Les artichauts à la parpaioun
Date 20-10-2014 17:51:07 | Catégorie : Nouvelles
| Le frigo est vide, il faut que j’aille faire le plein de légumes. Direction le marché. Je voulais des radis, mais la saison est terminée. Sur l’étal de superbes artichauts me font de l’œil. Allez, j’en achète trois, on verra ce que je peux en faire !
En rentrant, je passe devant le bouquiniste, j’aime bien fouiller dans tous ces vieux livres. Tiens ! Un livre de cuisine, il date de 1822, c’est une vieille édition, j’adore. La couverture est en cuir, et les pages jaunies. Je vais peut-être trouver une recette originale pour mes artichauts.
Le Cuisinier royal ou l'art de faire la cuisine, la pâtisserie et tout ce qui concerne l'office pour toutes les fortunes, d’ André Viard,Barba. De retour à la maison, j’ouvre mon tout nouveau livre, « Artichauts à la barigoule », ça a l’air pas mal, mais un peu compliqué, il va falloir que je simplifie un peu :
Il faut que je me renseigne sur la barigoule. Je vais aller voir, mon voisin, il a un très beau potager, et il collectionne les légumes oubliés.
- Des barigoules, je n’en ai jamais cultivé, ils étaient très populaires jusqu’au milieu du 18 ème siècle. Mais, attends, j’ai un champignon qui leur ressemble.
Il va fouiller dans une remise qui se trouve au fond de son jardin. Il revient avec un bocal ou nagent d’étranges légumes.
- Ce sont des parpaiouns. C’est un ami qui me les a donnés. C’est un beau cadeau que je te fais là , je ne les ai même pas goûtés. Tu me diras ce que tu en penses.
Va pour les parpaiouns ! Le nom me plaît. Je vais faire des artichauts à la parpaioun. Au bout d’une heure, mes artichauts sont cuits. Une délicieuse odeur empli la maison. J’ai invité un vieux copain à dîner. Il sort d’un jeûne de huit jours. C’est un adepte des médecines douces. Il aime purifier son corps de tous les pesticides et les hormones que l’on trouve dans la nourriture classique. Mes artichauts sont bios, mes champignons aussi. L’ensemble de la recette est peut-être un peu grasse, mais j’ai tenté d’égoutter le mieux possible, pour qu’il n’y ait pas trop d’huile.
- Hummm, tu as encore fait des merveilles ! Qu’est-ce que tu nous as préparé ?
- C’est une recette ancienne avec un nom rigolo : « des artichauts à la parpaioun »
- Je me demande où tu vas chercher tout ça ! Le nom me fait penser au Youncouncoun, le diamant du film de De Funès
http://www.youtube.com/watch?v=tSQVMb0n_lE
- Rien à voir. Mais ce sont quand même des champignons très rares, donc très précieux. Peut-être que je ne pourrai jamais en refaire. Le parpaioun n’est pratiquement plus cultivé.
Le plat est délicieux. Nous finissons nos assiettes et partons au salon déguster un petit Bourbon rond moulu au dernier moment, qui nous laissera le goût du café sans les désagréments de la caféine.
Le fauteuil est très confortable et j’ai l’impression de m’enfoncer dans les coussins. Une impression de bien-être m’envahit. Mon ami parle d’extra-terrestres et de civilisations inconnues qui vivraient sur d’autres planètes et seraient beaucoup plus avancées que nous. C’est son sujet favori. Je ne crois pas vraiment à toutes ces foutaises, mais il est intéressant.
- Des scientifiques pensent que pour communiquer avec d’autres mondes, il nous faudra apprendre le langage des cétacés. Mais il apparait grâce à de nombreux témoignages, que les extra-terrestres seraient déjà parmi nous. Ils ont l’apparence d’humains, et travaillent pour différents gouvernements, il y en aurait aux Etats-Unis, à des postes clés.
Alfi est passionné par ce sujet, il me semble qu’il va quand même un peu loin.
- Tu sais mon vrai prénom est Alfihar, cela signifie, « L’hôte des Elfes ». Ma mission est d’être prêt à les accueillir. On compte sur moi. J’ai besoin d’aide, ils sont plus nombreux que tu ne le penses. Ils veulent s’installer sur la Terre.
J’ai un peu de mal à lui répondre, il est tard et je commence à être fatiguée.
- Ils sont pacifiques, et veulent nous aider. Ils sont beaucoup plus avancés que nous. Ils viennent sur terre depuis déjà longtemps. Il y a des témoignages, des milliers de gens ont vu leurs soucoupes arriver et se déplacer à des vitesses fulgurantes. Très souvent ils déconnectent les radios des avions militaires pour éviter que l’armée ne les empêche de travailler.
- Mais que veulent-ils ?
- Ils nous observent. Ils ne nous feront jamais de mal, sauf si nous représentons un danger. Nous malmenons la Terre, une catastrophe écologique imminente pourrait le forcer à intervenir.
- Mais comment sais-tu tout ça ?
Il s’approche de moi. Sa voix a changé, les contours de son corps sont imprécis.
- J’ai le gène E.T. Ça veut dire qu’ils ont commencé à se mélanger à notre population. Je pense que tu l’as aussi.
- Tu délires, ma famille est bretonne ! Pas extra-terrestre !
Sa voix ne me parvient plus de façon classique. Je ressens ce qu’il dit plus que je ne l’entends.
- Ils sont là . Nous faisons partie de leur comité d’accueil. Viens avec moi.
Il me tend la main, et nous sortons dans le jardin. Un engin lumineux est posé sur l’herbe. Je suis éblouie par les phares et je ne distingue pas grand-chose. Une femme s’avance vers moi, elle me fait monter dans le véhicule.
………………….
Je me réveille, je suis dans mon fauteuil. Alfie est parti. Il fait grand jour. Nous n’avons pas bu d’alcool hier soir, donc ce long sommeil n’est pas dû à un excès. La vaisselle est restée dans l’évier, l’odeur qui s’en dégage est assez répugnante. Je regarde l’heure 11 heures du matin ! Ce sont les champignons qui nous ont joué des tours j’en suis sûre. Je me sens barbouillée. Une bonne douche, une petite marche et tout va rentrer dans l’ordre. Dehors il fait beau, je me dirige vers les boutiques. Je vois le journal :
L’OVNI aperçu au-dessus de Sanvic il y a 10 jours, fait toujours couler beaucoup d’encre, nous recueillons les témoignages.
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