L'ancêtre

Date 05-01-2014 16:00:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


L’ancêtre

C’était une belle journée lumineuse et j’avais décidé d’aller chasser. Cela faisait longtemps que ma femme Mgla et moi étions terrés dans notre grotte à nous contenter de baies et de champignons car de l’eau glacée tombait du ciel depuis plusieurs lunes et les animaux se cachaient. Nous n’avions jamais eu si froid auparavant.

Je pris ma lance et partit en direction de la montagne qui était devenue toute blanche. Il me fallut marcher très longtemps avant de débusquer le premier animal. Ce dernier était un peu maigrelet mais il remplirait un peu nos estomacs affamés.
Sur le chemin du retour, le ciel devint tout sombre et des morceaux d’eau durcie commencèrent à me tomber sur la tête. Je n’avais jamais vu cela. Paniqué, je me suis mis à courir, cherchant un abri, avant de m’engouffrer dans une petite grotte. La nuit est tombée et je me suis endormi en grelottant, malgré ma peau de bête.

Je repris peu à peu conscience et des douleurs assaillirent mon corps tout entier. En ouvrant les yeux, ma vision floue me fit découvrir un lieu bien étrange : une grotte avec des parois lisses et claires dont l’une comportait une ouverture qui donnait vers l’extérieur, mais sans qu’aucun souffle de vent n’en provienne. Il y avait des choses étranges dans la pièce et j’étais allongé sur une couche douce et moelleuse. Un homme s’approcha de moi. Sa peau de bête était sans poil, toute fine et de couleurs différentes. Je remarquai alors que j’en portais moi-même une longue, de la même couleur que la montagne. L’homme n’avait pas de cheveux ni sur le visage, ni sur la tête ; il devait sûrement venir d’une tribu lointaine.

Je le saluai de façon traditionnelle, en crachant dans ma main que je lui tendis amicalement. Mais il me regarda avec de grands yeux sans me donner la sienne. Il s’adressa alors à moi dans une langue étrange. Voyant mon incompréhension, il tenta d’associer les gestes à la parole. Je crus alors deviner qu’il se présentait « Docteur Miloche ». A moi de lui décliner mon identité en clamant « Brimach ». Il sourit et répéta mon prénom plusieurs fois avant de le prononcer correctement.
Je lui demandai où j’étais et si Mgla allait bien mais je ne reçus aucune réponse. J’étais un étranger parmi ces hommes et mon langage leur était tout à fait inconnu.

Une femme entra alors et me donna de la nourriture, du moins je pensai que cela en était car je commençai à saliver à la bonne odeur. Ce qui ressemblait à des morceaux de viande baignait dans un liquide couleur sang et, à côté, il y avait des aliments que je n’avais jamais vus. Je goûtai d’abord un morceau de bête en le prenant avec les doigts. La femme s’approcha et me tendit un petit objet avec des pointes. J’eus d’abord un mouvement de recul car je pensais qu’elle voulait m’attaquer. A moins qu’il eut fallu encore tuer l’animal ? Non, elle piqua le bout de viande et le tendit vers ma bouche. De sa main libre, elle nettoya ma main gluante. Ils ont de drôles d’habitudes ces humains.

On me fit rencontrer un nombre impressionnant de personnes avec des faciès variés tant au niveau de la chevelure, de la corpulence que de la couleur de peau. Ils n’avaient qu’un point commun : celui d’être plus grands que moi. Ils parlaient des langues différentes mais jamais la mienne. Je ne savais pas qu’il existait autant de tribus différentes ! Finalement, je fus initié à un langage, celui de ceux qui m’avaient accueilli parmi eux, soigné et nourri.

Lorsque mon vocabulaire fut suffisamment étoffé, on m’expliqua que j’avais fini congelé dans mon abri et que mon corps avait été découvert de très nombreuses lunes plus tard par mes descendants. Comme j’étais comme dans un profond sommeil, ils m’ont réveillé en réchauffant peu à peu mon corps.
Lorsque je fus de nouveau fort, je pus enfin sortir de ce qu’ils appelaient « hôpital ». Je fis alors de nouvelles découvertes. Que le monde était différent de celui que j’avais toujours connu ! Les arbres ne poussaient que là où on le souhaitait. Le sol était extrêmement dur et les gens se déplaçaient de plusieurs façons différentes sur ou dans des machines extraordinaires. Plus besoin de grotte, ils se construisaient eux-mêmes des abris confortables, géants et même chauffés. La nourriture ne devait plus se cueillir ou se chasser. Elle était toute prête à manger mais, pour en obtenir, il fallait échanger de petits objets, soit ronds et durs, soit rectangulaires et souples.

Très vite, je me suis intéressé à l’histoire de cette humanité qui avait évolué à mon insu. Je découvris des choses incroyables. Voulant toujours en savoir plus, je consultai des images sur des pages, sur des écrans et je rencontrai des personnes appelées « historiens ».

Désormais, il me faut aussi gagner ce qu’ils appellent « argent ». J’ai finalement décroché un emploi dans un musée où, affublé d’une peau de bête « Made in China », je conte mes aventures aux visiteurs curieux.

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Petit film à découvrir :

https://www.youtube.com/watch?v=5aO6vqOqMN4




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