Société moribonde

Date 20-09-2014 12:17:23 | Catégorie : Essais confirmés


Aujourd'hui, on assiste à une déflagration généralisée du système politique français. Celle-ci me fait penser aux mois qui ont précédé la Révolution Française, lorsque le système étatique de l'époque qu'était la Monarchie Absolue était à bout de souffle. Sclérosé à tous les niveaux, d'une complexité telle que la société dans son ensemble était, non seulement paralysée, mais aussi toute proche de banqueroute généralisée, et que c'étaient les plus modestes sur lesquels les impôts pesaient le plus lourdement.
Depuis cette époque, qu'est ce qui a changé ? Le pouvoir a changé de mains. Nous sommes passé de la royauté à la démocratie. Enfin, une parodie de démocratie, puisque ce sont toujours les mêmes élites - qu'elles soient de gauche ou de droite - qui se partagent le pouvoir. Quelques centaines de "Gouvernants professionnels" qui changent de place et de fonction au gré des fluctuations du gouvernement. Des personnes sorties des grandes écoles, qui croient tout savoir, qui s'imaginent meilleures que les autres parce qu'issues de ces institutions prestigieuses ; mais qui n'ont, la plupart du temps, aucune idée de la Réalité du quotidien ; du prix de la baguette de pain ou du ticket de métro, pour reprendre une expression qui a fait long feu. Qui se déplacent uniquement en taxis, en voitures de fonction, en jets financés par nos impôts. Qui déjeunent ou dînent continuellement dans de grands restaurants, au sein de lieux prestigieux, ou, dans le pire des cas, servis par des domestiques, puisque payés des sommes faramineuses pour les fonctions qu'ils occupent.
Ils sont surpris, ne comprennent pas, le mécontentement grandissant des petites gens. Ils passent des mois ou des années à instituer de nouvelles réformes afin d'améliorer le sort des populations dont ils ont la charge. Mais, au mieux, ces dernières ne modifient en rien la vie de celles-ci ; au pire, elles rendent leur existence encore plus amère et plus compliquée. D’impôts nouveaux en réglementations et procédures de plus en plus lourdes et exigeantes, ils n'ont aucune notion de leurs priorités, de leurs besoins véritables. Pour eux, nous ne sommes que statistiques et électeurs éventuels dont ils se souviennent de l'existence au moment des élections ; et qui, au cours de cette période précise, promettent monts et merveilles s'ils sont élus ou réélus ; sachant toutefois qu'ils ne pourront ensuite jamais tenir leurs engagements.
Dans un monde globalisé comme le notre, ils sont parfaitement conscients que le véritable pouvoir est de moins en moins entre leurs mains. Mais, comme leurs prédécesseurs des mois qui ont précédé la Révolution Française, ils s'accrochent coûte que coûte à leurs prérogatives et à leurs privilèges. Ils tentent désespérément de croire qu'ils sont capable de renverser une situation qui leur a échappé depuis longtemps. A une époque où le pouvoir de l'argent, de la finance, des multinationales dévorant sans état d'âme les petits, qui font plier ceux qui ne se soumettent pas à elles, où les individus ne sont plus que des consommateurs en puissance, des moutons à tondre jusqu’à ce qu'ils n'aient plus d'argent à dépenser, qui détruisent l'environnement afin d'en tirer le maximum de profits, qu'il est nécessaire d'abrutir par des émissions de télévision qui ne sont que des vitrines destinées à leur faire acheter davantage encore ; qu'il faut transformer en esclaves modernes en les exploitant dans leurs emplois le plus souvent précaires - en leur en demandant toujours davantage, tout en les payant de moins en moins. En poussant les jeunes de cités en voie de délabrement à la délinquance ; en les ghettoïsant pour que les possédant, les plus aisés, n'aient pas la vue choquée par cette misère - sociale, culturelle - galopante. En s'insurgeant ensuite qu'ils se radicalisent et qu'ils se jettent à corps perdu dans les bras d'une Religion extrémiste, et en pérorant : "Ils n'ont qu'à bosser !!!". Mais, qui veux d'un jeune perdu que l'on repousse systématiquement dans sa cité pour ne pas être mêlé au "bas peuple", qui veux d'un handicapé "qui fait tache dans le paysage". Qui veux d'un senior "trop cher parce que qualifié et méritant une rémunération en conséquence".
Il est certain qu'un jour ou l'autre, comme les émeutes de 2005 l'ont montré, à cause de la pauvreté grandissante de la majorité, dans un pays soi-disant l'un des plus riches de la planète, les craquelures qui se dessinent depuis plusieurs dizaines d'années, vont se transformer en gouffres abyssaux. Et ceux-ci vont engloutir la société française toute entière. Sauf que, cette fois-ci, contrairement à 1789, puisque les pays "européens" et au-delà, sont interconnectés les uns aux autres, ce sera l'ensemble du système qui s'écroulera alors sur lui-même. Il ne manque plus qu'une étincelle assez forte pour mettre le feu aux poudres. Chacun en est conscient ; chacun attend en spectateur la catastrophe annoncée. Et le jour où celle-ci s'embrasera, rien ne pourra l’arrêter. Et ceux qui se croyaient à l'abri, grâce à leur fortune où leur pouvoir, réaliseront qu'il n'existe qu'une seule véritable force en ce monde : celle du peuple. Sauf que lorsque le peuple se révolte véritablement, c'est comme une vague déferlante, un tsunami emportant tout sur son passage. Et, comme cela a été le cas pour les révolutions précédentes, rien ne sera ensuite plus jamais comme avant...



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