Ce chat n'est pas une misère

Date 07-06-2017 20:00:00 | Catégorie : Nouvelles


Ce chat n'est pas une misère

D'après Le chat botté
De Charles Perrault

Le chat botté de Perrault porté à la scène c'est juste une idée baroque jetée sur le papier

Adaptation théâtrale : Abdellatif Belhirch
Genre : sorte de vaudeville

Personnages :

Mr Lechevesne : le père
Pain bis : enfant cadet de Mr Lechevesne
Champarto : le benjamin de la famille Lechevesne
Polentato : l'aîné des Chevesnes
Le chat Ficelle : (rôle joué par un figurant)
L'ogre : (rôle joué par un figurant)
Le roi
La princesse
La suite du roi (six ou huit figurants)
Les paysans (six ou huit figurants)

Scène première

Décor simultané:
Un lit et une photo du père de la famille, avec sa défunte épouse, suspendue au mur.

La scène :
Mr Lechevesne qui est le père, seul sur la scène, étendu sur le lit. Il tient une pièce de toile blanche. La tête bandée, il tousse de temps en temps. Le vieil homme soliloque en examinant le morceau de tissu :

- Mr LECHESNE : Ce n'est pas le linceul d'un fantôme, c'est le mien. Oui, c'est bien le mien. Ça fait treize semaines que je poireaute ! De la fièvre puis ça passe. Ma prostatite l'enflamme son mal. Et vite, de nouveau le mal s'en va. Ma foi c'est probable. D'après un rêve pénétrant, que j'ai fait un jour, je devrais mourir un jeudi. Mais la chose n'arrive pas. Chaque jeudi j'attendais en vain. Zut alors si la mort change d'avis. Allons donc ! Puisqu'elle ne se décide pas encore à me frapper cette parque, tant que j'y suis, grillons une clope.

Tirant avidement sur sa cigarette, il eu tout à coup des accès de grandes toux encore plus fortes. Soudain, il tourna de l'œil. Pendant qu'il est dans cet état son fils Champarto entre.

- CHAMPARTO : Purée ! Punaise ! Misère ! Mon vieux est mort. Mon père chéri est mort.

- Mr LECHESNE : Non, pas encore, mon petit salaud. Avant de rendre le dernier soupir, appelle-moi tes abrutis de frère et leur mère, pour assigner à chacun de vous ce qui lui revient de mes biens.

- CHAMPARTO : Ma mère ! Mon pauvre père tu débloques encore. Ma tendre maman ! Ma bonne maman, Dieu ait son âme ! Il y a quatre ans qu'elle est morte.

- Mr LECHESNE : Ah oui ! Alors ne l'appelle pas. Appelle seulement ces crétins de Pain De Bis et Polentato, et dit-leur de venir vite. Je ne vais pas les attendre pour mourir.

- CHAMPARTO : Ce n'est pas grave ! Mon bien-aimé papa moura quand il voudra, seulement daignerait-il m'apprendre qu'est ce que je vais hériter de lui.

- Mr LECHESNE : Donc, tu serais content quand je serais mort petit canaille. Bah ! cela ferait frissonner un père d'horreur. File petite misérable chercher tes frangins avant que je me départi de ma brève bonhomie.

Le garçon sort chercher ses deux frères. Mr Lechevesne bouleversé péniblement par les désobligeants dires de son fils, il marmotta disant :

- Mr LECHESNE : Impossible ! C'est bien mon fils qui se fiche que je sois mort. Quel temps !

Il allume une autre cigarette. Aspira, deux fois, les lèvres fermes sur la cibiche, et ne souffla pas la fumée. Sitôt après, il se met à tousser, d'une quinte qui lui déchira la gorge. A ce moment Champarto revient accompagné de Polentato et Pain bis. Le dernier toussotement fut sourd. Puis d'une voix étouffée, il commença à parler avec ses trois garçons.


- CHAMPARTO : C'est à moi à qui tu laisses le moulin père ?

