Nature morte
Une goutte d’eau coule sur une feuille verte Une journée de deuil, je contemple la feuille Ma plume effleure cette dernière Mon égo m’altère Nourri de peur elle est frêle comme notre ère Nourri de pleure, je la mouille comme mon verre
Un ver solitaire dans lequel le verbe s’écoule Il souffre il lui faut de la citronnelle Je goutte le constat amer Quelle peine ! Arrête ! Mais le frein est en arrière Quel pain ! Rempli d’arêtes et je crains les paillettes
Des pépins banals que je prends à la louche Des millions de raisins que je cherche Des justifications empoisonnées s’écoulent dans les bouches Et ressortent de là des péchés en herbe
Ils perdent leurs racines mais ils restent de marbre La dégustation n’est pas digestive
Je ne mors pas mais l’odeur me séduit Des traces sur ma bouche et chaque année s’en suivent Je perds mes racines et je reste de marbre Les verres se cassent, des têtes vacillent Dans leurs yeux, des strasses
Une goutte d’eau écarlate s’écoule sur une feuille blanche Oui ! Les paroles sont vaines Mais une gorgée de souffrance me cerne Avaler ces pommes d’Adam, Me perdre dans ces tonnes d’argent, Ces ors morne d’avance, Ces carences m’ouvrent la porte de la mort
La fumée s’alarme et chaque année s’en suivent Mais ils enchainent les bouchées, le sang fuit de la table Ils mâchent, ils cachent leurs projets Ils te regardent, le bruit des crochets exécrables est incessant Les liquides dégoulinent de la table Leurs yeux sont d’un marbre blanc
Des carnivores aliénés aux crocs acérés Ils s’empressent sur les derniers morceaux pour dégustation La consommation est effrénée Je veux vomir des vérités mais je risque de sortir de table avant le diner Oui tu peux rejoindre les morts à cause de tes idées
Des ronces, des abysses, L’ambiance est nauséabonde La fumée est d’une odeur moribonde Des crémations crâniennes d’une vanité sans nom La soupe est en ébullition
Permettez-moi de sortir de table
Une goutte d’eau coule sur une feuille noire La pauvre est brulée chaque secondes par l’histoire Moi je veux arrêter de manger ces déboires Mais je ne serai plus de ce monde.
Ou est ton humanité ? tu es à l’image de ta société Pourquoi cherches-tu l’équité avec la nature ? Alors que cette dernière t’a acquitté des ratures que tu lui as infligées ?
Jules-Stephane
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