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De Montpellier
Niveau : 63; EXP : 93 HP : 629 / 1573 MP : 3166 / 57700
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Le 12 avril 1713 naît Guillaume-Thomas François Raynal
et mort à Passy le 6 mars 1796, est un écrivain, penseur et prêtre français. Prêtre parisien, il abandonna la vie sacerdotale pour se consacrer à la philosophie et à l'histoire. Le plus hardi et le plus renommé de ses ouvrages est l'Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes en 1770. Décrété d'arrestation, à cause des attaques contenues dans cette œuvre contre la colonisation et le clergé, il se réfugia auprès de Frédéric II, puis de Catherine II, et rentra en France en 1787.
En bref
Auteur d'ouvrages à prétentions historiques ou philosophiques, habitué des salons littéraires du XVIIIe siècle, Guillaume Raynal, né à Saint-Geniez Aveyron, fut élève des jésuites à Rodez et entra lui-même dans la Compagnie de Jésus. Il fut d'abord professeur de collège à Pézenas, à Clermont et à Toulouse. En 1747, il quitta les Jésuites pour venir dans la capitale où, abandonnant peu après l'état sacerdotal, il se lança dans les milieux littéraires et mena une existence instable. Il fréquente le salon de Mme Helvétius et prend le goût de l'époque en déclamant sur la liberté. Ses premiers ouvrages, tels que l'Histoire du stathoudérat, La Haye, 1748, l'Histoire du Parlement d'Angleterre, Londres, 1748-1751, les Anecdotes littéraires et les Anecdotes historiques, militaires et politiques de l'Europe, de 1750 à 1763, ne sont que des compilations médiocres. Les Mémoires politiques de l'Europe, 1754-1774, une refonte de certaines parties des publications antérieures, ne valent guère mieux. Cependant, à plus de cinquante ans, il devient brusquement célèbre, ses contemporains l'ont même comparé à Voltaire et à Rousseau grâce à son Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, publiée en 1770 et rééditée plusieurs fois jusqu'en 1780 avec des adjonctions. Il s'agit d'un de ces « voyages philosophiques vers des peuples simples, genre à la mode qui permettait la recherche d'une loi de nature, la louange des principes naturels. En fait, malgré quelques parties intéressantes, c'est une histoire insuffisamment documentée, une œuvre partiale rédigée dans un style souvent pompeux. D'ailleurs, plusieurs passages sont dus à la collaboration de Diderot ou du baron d'Holbach et consacrés à des déclamations contre la religion et le despotisme. Le livre est condamné en 1781 et l'auteur se réfugie à Spa, puis à Berlin, où il est mal reçu par Frédéric II, et à Saint-Pétersbourg auprès de Catherine II. Revenu en France en 1787, il déplore très vite les excès de la Révolution dans une Lettre à l'Assemblée nationale du 31 mai 1791. Il doit se cacher aux environs de Paris pendant la Terreur et meurt peu après à quatre-vingt-trois ans. Pierre Duparc
Sa vie
Raynal embrasse, après de longues études chez les jésuites, la prêtrise en 1733 plus par désir de promotion sociale que par conviction réelle. En 1746, il est nommé à l’église Saint-Sulpice à Paris où, pour améliorer son ordinaire, il est également précepteur dans de grandes familles. Il n’hésite pas non plus à vendre des sermons à des confrères moins inspirés que lui, et déclenche un scandale lorsqu’on découvre qu’il a accepté d’inhumer des protestants en les faisant passer pour catholiques contre monnaie sonnante et trébuchante. L’abbé Raynal sera d’ailleurs fort lié tout au long de sa vie aux protestants. Il fuit Saint-Sulpice et commence à fréquenter les salons de Stéphane de Hertier puis de Marie-Thérèse Geoffrin. Il s'y fait connaître comme apôtre de la liberté. Il se constitue une petite fortune en imprimant lui-même ses œuvres dont il assure également l’écoulement. Il rédige également des ouvrages de commande pour les grands de l’époque comme, par exemple le duc de Choiseul, ce qui lui vaudra d’être nommé, pour services rendus, directeur du Mercure de France en 1750. La même année, il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin. La gravure de son portrait en tête de la troisième édition de l’Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes signe son ouvrage. Il s’y agit d'une attaque à peine voilée de la Monarchie. Il est donc obligé de s’enfuir en 