La Princesse et le Crapaud (défi)
Date 27-07-2015 17:44:36 | Catégorie : Poèmes confirmés
| Il était une fois, comme toutes les fois Dans les contes de fées, une belle Princesse. Fille sage, elle était, timide enfant de Roi, Et dans sa solitude, elle voyait sans cesse, Comme toutes les fois, cela nous est conté, Un beau Prince charmant dans un rêve enchanté.
Très souvent, à l’étang, venait cette Jeunesse, S’y assoir humblement, comme il sied à confesse. Elle chantait son rêve, elle criait sa peine, Et maudissait sa vie qui commençait à peine. L’étang lui répondait par ces vagues sanglots Que l’on croit certains soirs entendre dans les flots.
C’est alors qu’attristé par la Petite en larmes, Du tréfonds de l’étang, vient parler un Crapaud, Qui, laid de par nature, en plus n’était pas beau. La Belle, en l’écoutant, tout aussitôt s’alarme.
« Ne vous effrayez pas ! Surtout ne craignez rien, Car je suis votre ami ! » Lui dit le batracien. « Je vous ai vue pleurer, de cette onde profonde, Et voilà que mon cœur, avant qu’il ne se fonde, Vous demande pardon de vouloir vous aider, Au découragement, de ne jamais céder. »
« Oh ! Qui que vous soyez, cessez donc votre nage, » La Belle répondit, ses lames essuyant. « Afin qu’à mots si doux, à ma douleur seyant, Je puisse y ajouter les traits de leur visage. »
« N’y comptez pas, hélas ! Car je suis un Crapaud, De pustules enflées, est couverte ma peau ! »
« Qu’importe votre peau ! Ce que je m’imagine Est votre âme si bonne, et non point votre mine. »
Ces mots si généreux, honnêtes et si bons, Agissent sur le cœur de la bête aquatique, Qui tout au fond du lac, fait des bonds et des bonds, Comme si de nouveau, tel que je vous l’explique, Ce vieux conte de fées, ce vieux conte maudit, Fût encore une fois, tout mêmement redit.
Ces deux êtres, bientôt, à se confier en viennent, Et toujours sans se voir, valsent valses de Vienne, Jusqu’à ce que Princesse, lui dise en un soupir :
« Allez-vous donc, Bêta, enfin vous découvrir, Et faire beau visage à celle qui vous prie, A celle qui vous aime, celle qui vous supplie ? »
Le Crapaud, enhardi, nageant dans le miroir, Lui reste aveugle et sourd, refusant de se voir. Pour plaire à la Princesse, il monte à la surface, Et courageusement, soudain, montre sa face.
La Belle lance un cri, sous la lune qui fuit, En voyant cette horreur, ce monstre, cette chose, Qui surgit, saute et bave, lui sourit et qui ose, S’approcher de son pied tremblant devant celui, Qui la langue pendant de sa bouche odieuse, Désire sur la plante y gober un baiser, Et de sa pureté d’un seul coup l’en léser.
Alors, de son talon, la Princesse furieuse, Avant de s’éloigner, lui écrase la tête, Laissant là , sur le bord, mourir la pauvre bête.
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