étendu, ne connaît pas d'exclusive. On lui doit des harmonisations de noëls et de chansons populaires françaises.

Sa vie

L'organiste française Marie-Claire Alain fut la plus grande interprète du répertoire de son père et de son frère, Albert et Jehan Alain.
Marie-Claire Alain naît à Saint-Germain-en-Laye le 10 août 1926, dans un milieu très ouvert à la musique. Son père, Albert Alain, s'est fait un nom comme organiste et compositeur et s'essaie à la facture d'orgue en amateur. Son frère aîné, Jehan, marchera sur les traces paternelles et laissera une œuvre courte mais passionnante, essentiellement destinée à l'orgue, avant de tomber au combat au début de la Seconde Guerre mondiale.
Sa sœur, Marie-Odile, dotée d'une belle voix de soprano, pratiquera le piano et l'orgue avant de mourir prématurément dans un accident. Un autre frère, Olivier, sera à la fois pianiste, musicologue et compositeur.

Formation

La jeune Marie-Claire reçoit donc au sein de sa famille une première formation musicale qui lui permet, dès l'âge de onze ans, de remplacer son père à la tribune de l'église Saint-Germain de sa ville natale.
À la mort de ce dernier, elle sera titulaire du même instrument.
Elle mène au Conservatoire de Paris – avec Maurice Duruflé harmonie, Marcel Dupré orgue et Simone Plé-Caussade fugue et contrepoint – de brillantes études couronnées par cinq premiers prix orgue, harmonie, contrepoint, fugue et improvisation.
Elle achève de se perfectionner auprès d'André Marchal et de Gaston Litaize, puis remporte en 1950 le deuxième prix premier prix non décerné du concours international de Genève. Commence alors une carrière qui s'étendra sur plus de soixante ans et l'amènera à donner sur toute la planète près de deux mille cinq cents concerts.Enseigen

Carrière de Professeur

Marie-Claire Alain devient rapidement un professeur très recherché. Aux Pays-Bas, elle anime l'académie d'été de Haarlem de 1956 à 1972, et y reviendra ponctuellement les années suivantes. Elle enseigne ensuite aux conservatoires régionaux de Rueil-Malmaison de 1978 à 1994, puis de Paris de 1994 à 2000.
En France, elle crée et dirige l'académie d'été de Saint-Donat-sur-l'Herbasse Drôme de 1977 à 1991. L'académie de Romainmôtier, Suisse, où est installé l'orgue de salon de la famille Alain, en fait son invitée permanente de 1991 à 2009.
Marie-Claire Alain donne par ailleurs des cours dans de très nombreux conservatoires européens, nord-américains – elle reçoit le titre de docteur honoris causa de la Colorado State University et de la Southern Methodist University, Dallas – et asiatiques – notamment au Japon.
Surnommée outre-Atlantique la First Lady of the organ, elle forme ainsi un très grand nombre d'élèves, parmi lesquels il convient de citer Margaret Philips, Daniel Roth, Thomas Trotter ou encore Vincent Warnier.

Marie-Claire Alain suit de près la rénovation des orgues anciennes.
Elle fait partie de la commission des orgues non protégées de 1970 à 2009, et de la Commission supérieure des monuments historiques pour les orgues de 1966 à 1984, puis de 1998 à 2006. Elle dirige en outre la reconstitution, en 1975, de l'orgue de la Sainte-Chapelle du château des ducs de Savoie, à Chambéry, et celle du grand orgue de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges, en 1977.
Pédagogue très recherchée, justement fameuse pour ses conférences avec illustrations musicales qui l'ont amenée dans les plus prestigieuses universités américaines, canadiennes, japonaises et dans tous les grands conservatoires européens, elle fonde son enseignement sur les études musicologiques approfondies qu’elle ne cesse d’effectuer dans les domaines de la littérature organistique et de l’exécution de la musique ancienne, romantique et symphonique.
Elle fut chargée du cycle de formation professionnelle pour organistes dans le cadre du conservatoire national de région de Paris, de 1994 à 2000 après avoir enseigné au conservatoire de Rueil-Malmaison de 1978 à 1994.
Elle fut aussi professeur à l'académie d'orgue d'été de Haarlem aux Pays-Bas aux côtés de Anton Heiller, Luigi Ferdinando Tagliavini et Gustav Leonhardt chaque année de 1956 à 19722 puis ponctuellement en 1974, 1982, 1994…
Elle a créé l'académie Jean-Sébastien Bach de Saint-Donat Drôme où elle a dirigé l'académie internationale d'été pour organistes autour de l'orgue Schwenkedel, 1977 à 1991. Elle est l'invitée permanente de l'académie d'orgue de Romainmôtier, Suisse 1991-2009 où elle a dispensé ses cours sur l'orgue restauré de la famille Alain.

Membre de la commission des orgues

Marie-Claire Alain a fait partie de la Commission des orgues non protégées, du ministère de la Culture, 1970-2009 et a longtemps fait partie de la Commission supérieure des monuments historiques pour les orgues2 de 1966 à 1984 et de 1998 à 2006.
En 1975, elle inaugure l'orgue de la Sainte-Chapelle du château des Ducs de Savoie, à Chambéry, dont elle a dirigé la reconstitution, participant ainsi aux festivités du tri-centenaire de l'instrument. En 1977, elle dirige la réfection du grand orgue de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges.

La musicienne

Unanimement appréciée pour la clarté de son jeu, la pertinence de ses registrations, l'intelligence de ses doigtés et l'adéquation des instruments retenus, Marie-Claire Alain a produit, essentiellement pour le label Erato, une immense discographie saluée par de nombreux prix en France et à l'étranger, reflet d'un très vaste répertoire qu'elle jouait de mémoire. Ce legs est dominé par un triple enregistrement intégral de l'œuvre pour orgue de Jean-Sébastien Bach.
Un premier cycle, entamé en 1959, est achevé en 1967.
La musicienne entreprend, de 1978 à 1980, une deuxième version qui ouvre son classicisme aux découvertes baroques. Une dernière intégrale, gravée de 1985 à 1993, établit, sur instruments anciens, un bilan final enrichi à la fois des avancées de la musicologie et de l'expérience de toute une vie.
La passion de Marie-Claire Alain pour l'orgue classique couvre tout autant le baroque français – François Couperin, Nicolas de Grigny, Louis Nicolas Clérambault, Nicolas Lebègue, Louis Claude Daquin, Claude Balbastre – que les prédécesseurs de Bach, comme Dietrich Buxtehude, Georg Böhm, Nicolaus Bruhns ou Vincent Lübeck.
À son catalogue figurent également W. A. Mozart, Felix Mendelssohn, Franz Liszt et César Franck, deux intégrales.
Son domaine s'étend en outre à l'orgue symphonique, Louis Vierne, Charles Marie Widor, Eugène Gigout, Léon Boëllmann et aux partitions contemporaines signées par Albert Alain, Jehan Alain – elle revient à plusieurs reprises sur cet héritage et termine traditionnellement ses récitals par les Litanies composées par son frère Jehan –, Maurice Duruflé ou encore Olivier Messiaen. Marie-Claire Alain inaugure avec Maurice André la formule trompette et orgue, qui sera appelée à un universel succès populaire.
Elle aborde également les pages concertantes pour orgue et orchestre, Georg Friedrich Haendel, Joseph Haydn, Francis Poulenc et, avec des chefs tels que Michel Plasson, Jean Martinon, Georges Prêtre, Michel Corboz ou John Nelson, les partitions symphoniques qui sollicitent son instrument.

