Je dédie ce poème à tous les poètes de l'Orée
On lui coupa la main, elle était trop habile A manier la plume d’une pointe subtile.
Mais il lui restait l'autre, il s'en habitua Car pour cesser d'écrire, fallait qu'on le tuât.
On ne désarma point, on vint le lendemain Lui supprimer le membre, ainsi que les deux mains.
Il lui restait le souffle, alors, il a chanté Dans ses plus beaux poèmes : Amour et Liberté.
Cette langue trop noble, demeura incomprise Et tout comme le reste, un jour elle fut prise.
Le Poète réduit à une pauvre loque Ne se résigna point : il se fit ventriloque Et poursuivit son but de faire entendre au monde La laideur des puissants et leurs âmes immondes.
On en avait assez ! On lui trancha la tête Au centre de la Place, au milieu d’une fête. On crut enfin vraiment s'être débarrassé Ce cet être rêveur, utopique et passé.
Mais il restait encore dans un panier tressé La tête du Poète, et qui s'était dressée. Alors, parmi les gens qui chantaient et dansaient, Dans un rayonnement, je vis qu'elle pensait.
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