Le Mystère de la Chambre Close (Suite)
Date 10-01-2015 03:30:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées
| Résumé des Chapitres précédents
Le Baron Armand de Valfort vient consulter Walter Morsirisse, détective privé, au sujet d’une lettre de chantage qu’il a reçue d’une inconnue qui signe : V.S. Cette dernière laisse entendre qu’elle viendra chez-lui le même jour, à minuit, réclamer la somme d’argent exigée. Le Baron invite Morsirisse à diner, ce même jour. L’après-midi précédant l’heure du diner chez le Baron, Morsirisse vient rendre visite à son vieil ami Sanvergogne et lui parle de l’affaire. Ce dernier semble cacher quelque chose. Morsirisse n 'insiste pas car il sait que Sanvergogne tôt ou tard lui avouera ce qu'il sait. Il qutte donc son ami. Un peu plus tard.... Il se rend à la Simonière. Le valet Étienne Duboulet lui ouvre la grille de la residence. Walter Morsirisse lui pose quelques questions. Ainsi, Étienne lui confirme que le Baron n'a reçu qu'une seule lettre de menace, renforçant ainsi les soupçons qui pèsent sur la bonne foi du Baron de Valfort.. Peu après Morsirisse est conduit par Étienne jusqu'à la bibliothèque où il fait la connaissance d'Hevé Santéglise, le précepteur de Juliette de Valfort, fille du Baron. Quelle n'est pas la surprise du detective de découvrir que le précepteur possède une envelope bleue, identique à la "letter anonyme" cachée dans le livre qu'il tient dans sa main. L’arrivée de la Baronne met un terme à leur discussion. La Baronne après avoir ‘congédié’ le précepteur avoue à Morsirisse qu’elle est la personne qui a déposé la lettre anonyme sur le bureau du Baron mais qu’elle n’en est point l’auteur. De son côté, le Baron la soupçonne. Morsirisse rassure la Baronne et promet de l’aider à découvrir le coupable. Hélas, le Baron change d'avis et déclare à Morsirisse qu'il ne désire plus que ce dernier ne poursuive son enquête.
SIX
Le diner (Suite)
. Je n’ai pas une minute à perdre, aussi suis-je ravi tout à coup, de voir apparaître Étienne annonçant que le dîner est servi. Désormais, la question urgente qui se pose pour tous est de savoir si Mélanie la cuisinière a réussi sa mayonnaise. Le Baron et son épouse sortent les premiers, et nous les suivons. J’ai offert mon bras à Juliette. Délibérément, je ralentis le pas lorsque nous traversons le hall. Je lui glisse à l’oreille : « Vous avez oublié une enveloppe bleue dans la bibliothèque, après votre leçon. Voulez-vous que je vous la rende ? » La jeune fille me regarde, surprise. « Une enveloppe bleue ? - Oui. Celle-ci, lui dis-je en la lui montrant. La désirez-vous ? » La jeune fille fronce les sourcils. « Mais ! Elle n’est pas à moi. Et puis, j’ai horreur du bleu. C’est une couleur trop masculine. » Ah ! Tiens ! Un mystère de plus. Santéglise a –t-il menti ? Je n’insiste pas. La petite semble bien savoir ce dont elle parle, et je ne désire pas attirer l’attention sur nous. Nous continuons donc de suivre le Baron jusqu’à la salle-à -manger, où nous nous séparons. Je me retrouve assis à la droite de mon hôte, son épouse lui faisant face à l’autre bout de la table. Stratégiquement, nos positions forment un triangle dont la base est égale à la longueur de la table ; je ne suis que le petit ‘sommet’ plus près du Baron que de la Baronne. À gauche et à droite de cette dernière sont respectivement assis Juliette et Santéglise, son fidèle précepteur. Le reste de la famille se trouve à coté de ce dernier, tandis que Dame Chaboix siège à ma droite. L'atmosphère est détendue. Tout le monde semble vouloir s'adonner au plaisir de cette soirée qui s'annonce délicieuse. Les invités sont prêts à satisfaire joyeusement leur appétit. Je suis loin de prévoir ce qui va se passer dans quelques secondes. Un incident. Juste un incident. Mais un incident bizarre. Dame Chaboix demande à Juliette si elle a