Mon ras le bol hebdomadaire chez mon psychanalyste
Date 15-12-2014 09:20:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées
| Réponse au défi de la semaine :
http://www.loree-des-reves.com/module ... hp?topic_id=3048&forum=21
Ah ! la journée se termine enfin, arrive bientôt le moment pour moi de me rendre chez mon psychanalyste préférée pour exprimer le ras-le-bol de mon quotidien professionnel et le ras le bol au sujet des imbéciles, des pervers narcissiques qui m’entourent. J’ai réellement besoin de cette heure hebdomadaire dont je m’aperçois qu’elle est devenue une véritable addiction. J’ai choisi le vendredi après-midi, de manière pratique, avec l’espérance de me libérer l’esprit et le cœur avant les activités reposantes du week end.
A chaque fois, avant de commencer la séance, mon psychanalyse me place dans un espace confiné avec seulement comme décor une table et une chaise, dissimulées derrière un rideau, sans doute pour faire monter en moi, de manière monacale, mon ras le bol hebdomadaire afin qu’il explose en un feu d’artifice lors de notre moment de partage. Si tel était son objectif, il allait vraiment être récompensé, cette fois-ci, car la semaine avait été tapissée de toutes les mauvaises intentions de l’enfer.
Mon tour arrive enfin. Il est vraiment grand temps.
- « Bonjour Docteur, - Bonjour Jacques. - Je vous écoute mon fils ; pardon, je vous écoute Jacques ! - Ecoutez Docteur, c’est pas compliqué, cette semaine rien n’a fonctionné, à croire que le sort s’est acharné tout spécialement contre moi. Cela a commencé dès lundi, je me suis réveillé avec un mal de tête, le tgv m’amenant à Paris est arrivé une heure en retard, et la réunion de direction du lundi matin a été supprimée. J’en ai assez de ces réunions que l’on supprime, le lundi matin, sans que l’on en soit informé préalablement. Cela a continué mardi. Ah mardi ! j’arrive dans un établissement de santé et je découvre la mise à pied du directeur et l’encadrement abattu. Ne voilà -t-il pas non plus que les personnels roulants du RER se mettent en grève le soir même. Passons maintenant au ras le bol du mercredi, de retour au bureau, je trouve que le temps est bien long pour passer d’une fenêtre à l’autre sur mon ordinateur, en mode connecté. Je ne peux plus envoyer de courriels, ma messagerie étant saturée. Et je n’ose pas vous présenter mes soucis du jeudi. Je suis saturé de messages de personnes qui mettent en copie la planète entière de la société pour se couvrir, se dédouaner, « passer la patate chaude » à un bouc émissaire éventuel, en espérant naturellement que cela soit vous. Que dire de cette réunion projetée pour prendre une décision collégiale sur un sujet crucial pour la société et qui se termine dans le consensus mou et la création d’un groupe de travail ! Sans oublier les trois personnes que la réunion ennuyait et qui passaient leur temps à consulter leur téléphone portable. Enfin, heureux que vendredi soit là , l’apothéose du ras-le-bol, la quintessence de l’agacement, un flagrant délit de contradiction entre les membres de la direction concernant une démarche de sécurité des patients… Dites docteur, vous n’avez aucun problème ce soir ! Tout va bien pour vous. Aucun ras-le-bol en perspective pour vous ou pour les vôtres. - Jacques, ce n’est pas ma séance, c’est la votre ! - Souhaitez vous que je continue ? - Je vous propose que nous fassions ensemble une synthèse de toutes ces sources de ras-le-bol. Certes, elles semblent s’être déroulées à un rythme effréné mais ne croyez vous pas qu’elles fassent toutes partie de la vie quotidienne des gens ? - Oui, c’est bien cela, elles se sont succédées à une cadence trop rapprochée ! - En êtes vous sûr ? Ne pensez vous pas qu’en d’autres temps, elles puissent être aussi nombreuses, voire moins nombreuses, et qu’ici et maintenant certaines causes personnelles peuvent être à l’origine de cette perception exagérée de la réalité ! - Oui sans doute, mais aujourd’hui, vu le temps qui court de plus en plus vite, je veux aller à l’essentiel, je veux m’investir dans des projets aux résultats possibles et enrichissants. Je ne veux plus être un chevalier errant, un Don Quichotte. - Dois-je comprendre que vous souhaitez mener des actions et obtenir des résultats de grande valeur à vos yeux ? - Oui, c’est tout à fait cela, et aller également jusqu’au bout des projets et pas en reporter le terme pour ménager Pierre ou Paul. - Je vous trouve déjà plus serein. Dites vous finalement que râler n’est pas une option et que se poser est utile à comprendre la source de votre ras-le-bol. - Comprenez moi bien, je désire fuir ce qui me blesse, je désire m’éloigner des pédants, des cyniques, des courtisans en quête de notoriété très éphémère, des arrogants. Les certitudes m’agacent, les incertitudes me rassurent, pour autant, je crois à l’importance des faits et des preuves qui dirigent la pensée et canalisent les projets. Je veux jeter aux orties les commérages et les bavardages sans fins… - En disant tout cela, vous faites ainsi le point sur ce qui vous fait râler. Vous devriez en établir la liste exhaustive. - C’est une invitation à poursuivre docteur !... J’aime la contradiction, j’aime la controverse, j’aime les avis contraires qui sont sources d’enrichissements mutuels. J’aime la bienveillance, j’aime que les remarques soient faites sans désir de blesser. J’aime que l’on encourage les personnes dans la difficulté. Je pourrais prendre comme devise : rien n’est jamais gagné, rien n’est jamais perdu. Je veux avoir de la sagesse que pour celles et ceux qui en ont… Je me sens maintenant nettement mieux ! - Pensez vous que votre liste soit complète, ici et maintenant ? - Au regard de mon ras-le-bol actuel, je crois qu’elle l’est. - A l’avenir, je crois que vous devriez identifier votre « râlerie reflexe » et identifier vos engagements personnels pour y répondre.
L’heure de ma séance hebdomadaire se termine. Dès lors que la porte du cabinet de mon psychanalyste fut passée, le ras-le-bol a disparu. Mon téléphone portable sonne. Ma fille m’a laissé un message nous indiquant un nouveau changement programme pour le week end prochain. Je crois qu’un nouveau ras-le-bol va s’installer à la maison. Je décide de relativiser tout cela en pensant aux belles activités musicales dudit week end.
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