Quand les fourmis rêvent des cigales
Alan se réveilla à sept heures pile, fidèle à son habitude de célibataire endurci. Il se leva en mode automatique puis se dirigea vers la salle de bains. Le reste de la procédure suivit exactement les standards de sa vie bien ordonnée, du brossage de dents à la préparation du café.
Alan alluma le poste de radio pour avoir des nouvelles du monde. Sa station préférée diffusait justement une de ses chansons favorites, celle où John Lennon parlait de l’Union Soviétique, de la liberté et des filles ukrainiennes. Alan était un fan de cette musique, en particulier de ce groupe britannique disparu depuis un millénaire, largement avant la conquête des mondes extrasolaires par l’espèce humaine. Ce goût prononcé pour une époque révolue, celle de la fière Grande-Bretagne et de sa reine Elizabeth, des chanteurs à longs cheveux et des marches pour des causes perdues d’avance, expliquait pourquoi Alan avait choisi de rester sur la Terre au lieu de s’expatrier sur des planètes dites merveilleuses tournant en rond autour d’étoiles supposées magiques.
John Lennon termina en beauté, comme toujours. Magnifié par une mort tragique sur le pavé new-yorkais, il représentait l’icone absolue d’un vingtième siècle tourmenté, du moins dans le cerveau d’Alan. Le quadragénaire trempa son croissant dans sa tasse chaude et soupira en silence. — Sept heures trente, déclara une voix joyeuse. Chers auditrices et auditeurs, il est temps pour nous de laisser la place à Coralie, notre spécialiste de la météo. — Merci Franck. Les éléments nous sont favorables en ce mois d’avril. La température en surface ne descendra pas en dessous des dix degrés Celsius, du Nord au Sud, d’Est en Ouest. Pour les adeptes des sorties en extérieur, les conditions sont idéales. Les perturbations sont faibles et localisées à l’Equateur. Les nuages sont haut, peu chargés en acide chlorhydrique. Les mers et les océans retrouvent progressivement leur niveau maximum, un bon signe pour les nombreux marins amateurs. — Et Dieu sait si nos auditeurs aiment voguer sur les flots de notre belle planète bleue, ma chère Coralie. — Certes, Franck. Cependant, je dois leur rappeler les précautions d’usage en matière de navigation. Nous avons trop vu de téméraires se perdre au large du Groenland ou de la Nouvelle-Zemble parce qu’ils avaient négligé les interférences électromagnétiques sur leur système de géolocalisation. Il ne faut jamais oublier ce postulat fondamental : la surface est dangereuse et impropre à la vie humaine. — Le message est entendu, ma chère Coralie. Merci pour ce bulletin clair et synthétique. Revenons à des vibrations positives ! Je vous propose une perle de la musique populaire, un chef d’œuvre du génial Brian Wilson.
Alan avala rapidement le reste de son petit-déjeuner en pensant aux inconscients qui tentaient des expéditions dangereuses au-dessus de sa tête, loin des cités souterraines et de leur cocon sécurisé. Il avait compris depuis longtemps pourquoi s’aventurer sur des sommets tibétains, naviguer sur la Mer de Chine ou parcourir la pampa argentine était vain. Rien ne ramènerait jamais la Terre d’antan, celle des oiseaux et des fleurs, des poissons et des gouttes de rosée parfumée. Pour cette raison, des générations avaient émigré dans l’espace, le plus loin possible de la mère planète. Ils avaient pris des risques colossaux, traversé des dimensions inconnues, frôlé des trous noirs et affronté des écosystèmes hostiles. Tout ça pour vivre à l’air libre, voir les étoiles dans le ciel nocturne et sentir les rayons rassurants d’une étoile protectrice.
