Pensée pour une âme oubliée

Date 04-04-2014 13:24:00 | Catégorie : Poèmes confirmés


J'ai, parfois, un flash , un visage qui m’apparaît et qui n'accepte de disparaître qu'après avoir reçu sa part de souvenirs.
J'obéis toujours aux désirs des âmes éteintes.


Je voulais, ce matin, un poème un peu gai
Amenant un sourire à qui voudrait me lire.
Ma plume dérapa et je posai ma lyre.
Une image était là, tenace, et m'obsédait.

Tu n'étais rien, pour moi.Tu voulais un ami;
Juste un petit copain pour parler, quelques fois.
J'ai cru l'avoir été, en toute bonne foi.
Je le sais aujourd'hui; je l'étais à demi.

Tu étais dirions nous, esclave en ta maison
Et que tu sois battue n'avait pas d'importance;
Cela était, pour toi,la moindre des souffrances
Même si tu l'étais souvent et sans raison.

Ton secret, pour chacun, n'était pas un mystère.
Tu ne sortais jamais pour qu'on ne sache pas,
Assumant la maison, les corvées, les repas,
Et puis, quand il rentrait, tu étais à ton père.

Ta maman s'éteignait couchée, jour après jour.
Elle avait au poignée un numéro gravé.
Elle n'a jamais parlé de tout ce qu'elle savait
Et s'en alla sans bruit, sans regret, sans amour.

Toi, petite Lucie, subissant ton calvaire,
Toujours obéissante et non pas résignée,
Tu suivais le destin qui t'était assigné,
Ne connaissant la vie qu'à travers ses revers.

Alors, dans la journée, parfois, quand je passais,
Tu restais un moment sur le pas de ta porte.
Tout ce que je disais te faisait rire. Qu'importe
Si ton père, l'apprenant, allait te tabasser.

Mais comment as-tu pu, les ailes déployées,
T'enfuir un beau matin, à bord d'une péniche
Avec un marinier n'étant ni beau ni riche ?
Tu bouclas ton histoire un matin gris, noyée.






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