La flèche dans l'âme

Date 01-01-1970 17:00:00 | Catégorie : Poèmes confirmés


La flèche dans l'âme

samedi 13 juin 2009, par Lydia Maleville

La flèche dans l'âme, mon coeur de mère abandonné.
En deuil dans la douleur du désenfantement.
Je vacille pour l'amour en disgrâce, esseulée.
Votre désertion éteint votre attachement.

Épiphyte, rejetée par la plante mère,
Arrachée, durement charriée par la rafale
Je me suis livrée au bois pourri, goût amer.
J'ai vu l'orchidée, dans une plante cannibale

L'esprit ouvert sans défiance, en quête d'amour,
J'ai planté mes plus jolies fleurs dans le béton.
Ignorant en ce temps, la froideur des hommes sourds,
Et, le cortège des blessures qui tuent l'affection.

Matrice de votre vie, je fus avec désir
Votre toit, votre source, votre asile.
Aucun sortilège ne pourrait nous désunir.
Nos tendres câlins ne seraient pas en péril.

J'étais votre repaire, votre refuge, votre abri.
Vous mes petits, mon adoration, mes complices.
Avec ferveur, je vous protégeais sans oubli.
J'ai prié le ciel que votre vie soit propice.

Votre venue au monde fut une longue fête.
Une ardente promesse d'amour, de liens intimes.
Vous aviez l'attrait du génie, du poète.
Je vous préservais des peines les plus infimes.

Nous suivions l'ordre des choses, et vous êtes partis.
Adolescents, alors confus et enflammés.
Des propos méphitiques ont soufflés le mépris.
Et la haine a couvert de glace votre brasier.

Étourneaux dans la vigne, vous prîtes votre envol
Au premier son du fusil, vers moi dirigé.
Terrassée, défigurée, désignée folle,
Je vis Torquemada, trompeur, vous enrôler.

Puis, le désamour confus, la déchirure,
Soudain sans mérite, j'ai titubé dans l'abîme,
En quarantaine, je chancelais, en rupture,
Niée, ombre d'une autre que l'on élimine.

En suspension dans les abysses, nulle, sans allié,
Seule, égarée, je refusais l'arrachement.
Toute entière dans le vouloir, nos liens j'ai cherché,
Rebelle, je récusais votre enlèvement.

Et, je vous vis flous, irrésolus, vaciller.
Maintes fois partagés, incertains, vers l'un, puis l'autre,
Ou, sans doute, vous soumettre par loyauté,
Épousant l'anathème que vous fîtes vôtre.

Délaissée pourtant, malgré votre désertion,
pour moi, pas de convois, pas de funérailles ;
Toujours en attache pour vous, sans désunion,
Toujours pour vous, mon inclinaison sans faille.

Morte de la calomnie, triste fantôme,
Déchue, en geôle, murée dans leurs mensonges.
Je suis une autre. Rayés mes arômes,
En contours obscurs, l'accablement me ronge.

Le précipice se creuse, pauvre figure.
Exclue, déchue, délaissée, trop mes plaies saignent.
L'attente de vos tendres présences me dure.
Verrons-nous à nouveau l'amour dans son règne ?

Si souvent, la dure indifférence me tue.
Alors, je veux périr, brisée, me délier.
Affamée de vous, solitaire, je vais nue.
Quête vaine de vos yeux distants, mère évincée.

Et, de mon attente de vous je sens le deuil.
Égaré l'espoir de vos gestes favorables.
Échouée, rompue, du gouffre je vois le seuil.
Et, s'impose la renonciation dommageable.

De mes pleurs dérisoires, je dois faire omission,
Et me ravir au frimas de la coupure.
J'oscille, je balance, vide, vague, sans passion
Et que l'indifférence soit ma parure.

Prostrée, brisée, devant la lutte stérile,
De mendier l'attention, vient la lassitude.
Lointains, distants, à la négligence facile,
J'aborde par vous l'aérienne solitude.

De votre amour, j'ai trop souffert les lacunes.
Hésitante, sans don, en demande, champ vacant.
Mélancolie, morose nostalgie reculent.
Extirpée la plainte, tourment du triste parent.

Traînée devant les juges, en pauvre criminelle,
Par des pères dévoyés, guerriers du quotidien.
Disparue ma vérité, mes amours si belles,
Des soins câlins, de ma tendresse, ne restent rien.

Me garder du danger de vos désistements,
Ne pas me voir dans vos yeux, mère obsolète.
Jetée, dite sans valeur, inutile, cependant,
Croire encore être riche, et digne d'une fête.

Je fuis mes obsèques, plus jamais abattue.
Que jamais je n'explose, je tais mes pensées.
J'étire mes attaches vers des rêves inconnus.
il est temps d'avorter, je vais me dénouer.

Puis, tisser ailleurs, d'autres liens enrichissants,
Refuser la vacuité d'être que le médire.
Et fuir ma détresse, par des regards aimants.
Rester en vie, m'aimer, d'être moi, me réjouir.

Loriane




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