Le chevalier de pierre
Date 05-02-2018 15:47:31 | Catégorie : Nouvelles
| Invocation
De longtemps pierre suis devenu, moi qui fus ardent Chevalier, ayant défait dragons et fées en durs combats et joutes fières. Toi qui me vois, gai promeneur - ou va-nu-pieds en cheminant - et qui t’étonne en m’entendant, ne t’effraie pas de ma rumeur. Plutôt souffre que je t’implore pour un instant de m’écouter. Il n’y a rien pour toi à perdre, mais peut-être un peu à apprendre, et sans doute beaucoup à gagner.
Rencontres
Promeneur qui vient de t’arrêter à ma prière, assied toi là sur le talus. Je vais te raconter ma longue histoire. Il se peut qu’à la fin tu sois comblé plus qu’un roi.
Comme tu l’as sans doute compris, j’étais il y a très longtemps un chevalier ayant quelque renommée en sa province. Oh, bien entendu, ce n’était pas à cause de mes exploits contre dragons et fées, ils sont imaginaires et n’entendent que capter, autant qu’il peut être possible, l’attention du passant. Mais on connaissait ma bravoure, démontrée dans maints tournois et même en quelques escarmouches dans l’ost de mon suzerain. Tu te demandes bien sûr par quelle sorcellerie j’ai pu devenir minéral ? Je vais te le conter, mais avant que je te rapporte comment j’en suis arrivé là - ma chair convertie en granit, mon armure changée en mica – j’ai besoin, pour me libérer de la terrible frustration qui est la mienne, de te dire ma triste condition de pierre.
Abandonné dans ce passage depuis bien plus qu’un millénaire j’ai supporté tous les outrages qu’ils soient du temps, de la nature ou bien des hommes. J’ai connu maintes blessures, par le fer du pas des chevaux ou celui des roues des charrettes. Même un jour de colère céleste, le feu d’orage me frappa. Mille fois dans l’ornière boueuse j’aurais pu disparaitre comme dans la tombe la plus creuse, sans espoir de retour au ciel. Mille fois et bien plus, j’ai été sali par les déjections des hommes, de leurs montures ou des bêtes sauvages. Tiens, écoute ceci : Ce matin un escarbot(*) immonde occupé à rouler sa boule infâme et ne me voyant pas sur son chemin me cogna de son répugnant abdomen. Surpris alors, il se libéra sur moi de sa fétide fiente. Jusqu’à l’ondée prochaine j’en porterai la marque comme une flétrissure. J’abhorre ces bêtes et sait me faire mortel marteau ou fatal trait chaque fois qu’une main ou qu’un pied m’y aide. Mille fois j’ai désiré, crois-le, que le charroi le plus lourd me détruise en poussière, ou qu’une soudaine éruption m’entraine à fondre aux entrailles de la terre. Et je suis toujours là !
Maintenant, promeneur, prête une oreille à mon épopée et ne m’interrompt pas.
Lorsque j’étais aux temps dans ma jeunesse de chevalier, j’appris qu’un puissant seigneur, qui tenait cour bien au nord de ma province, appelait à un pas d’armes. Je décidais d’aller m’y confronter aux meilleurs jouteurs et bretteurs du Royaume pour l’honneur de mes armes et les couleurs des nobles Dames.
