La Fille Maire

Date 05-01-2014 21:30:00 | Catégorie : Nouvelles


La Fille Maire
( Attention ! Pièce basée sur le Jeu de mots entre "Maire" et "Mère")

Durée approximative : 20 minutes

Distribution

MAURICE : Le patron du Café de Mar-sur-Mer.
JEANNETTE : Une cliente..
ALI : Un client. Amoureux de Jeannette.
M. PINSON : Maire de Mar-sur-Mer.


Décor : Le café de Mar-sur-Mer.
Costumes : de ville.
Public : Tous.
.





Le rideau se lève sur la salle du Café de Mar-sur-Mer.
Maurice, le patron du café est debout derrière son comptoir. C'est un homme d'une quarantaine d'années. Il est de taille moyenne, mince. Son visage est brun. Les traits sont réguliers. Il a des cheveux noirs gominés. Il porte une fine moustache.
Entre Ali un habitué du café. Grand de taille. Un visage innocent et sympathique. Il a des cheveux noirs bouclés. Il est en bras de chemise(blanche).

Scène 1. Ali, Maurice

Ali : Bonjour Patron !
Maurice : 'Jour Ali. Un p'tit café comme d'hab' ?
Ali : Oui mais alors, un express rapide !
Maurice : ( Tout en préparant le café) Ali, un express est toujours rapide.
Ali : Je sais bien, Patron, mais entre tes mains l'express devient un tortillard.
Maurice : Hé ! Hé ! Tu fais du mauvais esprit de bon matin.
Ali : Je suis pressé.
Maurice : Tu es bien le seul à Mar-sur-Mer qui soit pressé. Où vas-tu ? Tu vas au stade ou tu vas jouer aux boules avec Zidane ?
Ali : Je vais nulle part mais si Zidane il t'entend il va t'envoyer quelque part.
Maurice : Ben quoi ? Je plaisantais. Alors, pourquoi qu' t'es pressé ?
Ali : Je suis pressé de boire mon café.
Maurice : C'est une bonne raison.
Ali : J'ai mal dormi.
Maurice : Je comprends pas qu'on puisse mal dormir au bord de la mer.
Ali : Tu appelles ça la mer ? C'est l'Atlantique.
Maurice : Elle est différente l'Atlantique, chez toi, en Algérie ?
Ali : Elle est plus calme.
Maurice : C'est vrai, j'oubliais ! C'est le Pacifique que vous avez là-bas. (Il pose la tasse de café sur le comptoir) Allez, tiens ! V'la ton express. Il est un peu en retard mais il est bon. J'ai dû faire chauffer la machine. Tu te pointes tous les matins à l'ouverture.
Ali : T’en fais pas. (Il boit)
Maurice : Mange un croissant, ils sont tout frais de chez la boulangère.
Ali : Merci tu es chic. Mais moi, le matin, avec le café, ya qu' la cigarette qui m' faut. (Il allume une "Gitane")
Maurice : Ah ! Tu me fais envie ! J'ai arrêté de fumer il y a six mois et ça me manque plusse que le pain.
Ali : Ouais. Cette saleté de cigarette, c'est dur de s'en passer. Pour le Ramadan, à Alger, ça me tuait de pas pouvoir fumer. Surtout qu' là-bas, les cigarettes elles sont bonnes. C'est pas de la paille comme ici avec tous ces filtres et tous ces tampons. (Il finit son café)
Maurice : Je t'en fais un autre pour finir ta clope ?
Ali : Ouais.
Maurice : Dis-moi qué'que chose, Ali. J'ai remarqué que la p'tite Jeannette, elle a l'air de bien être à ton goût. Pas vrai ?
Ali : Ouais et alors ? Tu fais l'espion maint'nant ? Tu trouves que j'en ai pas assez avec les flics que le maire Pinson il a foutu dans la ville et qui me regardent avec suspicion ?
Maurice : Suspectation ! Suspectation c'est le mot correct.
Ali : Tu laisses rien passer ! Faut toujours que tu fasses étalage de ton éducation.
Maurice : C'est que quand on tient un mastroquet, on en entend des choses ! Alors forcément on apprend.
Ali : Bon. Allez ! Si tu veux. Suspectation. Mais toi aussi, souvent, tu comprends tout de travers.
Maurice : Ah oui ? Et quand ?
Ali : Ben, tiens ! L'autre jour qu'on regardait ici la télé et qu'un mec y disait que l'amour c'était le "don de soi ", tu as cru qu'il fallait donner de la soie pour faire l'amour. Hi, hi, hi !
Maurice : Ben quoi ? Les femmes, elles aiment la soie. C'est pas pour ça que je comprends tout de travers. Et toi, alors, qui utilises des grands mots inconnus qui n'existent pas comme "suspicion"…
Ali : Quoi qu'il en soit, pour en revenir au maire, vivement qu'on le balance aux nouvelles élections, le Pinson. Il a bien chanté sur not' dos, maint'nant qu'il aille danser.
Maurice : Jeannette n'est pas comme Pinson, elle, c'est plutôt la colombe.
Ali : (Sans vraie conviction dans la voix) Mam'selle Jeannette, elle est comme les autres. Elle en a rien à faire d'un Maghrébin ? J'suis pas un p'tit blondinet.
Maurice : Moi non plus. Et pourtant j' m'ennuie pas.
Ali : C'est pas la même chose… Toi tu as un café…, tu as une situation… Mais moi, j'ai une petite " alimentation " sur la place avec des rentrées qui sont plutôt des "sorties"… Et puis… et puis… je suis un…
Maurice : Si tu te réfères à ce que je crois que tu te réfères, là, je peux te dire que la p'tite n'est pas raciste.
Ali : Tout le monde il est raciste. Même Dieu il est raciste.
Maurice : Comment veux-tu que Dieu soit raciste ?
Ali : C’est Lui qui a inventé les races, non ?
Maurice : Bof ! C'est pas sûr. Je crois plutôt que c'est les races qui ont inventé Dieu.
Ali : Faut pas parler comme ça !
Maurice : Enfin, moi j' te dis que la p'tite Jeannette, elle est pas raciste et je me demande même si tu ne lui a pas tapé dans l'œil…
Ali : Allez ! Tais-toi !
Maurice : Pourquoi qu' tu lui parles pas ?
Ali : J'ai pas envie de me faire arrêter.
Maurice : C’que tu peux être coño ! Tiens ! Voilà ton café. C'est un express rapide çui-là.
Ali : Merci, mon frère.
Maurice : En parlant de frère, v'là la p'tite sœur qui s'amène. Elle est de bonne heure aujourd'hui.
Ali : (Effrayé) Alors j' me sauve ! Mon garçon il peut pas rester seul trop longtemps à la boutique.
Maurice : Mais non ! Attends. Finis ton café.

(ASUIVRE)



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