- Mr LECHESNE : Non, toi cynique rejeton, tu ne respectes pas assez ton papa. Estimes-toi heureux, puisque je ne te déshérite pas. Mon brave âne Caoutchouc est désormais le tien. Prends soin de lui !

- PAIN BIS : Alors, c'est à moi à qui tu laisses le moulin père ?

- Mr LECHESNE : Ah toi ! Certainement pas, petit effronté. Dix fois tu m'as battu, sans vergogne, aux cartes, sept fois au domino et neuf fois au jeu de dames. Je me rappelle misérable, tu me taillais en pièces chaque fois tu damais sans respect tous mes pions.

- POLENTATO : Ça c'est une veine ! Heureusement pour moi, je ne sais jouer ni aux cartes, ni au domino, ni le jeu de dames.

- Mr LECHESNE : Tu ne t'es pas trompé mon fils de vocation. Ta nullité lamentable est la meilleure manière pour être déçu en bien.

- POLENTATO : Père, tu es en train de mourir. Tu sens de plus en plus la mort, aujourd'hui. Il reste encore le chat et le moulin à distribuer. Indiquez vite à chacun de nous son lot.

- Mr LECHESNE : Tu es moins arrogant, moins insubordonné et également moins chiant, que lui. Pour cela, mon preux aîné, je te confie le soin du moulin. Quant à cet indigne Champarto, parce qu'il est votre frère, je ne vais pas aller contre ses intérêts. Il va hériter lui aussi, comme vous. Et son lot n'est pas n'importe quoi. Il s'agit de mon vaillant matou Ficelle. Un chat extraordinaire pas comme les autres.

- CHAMPARTO : Un chat ! J'hérite d'un chat ! Qu'est ce que je vais faire d'un chat. Bon sang de bois, tu as perdu la boule papa.

- Mr LECHESNE : Il ne me reste pas de salive, pour jurer contre ton foutu aplomb. Otez vous de ma vue malheureux ! Tu me coupes l'envie de te pardonner, pendant que j'y pense.

- LE CONTEUR : Il se met à nouveau à tousser. Et le mal de cette toux ne l'épargna pas cette fois. La dernière toux, rauque avait tout l'air de celle d'une coqueluche. Il fut incapable de rien dire. Quelques moments après, il s'éteignit laissant Champarto méditer, sur sa malheureuse destinée

- POLENTATO : Sacré nom d'un chien ! Mais il crève notre vieux. Faites quelque chose !

- CHAMPARTO : Trop tard ! Il ne respire plus. Il a fait vite de mourir. Que faire ? Il ne voulait plus m'écouter ronchonner.

- POLENTATO : Je vous en prie petit frère, point n'est besoin de faire de moi l'objet de ton ressentiment. Je n'y suis pour rien. Et c'est la vérité. Je ne suis pas responsable des déterminations de papa

- PAIN BIS : Eh ! Là-bas suffit vous deux ! Enfin qu'allez vous faire du cadavre de votre père.

- POLENTATO : C'est son aîné qui va décider, si on l'enterre, ou l'incinère, ou on l'embaume.
'
Le chat Ficelle entre sur scène, à ce moment, une pelle à la main.

- FICELLE : Ne vous faites plus de souci tous ! J'ai creusé une fosse, pour la dépouille de votre feu père. Caoutchouc attend dehors. Portons le sur son dos, pour l'emmener l'enterrer, avant le coucher du soleil.

(On fait entendre cependant la voix off du braillement d'un âne).
Tous ensemble portent le cercueil et quittent la scène. Ainsi prend fin la scène première.

Scène II

Champarto et Ficelle le chat, assis l'un à coté de l'autre, discutent.

- CHAMPARTO : Je ne sais pas à quoi peut servir un vulgaire matou
comme toi ?

- FICELLE : Il servira à vous rendre moins malheureux et moins pessimiste.

- CHAMPARTO : Comptes-tu me nourrir de rats et de souris ?

- FICELLE : Peut être des ortolans, si tu laisses faire Ficelle.

