Le canal
Date 25-10-2017 00:21:51 | Catégorie : Poèmes confirmés
| Dans les rues noires charbon, il traîne la grolle ou claque du talon. Voici l'hiver, la neige, le froid. Dans toute leur cruauté. Envers les mal-aimés, les sans papiers, les parias de la société. Il s'essaye à tendre la main pour un sou, un sourire, un petit rien. Un rien du tout. A bout. A bout de nerfs. La fatigue sournoise l'assomme. Les doigts noirs de deuil, s'enfoncent dans les poches. La faim lui tord les boyaux et lui donne la nausée. Nausée nauséabonde. Comme tout ces gens, passagers de la terre. La terre tourne et sa tête tournoie. Tournoient les gens et la terre. Tournent les manèges pour noel. Et aussi la misère, pour ceux qui couchent à terre. Il a la rage. La rage au ventre et le ventre à terre. Le canal n'est plus très loin. Il suffit d'un rien. La musique de ce carnaval d'hiver est grotesque. Grotesque est la vie qu'il mène. Dans le canal il rejoindra ses chiens et des vauriens. Vaurien. Voilà ce qu'il est. Et les gens le regardent. Bon sang qu'il est laid! Laid et mauvais. Mauvais sujet, mauvais temps, mauvais amant. Amant raté. Comme sa vie raturée. Qui s'écoule sur le buvard. Papier buvard. Sans papiers. Sans foyer. Foyer rêvé, foyer envié. Il s'écroule dans le canal. Le crève-la-soif, le crève-la-dalle, le crève-de froid. La mort ne le surprend pas. Mais sur son visage elle marque son effroi.
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