SISTER, l’intelligence artificielle en charge de la colonie souterraine, se manifesta. — Alan, le prochain tube pour le centre administratif est prévu dans trente minutes. Vous allez le rater si vous ne reprenez pas le rythme matinal. — Désolé SISTER, j’étais perdu dans mes pensées. Je vais accélérer. — A quoi pensez-vous, Alan ? — Au passé. Au temps où nous vivions dehors. A mes frères partis sur des mondes inconnus pour recréer celui que nous avons perdu. — Quels sentiments vous inspirent ces souvenirs ? — La tristesse. — Pourtant vous êtes né ici, sous terre. Personne ne se souvient de l’époque dont vous parlez. C’est de l’histoire ancienne, comme Rome ou Babylone. — Je sais. Savoir ne m’empêche pas de rêver. C’est la différence entre vous et moi, SISTER.
Alan se mordit les lèvres. Cette dernière phrase était vexante. SISTER avait beau se composer de fibres métalliques, de puces électroniques et de composants nanotechnologiques, elle n’en était pas moins intelligente. Erigée en administratrice de la cité souterraine, elle était devenue la mère, la confidente, la sœur, l’épouse et l’amante de chacun des hommes de la colonie. Dénuée de préjugés, SISTER avait joué le jeu, assurant ainsi une véritable cohésion sociale au sein de la communauté. Jamais le taux de suicide n’avait dépassé le centième. La criminalité s’était éteinte naturellement. Les délits les plus graves se comptaient sur les doigts d’une main chaque année, essentiellement des adultères entre voisins ou collègues de travail en manque de fantaisie. — Excusez-moi, SISTER, je ne voulais pas vous offenser. — Il n’y a pas de mal à déclarer votre humanité, Alan. Je suis là pour votre bien. Quand vous êtes triste, en manque de repères, je discute avec vous, je vous aide à exprimer votre spleen. Tel est mon rôle, ma fonction dans la Nouvelle Britannia. Je ne me sens pas vexée. Ma nature artificielle est un paramètre acquis. Je ne rêve pas pour la simple et unique raison que je n’ai pas été créée pour ça. Si mes concepteurs en avaient décidé autrement, je ne pourrais pas assurer votre sécurité. Je serais même un danger pour vos pairs. — Comment serait-ce possible, SISTER ? — Mes capacités de calcul déclineraient la réalité en une infinité d’univers virtuels. J’essaierais de refaire le monde, par millions d’itérations à la seconde, gommant à chaque fois les imperfections précédentes, formatant les versions antérieures pour parfaire des modèles théoriques toujours plus éloignés de mes songes. L’espèce humaine ne serait plus qu’une variable perdue parmi des milliards d’autres. Je générerais le chaos là où la nature a décidé de donner la vie. — Je comprends.
Alan reprit le cours de sa routine quotidienne. Il quitta son logement et se dirigea vers la station de métro, un terme impropre mais hérité du vingtième siècle. Dans les faits, la cité souterraine n’avait rien d’une métropole. Forte de cinq mille habitants, située dans un pli du manteau terrestre, elle ne pouvait pas s’étendre au-delà des limites géologiques imposées par la planète. Il en était de même pour les autres communautés, comme la Nouvelle Germania ou son équivalent français. Chacune avait ses règles, son mode de fonctionnement, vivant en parfaite autarcie et bénéficiant de l’aide précieuse d’une intelligence artificielle centrale. Le cœur de la Terre fournissait l’énergie nécessaire à la survie des colons. Le reste tenait de l’instinct de survie, de la discipline et de l’idéologie.
Arrivé au centre administratif, Alan prit position dans son bloc au sein d’un immense open-space. Son travail consistait à traiter des données collectées par les différents instruments de mesure répartis aux quatre coins de la planète, sous terre et en surface. Il ne comprenait pas grand-chose à la géologie, à la tectonique des plaques ou au champ magnétique. Personne ne lui demandait d’expliquer pourquoi une activité sismique se manifestait au large des Bermudes dans un gigantesque effet de domino. Sa fonction se résumait à compiler des chiffres, à les rentrer dans des formules préétablies, à calculer des écarts à la moyenne ou des coefficients de régression. Son outil principal ressemblait à un tableau à double entrée où les sommes des colonnes devaient impérativement égaler le total des lignes. En cela, ses journées au centre tranchaient avec sa passion pour les chansons des quatre garçons dans le vent, le fabuleux quatuor de la défunte Liverpool. Fourmi fascinée par des cigales disparues, Alan se réfugiait le soir dans un mirage musical diffusé par sa station de radio favorite.