- CHAMPARTO : Il existe des puces savantes, des pigeons voyageurs, des saltimbanques avaleurs de sabres, mais un mistigri gratifiant pour son maître. Trêve de balivernes ! Tu n'es qu'un sale chat, qui est en train de me taper sur les nerfs.

- FICELLE : Parole de chat, vous allez vous plaire et vous sentir gratifié, en la compagnie d'un matou, comme moi. Tu ne vas rien perdre maître, en m'écoutant. D'ici quelques jours, je vais te dire ce que tu vas faire. Pour le moment, ne t'impatientes pas trop, de savoir à quoi j'en veux venir. Maintenant, j'ai d'autres chats à fouetter maître.

Ficelle le chat se met devant une glace et se fait une toilette. (scène risible par quelque coté) à la manière d'un chat.

- CHAMPARTO : (furieux) tu veux que je vienne te chasser à coups de pieds ! Tu ne vas pas par hasard passer à la télévision.

- FICELLE : Moi je suis un chat coquet. Et une toilette ça relève le look d'un chat qui a mission d'aller pousser les grandes prospérités à approcher son maître. Je disais donc que je suis pressé. Alors, à tout à l'heure.

Champarto restant seul, se livre à un monologue intérieur..

- CHAMPARTO : Après tout, il faut reconnaître à ce mimi un certain talent. Certes, son adresse extrême à capturer des rats et des souris frappe et tire l'oeil. Et sa cautèle inouïe m'a toujours impressionnée. Le chenapan disparaissait, à chaque fois, quand il chipait une poule ou un lapin dans la basse-cour des voisins. Et zut pour l'amour-propre. Tant qu'à faire confiance à ce chat, je vais le faire eu égard au réconfort, au compassion et à la serviabilité que je lui trouve. Peut être bien, par ses couillonnades, ce drôle de matou arriverait à me sauver du désespoir.

Il quitte la scène et revient vite avec une énorme marguerite en plastique. Et commence l'effeuiller articulant.

- CHAMPARTO : Ce chat n'est pas mal, ce chat n'est pas ce que je pense, ce chat ne se moque pas de moi, ce chat est sérieux, ce chat n'est pas une misère. (Quand il arracha le dernier pétale de la fleur après un moment il ajouta) peut être bien peut être bien ce matou n'est pas comme je pense. Il faut en effet l'avouer, c'est rassurant ! Superstitieusement ce chat n'est pas une misère. Eh bien! Sois, j'accepte ce sort. Je vais faire un tour dehors le temps que ce Ficelle serait de retour.

Champarto ne se trompait pas dans son attente. Pour avoir raison des difficultés de son maître, Ficelle parait mijoter un mauvais coup. Il allait, chaque jours, dans la foret, chasse deux lapins et les porte au roi. Et à chaque fois, il disait au roi que son maître Le Marquis de Carabas qui lui offrait les lapins.

Scène III

Ficelle fait soudainement éruption sur scène. Il tient deux lapins.
(S'adressant au public)

- FICELLE : Ne vous interloquez pas inutilement ces deux lagomorphes ne sont ni Lola Bunny ni Jeannot Lapin. Ce sont deux lapins anonymes, que je vais tout à l'heure porter au roi. Cet écervelé de maître ne doit rien savoir de mes plans. Il est horriblement nul. Il peut tout faire échouer.
Maître ! Maitre ! Où est tu maitre ? Il ne se serait pas suicidé ce sinistre
Imbécile ?

Tenant une souris Champarto arrive

- CHAMPARTO : Je n'ai pas remarqué ton arrivée chat. Vous avez tardé à revenir. Comme tu vois, je secouais cette malheureuse souris en l'air, pour vous rappeler auprès de moi.

- FICELLE : Dodu cette souris, ce n'est pas de la barbaque, mais avec mon cholestérol je me suis interdit souris et rat. Depuis quelque temps je suis un régime hypocalorique. Je ne mange que des blattes, des escargots des fois des lézards.

- CHAMPARTO : Quel prétentieux il est ce mimi ! Que m'as-tu apporté de si merveilleux ? Accouche vite !

