Le psychopathe honorable

Date 13-06-2016 19:52:51 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Résumé du livre :

Holocaust est considéré par certains comme un psychopathe de par ses opinions, mais il s’en moque. Au contraire il s’estime meilleur que beaucoup d’autres gens, du fait qu’il met un point d’honneur à respecter ses promesses. En débarquant sur une île particulière il espère réaliser des objectifs chers à son cœur, même s’il risque de trouver surtout des ennuis.

Chapitre 1 :

Moi Holocaust j’ai trouvé une piste pour parler avec les miens, elle se trouve sur l’île sans nom, elle s’appelle comme ça parce que le maire change tous les deux jours, et il y a une tradition selon laquelle chaque changement d’élu apporte un nouveau nom à l’île. Résultat sans nom est devenu l’appellation officielle, cela évite d’avoir à se creuser la cervelle. Moi je suis un grand gaillard de plus de deux mètres cinquante, roux et j’aime bien m’habiller avec une blouse blanche et changer souvent la couleur de mon pantalon. Je parais chétif, mais j’ai quand même beaucoup de force, quand je suis énervé je peux soulever une armoire avec une main. Je suis arrivé sur un endroit assez déroutant, la météo peut changer des milliers de fois en une journée. Les périodes d’accalmie ne durent pas longtemps, dès que l’espoir s’installe dans le cœur des gens, le chaos climatique revient. Heureusement que la magie est omniprésente dans les parages, sinon rien ne pousserait, et les gens crèveraient de faim. Il y a des arbres qui servent à tout et n’importe quoi, par exemple il y a des végétaux qui servent à la chatouille, à la gratouille, et à cuire la ratatouille. La magie et le climat ont créé une faune et une flore rigolote. Dès que je suis sorti du train j’ai rencontré des ouistitis moqueurs, une espèce de singe qui mesure en hauteur la moitié d’un bras humain. Elle est très joueuse et affectueuse, mais elle a tendance à se montrer particulièrement espiègle. L’un d’eux s’est entiché un peu de moi, il s’est mis à me suivre après que je lui ais donné un biscuit.
Figue ma mauvaise conscience me conseille de tuer le singe, mais Fraise mon côté gentil m’incite à me montrer conciliant. Oui j’ai des voix intérieures à qui j’ai donné des noms d’aliments. Quand j’étais enfant je devais souvent manger des figues pour faire plaisir à mes parents, je détestais ce moment des repas, alors j’imaginais des choses sombres en représailles, parfois je souhaitais même la mort de mon père et de ma mère. À l’inverse j’adore les fraises, en avaler me met de bonne humeur, me fait penser à des choses gentilles. Quand mes voix intérieures se mettent en action, j’ai des hallucinations olfactives, je sens une très légère odeur de figue ou de fraise. Alors j’ai décidé de surnommer mes divers penchants psychiques de noms en rapport avec la nourriture. Dois-je garder le singe ou l’éloigner de moi ? Après tout je suis tellement seul, je le laisse m’accompagner pour le moment.

Mon premier objectif est de rentrer en contact avec une divinité, pour prouver que je ne délire pas, que les anges, les démons, et les dieux sont une réalité. Ensuite de manière secondaire je souhaite étudier des phénomènes climatiques particuliers pour devenir un météorologue célèbre, et mon but tertiaire consiste à revenir chez moi sur Astral Saule. Mon lieu de naissance est rempli de prétentieux imbus d’eux même qui m’ont expulsé sans prendre en compte ma défense, mais je suis quand même nostalgique de mon pays. Le singe qui me suit apprécie de croquer des aliments mais aussi des cailloux avec sa bouche, c’est décidé je l’appelle Ouisticroc. Cet animal défie la normalité, il a des lunettes de soleil et une grosse montre grise attachée sur le ventre, qui ne possède pas un affichage digital mais des aiguilles. En outre Ouisticroc possède une particularité physique qui le distingue de ses congénères, sa queue est légèrement plus grande que celle de ses semblables, elle est dressée fièrement vers le haut, et elle dépasse sa tête, bien qu’elle commence tout en bas de son dos. Il est couvert d’une fourrure marron, sauf au niveau des oreilles et du visage. Je trouve attachant mon compagnon, même si ce genre de sentiment positif est plutôt inhabituel chez moi. D’habitude je suis plutôt grognon, mais depuis que je fume de l’euphoria, je pense différemment, je me sens tout joyeux et gentil. J’ai envie de faire plein de bonnes actions, d’aider généreusement mon prochain. Mon mégot a pour propriété de diffuser une fumée multicolore, composée de blanc, rouge, vert et bleu. Mon arrivée sur l’île a été saluée par un franc soleil. Mais une demi-heure plus tard, une pluie diluvienne a éclaté, le ciel bleu a laissé la place en quelques minutes à un ciel extrêmement chargé en nuages menaçants.

