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Re: Défi du 17 octobre 2015
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Un monstre à Bruxelles

Je m’appelle Franck et je vis dans un quartier tranquille de Bruxelles. Mon appartement se situe au dernier étage d’un immeuble construit dans les années septante. Les murs se fissurent lentement et la peinture de la façade aurait besoin d’un coup de neuf mais je m’y sens bien. Il est un peu à mon image. J’ai la trentaine bien entamée, voire presque moribonde et ma face aurait, elle aussi, besoin d’un bon ravalement. Et il n’y a pas qu’elle. C’est tout mon corps qui est difforme. Une bosse me courbe le dos, mon crâne a la forme d’un ballon de rugby écrasé, mes yeux ne regardent pas tous les deux dans la même direction. Bref, les gamins du quartier adorent m’affubler de divers surnoms tels que Quasimodo, Ça, Frankenstein, La Chose. Mais le pire quolibet est pour moi celui de « Monstre ». Il fait référence à la cruauté, la bestialité, travers bien répandus dans la race humaine..
J’ai plusieurs voisins. Il y a la petite mamie du rez-de-chaussée. Elle voit très mal et du coup ne me juge pas sur les apparences. Je l’aide souvent à porter ses courses. Au premier étage, c’est Mademoiselle Julie, une jolie blonde au corps longiligne et aux traits un peu grossiers. Elle est polie mais je remarque dans son regard de la méfiance à mon égard. Il lui est déjà arrivé de prendre face à moi son air hautain, de dikkenek comme on dit ici. Au deuxième, c’est Valentin qui réside dans le plus bel appartement du bâtiment. C’est le fils du propriétaire. Il enchaîne les conquêtes féminines. Comme je loge juste au-dessus de lui, je peux profiter des bruits assez caractéristiques émis par ses conquêtes d’un soir. J’aimerais lui demander quelle est sa technique de drague mais nous n’avons tout simplement pas les mêmes atouts physiques. Il se pavane dans tout le quartier avec ses chaussures aux bouts pointus et sa mèche à la Justin Bieber.
Tout aurait pu continuer ainsi, chacun dans sa petite vie et ses habitudes. Mais un événement perturba notre train-train quotidien. Tout commença par des sirènes d’ambulance, suivies par celles de la police. Tous ces hommes en uniforme se sont engouffrés dans l’appartement de Mademoiselle Julie. Celle-ci a été retrouvée morte par le concierge qui rapportait son courrier, tuée d’un coup de couteau de cuisine. De ma fenêtre, j’ai vu un défilé d’agents avec des mallettes comme dans les films policiers que j’affectionne particulièrement : légiste, police scientifique, profiler, etc. Evidemment, tous les habitants de l’immeuble ont été interrogés. Je n’avais rien remarqué ni entendu, ma déposition fut succincte.
Le lendemain matin à 6 heures, on frappe à ma porte. Des policiers avec casques et gilets m’attrapent violemment les bras pour me menotter en annonçant « Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que… », la suite je la connais par cœur. Mais de quoi m’accuse-t-on ? Du délit de sale gueule ? De faire peur chaque jour autre qu’Halloween et sans masque ? Non, le policier moustachu me dit que je suis le tueur de Mademoiselle Julie. Mais pourquoi aurais-je fait cela ? Une fois au commissariat, c’est la question que je pose à l’inspecteur qui me regarde droit dans les yeux, du moins le gauche.

– Facile. Tu as tenté de l’approcher car elle te plaît et tu n’as pas supporté qu’elle te repousse. Ta nature bestiale a alors pris le dessus et tu l’as étranglée avec tes géantes mains.
– Mais enfin, je suis inoffensif. Demandez aux autres habitants de l’immeuble.
– Ce n’est pas ce que certains disent. Il se raconte que des bruits et des cris proviennent de ton appartement. Et tu possèdes une collection impressionnante de films policiers et notamment de thrillers avec des histoires de meurtres. À force de regarder toutes ces histoires violentes, tu n’as pu t’empêcher de passer à l’acte.
– N’importe quoi ! Ce ne sont que des fictions. Ce n’est pas parce que vous regardez des films pornos que vous êtes un Rocco Zifredi en puissance !
– Tu nies ? Mais les traces t’accusent. Avoue !
– Non ! Ce n’est pas moi !

Là, l’agent de police revêt son masque de méchant flic et m’assène une gifle. Voyant que je ne sourcille pas, il m’en ressert une plus violente en criant :

– Avoue que c’est toi qui l’as tuée ! C’est toi le monstre qui s’acharne sur ses victimes.

Une nouvelle baffe s’abat sur ma joue gauche faisant naître une goutte de sang à la commissure de mes lèvres.

– Elle s’est refusée à toi et tu l’as étranglée. Depuis tant d’années que tu espères pénétrer une femme. Tu n’es qu’un monstre, une bête. Comment veux-tu qu’une femme pose les yeux sur toi sans ressentir de dégoût ?

Cette fois, la claque me fait saigner du nez. Les larmes coulent sur mes joues sanguinolentes. Ses mots me blessent plus que ses coups. Il m’accuse juste parce que j’ai la gueule de l’emploi, le physique d’un déséquilibré. Les gifles s’enchaînent mais je ne ressens plus mon visage. Il est engourdi et enflé. Au bout d’une heure de mauvais traitements et après avoir pris mes empreintes de main et de pied, on me conduit dans une cellule lugubre et dégoutante. Je m’allonge en chien de fusil sur le lit de fortune trop petit pour moi.

Le lendemain, un autre agent ouvre la porte de ma cage et m’annonce, le sourire en coin :

– C’est bon, tu peux sortir. Tu es libre.

Encore ensommeillé et hagard, je ne comprends pas tout de suite. Il vient alors me tirer par le bras pour me conduire hors de la cellule. En traversant le couloir, je croise Valentin, les menottes aux poignets. Il baisse le regard, les yeux gonflés par les coups.
Quelques jours plus tard, j’apprends par les journaux que ce sont des traces de chaussures dans l’appartement de Mademoiselle Julie qui m’ont disculpé. Ils ont trouvé qu’il s’agissait de bottes à bouts pointus, la taille et le modèle de celles de Valentin. L’article évoque « Le tombeur invétéré n’a sûrement pas supporté le refus de la demoiselle et aurait lavé son honneur en attrapant le premier couteau venu. ». J’ai été bien malin de récupérer ces vieilles bottes dans le container. J’en ai encore mal aux pieds ! Ces thrillers sont bien utiles pour commettre un crime parfait. Voilà comment je me suis débarrassé d’une dikkenek et d’un Hidalgo bruyant. En espérant que mes prochains voisins soient plus sympas. Sur ce, j’ajoute le prénom de Julie après celui de Justine, Isabelle, Catherine, Serge, Jacques, Donald, Arielle, Lydia, Maurice, Marc, Emma,… tous ceux qui m’ont lancé ce regard dédaigneux et avilissant.

Posté le : 17/10/2015 19:20
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Re: Défi du 17 octobre 2015
Plume d'Or
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Chère Delphine,

Ce défi est monstrueux!
Ah je vais pouvoir dire les bêtises les plus monstrueuses!
Iste le monstre va se dévoiler à vous, à moins qu'il ne se cache derrière une fable, s'étonnant qu'avec la fête d'Hallowen on deshonore sa réalité de monstre, bien sûr.
Avouez que c'est vexant tout de même, cette fête qui se moque de la vérité des monstres.

Allez, je m'attelle à cette aventure monstrueuse.
Il serait monstrueux que je passe devant Serge. Je lui laisse la première place des monstres!

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 17/10/2015 11:00
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Re: Défi du 17 octobre 2015
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Ma chère couscous, s'agit il du montre qui porte sur son visage la noirceur de son âme???

Si tel est la cas, nous sommes un certain nombre à pouvoir répondre à ce défi......


Allez je m'y colle .


Posté le : 17/10/2015 10:12
_________________

Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
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Défi du 17 octobre 2015
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Bonjour les amis,
Voyant la période de Toussaint approcher à grands pas et surtout toutes les décorations d'halloween envahir nos magasins, j'ai voulu proposer un thème en rapport avec cette fête venue d'ailleurs. Je vous invite donc à exercer votre plume sur 'on me traite de monstre '.
Je suis persuadée que vous allez nous proposer toutes sortes de délires sur ce thème. Je trépigne déjà d'impatience de découvrir cela.

Je vous adresse des bises toutes douces de ma Belgique natale.

Couscous

Posté le : 17/10/2015 07:33
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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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De vignes de la pettie fin
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Arielleffe

Oui, voyage, voyage! Voyageons ensemble!...

Et en belle compagnie, venez me chercher........

Merci d'avoir répondu à mon défi

Belle et lumineuse journée!

Athéna

Posté le : 17/10/2015 06:29
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Marguerite Tudor
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Le 18 octobre 1541 meurt Marguerite Tudor

à 51 ans au château de Methven, Perthshire, née le 28 novembre 1489 au palais de Westminster à Londres, était l'aînée des deux filles survivantes de Henri VII d'Angleterre et d'Élisabeth d'York, et la sœur aînée de Henri VIII. En 1503, elle fut mariée en première noce à Jacques IV, roi d'Écosse, ce qui devait faire d'elle la mère de Jacques V et la grand-mère de Marie Stuart. Et surtout, ce mariage fut indirectement à l'origine de l'Union des deux royaumes. C'est le destin, a-t-on dit, qui avait prédestiné Marguerite à devenir reine d'Écosse, puisque née le 29 novembre 1489, elle fut baptisée le 30, jour de saint André, le patron de l'Écosse — dans l'église de Sainte-Marguerite à Westminster, dédiée au seul personnage royal d'Écosse à avoir été canonisé. En tout Marguerite devait être mariée trois fois et on pourrait tracer un parallèle entre son histoire et celle de sa petite-fille, Marie Stuart, avec leur mélange haut en couleur de tragédie, d'intrigue, de duplicité… et de simple comédie. Reine consort d'Écosse du 24 janvier 1502 au 9 septembre 1513 soit 11 ans 7 mois et 16 jours, son prédécesseur est Marguerite de Danemark, son Successeur Madeleine de France. Elle appartient à la dynastie de la Maison Tudor. elle fut mariée à Archibald Douglas, puis de Henry Stewart, Lord Methven. Ses enfants sont James, duc de Rothesay, Arthur, duc de Rothesay, Jacques V d'Écosse, Alexander Stewart, duc de Ross et Margaret Douglas

En bref

Marguerite Tudor, reine d'Écosse 1503-1541, née le 29 novembre 1489, morte le 18 octobre 1541. Fille aînée de Henri VII et d'Élisabeth d'York, elle épousa en 1503 Jacques IV, roi d'Écosse, se remaria après sa mort avec Archibald Douglas, comte d'Angus 1514, divorça en 1527 pour épouser Henri Stewart Stuart, lord de Methyen. Du premier mariage naquit Jacques V. C'est d'elle que les Stuarts d'Ecosse tinrent leurs droits à la couronne d'Angleterre
Margaret était la soeur ainée d'Henry VIII et elle a passé la majeure partie de sa vie embrouillée dans les rapports politiques compliqués entre l'Angleterre et l'Ecosse. Elle était mariée à James IV d'Ecosse, qui est mort à la bataille de Flodden, sur quoi elle est devenue régente car son fils, James V devenu plus tard le père de Mary Stuart, reine d'Ecosse, était encore enfant. Cependant, quand elle s'est embarquée dans son deuxième mariage, à Archibald Douglas, 6ème comte d'Angus, la régence lui a été retirée et elle s'est enfuite en Angleterre. Dans quelques années elle s'est éloignée de son mari et elle a divorcée. Peu après elle s'est mariée avec Henry Stuart devenu plus tard Lord Methven. Elle a essayé d'organiser une réunion entre son fils James V et son frère Henry VIII mais ceci n'a fait que mener James à l'accuser de trahison ; il a également refusé de la laisser divorcer de Methven. Elle est morte d'une attaque en 1541
Marguerite Tudor, reine d'Écosse 1503-1541, née le 29 novembre 1489, morte le 18 octobre 1541. Fille aînée de Henri VII et d'Élisabeth d'York, elle épousa en 1503 Jacques IV, roi d'Écosse, se remaria après sa mort avec Archibald Douglas, comte d'Angus 1514, divorça en 1527 pour épouser Henri Stewart Stuart, lord de Methyen. Du premier mariage naquit Jacques V. C'est d'elle que les Stuarts d'Ecosse tinrent leurs droits à la couronne d'Angleterre

Sa vie

Le Chardon et la Rose


Pour les rois, les filles peuvent avoir été moins désirées que les garçons ; elles n'en étaient pas moins des éléments politiques importants dans un monde où diplomatie et mariages étaient souvent étroitement liés. Avant même qu'elle eût six ans, Henri VII avait eu l'idée d'un mariage entre elle et Jacques IV d'Écosse, pour empêcher ce dernier de soutenir Perkin Warbeck, prétendant yorkiste au trône d'Angleterre. Sans être tout de suite acceptée, la proposition une fois faite ne fut pas retirée. En septembre 1497, Jacques conclut avec Henri une très longue trêve et le mariage fut une fois encore envisagé comme une possibilité sérieuse. On assure que certains, au conseil royal d'Angleterre, soulevèrent des objections à cette union, en représentant qu'il placerait les Stuarts dans la ligne directe de succession, mais Henri, fin renard, leur répondit qu'en pareil cas le royaume n'en souffrirait aucun dommage, car ce ne serait pas l'Écosse qui s'agrandirait de l'Angleterre, mais l'Angleterre qui s'agrandirait de l'Écosse.
Le 24 janvier 1502, l'Écosse et l'Angleterre conclurent le Traité de Paix perpétuelle, le premier accord de ce genre entre les deux royaumes depuis plus de 170 ans. Le même jour, un traité de mariage fut aussi conclu : c'était le signe le plus manifeste de la nouvelle paix et sa garantie. Le mariage ayant été totalement réalisé par procuration, Marguerite fut désormais considérée comme la reine d'Écosse ; certains historiens rapportent que son frère Henri, qui était alors un enfant et encore simple duc d'York, entra dans une crise de rage, quand il se rendit compte qu'à la cour sa sœur avait maintenant préséance sur lui.
En 1503, Marguerite arriva enfin en Écosse après un grand voyage dans le nord. Dans la ville d'York, il existe encore aujourd'hui une plaque qui rappelle l'endroit précis où la reine d'Écosse en a passé les portes. Dès son arrivée Marguerite éprouva un grand choc, quand un feu d'écurie tua quelques-uns de ses chevaux préférés, et c'est son nouvel époux qui vint la consoler. Elle et Jacques furent mariés le 8 août 1503 à l'abbaye d'Holyrood à Édimbourg, union célébrée par le poète William Dunbar dans Le Chardon et la Rose :

Douce dame au visage charmant,
Fille chère d'un roi très puissant,
Et d'une princesse sereine,
Bienvenue ici, notre Reine...

La reine régente

Le traité de 1502, loin d'être perpétuel, survécut à peine à la mort d'Henri VII en 1509. Son successeur, Henri VIII d'Angleterre, jeune et agressif, avait peu de goût pour la diplomatie prudente de son père, et il prépara bientôt une guerre contre la France, la vieille alliée de l'Écosse. En 1513 Jacques IV envahit l'Angleterre pour honorer son engagement de la Auld Alliance, mais ce ne fut que pour trouver la défaite et la mort à la Bataille de Flodden Field le 9 septembre. Marguerite, enceinte à la mort de son mari, donna naissance à Alexandre, quatrième enfant du couple, en avril 1514. Elle s'était opposée à cette guerre, mais le testament royal la nommait régente pour son fils, Jacques, encore tout jeune, aussi longtemps qu'elle resterait veuve.
Le Parlement se réunit à Stirling peu après Flodden, et confirma Marguerite en tant que régente. Il était rare qu'une femme fût bien acceptée dans une position de pouvoir suprême, et Marguerite était la sœur d'un roi ennemi, ce qui ne pouvait qu'aggraver ses problèmes. En très peu de temps, un parti pro-français prit forme au sein de la noblesse, pressant qu'on remplaçât la reine par John Stewart, 2e duc d'Albany, le plus proche parent mâle des petits princes et maintenant le troisième dans la ligne de succession au trône. Albany, qui était né en France et y avait été élevé, était le représentant vivant de la Auld Alliance, en contraste avec Marguerite pro-anglaise.
La pauvre Marguerite se trouvait dans une situation presque impossible avec une opposition à la régence qui ne cessait de grandir au sein du conseil royal lui-même. Elle sut agir cependant avec calme et non sans adresse politique. Pour juillet 1514, elle avait réussi à réconcilier les partis opposés, et l'Écosse — en même temps que la France — conclut la paix avec l'Angleterre ce même mois. Cependant, dans sa recherche d'alliés politiques parmi la noblesse écossaise frondeuse, elle commit une erreur fatale, en soumettant sa raison et sa prudence à la passion et à la séduction
En recherchant des appuis, Marguerite se tourna de plus en plus vers la puissante famille des Douglas, et elle se sentit particulièrement attirée par Archibald Douglas, 6e comte d'Angus, que même son oncle Gavin Douglas, ecclésiastique et poète, appelait un « jeune imbécile sans cervelle ». Sans mesurer les conséquences d'une pareille union, Marguerite et Douglas se marièrent secrètement le 6 août dans l'église paroissiale de Kinnoull, près de Perth. Non seulement cela mécontenta les autres familles nobles, mais la fraction minoritaire pro-française au conseil en fut immédiatement renforcée ; on trouvait à sa tête James Beaton, l'archevêque de Glasgow. Selon les dispositions établies par le feu roi, s'étant remariée, elle avait renoncé à sa régence. Avant que le mois fût écoulé, elle fut obligée de céder la place à Albany. En septembre, le Conseil privé décida qu'elle avait perdu également ses droits sur l'éducation de ses fils ; sur quoi, se méfiant, elle et ses alliés emmenèrent les princes au Château de Stirling.
Albany arriva en Écosse en mai 1515 et fut finalement installé comme régent en juillet. Sa première tâche fut de recevoir la garde de Jacques et d'Alexandre, ce qui était politiquement essentiel pour l'autorité de la régence. Marguerite, après avoir d'abord résisté, se soumit à Stirling en août. Avec les princes entre les mains de leur oncle, la reine douairière, à présent enceinte d'Angus, se retira à Édimbourg. Pendant quelque temps, son frère lui avait conseillé de fuir en Angleterre avec ses fils; mais elle avait toujours refusé de le faire, craignant qu'un tel geste pût coûter son trône à Jacques.
Ne présentant plus d'intérêt dans cette affaire, elle obtint la permission d'aller à Linlithgow, d'où elle s'enfuit en passant la frontière. Elle fut reçue par Lord Dacre, à qui Henri avait confié les marches et emmenée au Château de Harbottle où, au début d'octobre, elle donna naissance à Marguerite Douglas, future comtesse de Lennox et mère de Henry Stuart Lord Darnley, qui devait être le deuxième époux de Marie Stuart. Alors qu'elle était toujours dans le nord de l'Angleterre, elle apprit la mort d'Alexandre. Dacre lui fit comprendre qu'Albany — nouveau Richard III — en était responsable. Mais Marguerite, malgré sa pauvre situation, refusa d'accepter une telle idée, disant que, si le régent avait vraiment souhaité s'attribuer le trône, la mort de Jacques lui aurait mieux convenu. C'est aussi à cette époque qu'elle commença enfin à se rendre compte de ce qu'Angus valait vraiment, puisque ce dernier, ne considérant que ses propres intérêts, était revenu en Écosse pour faire la paix avec le régent, ce qui donna à Marguerite beaucoup à réfléchir. Quand Henri apprit qu'Angus n'accompagnerait pas sa sœur à Londres, il déclara : Il a agi comme un Écossais. Il ne faudrait pas, cependant, juger trop durement Angus. C'est que tout son pouvoir, toute sa richesse et toute son influence étaient en Écosse ; abandonner le pays pouvait lui valoir une déchéance pour trahison. À cet égard il avait bien connu l'exemple d'un parent, James Douglas, 9e comte de Douglas, qui avait fui en Angleterre au siècle précédent, et qui avait été toute sa vie un mercenaire déshérité.