1781. Il se réfugie en Suisse où il fait ériger un monument à la gloire de la liberté 1783–1793. De là , il passe à la cour de Frédéric II de Prusse puis à celle de Catherine II de Russie sans cesser de veiller à la réédition de son ouvrage. Autorisé à revenir en France en 1784, mais interdit de séjour à Paris, il s’installe à Toulon, puis à Marseille et devient fondateur de prix académiques et de bienfaisance qui prolongeront le succès de son œuvre dans les grandes académies européennes. Il refuse de siéger aux États généraux de 1789 en invoquant son grand âge. Cela ne l’empêchera pas, deux ans plus tard, de dénoncer les excès et le tour violent selon lui pris par la Révolution à ces révolutionnaires qui voyaient en lui un père fondateur. Dans sa Lettre à l’Assemblée nationale adressée le 31 mai 1791 il écrit : …j’ai parlé aux rois de leurs devoirs, souffrez qu’aujourd’hui je parle au peuple de ses erreurs. Même sous la Terreur, son prestige et sa popularité sont tels que les révolutionnaires ne voudront pas lui faire subir le même sort qu'à une partie des Brissotins en octobre 1793 ; ils préféreront le dénigrer en l’accusant de sénilité, ce qui était assez vraisemblable eu égard à son âge avancé. Pressenti pour siéger comme membre de l’Institut de France en 1795, quelques mois avant sa mort, il prétextera de son grand âge pour refuser cette promotion. Il ne fut jamais député, mais bénéficia dans tout le monde révolutionnaire de son image d'antiesclavagiste fervent, particulièrement après le décret du 16 pluviôse an II. Son neveu, Simon Camboulas, conventionnel régicide, contribua le 15 pluviôse an II à l'ouverture des débats du lendemain sur l'abolition de l'esclavage. Un tableau représentant Jean-Baptiste Belley, l'un des deux premiers députés de couleur de Saint-Domingue à la Convention et dans les assemblées directoriales, le montre accoudé au buste de l'abbé Raynal.
Son Å“uvre
Il commence à publier ses premiers textes dans les Nouvelles littéraires, 1747-1755 qui serviront d’introduction à la revue Correspondance littéraire, philosophique et critique3, réalisée avec Grimm et Diderot. Suivent des ouvrages de politique et d’histoire publiés sur commande du gouvernement comme l’Histoire du Stadhoudérat en 1747 et l’Histoire du Parlement d’Angleterre en 1748.
Il publie de nombreux ouvrages historiques ou philosophiques de moindre importance jusqu’à la sortie, en 1770, de la première édition anonyme de son Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, véritable encyclopédie de l’anticolonialisme au XVIIIe siècle. Il s’agit d’un de ces voyages philosophiques à la mode à l’époque, faiblement documenté mais prétexte à réflexions sur la loi naturelle et dénonciations mordantes du despotisme, du cléricalisme, de l'esclavage des Noirs, ainsi que du colonialisme. Il n’hésite pas à recourir à la collaboration d’autres écrivains tels que d'Holbach ou Diderot à qui on doit les passages plus réussis et qui le feront parfois avantageusement comparer à Voltaire ou Rousseau. Interdite en 1772, l’Histoire des deux Indes sera à nouveau publiée par l’abbé Raynal dans une nouvelle édition en 1774 qui est immédiatement mise à l’Index par le clergé. C’est en 1780 qu’il publie sa troisième édition de l'Histoire des deux Indes, encore plus virulente que les deux précédentes et qu’il avoue implicitement comme étant de lui en y faisant graver son portrait en frontispice. Condamné par le Parlement de Paris, l’ouvrage est brûlé par le bourreau en place publique, ce qui lui assure un succès considérable. L’Histoire des deux Indes a également été l’occasion de la Lettre apologétique de l’abbé Raynal à Monsieur Grimm 1781 de Diderot. Dans cette lettre que Diderot n’a jamais envoyée, il accuse violemment Grimm, qui avait critiqué Raynal pour avoir dévoilé son identité dans sa troisième édition de l’Histoire des deux Indes de s’être vendu aux grands : Je ne vous reconnais plus ; vous êtes devenu, sans vous en douter peut-être, un des plus cachés, mais un des plus dangereux antiphilosophes. Vous vivez avec nous, mais vous nous haïssez. Diderot, dont la part de paternité dans l’ouvrage n’était sans doute pas étrangère à son indignation, n’avait cependant pas tort : la Révolution survenue, Grimm s’empressera de quitter la France et de dénigrer la Révolution.
