Connard(s)-Journal intime- Chapitre 5 et 6-Partie 1-

Date 27-04-2016 22:30:00 | Catégorie : Nouvelles


Chapitre 5 : Youpiii, c’est la rentrée !


Début septembre. Rentrée de terminale. Je n'avais aucune envie d'y retourner.
Tous les gens de la classe n'étaient pas exécrables loin de là. Mais comme partout, il y avait une brebis galeuse qui venait pourrir l'ambiance. Faut dire que la nôtre était assez particulière. Elle s'appelait Coralie. Grande, fine, yeux noirs et assez sophistiquée, elle était belle, il fallait l'admettre mais qu'est-ce qu'elle était conne mon dieu !

Elle se comportait comme une vraie petite princesse capricieuse, hystérique et perfide. Avec elle, tout le monde avait eu le droit à son quart d'heure de gloire, car on s'était tous au moins embrouillé une fois avec elle et pour des débilités en plus.
S'en était affligeant. Moins je lui parlais, mieux je me portais. Elle avait le don de me mettre mal à l'aise. Idem pour Sophie.

Avec sa grosse tête et sa voix aiguë de petite pétasse, je me demandais si elle ne prenait pas de l'hélium tous les matins avant de venir en cours. Puis ne parlons pas de ses boutons qu'elle peinait à cacher sous son fond de teint. Elle ferait mieux de le bouffer son maquillage, car elle était bien moche à l'intérieur

Oui, vous l'avez bien compris, cette fille je la haïssais.

Durant toute l'après-midi, la prof (de pratiques professionnelles) nous a parlé de la nécessité de mettre les bouchées doubles vu que c'était l'année du bac et qu'il fallait ABSOLUMENT commencer à chercher son stage pour le mois de novembre etc.
Mais moi, je n'écoutais que d'une oreille. J'étais là sans vraiment l'être.

Mon esprit était encore dans le monde du surf, l'ambiance des vagues et de la plage. Je repensais au vent qui faisait voler le sable et l'envoyait dans les cheveux, la figure, le soleil qui tapait fort lors des sessions où il faisait très chaud, l'odeur de crème solaire des vacancier ou du monoï que je mettais le soir après la plage.

C'est pour cela qu'en ce mois de septembre, je n'ai pas fait grand-chose. Lorsqu'il y avait des vagues, j'en profitais pour aller faire du body, car l'hiver allait vite arriver et je n'avais pas la combinaison spécifique.

Pratiquement tous les vacanciers étaient partis et d'autres les avaient remplacés. J'en ai déduis qu'ils devaient être les "habitués" du coin vu que je croisai les mêmes plusieurs fois. Je voyais Théo discuter avec eux. Moi, à côté, j'étais l'asociale qui glissait dans mon coin tranquille.

Comment fait-il pour avoir autant d’amis ? Pensai-je en l’observant échanger avec un habitué ayant l’air cool.

Je regardais Théo lui parler de sa session. « L'habitué » qui était un grand brun métis, je n'y faisais pas attention, car oui je n’en avais rien à fiche, jusqu'au moment où il m'a saluée.
C'était seulement un bonjour. Rien de bizarre. Mais ça m'avait foutue la peur ma vie.

D'habitude, personne d'autre que Théo ne le faisait. Et puis, il avait l'air bien plus vieux que moi, style 25 ans ou plus et ça me rappelait bien trop les hommes qui m'arrivaient de croiser sur mon chemin et qui me draguait ouvertement. Il m'arrivait souvent de croiser les mêmes pervers et donc de changer de trajectoire tellement ils me faisaient flipper.

C'est pour ça qu'avec lui je n'ai pas pu m'empêcher de m'imaginer les pires scénarios dans ma tête comme des tentatives de drague, viol, (oui j'ai l'imagination fertile !). Puis quand j'ai vu qu'il saluait tout le monde j'ai laissé tomber.

Sinon, bien sûr que je le cherchais mon stage. Quand je trouvais le temps. Ce qui voulait dire rarement.
Mon bulletin allait être pourri je le sentais. J'ai toujours été une élève moyenne, mais il fallait avouer que là, je dépassais les bornes. Je m'en fichais, je ne pensais qu'à Théo presque tout le temps.

Sophie saturait à force d'en entendre parler, levant parfois ses grands yeux bruns au ciel et soupirant bruyamment en faisant voler quelques-unes de ses longues mèches brunes au passage.