Sur l’unique route menant à destination, l’époque étant aux récoltes, je trouvais une forte presse de charrois se mêlant aux convois des gentilshommes qui, comme moi, étaient occupés à rejoindre le tournoi. Avisant un sentier étroit mais dégagé de tout trafic, je m’y engageais et le parcourais longtemps à travers paluds, prairies et bois, toujours en direction du nord. Dormant sur le chemin et me restaurant d’un peu de pain, de fromage et de pommes tirés de mes sacoches. J’arrivais, vers le midi du troisième jour à l’orée d’une forêt sombre dans laquelle le sentier se faisait peu distinct. Alors que je balançais à décider si je devais continuer dans cette forêt peu accueillante ou rebrousser, apparut un moine souriant en sa robe de bure brune, sandales aux pieds, les bras croisés dans ses manches. Sa capuche rejetée sur la nuque laissait quelques rais de lumière, passant par le travers des feuillages, jouer sur son crane complètement chauve. Sans même me demander qui j’étais et où j’allais, il me proposa d’ouvrir pour moi le chemin jusqu’à l’orée prochaine. Après m’être présenté comme m’y invitaient les bonnes manières, je démontais et, marchant côte à côte, moi tenant mon cheval par la bride, nous atteignîmes la fin du couvert au coucher du soleil. Sur l’invitation du moine, nous avons campé à l’orée. Jusqu’à fort tard dans la nuit, il me parla mais sans rien toucher à la nourriture que je lui proposai de partager avec lui. Au matin il me salua en me conseillant de repasser par ce chemin à mon retour. Qu’il serait là à m’y attendre pour me guider.
Je passe sur le récit du pas d’armes, il te suffit de savoir que je m’y comportais si bien que je fus invité à la table de tous les seigneurs présents et couvé de l’œil par maintes Dames et Damoiselles. Ce furent de beaux jours de combat à cheval ou à pied, tant à la lance qu’à l’épée ou la masse d’armes. Des jours de ripaille aussi, et de bien d’autres délices sur lesquels je ne m’attarderai pas pour l’honneur des Dames.
Sur le moment de mon départ, on me salua, on m’embrassa, on me donna du « mon frère » ou du « mon beau cousin ». Nul fils de bonne mère en ce royaume ne fut alors plus fier ni plus heureux que moi. Même au-delà des portes de la ville on me reconnaissait et on me saluait avec des sourires. Alors que je commençais à m’engager sur le chemin du retour, une pulsion que je saurais expliquer me détourna de la route vers le sentier qui m’avait amené à l’aller. Celui de la forêt… et du moine.
A l’orée, le moine était là , qui semblait ne jamais avoir bougé des dix jours passés. La nuit approchant, nous décidâmes de bivouaquer. Tout chargé que j’étais de victuailles pour le voyage, je proposais à mon compagnon de faire avec moi bombance mais il déclina le pain, le porc, le fromage et les pommes. A la lueur du feu de camp, je scrutais son visage et tentais de lui donner un âge. J’y faillis, sa peau couleur de cuir semblait avoir été tannée par les éléments mais exempte de toute ride, son crâne et ses joues étaient totalement dépourvus du moindre cheveu ou du moindre poil. On aurait pu lui donner mon âge, ou le double, ou plus encore. Parfois ses yeux vifs et mobiles lui donnaient un air presque enfantin.
Alors que je terminais ma seconde pomme après avoir arrosé le porc et le fromage d’une riche rasade de clairet, il me demanda ce que j’étais allé chercher à ce pas d’armes et si cela faisait partie de mes ambitions les plus élevées. La question me parut compliquée. J’étais un peu las et, surtout, j’avais hâte de dormir pour partir au plus tôt le lendemain. Je répondis donc quelques banalités sur l’esprit chevaleresque, sur l’honneur des armes… Je crois même avoir parlé d’amour courtois et de troubadours. Alors que j’essayais de trouver quelque tournure qui ne pourrait appeler de sa part que le bonsoir et bonne nuit, il me demanda si, au cours de mes combats, j’avais éprouvé la peur de la mort. Je répondis que non, qu’un chevalier au combat n’a jamais peur, ou ce n’est pas un chevalier. Et je m’entendis lui dire : La mort au combat, non, elle ne me fait pas peur. Mais la vieillesse, oh oui, la vieillesse et sa décrépitude !
Bien sûr, dit-il en posant sa main sur mon bras, je te comprends. Et… que penses-tu de l’immortalité ?
L’immortalité ! C’est un conte pour enfants, aussi vrai que dieu existe, répondis-je en éclatant de rire.
Et pourtant, poursuivit-il lentement ainsi qu’on s’adresse à un enfant, comme tu me vois devant toi je suis né bien avant que ce royaume et que bien d’autres royaumes ne soient formés. Qu’est-ce qui, pour toi, dans l’univers, représenterait l’immortalité ?
