La 124ème planète : L’univers n’avait qu’à bien se tenir (8)

Date 04-10-2015 14:53:16 | Catégorie : Nouvelles





Chers amis, je vous livre le dernier épisode de ma saga de Septembre (qui a légèrement débordé sur Octobre, d’ailleurs…). J’aurais pu certainement d’avantage développer et rendre l’histoire plus riche, mais pour tout dire, j’ai quelque peu hâte de revenir à mon habituelle poésie.
Je remercie infiniment les lecteurs qui se sont accrochés à ce feuilleton : Iste, Marco, Couscous et les autres. Vos encouragements m’ont beaucoup aidé à poursuivre ce feuilleton dont l’inspiration s’était – il faut l’avouer – épuisée aux alentours du troisième épisode…
J’espère renouveler l’expérience une prochaine fois.
Amitié,






Amanda pénétra presque à reculons dans la majestueuse ziggourat monumentale à 40 strates de hauteur : le grand temple de Shahuva de Capitolia. Une jeune novice vint à sa rencontre.
- J’ai un laissez-passer pour les quartiers du sieur Walden. Annonça Amanda sans s’embarrasser de politesse.
Elle venait plus d’une dizaine de fois par an, mais l’immense fourmilière du culte de Shahuva recelait tellement de novices et d’aspirants que c’était à chaque fois une personne différente pour l’accueillir. Amanda marchait le cœur gros dans le dédalle des étages. Personne ne comprenait pourquoi elle s’infligeait si régulièrement ces visites. Amanda pensait qu’elle le devait à Walden.
Oui, elle lui devait.
Au nom de tout ce qu’il lui avait apporté. Au nom du grand homme que Walden avait été…
Huit ans avait passé depuis le fiasco de Khatora. Cette planète minable et excentrée que la folie humaine avait saccagé à la bombe à terraformation avait, à son insu, changée la face du monde.
Sous la férule du sieur Borman (le père de Walden) les nobles de l’empire avait appelé à une vaste enquête. La Haute Cour de Justice ainsi que le Conseil Permanent de l’empire avaient été saisis. On avait fourni toutes les preuves scientifiques et médicales du carnage à grande échelle. Les scientifiques s’étaient indignés et avaient entrainé avec eux d’inquiétants remous dans l’opinion publique. Les hauts dignitaires de la guilde de l’uranium étaient tombés les uns après les autres, avec, en premier lieu Stéphanius le responsable du secteur sud.
Afin d’éviter un procès retentissant qui l’aurait conduit à la peine de mort par désintégration particulaire, Stéphanius avait accepté l’épreuve de l’ « ordalie mentale ». Un scrutateur de pensée avait alors exploré les replis les plus secrets de sa psyché. Hormis ses petites magouilles, Stéphanius ne savait pas grand-chose. Il ignorait l’usine de clonage. On en vint à la conclusion que l’empire avait tout orchestré. Toute son administration tentaculaire avait couvert le crime contre l’humanité au nom du précieux uranium. L’empereur avait été destitué au cours d’un conseil extraordinaire. Le champion du peuple et de la vérité, le sieur Borman avait été élu empereur par les 427 523 000 000 citoyens de l’empire.
Porté par une aura de justicier, l’empereur Borman s’employait chaque année à dénouer deux ou trois scandales bien retentissants de la précédente administration. Le peuple extatique, l’adorait comme un nouveau Dieu Shahuva et il n’était pas rare de croiser son portrait holographe dans les temples et les cloitres.
Tout cela n’avait pas ramené l’esprit de Walden à la raison.
Amanda s’assit en face de lui dans l’immense pièce allongée quasiment sans meubles qui servait de retraite à l’ancien scientifique depuis huit ans. Elle lui raconta comme à l’accoutumer les nouvelles de la galaxie, de son père, de Réagon… Elle n’attendait rien en retour car Walden n’avait plus jamais été lui-même depuis Khatora. Il errait dans des limbes émotionnels, l’œil vide et absent. Amanda qui l’avait tant aimé souffrait à chaque seconde.
Elle allait prendre congé de lui, en lui promettant de revenir dans quelques mois…
- Dans quelques mois, je ne serais plus là. Dit Walden d’un ton calme.
Amanda sursauta et regarda Walden bien en face.
- Où seras-tu dans quelques mois ? Demanda-t-elle la voie tremblante.

- Je rejoindrai les miens, en un lieu secret.

- Qui sont les tiens ? Demanda Amanda, le cœur battant.

- Les descendants de l’ancienne Mars.

Amanda l’interrogea, le pressa de questions, le harcela. Walden était désormais muré dans le silence, aussi absent qu’à l’accoutumée. Affreusement frustrée, Amanda se retira.
Quelques mois plus tard, elle apprit qu’en effet, Walden avait quitté clandestinement le temple de Shahuva. Aidé de complice dont on ignorait l’existence, il avait fuit Capitolia. L’empereur son père, le chercha en vain pendant près d’un an.
***
Au premier temps de la colonisation spatiale, bien avant que le Sémalia-Phora ne soit au point, les terriens avaient fait de multiples tentatives de colonisation de la planète Mars. Ils avaient finalement réussi et avait transformé Mars un endroit sympathique, verdoyant, fait d’immenses vergés aux doux fruits oblongues et violacés. Jamais les terriens n’avaient su la présence des habitants de l’ancienne Mars.
Walden retrouva les siens, ceux qui avaient infecté son esprit par le lien télépathique sur Khatora. Le lieu de rendez-vous était une planète excentrée de l’autre bout de l’univers, pauvre et sans ressource, désertée des prospecteurs et des contrebandiers. Un no mans land qu’on avait rendu habitable « au cas où », mais dont les maigres expédients n’avaient jamais contrebalancé les couts pharaoniques d’une terraformation.
« Nous ne referons plus l’erreur de nous installer dans un lieu où les enjeux économiques attirent à ce point l’attention ». Confia Walden à ses frères par le lien mental qui les unissait.
La petite communauté lui répondit à l’unisson qu’en effet, il y avait lieu de tirer les leçons des précédentes erreurs.
L’avenir s’annonçait meilleure, l’usine de clonage était déjà en place et promettait des générations solides à la nouvelle Mars.
Walden entra dans le cercle de ses frères, l’esprit obnubilé par cette idée commune qu’il fallait croitre et se multiplier jusqu’au jour futur, certes lointain, mais infiniment plausible, où les descendants de Mars seraient assez forts et nombreux pour imposer à l’univers leur présence dans le concert des Nations.
Les descendants de planète Mère détestaient viscéralement tout ce qui se rapprochait de près ou de loin de toute vie extraterrestre.
Et bien, ils ne seraient pas déçus…
L’univers n’avait qu’à bien se tenir.




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