Marie-Claire Alain meurt le 26 février 2013, au Pecq Yvelines.

Discographie

La discographie exhaustive a été dressée par Alain Cartayrade et a fait l'objet d'une publication dans la revue L'Orgue.

Ses enregistrements, en majeure partie chez Erato : plus de quatre millions de disques vendus, deux disques d’or, un laser d'or remis par l'Académie du disque français. Elle a réalisé plus de 220 gravures sur disque et plus d'une soixantaine de CD. Intégrales : J. S. Bach, trois intégrales, Buxtehude, Bruhns, Georg Böhm, Couperin 3 versions, Grigny 3 versions, Daquin, Pachelbel, Mendelssohn, Franck 2 versions, Jehan Alain 3 versions et les concertos de Poulenc, Chaynes, Haendel, J. S. Bach, C.P.E. Bach, Haydn, Mozart, Vivaldi, la plupart avec l'orchestre de chambre Jean-François Paillard, et qui lui ont valu plus de quinze Grands Prix du disque et de nombreux Diapasons d’or. Liszt, Widor, Vierne et Messiaen ont aussi fait l'objet de plusieurs CD. Elle a, entre autres, réalisé de nombreux enregistrements d'œuvres pour trompette et orgue avec le trompettiste Maurice André.
Sa première intégrale de l'œuvre pour orgue de J. S. Bach en 24 disques 1959-1967 lui valut le prix Edison Amsterdam et celui de la plus grande réalisation phonographique mondiale Académie Charles-Cros Paris en 1968. La ville de Lübeck lui a décerné 1976 le Prix Buxtehude, couronnant son action en faveur de la musique ancienne allemande.
À Copenhague elle s'est vu attribuer le prix de musique de la Fondation Léonie Sonning pour sa deuxième intégrale J. S. Bach 1980. À cette occasion, elle a été décorée de l'Ordre royal de Dannebrog.
La ville de Budapest lui a décerné le prix Franz Liszt (1987). L'American Guild of Organists AGO, section New York, l'a déclarée Interprète de l'année en 1984 et l'American Guild of Organists lui a attribué en 1999 sa plus haute récompense pour son immense carrière.

Hommages, Décorations Marie-Claire Alain est :

grand officier dans l’ordre de la Légion d'honneur le 13 juillet 2012
commandeur dans l’ordre national du Mérite
commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres
chevalier dans l'ordre royal de Dannebrog Danemark.

Distinctions

Marie-Claire Alain a obtenu un grand nombre de prix dans des concours internationaux après s'être perfectionnée avec Gaston Litaize et André Marchal. Elle a ainsi obtenu :
en 1950, le prix d'orgue du concours international de Genève ;
le prix des amis de l'orgue ;
seize grand prix du disque décernés par l'Académie Charles-Cros ;
le prix Edison à Amsterdam, en 1968 et en 1973 ;
le disque d'or du Japon en 1973 ;
le prix du président de la République, prix spécial du jury de l'Académie Charles-Cros en 1974 ;
le prix Buxtehude de la ville de Lübeck en 1976 ;
le prix de la fondation Léonie Sonnig à Copenhague en 1980 ;
le prix Franz Liszt à Budapest en 1987 ;
le Laser d'or en 1988.
Membre de l'Académie royale de musique de Suède et membre d’honneur de l’Académie royale de musique de Londres 2002, Marie-Claire Alain est également docteur honoris causa de l'université d'État du Colorado à Fort Collins 1971, de la Southern Methodist University of Dallas 1976, de l'Académie Sibelius d'Helsinki 1998, du Boston Conservatory 1999, de l'université McGill à Montréal 2001 et de l'université Johns-Hopkins à Baltimore mai 2006.

Principaux élèves

Claude Terrasse
Marie-Thérèse Michaux-Besson
Marguerite de Plinval de Jouvencel
Jean Ferrard
Yves Devernay
Gunther Morche
François Delor
Guy Bovet
David Rumsey
Daniel Roth
Noëlla Genest
Jacques Montgrain
Rudolf Meyer
Pierre Perdigon
Norma Stevlingson
Kenneth Weir
Monique Gendron
Gillian Weir
Wolfgang Karius
Robert Girard
Cherry Rhodes
Layten Heckman
Marie-Louise Jaquet Langlais
David Sanger
Gunther Kaunzinger
Jean-Marc Pulfer
John Grew
Heinz Balli
Edward Higginbottom
Charles Benbow
Larry Cortner
Gordon Murray
Piet van der Steen
Lynne Davis
Herdon Spillmann
Wolfgang Rübsam
Edgar Krapp
Fred Gramann
Margaret Phillips
Ton van Eck
Vim Viljoen
James David Christie
George Baker
Jacques van Oortmerssen
Daniel Matrone
Jean Le Buis
Matts Ericson
Jon Laukvik
Markku Heikinheimo
Pierre-Yves Asselin
John O'Donnell
Jon Christensen
Anne Page
Jesse Eschbach
Robert Battes
Jacques Taddei
Marie-Bernadette Dufourcet-Hakim
Harald Feller
Geneviève Soly (Lagacé)
Larry Allen
Richard Coffey
Michaël Matthes
Thomas Trotter
Ludger Lohmann
Eileen Vandermark
Elisa Freixo
Emmanuel Mandrin
Helga Schauerte-Maubouet
Cristina Garcia-Banegas
Carolyn Shuster
Jane Watts
James Higdon
Gabriel Marghiéri
Daniel Fuchs
Erik Borstrom
Martin Souter
David Titterington
Gunnar Idenstam
Franck Barbut
Thierry Mechler
Caline Malnoury
Maija Lehtonen
Michael Velting
Larry Stratemeyer
Matthew Dirst
Stéphane Béchy
Olivier Vernet
Bruno Strangis
Eliane Frischknecht
Laurent Fiévet
Liesbeth Kupershoek-Schlumberger
Deborah Friauff
Alexei Parshin
James Denman
Philippe Delacour
Jacques Amade
Marc-André Doran
Philippe Bataille
Jean-Marie Lamour
Danny Belisle
David Noël-Hudson
Heidi Emmert
Bruno Mathieu
Hervé Morin Note 1
Emmanuel Georges
Kiyoko Takashshi
Pascal Marsault
Vincent Warnier
John Charron
Bruno Morin
Marie-France Veilleux
Marianne Lévy-Noisette
Pierre Cambourian
Françoise Dornier
Olivier Grodecœur
Vincent Freppel
Henri de Rohan-Csermák
Vincent Grappy
Erwan Le Prado
Jean-Baptiste Robin
Juan María Pedrero
Noël Hazebroucq
Yannick Merlin
Stéphane Catalanotti
Diego Innocenzi
Marie-Bernadette Carrau

Liens
http://youtu.be/j2oCX9woz9U Bach toccata et fugues par Marie-claire Alain
http://youtu.be/eDHskwhWGI0?list=PL67E605BC9D5806B8 MC Alian 11 vidéos
http://youtu.be/8jcRkNHItKg Hommages à Marie-Claire Alain


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Posté le : 09/08/2014 17:40
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Alexandre Glazounov
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Le 10 août 1865, à Saint Pétersbourg naît ­Alexandre Konstantinovitch

Glazounov


Александр Константинович Глазунов dernier grand compositeur romantique et chef d'orchestre russe, il enseigne au conservatoire de Saint Pétersbourg il a pour maître Rimski-Korsakov, il meurt à 70 ans, à Neuilly-sur-Seine le 21 mars 1936.