Je… je ne sais pas… une pierre ?
Pour ma part, quand on m’a posé la question, sans que je sache pourquoi, j’ai dit… le vent. Et quand on m’a demandé si je souhaitais vraiment l’immortalité j’ai dit « oui je le veux » et je suis devenu le vent. Le vent qui souffle, comme brise ou tempête, ou se repose au feuillage des arbres. J’ai parcouru ainsi des siècles durant les mers et les continents de ce monde qui n’a plus aucun secret pour moi. J’ai porté dans mon souffle les sables les plus chauds et les neiges les plus froides, les murmures les plus suaves et les pluies les plus lourdes. Je suis entré partout, aux palais des sultans et aux antres des ours, aux souffles des amoureux et aux moussons des terres lointaines. J’ai visité bon gré, mal gré, les terres les plus arides, les montagnes les plus hautes, les plaines les plus fertiles, les mers les plus folles. J’ai connu en ces temps des plaisirs sans partage et les tourments que me causaient parfois les meurtriers ravages que, seul ou bien allié à d’autres éléments, j’avais causés sans raison. Puis je me suis lassé. J’avais rencontré au cours d’un de mes voyages un géant aux cheveux blonds qui commandait un navire dont l’étrave portait un effrayant dragon. Je le retrouvais et, gonflant ses voiles de mon souffle, je lui demandais ce qu’était pour lui l’immortalité et s’il accepterait que je la lui procure. Il me répondit que, pour lui, l’immortalité était l’éternelle mer de ses ancêtres qui serait aussi celle de ses fils. Et, sans qu’il sache pourquoi, il me dit « oui je le veux ». Alors je suis resté quelques décennies à écumer les mers sur son Drakkar, à aborder et envoyer par le fond tout ce qui me paraissait avoir assez de valeur pour risquer la vie de mes vikings. Et à piller les côtes que nous longions. Je devins ainsi immensément riche et intensément redouté. Puis je décidais d’abandonner cette vie faite de pure brutalité. Lors d’une incursion profonde dans des terres proches d’ici, alors que nous étions aux abords ultimes d’une forte abbaye, un moine, peut-être le chef des moines - je ne connaissais alors aucune hiérarchie ou pratique de ces croyances - me demanda de m’entretenir avec lui avant que de mettre ses terres à sac. J’acceptais, peut-être par bravade. Utilisant chacun ce que nous connaissions de dialectes bretons, nous avons commencé à deviser. L’homme n’était pas de taille. Lorsque je lui demandais ce qu’était pour lui l’immortalité, il me répondit que c’était la grâce que lui accorderait un jour son Dieu de le rejoindre. Retournant à mes sauvages qui espéraient mon retour, je leur commandais de reprendre la mer sans m’attendre, de continuer d’œuvrer comme nous l’avions toujours fait, de se trouver le meilleur d’entre eux en cette besogne pour me remplacer, le temps que je les rappelle à moi. Je ne suis pas certain qu’ils me comprirent mais ils m’obéirent sans discuter. Revenant au moine, je lui demandais s’il voulait vraiment l’immortalité. Sans qu’il sache pourquoi, il me dit « oui je le veux ». C’est pourquoi je suis ici, assis auprès de toi, étant toujours moi mais sous son apparence. Je me suis beaucoup interrogé, sais-tu, pour savoir si ce moi, qui est un autre, est toujours moi tel que je le fus dans le sein de ma mère. Et je le crois, au moins pour une partie de moi que le moine que j’habite désormais aurait sans doute appelé « l’âme ».
Et… Qu’advint-il du moine ? Demandais-je.
Le moine dont j’ai pris l’apparence ? Il voulait rejoindre son Dieu, je lui accordais moi-même cette grâce ! Alors, que dis-tu ? Es-tu prêt pour l’immortalité ? Souhaites-tu l’immortalité ?