Mariage et politique

Marguerite fut bien reçue par Henri et, pour confirmer son statut, fut logée à Scotland Yard, l'ancien palais des rois d'Écosse. En 1517, après une année passée en Angleterre, elle retourna dans le Nord, après qu'un traité de réconciliation eut été négocié entre Albany, Henri et le cardinal Wolsey. Provisoirement Albany était absent en France — où une nouvelle fois il renouvelait la Auld Alliance et prenait des dispositions pour le futur mariage de Jacques V — mais la reine douairière fut reçue à la frontière par son représentant, le Sieur de la Bastie, en même temps que par son mari. La paix pouvait bien être arrivée, il était cependant parfaitement clair qu'on se méfiait toujours de Marguerite et qu'on ne la laissait approcher son fils que de façon très limitée.
Bien que Marguerite et Angus se fussent provisoirement réconciliés, il fallut peu de temps pour que leurs rapports commençassent à se détériorer définitivement. Elle découvrit que, pendant qu'elle était en Angleterre, son mari avait vécu avec Lady Jane Stewart, une ancienne maîtresse, ce qui était déjà mauvais, mais pire encore qu'il avait vécu avec l'argent de sa femme. En octobre 1518 elle écrivit à son frère, en faisant des allusions à un divorce;
Je suis douloureusement troublée au sujet de Lord d'Angus depuis mon dernier retour en Écosse, et chaque jour de plus en plus, si bien que nous ne nous sommes pas trouvés ensemble cette moitié de l'année … j'en suis au point, si la loi de Dieu et mon honneur m'y autorisent, de me séparer de lui, car je comprends bien qu'il ne m'aime pas, comme il me le montre tous les jours.
C'était un problème difficile pour Henri ; de conviction conservatrice et orthodoxe, il s'opposait au divorce par principe — ce qui laisse rêveur, si l'on considère ce qu'il devait faire par la suite. Tout aussi important était le fait qu'Angus était un allié utile, un contrepoids efficace contre Albany et la faction pro-française. Outrée par son attitude, Marguerite se rapprocha du parti d'Albany et se joignit à d'autres pour l'appeler à revenir de France. Albany, nullement pressé apparemment de revenir dans ce turbulent royaume du Nord, suggéra qu'elle reprît elle-même la régence. La querelle entre les époux devait dominer la politique écossaise pendant les trois années suivantes, compliquée encore par une violente rivalité entre Angus et James Hamilton, 1er comte d'Arran ; avec une rapidité surprenante, Marguerite passa du camp de l'un à celui de l'autre.
Albany revint finalement en Écosse en novembre 1521 et fut chaleureusement reçu par Marguerite. On chuchota bientôt que leurs relations cordiales dépassaient le domaine politique. Angus partit pour l'exil, tandis que le Régent — avec l'appui total de la reine douairière — s'attachait à remettre en ordre un pays déchiré par trois ans de conflits entre factions. Albany était utile pour Marguerite : on savait qu'il avait de l'influence à Rome, ce qui aiderait à faciliter sa demande de divorce. Angus et ses partisans faisaient courir la rumeur que tous les deux étaient amants, au point que même Lord Dacre, qui avait l'esprit rassis, écrivit à Wolsey, en prédisant que Jacques serait assassiné et qu'Albany deviendrait roi et se marierait avec Marguerite. Mais leurs rapports ne dépassèrent pas le simple calcul d'intérêt personnel, comme les événements devaient bientôt le prouver.

Le coup d'État de Marguerite

Au fond d'elle-même Marguerite restait une Anglaise dans son attitude et dans sa façon de voir, et ce qu'elle désirait le plus sincèrement, c'était une meilleure entente entre son pays natal et sa dynastie d'adoption. Mais elle comprit vite combien la politique écossaise pouvait être périlleuse et que survivre dépendait de la capacité à maintenir un équilibre entre les intérêts opposés. La situation pressante exigeait une alliance avec Albany et la faction pro-française, surtout après les désastreuses guerres frontalières avec l'Angleterre au début des années 1520. Mais Albany ne se fut pas plus tôt éloigné qu'elle entreprit de se créer un parti qui lui serait propre. En 1524 le Régent fut finalement écarté du pouvoir grâce à un coup d'État simple mais efficace. Comme il se trouvait une nouvelle fois en France, Marguerite, avec l'aide d'Arran et des Hamilton, ramena Jacques, âgé maintenant de douze ans, de Stirling à Édimbourg. C'était un geste audacieux mais bien vu du peuple. En août le Parlement mit fin à la régence, et confia à Jacques tous les pouvoirs d'un roi. En pratique, il continua à être gouverné par d'autres, surtout par sa mère. Quand Beaton s'opposa à ces nouvelles dispositions, Marguerite le fit arrêter et jeter en prison. En novembre, le Parlement reconnut officiellement Marguerite comme principale conseillère du roi.
L'alliance de Marguerite avec Arran ne pouvait que lui aliéner les autres familles nobles. Sa situation ne s'améliora pas quand son frère permit à Angus de revenir en Écosse. Ces deux facteurs jusqu'à un certain point lui échappaient. Mais ce n'était pas là le plus dangereux pour elle. Elle s'attacha une nouvelle fois, cette fois à Henry Stewart, frère cadet de Lord Avondale. Stewart fut nommé au conseil supérieur, ce qui déchaîna, entre autres, la colère du comte de Lennox, qui conclut rapidement une alliance avec son mari dont elle était séparée. Ce même mois de novembre où le Parlement avait confirmé le rôle politique de Marguerite, sa guerre avec Angus tourna à la farce meurtrière. Quand il arriva à Édimbourg à la tête d'un grand nombre d'hommes en armes, réclamant son droit d'assister au Parlement, elle ordonna aux canons de tirer sur lui, aussi bien depuis le Château d'Édimbourg que du Palais de Holyrood. Quand les deux ambassadeurs anglais présents à la cour lui objectèrent qu'elle ne devait pas attaquer son légitime époux, elle leur répondit avec colère de rentrer chez eux et de ne pas se mêler des affaires d'Écosse. Angus se retira pour le moment, mais, sous des pressions venant de différents côtés, la Reine finit par l'admettre au conseil de régence en février 1525. C'était tout ce dont il avait besoin. S'étant emparé de la garde de Jacques, il refusa de renoncer à lui, et exerça sous son nom le pouvoir suprême pendant une période de trois ans. L'expérience que Jacques retira de ce moment-là fut une haine définitive tant de la maison de Douglas que du parti pro-anglais.

Divorce, mariage et mort

Marguerite tenta de résister, mais fut forcée de se plier aux nouvelles réalités politiques. En outre, à ce moment-là, son envie de divorcer avait tourné à l'obsession, passant avant toutes les autres affaires. Elle était disposée à se servir de tous les arguments, y compris le mythe largement répandu que Jacques IV n'avait pas été tué à Flodden. Malgré son coup d'État de 1524, elle correspondait chaleureusement avec Albany, qui poursuivait pour elle ses efforts à Rome. En mars 1527, le pape Clément VII fit droit à sa requête. En raison de la situation politique en Europe à cette époque, ce ne fut pas avant décembre qu'elle apprit la bonne nouvelle. Sans perdre un moment, elle épousa Henry Stuart, passant outre aux pieux avertissements de son frère, lui disant que le mariage était d'institution divine, et à ses protestations contre la honteuse décision venue de Rome. À peine quelques années plus tard, Henri rompait les relations avec Rome précisément parce qu'il n'avait pas pu recevoir pour lui la même honteuse décision.
En juin 1528, Jacques finit par se libérer de la tutelle d'Angus — une fois de plus contraint à fuir en exil — et commença à régner lui-même. Marguerite fut une des premières bénéficiaires du coup d'État royal, elle et son mari devenant maintenant les principaux conseillers du roi. Jacques créa Stuart Lord Methven en raison du grand amour qu'il portait à la plus chère des mères. On a prétendu — faussement — que la Reine aurait souhaité un mariage entre son fils et sa nièce, la princesse Marie, mais elle contribua à l'accord de paix anglo-écossais de mai 1534.
Le but central de la vie politique de Marguerite — outre d'assurer sa propre survie — était d'amener une meilleure entente entre l'Angleterre et l'Écosse, objectif qu'elle a maintenu à travers des époques difficiles. Jacques se méfiait de Henri, surtout parce que ce dernier continuait à soutenir Angus, un homme que lui-même détestait passionnément. Malgré tout, au début de 1536, sa mère le persuada de rencontrer son oncle. Ce fut son moment de triomphe, et elle écrivit à Henri et à Thomas Cromwell, à présent le conseiller le plus écouté de ce dernier, en disant que c'était grâce à notre conseil et à personne d'autre au monde. Elle espérait une grande manifestation dans le style du Camp du Drap d'Or et dépensa une somme énorme pour la préparer. Finalement cela n'aboutit à rien parce trop de voix s'étaient élevées contre et parce que Jacques ne voulait pas être dirigé par sa mère ni par personne d'autre. Dans un entretien privé avec l'ambassadeur d'Angleterre, elle laissa voir sa déception — Je suis lasse de l'Écosse, avoua-t-elle. Sa lassitude allait jusqu'à lui faire trahir des secrets d'État au profit de Henri.
Elle était peut-être lasse de l'Écosse : à présent elle l'était encore plus de Lord Methven, qui se montrait encore pire qu'Angus dans son désir de courir les femmes tout en profitant de l'argent de son épouse. Elle aurait voulu une nouvelle fois divorcer, mais cette fois-ci elle se heurta à l'opposition de Jacques, qu'elle crut soudoyé par son mari. Une nouvelle fois, comme ce fut si souvent le cas dans la vie de Marguerite, la tragédie et le malheur alternaient avec l'intrigue et la farce. À un moment elle s'enfuit vers la frontière, mais ce ne fut que pour être rattrapée et reconduite à Édimbourg. À plusieurs reprises, elle écrivit à Henri pour se plaindre de sa pauvreté et lui demander argent et protection — elle souhaitait l'aisance et le confort plutôt que d'être obligée « de suivre son fils partout comme une dame d'honneur sans le sou .
En juin 1538 Marguerite accueillit en Écosse Marie de Guise, la jeune épouse française de Jacques. Les deux femmes, parmi les plus importantes de l'histoire de l'Écosse, s'entendirent bien, même si Marguerite, d'une vanité maladive, se voyait soumise à l'humiliation de n'être plus considérée que comme la Vieille Reine. Marie s'assura que sa belle-mère, réconciliée maintenant avec Methven, faisait des apparitions régulières à la cour, et on rapporta à Henri que la jeune reine était toute papiste et la vieille reine guère moins.
Marguerite mourut d'une attaque au château de Methven, dans le Perthshiren, le 18 octobre 1541 et fut enterrée au Prieuré des Chartreux de Saint-Jean à Perth démoli en 1559 au moment de la Réforme. La dynastie de son frère se termina avec Élisabeth Ire, morte sans enfants, et le trône d'Angleterre revint aux héritiers de Marguerite. Son arrière-petit-fils, Jacques VI d'Écosse, devint Jacques Ier d'Angleterre, unissant ainsi les couronnes des deux pays, et conférant à Marguerite une sorte de triomphe posthume.

Mariage et enfants

Elle épouse en 1503 Jacques IV d'Écosse dont :
Jacques, duc de Rothesay 21 février 1507, au Palais de Holyrood - le 27 février 1508, au Château de Stirling.
Une fille mort-née 15 juillet 1508, au Palais de Holyrood.
Arthur, duc de Rothesay 20 octobre 1509, au Palais de Holyrood - 14 juillet 1510, au Château d'Édimbourg.
Le roi Jacques V 10 avril 1512, au Palais de Linlithgow - 14 décembre 1542, au Palais de Falkland.
Une fille mort-née novembre 1512, au Palais de Holyrood.
Alexandre Stewart, duc de Ross 30 avril 1514, au Château de Stirling - 18 décembre 1515, au Château de Stirling.
elle épouse en 1514 Archibald Douglas dont :
Margaret Douglas 1515-1577, épouse Matthew Stewart 4e comte de Lennox, régent d'Écosse de 1570 à 1571.
elle épouse en 1528 Henry Stewart dont

Marguerite dans l'histoire

Marguerite perpétuait l'énergie des Tudor, elle partageait avec son frère l'aptitude à rebondir et l'obstination. Mais finalement elle est passée à côté de la vraie grandeur. Sa vanité et son inconstance l'emportaient souvent sur le bon sens et, lorsque ses propres intérêts étaient en jeu, elle était parfaitement capable de trahir tour à tour son pays d'adoption, son fils et son frère, et sans guère de problèmes de conscience. Elle étalait de façon indécente ses querelles privées sur la place publique et l'histoire de ses mariages oscilla entre le tragique et le pathétique. Malgré tout, pour une femme à cette époque, qu'elle soit arrivée à se débrouiller dans le labyrinthe dangereux de la politique écossaise et à rester au pouvoir pendant une grande partie de sa carrière, voilà qui force dans une certaine mesure l'admiration et le respect. Contre toute attente, Marguerite est restée au pouvoir, sous une forme ou sous une autre, pendant presque trente ans, alors que Marie Stuart, sa petite-fille, devait y rester à peine six ans.

Source

Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé Margaret Tudor

Références

Chapman, Hester W. 1969. The Thistle and the Rose: The Sisters of Henry VIII. Coward, McCann & Geoghegan Inc. LCC
Jansen, Sharon L. 2002. The Monstrous Regiment of Women: Female Rulers in Early Modern Europe.
Mackie, J. D. 1994. The Earlier Tudors: 1485 - 1558.
Perry, Maria. The Sisters of Henry VIII: The Tumultuous Lives of Margaret of Scotland and Mary of France
Routh, C. R. 2001. Who's Who in Tudor England.
Ashley, Mike 2002. British Kings & Queens. Carroll & Graf.

Arbella Stuart

Liens externes

Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat
Un rapide portrait de Marguerite au milieu d'autres femmes de son temps ayant exercé de l'influence
Margaret Tudor Gallery
Généalogie de Margaret Tudor
Reines et princes consorts écossais jusqu’en 1707
Dunkeld Gruoch 1040-1057 · Ingibiorg Finnsdottir 1058-1069 · Marguerite de Wessex 1070-1093 · Ethelreda de Dunbar 1094 · Sibylle de Normandie 1107-1122 · Maud de Huntingdon 1124-1130 · Ermengarde de Beaumont 1186-1214 · Jeanne d'Angleterre 1221-1238 · Marie de Coucy 1239-1249· Marguerite d'Angleterre 1251-1275 · Yolande de Dreux 1285-1286
Bruce Élisabeth de Burgh 1306-1327· Jeanne d'Angleterre 1329-1362 · Marguerite Drummond 1364-1369
Stuart Euphémie de Ross 1371-1386· Annabella Drummond 1390-1401 · Jeanne Beaufort 1424-1437 · Marie d'Egmont 1449-1460 · Marguerite de Danemark 1469-1486 · Marguerite Tudor 1502-1513 · Madeleine de France 1537 · Marie de Guise 1538-1542 · François II de France 1558-1560 · Henry Stuart, Lord Darnley 1565-1567 · James Hepburn, comte de Bothwell 1567 · Anne de Danemark 1589-1619 · Henriette Marie de France 1625-1649 · Catherine de Bragance 1662-1685 · Marie de Modène 1685-1688 · Georges de Danemark 1702-1707
En 1707, Georges de Danemark devient le premier prince consort britannique.
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Posté le : 16/10/2015 22:20

Edité par Loriane sur 17-10-2015 18:11:52
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Clotaire II
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Le 18 octobre 629 meurt Clotaire II dit le Jeune

né en mai 584, roi de Neustrie de 584 à 613 et roi des Francs de 613 à 629, après la conquête du royaume d'Austrasie et du royaume de Bourgogne. Sa victoire de 613 sur la reine Brunehilde Brunehaut met fin à la longue période de guerres entre rois francs, commencée en 570, et dont deux protagonistes ont été les parents de Clotaire, Chilpéric Ier et Frédégonde.
Il est roi des Francs du 10 octobre 613 au 18 octobre 629, son prédécesseur est Sigebert II, Réunion de tous les royaumes francs, son successeur est Dagobert Ier: Roi des Francs. Caribert II: fut roi d'Aquitaine, roi des Francs de Neustrie de 584 à 613 dont le prédécesseur est Chilpéric Ier
Successeur lui-même depuis la réunion de tous les royaumes francs, roi des Francs de Paris de 595 à 613, son prédécesseur Childebert II, son successeur lui-même depuis la réunion de tous les royaumes francs, roi d'Austrasie et des Burgondes, roi de Paris 595-61. Il appartient à la dynastie des Mérovingiens. Son père est Chilpéric Ier
sa mère est Frédégonde, ses conjointes sont Haldetrude, Bertrude, Sichilde. Ses enfants sont : Mérovée, Emma, Dagobert Ier, Caribert II, sa résidence se trouve à Clichy

En bref

Clotaire né en584, mort en 629, roi de Neustrie de 584 à 629, d'Austrasie et de Bourgogne 613-629, fils de Chilpéric Ier à qui il succéda sous la tutelle de sa mère Frédégonde. Il est âgé de quatre mois lorsqu'il succède à son père, sous la tutelle de sa mère qui, profitant de la mort de Gontran 592 et de Childebert II 595, occupe Paris et remporte sur les Austrasiens la victoire de Latofao.Ceux-ci prennent leur revanche à la mort de Frédégonde 597, et, par les victoires de Dormelles 600 et d'Étampes 604, contraignent Clotaire à l'onéreuse paix de Compiègne. La mort de Thierry II, survenue en 613, est suivie de la trahison des grands d'Austrasie, qui lui livrent Brunehaut. Après le meurtre de celle-ci, Clotaire devient seul maître du royaume franc, mais doit faire des concessions aux nobles par l'édit de 614, et reconnaître l'hérédité des maires du palais. Il proclame son fils Dagobert roi d'Austrasie.
Clotaire n'est qu'un nourrisson à la mort de son père Chilpéric Ier, assassiné en 584. Ce sont sa mère, Frédégonde, et son oncle, Gontran, roi de Bourgogne et d'Orléans, qui ont veillé sur sa succession. Après avoir repoussé une attaque de son cousin Childebert II d'Austrasie en 592, Clotaire s'empare des territoires des jeunes successeurs de Childebert, Théodebert II et Thierry II, en 596. Mais il reperd une grande partie de son royaume face à eux en 600. Cependant, en 613, alors que Théodebert et Thierry sont tous deux morts, et que l'Austrasie est très hostile à Brunehaut, arrière-grand-mère du jeune fils de Thierry, Sigebert II, Clotaire en profite pour faire exécuter Sigebert et Brunehaut, et pour mettre la main sur l'Austrasie et la Bourgogne, réunissant ainsi les terres franques.
Clotaire assainit les relations entre l'Église et la couronne par un édit rendu lors du concile de Paris en 614, qui a pour objectif d'apaiser les tensions nées des longues années d'agitation politique. Il rencontre par ailleurs le missionnaire irlandais saint Colomban, dont il soutient le monastère, à Luxeuil. À l'exception de quelques troubles en Bourgogne, la période d'après 613 est relativement calme. S'il a réuni le royaume des Francs, Clotaire n'ira pas jusqu'à unifier l'autorité royale : il maintient le système des maires du palais qui le représentent dans ses trois territoires. En 623, il couronne son fils Dagobert Ier roi d'Austrasie, et fait de Pépin Ier de Landen, dit l'Ancien, le maire du palais.