En bref

Souvent les Russes ont dit de Glazounov : C'est un chêne !, et telle est bien l'image que suggèrent l'homme et l'œuvre. On l'a encore considéré parfois comme un homologue russe de Brahms, mais cela n'est pas exact : chez Brahms on trouve un romantisme nordique — donc réservé —, une pensée philosophique et une souffrance humaine qui font défaut à Glazounov, lequel est essentiellement et exclusivement un musicien, c'est-à-dire un très grand artisan, dans la plus noble acception du terme. Sa musique ne vit... qu'en musique ! On n'y trouve guère de nationalisme spectaculaire, mais un caractère russe en profondeur, de même qu'un culte rigoureux — et presque rigoriste — des formes traditionnelles les plus strictes que, dans l'ensemble, il préfère à la liberté romantique de la musique à programme.
Sous l'influence de Rimski-Korsakov et de Vladimir Stassov, il écrit d'abord des poèmes symphoniques d'inspiration russe, comme Stenka Razine, dédié à la mémoire de Borodine ; d'ailleurs, Glazounov a rédigé une partie de ses œuvres restées inachevées, et notamment d'assez nombreuses pages du Prince Igor, La Mer, Le Kremlin, Le Printemps ; il se tourne ensuite vers la musique pure, compose huit symphonies, six quatuors à cordes, son célèbre concerto pour violon, 1904, deux concertos pour piano, deux sonates pour piano, un concerto pour saxophone, écrit à Paris, en 1936, en collaboration avec A. Petiot.
On lui doit en outre trois beaux ballets apparentés à la tradition chorégraphique de Tchaïkovski : Raymonda, Ruses d'amour et Les Saisons.

Sa vie

Descendant d'une des plus anciennes familles d'éditeurs russes, Glazounov s'avère un enfant précocement doué pour la musique. Sans avoir jamais fréquenté aucun conservatoire, il apprend en deux ans l'harmonie et les techniques de la composition sous la direction de Rimski-Korsakov.
Il prend des cours de musique avec Nikolaï Rimski-Korsakov, à qui il a été recommandé par Mili Balakirev qu'il avait rencontré à l'âge de 14 ans.
Il a seize ans lorsque Balakirev dirige à Saint-Pétersbourg sa première symphonie, qui lui vaut par ailleurs les encouragements de Liszt.
La même année 1882 voit la création de son premier quatuor à cordes. Glazounov est accueilli chaleureusement dans le cénacle de Belaiev, riche mécène et mélomane qui va devenir rapidement son plus fervent admirateur.
En 1884, Belaiev crée les Concerts symphoniques russes pour faire jouer en priorité les œuvres de Glazounov, puis il fonde en 1885 les éditions Belaiev à Leipzig pour les publier. En 1887-88, Glazounov aide Rimski-Korsakov à achever le Prince Igor de Borodine, dont il orchestre aussi la troisième symphonie.
En 1884, Belaiev crée les Concerts symphoniques russes pour faire jouer en priorité les œuvres de Glazounov, puis il fonde en 1885 les éditions Belaiev à Leipzig pour les publier. En 1887-88, Glazounov aide Rimski-Korsakov à achever le Prince Igor de Borodine, dont il orchestre aussi la troisième symphonie.
Il compose sa première symphonie et son poème symphonique Stenka Razine, avant de se consacrer à la musique de chambre avec le groupe Belaïev.
Il fait ses débuts de chef d'orchestre en 1888 et dirige les Concerts symphoniques russes créés par Mitrofan Belaïev.
La même année 1882 voit la création de son premier quatuor à cordes. Glazounov est accueilli chaleureusement dans le cénacle de Belaiev, riche mécène et mélomane qui va devenir rapidement son plus fervent admirateur. En 1884, Belaiev crée les Concerts symphoniques russes pour faire jouer en priorité les œuvres de Glazounov, puis il fonde en 1885 les éditions Belaiev à Leipzig pour les publier. En 1887-88, Glazounov aide Rimski-Korsakov à achever le Prince Igor de Borodine, dont il orchestre aussi la troisième symphonie. En 1889, il participe, avec Rimski-Korsakov, aux concerts de musique russe de l'Exposition universelle à Paris, où il revient en 1907 lors des concerts organisés par Diaghilev.
La puissance créatrice de Glazounov ne se ralentit qu'à la fin de sa vie et s'exerce dans presque tous les genres. Au début de sa carrière, sous l'influence nationaliste du groupe des Cinq, il écrit des œuvres d'inspiration russe : les poèmes symphoniques Stenka Razine en 1885, la Mer en 1889, le Kremlin en 1890, le Printemps en 1891. En 1889, les Français le trouvent plus russe que Tchaïkovski.
En 1896, il dirige ses œuvres en Angleterre, ayant reçu entre-temps la commande d'une Marche triomphale pour l'Exposition universelle de Chicago. Institué à la mort de Belaiev enn 1903 administrateur de toutes ses fondations, il en devient président en 1908.
Il est nommé professeur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg en 1899, puis directeur de 1905 à 1928. Après la guerre, il participe activement à la réorganisation du conservatoire de Léningrad. Il quitte l'Union soviétique pour raison de santé en 1928 et fait de nombreuses tournées en Europe et aux États-Unis avant de s'installer en France Il restera à ce poste jusqu'en 1928, faisant preuve d'une admirable générosité envers les étudiants matériellement défavorisés.
Il contribue, d'autre part, à élargir le répertoire de la musique de ballet : en 1897, Raymonda est créé à l'Opéra impérial de Saint-Pétersbourg dans une chorégraphie de Marius Petipa. L'année suivante, il écrit Ruses d'amour et les Saisons, création en 1900.
En 1907, il orchestre pour Diaghilev la suite Chopiniana, qui devient en 1909 les Sylphides, et, en 1910, fait un arrangement orchestral du Carnaval de Schumann.
Glazounov est l'un des rares Russes à n'avoir pas écrit d'opéras.
C'est surtout dans le domaine de la musique pure qu'il s'exprime avec une aisance remarquable : 8 symphonies, 7 quatuors, 5 concertos pour violon, pour piano, pour violoncelle, pour saxophone. Il reçoit dix-sept fois le prix Glinka destiné à couronner les œuvres symphoniques. Les problèmes de développement de thèmes, les rythmes, l'écriture polyphonique le passionnent, et la richesse de son orchestration surpasse parfois celle de Rimski-Korsakov. Mais Glazounov est un compositeur foncièrement académique, réfractaire à toute forme d'évolution du langage musical.
Cependant, chacune de ses nouvelles œuvres est accueillie comme un événement, car sa maîtrise est ressentie comme un aboutissement de la musique russe et surtout comme une fusion des styles des écoles de Saint-Pétersbourg nationalisme et de Moscou occidentalisme.
Par les influences, Chostakovitch, Tcherepnine, Miaskovski ou les réactions Prokofiev, Stravinski qu'il provoquera, il joue un rôle important à une époque où la musique russe cherche son second souffle.
En 1929, il dirige l'enregistrement des Saisons, dont la réédition en CD révèle ses grandes qualités de chef d'orchestre.
Il écrit notamment des poèmes symphoniques, des symphonies, des ouvertures, concerti et des ballets. En 1887, il aide Rimski-Korsakov à terminer l'opéra Le Prince Igor de Borodine. Il se distingue notamment en reconstituant de mémoire l'ouverture qu'il avait entendu jouer une seule fois.
Émigré en 1928, Glazounov s'installe à Paris et effectue des tournées en Europe et aux États-Unis.
Il fait la connaissance de Marcel Dupré et lui dédie sa dernière œuvre, la Fantaisie pour orgue.

