Racines.
Date 23-04-2014 21:30:00 | Catégorie : Poèmes confirmés
| A force de marcher sur les chemins de France Et de poser mon sac au hasard, n'importe où; D'avoir croisé l'amour, l'amitié, la souffrance Sans choisir le meilleur et acceptant le tout, A force de bâtir sur de nouvelles terres Des nids sécurisants pour abriter les miens Sous un ciel flamboyant ou des cieux plus austères, Repartant à zéro, créant de nouveaux liens, A force d'accepter, dés lors que je m'installe, Tout ce qui fait l'esprit de mon pays nouveau, D'oublier que je suis un enfant de la balle Qui cherche à se poser et par monts et par vaux, Je n'ai plus de racines et, parfois, quand j'y pense, Tendant à oublier d'où je viens, où je vais, Je me dis que la voie sur laquelle j'avance M'éloigne sans arrêt de celle que j'avais .
Ceux qui, quand vient le soir, assis devant leur porte, Regardent le chemin qui borde leur maison, Respirant les parfums que le vent leur apporte, Rappelant leur jeunesse, au fil des saisons, Saluant de la main le vieil ami qui passe, Dont ils ont partagé le banc de leur enfance, Ceux-là ne cherchant pas, pour vivre, un autre espace, Ne partiront jamais sur les chemins d'errance. Leur regard reconnaît tout ce qui les entoure : Le platane ombragé et qu'ils ont vu pousser, Le vieux banc vermoulu qui vieillit dans la cour, La grille de l'entrée, aux pointes émoussées. Ils savent que les murs de la vieille maison Ont conservé les cris de joie et de douleur, Ils savent que les fleurs, à la belle saison, Auront les mêmes tons et les mêmes odeurs. Leurs racines, nourries du sol où ils sont nés, S'écarteront un jour pour leur laisser la place; Et la terre enrichie déjà par leurs aînés, Continuera encor à perpétuer leur race.
Mes racines perdues, me restent les bourgeons Qui donneront un jour les graines de mon arbre. Et pourquoi pas, un jour, au milieu des ajoncs, Ne trouverais-je pas racines sous mon marbre ?
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