
SIRIUS (épisode 3 )
Date 14-11-2013 15:17:59 | Catégorie : Nouvelles
| SIRIUS ( Episode 3 ) Madame DUPRAT, Elle prenait toute la place à l'avant et débordait sur celle du mort, enveloppant à la fois, le levier de vitesse et le frein à main. Elle parlait fort, transpirait abondam- ment. Son siège reculé au maximum donnait pourtant l'impression qu'elle était collée au pare-brise. Alphonse se faisait le plus petit possible et regretta de ne pas être monté à l'arrière. Elle parlait, parlait, n'en finissait pas de soliloquer tant et si bien que le vieil homme eût rapidement mal à la tête et aurait vendu son âme au diable pour ne plus l'entendre. Elle freina plusieurs fois violemment, obligeant Alphonse à des réflexes d'un autre âge. - Vous ne dites rien Monsieur Alphonse. Con- tent de revoir le pays ...... malgré le grand malheur qui frappe Léontine ....? " forcément que je ne dis rien ...elle n'arrête pas de parler " pensa-t-il. - Oui bien sûr ... mais il y a longtemps que je suis parti et le village a sûrement changé depuis toutes ces années.... - Beaucoup d'anciens sont morts et les jeunes désertent la campagne.... comme partout ! Moi j'ai décidé de rester. Je tiens le bar- épicerie avec mon mari et je fais le taxi de temps en temps pour rendre service : çà dépanne et quelques euros en plus je n'dis pas non .... faut bien vivre. Vous avez connu mes parents, mon père surtout, François BALUT. Il a été le facteur ici de nombreuses années ..... il est mort asteure ... il buvait beaucoup sur la fin .... " pas que sur la fin, pensa-t-il..... ainsi elle était la fille de ce pauvre facteur ! il ne l'avait pas connu bien longtemps mais se souvenait qu'avec ses camarades de la communale il l'avait bien souvent vu zigzaguer sur son vélo et finir de temps en temps au fossé ..." Alphonse trouva la route bien longue entre le Puy-en-Velay et Chadrac la Fontaine. Pourtant seuls cinq petits kilomètres séparaient la préfecture de la haute-Loire à son village natal. La chaleur étouffante semblait avoir mis la carrosserie de la voiture en ébullition. - Vous pouvez prendre la petite route de St Marcel juste avant d'entrer dans Chadrac ? ......elle monte directement à la ferme ... - J'passe par la grande route d'habitude, celle qui contourne le cimetière, elle est mieux entretenue .... mais y'a pas de soucis, elle va vous rappeler des souvenirs ... Il ne l'entendait plus, elle continuait à parler pourtant, mais lui ne l'entendait plus, ou alors dans un ronronnement lointain et sourd. Son esprit vagabondait : la route de St Marcel lui sembla plus étroite que dans ses souvenirs, il revit sa sœur et lui grimpés sur la charrette de foin avec leur père, puis sa mère plongeant la main dans la poche de son sarrau pour jeter du maïs aux canards. - Voilà la ferme - dit Madame DUPRAT en regardant Alphonse avec ses gros yeux globuleux. Il avait la tête penchée contre la vitre et était au bord de l'évanouissement. Il entrevit Léontine : elle avait mis la main au-dessus de ses yeux contre son front pour mieux l'apercevoir dans la clarté du soleil. A suivre... Cuga
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