Il meurt en 1936, le jour même où un concert de ses œuvres doit être donné par l'orchestre Lamoureux. En 1972, ses cendres seront exhumées du cimetière de Neuilly et transportées à Leningrad.

Liste des œuvres d'Alexandre Glazounov.

8 symphonies achevées
Symphonie no 1 en mi majeur, op. 5 1880-82
Symphonie no 2 en fa dièse mineur, op. 16 1886
Symphonie no 3 en ré majeur, op. 33 1890
Symphonie no 4 en mi bémol majeur, op. 48 1893
Symphonie no 5 en si bémol majeur, op. 55 1895
Symphonie no 6 en ut mineur, op. 58 1896
Symphonie no 7 en fa majeur, op. 77 1902
Symphonie no 8 en mi bémol majeur, op. 83 1905/06
Symphonie no 9 en ré mineur, op. posthume fragment, 1904-10
7 quatuors à cordes
1 Quintette à deux violoncelles en la majeur Opus 39
1 Le quatuor de saxophones d'Alexandre Glazounov opus 109
2 concertos pour piano
Ruses d'amour ballet, au titre traduit ? en anglais par "Lady Soubrette"
Raymonda ballet
Les Saisons ballet
Stenka Razine poème symphonique, 1885
Le Roi des Juifs, musique de scène
Concerto pour violon et orchestre en la mineur, op. 82
Concerto pour saxophone alto et orchestre à cordes, op. 109-bis
Concerto-Ballata pour violoncelle et orchestre Op.108
Chant du ménestrel pour violoncelle et orchestre, op 71
Des Fantaisies pour grand orchestre symphonique La Forêt, La Mer
Idylle, pour piano, op.103 1926
Elegie, pour Alto, op.44

Liens

http://youtu.be/KLFX1ZWKemk Season Hiver-printemps-été-Autmne
http://youtu.be/dum-2EKDBtY Adagio automne
http://youtu.be/KLFX1ZWKemk; Seasons Hiver
http://youtu.be/ygs7TlT4KjU Concerto pour violons
http://youtu.be/_CQORJvjus4 Symphonie N° 6
http://youtu.be/YfFuJvzelMI Valse du concerto N°1
http://youtu.be/UhudQ_DD_TA Sonates 2 piano


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Posté le : 09/08/2014 17:18

Edité par Loriane sur 10-08-2014 19:42:35
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Jorge Amado
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Le 10 août 1912 à Itabuna état de Bahia au Brésil naît Jorge Amado de Faria,

écrivain brésilien de l'école moderniste il écrit des romans, nouvelles, contes, poésies, de la littérature d'enfance et de jeunesse, il reçoit le Prix Camões, le prix Lénine pour la paix, et le prix mondial Cino Del Duca il meurt à 88 ans le 6 août 2001 à Salvator dans l'État de Bahia au Brasil.

En bref

La littérature est pour lui l'expression de la lutte des classes, et, jusqu'aux années 1950, ses romans reflètent une pure orthodoxie stalinienne. Gabriela, girofle et cannelle 1958 marque alors un tournant dans son œuvre, où désormais l'emportent le lyrisme, l'humour et la sensualité les Vieux Marins, 1961 ; les Pâtres de la nuit, 1966 ; la Bataille du Petit Trianon, 1980 ; l'Enfant du cacao, 1982 ; Yansan des orages, 1988.
Pour d'innombrables lecteurs, l'œuvre de ce romancier, traduite en plus de quarante langues, est devenue synonyme de Brésil. Ce succès lui vient d'un talent de conteur incomparable, qui est la clef de l'unité d'une production dont les accents ont évolué durant un demi-siècle de création. Depuis les récits nerveux et lyriques, directement impliqués dans le débat politique des années trente, jusqu'aux histoires récentes, luxuriantes et débordantes d'humour et de sensualité, Amado donne la parole au peuple de Bahia. L'enracinement dans une terre de métissage racial et culturel, le foisonnement de personnages savoureux, la trame implacable ou fantaisiste de leurs combats ou de leurs aventures nourrissent une vision à la fois engagée, amusée et attendrie des passions humaines.

Sa vie

Un des plus grands auteurs brésiliens, Jorge Amado est né à Itabuna au sud de l'État de Bahia dans une fazenda. Fils de João Amado de Faria et de D. Eulália Leal, Jorge Amado arrive en 1931 à Rio de Janeiro pour y étudier le droit.
Son œuvre, traduite en 49 langues, se déroule le plus souvent dans les bas-fonds des communautés noires et mulâtres de la province de Bahia où il a presque toujours vécu, si ce n'est, au début des années 1950, pendant deux ou trois années d'exil politique à Paris, Prague et Dobříš, siège de l'Union des écrivains tchécoslovaques qui l'accueille pendant ce séjour forcé en Europe.
Athée, il devient membre du Parti communiste du Brésil PCB. Il commence comme militant communiste de 1941 à 1942, mais il doit s'exiler en Argentine et en Uruguay. Quand il revient au Brésil, il se sépare de sa première femme Matilde Garcia Rosa. Il est élu au nom de ce même parti à l'assemblée nationale constituante de 1945. La même année, il se remarie avec l'écrivaine Zélia Gattai.
En 1947, il a un fils, João Jorge. La même année, le parti communiste est déclaré illégal : ses membres sont arrêtés et persécutés. Amado choisit l'exil avec sa petite famille et se réfugie en France. Il demeure à Paris jusqu'en 1950, période durant laquelle, sa femme, Zélia Gattai obtient un diplôme de littérature à La Sorbonne. Puis il part en Tchécoslovaquie jusqu'en 1952.
Il voyage ensuite en Union soviétique. En Europe, il rencontre Picasso et Aragon.
À son retour au Brésil, en 1955, Amado abandonne l'activité politique et quitte le Parti communiste brésilien.
C'est l'auteur le plus adapté à la télévision brésilienne, et au cinéma, avec Tieta d'Agreste, Dona Flor et ses deux maris, et Gabriela, girofle et cannelle.
En 1984, il a été nommé commandeur de la Légion d'honneur par le président français Mitterand.
Il est lauréat du Prix Lénine pour la paix en 1951 et du prix Goncourt bresilien en 1994, ainsi que de nombreux autres prix.

Œuvre

La voix d'un peuple

Un père ensanglanté tombe de son cheval en protégeant son enfant : telle est la scène fondatrice de la vie du romancier Jorge Amado, né à Itabuna dans l'État de Bahia en 1912. En effet, la conquête violente des terres du cacao, cadre de sa petite enfance, traverse son œuvre depuis Le Pays du carnaval, passant par Tocaia Grande jusqu'à L'Invitation à Bahia. Cet enracinement va de pair avec la découverte de la littérature. Jeune homme, Amado part pour la ville de Salvador, l'ancienne capitale du pays alors en décadence par rapport à sa splendeur passée.
Là, il fait ses premières armes de journaliste ; militant communiste, il s'engage dans la voie du roman prolétarien. Dès 1931, Amado s'installe à Rio de Janeiro où son premier roman publié, País do carnaval, est bien reçu.
Tout en étudiant le droit, il continue à écrire, et son second roman, Cacau, saisi par la police de la dictature de Getulio Vargas, lui vaut un grand succès. Dorénavant, sa vie d'écrivain demeure indissociable de sa trajectoire politique. Membre actif de l'Aliança nacional libertadora à partir de 1935, il est mis en prison à diverses reprises en 1936 et en 1937 et doit s'exiler en Amérique du Sud à partir de 1941. En 1945, sous un nouveau régime, il est élu député fédéral communiste, mais son mandat sera interrompu en 1948 du fait de la dissolution du parti.
Jorge Amado, qui vit d'abord à Paris puis à Prague, reçoit en 1951 le prix Staline.
En 1952, il peut regagner définitivement le Brésil. Progressivement, il s'écarte du parti, et ses romans de plus en plus populaires lui valent d'être élu à l'Académie brésilienne en 1961. Depuis lors, il est devenu le symbole vivant de l'écrivain porteur de la voix de son peuple. Cela ne l'empêche pas de continuer à construire une œuvre régionaliste qui a su gagner une dimension universelle grâce au charme envoûtant des récits exotiques, à la vision politique qui la sous-tend, et à l'ouverture de son auteur sur le monde.