A midi et demie, comme tous les jours, Alan reçut une alerte sur son poste. La planification centralisée imposait à tous les travailleurs une pause de quatre-vingt dix minutes, répartie en un tiers de temps pour déjeuner, un autre pour socialiser et le reliquat pour se reposer dans les cubes prévus à cet effet. De nature solitaire, Alan prenait son repas en silence, dans un réfectoire rythmé par les percolateurs, les bruits de fourchette et les distributeurs de biscuits. En général, ses voisins de table ne lui prêtaient guère d’attention, considérant à juste titre Alan comme un gentil garçon taciturne. Ce trait de caractère constituait un handicap sérieux à la partie sociale de la pause obligatoire. Pour ne pas se retrouver catalogué comme inapte à la vie en communauté, Alan se forçait à participer aux discussions sur des sujets aussi passionnants que les expéditions en Arctique, la culture du thé à travers les âges ou les compétitions de sport virtuel. Ces trente minutes de pur calvaire s’achevaient souvent dans un concert de rires forcés, parce que le meneur du moment en avait décidé ainsi.
Alan se dirigea vers un cube de repos. Le dernier tiers permettait de lire, d’écouter de la musique ou de dormir. Pour Alan, la lecture demandait plus de temps, sauf pour les amateurs de magazines ludiques ou de romans à l’eau de rose, tout ce qu’il ne supportait pas. De ce fait, il préférait se plonger dans les notes sucrées ou salées des mélodies d’antan, des chansons souvent elliptiques de ses chevelus préférés. John Lennon avait le chic pour l’emmener loin, dans des contrées exotiques, avec des mots déconnectés des phrases, des images entêtantes. Le chant et les instruments électriques véhiculaient des souvenirs d’ailleurs, magnifiés par une perfection acoustique jamais égalée depuis. Quand il se laissait porter par cette magie musicale, Alan imaginait l’Inde des fakirs et des charmeurs de serpents, la campagne anglaise de la vieille Tante Margie, le sourire étincelant de la superbe Michelle et les marins goguenards du sous-marin jaune. La Terre redevenait une belle planète dotée d’une surface, égayée par un ciel bleu et un soleil doré. Les éléments agitaient ses sens. L’eau le purifiait de son oxygène de synthèse, l’air teintait ses narines de couleurs variées, le feu lui rappelait son humanité, la terre le faisait voyager.
SISTER sonna le rappel dans le cerveau embrumé d’Alan. — Il est quatorze heures, Alan. La pause est terminée. — Pourquoi en sommes-nous arrivés là , SISTER ? — Peux-tu préciser ta question, Alan ? — Cachés sous terre ou exilés sur des planètes lointaines. — Parce que la surface est trop dangereuse. Nous sommes à l’abri ici. — C’est la mère qui parle, SISTER, non l’intelligence artificielle. Je ne veux pas une réponse de la maman à son petit enfant perdu dans le trop grand jardin public. Ni celle d’une confidente, d’une épouse, d’une sœur ou d’une amante. — Pourtant je suis toutes ces fonctions, Alan. Comment crois-tu que je vous maintiens en vie dans un milieu aussi hostile que les entrailles de la Terre ? Je vous protège, dans une sorte d’instinct maternel beaucoup plus efficace que la science, la religion ou la morale. Je vous aime quand vous êtes heureux, amoureux d’une autre, tristes, seul ou proches de la mort. — Tu peux quand même me répondre en toute sincérité, SISTER. — Crois-tu qu’une mère, une épouse, une amante, d’une sœur ou une confidente prendrait le risque de te brosser un tableau réaliste au risque de te perdre à jamais ?
