Le zèbre esseulé
Date 08-05-2012 17:10:00 | Catégorie : Poèmes
| Le zèbre esseulé
Les collines au matin calme creusent une douce rivière, Des flamands s’enlacent dans les airs Et viennent déposer un peu de rosée à cette histoire
Le zèbre esseulé brûlant de liberté, à la rivière boit. Sa peau si parfaite, au tempérament si net Tout le monde le reconnaît, mais personne ne le regarde. Il est seul.
Paisible là où la misère sévit sur les collines alentours, il boit et rêvasse. Les rayures de sa peau ne mentent à personne, il est zèbre, et même seul Il reste zèbre. Tout le monde le sait.
Mais un zèbre dont le pelage rayonne seul, cela inquiète. Très vite, la bande de singes qui rodaient dans les arbres du coin, fuit et l’ignorent d’une sorte d’indifférence qu’on ne s’avoue jamais à soi-même. Tout autour, on négocie, on vend, on feint, on joue.
Mais le zèbre, lui boit. On préfèrerait le voir feindre et négocier, mais il boit. Ses lèvres se trempent sur les rebords du présent, dont le plaisir timide suffit à son bonheur. Son seul génie, il le tient dans ses narines où l’air humide de la rivière s’engouffre.
Enivré par l’odeur étale de l’eau, son génie le perd. Car n’a-t-il pas senti maintenant autour De lui, la présence rampante des hyènes, qui dans l’ombre des collines se sont glissées comme un souffle. Déjà les rayons noirs, blancs et lumineux de sa peau viraient au rouge, car le négoce n’attend pas.
Le voilà qui flottait sur la rivière, doucement.
Antarès
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