Sa vie

Contexte historique : les territoires francs au VIe siècle

Le règne de Clotaire II se situe dans le cadre territorial et politique issu du partage du royaume franc effectué en 561 à la mort de Clotaire, fils de Clovis et grand-père de Clotaire II.
À la mort de Clovis, en 511, quatre royaumes avaient été créés avec pour capitales : Reims, Soissons, Paris et Orléans, l'Aquitaine étant répartie séparément. Dans les années 550, Clotaire, dernier survivant des quatre frères reconstitue l'unité du royaume franc, augmenté du territoire burgonde Burgundia, Burgondie, Bourgogne conquis entre temps.
En 561, les quatre fils de Clotaire effectuent un partage analogue à celui de 511 : Sigebert à Reims, Chilpéric à Soissons, Caribert Ier à Paris, Gontran à Orléans, ce dernier royaume incluant maintenant le territoire burgonde. Ils se répartissent de nouveau l'Aquitaine séparément.
Très vite, Sigebert déplace sa capitale de Reims à Metz ; Gontran déplace la sienne d'Orléans à Chalon.
À la mort de Caribert en 567, sa part est partagée entre les trois survivants : en particulier, Sigebert Metz reçoit Paris et Chilpéric Soissons Rouen.
C'est à cette époque, vers la fin du vie siècle, qu'apparaissent les deux nouvelles dénominations d'Austrasie pour le royaume de Metz et de Neustrie pour le royaume de Soissons et ses dépendances.

Contexte historique : la faide royale, ambitions de Frédégonde

Dans les années 560, Sigebert et Chilpéric épousent deux sœurs, filles du roi wisigoth d'Espagne Athanagild : les princesses Brunehilde Brunehaut et Galswinthe. Mais Chilpéric est attaché à une concubine, Frédégonde, et assez rapidement, Galswinthe réclame d'être renvoyée à Tolède. Vers 570, elle est assassinée et les soupçons se portent sur Chilpéric, qui aurait volontiers répudié Galswinthe, mais ne voulait pas qu'elle emporte sa dot. Puis il fait officiellement de Frédégonde une reine des Francs.
En l'absence de père, mort depuis quelques années, c'est Brunehilde qui devient responsable des représailles contre Chilpéric. Celui-ci accepte d'abord de payer une composition wergeld, puis se lance dans une série d'opérations militaires contre Sigebert. C'est le début de ce qu'on appelle la "faide royale", qui ne prendra donc fin qu'en 613.
Les principaux épisodes sont, jusqu'à l'assassinat de Chilpéric en 584 : l'assassinat de Sigebert 575 ; l'emprisonnement de Brunehilde, puis son mariage avec un fils de Chilpéric ; le retour de Brunehilde auprès de son fils Childebert II, successeur de Sigebert.
Par ailleurs, Frédégonde s'efforce d'assurer sa position, assez fragile, étant donnée qu'elle est d'origine servile, en éliminant les fils que Chilpéric a eu de sa précédent épouse Audovère : Mérovée et Clovis. Ses propres enfants, cependant, meurent très jeunes dans des conditions qu'elle juge suspectes.
Lorsque Frédégonde a un fils au printemps 584, il est le futur successeur de Chilpéric, à condition de vivre assez longtemps.

Les sources

Les principales sources d'époque sont la chronique de Grégoire de Tours et celle de Frédégaire.
Mais il faut savoir que leurs auteurs sont de parti pris, Grégoire, évêque de Tours, est même un acteur des conflits de l'époque.
L'Histoire des Francs de Grégoire de Tours de la fin du vie siècle, s'arrête vers 572. Elle est favorable à la reine Brunehilde et à Sigebert et extrêmement hostile à Chilpéric et à Frédégonde.
La chronique de Frédégaire, du viie siècle, commence en 584, est en revanche hostile à Brunehilde.

Clotaire II

Naissance de Clotaire mai 584

Le nouveau-né ne reçoit pas de nom à sa naissance ; ceci dans le but de ne pas propager d'inquiétude liée à la symbolique du nom mérovingien. Voulant choisir un parrain en fonction de l'évolution des troubles qui agitent le royaume des Francs, son père ne le fait pas baptiser immédiatement.
Chilpéric et Frédégonde ont aussi le souci de protéger leur enfant, étant donné que ses prédécesseurs morts jeunes ont peut-être été victimes d'assassinats.
Il est élevé en secret dans la villa royale de Vitry, en Artois.

Mort de Chilpéric en septembre 584 et conséquences

En septembre 584, Chilpéric Ier est assassiné près de sa villa de Chelles, peut-être sur ordre de la reine Brunehilde4, après une partie de chasse. Cet événement produit un désordre général.

Désordres dans le royaume

Les Grands de Neustrie pillent les trésors de Chilpéric, notamment son missorium d'or et s'emparent de tous les documents importants, pour se réfugier en Austrasie.
La princesse Rigonde, en chemin vers l'Espagne en vue d'épouser le prince Recarède, est attaquée à Toulouse par le duc Didier, lié à la conspiration de Gondovald, qui lui vole tout ce qui reste de sa dot, de sorte qu'elle est obligée de renoncer à son mariage.
Des guerres éclatent entre des cités rivales, ainsi Orléans et Blois se dressent contre Chartres et Châteaudun.

Rapprochement de Frédégonde avec Gontran

La reine Frédégonde réussit à conserver ses trésors personnels et quelques officiers, comme Ansoald et Audon, alors que d'autres l'abandonnent, comme le chambrier Eberulf. Elle fait emmener son fils de Vitry à Paris et envoie un message à Gontran, roi de Bourgogne, pour qu'il accepte d'adopter l'enfant et d'exercer la régence jusqu'à sa majorité.
Childebert II, qui se trouvait vers Meaux au moment du meurtre de Chilpéric, se déplace à Melun[réf. nécessaire], envisageant de prendre Paris, mais Gontran le devance. Des pourparlers s'engagent entre Childebert II et Brunehilde d'une part, Gontran d'autre part : mais Gontran refuse qu'ils entrent dans la ville. Il refuse également de leur livrer Frédégonde, que Brunehilde réclame en invoquant le régicide de Sigebert Ier, des princes Mérovée et Clovis et même de Chilpéric Ier.

Assemblée de Neustrie, reconnaissance de Clotaire

Gontran convoque ensuite une assemblée des Grands de Neustrie, au cours de laquelle l'enfant de Frédégonde est reconnu comme fils de Chilpéric Ier, bien que des doutes sur sa paternité aient été évoqués. Ils décident de lui donner le nom de Clotaire11, nom du grand-père du nouveau-né. Celui-ci est alors adopté par Gontran.

Le gouvernement de Gontran 584-58713

Reprise en main du royaume de Neustrie
L'officier Ansoald est chargé de reprendre le contrôle des villes neustriennes délaissées depuis la mort du roi. Elles font alors serment de fidélité à Gontran et à Clotaire. Gontran tente de remettre de l'ordre dans les affaires de Neustrie : contre l'avis de Frédégonde et peut-être pour montrer son autorité, il redonne son siège épiscopal de Rouen à Prétextat et démet de ses fonctions Melaine qui le remplaçait.
L'évêque Promotus de Châteaudun, dont le diocèse avait été rétrogradé en paroisse à la suite du concile de Paris en 573 pour avoir été nommé à ce poste au mépris des lois canoniques, réclame sa restitution après avoir été exilé à la mort de Sigebert Ier. Il ne récupère que ses biens personnels.

Réapparaît la menace austrasienne.

Deux envoyés de Brunehilde, le duc Gararic et le chambrier Eberon, réussissent à faire passer Limoges, Tours et Poitiers sous influence austrasienne, avec l'aide des évêques Grégoire de Tours et Venance Fortunat. Gontran envoie des troupes récupérer les cités perdues qui sont toutes reprises et retournent dans ses états.
Frédégonde est envoyée dans la villa de Vaudreuil, dans le diocèse de Rouen, où elle est sous la surveillance de l'évêque Prétextat.

Le baptême de Clotaire

Durant l'été 585, Gontran revient à Paris pour être le parrain de Clotaire ; il fait jurer à Frédégonde, trois évêques et trois cents aristocrates de Neustrie, que Clotaire II est bien fils de Chilpéric Ier. Mais le baptême est annulé. Il est prévu de réunir un concile à Troyes, mais les Austrasiens refusent d'y participer si Gontran ne déshérite pas Clotaire. Le concile est donc déplacé à Mâcon en Bourgogne et a lieu le 23 octobre 585.

Rétablissement de Frédégonde, conflit avec Gontran 587-592

Alors que Gontran tente de s'emparer de la Septimanie wisigothique, Frédégonde tente de d'échapper à la surveillance de l'évêque Prétextat pour fuir Rouen. Durant une messe dominicale, Prétextat est poignardé. Comme il ne meurt pas tout de suite, Frédégonde va se recueillir auprès de lui et lui demande s'il a besoin de ses médecins. L'évêque l'accuse ouvertement d'être à l'origine de ce meurtre et de celui des autres rois et il jette une malédiction sur elle. Il meurt peu après.
La reine utilise alors sa liberté pour rallier à son fils et à elle le plus possible de nobles et d'évêques. Elle réinstalle Melaine à Rouen malgré l'interdiction de Gontran.
Gontran s'efforce alors d'affaiblir Frédégonde en débauchant une partie de l'aristocratie, afin d'au moins conserver les terres neustriennes qu'il a accaparées entre Loire et Seine grâce au ralliement du duc Beppolène. En 587, il réussit à reprendre les villes d'Angers, Saintes et Nantes.
Frédégonde propose alors de négocier la paix et envoie à Gontran des ambassadeurs, en réalité chargés de le tuer. Mais ils sont arrêtés et Gontran rompt ses relations avec la Neustrie, se rapprochant alors de Brunehilde et de Childebert II, avec lesquels il conclut le pacte d'Andelot : à la mort d'un des deux rois, l'autre héritera de son royaume. C'est effectivement ce qui survient en 592 : Gontran meurt et Childebert devient roi d'Austrasie et de Bourgogne.

Les relations avec l'Austrasie et la Bourgogne 592-613

L'union Austrasie-Bourgogne ne dure que jusqu'en 595 ; à la mort de Childebert II, l'Austrasie est attribuée à son fils Thibert ou Théodebert et la Bourgogne à Thierry ou Théodoric ; Brunehilde est toujours présente, mais son pouvoir et son rôle de régente ne sont pas toujours acceptés, et les deux frères sont loin d'être toujours en accord

Avec Frédégonde 592-597

En 593, même s'il ne s'agit que d'une présence symbolique car il n'a que neuf ans, Clotaire II apparaît à la tête de ses armées qui mettent en déroute le duc austrasien Wintrio qui cherche à envahir la Neustrie. En 596, il ravage les environs de Paris.
La reine Frédégonde meurt en 597, laissant Clotaire gouverner désormais seul.

La défaite de Dormelles 600 et ses conséquences

Vers 600, Thierry II et Thibert II s'allient contre lui et le battent à la bataille de Dormelles, près de Montereau ; il doit alors signer un traité qui réduit son royaume aux régions de Beauvais, Amiens et Rouen, le reste étant réparti entre les deux frères.
En 604, une première tentative de reconquête de son royaume se solde par un échec. Son fils Mérovée âgé de 4 ans, qu'il a eu de sa première épouse, est fait prisonnier par Thierry II à la bataille d’Étampes28 et est assassiné sur ordre de Brunehilde. Clotaire change alors de stratégie et se rapproche de Thierry ; en 607, il devient le parrain d'un des fils de ce dernier, qui reçoit le nom de Mérovée.
Vers la même époque, Thierry, repoussant après l'avoir sollicitée la princesse wisigothe Ermenberge, fille du roi Wittéric, se brouille avec ce dernier. Wittéric entre alors en relations avec Clotaire II en vue d'une alliance, ainsi qu'avec Thibert II et Agilulf, roi des Lombards. Cette coalition contre Thierry II ne paraît pas avoir été suivie d'effets importants.

La guerre entre Austrasie et Bourgogne 610-612

En 610, commence une véritable guerre entre Thibert et Thierry. Thibert est d'abord vainqueur en 610 ; c'est alors Thierry II qui se rapproche de Clotaire, promettant de lui rendre le nord de la Neustrie qu'avait reçu Thibert en 600. Le nouveau roi wisigoth Gundomar se joint à la coalition contre Thierry. Thibert est écrasé en 612, lors des batailles de Toul, puis de Tolbiac près de Cologne. Il le fait exécuter ainsi que ses enfants, réunissant de nouveau l'Austrasie à la Bourgogne.

La guerre entre Clotaire et l'union Austrasie-Bourgogne 613

Comme convenu, Thierry rend à Clotaire le nord de la Neustrie[réf. nécessaire]29, puis organise une invasion de la Neustrie. Mais il meurt de dysenterie à Metz en 613. Ses troupes se dispersent immédiatement, et Brunehilde place sur le trône d'Austrasie son arrière-petit-fils Sigebert II.
Supplice de la reine Brunehaut.
N'acceptant pas la tutelle de Brunehilde, les nobles austrasiens font appel à Clotaire II, qui envahit l'Austrasie ; Brunehilde et les fils de Thierry lui sont livrés. Les enfants sont exécutés à l'exception de Mérovée, son filleul, et peut-être de Childebert qui aurait pris la fuite.
Brunehilde accusée d'avoir fait assassiner dix rois est jugée et reconnue coupable. Elle subit un châtiment extrêmement dur : suppliciée trois jours puis exécutée en étant attachée à l'arrière d'un cheval indompté.

Clotaire seul roi des Francs 613-629

Clotaire établit sa résidence à Paris et dans les villas des alentours.
Les mairies du palais
Un aspect important de la nouvelle configuration est le maintien dans chacun des trois royaumes d'une administration spécifique avec à sa tête un maire du palais. Le maire du palais est à l'origine le majordomus, serviteur du roi chargé de la vie matérielle du palais. Durant la période de la faide royale, la fonction a pris de l'importance et leurs titulaires, membres de la haute aristocratie, ont joué un rôle politique important. C'est en particulier le cas de Warnachaire, maire du palais de Bourgogne en 613, un des responsables de la livraison de Brunehilde, qui occupe le poste jusqu'à sa mort en 626. L'épouse de Warnachaire, Berthe, est d'ailleurs peut-être une fille de Clotaire.

L'édit de 614

En 614, Clotaire II réunit une assemblée des évêques et des grands dont les résultats apparaissent dans un édit daté du 18 octobre 614. L'article 11 indique qu'il s'agit de rétablir "la paix et la discipline dans notre royaume" et de "réprimer les révoltes et insolences des méchants ; L'édit concerne l'ensemble des trois royaumes et pas seulement celui de Neustrie. Il vise les abus de pouvoir commis par certains fonctionnaires, en particulier le non-respect de certaines immunités accordées par Chilpéric. L'article 12 est considéré comme notable : il établit que les fonctionnaires ne peuvent pas être nommés hors de leur région d'origine.

Dagobert, roi d'Austrasie 623

En 623, Dagobert est "associé au royaume" et établi "roi sur les Austrasiens". Il est alors envoyé à Metz, où les deux personnalités sont l'évêque Arnoul et le maire du palais nouvellement nommé Pépin de Landen. En même temps, Clotaire opère un changement territorial en attribuant la région de Reims à la Neustrie. Mais Dagobert, devenu un véritable Austrasien, obtiendra en 626 le retour de Reims à son royaume.
Le comportement de Clotaire II entre barbarie et christianisme
Clotaire II ne constitue pas une exception dans la lignée des Mérovingiens par ses mœurs barbares et sa pratique de la vendetta familiale. Toutefois, il fut un des rares mérovingiens à ne pas être polygame. Il resta fidèle à Bertrude jusqu'à son décès en 618 puis se remaria à Sichilde. Respectueux de l'Église et ses représentants qu'il préférait avoir pour alliés, il est probable qu'il s'efforçait de se composer une image de roi pieux, inspiré par la sainteté de son oncle Gontran qui l'avait protégé et lui avait permis l'accession au trône et dont il faut remarquer qu'en ces temps troublés il soit mort non pas assassiné mais de vieillesse.
En 617, il reconduit le traité d'amitié qui liait les rois Francs aux rois Lombards.

Mort de Clotaire et avènement de Dagobert

Clotaire meurt le 18 octobre 629 à l'âge de 45 ans, et est inhumé, comme son père, dans la basilique Saint-Vincent de Paris, intégrée par la suite à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés.
L'aristocratie neustrienne choisit pour roi Caribert, demi-frère de Dagobert. Mais celui-ci, appuyé par les Austrasiens, s'impose assez facilement en Bourgogne, puis en Neustrie. Caribert est doté d'un royaume constitué de territoires aquitains.

Mariages et descendance

Il épouse en premières noces Haldetrude, qui donne naissance à :
Mérovée, qui est envoyé avec Landéric, maire de palais de Neustrie, pour combattre l'Austrasien Berthoald à Arele en 604, mais les deux sont tués au cours de la bataille.
Emma, mariée en 618 à Eadbald † 640, roi de Kent.
En secondes noces, il épouse Bertrude, citée en 613 et en 618, fille probable de Richomer, patrice des Burgondes, et de Gertrude d'Hamage. Elle a au moins :
Dagobert Ier vers 605-639, roi des Francs
et peut-être :
un fils mort jeune vers 617.
Berthe, épouse de Warnachaire † 626, maire du palais de Bourgogne.
En 618, il se marie avec Sichilde, sœur de Gomatrude, qui épousera Dagobert Ier, roi des Francs, et probablement de Brodulfe ou Brunulfe, qui soutiendra Caribert II. Sichilde était auparavant sa concubine et avait déjà donné naissance à :
Caribert II † 632, roi d'Aquitaine.


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Posté le : 16/10/2015 22:17

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Charles Gounod
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Le 18 octobre 1893 meurt Charles Gounod

à 75 ans, à Saint-Cloud Seine-et-Oise.Charles Gounod né le 17 juin 1818 à Paris ancien 11e arrondissement, compositeur français
de style romantique, il reçoit sa formation au conservatoire de Paris, ses maitres sont Antoine Reicha, Jacques Fromental Halévy, Jean-François Lesueur. Son père est François-Louis Gounod et sa mère Victoire Lemachois, il est marié à Anna Zimmerman 1829-1907 de la famille Pierre-Joseph-Guillaume Zimmerman. Il reçoit pour récompense le prix de Rome en 1839. Ses Œuvres principales sont Faust en 1859, Mireille en 1864, et Roméo et Juliette en 1867
Il obtient le prix de Rome en 1839 et l'Italie lui révèle la musique de Palestrina. Mendelssohn lui fait connaître Bach, Mozart, Beethoven. Il étudie la théologie et porte la soutane, mais s'aperçoit vite que sa véritable vocation est musicale. Ses premières œuvres lyriques Sapho, 1851 sont accueillies avec tiédeur, mais Faust 1859, puis Mireille 1864 et Roméo et Juliette 1867 lui assurent une gloire que consacre sa nomination à l'Institut 1866. À partir de 1882, Gounod se consacre uniquement à la musique religieuse et compose des messes Messe solennelle de sainte Cécile, 1855, des oratorios et un Requiem posthume, 1895, sa dernière œuvre. On lui doit aussi des mélodies le Rossignol. Il a marqué la musique française d'une sensibilité nouvelle et poétique.