Å’uvres
Portrait de Guillaume-Thomas Raynal orné d'une carte de Virginie. Nouvelles douteuses 1747-1755 Histoire du Stadhoudérat 1747 Histoire du Parlement d’Angleterre 1748 Mémorial de Paris 1749 Mercure de France 1750-1754 Anecdotes littéraires, ou Histoire de ce qui est arrivé de plus singulier & et de plus intéressant aux écrivains françois, depuis le renouvellement des lettres sous François Ier jusqu’à nos jours 1750 ; 1756 Anecdotes historiques, militaires et politiques de l’Europe depuis l’élévation de Charles-Quint au thrône de l’Empire, jusqu’au traité d’Aix-la-Chapelle en 1748 (2 volumes, 1753 École militaire 3 volumes, 1762 Histoire du divorce de Henry VIII 1763 Histoire philosophique et politique des établissemens & du commerce des européens dans les deux Indes Épices et produits coloniaux 1770 Atlas de l’Histoire des deux Indes 1772 Atlas portatif de l'histoire philosophique et politique 1773 Tableau de l’Europe (supplément Histoire des deux Indes 1774 Esprit et génie de Guillaume-Thomas Raynal 1777 Suppléments à l’Histoire des deux Indes 1780 Révolution de l’Amérique 1781 Dès 1781, l’abbé Raynal, dans son ouvrage intitulé Des Révolutions en Amérique, publié à Londres, réclamait contre un préjugé trop puissant parmi les commandants des flottes françaises. À cette époque, l’escorte des navires était devenue pour les officiers de la marine royale une chose secondaire, une fonction indigne de leur rang et de leurs titres. Officiers de marine, dit-il, vous vous croyez avilis de protéger, d’escorter le commerce ! Mais si le commerce n’a plus de protecteurs, que deviendront les richesses de l’État, dont vous demandez sans doute une part pour récompense de vos services ? Quoi, avilis en vous rendant utiles à vos concitoyens! Votre poste est sur les mers comme celui des magistrats sur les tribunaux, celui de l’officier et du soldat de terre dans les camps, celui du monarque même sur le trône, où il ne domine de plus haut que pour voir de plus loin et embrasser d’un coup d’œil tous ceux qui ont besoin de sa protection et de sa défense. Apprenez que la gloire de conserver vaut encore mieux que celle de détruire. Dans l’antique Rome, on aimait aussi la gloire, cependant on y préférait l’honneur d’avoir sauvé un seul citoyen à l’honneur d’avoir égorgé une foule d’ennemis. Portrait de Guillaume-Thomas Raynal ornant la troisième édition de l’Histoire des deux Indes. Lettre à l’auteur de la Nymphe de Spa 1781 Précis de l’Histoire philosophique 1782 Réponse à la Censure de la Faculté de Théologie 1782 Esprit et génie de M. l’abbé Reynal publié par l’abbé Hédouin, 1782 Considérations sur la paix en 1783 1783 Histoire philosophique et politique des isles françoises 1784 Œuvres de M. l’abbé Raynal 1785 Essai sur l’administration de St Domingue 1785 Maximes des trois auteurs philosophes 1787 Tableau général du commerce de l’Europe 1787 Éloge d’Eliza Draper attribué à Diderot, 1787 L’Abbé Raynal aux États-généraux 1789 Lettre à S. M. Louis XVI 1789 Lettre à l’Assemblée nationale, 31 mai 1791 1791 Extrait raisonné de l’Histoire des deux Indes 1791 Histoire abrégée de l’Histoire des deux Indes 1792 Abrégé de l’Histoire des deux Indes 1793 Histoire abrégée de l’Établissement des Européens 1797 Recueil de pensées 1802 Abrégé de l’Histoire des deux Indes à l’usage de la jeunesse 1810 Le Raynal de la jeunesse 1821 Des Peuples et des gouvernements 1822 Histoire philosophique des Établissements dans l’Afrique septentrionale 1826
Posté le : 11/04/2015 16:24
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