Le roman engagé

Roman encore immature, País do carnaval 1931 exprime les angoisses d'une génération qui s'est reconnue dans le jeune Paulo Rigger. Cet intellectuel d'éducation européenne renonce à transformer la réalité brésilienne après avoir dénoncé le carnaval comme une forme de fuite face à une situation sociale souvent insoutenable. Les deux œuvres suivantes, Cacao Cacau, 1933 et Suor 1934, qui ont pour protagonistes des petites gens exploités de l'État de Bahia, laissent prévoir quelles seront les deux faces de la fiction amadienne : le roman rural et le roman urbain. La vision manichéenne qui caractérise les personnages de ces documents, dans lesquels les militants généreux préparent la révolution prolétarienne, est compensée par le débordement de vitalité, la générosité des personnages, et par la saveur d'une langue nourrie d'oralité. La poésie habite ces romans chargés d'humanité.
Avec Bahia de tous les saints Jubiabá, 1935, journal d'un Noir en fuite, Amado met en valeur la présence africaine au cœur de la ville de Salvador. Le petit orphelin, Antônio Balduíno, qui errait librement sur le morne, ignorant encore la haine et l'amour, pur comme un animal, n'ayant d'autre foi que ses instincts, est fasciné par le sorcier Jubiabá. Un jour, il comprendra que ce dépositaire était le dernier gardien de la liberté du peuple.
Comment retrouver le chemin de la maison ? Telle est la quête lancinante de ce mauvais garçon très populaire qui découvre la solidarité du combat politique.
Amado oscille alors entre la valorisation de la matière sociale avec Capitaines de sable Capitães da areia, 1937, qui évoque le drame des enfants marginaux, et la manière poétique qui s'exprime avec le plus de lyrisme à propos des pêcheurs dans Mar morto 1937.
Ces deux tendances s'allieront avec efficacité dans Terre violente Terras do sem fim, 1942 qui complète le cycle inauguré par Cacau. Écrivant un véritable roman historique, Amado a su donner au récit de la conquête des terres nègres du cacao un souffle épique qui dépasse ainsi son projet d'enregistrer, avec impartialité et passion, le drame de l'économie du cacao.
Le diptyque que constituent Terre violente et La Terre aux fruits d'or São Jorge de Ilhéus, 1944 illustre le réalisme socialiste à la brésilienne.
Amado revient inlassablement sur la dénonciation politique et réinterprète le messianisme mystique des habitants du sertão dans Les Terres du bout du monde Seara Vermelha, 1946 qui montre le drame des travailleurs jetés hors de la terre par le latifundium et la sécheresse, expulsés de chez eux, sans travail, et qui descendent vers São Paulo, la terre promise du Sud industriel.
La trilogie Os Subterrâneos da liberdade 1951-1954 marque le paroxysme d'une littérature engagée devenue explicitement partisane.
L'ensemble de ces romans de dénonciation sociale s'inscrit dans un courant régionaliste du Nordeste, polygone de la sécheresse, dont les principaux représentants sont José Américo de Almeida, Graciliano Ramos, José Lins do Rêgo et Rachel de Queiroz. L'expérimentation esthétique de la génération des écrivains modernistes du Sud, qui les a précédés, leur a ouvert la voie de l'utilisation littéraire de la langue parlée afin de rendre compte de la culture même du peuple.
Amado crée avec liberté, les images fécondent sa prose souvent scandée selon le rythme de la littérature de colportage du Nordeste.
Avec la langue, Amado explore également l'imaginaire populaire et ses symboles syncrétistes afro-brésiliens. Ainsi dans Mar morto, la déesse de la mer, Yemanja, devient la figure emblématique des espérances politiques, tout comme le leader communiste Luis Carlos Prestes est assimilé à saint Georges, qui représente le dieu de la Guerre dans Le Chevalier de l'espérance, O Cavaleiro da esperança, 1942.

La saveur de l'humour

La critique a voulu distinguer deux phases de la fiction amadienne : avant et après Gabriela, girofle et cannelle Gabriela, cravo e canela, 1958, opposant ainsi le réalisme social et poétique du début à la kermesse bahianaise d'une seconde période. À vrai dire, l'unité prédomine dans l'œuvre, même si la préoccupation politique et le drame marquent les premiers romans, tandis que l'humour et la satire sociale colorent les ouvrages plus récents.
De fait, Gabriela incarne la joie de vivre, l'état d'innocence, la sensualité d'une mulâtresse qui a le parfum de l'œillet et le teint de la cannelle. Parce qu'elle est faite pour la liberté, elle ne sera pas la chose de Nacib, l'homme qui l'a recueillie et l'a prise pour femme. Dans ce roman, Amado n'abandonne pas pour autant l'argumentation politique : au contraire, il annonce le crépuscule des grands propriétaires terriens.
La capacité de création d'images de ce conteur d'histoires va s'amplifier avec le désir de dégager les aspects plaisants et insolites du réel.
Os Velhos Marinheiros 1961 accentue ce parti pris. Dans le premier récit Les Deux Morts de Quinquin-la-Flotte, Quincas, un fonctionnaire banal et père de famille conventionnel de la petite bourgeoisie, a choisi la vie de bohème.
Il est comme mort pour les siens. Lorsqu'il vient à mourir pour de bon, la famille essaye en vain de récupérer son cadavre, veillé par ses nouveaux compagnons qui l'entraînent dans des aventures fascinantes. La critique sociale s'est métamorphosée en satire malicieuse et picaresque. Le registre épique impliquait une vision tranchée des personnages bons et méchants, mais ce manichéisme est ici dépassé par la carnavalisation de la société.
Cette distance parodique et fantaisiste se retrouve dans le second récit du Vieux Marin, Toute la vérité sur les fameuses aventures du commandant Vasco Moscoso de Aragão, capitaine au long cours .
La magie de la vie quotidienne des Noirs et des Métis oriente le roman Les Pâtres de la nuit O Pastores da noite, 1964. Un bon vivant, Martim, est devenu l'esclave d'une femme fatale, Marialva. Ils se marient. Mais la ville de Salvador va rendre à Martim sa liberté. Dans une autre nouvelle vécue par les mêmes personnages, un baptême catholique devient le lieu de la manifestation des divinités venues d'Afrique, les orishas.
Dans la même veine, Amado écrit Dona Flor et ses deux maris Dona Flor e seus dois maridos, 1966. L'héroïne, devenue veuve prématurément, se marie avec un bourgeois profondément ennuyeux. Fort heureusement, son coquin de premier mari réapparaît dans sa vie trop rangée. Le peuple de Bahia demeure au centre de cet univers fictionnel dans lequel s'effacent peu à peu les aspérités de l'engagement partisan.
Désormais, Amado joue avec ses personnages : après les deux maris antagonistes de Dona Flor et les deux morts de Quinquin-la-Flotte, il nous raconte la double vie de Pedro Archanjo. Un érudit américain révèle l'importance des recherches de ce mulâtre, ancien bedeau aux mœurs dissolues, mort dans l'anonymat quelques années auparavant. Pour célébrer ce héros national, ses compatriotes se croient obligés de réécrire une biographie officielle respectant les convenances bourgeoises et masquant ses luttes pour la reconnaissance des cultes afro-brésiliens par la société de Bahia. Ce carcan ne saurait contenir un être aussi dérangeant ni sa Boutique aux miracles Tenda dos milagres, 1969.