En bref

En plus d'une des sensibilités musicales les plus fines de sa génération, Charles Gounod a tous les dons. C'est aussi un penseur d'une remarquable culture et de l'esprit le plus délié, sans parler de son goût très vif pour la peinture. Il eut la chance de vivre longtemps et de jouir de sa propre gloire. Il aura assisté avec sérénité aux métamorphoses du goût musical de ses contemporains. Vilipendé à ses débuts comme disciple de Wagner, les jeunes wagnériens le mépriseront dans sa vieillesse au nom de leur idole.
Charles gounod est un musicien à contre-courant. Il faut faire effort, maintenant que son œuvre est devenue familière, pour mesurer l'originalité de Gounod. La musique française semblait à son déclin. Il n'y avait d'oreilles que pour la musique italienne, et les happy few s'enivraient des prouesses vocales que dispensaient avec largesse les chanteurs ultramontains – virtuoses du bel canto. La mélodie régnait et n'était au vrai qu'un motif facile à mémoriser. Le bourgeois, infaillible arbitre en matière d'art, se donnait des illusions de grande et terrible musique avec Robert le Diable et Les Huguenots, frissonnant aux accents outranciers et frelatés de Meyerbeer cependant qu'il méprisait ou ignorait Berlioz. L'Opéra-Comique également avait ses faveurs où un romantisme bien ouaté et le plus souvent fade s'exprimait dans les ouvrages déjà classiques de Boieldieu et d'Hérold, d'Auber et d'Adam, le premier des hommes et le dernier des musiciens comme le définit Chabrier. À l'exception de quelques amateurs et professionnels qui, très confidentiellement, chérissaient les grands Allemands, de Bach à Beethoven, ou s'intéressaient aux maîtres de la Renaissance grâce aux efforts que poursuivait en leur faveur le prince de la Moskova, la vie musicale était exclusivement accaparée par la scène. Hors d'elle, point de salut. Gounod, dans sa jeunesse, plutôt attiré par la musique religieuse et symphonique à laquelle il revint plus tard, fut bien obligé d'écrire pour la scène. Pour un compositeur, dit-il, il n'y a guère qu'une route à suivre pour se faire un nom : c'est le théâtre.
Dès qu'il paraît, Gounod est incompris. Et ce n'est pas chez lui désir de provoquer, de jouer les révolutionnaires. Il ne ressemble en rien à Berlioz, son aîné de quinze ans qui, seul, salue prophétiquement ses premières œuvres. M. Gounod a prouvé là qu'on peut tout attendre de lui, écrit-il après l'exécution d'un Agnus Dei que Gounod fit entendre au lendemain de son grand prix de Rome 1839. Et cette admiration ne devait point faiblir ; admiration réciproque, « Berlioz a été l'une des plus profondes émotions de ma jeunesse, confie Gounod dans sa préface à la Correspondance de Berlioz. Il lui faut attendre quarante ans pour connaître, avec Le Médecin malgré lui, ses premiers succès et, près de dix ans plus tard, avec Roméo et Juliette 1867, un succès incontesté. On reste ahuri devant le concert d'imprécations que soulevèrent ses ouvrages, et avec une si constante obstination dans l'erreur. Scudo, le critique écouté de La Revue des deux mondes, lui reprochait après La Reine de Saba 1862 son goût pour les derniers quatuors de Beethoven, source troublée d'où sont sortis les mauvais musiciens de l'Allemagne moderne, les Liszt, les Wagner, les Schumann, sans omettre Mendelssohn.... On s'acharne sur le mélodiste. Le critique de la Revue et Gazette musicale de Paris déclarait à la reprise de Faust 1862 : Faust, dans son ensemble, n'est point l'œuvre d'un mélodiste. Musique d'idées abstraites, renchérissait Blaise de Bury, assenant l'argument massue des sourds. Mais quoi ? Cette musique pouvait-elle dès l'abord être appréciée ? On ne voit que trop bien à distance ce qui, chez Gounod, a paru étrange : une mélodie si peu théâtrale – dans le sens où on l'entendait alors – dénuée de boursouflure, mais d'une simplicité perdue dont il retrouvait le secret, outre les beautés d'une harmonie symbolique qui soulignait le mot, créait le décor : autant de vertus qui paraissaient suspectes. Le doux Gounod, sans rien de spectaculaire, nageait candidement mais obstinément à contre-courant. Il croyait à la discrétion dans un temps où l'on aimait le clinquant et le tapageur.

Sa vie

Charles-François Gounod est né le 17 juin 1818 place Saint-André-des-Arts à Paris. Il est le fils du peintre François-Louis Gounod, et de Victoire Lemachois qui fut son premier professeur de piano.
Après avoir fait ses classes au lycée Saint-Louis, il étudie l'harmonie avec Antoine Reicha puis, au Conservatoire de Paris, avec Jacques Fromental Halévy et la composition avec Jean-François Lesueur. En 1839, il remporte le Grand Prix de Rome pour sa cantate Fernand. Il profite de son séjour à la Villa Médicis pour étudier notamment la musique religieuse, surtout celle de Palestrina. De cette époque 1841 date son premier portrait peint connu, par son condisciple Charles Octave Blanchard4. En 1842, il découvre Die Zauberflöte à Vienne, où est exécutée sa deuxième messe avec orchestre.
En 1843, de retour à Paris, il accepte le poste d'organiste et de maître de chapelle de l'église des Missions étrangères. En 1847, l'archevêque de Paris l'autorise à porter l'habit ecclésiastique. Il s'inscrit au cours de théologie de Saint-Sulpice et va écouter les sermons de Lacordaire à Notre-Dame. En 1848, après les journées révolutionnaires, il renonce à sa vocation sacerdotale et quitte son poste des Missions étrangères.
En 1849, grâce à l'appui de Pauline Viardot, il obtient le livret de Sapho, opéra en trois actes sur un livret d'Émile Augier, qui est créé à l'Opéra le 16 avril 1851, sans grand succès. Il compose ensuite une musique de scène pour Ulysse de François Ponsard. En 1852, il épouse Anna Zimmerman, fille de Pierre-Joseph-Guillaume Zimmerman.
Il présida les Orphéons de la Ville de Paris, de 1852 à 1860. Il a alors écrit de nombreux chœurs, comme le Vin des Gaulois. En tant que compositeur de la musique sacrée, il assista en 1860 au Congrès pour la restauration du plain-chant et de la musique de l'Église.
Il compose Le Médecin malgré lui, opéra-comique en 3 actes d'après Molière, sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré, avec qui il collaborera souvent. L'œuvre est créée au Théâtre-Lyrique le 15 janvier 1858, jour anniversaire de la naissance de Molière. En 1859, son opéra Faust est joué au Théâtre-Lyrique, remportant un succès considérable, avec 70 représentations la première année. En 1860, il écrit deux opéras-comiques Philémon et Baucis et La Colombe. Il crée en 1862 La Reine de Saba livret de Jules Barbier et Michel Carré, opéra qui s'arrêta au bout de quinze représentations. En 1867 pendant l'exposition universelle, Roméo et Juliette connaîtra un succès très vif.
En 1870, fuyant l'invasion allemande, Gounod s'installe en Angleterre, où il fait la connaissance de la chanteuse Georgina Weldon avec qui il aura une liaison pendant quatre ans. En 1872 est donné Les Deux Reines de France, drame de Legouvé qui est mal accueilli. Puis est créé au Théâtre de la Gaîté Jeanne d'Arc drame historique de Jules Barbier, qui ravive le patriotisme français. En 1874, Gounod quitte la Grande-Bretagne. En 1876 est exécutée en l'église Saint-Eustache la Messe du Sacré Cœur de Jésus.
Dans la dernière partie de sa vie, Gounod compose beaucoup de musique religieuse, notamment un grand nombre de messes et deux oratorios La Rédemption 1882 et Mors et Vita 1885.
Il meurt le 18 octobre 1893 à Saint-Cloud. Ses obsèques ont lieu dix jours plus tard à l'église de la Madeleine, avec le concours de Camille Saint-Saëns à l'orgue et de Gabriel Fauré à la tête de la maîtrise. Il est inhumé à Paris, au cimetière d'Auteuil.
L'auteur-compositeur-interprète Pauline de Lassus, connue sous le nom de scène Mina Tindle, est l'une de ses descendantes.

Le créateur de la mélodie française

À l'encontre des habitudes établies, et qui consistaient à plaquer, sans y regarder de trop près, des paroles sur une mélodie préalablement trouvée, Gounod substituait l'ordre inverse, se pénétrant du texte et cherchant à en dégager la mélodie virtuellement inscrite. « La voix suivra l'esprit », conseillait-il. En admirateur de Gluck, de Lully, autorisé par l'exemple de ces maîtres, il modelait son chant sur la déclamation. Audacieuse attitude qui valut à celui que Ravel affirma être le véritable instaurateur de la mélodie en France de se voir méconnu comme mélodiste. Ce souci d'une juste prosodie accordée aux accents musicaux et commandant l'expression musicale était à ce point important pour lui qu'il tenta de mettre en musique la prose du George Dandin de Molière. La variété indéfinie des périodes, en prose, ouvre devant le musicien, écrivait-il, un horizon tout neuf qui le délivre de la monotonie et de l'uniformité. Une si délicate approche du poème, de sa traduction musicale où, dès sa jeunesse, il excelle – Le Soir, Le Vallon datent de son arrivée à Rome – fait de lui le compositeur de mélodies abondant, moins porté vers le grand opéra que vers l'opéra de demi-caractère. Dès qu'il aborde le premier, il force sa voix et n'évite pas toujours la grandiloquence. Il ne retrouve son timbre si juste que dans certains passages, comme en marge, où le sujet, la situation ne le contraignant plus, il chante d'instinct dans son meilleur registre. Ainsi a-t-il délivré le plus rare de son message dans nombre de mélodies et d'opéras-comiques tels que Le Médecin malgré lui 1858, Philémon et Baucis 1860, La Colombe 1866, Roméo et Juliette 1867. Déjà, sous la pression tyrannique des directeurs et des chanteurs, il avait été amené à faire quelques concessions pour Faust 1859 ; mais pour Mireille (1864, ce fut à un véritable maquillage qu'il lui fallut se livrer jusqu'à défigurer la naïve et touchante héroïne dont la jeunesse, la douceur, la bonté et la foi étaient si bien accordées à sa propre nature.
Cette simplicité, ce naturel ne s'accommodaient pas d'une orchestration grossière. Comme il ne se contentait pas de réduire l'orchestre au rôle d'accompagnateur, on l'accusait de ne pas être scénique, on le traitait de symphoniste. On restait insensible à cet orchestre tout en nuances, aux coloris fermes ou délicats, délivré de cet abus de trombones, de grosses caisses et de cymbales qui sévissait, comme le remarque Saint-Saëns, dans les œuvres les plus légères.

Gounod, Wagner et les musiciens allemands

À vrai dire, Hugo Riemann n'avait pas entièrement tort lorsqu'il écrivait en 1909 : Le style de Gounod nous est très sympathique, à nous Allemands, car il est plus allemand que français ; il se souvient maintes fois de Weber et de Wagner. S'il est juste que Gounod reconnut dès son apparition le génie de Wagner, l'influence de ce dernier sur son œuvre reste superficielle. Selon ses propres termes, il souhaitait se bâtir une cellule dans l'accord parfait. Au contraire de Wagner, Gounod aspire aux pauses du discours musical, les prolongeant le plus souvent par une cadence plagale pour mieux jouir de son repos. Mais entre chacun de ces arrêts, son harmonie capte des mystères, tout un jeu d'ombres et de lumières à travers un labyrinthe de tonalités entrevues, esquissées, côtoyées, où les surprises comblent notre attente, cependant qu'il n'égare pas ce fil d'Ariane, le ton principal. Il y avait aussi chez Gounod un chrétien sincère qui, non seulement durant sa période mystique où il rêva d'entrer dans les ordres, mais jusqu'à sa mort, ne cessa de méditer les textes sacrés et d'être sollicité par le plain-chant. Les modes grégoriens dont son maître Reicha lui avait déjà enseigné les vertus viennent tout naturellement s'insinuer dans une harmonie qui commence à ressentir les fatigues du seul majeur-mineur et contribuent à faire de Gounod, si l'on excepte Bizet, de vingt ans son cadet, le premier harmoniste de son temps. Pionnier dans l'émancipation de la tonalité classique, il préfigure en plus d'une occasion Fauré, son héritier le plus direct, qui a su lui rendre ce juste hommage : Trop de musiciens ne se doutent pas de ce qu'ils doivent à Gounod. Mais je sais ce que je lui dois, et je lui garde une infinie reconnaissance et une ardente tendresse.
Il ambitionna de faire revivre cette noble polyphonie qu'à Rome il ne se lassait pas d'aller entendre, la préférant aux opéras italiens, et qui ne se retrouve pas uniquement dans ses oratorios comme Rédemption 1882, ou Mors et Vita 1885 ou dans ses Messes, mais également dans plus d'une page de ses œuvres profanes. Aussi bien se réjouit-il en 1891 de la fondation par Charles Bordes des Chanteurs de Saint-Gervais. Il est temps, écrivait-il alors, que le drapeau de l'art liturgique remplace dans nos églises celui de la cantilène profane.
Cependant Riemann avait en grande partie raison et l'art de Gounod ne peut s'expliquer si l'on néglige l'influence des grands compositeurs d'outre-Rhin. La révélation de Beethoven le rendit à moitié fou d'enthousiasme. Quant à J.-S. Bach, l'édition annotée qu'il allait donner de ses chorals et la Méditation d'après le premier prélude du Clavier bien tempéré avec ses nombreux avatars l'Ave Maria ne sont que les moindres hommages qu'il rendit au cantor de Leipzig. Cette belle écriture nette, pure, logique mais large et libre qu'il pratiqua toujours scrupuleusement », comme le note R. Hahn, sans oublier l'emploi expressif qu'il fit du chromatisme, son style enfin, c'est à la constante pratique des œuvres de J.-S. Bach qu'il le dut. Quant à Mozart, il avait conquis Gounod dès sa jeunesse et pour toujours depuis cette représentation de Don Giovanni où sa mère l'avait emmené sur le conseil providentiel de Reicha. On comprend qu'évoquant son premier contact avec Mozart, Gounod ait parlé de ces heures uniques dont le charme a dominé ma vie comme une apparition lumineuse et une sorte de vision révélatrice. De l'enchanteur il a retenu, ainsi qu'il l'a dit – et qui n'était rien moins qu'évident à une époque où l'on s'obstinait à trouver que la musique de Mozart n'était pas scénique –, que la netteté et la justesse de l'idée constituent la force véritable qui dispense de la prodigalité et de l'abus dans l'emploi des procédés ». Leçon d'ascétisme et de justesse expressive qu'il ne transgressera que rarement et comme contraint par des circonstances extérieures.
Enfin, on n'aurait rien dit sur Gounod si l'on ne parlait du charme avec lequel, en véritable novateur, il chante la jeunesse et l'amour, ces deux divinités qu'il ne sépare pas et qui inspirent ses pages les plus tendrement émues. Ce n'est pas non plus un de ses moindres titres de gloire que cette rare faculté d'accueil et cette sûreté dans le jugement qu'il montra envers ses cadets. Ainsi, dès son aurore, discerna-t-il, presque seul, le génie de Debussy vers lequel l'inclinait, peut-être à son insu, une manière parente et peu commune d'appréhender l'art des sons. Avant Chabrier et Satie, avant l'auteur de Pelléas qui méditèrent sur d'autres arts que le leur, Gounod avait révélé les bienfaits qu'il avait tirés de son intimité avec Ingres : En me faisant comprendre ce que c'est que l'art, il m'en a plus appris sur mon art propre que n'auraient pu le faire quantité de maîtres purement techniques. Roger DELAGE

Å’uvres principales

Gounod est surtout réputé pour ses opéras, principalement :

Faust, d'après la pièce de Goethe. Marguerite est séduite par Faust après qu'il a vendu son âme au diable. On y entend l’air de Méphisto Le Veau d'or, l'air de Marguerite dit des bijoux — Ah ! je ris —, immortalisé à sa façon par La Castafiore de Hergé, le chœur des soldats et la musique de ballet de la Nuit de Walpurgis.
Roméo et Juliette, d'après la pièce de Shakespeare. Les airs les plus connus sont la valse de Juliette, Je veux vivre, et l'air du ténor, Ah ! lève-toi, soleil !.
Mireille d'après le poème en occitan de Frédéric Mistral.

Il est également l’auteur des œuvres suivantes :

deux symphonies 1855 : Symphonie nº 1 en ré majeur et Symphonie nº 2 en mi bémol majeur, et une Petite symphonie pour neuf instruments à vent 1885;
cinq quatuors à cordes;
Ave Maria, dérivé du premier prélude du Clavier bien tempéré de Bach non destiné à être interprété dans une église ; Noël, sur un poème de Jules Barbier ; Marche funèbre d'une marionnette pour piano 1872 ; Marche pontificale 1869 pour orchestre et cuivres, devenue l’hymne officiel du Vatican en 19497.
de nombreuses mélodies sur des poèmes d'Alfred de Musset, d'Alphonse de Lamartine, Jean-Antoine de Baïf ou Jean Racine, tels que : Venise, Le Soir, Ô ma belle rebelle, D’un cœur qui t’aime, ou L’Absent dont il a écrit lui-même les paroles.
un Requiem en Do majeur, pour chœur et orchestre œuvre posthume

Liste des Å“uvres

O ma lyre immortelle de Sapho

Interprété par Ernestine Schumann-Heink

Période Titre Représentation Type Détails

Opéras et musiques de scène

1851 Sapho
Opéra
Opéra en 3 actes
une nouvelle version, en 5 actes fut créée à l'Opéra Garnier en 1884
1852 Ulysse Théâtre-Français
musique de scène
Tragédie en cinq actes, avec chœurs, de Ponsard
1854 La Nonne sanglante
Opéra Le Peletier
Opéra en cinq actes
1858 Le Médecin malgré lui
Théâtre lyrique
Opéra comique en 3 actes
1859 Faust
Théâtre lyrique
Opéra en 5 actes
Il eut près de 200 représentations puis, augmenté d'un ballet, repris en 1869 à l'Opéra Le Peletier (Paris), puis à l'Opéra Garnier où il atteignit sa 500e représentation en 1887
1860 La Colombe
Baden-Baden
opéra comique en 2 actes
Repris à l'Opéra-comique en 1866
1861 Philémon et Baucis
Théâtre lyrique
opéra comique en 2 actes un 3e acte intermédiaire fut ajouté à la création
1862 La Reine de Saba
Opéra Le Peletier
Opéra en quatre actes
1864 Mireille
Théâtre-lyrique
Opéra en 5 actes D'après le poème provençal de Frédéric Mistral
1867 Roméo et Juliette
Théâtre-lyrique
Opéra en cinq actes
Après une centaine de représentations, il fut vite monté dans les capitales belge et autrichienne et demeure à l'affiche des grandes scènes lyrique mondiales.
1872 Les Deux Reines de France
Salle Ventadour
musique de scène Drame en quatre actes d'Ernest Legouvé
1873 Jeanne d'Arc
à la Gaîté
musique de scène
pièce de Jules Barbier
1877 Cinq-Mars
Opéra-Comique
Opéra en 4 actes
1878 Polyeucte
Opéra Garnier
Opéra en 5 actes
puis réduit à 4 actes
1881 Le Tribut de Zamora
Opéra Garnier
Opéra en cinq actes
1893 Les Drames sacrés
Théâtre du Vaudeville
musique de scène
Scènes d'Armand Silvestre et Eugène Morand

Musiques religieuses, instrumentales

instrumentales, symphoniques et vocales

1842 Requiem en Ré mineur
1853 Messe à 3 voix en Ut mineur "Aux Orphéonistes"
1854 Tobie oratorio
1855 Messe solennelle en l'honneur de sainte Cécile et deux symphonies
1862 Messe à 4 voix d'hommes en Sol majeur "pour les Sociétés chorales"
1873 Messe "Angeli Custodes"
1873 Messe brève pour les morts
1875 Requiem en Fa majeur
1876 Messe solennelle du Sacré Cœur
1876 Messe à la congrégation des Dames auxiliatrices, en Ut majeur
1882 La Rédemption Oratorio pour soli, chœur et orchestre, exécuté pour la première fois au festival de Birmingham en 1882
1883 Messe solennelle de Pâques
1885 Petite Symphonie, pour 9 instruments à vent
1885 Mors et Vita Oratorio pour soli, chœur et orchestre, exécuté pour la première fois au festival de Birmingham en 1885
1887 Messe à la mémoire de Jeanne d'Arc
1888 Messe chorale sur l'intonation de la liturgie catholique
1888 Messe de saint Jean
1891 Messe des morts Requiem en Ut majeur
1895 Messe dite "de Clovis"
Morceaux de musique patriotique
La Statue de la Liberté , cantate créée à l'Opéra de Paris au profit de la souscription pour l'érection de l'œuvre de M. Bartholdi
Nombreuses mélodies pour chant et piano, sur des paroles françaises, italiennes ou anglaises qui furent éditées à Paris et à Londres. Citons : Sérénade de Victor Hugo, Le soir d'Alphonse de Lamartine, Venise d'Alfred de Musset.

