L'appel du devoir
Date 26-11-2013 06:40:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées
| L’appel du devoir
Je ne sais plus depuis combien de temps j’erre dans ce décor de désolation. Le village afghan a été déserté par ses habitants, laissant derrière eux les portes des maisons en torchis grandes ouvertes. J’entre dans l’une d’elles. Au milieu du salon dont le canapé porte les marques d’une fusillade, un cadavre gît. Je me dirige vers la cuisine où la porte du frigo est béante. Ce dernier a été vidé de son contenu comestible, soit par les pillards, soit par les nombreux chiens errants, affamés et sans maître.
Soudain, des bruits de pas … furtifs. Vite, je m’accroupis derrière le buffet, arme à la main. Ah … ce bon vieux Magnum ! Je lui dois plusieurs fois la vie. D’un geste fébrile, je contrôle mes munitions. Il me faut les économiser. Ma respiration se fait plus lente et silencieuse, je reste immobile, aux aguets.
Un soldat entre dans mon champ de vision. Il avance à pas de loup, son uniforme est aux couleurs de l’ennemi. Je me remémore l’entraînement intensif que j’ai subi et la phrase que l’on a gravée dans nos cerveaux : « Tuer ou être tué ! ».
Je pointe mon arme, vise minutieusement et appuie sur la détente. Le coup, quasi silencieux, atteint sa cible en plein cœur. Un cri rauque résonne dans la pièce vide et mon ennemi s’affale sur le ventre. D’un mouvement rapide, je m’approche, fouille le corps inerte et le dépouille des quelques munitions qu’il lui reste. De toute façon, il n’en aura plus besoin. Il me faut rester prudent, tout n’est pas gagné.
Je jette un coup d’œil à travers l’embrasure de la porte arrière de l’habitation, avant de m’élancer dans des ruelles étroites. Je me mets à courir à perdre haleine, prenant soin de garder mon révolver prêt à riposter en cas de danger. J’ai repéré une planque au nord-ouest du village. Je compte m’y poster en attendant l’ennemi. Celui-ci ne pourra pas me repérer.
Enfin, ma destination est en vue. Je m’apprête à gravir l’escalier extérieur d’un bâtiment qui mène à une terrasse, quand une détonation retentit. Je stoppe mon ascension. Tout devient sombre devant mes yeux et je m’écroule dans un râle.
« Game over » s’affiche sur l’écran de télévision. « Oh non ! Gabriel, t’as triché ! Tu campais. On avait dit qu’on pouvait pas. -C’est vrai, dit Corentin. C’est trop facile et pas drôle. Moi, j’ai bougé tout le temps. - Oh, ça va. Vous êtes de mauvais perdants les gars. On se refait une partie ? »
Une voix s'élève du bas de l'escalier :
"Les garçons ! Arrêtez de jouer et aller faire vos devoirs !"
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