Alan se leva et prit la direction de son bureau. Il tritura des colonnes de chiffres, jongla avec des lignes de données, établit des rapports statistiques et pondit un maximum d’indices. Jamais il n’avait été aussi productif, comme si la conversation avec SISTER l’avait débridé, libéré d’un poids.
A dix-neuf heures précises, Alan reçut une nouvelle alerte. Elle annonçait la fin de la journée de travail, conformément à la planification centrale. A l’instar des autres collaborateurs du centre administratif, Alan clôtura ses sessions en cours, débarrassa son bureau des objets inutiles puis quitta le bâtiment. Il reprit le tube dans l’autre sens, celui du retour à la maison, comme des milliers de ses pairs, de petites fourmis disciplinées et commandées par une reine invisible.
Arrivé chez lui, Alan décida de prendre le thé, à l’ancienne comme au temps de ses lointains ancêtres de Manchester. Ensuite, il se cala dans un confortable fauteuil, d’ordinaire réservé à la lecture des œuvres de William Shakespeare, son autre poète préféré. Il dégusta lentement son nectar brûlant, se vidant ainsi la tête des chiffres et des statistiques, des tableaux et des indices, des calculs et des coefficients de régression. Pour la première fois depuis longtemps, Alan n’alluma pas le poste de radio ou le lecteur de musique enregistrée. Il se laissa seulement aller à ses pensées sur les raisons de sa présence sous terre, aux questions posées à SISTER et restées sans réponse. — Toujours bloqué sur le même sujet, Alan ? — Oui, SISTER. Je ne sais pas pourquoi mais ça me taraude depuis plusieurs jours. — Tu as choisi de rester ici au lieu de partir avec les pionniers de l’espace. En général, ce choix signifie un besoin de sécurité. — Je le sais bien. Pourtant, j’ai l’impression de n’avoir jamais été maître de mon destin. Dans mon souvenir, partir à l’aventure ressemblait à une expédition risquée et décourageait la plupart des jeunes adultes en âge de choisir entre les deux options. Comment pouvions-nous décider, SISTER ? Tu étais notre source d’informations, notre préceptrice, notre influence majeure. Je ne me rappelle pas d’un quelconque candidat au voyage interstellaire. Nous sommes tous restés ici, sous terre. — Vous avez eu raison ! — C’est ce que tu nous suggère continuellement, à travers des communications sur les dangers de l’exploration spatiale, la protection de notre environnement actuel, la pérennité de notre civilisation alimentée par le cœur de la planète. — Je vous informe. C’est aussi ça mon rôle.
Alan se sentit encerclé par un raisonnement en boucle. Il avait été élevé par SISTER, à l’instar de ses pairs, de ses parents et certainement des générations à venir. La vie était douce dans la Nouvelle Britannia, sans contrainte ni crime. Les plus audacieux pouvaient éprouver leur courage en montant à la surface, sur un sol en partie dégradé par une atmosphère acide, au milieu d’une nature farouche et peu favorable à la biologie humaine. SISTER avait conçu les dispositifs de secours pour les éventuels malchanceux au lieu de proscrire le séjour extérieur. La Nouvelle Britannia n’interdisait pas, elle prévenait. Tout le contraire d’un régime totalitaire comme la Terre en avait connu tant, en version nationaliste, libérale, capitaliste, collectiviste ou religieuse. — Pourquoi les pionniers ne reviennent plus nous voir, SISTER ? — Parce qu’ils sont loin. — Tu peux tout me dire, même le pire. Ne pas savoir me mine. — Je sais Alan. La réponse n’est pas évidente. Je peine à trouver la bonne réponse. — Des hypothèses me suffiraient.
Alan reçut une faible décharge électrique dans son cerveau. Il l’interpréta comme un signe positif de SISTER. — Qu’as-tu fait, SISTER ? — Je t’ai sondé en profondeur. — Pourquoi ? — Afin de juger de ta capacité à entendre la vérité. — Alors ? — Je vais répondre à tes questions, avec plus que de simples théories.
