Regarde, Regarde là -bas, Est-ce que tu vois ? Regarde les montagnes, les vallées Regarde plus loin, Oui, un peu plus loin, Plus loin là -bas Regarde les animaux qui paissent Si paisibles dans leurs près, Regarde les champs, les chemins, Oui, Et aussi, regarde bien, Les fermes, les hameaux, Et là , Là , sur les collines Assemblés comme des commères Autour des clochers qui tintillent Les usines, les bureaux, Les stades, les hôpitaux, Et toutes les maisons de pierres Regarde encore les routes, les bois, Et le serpent du chemin de fer, Et encore plus loin, Là -bas, Les arbres grands, les fleurs, Les lupins et la fougère, Sous les avions et leur cargaison Regarde tu vois ? Autour des maisons des lumières. Et partout des jardins, Vois les vaquer sans peur, Loin des douleurs, Loin de la guerre, Regarde ces humains, Travailler leur terre. Tu vois leurs ventres pleins ? As-tu vu les placards remplis ? Par de jolies mains de manucures, Et les poubelles bien nourries. Regarde, Regarde rouler leurs voitures, Et encore plus loin sous le bleu Tu vois, les plages, le sable ? Tu vois dans la chaleur ? Tu vois dans les parcs ? Les musées et leurs jeux ? Et regarde, Admire le ciel Regarde là sous l'arbrisseau Regarde la glace de l'hiver Et dés l'automne la belle eau, Et partout des rivières, Des poissons entre les cailloux Et aussi regarde, Regarde, ce ciel si doux, Quand il pleut. Regarde, Ouvre bien tes yeux. Écoute, Mais c'est de ceux-là Que vient la clameur ? Écoute, Leurs craintes, leurs plaintes, Jérémiades, pleurnicheries, Écoute, les cris, Les pleurs et les prières. Entends, les stades en furie, Écoute la haine s'exaspère, Écoute les hurler leur ennui. Entends cet appel de la guerre. Ils cherchent partout un ennemi Inoccupés, Ils tuent leurs frères, Les voitures deviennent incendies, Écoute les, Ils se sentent inutiles, Leur force en jachère, Débordants d'énergie Rêvent de briser des barrières Ils dévoient leur esprit Pour détruire père et mère, Trop bien nourris Engraissent, sans rien faire Écoute les, Sans emploi, sans amis, Encore, écoute les, Tourner vers la terre Leurs insatiables appétits, Leur stérile colère. Écoute les Chercher le sens de la vie L'âme en désert, Vides, mais de peur emplis, La cécité les perd, Tourne leur folie, Anéantissent la mer. Écoute les Ils fuient En enfer Partis Amers. Écoutent Pauvres Hères Las, aigris, ramollis Obèrent la vie, De leurs Lazzis De nantis De leurs Pleurs Sans merci... Et puis, Regarde, regarde là -bas, Non, pas là , Là -bas loin, Encore plus loin, De l'autre côté, Dans le froid, sur la glace, Sous le vent, la menace. Tu les vois marcher, Luttant seuls et tenaces ? Regarde de l'autre côté, Tout au loin, Non, là -bas, Vois sur l'horizon, Dans le feux de l'âpre désert, En colonne ils avancent, Le ventre affamé pour salaire Sur le chameau qui danse, En quête de l'eau salutaire. Vois les, Eux... Sans mots, sans cris, Dans les guerres...
Lydia Maleville
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