- FICELLE : Voilà ! Demain le roi en compagnie de sa fille va aller se promener à cheval dans la forêt. Tu dois attendre le passage du cortège en te cachant dans les buissons.

- CHAMPARTO : Pourquoi faire ?

- FICELLE : Ecoute maître ! Laisse-moi continuer ! Il est dans les habitudes de la princesse de traîner à quelques distances de la suite. Le roi et sa garde, eux avaient accoutumé de s'inquiéter pour elle, et à la chercher, chaque fois qu'elle se paumait en foret. Quant à toi, demain, dès qu'elle commence à crier pour demander de l'aide, tu vas à sa rencontre et l'aider à retrouver le chemin, en la menant jusqu'à son père le roi.

- CHAMPARTO : Mais, comment je vais faire pour trouver le roi et sa suite ?

FICELLE – C'est simple ! Tu vas la conduire près d'un arbre que j'ai marqué par de la peinture blanche. Et tu vas attendre là. Tout va passer comme sur des roulettes. Ecoute encore ! Quand tu rencontres le roi présentes toi étant le Marquis de Carabas invite le à t'accompagner dans ton château.

CHAMPARTO – Dans quel pétrin tu veux me ficher chat ? je ne suis pas le Marquis de Carabas et je n'ai pas de château moi !

- FICELLE : À partir d'aujourd'hui tu es le Marquis de Carabas. Et tu auras un château et aussi la main de la fille du roi et telles et telles satisfactions inespérées si tu laisses Ficelle penser pour toi.

- CHAMPARTO : Pareille à cette tentation de Jésus. Me voilà en train de déroger à mes convictions. Euh … Je vais faire ce que tu m'as demandé chat, pourvu que ça ne tourne pas mal.

- FICELLE : Fais-moi confiance, maître ! Tout va bien se passer.

Scène IV

Le décore en trompe-l'œil représentant un paysage forestier. Des gazouillements d'oiseaux off accompagnent la scène. Il apparaît le cortège du roi chacun à dos d'un cheval. Pour évoquer des chevaux il serait utilisé des jouets. Bâtons avec la tête d'un canasson. Le roi, sa fille et sa suite tournent deux ou trois fois sur les planches. Puis peu à peu la princesse descend de son cheval. Et commence à cueillir des fleurs. Elle traîna longtemps. Peu de temps après, quand le roi et ses compagnons se sont trop éloignés. Elle suivit leur pas sans pouvoir les rejoindre. Seule, égarée elle se met à pleurer et à crier.

- LA PRINCESSE : Gardes ! Gardes ! Je suis là ! Je suis là ! Est-ce que
quelqu'un m'entend ?

Sur la scène qui suit, la princesse va se tenir au devant des planchers, le roi et sa suite au fond de la scène. Sur la surface qu'il occupait sur les planchers la suite du roi tournait sur place. Parfois, certains mettent la main en visière cherchant la princesse égarée, d'autres appelaient de tous les cotés la princesse, pour l'orienter vers où ils se trouvaient.

- LE CONTEUR : La pauvre princesse s'époumone, perd patience et se met à pleurer. Au moment où Champarto allait intervenir un ogre surgit parmi les arbres. En tendant l'oreille on l'entendait chantonner

- L'OGRE : Je suis le méchant sombre ogre. Glouton, je le suis beaucoup.
Quand j'ai une faim de loup je mange avec appétit de tout.

Il voit, tout à coup, la princesse de loin et se presse de dire.

- L'OGRE : une belle fille avec une couronne sur la tête. Sûrement, c'est une princesse. Miam, ça sent bon ! Je n'ai jamais mangé de princesse.
C'est l'occasion de goûter à cette pitance. La chair des paysans, des
chasseurs des promeneurs égarés, c'est du rata devant du princesse. (comme
pour dire du veau, du porc …). A table !