bien étudié durant la semaine. La petite est timide et je m'attends à la voir de nouveau hausser les épaules en rougissant. Or, à ma grande surprise, elle répond que oui, avec un enthousiasme inhabituel. Cela encourage Dame Chaboix à l'interroger sur ce qu'elle a appris aujourd'hui. La pauvre petite n'a pas encore ouvert la bouche pour répondre à la vieille Divette, que la Baronne donne une tape sur le bras de sa fille, et lance un regard foudroyant à Dame Chaboix. « Ce n'est guère le moment, Irène, de parler des études de Juliette ! » La malheureuse Divette en a le souffle coupé. Elle n'arrive pas à prononcer une parole. Pour ma part, la réaction de la Baronne me paraît être des plus étranges. Pourquoi l'éducation de Juliette, un sujet aussi cher aux personnes présentes, n'aurait-elle pas eu sa place à cette table où sont assis ceux qui aiment tant cette enfant ? Tout le monde a les yeux rivés sur la pauvre Dame Chaboix confuse et troublée, et Juliette au bord des larmes. Pourtant, si la réaction de la baronne semble étrange, plus curieuse est celle du baron. Étant à son côté durant la « scène » causée par son épouse, je n’ai pu m’empêcher de noter qu’il a porté immédiatement la main à son cœur. Puis tout redevient normal. Cela me paraît bizarre. La baronne adore sûrement sa fille…Je suis certain qu’elle n'a pas voulu faire de peine à Juliette. Elle désirait seulement que cette dernière ne répondît pas à la question de Dame Chaboix. Pourquoi ? Sa conduite est-elle une attitude envers cette dernière ? Elles me paraissaient, toutes les deux en excellents termes. Cela me paraît incompréhensible… Quant au Baron, pourquoi ce geste ? Il ne paraît, ni souffrant, ni anormal. Je ne peux trouver aucune explication à ce geste insolite. Il est permis à tout le monde de poser la main sur sa poitrine, mais je suis si proche de lui que cette proximité m’a permis d’apprécier la singularité de ce mouvement qui pourrait être normal mais que je qualifie d'insolite. Je crois que ce qui me frappa dans ce geste en fut la rapidité excessive et le sursaut qui l'accompagna. C'était comme s'il voulait se protéger d'un danger imminent, quelque chose qui le menaçait en cette seconde précise. Mais pourquoi le baron se serait-il senti en danger pour une petite tape sur le bras de sa fille ? Le mot danger ne convient sans doute pas. Peut-être était-ce de l'embarras ou de la colère produit par la scène causée par la baronne ? Je ne cesse de m’interroger. À part cet acte étonnant, que fit-il ? Rien. Tout est redevenu normal. La mayonnaise accompagnant le saumon poché s’avère finalement être un succès. On félicite Mélanie. Je demeure beaucoup plus perplexe que je n'en donne l'impression. Je fixe le visage de la vieille divette. Après tout, elle fait partie de la liste des suspects. Elle fut, j’en suis sûr, la maîtresse du Baron. Elle pourrait avoir tenté ici de créer un incident. Elle pourrait fort bien être le corbeau qui a déclenché tous ces événements. Les autres invités furent également témoins de la scène qui s'est déroulée durant le dîner… Ont-ils noté ‘le geste’ du baron ? En savent-ils plus sur ce réflexe ou, ont-ils mieux su l'interpréter ? Je dois interroger plus tard la baronne de Valfort… Cette femme qui a causé un tel mouvement de frayeur à son époux doit pouvoir m’éclairer… Mais soudain, je revois, ou plutôt, je me rappelle avoir surpris, au moment où le baron de Valfort mettait la main sur son cœur, un sourire flotter dans l'assemblée ? Parmi les convives installés à la table, quelqu'un avait souri. Mais qui ? Je ne me souviens que d’un sourire. Un sourire sans visage. Un sourire complice. Coupable. Triomphant… Mais qui a triomphé ? Le dîner se termine et rien n’est arrivé au Baron. Il est sauf. Ainsi que tous ses invités. Donc, qui a triomphé ?
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