Et, sans que je sache pourquoi, je m’entendis répondre « oui, je le veux ». Et me retrouvais ainsi pierre devenue, pendant que l’autre partait au trot de mon cheval, tout secoué d’un rire démoniaque. Une pierre !... Celle que j’avais étourdiment évoquée quand ce maudit moine m’avait demandé ce qui, pour moi, représentait l’immortalité ! Oh comme il m’avait mystifié ! Il m’avait amusé avec son histoire de vent et de vikings ! Il m’avait leurré avec son « Qu’est-ce qui, dans l’univers, représenterait pour toi l’immortalité ». Mais quand à la fin de son histoire, dont je n’avais que faire, j’ai répondu « oui je le veux » je ne savais pas qu’il refermait sur moi la seconde trappe de son ignoble piège ! Ah le mauvais moine ! Ah le méchant homme !
Il se passa un moment silencieux pendant lequel - si Dieu avait ouvert à la pierre l’univers des larmes - on aurait pu entendre le chevalier pleurer.
Se reprenant, il poursuivit : Voilà , promeneur, telle est toute mon histoire. Toi, assis près de moi, tu comprends maintenant mon insondable malheur. Tu peux m’aider et je peux t’aider. Il suffit pour cela que tu me dises ce qu’est pour toi l’immortalité. Il est en mon pouvoir de te la transmettre sous la forme que tu auras souhaité. Et moi je quitterai mon triste état minéral pour devenir toi. Ou, plus exactement, ce qui était toi. Mais pèse bien tes mots avant de me répondre car tu ne dois pas renouveler mon erreur : Que serait pour toi l’immortalité ?
Ce serait être de nouveau moi tel que je fus conçu par ma mère tout en étant devenu immortel, répondit le promeneur sans prendre aucunement le temps de réfléchir.
Le chevalier de pierre, lui, médita longuement : Cette réponse était bien moins simple que celle à laquelle il s’attendait. Ayant déjà une fois été berné par le moine, il craignait de tomber dans un nouveau piège. D’un autre côté, il se disait que, pour la première fois depuis plus d’un millénaire, il tenait une chance de quitter son triste état. Et qu’une telle opportunité pourrait ne plus jamais se représenter.
Alors il demanda : Es-tu prêt pour l’immortalité ? Souhaites-tu l’immortalité ?
Oui, je le veux répondit le promeneur en souriant.
Et ce fut comme si la foudre s’était abattue dans toute sa violente soudaineté :
L’escarbot ? C’est toi ? Et pourquoi suis-je resté pierre plutôt que d’avoir l’apparence et le corps du promeneur qui était assis là , à l’instant, sur ce talus près de moi ?
Oui, c’est moi dit l’escarbot d’une voix mielleuse, celui qui il y a peu souilla ton flanc.
Mais… le promeneur qui s’assit à mon côté ?
C’était moi. Moi, ayant pris l’apparence d’un paisible promeneur. Je vais maintenant, moi aussi, te raconter une histoire. Ou peut-être te la rappeler, car elle fut, il y a longtemps, partiellement répandue par un nommé Esope.
Pour des raisons qu’Esope expose, un aigle et un escarbot de mes lointains ancêtres eurent à comparaitre aux cieux devant Zeus lui-même. Celui-ci, pour régler le différend entre les deux espèces, accorda aux aigles de pouvoir assurer leurs couvées à une période d’inactivité des escarbots qui avaient pris l’habitude de détruire les œufs aux aires afin d’assumer une vieille vengeance à laquelle, il me semble, était mêlé un lapin ou un lièvre, peu importe. L’escarbot – qui n’était pas contre - exigeait en contrepartie, pour lui et pour les siens une compensation. Zeus, pour abréger la séance, demanda à l’escarbot ce qu’il souhaitait et le lui accorda sans discuter. Ce que mon lointain ancêtre avait obtenu n’était rien moins que la capacité de se changer en n’importe quel être vivant !
