BATEAU LE DIOLA
La pétrifiante turbulence des cauris effrayés par ces ressacs intranquilles D’une mer en furie Et un bateau dans le noir
Naufragés en famille Mille vies manquantes Quand se comptent vite les morts Sur les bouts des doigts de l’espoir crédule Un corps d’homme un corps de femme Et un bateau dans le noir une île Une tempête et de terribles pleurs d’enfants Un biberon qui flotte, Un écran de téléviseur savant qui donne un clin d’œil Un bateau chaviré dans cette tempête la nuit
Des eaux ténébreusement glacées Où l’espoir d’être rescapé se noie Où l’amitié de douze ans Sous l’écume des vagues Brusquement se noie
Dix ans qu’Ils se sont placés placides Face aux resserres de la mer Que les flux apportent En restes de serments Passés un moment d’ivresse Dix ans qu’ils attendent sur la plage Ils attendent leur vie Que les reflux emportent un peu chaque jour Dans un rire sarcastique Loin vers les mers évasées
Il n’y a plus qu’un faible espoir Flottant léger sur la crête des vagues profondes Ils n’ont compris que très tard Les caresses brulantes de la plage Pour rester pièges opérants Sont des pièges desserrés Leurs pleurs-poignards t’empoignent Te rivent au fond des algues Et brusquement te noient Et te noient pour toujours Sous le regard hagard des cauris effrayés Eventrés larges par les remous de la mer
Après tant d’années de vaine attente Se peut il que je revienne vers la niche ténébreuse De leurs blessures renouvelées Je serai pansement sédatif Et par des mots à trois couleurs Soufflés légers sur leurs maux couverts Je guéris de la peur par miracle Je guéris des pleurs par miracle Je guéris de la vie par miracle Par miracle Je guéris de la mort
Alassane NDIAYE ISRA
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