Trente années avec Philippe le Bel (Première partie)

Date 01-03-2018 17:35:10 | Catégorie : Poèmes


Pont Sainte-Maxence

J’étais, ce jour maudit, à Pont Sainte-Maxence
Avec le Roi Philippe à chasser de concert.
Alors que nous étions à forcer un grand cerf,
Le Roi désarçonna, tout privé de ses sens.
Quand j’accourus à lui, seul, tout saisi d’effroi,
Ne sachant que faire je soulevais sa tête
Quêtant de lui un mot, mais sa bouche était muette.
Ses grands yeux étaient vides et j’ai craint pour mon Roi.

Je restais désarmé, attendant le renfort.
Et quand des cavaliers, enfin nous rejoignant,
Virent le Roi à terre et moi le soutenant,
Ils pensèrent eux aussi que Philippe était mort.
Démontant aussitôt ils allèrent au Roi.
Je me trouvais dès lors éloigné par la presse
Et m’en fus fort inquiet, avant qu’il ne se blesse,
Au cheval de Philippe, à demi fou d’effroi.

Au bout de quelque temps, à notre Dieu merci,
Reprenant ses esprits, parole recouvrée,
Philippe commanda à ceux qui l’entouraient
Que par la rivière Oise on le mène à Poissy.
Et là, en l’Abbaye, au bout de dix journées,
Le Roi se sentant mieux commanda de partir,
Car à Fontainebleau il souhaitait se guérir.
Ainsi nous partîmes le boute-selle sonné.
Nous nous mîmes en marche, le Roi sur son cheval,
Le quittant peu après pour prendre une litière.
Quand à Fontainebleau il quitta la civière,
A son visage on vit venir l’heure fatale.
A l’orée de la mort il mandat son aîné
Qu’en Sainte Eglise il ait plus grande révérence,
Qu’il pèse ce que c’est que d’être Roi de France,
Et que par ses oncles se laisse parrainer.
Peu après devant lui Marigny comparut.
Et puis il resta seul, dévoré par la fièvre.
Le vingt-huit novembre Dieu lui scella les lèvres.
Enfin le vingt-neuf, vers midi, il mourut.

Depuis que n’a-t-on dit sur ce triste trépas !
Que de malédictions n’a-t-on pas inventées !
Que de scélératesses ont été débitées !
Aussi que de mensonges, et parmi les plus bas !

Arrivé au bout de mon grand âge

Etant presqu’arrivé au bout de mon grand âge,
Avec ce qui de forces en moi a subsisté,
Je m’en vais rétablir toute la vérité.
Vérité seule et nue, et sans rien davantage.


A suivre...




Cet article provient de L'ORée des Rêves votre site pour lire écrire publier poèmes nouvelles en ligne
http://www.loree-des-reves.com

L'url pour cet article est :
http://www.loree-des-reves.com/modules/xnews/article.php?storyid=9497