Ouvrages littéraires

1890 Le Don Juan de Mozart
1896 Mémoires d'un artiste
1875 Autobiographie de C. Gounod sur la routine en matière d'art (Londres) : ouvrage d'études esthétiques sur la musique, la critique, le public et la propriété des auteurs.

Hommage

Timbre du cinquantenaire de la mort du compositeur Charles Gounod
Une ville d'Algérie, créée en 1899 dans le département de Constantine au sud de Guelma a porté son nom : Gounod. Elle est aujourd'huPortraits
i appelée Aïn Larbi.
Des collèges de Saint-Cloud et Canteleu portent son nom.
Toutes les grandes villes de France Paris, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Grenoble, Montpellier... ont une rue à son nom.

Portraits

dessiné par Ingres, Rome, 1841, The Art Institute, Department of Prints and Drawings, Chicago
peint par Charles Octave Blanchard, Rome, 1841, Musée de la vie romantique, Hôtel Scheffer-Renan, Paris
peint par Ary Scheffer, Paris, vers 1858 , Château de Versailles
peint par Eugen Felix, 1872


Requiem en ut majeur, Charles Gounod

Auteur

C'est en Italie, alors qu'il vient d'obtenir le grand prix de Rome à l'âge de vingt et un ans, que Gounod écrit sa première messe et un requiem a cappella qu'il orchestrera par la suite. Maître de chapelle de la paroisse des Missions étrangères, à Paris, il se prépare à la prêtrise, et signe ses partitions abbé Gounod. Mais, au bout de cinq ans, il opère un revirement et écrit son premier opéra, Sapho 1851. Tout en continuant de composer de la musique sacrée, il écrit deux symphonies 1855, 1856 et signe de grandes réussites opératiques, Faust 1859, Mireille 1864, Roméo et Juliette 1867.

Genre - Requiem, ou messe de requiem

Ce genre musical tire son nom du premier mot de l'introït de la messe des morts. Du XVe siècle jusqu'à la fin du XVIe Ockeghem, Certon, Palestrina, Lassus, Victoria..., le requiem est avant tout choral et polyphonique. À partir du XVIIe siècle, l'orchestre se joint aux voix pour lui conférer un dramatisme et une ampleur que le romantisme va exacerber jusqu'à le transformer en une sorte d'oratorio, dont l'essence spirituelle se séparera peu à peu de sa prime fonction cultuelle Berlioz, Verdi, Dvorák. Gounod, Fauré et Duruflé rendront à ce genre sa dimension liturgique.

Forme - Dies irae

Du latin, signifiant «jour de colère», le Dies irae est l'une des cinq séquences conservées par le concile de Trente et affectées à la messe des morts. Attribuée au moine franciscain du XIIe siècle Thomas de Celano, cette séquence a été mise en musique aussi bien en dehors qu'à l'intérieur de son cadre liturgique. Son thème de plain-chant initial a souvent été utilisé comme figure symbolique et expressive du funèbre et du macabre Symphonie fantastique de Berlioz, Danse macabre de Liszt, Troisième Symphonie, avec orgue, de Saint-Saëns....

Esthétique

Considéré par Ravel comme le véritable instaurateur de la mélodie en France, Gounod recherche avant tout la pureté de la ligne, la clarté du discours. Souci de la prosodie et lyrisme évitant les débordements du bel canto ainsi que le dramatisme germanique sont les caractéristiques principales de son style. Un style qui va contribuer, malgré quelques facilités d'écriture et une certaine pauvreté harmonique, au renouveau de la musique française.

Sujet

La dernière partie de la vie de Gounod est consacrée à la composition de son ultime opéra, Polyeucte 1878, ainsi qu'à l'achèvement de deux vastes oratorios, La Rédemption 1882 et Mors et Vita 1885. Ce Requiem en ut majeur 1893 - sa dernière œuvre - est écrit à la mémoire de son petit-fils ; inachevé, il sera orchestré par son fidèle disciple Henri Büsser.

Texte

Dies irae, dies illa Solvet saeclum in favilla Teste David cum Sibylla. Quantus tremor...
Jour de colère, jour fameux Qui réduira le monde en cendres Témoins David et la Sibylle. Quelle terreur...Alain Féron



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Posté le : 16/10/2015 22:16

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Jean Sans terre 1
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Le 18/19 octobre 1216 meurt Jean sans terre

à 48 ou 49 ans au Chateau de Newak en Angleterre sa sépulture se trouve dans la cathédrale de Worcester, né le 24 décembre 1166 ou 1167 au palais Beaumont à Oxford en Angleterre, il fut roi d'Angleterre, seigneur d'Irlande et duc d'Aquitaine de 1199 à sa mort.
Roi d'Angleterre, seigneur d'Irlande et duc d'Aquitaine du 6 avril 1199 au 19 octobre 1216 soit durant 17 ans 6 mois et 13 jours. Il est couronné le 27 mai 1199
Son prédécesseur est Richard Ier, son successeur Henri III. Il appartient à la dynastie des Plantagenêt. Son nom de naissance est John. Il est marié à Isabelle de Gloucester 1189-1199, puis à Isabelle d'Angoulême 1200-1219. leurs enfants sont Henri III, Richard, Jeanne, Isabelle et Aliénor
Cinquième et dernier fils du roi Henri II d'Angleterre et d'Aliénor d'Aquitaine, Jean n'était pas destiné à monter sur le trône ou à recevoir un quelconque territoire en héritage ; il fut donc surnommé Jean sans Terre n 1 par son père. Cela changea après la révolte ratée de ses frères aînés entre 1173 et 1174 et il devint le fils préféré d'Henri II qui le fit seigneur d'Irlande en 1177 et lui accorda des terres sur le continent. La mort de trois de ses frères Guillaume, Henri et Geoffroy et l'accession au trône de Richard Ier en 1189 en fit l'héritier apparent. Jean tenta sans succès de prendre le pouvoir alors que son frère participait à la Troisième croisade mais il devint finalement roi en 1199.
Le nouveau monarque fut immédiatement confronté à la menace posée par le roi Philippe II de France sur ses territoires continentaux formant l'Empire Plantagenêt. Il perdit ainsi la Normandie en 1204 notamment en raison du manque de ressources militaires et de son traitement méprisant des nobles poitevins et angevins. Il consacra la plus grande partie de son règne à tenter de reconquérir ces territoires en formant des alliances contre la France, en accroissant les revenus de la Couronne et en réformant l'armée. Malgré ses efforts, une nouvelle offensive en 1214 se solda par la défaite de ses alliés à Bouvines et il fut contraint de rentrer en Angleterre.
Irrités par le comportement jugé tyrannique du souverain et par la forte hausse des impôts et des taxes destinés à financer sa politique continentale, les barons anglais se révoltèrent à son retour. La dispute entraîna la signature en 1215 de la Magna Carta garantissant les droits des hommes libres du royaume mais ni Jean, ni les nobles ne respectèrent ses dispositions. La première guerre des barons éclata peu après et le roi dut affronter les rebelles soutenus par le prince Louis VIII de France. La situation fut rapidement bloquée et Jean mourut de la dysenterie en 1216 alors qu'il faisait campagne dans l'Est de l'Angleterre. Sa mort apaisa les tensions, ce qui permit à son fils et successeur Henri III de prendre définitivement l'ascendant sur les rebelles l'année suivante.
Les évaluations historiques du règne de Jean ont fait l'objet de nombreux débats et ont considérablement varié selon les époques. Considéré comme un héros proto-protestant par les historiens Tudor en raison de son opposition au pape Innocent III qui lui valut l'excommunication, il a également été présenté comme un tyran par ses contemporains et les historiens de l'époque victorienne. Le consensus actuel est qu'il fut un administrateur appliqué et un général compétent affligé d'une personnalité méprisante et cruelle. Ces aspects négatifs ont servi de base à de nombreuses œuvres de fiction depuis Shakespeare et Jean reste un personnage influent de la culture populaire notamment via les aventures de Robin

En bref

Fils cadet de Henri II Plantagenêt, Jean attend longtemps en vain de recevoir une part des domaines paternels, en Irlande ou en France ; son mariage seul lui vaudra le comté de Gloucester. Opposé à son père, envieux du sort de son frère Richard Cœur de Lion, il lutte d'abord avec celui-ci contre la domination paternelle. À partir de l'accession au trône de Richard, en 1189, et, pendant les dix ans de son règne, il se signale surtout par des tentatives répétées et avortées pour s'emparer du pouvoir en l'absence du roi parti pour la croisade ou dans la France du Sud. Devenu enfin roi en 1199, il réussit, en dix-sept ans, à ruiner l'œuvre autoritaire de ses prédécesseurs et à gagner une rare impopularité. Les plus cuisants de ses échecs sont la perte de la Normandie, confisquée en 1204 par Philippe Auguste, et de l'Anjou révolté contre lui. Après Bouvines, il aura perdu tous ses fiefs en terre de France. Sa politique ecclésiastique de contrôle des bénéfices et de lutte contre les ingérences pontificales ne connaît guère plus de succès : l'interdit jeté sur son royaume par Innocent III en 1207, les vacances d'évêchés, la menace d'une intervention armée du roi de France pour exécuter les condamnations pontificales 1211 l'amènent à se soumettre, à garantir la liberté des élections épiscopales et à se constituer le vassal du pape 1213. Ses échecs, ses exactions fiscales, l'humiliation devant Innocent III lui valent une croissante opposition des barons et, en 1215, il est contraint de reconnaître, sans sincérité d'ailleurs, la nécessité de consulter un parlement avant de lever toute aide extraordinaire, d'abjurer tous ses abus et d'accepter l'idée d'un véritable droit à l'insurrection : ces concessions sont inscrites dans la Grande Charte. Décidé à les remettre en question, en s'appuyant en particulier sur la papauté, Jean sans Terre meurt au moment où une nouvelle révolte des barons, assistés par le roi de France, met son trône en grand danger. Roland MARX

Sa vie

Jean est né le 24 décembre 1166 ou 1167 au palais Beaumont d'Oxford. Il était le cinquième et dernier fils du roi Henri II d'Angleterre et d'Aliénor d'Aquitaine. En plus de l'Angleterre, Henri II avait hérité de vastes possessions dans l'ouest de la France dont l'Anjou, la Normandie et avait conquis la Bretagne. Par ailleurs, il avait épousé la puissante Aliénor qui régnait sur le duché d'Aquitaine et avait une revendication sur le Languedoc et l'Auvergne en plus d'être l'ancienne femme du roi Louis VII de France. Henri II régnait ainsi sur ce qui fut appelé l'Empire Plantagenêt d'après le nom de sa dynastie. Cette entité était cependant structurellement fragile car si tous les territoires rendaient hommage à Henri II, ils avaient chacun leurs propres traditions, histoires et formes de gouvernement. L'autorité du roi anglais était très limitée en Aquitaine et les liens traditionnels entre la Normandie et l'Angleterre se dissolvaient lentement. Le destin de l'Empire à la mort d'Henri II était inconnu et même si la pratique de la primogéniture selon laquelle le fils aîné hérite de toutes les possessions de son père se répandait en Europe, elle était peu populaire chez les rois normands d'Angleterre. Beaucoup d'observateurs pensaient que le souverain allait diviser son Empire entre ses fils en espérant qu'ils continueraient à se comporter en alliés après sa mort. Pour compliquer les choses, une grande partie des provinces françaises de l'Empire étaient contrôlées par Henri II en tant que vassal du roi de France qui appartenait à la dynastie rivale des Capétiens. Les relations étaient encore tendues par le fait que le roi anglais s'était souvent allié avec l'empereur contre la France.
Peu après sa naissance, Jean fut confié à une nourrice selon la pratique traditionnelle des familles aristocratiques médiévales. Aliénor se rendit à Poitiers, la capitale de l'Aquitaine, tandis que Jean et sa sœur Jeanne furent envoyé à l'abbaye de Fontevrault. Cela était peut-être destiné à orienter son fils cadet vers une carrière ecclésiastique étant donné qu'il avait peu de chance d'accéder au trône. Aliénor passa les années suivantes à comploter contre son époux et aucun de ses parents ne participa à l'enfance de Jean. Comme ses frères, il fut confié à un magister chargé de son éducation et de la gestion de son foyer. Jean passa quelque temps dans le foyer de son frère aîné Henri le Jeune où il reçut probablement une éducation militaire.
Selon ses contemporains, Jean mesurait 168 cm, était relativement trapu avec un corps puissant et des cheveux roux sombres. Il adorait la lecture et se fit construire une bibliothèque mobile, une chose inhabituelle pour l'époque. Il était un parieur avide, notamment au backgammon, ainsi qu'un chasseur enthousiaste. Il se fit connaître comme un connaisseur de joyaux » et devint célèbre pour son opulence vestimentaire et, selon les chroniqueurs français, son goût du mauvais vin. La personnalité de Jean était assez complexe et il était connu pour être génial, plein d'esprit, généreux et aimable mais pouvait également être jaloux, susceptible et prompt à des accès de rage où il se mordait et rongeait les doigts de colère.

Jeunesse

Durant la jeunesse de Jean, Henri II tenta de résoudre la question de sa succession. Henri le Jeune avait été couronné roi d'Angleterre en 1170 mais ne reçut aucun pouvoir. Il était prévu qu'il hérite de la Normandie et de l'Anjou en plus de l'Angleterre tandis que ses frères Richard et Geoffroy II devaient respectivement obtenir l'Aquitaine et la Bretagne. À ce moment, il était peu probable que Jean obtienne un quelconque territoire et il fut pour plaisanter surnommé Lackland sans Terre par son père.
Henri II voulait sécuriser les frontières orientales de l'Aquitaine et il décida de fiancer son plus jeune fils à Alix, la fille et héritière du comte Humbert III de Savoie. D'après les termes du contrat de mariage, Jean devait hériter de la Savoie, du Piémont, de la Maurienne et des autres possessions de son futur beau-père. De son côté, le roi anglais céda la possession des châteaux poitevins de Chinon, de Loudun et de Mirebeau à Jean même s'il continuait à les contrôler étant donné que son fils n'avait que cinq ans. Cette décision fut peu appréciée d'Henri le Jeune qui considérait qu'il s'agissait de son futur héritage. Alix traversa les Alpes pour rejoindre la cour d'Henri II mais elle mourut avant d'épouser Jean qui redevint sans Terre.
De plus en plus mécontent des décisions de son père, Henri le Jeune se rendit à Paris et s'allia au roi Louis VII de France. Irritée par les nombreuses interférences de son époux en Aquitaine, Aliénor encouragea Richard et Geoffroy à rejoindre leur frère à Paris. Henri II triompha rapidement de la révolte de ses fils mais fut généreux dans l'accord de paix signé à Montlouis. Henri le Jeune fut autorisé à voyager librement en Europe avec sa suite de chevalier, Richard récupéra l'Aquitaine et Geoffroy fut autorisé à rentrer en Bretagne, seule Aliénor fut emprisonnée pour son rôle dans le soulèvement.
Jean avait accompagné son père durant le conflit et reçut de nombreux territoires par le traité de Montlouis ; à partir de ce moment, beaucoup d'observateurs le considéraient comme le fils préféré du roi même s'il était le plus éloigné dans l'ordre de succession. Henri II continua à acquérir de nouvelles terres pour son fils, essentiellement aux dépens de la noblesse. En 1175, il s'appropria les possessions du feu comte Réginald de Dunstanville et l'année suivante, il déshérita les sœurs d'Isabelle de Gloucester, un acte contraire à la coutume, et fiança Jean à cette dernière. En 1177, le roi limogea William FitzAldelm de ses fonctions de seigneur d'Irlande et le remplaça par Jean alors âgé de dix ans.
Henri le Jeune affronta brièvement son frère Richard en 1183 sur la question du statut de l'Angleterre, de la Normandie et de l'Aquitaine. Henri II appuya Richard, et Henri le Jeune mourut de la dysenterie à la fin de la campagne. Le prince héritier étant mort, le roi modifia ses plans pour sa succession. Richard devait devenir roi d'Angleterre même s'il n'aurait aucun pouvoir avant la mort de son père ; Geoffroy conserverait la Bretagne et Jean deviendrait duc d'Aquitaine à la place de Richard. Ce dernier refusa d'abandonner l'Aquitaine et Henri II, furieux, ordonna à ses deux autres fils de marcher vers le sud pour reprendre le duché par la force. Les deux frères assiégèrent Poitiers et Richard répondit en attaquant la Bretagne. La guerre se termina par un retour au statu quo et une difficile réconciliation familiale à la fin de l'année 1184.
En 1185, Jean se rendit pour la première fois en Irlande avec 300 chevaliers et un groupe d'administrateurs mais son séjour fut calamiteux. Henri II essaya de proclamer officiellement Jean roi d'Irlande mais le pape Lucius III s'y opposa28. L'île avait récemment été conquise par les forces anglo-normandes et les tensions étaient fortes entre les colons et les habitants traditionnels. En plus d'offenser les souverains locaux en se moquant de leurs longues barbes, Jean ne parvint pas à se faire des alliés chez les colons anglo-normands et fut bousculé par les attaques irlandaises. Il retourna en Angleterre à la fin de l'année 1185 et blâma le vice-roi Hugues de Lacy pour le fiasco.
Alors que les relations au sein de la famille royale continuaient à se détériorer, Geoffroy mourut lors d'un tournoi en 1186. Le duché de Bretagne fut transmis à son fils Arthur et non à Jean mais la mort de Geoffroy rapprochait ce dernier du trône d'Angleterre. La succession d'Henri II était toujours aussi incertaine car Richard désirait rejoindre les croisades et il n'était pas exclu qu'en son absence, le roi nomme Jean comme son successeur.
Richard entama des négociations en vue d'une potentielle alliance avec le roi Philippe II de France en 1187 et l'année suivante, il promit de rendre hommage au roi de France en échange de son soutien lors d'une guerre avec son père. Au terme de ce conflit en 1189, Richard fut confirmé en tant que futur roi d'Angleterre. Jean était initialement resté loyal à son père mais il changea de camp lorsqu'il devint clair que Richard allait gagner. Henri II mourut peu après.