L'ogre sort de sa poche une serviette, la met à son coup, et brandit en l'air un couteau et une fourchette taillés en gros. La princesse ne l'a pas vu encore, quand il se dirigeait vers elle. L'ogre marche un moment gesticulant drôlement derrière elle. Puis la princesse s'arrête pour choisir des beaux fleurs. Elle se retourne, par hasard, et découvre l'ogre qui la poursuit. .

- LA PRINCESSE : Aaaaaah ! hiii ! A moi ! Gaaardes ! Au voleur !
(Acception risible) A l'ogre ! Au secours ! Au secours !

- L'OGRE : Cours ! Cours comme tu veux, jolie princesse ! Tu n'iras pas très
loin.

Cette partie de la scène serait d'un léger comique transparent. L'ogre faisant semblant de manquer à attraper la princesse, continue à la pourchasser. Elle criait et lui poussait des grognements. A un moment, surgit Champarto. Et sans que l'ogre ne se rend compte de sa présence, celui-la marchant sur la pointe des pieds, s'approche de derrière de l'ogre. Il se couvre le visage, d'un masque présentant la tète d'un rat. Tout en suivant ainsi l'ogre, il s'adresse au public, le doigt sur la bouche, et fait des chuts répétés. (Sens spirituel). L'ogre se retourne, et soudain il voit Champarto. Il sursaute terrorisé de frayeur. L'ogre s'enfuit se démenant, s'agitant comme s'il avait vu le diable.

- L'OGRE : Aaaah ! Aaaah ! Maman ! A l'aide ! Au secours !

L'ogre va à la fin se cacher derrière la princesse. Celle-la le pousse, le pousse, puis l'ogre lui tournant le dos, en se sauvant. Elle lui donne un coup de pied, lui criant. Et pour faire plus rire, la princesse va sauter sur l'ogre, le faire tomber et le mordre au dos, pendant que lui se débattait et essayait de s'échapper

- LA PRINCESSE : Ogre de mes bottes ! Te cacher derrière une femme, tu fais
honte aux ogres. Va donc, eh pétochard !

De l'autre coté de la scène Ficelle prend la relève. Il court derrière l'ogre, tenant une souris à la main. Cependant, l'ogre saisi d'horreur continue à fuir. Cette situation cocasse dure un moment puis l'ogre quitte la scène
Et après le départ d l'Ogre, Champarto s'approche de la princesse et se disent
Ce qui suit :

- CHAMPARTO : Ne craignez plus rien princesse ! Bientôt tu vas
revoir sa majesté ton père.

- LA PRINCESSE : Monsieur ! Vous êtes brave et courageux. Sans vous je ne
sais ce que je serais devenue.

- CHAMPARTO : Princesse ! Je donnerais ma vie pour aller au
secours de votre altesse.

Le suivant des événements, Champarto va conduire la princesse près de l'arbre, marqué par Ficelle. Ficelle s'assure caché que Champarto suit ses instructions, puis s'en va chercher le roi et sa suite dans la foret. Soliloquant il dit :

- FICELLE : les chats ont du nez eux aussi. Pas comme celle des cabots, mais ça peut permettre de retrouver le roi et sa compagnie. Commençons d'abord par se vidanger le pif.

Il sort un mouchoir et se mouche deux ou trois fois. Ensuite, Ficelle ouvre les narines pour mieux humer l'air. Il se retourne gauche et droite et se dirige, d'un pas pressé, droit où se trouve le roi.


Le roi et compagnie vont faire un tour ou deux sur la scène, simulant chercher la fille du roi. Ficelle arrive et se met à chercher avec les chercheurs, tout en les entraînant vers où se trouvaient son maître et la princesse.
Quand il les voit il s'écrie :

- FICELLE : La voilà ! La voilà ! Voilà la princesse !

LE ROI – Dieu soit loué. Cette fille va me tuer.

- LA PRINCESSE : Papa ! Papa ! Mon papa ! L'ogre a manqué de me manger
si ce gentilhomme ne m'avait pas sauvé

- FICELLE : Majesté ! Ce gentilhomme est mon maître. C'est le Marquis de
Carabas.

