Le pécheur et les barbeaux
A l’aurore d’un matin ensoleillé, du doux été vint
A la rivière, compère Martin l’émérite pécheur
Botté, plastifié, gaulettes sur l’épaule de sa grandeur
Havresac goulu d’hameçons, de leurres et de vin
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Martin le malin, jamais plus ne se contenterait
D’élever friand de remuant saligauds asticots
Pour pêcher sagace au vivier le gros barbeau
Qu’il mènerait en surface d’un menuet à danser
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Il associa à son endroit prudent, son compagnon
Corps gris, gorge rousse, petites pattes jaunes
Qui se posa apprivoisé en doux passager allophone
Sur son épaule pour veiller gai à leur libre union
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Martin s’enquit de se saisir de son plus bel objet
Nécessaire à son nouveau projet de pêche à la flutte
Il devrait faire danser tous les barbeaux en rut
Pour les cueillir légers dans son épuisette rapiécée
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Il ménestra de sa flutte, attendit patiemment la levée
De ces barbeaux étourdis à sa prestation romantique
Rien ni fit et il reconduit de plus belle dame dynamique
Cette mélodie à tourner dansant mille et mille invités
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Ne comprenant la situation, fit appel à son compagnon
Va lui dit t’il, - fais lever ces captieux, éconduis les en surface
Le bel épervier plongea et fit remonter tous les bifaces
Martin pris son filet et jeta les barbeaux sur l’alluvion
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Ceux ci extirpés de leur eau limpide se couvrirent de vertige
Mordillés de frémissements ; tant et tant qu’ils en dansèrent
Décidèrent de trembler d’illusion en leur grande volonté amère
Que ne comprirent-ils! Danser sans une note du prodige
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Très étonné Martin fût t’il ; Leur dit : -quand je jouais de ma flûte
Vous ne dansiez ! Que ne puis-je vous comprendre à présent
-Vous frétillez maintenant ! Il n’est plus temps de danser
-Mais sans ma flutte vous savoir terrassés par votre lutte
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Si vous rencontrez un barbeau méfiez vous de son propos
Il pourrait vous convier de son boniment à une fausse image
Vous pourriez en frémir malheureux à son triste usage
Pensez! Venez danser! Avant que vous ne dussiez biaiser en sot.
Æ’C