Trente années avec Philippe le Bel (Deuxième partie)

Date 06-03-2018 09:03:00 | Catégorie : Poèmes


En nos jeunes années

Né en soixante-trois, cinq ans avant le Roi,
Par malfortune étant puiné sans héritage,
Afin de m’établir on fit de moi un page
Attaché à la cour de Charles de Valois.
Par la grâce de Dieu, je brillais à la chasse.
Il advint qu’un beau jour le Roi le discerna
Et, séduit par mon art, à son fils me donna
Aux fins de l’endurcir et lui donner audace.

Philippe allait alors juste sur ses quinze ans.
A son âge déjà sachant bien chevaucher,
Je fis de lui bientôt un excellent archer,
Très habile à la hache et bretteur de talent.
Et, bien qu’étant encore en ses vertes années,
Voyant ses beaux grands yeux qui jamais ne clignaient,
Voyant son port altier et sa noblesse innée,
On sentait de suite son destin de régner.

L’insouciance des jeux devait se terminer
Pour Philippe et pour moi à la mort de son père.
Ainsi qu’au Royaume le droit le lui confère,
Il hérita du trône en qualité d’ainé.
La dépouille du Roi en Saint-Denis menée,
Nous partîmes de suite à cheval jusqu’à Reims.
Dans la cathédrale Philippe entra en prince,
Quand il en ressortit, il était couronné.

A partir de ce jour, et jusqu’à son trépas,
Mon bon Prince Philippe en tout fut transformé.
Se montrant plus distant et toujours renfermé.
Et, hormis en chassant, tout rongé de tracas.

La chasse

Car c’est bien en chassant qu’il fut toujours lui-même,
Toujours le plus rapide et toujours plus tenace.
Bien mieux que quiconque sachant suivre une trace,
La chasse il pratiquait tout comme un art suprême.

J’ai beaucoup entendu que de lui on disait
Que c’était le seul art où il sut exceller.
Et que pour le reste c’étaient ses conseillers
Qui lui tenaient la bride et pour lui gouvernaient.

Pourtant rien n’est moins vrai, rien n’est plus outrageux.
Et s’il fallait porter un jugement loyal,
C’est qu’en tous cas connus d’exercice Royal
Il décida tout seul, n’importe les enjeux.

N’ayant jamais gouté querelles embrouillées,
Son esprit si tant clair, aux opinions carrées,
A fait qu’à chaque coup il a tiré tout dreit,
Taillant court les avis de tous ses conseillers.
Et pourtant je sais bien que toujours il douta,
Sans rien laisser savoir sous son masque impassible.
S’en remettant à Dieu, son seul guide infaillible,
Toujours à la parfin ses choix il supporta.
Et il en fut de durs et certains inhumains
Qui souvent finirent par sentences mortelles.
Mais je rappelle à ceux qui le disent cruel,
Que de Dieu il tenait son pouvoir souverain.


A suivre...




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