LE ROI : Marquis ! Approchez ! Approchez ! Le roi salue ton courage gentilhomme et t'invite à se joindre à son cortège. Qu'on apporte vite une monture au Marquis !

- CHAMPARTO : Je m'honore sire de votre estime. Je prie cependant votre majesté de bien vouloir me rendre visite dans mon château.

- LE ROI : Volontiers, je viendrai demain visiter ton château.

Le roi et son cortège quittent la scène d'un coté et de l'autre coté Champarto et Ficelle. Ainsi va-t-on procéder pour incarner, dans la fin de cette scène, l'idée du départ de chacun de son coté.

Scène IV

- LE CONTEUR : Champarto ou le Marquis de Carabas a invité le roi à lui rendre visite dans son château. Puisque son maître n'a pas de château, il doit lui procurer un, comme il l'a promis. Loin de tout se trouve un beau château. Un beau château qui appartient à l'ogre. C'est de ce château que Ficelle vise s'en emparer. Mais comment va-t-il s'y prendre, ce diable de matou.
Quelques heures avant l'arrivée du roi, le chat était en train de mettre en œuvre les artifices, par lesquels il allait user pour rendre le château propriété de son maître. Tout d'abord, il commence par instruire pour partie l'intelligence de celui-là, en lui prescrivant ce qu'il doit faire.

Le décore simultané, la modeste habitation du père ou logeait encore Champarto, avec les mêmes composants cités auparavant : le vieux lit, la photo de la mère et la mère mal accrochée au mur, quelques bidules jonchant les coins de la pièce.

- CHAMPARTO : Matou de malheur, je maudis la fichu idée que
j'ai eu de t'écouter. Le roi va me couper la tête, s'il découvre que j'étais un menteur.

- FICELLE : Mais enfin, crois-moi maître ! Très prochainement je vais
faire de toi un seigneur. Faites seulement ce que je vous demande, et vous allez voir.

- CHAMPARTO : Ah non, je t'en prie, ça suffit ! j'ai la trouille, j'ai peur de me faire découvrir

- FICELLE : pourquoi ne me crois-tu pas, parce que je suis un chat ? Faites-moi
plaisir ! Écoute-moi ! Je suis enfin ton chat. Après quoi, ne crois jamais à
aucun chat. Si tu crois au père noël, crois- moi aussi. Voilà ce que tu vas seulement faire maître. Tu vas aller te planquer à proximité du château de l'ogre. Et dès que tu vois une fumée s'élever du château, tu vas vite venir me rejoindre. L'ogre ne serait plus là. Le château serait alors devenu à toi. Et quand le roi arrivera tu ne seras plus ni un pauvre ni un menteur.

- CHAMPARTO : Malheureux chat ! Dieu seul sait ce qui va
arriver. D'accord misérable je vais faire comme tu me l'as demandé.

Un changement du décor serait opéré. Il serait placé à l'arrière plan, en trompe-l'œil la façade d'un château. Le lieu où va se dérouler ce qui va suivre. Le chat arrive devant le château et commence à appeler l'ogre.


- FICELLE : Ohé du château ! Maître ogre ! Maître ogre !

- L'OGRE : Voilà, voilà (près avoir jeté un coup d'œil dehors) Enfer et
damnation ! Encore toi !
-
- FICELLE : Tu n'as pas à avoir peur, comme ça, maître ogre. Je suis venu
seulement pour te faire mes excuses. Mille pardons, c'est ma nature. Je suis un peu porté à la rigolade. Je vous en prie, je voudrais juste vous entendre me dire que vous n'avez plus de la rancune, contre moi.

- L'OGRE : Bah ! Je suis prêt à croire tout ce que tu me racontes. Mais d'abord montre moi tes mains et vide tes poches pour voir

- FICELLE : Voir quoi ? Ah oui ! Tu veux parler de la souris. N'ayez crainte !
je n'ai pas apporté de souris.

Le chat montre ses mains et vide ses poches, devant le regard de l'ogre.

- FICELLE : Vous voici tranquille. Descendez m'inviter pour vous serrer la main.