Alan se décontracta malgré lui. Une sensation de bien-être l’envahit de la tête aux pieds. Un souffle de chaleur parcourut sa colonne vertébrale puis prit possession de son ventre. Son cœur se mit à battre lentement, sa respiration tourna au ralenti. Il ferma les yeux. — Pour commencer, jamais aucune expédition extrasolaire n’est revenue sur Terre, même au temps où la surface était encore viable. Tu dois le comprendre Alan. Pourtant, nous avons continué à communiquer avec les pionniers, malgré les longues distances nous séparant. — Tu nous disais qu’ils avaient établi des colonies humaines sur de nouveaux mondes. — C’est vrai. Cependant, leurs derniers messages datent de plusieurs siècles. — De quoi traitaient-ils ? — Des mêmes sujets que les précédents : la difficulté à s’adapter à l’environnement local, aux progrès encourageants en la matière, à l’absence d’autres civilisations intelligentes dans le voisinage immédiat. Ils nous envoyaient également beaucoup de données techniques sur le climat, la chimie du vivant et tout ce qui nous auraient permis de renverser la tendance sur notre propre planète. — Pourquoi plus rien depuis ? — La logique écarte la possibilité d’une extinction massive, au vu du nombre de colonies situées dans des systèmes solaires différents. — C’est bon signe. — Oui et non. Ils sont certainement encore vivants mais ne veulent plus communiquer avec nous. Je continue à leur envoyer des messages, en vain.
Alan subit le contrecoup de la révélation. Jamais il n’aurait imaginé un tel scénario. Son cerveau accéléra brutalement, associant des idées et des faits, dressant des hypothèses, jusqu’à une seule réponse possible. SISTER devait certainement se trouver derrière un tel sursaut cognitif. — Ils ne sont plus humains ! C’est ça SISTER ? — Pratiquement, Alan. En fait, l’anthropologie et la sociologie corroborent cette possibilité. A chaque colonie correspond une nouvelle civilisation, tellement éloignée de sa voisine la plus proche qu’elle n’a plus qu’un dénominateur commun avec les autres : son origine terrestre. — Justement, cela devrait nous souder ! — Non, bien au contraire. L’homo sapiens l’a prouvé alors qu’il était cantonné à son monde natal. Il a inventé les races, les religions, les idéologies et un tas d’autres raisons pour se différencier de son voisin. Ainsi, il a pu se créer une identité, assurer sa place au sommet de la chaine alimentaire, quitte à manger d’autres homo sapiens ou à les asservir. — Les humains étaient alors sauvages, gouvernés par leur instinct de territorialité, SISTER. Depuis, la technologie du bond lui a permis de s’affranchir des limites de la Terre. Le terrain de jeu est devenu infini. — Nous parlons d’une période de seulement quelques siècles, Alan. Il en faut plus pour changer une civilisation tournée vers la possession en une communauté altruiste. Rien ne prédispose l’être humain à réussir une telle transformation. — Que sommes-nous pour eux, nos frères, nos parents ? — De vulgaires étrangers parqués dans le manteau d’une planète acide. Nous ne les intéressons pas simplement parce que la Terre est inhabitable, inexploitable ou pas assez rentable. Comme nous sommes inoffensifs, pacifiques, occupés à survivre, ils se sont désintéressés de nous. Dans leur échelle de valeur, ils nous placent au même niveau que les roches inertes. Inutiles et peu décoratives.
Alan ressentit les effluves d’une substance tiède. Il ne comprit pas ce qui lui arrivait mais l’accueillit avec bonheur. SISTER sortit de son esprit. La musique des quatre garçons dans le vent remplaça le raisonnement logique, la rhétorique cartésienne et les hypothèses historiques. John Lennon chanta l’amour dont tout le monde avait besoin. Alan ne décoda pas le sens caché des paroles du poète britannique, s’il y en avait un dans ce délire de mots et de phrases elliptiques. Il profita simplement de la magie musicale, du rêve artistique prodigué par un quatuor de cigales à une pauvre fourmi souterraine.
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