Puis, Amado enrichit sa galerie de femmes-héros avec Tereza Batista, Tereza Batista cansada de guerra, 1972. Gabriela incarne la liberté joyeuse qui ne se laisse pas dominer par les hommes, tandis que Tereza Batista, orpheline vouée par sa condition à la prostitution, mobilise ses compagnes d'infortune pour soigner les victimes d'une épidémie de variole. Le corps de Tereza Batista est à la fois célébré et bafoué : Tereza des sept soupirs, Tereza aux mains de velours, Tereza chasse la peur. L'héroïne du roman suivant, Tiéta d'Agreste 1977, maîtrise davantage son sort. Cette femme éblouissante, à la fois tenancière d'un bordel de luxe à São Paulo et bienfaitrice de sa bourgade natale d'Agreste, prend la tête d'un mouvement contre l'installation d'industries chimiques sur la côte de Bahia. Ces mulâtresses provocantes donnent aux longs romans de cette période tout leur piquant.
La dimension politique redevient prioritaire dans une fable rocambolesque, La Bataille du Petit Trianon Farda, Fardão, Camisola de dormir, 1980. Dans Tocaia Grande 1984, Amado écrit la saga non officielle d'une ville, Irisopolis, depuis sa genèse anarchique jusqu'à son institutionnalisation. Le Libanais maronite, Fadul Abdala, personnage ambigu, représente l'un des éléments ethniques du melting pot brésilien qui brasse Indiens, Noirs et Blancs de multiples provenances. Après l'euphorie et les luttes des débuts utopiques, viennent les lois, l'armée et la religion, l'aventure s'achève : L'inondation et la peste, on a pu s'en tirer ; la loi, rien à faire : tout le monde y est passé.
Chez Amado, le pittoresque du quotidien est toujours vu de l'intérieur, avec le recul de l'humour qui permet au lecteur de devenir le complice d'un univers magique dominé par la présence des orishas. Le folklore et même la valorisation des mythes ne coupent pas les romans amadiens des problèmes contemporains. Ils disent les racines, ils chantent le peuple, ils prônent un combat qui ne se départit jamais de la joie et de la sagesse brésiliennes.

Romans

O país do carnaval, 1931 Publié en français sous le titre Le Pays du carnaval, traduit par Alice Raillard, Éditions Gallimard, Paris, coll. «Du monde entier; réédition, Paris, Gallimard, Folio no 4012, 2004
Cacau, 1933
Publié en français sous le titre Cacao, traduit par Jean Orecchioni, Paris, Nagel, coll. « Les Grands romans étrangers , 1955, puis sous le titre Cacao, nouvelle traduction par Jean Orecchioni, Paris, Stock, coll. Bibliothèque cosmopolite ; réédition, Paris, Flammarion, J'ai lu no 10089, 2012
Suor, 1934
Publié en français sous le titre Suor, traduit. par Alice Raillard, Paris, Temps Actuels, 1983, 160 p; réédition, Paris, Gallimard, Folio no 2314, 1991
Jubiabá, 1935 ou Bahia de todos os Santos, nouvelle version 1945
Publié en français sous le titre Bahia de tous les Saints, traduit par Michel Berveiller et Pierre Hourcade, Paris, Gallimard, 1938, 269 p. ; réédition, Paris, Gallimard, Folio no 1299, 1981
Mar Morto, 1936
Publié en français sous le titre Mar Morto, traduit par Noël-A. François, Paris, Nagel, coll. Les Grands romans étrangers 1949, 290 p. ; réédition, Paris, Garnier-Flammarion no 388, 1982
Capitães da areia, 1937
Publié en français sous le titre Capitaines des Sables, traduit par Vanina, Paris, Gallimard, coll. « La Croix du Sud », 1952, 255 p. ; réédition, Paris, Gallimard, L'Imaginaire no 141, 1984
Terras do sem fim, 1943
Publié en français sous le titre Terre violente, traduit par Claude Plessis, Paris, Nagel, coll. Les Grands romans étrangers, 1946, 355 p., puis sous le titre Les Terres du bout du monde, traduit par Isabel Meyrelles, Messidor-Temps actuels, Paris, 1985, 318 p, puis sous le titre Les Terres du bout du monde, traduit par Isabel Meyrelles, Paris, Messidor-Temps actuels, 1985, 318 p. ; réédition, Paris, Gallimard, Folio no 2313, 1991
São Jorge dos Ilhéus, 1944
Publié en français sous le titre La Terre aux fruits d'or, trad. par Violante do Canto, Paris, Nagel, coll. Les Grands romans étrangers 1951, 416 p, puis sous le titre La Terre aux fruits d'or, traduit par Isabel Meyrelles, Paris, Messidor, coll. Collection littéraire. Lettres étrangères, 1986, 457 p. réédition, Paris, Gallimard, Folio no 2726, 1995
Seara vermelha, 1946
Publié en français sous le titre Les Chemins de la faim, traduit par Violante do Canto, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1951, 383 p. ; réédition, Paris, Gallimard, Folio no 2232, 1991
Os subterrâneos da liberdade, partie 1 : Os Aspros tempos ; partie 2 : Agonia da noite 1954
Publié en français sous le titre Les Souterrains de la liberté, traduit par Isabel Meyrelles, Paris, Temps actuels, 1984, 2 vol. (vol. 1 : Les Temps difficiles, 536 p. ; vol. 2 : L'Agonie de la nuit, 560 p.
Gabriela, Cravo e Canela, 1958
Publié en français sous le titre Gabriella, fille du Brésil, traduit par Violante Do Canto et Maurice Roche, Paris, Seghers-l'Inter, coll. Les Grands romans de l'Inter , 1959, 249 p. ; puis sous le titre Gabriela, girofle et cannelle : chronique d'une ville de l'État de Bahia, traduit par Georges Boisvert, Paris, Stock, coll. Le Nouveau Cabinet cosmopolite , 1983, 445 p.; réédition, Paris, Le Livre de poche no 5930, 1984
A morte e a morte de Quincas Berro d'Água, 1961
Publié en français sous le titre Les Deux Morts de Quinquin-la-Flotte, traduit par Georges Boisvert, Paris, Stock, 1971, 130 p.
Os velhos marinheiros : ou o Capitão de longo curso, 1961
Publié en français sous le titre Le Vieux marin : ou Toute la vérité sur les fameuses aventures du commandant Vasco Moscoso de Aragon, capitaine au long cours, traduit par Alice Raillard, Paris, Stock, coll. Le Cabinet cosmopolite , 1978, 349 p.
Os pastores da noite, 1964
Publié en français sous le titre Les Pâtres de la nuit, traduit par Conrad Detrez, Paris, Stock, 1970 ; réédition, Paris, Le Livre de poche no 5067, 1978 ; réédition, Paris, Le Livre de poche. Biblio no 3300, 1998
Dona Flor e seus dois maridos, 1966
Publié en français sous le titre Dona Flor et ses deux maris : histoire morale, histoire d'amour, traduit par Georgette Tavares-Bastos, Paris, ; réédition, Paris, Le Livre de poche no 6111, 1985
Tenda dos milagres, 1969
Publié en français sous le titre La Boutique aux miracles, traduit du brésilien par Alice Raillard,réédition, Paris, Le Livre de poche no 6201, 1986
Tereza Batista, cansada de guerra, 1972
Publié en français sous le titre Tereza Batista, traduit par Alice Raillard, Paris, Stock, coll. Le Cabinet cosmopolite, 1974, XIX-353 ; réédition, Paris, Le Livre de poche no 5738, 1983 ; réédition, Paris, Le Livre de poche. Biblio no 3301, 1998
Tieta do Agreste, pastora de cabras : ou a Volta da filha pródiga, 1977
Publié en français sous le titre Tieta d'Agreste, gardienne de chèvres ou le Retour de la fille prodigue, traduit par Alice Raillard, Paris, Stock, coll. Le Nouveau Cabinet cosmopolite , 1979, 660 p.
Farda, fardão : camisola de dormir, 1979
Publié en français sous le titre La Bataille du Petit Trianon : fable pour éveiller une espérance, traduit par Alice Raillard, Paris, Stock, coll. Le Nouveau Cabinet cosmopolite, 1980, 322 p.
Tocaia grande : a face obscura, 1984
Publié en français sous le titre Tocaia grande : la face cachée, traduit par Jean Orecchioni, Paris, Stock, coll. Le Nouveau Cabinet cosmopolite,; réédition, Paris, Le Livre de poche no 6771, 1990
O sumiço da santa : uma história de feitiçaria, 1988
Publié en français sous le titre Yansan des orages : une histoire de sorcellerie, traduit du portugais par Jean Orecchioni, Paris, Stock, coll. « Le Nouveau Cabinet cosmopolite », 1989, 479 p. ; réédition, Paris, Le Livre de poche no 6978, 1991
A descoberta da America pelos Turcos : ou De como o Arabe Jamil Bichara desbravador de florestas de visita a cidade de Itabuna para dar abasto ao corpo, ali lhe ofereceram fortuna e casamento ou ainda Os esponsais de Adma, 1994
Publié en français sous le titre La Découverte de l'Amérique par les Turcs : ou Comment l'Arabe Jamil Bichara, défricheur de terres vierges, venu en la bonne ville d'Itabuna pour satisfaire aux nécessités du corps, s'y vit offrir fortune et mariage ou encore Les fiançailles d'Adma, traduit par Jean Orecchioni, Paris, Stock, coll. Le Nouveau Cabinet cosmopolite , 1992, 115 p.
O milagre dos pássaros, 1997
Directement en français :
Recueils de nouvelles, nouvelles et contes

