Autodafé

Date 03-04-2016 00:20:00 | Catégorie : Nouvelles


Cela faisait des heures qu’il regardait sa cible dormir. C’était comme ça qu’il procédait ; il observait des semaines, des mois quelques fois l’élu de sa folie, il notait scrupuleusement chacune de ses habitudes, ses fréquentations, ses horaires…il accumulait un maximum de détails avant de passer à l’acte. Comme toujours, Les Fleurs Du Mal dans une main et un 9mm dans l’autre qu’il leva légèrement vers la femme endormie. L’arme désignait le front moite de l’assoupie. « Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie, n’ont pas encor brodé de leur plaisant dessins le canevas banal de nos piteux destins, c’est que notre âme, hélas ! n’est pas assez hardie », murmura t’il avant de tirer. Le coup du feu résonna dans le quartier comme une horloge dans une ville. La balle avait littéralement transpercé la jeune femme ; elle fut confiée à Pluton pour l’éternité. Le tueur sortit par une fenêtre, transpirant dans son jean, ses bottes, et sa veste de cuir noirs ; finalement « le démon vêtu de cuir noir » n’était pas Morrison. Le tueur sortit du quartier résidentiel en utilisant les ruelles et passages secrets qu’il était normalement le seul à connaître. Il pénétra dans une sorte de cagibi dans les rebus des grands bâtiments de la ville. Il défit ses gants et les déposa soigneusement sur une des étagères parfaitement rangées qui entouraient la pièce. Il fit trôner Les Fleurs Du Mal sur la table qui se tenait au milieu de la petite pièce. Il prit une chaise dépliable qui était adossée dans un coin. Après l’avoir dépliée, il s’assit dessus. Il sortit le pistolet de son jean pour le poser lui aussi sur la table. Après avoir longtemps scruté l’arme et le livre qui étaient disposés l’un derrière l’autre, il se leva de sa chaise pour allumer une radio cassette sur la plus haute étagère à droite de la table. C’étaient les notes de Beethoveen qui se rependaient dans la pièce. Le livre était tombé en arrière lorsqu’il s’endormit. Désespéré, le livre chutait. Il avait été obligé d’assister à son propre autodafé. Le livre, n’était devenue, maintenant, qu’un prétexte, un prétexte pour ôter la vie. Mais un mot peut en signifier mille autres et mille personnes peuvent n’en comprendre qu’un. A quoi cela sert de lire des livres si l’on considère qu’il y en à un parmi les autres qui mérite qu’on le voit comme absolu et que l’on tue pour lui. Le livre contempla encore quelques secondes la pièce, son bûcher. Fatigué du monde le livre était tombé en arrière lorsque le tueur s’endormit.





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