Règne de Richard Ier 1189-1199

Lorsque le frère aîné de Jean devint roi sous le nom de Richard Ier en septembre 1189, il avait déjà annoncé son intention de participer à la troisième croisade. Il rassembla les fonds nécessaires à cette expédition en vendant des terres, des titres et des offices et tenta de s'assurer qu'il n'y aurait pas de révolte en son absence. Jean fut fait comte de Mortain, épousa la riche Isabelle de Gloucester et reçut des terres dans le Lancastre, les Cornouailles, le Devon, le Dorset et le Somerset afin d'obtenir sa loyauté. Richard Ier conserva néanmoins le contrôle des principaux châteaux de ces comtés pour l'empêcher d'acquérir trop de pouvoir et il désigna Arthur de Bretagne alors âgé de quatre ans comme son héritier au trône. En retour, Jean promit de ne pas se rendre en Angleterre pendant les trois années suivantes, ce qui devait permettre à Richard de mener une croisade victorieuse et de rentrer du Levant sans craindre une prise de pouvoir par son frère. Il confia l'autorité politique en Angleterre, le poste de justiciar, à l'évêque de Durham Hughes du Puiset et Guillaume de Mandeville et nomma chancelier l'évêque d'Ely, William Longchamp. Mandeville mourut rapidement et Longchamp partagea la fonction de justiciar avec de Puiset38. Dans le même temps, Aliénor convainquit Richard de laisser son frère se rendre en Angleterre en son absence.
La situation politique en Angleterre se détériora rapidement car Longchamp refusa de travailler avec de Puiset et s'attira les foudres de la noblesse et du clergé. Jean profita de cette impopularité pour se présenter comme une alternative et était ravi de se voir présenter comme un potentiel régent voire comme le futur roi. Un affrontement ouvert opposa les deux hommes mais il tourna rapidement à l'avantage de Jean qui parvint à isoler Lonchamps dans la Tour de Londres en octobre 1191. Au même moment, l'archevêque de Rouen Gautier de Coutances arriva en Angleterre après avoir été envoyé par Richard pour ramener l'ordre. Lonchamps fut condamné pour son comportement autocratique et exilé en France mais la position de Jean fut affaiblie par la relative popularité de l'archevêque et l'annonce du mariage de Richard Ier avec Bérangère de Navarre sur l'île de Chypre qui annonçait la possibilité que le roi aurait des héritiers.
Le désordre politique persistant, Jean chercha à se rapprocher du roi Philippe II de France qui venait tout juste de revenir de la croisade ; il espérait ainsi récupérer la Normandie, l'Anjou et les territoires français de son frère mais il fut persuadé par sa mère ne pas chercher une alliance contre Richard Ier. Comme ce dernier n'était toujours pas revenu de la croisade, Jean commença à affirmer que son frère était mort ou avait disparu. Il avait en réalité été fait prisonnier en octobre 1192 par le duc Léopold V d'Autriche qui l'avait remis à l'empereur Henri VI et ce dernier exigea le paiement d'une rançon. Jean saisit l'opportunité et se rendit à Paris pour s'allier à Philippe II. Il accepta de quitter Isabelle de Gloucester et d'épouser Adèle, la sœur du roi de France, en échange de son soutien. Des combats éclatèrent rapidement en Angleterre entre les partisans de Jean et ceux restés loyaux à Richard Ier. Sa position militaire était délicate et il accepta une trêve ; au début de l'année 1194, le roi rentra finalement en Angleterre et les dernières forces de Jean se rendirent. Il se replia en Normandie mais fut rattrapé par son frère à la fin de l'année. Le souverain déclara que Jean, malgré ses 27 ans, n'était qu'un enfant qui avait eu des conseillers malveillants et il le pardonna ; il le priva néanmoins de toutes ses terres à l'exception de l'Irlande.
Jusqu'à la fin du règne de Richard Ier, Jean le soutint, apparemment loyalement, sur le continent48. Le souverain chercha à reconquérir les forteresses que Philippe II avait conquises alors qu'il était en croisade et il s'allia avec les nobles de Flandres et de l'Empire pour combattre les Français sur deux fronts49. En 1195, Jean commanda un siège victorieux contre le château d'Évreux et défendit par la suite la Normandie contre les attaques de Philippe II. L'année suivante, il s'empara de Gamaches et mena une chevauchée vers Paris qui permit la capture de l'évêque de Beauvais. En récompense de ses services, Richard Ier abandonna sa malevontia; rancœur contre Jean et lui rendit ses titres de comte de Gloucester et de Mortain.

Début de règne 1199-1204 Accession au trône

Après la mort de Richard Ier le 6 avril 1199, il y avait deux potentiels successeurs au trône Plantagenêt : Jean, dont les revendications étaient liées au fait d'être le dernier fils en vie d'Henri II et Arthur de Bretagne en tant que fils de Geoffroy, le frère aîné de Jean. Le défunt roi semblait avoir commencé à considérer Jean comme son héritier légitime peu avant sa mort mais cela n'était pas sans équivoques et la loi médiévale ne permettait pas de résoudre le problème. La situation dégénéra rapidement car Jean était soutenu par la noblesse anglaise et normande et fut couronné à Westminster avec l'appui de sa mère Aliénor tandis qu'Arthur avait le soutien des barons bretons, angevins et de Philippe II. L'armée d'Arthur remontant le val de Loire vers Angers et celles de Philippe II le descendant vers Tours, l'empire continental de Jean risquait d'être coupé en deux.
La Normandie comptait peu de défenses naturelles mais elles étaient solidement renforcées par de puissantes fortifications comme le Château Gaillard. Il était difficile pour un assaillant d'avancer loin en territoire ennemi sans avoir pris le contrôle de ces places-fortes situées en des points stratégiques le long des voies de communication et de ravitaillement. Les armées de l'époque étaient composées de troupes féodales ou de mercenaires. Les premières pouvaient être levées pour une période donnée avant d'être libérées, ce qui causait la fin de la campagne ; les secondes, parfois appelés brabançons d'après le duché de Brabant mais issues de toute l'Europe, pouvaient opérer toute l'année mais leur professionnalisme était compensé par leur coût supérieur aux levées féodales. En conséquence, les commandants de la période s'appuyaient de plus en plus sur les troupes de mercenaires.
Après son couronnement, Jean se rendit en France et adopta une stratégie défensive le long des frontières normandes5 mais les deux camps négocièrent avant la reprise des combats. La position de Jean était alors plus forte car les comtes Baudouin VI de Flandre et Renaud de Boulogne avaient renouvelé leurs alliances anti-françaises. Le puissant baron angevin Guillaume des Roches fut persuadé de changer d'alliance en faveur de Jean et la situation semblait basculer en défaveur d'Arthur et de Philippe II. Personne ne souhaitait cependant poursuivre les combats et les deux souverains se rencontrèrent en janvier 1200 pour négocier une trêve. Du point de vue de Jean, cela représentait une opportunité pour stabiliser ses possessions continentales et créer une paix durable avec la France. Par le traité du Goulet de mai 1200, Philippe II reconnaissait Jean comme l'héritier légitime de Richard Ier pour ses possessions françaises et ce dernier abandonnait sa stratégie d'endiguement de la France via des alliances avec la Flandre et Boulogne et acceptait le roi français comme son suzerain pour ses territoires continentaux. La politique de Jean lui valut le surnom de Jean l'Épée molle de la part de certains chroniqueurs en contraste avec celle plus agressive de Richard Ier.

Paix du Goulet

La nouvelle paix ne dura que deux ans et les combats reprirent en raison de la décision de Jean d'épouser Isabelle d'Angoulême en août 1200. Pour se remarier, il devait d'abord abandonner Isabelle de Gloucester ; pour cela, il avança que leur union était nulle car elle était sa cousine et il n'avait pas obtenu de dispense papale pour l'épouser. Les raisons pour lesquelles Jean voulut épouser Isabelle d'Angoulême sont peu claires. Les chroniqueurs contemporains ont avancé qu'il en était tombé fou amoureux mais il est vrai que les terres de sa future épouse étaient stratégiques ; en contrôlant la région d'Angoulême, Jean obtenait une voie terrestre entre le Poitou et la Gascogne et renforçait son emprise sur l'Aquitaine
Isabelle était cependant déjà fiancée à Hugues IX de Lusignan, un membre influent d'une puissante famille du Poitou et frère du comte Raoul d'Eu qui possédait des terres le long de la frontière sensible entre la Normandie et la France. Si l'union était à l'avantage de Jean, elle menaçait les intérêts des Lusignan qui contrôlaient les routes commerciales et militaires en Aquitaine. Plutôt que de négocier une forme d'indemnisation, Jean traita Hugues X avec mépris ; cela entraîna un soulèvement des Lusignan qui fut rapidement écrasé par Jean qui intervint également contre Raoul en Normandie.
Même si Jean était comte de Poitou et donc le suzerain des Lusignan, ces derniers pouvaient se plaindre de ses actions à son propre suzerain, Philippe II. Hugues X fit exactement cela en 1201 et le roi de France convoqua Jean à Paris en 1202 en citant le traité du Goulet pour appuyer sa demande. Le roi d'Angleterre ne souhaitait pas affaiblir son autorité dans l'Ouest de la France en acceptant et il répondit qu'il ne pouvait accepter en raison de son statut de duc de Normandie que la tradition féodale exemptait de devoir se présenter à la cour de France. Philippe II avança qu'il le convoquait non pas en tant que duc de Normandie mais comme comte de Poitou et à la suite d'un nouveau refus, il déclara que Jean ne respectait pas ses responsabilités de vassal ; il attribua toutes ses possessions françaises à Arthur de Bretagne à l'exception de la Normandie qu'il prit pour lui et se lança dans une nouvelle guerre.

Perte de la Normandie

Jean adopta initialement une stratégie défensive similaire à celle de 1199 en évitant les batailles rangées et en défendant ses forteresses. Philippe II fit néanmoins des progrès à l'est tandis que Jean apprit en juillet que les forces d'Arthur menaçait sa mère Aliénor qui se trouvait au château de Mirebeau. Accompagné de Guillaume des Roches, son sénéchal en Anjou, il envoya ses mercenaires pour la secourir. Ses forces prirent Arthur par surprise et ce dernier ainsi que de nombreux commandants rebelles furent faits prisonniers. Son flanc sud affaibli, Philippe II fut contraint de se retirer et de se redéployer dans le val de Loire.
La victoire de Mirebeau renforça grandement la position de Jean en France mais il la gaspilla par son traitement des prisonniers et de Guillaume des Roches. Ce dernier était un puissant noble angevin mais le roi anglais ignorait fréquemment ses avis tandis que les chefs rebelles capturés furent détenus dans des conditions telles que 22 moururent. À une époque où les nobles d'une même région entretenaient d'étroites relations familiales, ce traitement de leurs proches était inacceptable; Guillaume des Roches et plusieurs alliés de Jean en France rallièrent Philippe II tandis que la Bretagne se souleva69. Cela fit basculer l'équilibre des forces car le roi de France disposait à présent d'un avantage considérable en termes de soldats et de ressources..
D'autres défections dans le camp de Jean en 1203 réduisirent à nouveau sa capacité à combattre et il demanda sans succès au pape Innocent III d'intervenir. Il semble qu'il ait alors décidé de faire assassiner Arthur pour éliminer un potentiel rival et saper l'insurrection bretonne. Arthur avait initialement été détenu à Falaise avant d'être emmené à Rouen. Son destin après cela est inconnu mais les historiens modernes considèrent qu'il fut tué par Jean. Les annales de l'abbaye Margan indiquent que Jean avait capturé Arthur et l'avait gardé en prison pendant quelque temps dans le château de Rouen... Alors que Jean était ivre, il a occis Arthur de ses propres mains et a accroché une lourde pierre à son corps avant de le jeter dans la Seine. Les rumeurs sur les circonstances de la mort d'Arthur affaiblirent encore le soutien dont disposait Jean dans la région.
La perte de Château Gaillard porta un coup dévastateur à la position militaire de Jean en France.
À la fin de l'année 1203, Jean tenta de secourir Château Gaillard assiégé par Philippe II via une opération impliquant des forces terrestres et navales ; les historiens considèrent qu'il s'agissait d'une manœuvre innovante mais trop complexe pour les possibilités de l'époque. Les forces françaises repoussèrent l'assaut et Jean se tourna vers la Bretagne pour tenter de réduire la pression à l'est de la Normandie. Il ravagea le territoire mais cela n'eut pas d'effet sur le déroulement de la campagne. Les historiens sont en désaccord sur les qualités militaires démontrées par Jean durant la campagne mais les études les plus récentes tendent à les considérer comme médiocres.
La situation de Jean commença à se détériorer rapidement. Philippe II contrôlait de plus en plus de territoires dans l'est de la Normandie tandis que les défenses anglaises en Anjou avait été affaiblies par la cession par Richard Ier de forteresses stratégiques. Le soutien des nobles locaux fut encore réduit par le déploiement de troupes de mercenaires qui se livrèrent à de nombreux pillages dans la région. Jean retraversa la Manche en décembre après avoir ordonné l'établissement d'une nouvelle ligne défensive à l'ouest de Château Gaillard. En mars 1204, la forteresse tomba et la mère de Jean mourut le mois suivant. Cela ne fut pas seulement une tragédie personnelle pour Jean car cela menaçait de ruiner le fragile réseau d'alliance établies dans le sud de la France. Philippe II contourna la nouvelle ligne défensive par le sud et envahit le cœur du duché de Normandie avant de se tourner vers l'Anjou et le Poitou où il ne rencontra qu'une faible résistance. En août, Jean ne contrôlait plus en France que le duché d'Aquitaine.

Politique intérieure Gouvernance

Exemplaire d'un pipe roll datant de 1194. Ces documents fiscaux royaux furent l'une des conséquences de la croissance de la bureaucratie au début du XIIIe siècle
La forme de gouvernance en vigueur dans l'Empire Plantagenêt est mal connue. Les prédécesseurs de Jean avaient gouverné selon le principe vis et voluntas force et volonté, en prenant des décisions, parfois arbitraires, qui étaient souvent justifiées par le fait que le roi était au-dessus des lois. Henri II et Richard Ier avaient tous deux avancé que les rois étaient de droit divin et Jean continua sur cette voie. Cette idée n'était pas partagée par tous les contemporains et beaucoup d'auteurs estimaient que le roi devait gouverner en accord avec les lois et les coutumes et devait respecter les avis des principaux nobles du royaume. Rien n'était cependant prévu si le roi refusait de faire ainsi. Même s'il revendiquait être la seule autorité en Angleterre, Jean chercha parfois à justifier ses actions en avançant qu'il avait pris conseil auprès des barons. Les historiens modernes restent divisés sur la question de savoir si Jean souffrait d'une sorte de schizophrénie royale dans sa gouvernance ou si ses actions reflétaient la nature complexe de la monarchie Plantagenêt du début du XIIIe siècle.
Jean hérita en Angleterre d'une administration complexe composée de plusieurs offices : la Chancellerie conservait les documents écrits et les correspondances ; le Trésor et l'Échiquier étaient respectivement chargés de la gestion des recettes et des dépenses du royaume tandis que des juges rendaient la justice dans tout le pays86. Sous l'impulsion d'hommes comme Hubert Walter, cette évolution vers la conservation des documents royaux se renforça durant son règne. Comme ses prédécesseurs, Jean gouvernait une cour itinérante et s'occupait des questions locales et nationales durant ses déplacements dans le Royaume. Jean était très actif dans la gouvernance de l'Angleterre et en ce sens, il suivait la tradition d'Henri Ier et d'Henri II. Cependant, la croissance de la bureaucratie au XIIIe siècle rendit très difficile ce type de gestion car le souverain n'était plus capable de suivre tout ce que faisait son administration. Jean resta en Angleterre pendant de plus longues périodes que ses prédécesseurs et il s'impliqua donc plus dans la gestion de régions auparavant ignorées comme le Nord de l'Angleterre.
Jean s'intéressa particulièrement aux questions judiciaires. Henri II avait introduit de nouvelles procédures comme les assizes de novel disseisin et de mort d'ancestor qui élargissaient et renforçaient le rôle des tribunaux royaux dans les affaires locales qui étaient auparavant traitées uniquement par les cours ou les seigneurs locaux. Jean accrut le professionnalisme des juges et s'efforça de garantir le bon fonctionnement du système en intervenant parfois lui-même dans les affaires judiciaires. L'historien Lewis Warren estime que Jean exerça son devoir royal de rendre la justice... avec un zèle et un acharnement pour lesquels la loi anglaise est grandement redevable. D'autres spécialistes ont néanmoins avancé que le souverain était plus motivé par la perspective d'obtenir de l'argent via les amendes plutôt que par le désir de rendre la justice ; le système judiciaire s'appliquait également uniquement aux hommes libres et non pas à l'ensemble de la population notamment les serfs. Ces évolutions étaient néanmoins populaires chez les paysans aisés qui pouvaient faire appel à un système judiciaire plus fiable mais elles mécontentaient les barons qui n'avaient plus la possibilité d'influer sur les affaires locales et restaient soumis à l'arbitraire de la justice royale.

Économie

L'un des principaux défis de Jean était de trouver les ressources nécessaires pour financer les expéditions destinées à reconquérir la Normandie. Les souverains Plantagenêt disposaient de trois sources de revenus : ceux issus de leurs domaines fonciers ou demesne, les tributs venant de leurs vassaux et les recettes issues des taxes et impôts. Les revenus des domaines royaux étaient relativement figés car dépendant de la productivité des terres et avaient lentement diminué depuis la conquête normande au XIe siècle. La situation fut compliquée par la vente de nombreuses possessions royales par Richard Ier en 1189 tandis que les taxes et impôts ne représentaient qu'une faible part dans les revenus du Trésor. Les rois anglais disposaient de nombreux droits féodaux qu'ils pouvaient utiliser pour accroître leurs revenus comme l'écuage qui permettaient aux nobles de ne pas participer aux campagnes militaires de leur suzerain en échange du paiement d'une indemnité. Par ailleurs, le roi pouvait tirer des revenus des amendes, de pénalités diverses ou de la vente de chartes et d'autres privilèges. Jean s'efforça d'accroître toutes ses sources de revenus au point qu'il fut décrit comme avare, pingre, radin et obsédé par l'argent. Il utilisa également ce besoin d'argent à des fins politiques pour renforcer son contrôle sur les barons. Les dettes que ces derniers avaient contractées auprès de la Couronne pouvaient être annulées s'ils le soutenaient tandis que les demandes de remboursement pouvaient être fermement exigées dans le cas de ses opposants.
Les efforts du souverain pour accroître ses revenus débouchèrent sur une série de réformes innovantes mais très impopulaires. Jean leva onze fois l'écuage durant ses 17 ans de règne, autant que ses trois prédécesseurs rassemblés. Dans de nombreux cas, cela avait été réalisé en l'absence de toute campagne militaire, ce qui dénaturait l'idée originelle selon laquelle l'écuage était une alternative au service militaire. Il poussa également à l'extrême son droit de demander des droits de succession à la mort d'un noble, en exigeant des sommes exorbitantes, bien au-delà des capacités de paiement des barons. Jean réitéra la fructueuse vente des fonctions de shérif de 1194 mais les nouveaux officiers remboursèrent leur investissement en augmentant les amendes et les pénalités, notamment dans les régions forestières. Une autre innovation de Richard Ier, une taxe sur les veuves voulant rester célibataires, fut accrue par Jean et il continua à vendre des chartes pour la création de nouvelles villes comme Liverpool ou de nouveaux marchés en Gascogne. Le roi introduisit de nouvelles taxes et en augmenta d'autres. Les juifs étaient déjà lourdement taxés en échange de la protection royale contre les persécutions mais leur imposition fut encore accrue ; la communauté dut payer 44 000 livres pour la taille de 1210 dont la plus grande partie alla entre les mains des débiteurs chrétiens des préteurs juifs. Jean instaura en 1207 une taxe sur le revenu similaire à l'impôt sur le revenu moderne qui rapporta 60 000 livres dans les coffres de la Couronne ainsi que de nouveaux droits de douane. En plus de rapporter des sommes colossales, ces taxations avaient également l'avantage de permettre à Jean de confisquer les terres des barons qui ne pouvaient ou refusaient de payer.
Au début du règne de Jean, l'économie anglaise fut frappée par une série de mauvaises récoltes qui fit augmenter le prix des céréales et des animaux. Cela entraîna une inflation qui perdura jusqu'à la fin du XIIIe siècle et eut des conséquences à long-terme sur le Royaume. La situation économique fut par ailleurs déstabilisée par des vagues déflationnistes provoquées par les campagnes militaires du roi. Il était en effet de coutume à l'époque que le roi collecte les taxes et les impôts en argent qui était ensuite frappé sous forme de nouvelles pièces ; ces dernières étaient alors stockées en tonneaux avant d'être envoyées dans les châteaux dans tout le pays pour payer les mercenaires et les coûts annexes. En prévision des campagnes en Normandie, Jean accumula d'immenses quantités d'argent qui n'étaient plus disponibles pour l'économie pendant des mois.

