La terre a déjà bu tant de parfums de sang Qu’elle ne se souvient plus de qui l’a répandu De qui se prend d’amour pour des temps lancinants Des gagnants ou perdants, mais des âmes déchues. Le silence est ancré dans les trous de nos murs Et tant d’horribles cris se sont emprisonnés L’humanité ne peut oublier ses blessures Ses destins sacrifiés, ses enfants déportés. Mais ce soir, je suis nu, Là , devant ce miroir Dans mes yeux dépourvus Je ne sais que le noir Le temps qui nous immonde Et souvent nous sépare Le visage du monde Dans mon propre regard. Ce soir, je suis ému Là , devant le miroir Tout mon être déçu Me soulève et s’empare Du temps qui nous immonde De mon cœur qui s’égare Du visage du monde Dans mon propre regard. Et l’air semble oublier ceux qui l’ont habité Ces vies presque pareilles, des spectres équarris Ne peut-il empêcher les vents de repasser Sur les ombres d’avant, des âmes démunies. La mémoire cède-t-elle aux veines insipides ? Quand rien ne vient sauver notre nature humaine Qui gouverne nos guerres et d’autres génocides ? Des douleurs à venir et l’encre de nos peines.
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