O mundo da paz, 1951
O gato Malhado e a andorinha Sinhá : uma historia de amor, 1976
Publié en français sous le titre Le Chat et l'hirondelle : une histoire d'amour, traduit par Alice Raillard, illustrations de Carybé, Paris, Stock, 1983, 71 p.
Do recente milagre dos pássaros, 1979
Publié en français sous le titre Du miracle des oiseaux survenu récemment en terre d'Alagoas sur les rives du rio São Francisco, traduit par Alice Raillard, illustré par Floriano Teixeira, Paris, Messidor, 1990, 59 p.

Livres pour enfants

A bola e o goleiro, littérature pour la jeunesse, 1984

Biographies

ABC de Castro Alves, biographie, 1941: Le Bateau négrier : la vie du poète Castro Alves, traduit par Isabel Meyrelles, Paris, Messidor, 1988, 321 p. (ISBN 2-209-06057-5)
O cavaleiro da esperança, biographie, 1942: Le Chevalier de l'espérance : Vie de Luis Carlos Prestes, traduit par Julia et Georges Soria, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1949, 381 p.

Théâtre

O amor do soldado, théâtre, 1947

Poésies

A estrada do mar, poésie, 1938

Guides

Bahia de Todos os Santos, guide, 1945

Mémoires

O menino grapiúna, mémoires, 1982
Navegação de cabotagem : apontamentos para um livro de memórias que jamais escreverei, mémoires, 1992 : Navigation de cabotage : notes pour des mémoires que je n'écrirai jamais, traduit par Alice Raillard, Gallimard, coll. Du monde entier Paris, 1996, 616 p

Brève analyse de son œuvre

Ses romans unissent la critique sociale et l'inspiration folklorique1

Citation

Les pauvres sont si malheureux que, quand ce sera la mode de chier de l'argent, eh bien eux, ils seront constipés.

Liens
http://youtu.be/RcvApJ3zf5M Arquivo
http://youtu.be/zbfH7TZBbDU Sa vie 1 (en Portugais)
http://youtu.be/BBbvhg97fuA Sa vie 2 ( en Portugais)

http://youtu.be/lwg0412cPew Biographie en espagnol


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Posté le : 09/08/2014 17:01
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Re: Les plus beaux sites abandonnés du monde abandonnés
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Témoins d'une époque glorieuse oubliée, sinistrés par une catastrophe ou simplement jamais achevés ....


Château de Noisy, Belgique
Le château de Noisy ou château Miranda est une bâtisse située à Celles dans la commune namuroise de Houyet en Belgique. Construit au début du XXe siècle, il est complètement abandonné depuis 1991 et est très dangereux à visiter.



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Château de Noisy, Belgique

Le château de Noisy ou château Miranda est une bâtisse située à Celles dans la commune namuroise de Houyet en Belgique. Construit au début du XXe siècle, il est complètement abandonné depuis 1991 et est très dangereux à visiter.


Posté le : 09/08/2014 10:56
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Re: Les expressions
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« Il y a, depuis, belle lurette »


Il y a, depuis, bien longtemps.


Si on vous demande un jour ce que signifie 'lurette', n'hésitez surtout pas à répondre sans aucune crainte de paraître ridicule que vous ne savez pas.
En effet, personne ne le sait, puisque ce mot n'existe pas.
Et pourtant on l'utilise dans notre locution. Etonnant, non ?

L'expression telle que nous la connaissons aujourd'hui est attestée dès 1877.
Le pseudo-mot 'lurette' vient de la contraction de la fin de 'belle' avec le mot 'heurette' ou 'hurette', dans une expression qui est utilisée avec des petites variantes dans les dialectes de plusieurs régions : "il y a belle heurette".
Dans cette dernière, on trouve le diminutif '-ette' accolé à l'heure qui voudrait normalement dire "une petite heure", sauf qu'elle est précédée de l'intensif "belle" qui donne au tout une échelle autrement plus vaste comme dans "un sacré bout de temps", par exemple, où le "bout de temps" se trouve d'un coup sacrément démultiplié.

"Belle Lurette" est aussi la dulcinée de Gai Luron, un des premiers héros du dessinateur de bandes dessinées Gotlib, auteur, entre autres, des inénarrables albums "les Dingodossiers" et "la Rubrique-à-Brac".