Sur le trajet de retour vers le mont Olympe qu’ils firent de concert, l’aigle s’avisa que l’escarbot les avait peut-être roulés, lui et Zeus. En effet, dès lors qu’il était capable de se transformer en n’importe quel être vivant, il pouvait choisir de se transformer en un qui reste actif pendant la période des œufs aux aires et reprendre ainsi ses redoutables prédations. Pour éviter ce danger et pour que le présent de Zeus reste à jamais ignoré de la gent escarbote, il prit mon lointain ancêtre dans une de ses puissantes serres et le broya sans autre forme de procès. C’est ainsi que, pendant des millénaires, nous escarbots (et aussi ce pauvre Esope) ignorâmes totalement ce don dont nous avions été gratifiés par Zeus. Cependant, l’histoire - devenue légende - était encore connue des aigles qui se la transmettaient de génération en génération sous serment de ne jamais la divulguer aux autres êtres, surtout pas aux escarbots. Il se trouve que voici peu d’années, je rendais service à un très vieil aigle trahi par des ailes et des pattes devenues impuissantes à le porter tant dans les airs que sur le sol. Le pauvre impotent restait donc cloué dans son aire, nourri – quand ils y pensaient – par quelques oiseaux de sa parentèle. Sans le ménage que je faisais régulièrement autour de lui et sous lui, le malheureux aurait vécu et serait mort dans sa propre fange. A l’orée de cette mort qui lui vint bientôt, pour me remercier de mes soins – peut-être aussi parce que son cerveau était déjà très obscurci – il me conta la légende.
Après bien des hésitations, je décidais de tenter l’expérience de me changer en un autre être. En entendant ta plainte dans l’ornière du chemin alors que tu t’adressais à un chemineau qui ne t’écouta pas. Je décidais d’opérer ma métamorphose devant toi. J’aurais ainsi un observateur pouvant juger de ma nouvelle apparence. Observateur inerte - oh combien ! - dont je n’aurais rien à redouter si quelque chose tournait mal. Mais auparavant, il me fallait préparer soigneusement l’épreuve et je te marquais de ce que tu appelles une flétrissure pour être certain de te retrouver, toi et nulle autre pierre, quand je serais prêt. Ce jour venu, nous voilà tous deux côte à côte, moi promeneur assis à ton côté et toi me contant ton histoire. Et lorsque tu me demandas ce qu’était pour moi l’immortalité et si je voulais bien l’acquérir, j’étais prêt à te répondre comme nul autre n’aurait pu l’être ! En te disant que je souhaitais être de nouveau moi tel que je fus conçu par ma mère mais en étant immortel, je redevins escarbot et ne te laissai aucune possibilité de transmutation puisque mon retour à ma condition première impliquait la disparition du promeneur dont j’avais pris l’apparence. Je suis donc de nouveau moi et un peu plus : un escarbot devenu immortel ! Et toi tu restes toi : une pierre.
Après avoir salué le chevalier de pierre en lui délivrant une bonne giclée de fiente, l’escarbot s’en fut tranquillement vers l’immortalité.   Epilogue
Zeus, qui s’ennuyait dans son ciel et suivait l’affaire d’un œil amusé, fut choqué par cette dernière mauvaise manière. Il décida donc d’abroger sur l’instant le don de transformation accordé jadis avec trop de légèreté aux escarbots. Quant au sort malheureux du chevalier de pierre… il jugeât que ce n’était pas son affaire.
Cherchant à trouver une quelconque morale à cette triste histoire, il ressentit au fond de lui qu’en accordant cet extravagant privilège aux escarbots - et en maintes autres occasions peut-être - il avait, lui aussi, agi « sans qu’il sache pourquoi ». Il renonça donc prudemment à plus d’introspection et referma à jamais l’histoire du chevalier, des escarbots, des aigles, des lapins ou des lièvres – peu importe – et se dit qu’à l’avenir… on ne l’y prendrait plus !
(*) Escarbot désigne classiquement un insecte de la famille des scarabées. Ici, et par référence à la fable d’Esope reprise par La Fontaine, il s’agit du scarabée communément appelé « bousier ». L’escarbot est aussi le « Scarbo » du recueil « Gaspard de la nuit » d’Aloysius Bertrand mis en musique par Maurice Ravel.
|
|