Heureusement je suis très doué pour enlever mes habits, et les remplacer par d’autres. J’ai mis très rapidement des vêtements de pluie adaptés pour supporter l’averse. Le problème venait du fait que trente secondes plus tard, un soleil ardent et caniculaire à remplacer le violent crachin. Mais je ne me décourageais pas, et passait une tenue adaptée, l’ennui c’était qu’au bout de dix secondes une tempête de neige se déclara. Mais j’avais tout prévu, j’ai emporté une tenue protégeant du froid, qui était complètement inutile après quelques dizaines de battements de cœur. Malgré l’influence de l’euphoria un léger énervement commençait à m’envahir, toutefois je résistais stoïquement à l’envie de montrer ma contrariété. Par contre après avoir changé à plus de deux cent reprises de vêtements, je n’en pouvais plus, j’ai craqué, j’ai eu envie de traiter de vilain pas beau le premier individu que je rencontrerais. Heureusement il suffit d’une bouffée d’euphoria pour faire fondre mes soucis, que je regagne la voie du zen, que j’oublie mes contrariétés. Donc je gagnais un bureau de recensement après avoir mouillé, séché, inondé, calciné, presque noyé, encore séché, trempé. L’inscription en tant que résident temporaire sur l’île s’annonçait assez facile, de par mon métier de météorologue. Il me suffit de remplir un formulaire comportant une vingtaine de questions, et de payer deux pénas pour valider la procédure administrative. Le péna est une monnaie utilisée partout sur le monde de Gaea, avec un seul d’entre eux, il est possible de s’acheter une baguette de pain. Je me suis vu attribué un petit local pour mener mes recherches. Il ne situe pas loin, ma demeure qui fait aussi office d’atelier scientifique se trouve à cinq minutes de marche.

Je me dirigeais vers ma nouvelle habitation, et je dus affronter quelques péripéties. Je fus obligé de batailler contre des singes afin de préserver mon matériel de leur chapardage. Un groupe de dix ouistitis s’approcha avec résolution de moi, et tenta de voler le matériel présent dans mes sacs. En temps normal j’aurais sans doute lâché des injures et des cris tonitruants, mais je me contentais d’accélérer le pas afin de semer les petits singes. Je découvris que mon local se limitait à deux pièces de petite taille. En outre l’ameublement se révélait plutôt limité, je n’avais droit qu’à une table, deux chaises, et un lit heureusement confortable. Mon habitation semblait dérisoire face au climat chaotique des environs, cependant elle profitait de divers sorts de renforcement, elle pouvait supporter des vents capables de déraciner un chêne centenaire. En outre le sol était configuré autour de ma modeste maison pour résister à des précipitations atroces, ainsi même s’il pleuvait pendant des mois de façon diluvienne, je ne serais pas inondé. Enfin je bénéficiais d’un climatiseur réversible capable de refroidir la température intérieure mais aussi de réchauffer l’atmosphère. Il s’agissait d’un modèle très performant rendant supportable un froid polaire, et une canicule démente. Bien sûr je pouvais surmonter beaucoup de choses, après tout je n’étais pas un humain, toutefois avoir chez soi un contexte agréable ne me déplaisait pas. Si je pouvais échapper à des sensations extrêmes quand je menais mes recherches, c’était très appréciable. Et enfin le fin du fin, le signe de luxe absolu, c’était la présence d’un café périmé vieux de plus d’un siècle, j’allais pouvoir me régaler. Je me servirais de ce café moisi pour conquérir le monde, devenir le principal dieu de l’univers, invoquer des horreurs à tentacule qui asserviront mes opposants, me transformer en un géant vert pour qui une poutre en béton armé possède la résistance d’une vulgaire feuille de papier. Ha, ha, ha je devrais arrêter l’euphoria, cette drogue ne me réussit pas. J’eus aussi droit à un nouvel assaut de mes voix intérieures. Fraise souhaitait que je trouve une jolie compagne avec qui faire des enfants et fonder une famille. D’un autre côté Figue était dédaigneuse à propos de la gente féminine, d’après cette partie méchante, une partenaire ce sera quelques minutes de plaisir et beaucoup d’embêtements. Je décidais de couper court à mes discussions intérieures et je me concentrais sur le déballage de mes affaires.

J’étais venu avec un lourd chargement, je me trimballais bien cinquante kilos de matériel destiné à m’aider à comprendre le climat. Heureusement que je suis une personne forte, je me dis que j’aurais pu être un hercule de foire, une personne qui soulevait de lourds haltères devant un public ébahi. Mais ce genre de vie ne m’aurait pas convenu, je préfère nettement étudier la météo à manier des poids, même si je ne néglige pas ma condition physique. En effet je cours généralement trois heures par semaine, et je pratique au moins trente minutes de marche rapide par jour. D’ailleurs je devrais peut-être intensifier mon entraînement sportif, j’ai connu des endroits plus dangereux que celui-ci mais cette île possède quand même des caractéristiques gênantes. En plus des singes farceurs, il faut compter sur des créatures plus redoutables, et par moment très agressives, capables de me tuer si je ne fais pas attention. Je sais me défendre, et je peux recourir à certaines magies offensives. Toutefois je ne suis pas invincible, et puis pour survivre dans un milieu hostile, la force et l’endurance physique sont des éléments primordiaux. Parmi mes armes les plus redoutables je peux compter sur un thermomètre. Il s’avère très solide, il peut résister à des centaines de coup de marteau, mais surtout il est doté d’une pointe tranchante amovible. Je sais le manier avec dextérité, et grâce à sa lame tranchante que je peux faire surgir de manière instantanée, je bénéficie d’un bon avantage pour surprendre mes adversaires. Certes un thermomètre cela n’offre pas la même prise en main qu’une poignée d’épée ou de dague. Toutefois déconcerter un ennemi, c’est profiter d’un atout considérable qui augmente sérieusement les chances de victoire.