- L'OGRE : Dans ce cas attendez une minute. Je vais venir vers vous.
L'ogre descend. Ficelle se précipite vers lui et serre fort sa main, souriant. .

- FICELLE : Sans rancune Maitre ogre !

- L'OGRE : Sans rancune chat !

- FICELLE : Après ça maître ogre, puis-je savoir est-ce qu'il est vrai ce qu'on raconte de vous. On dit que vous pouvez vous transformer et passer d'une forme à une autre.

- L'OGRE : Oui, ce n'est pas si difficile pour un ogre. C'est un simple tour de
passe-passe, dont je m'amusais des fois à exécuter.

- FICELLE : je voudrais bien voir comment tu fais. Je meurs d'envie de voir ça.

- L'OGRE : D'accord, je vais te montrer. En quoi veux-tu par exemple que je change?

- FICELLE : Attendez ! Si je puis dire, peux-tu te transformer en fait-tout ?

- L'OGRE : C'est du billard ! J'ai juste besoin d'une glace pour te faire une démonstration.

- FICELLE : Euh … je n'ai pas de glace sur moi.

- L'OGRE : Entrons donc ! Je vais me servir de la glace de ma salle de bain
pour te faire voir l'exhibition de ce tour.

Une minute plus tard, Ficelle revient sur scène portant un fait-tout.

- FICELLE : C'est incroyable, ce fait-tout entre mes mains est bien maître ogre.
Ho ! Là dedans ! Pssit ! Répondez maître ogre ! Il ne m'entend pas. Il ne répond
pas. Il est peut être quelque part dedans ce couillon. Allons près de la glace pour délivrer maître ogre de ce fait-tout.
Voyons, c'est peu etre facile, pour lui, de devenir un fait-tout. Cette fois je vais lui demander de devenir un lion.
(s'adressant au public) C'est dangereux comme numéro Que personne ne s'approche!

Ficelle disparaît un moment. Puis tout à coup revient en courant. On entend d'abord le rugissement d'un lion. L'ogre apparaît la figure dessous un masque sous une face de lion. Dès son arrivée sur scène, il va se mettre à courir après Ficelle. Ficelle va s'enfuir jusqu'à descendre chercher refuge parmi le public. Le lion finit par partir, après avoir tourné en rond sur scène et effectué quelques gestes et mouvements, tous cocasses). Ficelle rejoint la scène et dit soliloquant :

- FICELLE : Quelle méchante humeur a ce fauve ? Enfin tous les lions ont mauvais caractère.

Puis l'ogre, avec la tête de l'ogre, retourne sur scène. Il dit content de ce qu'il vient de montrer en guise de prouesse

- L'OGRE : Tu vois chat ce n'est pas drôle. Je peux devenir tout ce que vous Voudrez

- FICELLE : Ah ça alors ! Peux-tu aussi te transformer en souris.

- L'OGRE : Souris ! Je n'aime pas ces monstres. Leur nom me donne le frisson.

- FICELLE : Je t'en supplie ogre, fait ça pour moi. Juste un peu fait moi voir comment tu arrives à te transformer.

- L'OGRE : Bon d'accord, venez voir. Comme tu l'as vu avec le fait-tout et le lion ça ne sera pas difficile avec la souris. Viens par là voir !

Ils quittent tous les deux la scène. Puis, le chat revient tenant par la queue une souris.


- FICELLE : Tan pis pour mon cholestérol et tan pis pour ma diète. Du moins les souris ne donne pas de crampes d'estomac aux chats. Et hop ! Sous ma dent.
Mmm, délicieux !

Scène V

- LE CONTEUR : Ficelle a dévoré la souris, qui n'est autre que l'ogre. Et il court allumer un feu pour annoncer à son la réussite de sa mission.
Champarto avance hésitant vers le château. Quand il s'approche, tout près, il voit Ficelle qui lui fait signe de se dépêcher.

- FICELLE : Grouillez-vous maître ! D'un moment à l'autre le roi va arriver.

- CHAMPARTO : Mais qu'as-tu fait misérable de l'ogre ?