Posté le : 09/08/2014 10:52
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Défi du 9/8 de EXEM
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Le sujet de cette semaine, et qui m’a été remis de vous offrir, est le suivant.
« Vous allez présenter vos condoléances à la jeune veuve de votre meilleur ami décédé la veille. »
Je veillerai donc à vous lire tous avec la plus grande attention. Mes commentaires ne réfléchiront que mon honnête réaction devant la psychologie que vous étalerez dans l’accomplissement d’une tâche si douloureuse.
A vos plumes ! Que la douleur que vous ressentirez en vous mettant dans la peau du personnage que je vous demande de jouer, ne vous prive pas de l’inspiration sur laquelle je compte et dont vous avez toujours fait preuve devant l’impossible.
Mon propre texte ne viendra qu’en dernier afin de me faire profiter de vos talents et de m’en inspirer. J’ai le beau rôle, mais noblesse oblige. Cette semaine le défi m’appartient. S’il est déloyal pour vous, il n’est pourtant que juste !
Bonne chance tous.

PS. La récompense consacrée au meilleur texte sera un Bisou de Couscous. Mais surtout, n’en faites pas tout un plat.

Posté le : 09/08/2014 03:52
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Re: Défi du 2/08/2014 de Kjtiti
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Tu n'es pas tendre avec l'idéologie communiste.Il faut dire que les dérives furent nombreuses et le système voué à l'échec. Pauvre petit XX, un pion parmi une multitude.
J'espère que l'on ne connaîtra jamais cette fin du monde. Elle est affreuse.

merci Donald

COuscous

Posté le : 08/08/2014 18:51
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Re: Défi du 2/08/2014 de Kjtiti
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« Nous ne sommes qu'une partie infiniment petite d'un ensemble majestueux » dit le poète.


Premier Secrétaire


La statue du Premier Secrétaire Youri rayonnait sous les feux du soleil de la steppe ; XX001 s’arrêta devant l’immense sculpture métallique et regarda ce qu’il pourrait bien en tirer. Il n’avait jamais été aussi loin sans escorte et sa mission première consistait à repérer cette zone encore inexplorée.

« Liquéfié, je suis plus qu’une voix » s’affichait fièrement en première ligne d’épitaphe sur le bloc de pierre ; XX001 ne saurait certainement jamais ce que cette phrase signifiait car il ne savait pas lire le russe et ne possédait aucune notion d’histoire. Pour lui, explorateur lambda d’une civilisation collectiviste, ce vers d’un grand poème des temps anciens n’aurait pas pu réveiller le souffle triomphant d’une idéologie autrefois conquérante et désormais oubliée.
Le Premier Secrétaire Youri avait conduit la grande Union Soviétique à la gloire absolue ; mieux que ses prédécesseurs, il avait unifié les Républiques Socialistes et étendu le rayonnement du communisme au-delà des frontières existantes à son arrivée. Les Nations sœurs avaient décidé de rejoindre la Mère Patrie et de rejeter les restes de leurs anciennes croyances ; de Berlin à Bucarest de Prague à Zagreb, les masses populaires s’étaient définitivement révoltées contre les tyrans locaux. Le Premier Secrétaire avait orchestré la propagande unificatrice et le tour avait été joué ; « plutôt Rouge que mort » avait été le leitmotiv de la décennie pendant que les deux camps ennemis jouaient à se faire peur avec des engins de mort.

Des nuages vinrent obscurcir le ciel, signe d’une averse printanière ; XX001 continua à creuser, sonder et rechercher dans le sol alentour des ressources utilisables par sa communauté. Son instinct lui commandait de poursuivre ses investigations autour de ce cube de granit, symbole d’une puissance passée dont il n’avait pas souvenir.

« Glorifié, je suis plus qu’une voix » constituait la seconde ligne d’épitaphe gravée sur le monument ; pour XX001, cet autre vers du même poème n’aurait pas été compréhensible tellement il célébrait l’antithèse de ses principe fondamentaux. Son éducation, sa génétique et son expérience l’avaient orienté vers un comportement collectif où la notion d’individu n’existait pas même aux plus hautes strates de la société.
Le Premier Secrétaire Youri avait conduit la redoutée Union Soviétique au firmament des Nations ; non seulement le pays avait atteint le stade ultime du socialisme mais il l’avait même dépassé au grand bonheur des cinq cents millions de courageux patriotes que comptait désormais la Patrie. Il avait habilement manœuvré entre les descendants du Grand Timonier chinois, les spéculateurs impérialistes américains et les représentants d’un Tiers Monde trop occupé à survivre ; son génie avait permis de ne pas se mettre à dos les émirats producteurs de pétrole et les financiers de l’Islam radical tout en évitant les débordements religieux dans les territoires orientaux. L’Histoire avait fait le reste ; des avions de ligne avaient abattu le symbole de la toute puissance capitaliste et déchaîné la colère des riches Occidentaux aux dents blanches contre les pauvres Arabes à la barbe maléfique.

Les premières gouttes de pluie tombèrent sur la terre craquelée, sonnant la fin de mission pour l’explorateur ; XX001 stoppa ses fouilles et se dirigea sur le chemin du retour. Il ne se retourna pas pour contempler la majestueuse sculpture et il ne vit pas les premiers éclairs en frapper le sommet.

« Je connais le pouvoir des mots » avait dit le Premier Secrétaire Youri lors de son procès pour culte de la personnalité ; sa condamnation à mort et son exécution publique avaient sonné le glas d’une civilisation naguère triomphante et remplacée depuis des siècles par les pairs de XX001. Ces derniers étaient devenus, en quelque sorte et sans le savoir, les nouveaux tenants du socialisme, dans une forme épurée dont les valeurs collectives avaient effacé les tentations individuelles et ramené l’individu à son statut initial de partie d’un ensemble plus grand et plus efficace ; en cela XX001 représentait la réussite absolue d’un système construit sur le travail collectif et l’abnégation mais il ne le savait pas.
Les XX avaient conquis une planète laissée à l’abandon par des Nations prétentieuses ; même la grande Union Soviétique n’avait pas résisté à la quête de pouvoir et de domination, brûlant ses héros d’hier pour des promesses illusoires. La Mère Patrie s’était embarquée dans la conquête de mondes éloignés, parce qu’ils étaient synonymes de nouvelles richesses ; le mythe du pionnier avait pris le pas sur la sagesse collective et des générations de Premiers Secrétaires avaient sacrifiées des ressources limitées pour envoyer des milliards d’anonymes coloniser des planètes lointaines. Peu à peu, la steppe avait repris ses droits, abandonnée par les forces vives de l’espèce humaine ; les rares réfractaires à ce mouvement massif s’étaient éteints peu à peu sur une Terre vidée de ses derniers trésors.

XX001 lutta de son mieux contre la pluie redoublée pour rentrer au bercail ; sa mission n’avait rien donné de bon et il devrait signifier à son commandement l’échec de sa mission. L’explorateur ne s’encombra pas d’inutiles états d’âme ; sa fonction supposait la possibilité de réussir ou de perdre mais jamais le besoin de se poser la question d’un point de vue personnel. Son instinct le préservait de toute interrogation superflue ; quand il trouvait des territoires vierges et propres à l’installation d’une nouvelle colonie de XX, il ne ressentait même pas la fierté du devoir accompli mais laissait les hordes d’ouvrières lancer la procédure de nidification.

La brise se transforma en tempête, avec des trombes d’eau à la place d’ondées printanières ; une bourrasque plus forte que les autres renversa l’explorateur et le tua sur le coup.
XX001 ne reverrait jamais sa fourmilière natale mais serait remplacé sans tambour ni trompette.

Posté le : 08/08/2014 17:14
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Re: Défi du 2/08/2014 de Kjtiti
Plume d'Or
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Ton texte, Arielle, fait froid dans le dos.
Je vois que tu as bien détourné le thème. L'influence de Clothilde ?

Quoi qu'il en soit, tu me donnes une excuse pour faire de même.
Bises
Donald

Posté le : 08/08/2014 17:07
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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