Je mis mes affaires dans un coin, et je décidais de succomber à l’appel du sommeil. Fatigué par mon voyage vers l’île et les effets de la météo, je m’endormis assez rapidement. Je fis un rêve assez déconcertant, j’étais un guerrier qui combattait magnifiquement, un parangon de puissance. Je massacrais telle une tornade monstrueuse, mes mouvements à l’épée étaient tels que me suivre du regard était quasiment impossible. J’avais la fortune, la gloire, et le pouvoir politique. Tout le monde me vénérait comme un dieu et craignait mon courroux. Je disposais de centaines de demeures et palais, la plus modeste de mes habitations était un magnifique manoir de trois étages. Ma présence suffisait à garantir qu’une bataille allait être gagnée, j’étais tellement redoutable et charismatique, qu’une simple rumeur sur ma présence terrifiait mes ennemis. Mes adversaires évitaient de prononcer mon nom, par peur de s’attirer une malédiction terrible. La majorité pensait que me défier ouvertement était synonyme de folie terrible. Je faisais des jaloux, mais d’un autre côté j’avais un tel niveau de prestige, que seuls les plus désespérés et fanatiques osaient contester ma suprématie. Pour pousser mes ennemis à m’affronter, il était souvent nécessaire que je porte un masque et que je dissimule mon identité. Sinon généralement le désespoir et l’envie de se rendre les submergeaient, les incitaient à capituler sans condition, à se changer en de véritables carpettes qui imploraient pardon de toutes leurs forces. J’étais pratiquement l’équivalent d’un dieu majeur, les dragons eux même se prosternaient devant moi, ils me témoignaient une déférence presque absolue. Pourtant je renonçais à tous mes avantages, la puissance magique, la domination politique, et la fortune, en échange d’une crêpe sous prétexte qu’elle contenait du beurre salé.

Je me réveillais le lendemain matin avec un solide mal de tête, c’était la dernière fois que j’essayais de l’euphoria. Cette drogue dénaturait complètement ma façon de penser, elle me rendait gentil, et joyeux. Alors que ce monde de nuls ne mérite aucun respect. Juste parce que je menais des recherches un peu osées, que je me suis investi dans un domaine particulier d’investigations, j’ai été rejeté par je ne sais combien de gens. J’ai beau tenté d’être pédagogue, d’expliquer calmement mes buts, au mieux je passais pour un excentrique pitoyable, au pire j’étais considéré comme un fou maniaque. Ce monde est rempli de magie, pourtant les anges, les démons et les divinités sont vus comme des non-sens. C’est vrai que des puissants comme les cadres supérieurs de la multinationale B-Corp noient le poisson, font le maximum d’efforts pour jeter le discrédit sur des individus comme moi. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’étroitesse d’esprit de la majorité, il existe d’autres facteurs, notamment le fait que monsieur tout le monde est un crétin sur Gaea. Pour couronner le tout, les gens considérés comme intellectuellement supérieurs ne rattrapent pas le niveau général. Ils font peut-être preuve de mémoire et d’un talent supérieur dans leur spécialité. Mais je suis presque persuadé que l’ensemble des habitants de Gaea sont des crétins à l’esprit étroit. Que même si je leur apportais la preuve manifeste de l’existence de mon peuple, cela n’empêcherait pas la plupart d’entre eux d’estimer comme une farce élaborée, une légende sans queue ni tête le Golden Mean. Je remarquais alors Ouisticroc, je me disais que je ne pourrais pas m’encombrer avec un animal de compagnie. Et puis de toute façon je me demandais quel goût avait la viande de singe, alors je m’approchais de lui armé d’un couteau. Fraise me hurlait de laisser en paix ce pauvre animal, de ne pas commettre un acte sadique et injustifié, elle insista sur le fait que je ne manquais pas de nourriture. Cependant Figue trouvait franchement divertissante mon idée, me soutenait dans mes projets de verser le sang, soufflait que ce serait un bon échauffement avant de passer à du meurtre sur des humains. En tant que tueur en série j’étais un peu rouillé, m’exercer sur des animaux devrait me permettre de restaurer mes aptitudes. Je visais en priorité les gens qui m’énervaient profondément, mais cela ne manquait pas, les imbéciles sont légions, extrêmement nombreux.




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