Relations avec la noblesse

Jean était entouré par plusieurs groupes de courtisans. L'un d'eux était le familiares regis, composé de ses amis et des nobles qui l'accompagnaient dans ses déplacements dans son royaume. Ils jouaient également un rôle important dans l'organisation de ses campagnes militaires. Un autre groupe était la curia regis regroupant les principaux membres de l'administration royale. Intégrer ce proche entourage permettait d'obtenir les faveurs du roi, d'épouser une riche héritière, d'obtenir gain de cause devant la justice ou de voir ses dettes effacées. À partir du règne d'Henri II, ces fonctions furent de plus en plus accordées à des nouveaux hommes n'appartenant pas à la haute noblesse. Cela s'intensifia durant le règne de Jean avec l'intégration de nombreux membres de la basse noblesse ou de la gentry souvent originaires du continent ; beaucoup étaient des chefs mercenaires du Poitou comme Falkes de Breauté, Geard d'Athies, Engelard de Cigongé et Philip Marc qui se firent tristement connaître en Angleterre pour leur conduite. De nombreux barons percevaient cette cour royale comme, selon l'historien Ralph Turner, une clique profitant des faveurs royales aux dépens des barons et composée de membres sans envergure.
Ce mécontentement des barons fut exacerbé par la personnalité de Jean et la tradition Plantagenêt du ira et malevolentia colère et rancœur. Sous Henri II, cette expression commença à être utilisée pour décrire le droit du roi à exprimer son mécontentent envers certains nobles ou ecclésiastiques qui perdaient ainsi le soutien de la Couronne. L'une des victimes les plus célèbres de cette pratique fut Thomas Becket qui fut assassiné par des partisans du roi Henri II durant une dispute avec le souverain concernant les constitutions de Clarendon. Associé à ses pouvoirs judiciaires et économiques, la menace de la colère royale renforçait encore la capacité de Jean à affaiblir ses vassaux.
Jean se méfiait fortement des barons, notamment les plus puissants qui pouvaient potentiellement menacer son autorité. Plusieurs d'entre-eux furent la cible de sa malevolentia y compris Guillaume le Maréchal, un célèbre chevalier souvent présenté comme un modèle de loyauté. Il obligea notamment le puissant seigneur des Marches William de Braose à payer 40 000 marcs environ 26 666 livres de l'époque et quand ce dernier refusa, il fit emprisonner son épouse et l'un de ses fils. Ces derniers moururent en détention tandis que de Braose périt en exil en 1211 et ses petits-fils ne furent libérés qu'en 1218. En raison de cette sévérité et de la méfiance de Jean, même ses plus fervents partisans entretenaient des relations difficiles avec le roi.

Vie privée

La vie privée de Jean impacta largement son règne. Les chroniqueurs contemporains ont avancé qu'il était outrageusement débauché et impie. Il était habituel pour les rois et les nobles de l'époque d'avoir des maîtresses mais les chroniqueurs se lamentaient que celles de Jean étaient des femmes mariées, ce qui était jugé inacceptable. Il eut au moins cinq enfants avec des maîtresses durant son premier mariage avec Isabelle de Gloucester, et deux d'entre-elles appartenaient à la noblesse. Son comportement après l'annulation de son premier mariage est moins connu. Aucun enfant illégitime ne lui a été attribué et aucune preuve n'indique un possible adultère même si Jean eut certainement des relations avec les femmes de sa cour. Les historiens estiment que les accusations spécifiques lancées durant les révoltes des barons ont généralement été inventées pour justifier les soulèvements mais la plupart de ses contemporains semblaient déplorer le comportement sexuel du souverain.
La nature de la relation de Jean avec sa seconde épouse Isabelle d'Angoulême est mal connue. Cette dernière était relativement jeune et si sa date de naissance exacte est inconnue, les historiens estiment qu'elle avait au maximum 15 ans et plus probablement 9 ans au moment de leur mariage en 1200. Même selon les normes de l'époque, cela était très jeune. Jean n'accorda pas beaucoup d'argent à la suite d'Isabelle au point que l'historien Nicholas Vincent l'a décrit comme franchement malveillant »129. Vincent conclut que leur mariage ne fut pas particulièrement heureuxmais d'autres aspects suggèrent une relation plus proche et positive. Les chroniqueurs écrivirent que Jean était complètement fou d'Isabelle et ils eurent cinq enfants. L'historien William Chester Jordan estime qu'ils formèrent un couple amical et que leur mariage fut une réussite selon les normes de l'époque.
Le manque de dévotion religieuse de Jean avait été noté par ses contemporains et certains historiens ont avancé qu'il était impie voire athée, ce qui était extrêmement mal accepté à l'époque. Ses habitudes anti-religieuses furent largement documentées par les chroniqueurs comme son refus de faire la communion, ses remarques blasphématoires et ses plaisanteries sur la doctrine de l'Église notamment sur l'improbabilité de la Résurrection. Ses contemporains notèrent également la faiblesse de ses donations aux œuvres caritatives de l'Église. L'historien Frank McLynn avance que la jeunesse de Jean à l'abbaye de Fontevraud et son haut niveau d'éducation sont peut-être à la source de son hostilité à la religion. D'autres historiens sont néanmoins plus prudents avec les documents de l'époque et notent que les chroniqueurs rapportèrent également son intérêt personnel pour la vie de Wulfstan de Worcester et son amitié avec plusieurs ecclésiastiques dont notamment Hugues d'Avalon qui fut par la suite canonisé. Les documents sur les dépenses de la cour indiquent qu'elles suivaient normalement les fêtes religieuses même s'il est également fait mention des donations royales aux pauvres pour expier la conduite peu orthodoxe de Jean.

Fin de règne 1204-1214 Politique continentale

Jusqu'à la fin de son règne, Jean essaya de récupérer la Normandie mais il dut affronter de nombreuses difficultés. L'Angleterre devait être protégée contre une possible invasion française, les voies maritimes vers l'Aquitaine devaient être sécurisées à la suite de la perte des routes terrestres et le contrôle de la Gascogne devait être assuré malgré la mort d'Aliénor en 1204. Jean prévoyait d'utiliser le Poitou comme base d'opérations pour soutenir une offensive le long de la Loire et menacer Paris, ce qui immobiliserait les forces françaises et permettrait à une seconde force de débarquer en Normandie. Jean espérait par ailleurs obtenir l'entrée en guerre à ses côtés des voisins orientaux de la France comme la Flandre, ravivant ainsi la stratégie d'encerclement de Richard Ier. Tout cela allait cependant nécessiter beaucoup de soldats et d'argent.
Jean consacra une grande partie de l'année 1205 à protéger l'Angleterre d'une éventuelle attaque française. Sa première mesure fut de recréer les Assizes de 1181 d'Henri II par lesquelles chaque comté devait mobiliser des levées locales. Lorsque la menace d'invasion s'éloigna, Jean rassembla en Angleterre une grande armée devant être déployée dans le Poitou ainsi qu'une grande flotte sous son commandement pour attaquer la Normandie. Pour parvenir à ses fins, il réforma le système féodal de contribution militaire pour le rendre plus flexible ; seul un chevalier sur dix serait mobilisé mais il serait soutenu financièrement par les neuf autres et pourrait ainsi combattre indéfiniment. Jean développa également un corps professionnel d'arbalétriers et renforça les capacités de ses troupes à mener des sièges. Au niveau du commandement, le roi était épaulé par les barons les plus expérimentés tels que Guillaume de Longue-Épée, Guillaume le Maréchal, Roger de Lacy et, jusqu'à ce qu'il perde les faveurs du roi, William de Braose.
Jean avait déjà commencé à améliorer ses forces navales avant la perte de la Normandie et la construction de nouveaux vaisseaux s'accéléra par la suite. Les navires étaient stationnés dans les Cinq-Ports dans le Kent mais le port de Portsmouth fut également agrandi. À la fin de l'année 1204, il disposait d'environ 50 grandes galères et une cinquantaine d'autres furent construites entre 1209 et 1212. William de Wrotham fut nommé gardien des galères, faisant de lui le principal amiral du roi.
L'agitation des barons anglais empêcha le départ de l'expédition de 1205 et seule une faible force commandée par Guillaume de Longue-Épée fut déployée dans le Poitou. En 1206, Jean se rendit lui-même dans la région mais dut se rendre vers le sud pour repousser une attaque d'Alphonse VIII de Castille contre la Gascogne. Une fois ce dernier vaincu, il retourna vers le nord et s'empara de la ville d'Angers. Les contre-attaques de Philippe II furent peu fructueuses et les deux camps acceptèrent une trêve de deux ans à la fin de l'année.
Durant la trêve de 1206-1208, Jean chercha à améliorer sa position financière et militaire en vue d'une nouvelle tentative pour reprendre la Normandie. Il utilisa une partie de son argent pour financer de nouvelles alliances auprès des voisins orientaux de la France qui s'inquiétaient de la montée en puissance du pouvoir capétien. En 1212, une alliance fut signée avec Renaud de Dammartin qui contrôlait Boulogne, Ferrand de Flandre ainsi qu'Otton IV, un des candidats potentiels au titre d'empereur qui était également le neveu du roi anglais. Les plans d'invasion de 1212 furent repoussés en raison du mécontentement des barons anglais qui ne voulaient pas combattre dans le Poitou. Philippe II prit l'initiative l'année suivante en envoyant son fils Louis envahir les Flandres pour préparer une invasion de l'Angleterre. Jean fut contraint d'annuler son débarquement pour contrer cette menace et il envoya sa flotte pour attaquer les Français dans le port de Damme. Cela fut un succès et la destruction des navires de Philippe II éloigna la perspective d'une invasion du moins sur le court terme. Jean chercha à profiter de cette victoire en lançant la reconquête de la Normandie à la fin de la 1213 mais l'agitation de la noblesse le contraignit une fois de plus à repousser l'attaque à l'année suivante.

Écosse, Irlande et Pays de Galles

À la fin du XIIe siècle et au début du xiiie siècle, le tracé de la frontière entre l'Angleterre et l'Écosse provoquait des frictions entre les deux royaumes car les rois écossais revendiquaient des territoires dans ce qui est aujourd'hui le Nord de l'Angleterre. Henri II avait obligé Guillaume Ier à le reconnaître comme suzerain par le traité de Falaise de 1174. Le texte avait été abrogé en 1189 par Richard Ier en échange d'une compensation financière mais les relations restèrent difficiles. Dès le début de son règne, Jean chercha à réaffirmer sa souveraineté sur les territoires disputés et il refusa les demandes de Guillaume Ier sur le comté de Northumbrie. En revanche, il n'intervint pas dans les affaires intérieures écossaises et se concentra sur ses problèmes en France. Les relations entre les deux rois étaient initialement amicales et ils se rencontrèrent en 1206 et 1207 mais cela changea en 1209 quand des rumeurs indiquèrent que Guillaume Ier voulait s'allier avec Philippe II. Jean envahit l'Écosse et contraignit son roi à signer le traité de Norham par lequel il payait un tribut de 10 000 livres. Cela affaiblit considérablement l'autorité de Guillaume Ier dans son royaume et Jean dut intervenir militairement en 1212 pour le soutenir contre ses rivaux. Il ne fit cependant rien pour réaffirmer le traité de Falaise ; Guillaume Ier et son successeur Alexandre II ne considéraient ainsi pas Jean comme leur suzerain même s'il les soutenait comme tels.
Jean profita de son statut de seigneur d'Irlande pour obtenir les ressources nécessaires à sa guerre sur le continent. L'opposition entre les colons anglo-normands et les habitants historiques de l'île persista tout au long de son règne et il manipula les deux groupes pour accroître son pouvoir. En 1210, le roi écrasa une révolte des barons anglo-normands et il imposa une nouvelle charte exigeant le respect des lois anglaises en Irlande. Jean n'obligea pas les royaumes irlandais locaux à appliquer cette charte mais l'historien David Carpenter avance qu'il l'aurait fait si la révolte des barons n'avait pas eu lieu. Malgré cela, les tensions restèrent fortes entre les chefs locaux et le pouvoir central.
La situation politique au Pays de Galles était assez complexe car le territoire était divisé entre les seigneurs des Marches le long de la frontière, les possessions royales dans le Pembrokeshire et les nobles gallois relativement indépendants en Galles du Nord. Jean s'intéressa particulièrement à la région et il s'y rendit chaque année entre 1204 et 1211 ; il maria également sa fille illégitime Jeanne au prince gallois Llywelyn en 1204. Le roi renforça sa position dans la région par la force en contraignant les seigneurs des Marches et les nobles gallois à reconnaître son autorité. Ces actions étaient mal acceptées et en 1211, Llywelyn tenta d'exploiter l'instabilité provoquée par la chute de William de Braose pour organiser un soulèvement qui fut cependant rapidement écrasé par Jean. Llywelyn fut contraint de céder des terres au roi d'Angleterre mais il s'était imposé comme le principal meneur de la noblesse galloise.

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Posté le : 16/10/2015 22:14
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Jean Sans terre 2
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Dispute avec le pape

Après la mort de l'archevêque de Cantorbéry, Hubert Walter, le 13 juillet 1205, Jean fut impliqué dans une dispute avec le pape Innocent III qui mena à son excommunication. Les rois normands et Plantagenêt exerçaient une forte influence dans les questions religieuses de leurs territoires. À partir des années 1040, les papes soulignèrent néanmoins le besoin de réforme pour que l'Église soit, selon l'historien Richard Hushcroft, gouvernée depuis le centre d'une manière plus cohérente et hiérarchisée et qu'elle établisse sa propre sphère d'autorité distincte du pouvoir temporel. Ces principes avaient largement été acceptés dans l'Église anglaise à la fin du XIIe siècle malgré les inquiétudes concernant la centralisation du pouvoir à Rome. Ces changements remettaient toutefois en cause le droit traditionnel des souverains laïcs à nommer les ecclésiastiques de leur choix. Innocent III était, selon l'historien Ralph Turner, un chef religieux ambitieux et agressif insistant sur ses droits et responsabilités au sein de l'Église.
Jean voulait que John de Gray, l'évêque de Norwich et l'un de ses principaux partisans, succède à Walter mais le chapitre de chanoines de la cathédrale de Cantorbéry estima qu'il était de son droit exclusif de désigner le nouvel archevêque et il soutint Reginald, son sous-prieur162. Pour compliquer la situation, les évêques de la province de Cantorbéry revendiquaient également le droit de désigner le successeur de Walter. Reginald fut secrètement élu par le chapitre et se rendit à Rome pour être confirmé dans sa nouvelle fonction ; les évêques contestèrent cette nomination et portèrent leur plainte devant Innocent III. Dans le même temps, Jean força le chapitre de Cantorbéry à soutenir de Gray et un messager fut envoyé à Rome pour informer le pape de ce changement. Ce dernier désavoua à la fois Reginald et John de Gray et nomma son propre candidat, Étienne Langton, un théologien de l'université de Paris. Jean refusa ce nouvel archevêque mais Langton fut néanmoins ordonné en juin 1207 par le pape.
Le roi anglais fut ulcéré par ce qu'il considérait être une violation de son droit traditionnel à influencer l'élection des ecclésiastiques dans son royaume. Considérant que Langton était trop influencé par la cour capétienne à Paris, il s'opposa à son entrée en Angleterre et confisqua les terres et les possessions de l'archevêché et de la Papauté. Innocent III essaya sans succès de convaincre Jean de changer d'avis et en mars 1208, il promulgua un interdit en Angleterre en mars 1208 interdisant le clergé de toute cérémonie religieuse à l'exception du baptême et de l'absolution des mourants.
Le château de Rochester était l'une des nombreuses propriétés de l'archevêché de Cantorbéry et une importante fortification de la fin du règne de Jean
John considéra que l'interdit était l'équivalent d'une déclaration de guerre du pape et il répondit en jouant sur la division du clergé anglais sur la question. Il confisqua les terres des ecclésiastiques respectant l'interdit et arrêta les concubines des religieux en ne les libérant qu'après le paiement d'une amende. En 1209, la situation semblait bloquée et Innocent III menaça Jean d'excommunication s'il n'acceptait pas la nomination de Langton168 ; le roi refusa et il fut excommunié en novembre 1209. Même si cela représentait un coup sévère au prestige royal, cela ne sembla pas vraiment inquiéter Jean. Deux de ses alliés, Otton IV et Raymond VI de Toulouse, avaient déjà subi la même punition et les faibles répercussions de ces décisions avaient dévalué la signification de l'excommunication. La seule conséquence tangible fut un durcissement des mesures envers l'Église et un accroissement des taxes sur ses revenus ; selon une estimation de 1213, Jean avait obtenu environ 100 000 marcs environ 66 666 livres de l'époque du clergé. Un autre document suggère que les confiscations des possessions ecclésiastiques et les pénalités contre l'Église représentaient environ 14% des revenus de la Couronne.
Alors que la crise se prolongeait, le pape accorda des dispenses. Les communautés monastiques furent autorisées à célébrer la messe en privé à partir de 1209 et à la fin de l'année 1212, le viatique fut réintroduit pour les mourants. Les restrictions sur les enterrements et l'accès des laïcs aux églises semblent avoir été rapidement contournés du moins officieusement. Même si l'interdit impactait largement la vie de la population, cela ne provoqua pas de révolte contre Jean. Ce dernier s'inquiétait cependant de plus en plus de l'attitude de la France. Certains chroniqueurs ont avancé qu'en janvier 1213, Philippe II avait été chargé par le pape de renverser Jean même s'il est apparu par la suite qu'Innocent III avait simplement préparé des lettres secrètes pour revendiquer le crédit d'une éventuelle invasion victorieuse de l'Angleterre par le roi de France.
Devant les pressions politiques, Jean accepta finalement de négocier une réconciliation avec le pape via le légat apostolique Pandulf Musca et le texte final fut signé en mai 1213 à Douvres. Par ce traité, Jean plaçait son royaume sous la suzeraineté papale et acceptait de payer un tribut annuel de 1 000 marcs environ 666 livres de l'époque pour l'Angleterre et de 200 marcs pour l'Irlande en plus de dédommager l'Église pour ses pertes durant la crise. Cette résolution reçut un accueil mitigé car si certains chroniqueurs ont avancé que Jean avait été humilié, il n'y eut pas de véritable réaction populaire. Innocent III tira certainement profit de cette résolution du problème anglais mais Jean y gagna probablement encore plus car le pape devint un soutien indéfectible de Jean jusqu'à la fin de son règne. Le souverain pontife se retourna immédiatement contre Philippe II et lui ordonna de renoncer à une invasion de l'Angleterre et de demander la paix. Jean paya une partie des indemnités dues à l'Église mais il cessa les paiements à la fin de l'année 1214 ; même si le roi anglais n'avait remboursé qu'un tiers de sa dette, Innocent III ne fit pas pression pour qu'il paye, probablement pour ne pas nuire à ses relations avec l'Angleterre.

Première guerre des barons

Mécontentement des barons


Les tensions entre Jean et les barons s'accroissaient depuis plusieurs années en raison des politiques impopulaires du souverain. Beaucoup de barons mécontents venaient du Nord de l'Angleterre, ce qui poussa les chroniqueurs et les historiens à les désigner comme les Nordistes. Ces derniers se sentaient peu concernés par le conflit en France et beaucoup avaient d'importantes dettes envers la Couronne; leur soulèvement ultérieur a ainsi été qualifié de révolte des débiteurs du roi. Les tensions étaient également élevées en Galles du Nord où l'opposition entre Jean et Llywelyn au sujet du traité de 1211 dégénérait en conflit ouvert. Même au sein de la cour royale, de nombreux courtisans, en particulier ceux que le souverain avait nommés à des fonctions administratives dans le royaume, estimaient que leurs responsabilités locales surpassaient leurs loyautés personnelles envers Jean et ils rejoignirent ses opposants. Pour certains historiens, la nomination de Pierre des Roches au poste de justiciar fut le catalyseur de la crise car il était considéré comme un étranger rugueux par beaucoup de barons. L'élément déclencheur qui précipita la révolte de la noblesse fut finalement la désastreuse campagne française de 1214; pour l'historien James Holt, la route vers la guerre civile après la défaite de Bouvines était directe, courte et inévitable.