- FICELLE : Malgrès moi, j'ai rompu mon abstinence. J'ai bouffé de l'ogre.

- CHAMPARTO : Tu as mangé l'ogre ! Je suis tout ébaubi et je tombe des nues (Molière).

- CHAMPARTO : Ce n'est pas encore fini. Il faut te préparer à recevoir le roi et sa fille. Je vais aller les attendre, pour leur montrer le chemin du château.

- LE CONTEUR : Ficelle sort du château. Le long du chemin, il s'arrête pour distribuer des pièces aux paysans, leur demandant de dire au roi et à sa suite que toutes les terres autour appartiennent au Marquis de Carabas.

Seul sur scène Champarto parlant tout seul

- CHAMPARTO : Je ne sais pas bien comment se conduire devant un roi. Et la princesse, comment vais-je m'y prendre devant elle ? Mince alors ! Je n'avais pas demandé à ce chat de me montrer comment me comporter.

Tout de suite après, le roi et sa suite arrivent, le chat Ficelle à leur tête

- CHAMPARTO : Majesté ! C'est beaucoup d'honneur que vous me faites avec votre venue. Cela me comble de joie. Je vous prie sire de mettre pied à terre, pour vous faire les honneurs de mon modeste logis.

- LE ROI : Ton château est splendide Marquis, et à ce qu'il parait le décor est rudement somptueux

- CHAMPARTO : Je me flatte déjà que mon invitation ne vous déplaira pas majesté.

- LE ROI : La vérité, je me plais beaucoup hors de mon palais.

- CHAMPARTO: Sa majesté, peut rester aussi longtemps qu'il le voudrait dans mon château.

- LE ROI : Marquis ! Tu as sauvé ma fille de l'ogre, et tes qualités sont manifestement remarquables. Le roi voit que tu as qualité pour demander ce que tu désires comme récompense.

Ficelle et Champarto parlant à l'écart.

- CHAMPARTO : Mon père a été injuste en donnant le moulin à Polentato. Je voudrais bien d'un moulin. C'est ce que je vais demander comme récompense

- FICELLE : Je suis au comble de l'exaspération avec ton ingénuité et ta niaiserie. Et Miel ! Qu'est ce que tu vas faire avec un moulin.

- CHAMPARTO : Alors je vais demander au roi un moulin et un âne ou même deux bourriques.

- FICELLE : Tu dis n'importe quoi maître. A présent tu es le Marquis de Carabas, tu as un château, tu as des terres. Ne vous ravalez plus au niveau du miséreux. Faites vite de demander au roi la main de sa fille.

- CHAMPARTO : Penser comme toi me fait peur.

- FICELLE : Allez-y ne vous découragez pas ! Parle !

- CHAMPARTO : La princesse … euh … sait-elle faire une cotriade et des matefaims ?

- FICELLE : Malheureux ! Tu vas tout ficher à l'eau.

- LE ROI : Que dit le Marquis ? Parlez plus fort Marquis, vous entendre !

- FICELLE : Voilà Majesté ! Mon maître est très timide. Il n'arrive pas à ouvrir la bouche correctement pour jouir de l'honneur de demander en mariage la bien-aimée princesse votre fille.

- LE ROI : Timide ! Ça alors ! Ce n'est pas grave. Les timides sont d'habitude cordiaux et bénins de caractère. Je t'accorde mon garçon la main de ma fille. Félicitation Marquis. Je vois que cette malheureuse louche assez beaucoup sur toi. .

- LE CONTEUR : Champarto allait rétorquer par je ne sais quelle connerie, mais avant de remuer la langue Ficelle lui saute dessus, pour l'empêcher de parler

- LE ROI : J'ai entendu vaguement ce qu'il a dit. Voyons qu'est ce qu'il arrive à ton maître, qu'est ce qu'il dit ?

- FICELLE: Le Marquis pleure de joie et j'essaie de le retenir pour qu'il ne pleure d'autre chose. Ne faites pas attention majesté. C'est sa manière de jubiler.






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