Ballade pour Loriane
Date 25-04-2014 21:40:00 | Catégorie : Poèmes confirmés
| Ballade pour celle qui souffre dans les ténèbres :
Bon, d'accord, on t'a plaint. Maintenant, on t'engueule. Crois-tu qu'on admettrait que Loriane, seule, Traînant son corps d'albâtre en son appartement, Attende de guérir, allongée calmement ?
Crois-tu nous faire gober qu'au matin, au réveil, A l'instant ou tu crois que tes douleurs sommeillent, Tu ouvres un premier œil et, instantanément, Tu oublies le ménage en ton appartement ?
Crois-tu qu'il soit besoin de venir, invisible, Te voir crapahuter sur le sol, invincible, Vers le frigo sauveur, brusquement plein d’appâts, Qui te fait miroiter un frugale repas ?
Nous crois-tu ignorant que, dans ta salle d'eau, Où tu es parvenue en rampant sur le dos, Le miroir ne voit plus que le haut de ta tête Parfois, en sautillant, et lorsque tu t'entêtes ?
Un homme, en ce domaine, a beaucoup à t'apprendre: On ne souffre pas seul, tu devrais le comprendre, Et un homme, toujours, plongé dans la douleur, Se trouve, juste à point, une pauvre âme sœur.
Quand Tarzan a bobo, c'est Jane qui transpire. Il tête les bouillons, elle affronte le pire. Quand l'agonie, soudain, frôle l'apothéose, C'est fou ce qu'elle endure et dingue ce qu'il ose.
J'en ai connu, crois-moi, de merveilleux déclins, Tout bordé de mots doux, de bisous, de coussins, Et l'idée de guérir me laissait bien navré En songeant qu'il faudra, bientôt, me relever.
Tu devrais m'écouter : rappelle tes amours Et dis-leur fermement : Voilà ! c'est votre tour. Vous avez su, béats, partager le meilleur, Venez me voir souffrir, si vous avez du cœur
Et du cœur, ils en ont, puisque tu vas leur fendre. Tu verras comme un homme sait bien se défendre. Jamais ils n'oseront négliger leurs affaires; Ils sont trop occupés et ne pourront rien faire... .
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