Après elle rigolait comme à son habitude lorsque quelque chose l'exaspérait « gentiment » sur les bords. Mais elle était contente pour moi. Elle qui n'avait jamais connue cette facette de ma personnalité, c'était comme une nouveauté pour elle.

Pour ma part, c'était à peine si je me reconnaissais.


Chapitre 6 : Humiliation du stage


Le mois d'Octobre a été exceptionnel. Il faisait si beau et chaud que des gens allaient encore à la plage et que certains petits commerces d'été comme les stands de glace et beignet étaient toujours ouverts.

Le 10 Octobre, on a fêté mes 18 ans. Avec mes deux frères, Pierre et Victor, ma sœur Amélie puis Sophie, on est allé en boite de nuit. On avait bu trop de vodka et de mojito juste avant alors forcément nous étions un peu « pompettes ».

En boite, je dansais n'importe comment, me déchaînais, secouant ma chevelure dans tous les sens, sautant comme une folle. Sur la piste qui était noire de monde, nous étions serrés comme des sardines, ça puait la sueur, l'alcool et même si le sol collait, ça m'était complètement égal, parce que je vivais, j'en profitais tant que je le pouvais encore. Sophie avait dansé plusieurs mecs dans la soirée qu'ils soient beaux ou qu'ils aient un physique ingrat. Ça ne m'étonnait pas. Avec sa taille fine, sa bouche pulpeuse et son métissage franco-indonésien elle suscitait les convoitises.

Nous sommes rentrés vers quatre heures du matin. Le lendemain, j'avais comme un poids sur l'estomac et une envie de vomir. J'étais naze. Je m'étais levée à onze du mat' suivie de Sophie. Mes frères et sœur avaient déjà pris la route pour rentrer à Tours.

« -C'était bien votre soirée ? Demanda ma mère. Vous avez fait quoi ?

-On t'a draguée ? Questionna mon père, taquin comme à son habitude

-Pas du tout, rétorquai-je en levant les yeux au ciel exaspéré par son énième vanne

Il rigola.

-Francis, je suis en train de parler à ta fille, réprimanda ma mère

-Si c'est ça je ne dis plus rien, répliqua-t-il se voulant désinvolte et replongea son nez dans son portable

-Bon alors ? Reprit ma mère, ses grands yeux gris intéressés

-Rien de spécial, répondit-je évasive. On a dansé, bu quelques verres

-Pas trop quand même, me sermonna-t-elle inquiète et en haussant le ton , l'alcool, il faut faire attention y a des accidents toutes les semaines…

-C'est bon, coupa mon père voulant la calmer, laisse-là ce n'est pas elle qui conduisait c'était sa sœur.

-Ouais maman j''ai plus quatre ans, ajoutai-je un peu irritée

Ma mère avait tendance à stresser pour pas grand-chose tandis que mon père était plus cool.

-Ouais, me répondit-elle peu convaincue, et toi Sophie ?

-Moi j'ai trouvé ça cool, répondit Sophie enthousiaste comme à son habitude

Je n'écoutais pas, je me concentrai sur mes tartines beurrées, le nez dans mon chocolat chaud.

Le dimanche était une belle journée ensoleillée. Je décidais d'en profiter en allant me poser au poste de sauvetage. Il y avait le vélo de Théo adossé au mur. J'en étais déjà nerveuse. Je me posais exprès près de son vélo. Je fermai les yeux, essayant de me calmer et de rester sereine quoi qu'il puisse arriver.

J'écoutais le bruit des vagues lorsque j'entendis un gros « pssshhht ». Son pneu de vélo s'était dégonflé. Un homme grisonnant, qui venait souvent ici pour faire du paddle rigola.

Là, ça pourrait être l'occasion de lui parler

Théo débarqua, sa planche de surf sous le bras. C'était l'occasion, il fallait que je lui dise :

"-Eh, y a ton pneu qui est dégonflé ! Aboyai-je

Il se tourna vers moi, quelque peu étonné, que je lui reparle à nouveau puis il inspecta son vélo marmonnant dans sa barbe. C'est vrai que je ne lui avais pas parlé très gentiment. Mais je n'allais pas toujours faire la fille sympa sous prétexte qu'il me plaisait non ? Fallait bien qu'il soit confronté à mon mauvais caractère tôt ou tard. Je n'aimais pas me faire marcher sur les pieds par les mecs.

Je l'observais en train de tâter son pneu.

C'est le moment, vas-y sinon ce sera trop tard, m'encourageai-je.