Échec de la campagne en France

Quand Jean entama son invasion de la Normandie en 1214, il avait toutes les raisons d'être optimiste. Il avait formé une solide alliance avec l'empereur Otton IV, Renaud de Boulogne et Ferrand des Flandres ; il disposait du soutien du pape et avait rassemblé suffisamment de fonds pour financer le déploiement d'une armée expérimentée. De nombreux barons refusèrent cependant de rejoindre ses troupes quand il prit la mer pour le Poitou en février 1214 et ils durent être remplacés par des mercenaires. Le plan de Jean était de couper les forces françaises en deux en menant une offensive vers Paris depuis le Poitou tandis qu'Otton IV, Renaud et Ferrand, soutenus par Guillaume de Longue-Épée attaqueraient vers le sud depuis les Flandres.
Les Anglais remportèrent initialement plusieurs succès notamment quand Jean envahit le comté d'Anjou tenu par le prince Louis à la fin du mois de juin. Le siège du château stratégique de la Roche-au-Moine, contraignit le prince français à livrer bataille contre l'armée anglaise plus nombreuse. Les nobles locaux refusèrent cependant de combattre et Jean fut obligé de se replier à La Rochelle. Le 28 juillet, Philippe II remporta une victoire décisive à Bouvines contre Otton IV. Ayant perdu tout espoir de reprendre la Normandie, Jean dut demander la paix ; l'Anjou fut rendu à la France et le roi anglais dut payer une indemnité à Philippe II. La trêve devait durer six ans et Jean rentra en Angleterre en octobre 1214.

Magna Carta

Dans les mois qui suivirent le retour de Jean, les barons rebelles dans le Nord et l'Est de l'Angleterre organisèrent l'opposition à son pouvoir. Jean organisa un conseil à Londres en janvier 1215 pour débattre d'éventuelles réformes et il encouragea des discussions à Oxford entre ses représentants et ceux des rebelles durant le printemps. Il semble qu'il essayait ainsi de gagner du temps pour qu'Innocent III puisse lui envoyer des lettres de soutien. Cela était particulièrement important pour le roi anglais qui pourrait ainsi faire pression sur les barons et contrôler Langton. Jean annonça également son intention de rejoindre les croisades, ce qui lui offrit une protection supplémentaire de l'Église. Dans le même temps, il commença à recruter des troupes mercenaires dans le Poitou même si certains soldats furent par la suite renvoyés pour ne pas donner l'impression que le roi voulait une aggravation de la crise.
Les lettres de soutien du pape arrivèrent en avril mais les rebelles s'étaient alors organisés. Ils se rassemblèrent à Northampton en mai et déclarèrent qu'ils n'étaient plus liés à Jean par les liens féodaux. L'auto-proclamée Armée de Dieu commandée par Robert Fitzwalter s'empara de Londres ainsi que de Lincoln et d'Exeter. Les tentatives de Jean pour apparaître modéré et conciliant avaient été relativement efficaces mais après la prise de la capitale, beaucoup de ses partisans firent défection. Il demanda alors à Langton d'organiser des négociations avec les barons rebelles.
Les chefs rebelles et le roi se rencontrèrent à Runnymede près du château de Windsor le 15 juin 1215. Le résultat fut la Magna Carta ou Grande Charte qui était bien plus qu'une simple réponse aux plaintes des barons et représentait une profonde réforme politique même si elle se concentrait sur les droits des hommes libres et non sur ceux des serfs. Le texte garantissait les droits de l'Église, des protections contre les emprisonnements arbitraires, l'accès à une justice rapide, une limitation de l'écuage et des autres impôts féodaux en plus d'interdire la mise en place de nouvelles taxes sans l'accord des barons. Un conseil composé de 25 nobles neutres devait être créé pour s'assurer du respect de la Charte par Jean tandis que l'armée rebelle serait démobilisée et que Londres serait rendu au roi.
Ni les barons rebelles ni Jean ne tentèrent réellement de respecter l'accord. Les premiers pensaient que le roi n'accepterait pas le conseil et qu'il allait contester la légalité de la Charte ; ils désignèrent ainsi leurs représentants les plus radicaux pour siéger au conseil et refusèrent de démobiliser leurs forces ou de rendre Londres. Malgré ses dénégations, Jean demanda l'appui d'Innocent III en avançant que la Charte affectait les droits du pape qui était devenu le suzerain du roi anglais par l'accord de 1213. Le souverain pontife s'exécuta et déclara que la Charte était non seulement honteuse et dévalorisante mais également illégale et injuste et il excommunia les barons rebelles. L'échec de l'accord entraîna rapidement l'éclatement de la première guerre des barons.

Première Guerre des barons

Les rebelles prirent immédiatement l'initiative et s'emparèrent du château de Rochester appartenant à Langton mais que ce dernier avait laissé sans véritable garnison1. Jean était prêt à la guerre car il avait accumulé suffisamment d'argent pour payer ses mercenaires et s'était assuré du soutien des puissants seigneurs des Marches qui disposaient de leurs propres armées tels que Guillaume le Maréchal et Ranulph de Blondeville. De leur côté, les rebelles manquaient d'expérience ou d'équipements dans la guerre de siège pour s'emparer des forteresses royales qui séparaient leurs forces dans le Nord et le Sud de l'Angleterre. Le plan du roi était d'isoler les barons rebelles dans Londres, protéger ses propres lignes de communication avec la Flandre d'où venaient beaucoup de ses mercenaires, empêcher une invasion française dans le Sud-Est et mener une guerre d'usure. Dans le même temps, Llywelyn profita du chaos pour mener un soulèvement en Galles du Nord contre le traité de 1211.
Les débuts de sa campagne furent victorieux et en novembre, il reprit le château de Rochester défendu par William d'Aubigny. Un chroniqueur rapporta qu'il n'avait jamais vu un siège si durement mené tandis que l'historien Reginald Brown le décrit comme l'une des plus grandes opérations de siège de l'époque en Angleterre. Ayant sécurisé le Sud-Est, Jean divisa ses forces et envoya Guillaume de Longue-Épée reprendre l'Est-Anglie tandis que lui-même mena ses forces vers le nord via Nottingham pour s'emparer des possessions des barons. Les deux offensives furent victorieuses et la plupart des derniers rebelles furent isolés dans Londres. En janvier 1216, Jean marcha contre Alexandre II d'Écosse qui s'était allié aux insurgés. Les troupes anglaises progressèrent rapidement et atteignirent Édimbourg au bout d'une campagne de dix jours.
Se sentant acculés, les rebelles demandèrent l'appui du prince Louis de France qui accepta d'autant plus facilement que par son mariage à Blanche de Castille, petite-fille d'Henri II, il avait une revendication au trône d'Angleterre. Son intervention contre Jean lui valut l'excommunication et cela empêcha Philippe II de le soutenir officiellement même s'il lui a sans doute apporté une aide officieuse. Craignant une invasion française qui pourrait fournir aux rebelles les armes de sièges qui leur manquaient, Jean fit rapidement route vers le Sud pour s'y opposer après avoir vaincu Alexandre II.
Jean rassembla une force navale pour intercepter la flotte française mais ses navires furent dispersés par une tempête et Louis débarqua sans opposition dans le Kent en mai 1216. Le roi anglais hésita et décida de ne pas attaquer immédiatement peut-être car il doutait de la loyauté de ses hommes. Louis et les barons rebelles progressèrent vers l'ouest et repoussèrent Jean qui passa l'été à réorganiser ses forces et ses défenses. Plusieurs de ses commandants dont Guillaume de Longue-Épée firent défection durant cette période et au début de l'automne, les rebelles contrôlaient le Sud-Est de l'Angleterre ainsi qu'une partie du Nord.

Mort

En septembre 1216, Jean lança une nouvelle offensive depuis les Cotswolds et, feignant de secourir le château de Windsor assiégé, attaqua vers Cambridge pour isoler les forces rebelles du Lincolnshire et d'Est-Anglie. Il poursuivit vers l'est pour lever le siège de Lincoln et arriva sur la côte à Lynn probablement pour obtenir des renforts du continent. Alors qu'il se trouvait dans cette ville, il contracta la dysenterie. Dans le même temps, Alexandre II attaqua à nouveau le Nord de l'Angleterre et s'empara de Carlisle en août avant de progresser vers le sud. Alors que la situation du roi anglais était de plus en plus difficile, les rebelles commencèrent à se diviser en raison de tensions entre Louis et les barons ; plusieurs d'entre-eux dont le fils de Guillaume le Maréchal et Guillaume de Longue-Épée, firent défection et rejoignirent Jean.
Le roi avança vers l'ouest mais une grande partie de son ravitaillement aurait été perdu en route. Le chroniqueur Roger de Wendover suggère notamment que les biens royaux dont les Joyaux de la Couronne, furent perdus dans les sables mouvants lors de la traversée d'un des estuaires du Wash. Les détails de l'incident varient considérablement selon les récits et son emplacement exact n'a jamais été déterminé ; il est possible que seuls quelques chevaux de bât aient été perdus. Les historiens modernes estiment qu'en octobre 1216, Jean se trouvait dans une impasse.
La maladie du roi s'aggrava et il fut incapable d'aller plus loin que le château de Newark. Il mourut dans la nuit du 18 au 19 octobre. De nombreux témoignages, probablement inventés, commencèrent rapidement à circuler et suggérèrent que Jean avait été tué par de la bière ou des prunes empoisonnées voire par un excès de pêches. Sa dépouille fut emmenée par une compagnie de mercenaires vers le sud et elle fut inhumée dans la cathédrale de Worcester face à l'autel de Wulfstan. Son corps fut exhumé en 1232 pour être placé dans un nouveau sarcophage où il repose toujours.

Héritage

Après la mort de Jean, Guillaume le Maréchal fut désigné comme protecteur du nouveau roi, Henri III âgé de seulement neuf ans. La guerre civile perdura jusqu'aux victoires royalistes de Lincoln et de Sandwich en 1217. Louis renonça à sa revendication au trône anglais et signa le traité de Lambeth. Pour ramener le calme, Guillaume réintroduisit une version modifiée de la Magna Carta en 1217 et celle-ci devint la base des futurs gouvernements. Henri III tenta de reconquérir la Normandie et l'Anjou jusqu'en 1259 mais les pertes continentales de Jean et la croissance du pouvoir capétien au XIIIe siècle se révélèrent être un tournant de l'histoire européenne. La première épouse de Jean, Isabelle de Gloucester se remaria avec Geoffrey Fitz Geoffrey de Mandeville en 1216 et avec Hubert de Burgh l'année suivante peu avant sa mort. Sa seconde épouse quitta l'Angleterre pour Angoulême peu après la mort du roi ; elle y épousa Hugues X de Lusignan et eut une faible influence sur les enfants issus de sa première union.

Historiographie

Les évaluations historiques du règne de Jean ont considérablement varié selon les époques. Les chroniqueurs ayant écrit sur sa jeunesse et son accession au trône comme Richard de Devizes, William de Newburgh, Roger de Hoveden et Raoul de Dicet étaient généralement critiques envers son comportement sous Richard Ier mais leur perception de son début de règne était plus favorable. Les récits fiables sur la suite de son règne sont plus rares mais les principales sources de cette période rédigées par Gervais de Canterbury et Raoul de Coggeshall étaient assez hostiles. Cette perception négative de Jean fut renforcée par les écrits postérieurs à sa mort de Roger de Wendover et de Matthieu Paris.
Au XVIe siècle, les évolutions politiques et religieuses entraînèrent une vision plus favorable du règne de Jean. Les historiens Tudor voyaient positivement son opposition à la Papauté et sa défense des droits et des prérogatives royales. Les récits réformistes de John Foxe, William Tyndale et Robert Barnes le présentaient comme un héros protestant et le premier l'inclut dans son Livre des Martyrs. Dans son Historie of Great Britaine de 1632, John Speed loua la grande renommée du roi Jean et accusa les chroniqueurs médiévaux de partialité dans leurs évaluations de son règne.
Durant l'ère victorienne du XIXe siècle, les historiens se concentrèrent sur la personnalité de Jean et leurs études s'appuyaient essentiellement sur les récits de ses contemporains. Kate Norgate avança par exemple que sa chute n'était pas liée à ses échecs militaires mais à son immoralité presque surhumaine tandis que James Ramsay accusa son environnement familial et sa cruauté. Son bilan était plus favorable chez les historiens de tradition whig qui voyaient des documents comme le Domesday Book et la Magna Carta comme les étapes du développement politique et économique de l'Angleterre durant le Moyen Âge menant au libéralisme. Pour eux, la signature de la Magna Carta marquait un événement majeur de l'histoire constitutionnelle anglaise malgré les défauts du monarque. Winston Churchill écrivit notamment qu'avec le recul du temps, il apparaît que la nation britannique et le monde anglophone doivent bien plus aux vices de Jean qu'au labeur des souverains vertueux.
L'étude des sources primaires sur son règne comme les pipe rolls, les chartes et les documents de la cour donna lieu à de nouvelles interprétations dans les années 1940. Dans un essai de 1945, Vivian Galbraith proposa ainsi une nouvelle approche pour comprendre cette période. Cette utilisation plus importante des documents de l'époque s'est associée à un plus grand scepticisme sur les récits de Roger de Wendover et de Matthieu Paris. Dans de nombreux cas, les écrits de ces deux chroniqueurs, rédigés après la mort de Jean, furent rejetés par les historiens modernes. La signification de la Magna Carta a également été revue ; si sa valeur symbolique et constitutionnelle pour les générations ultérieures ne fait aucun doute, elle n'était, dans le contexte du règne de Jean, qu'une proposition de paix ayant échoué.
Le consensus actuel, illustré par les deux biographies de Ralph Turner et Lewis Warren, est que Jean fut un monarque sans grand succès dont les erreurs furent exagérées par les chroniqueurs des XIIe et XIIIe siècles. Pour Jim Bradbury, il fut un administrateur appliqué ainsi qu'un général compétent avec des traits de personnalité déplaisants voire dangereux comme la mesquinerie, la méchanceté et la cruauté ; il souligne également que les historiens les plus récents ont eu tendance à être trop cléments envers les nombreuses erreurs du roi. John Gillingham, auteur d'une biographie influente de Richard Ier, est du même avis mais est plus mitigé que Turner ou Warren sur ses compétences militaires qu'il estime médiocres. À l'inverse, l'historien Frank McLynn avance que cette réputation relativement positive parmi les historiens modernes est bizarre étant donné que Jean « échoue à quasiment tous les tests que l'on peut légitimement poser à un souverain.

Culture populaire

Les premières représentations de Jean dans des œuvres de fiction datent de la période Tudor et reflètent les opinions réformatrices de l'époque. L'auteur anonyme du Troublesome Reign of King John présente le roi comme un martyr proto-protestant ; de même, dans la moralité de Jean Bale, Kynge Johan, Jean tente de sauver l'Angleterre des « agents maléfiques de l'Église romaine. Par contraste, La Vie et la Mort du roi Jean de William Shakespeare, qui reprend des éléments anti-catholiques du Troublesome Reign of King John, offre une vision duale et plus nuancée d'un souverain complexe à la fois victime proto-protestante des machinations de Rome et dirigeant faible et égoïste. La pièce d'Anthony Munday, The Downfall and The Death of Robert Earl of Huntington, illustre les défauts du souverain mais présente une vision positive de son opposition à la Papauté dans la ligne de l'historiographie de l'époque. Au milieu du XVIIe siècle, les pièces comme King John and Matilda de Robert Davenport, bien que largement basées sur les œuvres élisabéthaines, présentent à l'inverse les barons comme les champions de la cause protestante et se concentrent sur les aspects tyranniques du comportement de Jean.
Les représentations fictives du XIXe siècle de Jean étaient fortement influencées par la romance historique de Walter Scott, Ivanhoé, dans laquelle le roi est présenté sous un aspect presque entièrement défavorable ; le roman s'appuyait fortement sur les études historiques victoriennes et sur la pièce de Shakespeare. Cette œuvre inspira The Merry Adventures of Robin Hood de l'écrivain pour enfant Howard Pyle qui établit Jean comme le principal méchant dans les récits traditionnels de Robin des Bois. Il conserva ce rôle avec l'avènement du cinéma et le film Robin des Bois de 1922 le montre commettant de nombreuses atrocités et se livrant à la torture. Les Aventures de Robin des Bois de 1938 créa une nouvelle version du souverain présenté comme un pantouflard peureux, arrogant et efféminé dont les actes permettent de souligner les vertus de Richard Ier et contrastent avec le courage du shérif de Nottingham qui n'hésite pas à affronter personnellement Robin des Bois. Un exemple extrême de ce personnage est visible dans le dessin animé de 1973 où Jean est présenté comme un lion pleurnichard et cupide. D'autres œuvres de fiction, distinctes de l'univers de Robin des Bois, comme la pièce Le Lion en Hiver de James Goldman le présentent souvent comme un personnage faible et efféminé contrastant, dans ce cas, avec le plus viril Henri II.

Jean a été joué à l'écran par :

Herbert Beerbohm Tree dans le film muet King John 1899
Sam De Grasse dans le film muet Robin des Bois 1922
Ramsay Hill dans le film Les Croisades 1935
Claude Rains dans le film Les Aventures de Robin des Bois 1938
George Macready dans le film La Revanche des Gueux 1950
Hubert Gregg dans le film Robin des Bois et ses joyeux compagnons 1952
Guy Rolfe dans le film Ivanhoe 1952
Donald Pleasence dans la série télévisée britannique Robin des Bois 1955-1960
Andrew Keir dans la série télévisée britannique Ivanhoé 1958
Nigel Terry dans le film Le Lion en hiver 1968
Peter Ustinov voix dans le dessin animé Robin des Bois 1973
Ian Holm dans le film La Rose et la Flèche 1976
Phil Davis dans la série télévisée britannique Robin of Sherwood 1984-1986
Michael Rudder voix dans la série de dessins animés américaine Robin des Bois Junior 1992
Edward Fox dans le film Robin des Bois 1991
Richard Lewis dans le film Sacré Robin des Bois 1994
Andrew Bicknell dans la série télévisée franco-américaine Les Nouvelles Aventures de Robin des Bois 1997-1998
Ralph Brown dans la série télévisée britannique Ivanhoé 1997
Jonathan Hyde dans la téléfilm américain Le Royaume des voleurs 2001
Soma Marko enfant) et Rafe Spall adulte dans le téléfilm américain Le Lion en hiver 2003
Toby Stephens dans la série télévisée britannique Robin des Bois 2006-2009
Oscar Isaac dans le film Robin des Bois 2010
Paul Giamatti dans le film Le Sang des Templiers 2011

Descendance

Jean eut cinq enfants légitimes, tous avec Isabelle d'Angoulême. Il eut également plusieurs enfants illégitimes avec diverses maîtresses dont au moins neuf garçons et trois filles. Parmi ceux-ci, les plus connus sont Richard Fitz Roy et Jeanne qui épousa le prince gallois Llewelyn en 1205.

Nom Naissance Mort
Henri III 1er octobre 1207 16 novembre 1272 Épouse Éléonore de Provence en 1236 ; cinq enfants dont le roi Édouard Ier
Richard 5 janvier 1209 2 avril 1272 Épouse Isabel Marshal en 1231 ; quatre enfants
(b) Épouse Sancie de Provence en 1257 ; deux enfants
(c) Épouse Béatrice de Falkenbourg en 1269 ; aucun enfant
Jeanne146 22 juillet 1210 4 mars 1238 Épouse Alexandre II d'Écosse en 1221 ; aucun enfant
Isabelle261 1214 1er décembre 1241 Épouse Frédéric II du Saint-Empire en 1235 ; quatre enfants
Aliénor262 1215 13 avril 1275 Épouse Guillaume le Maréchal en 1224 ; aucun enfant
(b) Épouse Simon V de Montfort en en 1238 ;

Voir aussi

Robert de Tourneham, sénéchal d'Anjou sous les ordres de Jean sans Terre.
Girard d’Athée, sénéchal de Touraine, conseiller de Jean sans Terre.




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Posté le : 16/10/2015 22:13

Edité par Loriane sur 17-10-2015 16:59:34
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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