Enfin, je me décidais d'aller lui parler .Nos visages étaient si près, je regardai son visage en détail, ses yeux, son nez, sa bouche. J'adorais sa bouche. Je restais étrangement calme, à l'aise :

« -Dis Théo, t'es venu tous seul ? Je te vois toujours avec des potes d'habitude, t'es toujours très entouré

- Je vais souvent avec des potes après aussi j'aime bien surfer en solo, répondit-il. Ben tiens voilà un pote, ajouta-t-il en voyant un bodyboardeur débarquer de nulle part.

Tranquillement, il alla lui parler, m'oubliant complètement.

Ok, merci laisse-moi de côté ça me fais toujours très plaisir.

Adossé au mur, je le vis me mater à nouveau, je fis semblant de fermer les yeux. Il m'observa quelques secondes l'air pensif puis s'intéressa à nouveau à la mer. Je me contentais vraiment de peu. Un seul de ses regards accordés suffisait à me rendre de bonne humeur. J'étais vraiment devenue Niaise.

Le lundi matin, j'avais cour avec Mme. Malaqui : la prof de pratique pro la plus cruelle et la plus drôle qui soit. Je n'ai jamais autant détesté et adoré un enseignant. . Sauf quand elle m'engueulait.

Je la surnommais Cruella à cause de sa longiligne et ses cheveux grisonnants avec son air strict.

En gros, Cruella faisait le point sur nos stages. Sophie avait trouvé à la bibliothèque alors que moi j'en étais encore dans mes recherches...enfin si on pouvait vraiment parler de recherche.

" -Et toi Adèle ? M'interrogea-t-elle

Tous les élèves de mon groupe se tournèrent pour me regarder. J'avais horreur de ça. Je ravalai bruyamment ma salive.

-Euh...c'est-à-dire...balbutiai-je, je suis toujours en train de chercher et je n'ai pas trouvé...

-Quoi ?! hurla-t-elle de sa voix stridente, les yeux exorbitants. Tu te fous de moi ?!

-Ouai mais...tentai-je d'expliquer

-Je vais appeler tes parents ! Explosa-t-elle. Tu fous rien depuis le début de l'année ! Et ton mot que j'ai écrit dans le carnet ?

La semaine dernière, elle m'avait collée un mot dédié à mes parents expliquant que "je n'étais pas motivée" pour chercher mon stage.

-Ben...en fait, j'ai oublié mon carnet, répondis-je nerveusement

-Mais alors là, hurla-t-elle à moitié hystérique, tu te moque de moi ! Bon là c'est sur j'appelle tes parents !

J'étais humiliée. Tout le monde me regardait, certains chuchotaient puis Coralie était en train de se moquer méchamment.

-C'est qui le plus méchant des deux ? Demanda Mme. Malaqui. Ta maman ou ton papa ?

-Mon père, menti-je

-Très bien, répondit-elle avec son petit sourire cruel, j'appelle ton père.

Quelle peste…

Peu après, on travaillait, sur les ordinateurs, un dossier assez long et compliqué. Quand Cruella reprit la parole :

-J'ai un patron qui pourrait prendre l'un de vous en stage, je viens de l'appeler. Je vais placer l'un de vous.

Ça va être moi à tous les coups, pensai-je

-Je parie que c'est Adèle, chuchota Coralie à Léonie, une fille de la classe un peu sophistiquée et à la teinture rousse flamboyante.

-Adèle ! Aboya Cruella. Tu te présenteras mercredi là-bas à 'auto-école CSR ! Elle est située juste devant le lycée général de la ville. Tu iras avec ta convention, vous la remplirez ensemble. Je te préviens, le patron aime bien les élèves sérieux et dynamiques. Ajouta-t-elle l'air sévère

- Ok, fis-je

J'étais peu fière qu'on m'a pistonnée. Mais trouver un stage avec ses propres moyens, c'était dur voir impossible même avec toute la motivation qu'on pouvait avoir. J'en avais fait les frais en seconde. J'avais été l'une des dernières à obtenir le stage alors que j'avais été dans les premiers à le chercher.

Le mercredi, j'allais faire signer mes conventions pour le mois de novembre et de mars (On faisait le stage au même endroit cette année). Le tuteur avait l'air cool en vrai et ça s'était plutôt bien passé.
Ma mère a gueulé en voyant mon mot

« -Tu dissimule tout ! Me reprocha-t-elle. Comment veux-tu qu'on puisse te faire confiance après !

Fallait toujours qu'elle me sorte toujours les mêmes critiques. Je soupirai.
Même si mon trimestre n'allait pas être terrible, le principal c'était d'avoir un stage.

-Fin du chapitre-





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