Les aléas d'une aide à domicile : Porte close

Date 14-04-2013 07:20:00 | Catégorie : Nouvelles


Porte close




Il est 14h40, j'arrive sur le parking de la résidence Victor Hugo. Connaissant mon bénéficiaire, si je vais sonner maintenant, il va quelque peu râler et je vais avoir du mal à le calmer. Donc j'attends patiemment que les minutes s'écoulent. Je regarde mon pare-brise. Je me dis que je dois le nettoyer car au soleil je ne vois pas grand-chose. Ensuite je regarde pour une énième fois mon planning. Je le connais par cœur, mais cela me fait passer le temps.



Désormais, il est 14h47. Je me dirige vers l'entrée du bâtiment et je sonne chez mon bénéficiaire.

J'attends. J'attends encore. Je me dis que cela n'est pas normal, qu'il a dû s'endormir. D'habitude, il ouvre assez vite. Ayant le code, je le tape et je monte rapidement au premier étage. Je me retrouve devant la porte de mon papy. Je sonne. Une fois, deux fois. Personne ne répond. Là je me dis qu'il y a un gros souci. S'il s'était endormi, il m'aurait entendu, car il a le sommeil très léger. Au moment où je sors mon mobile, une de ses voisines arrive. Je lui demande :

- bonjour, avez-vous vu monsieur x aujourd'hui.

- Non, m'avoue-t-elle surprise par ma question.

- Je sonne depuis dix bonnes minutes et il ne me répond pas, argumenté-je.

- Je l'ai vu hier, il était très en colère et il m'a dit qu'il voulait se suicider...



À ce moment panique générale. Je me mets à taper plus fort sur la porte. J'imagine le pire. Je sonne encore à maintes et maintes reprises. Je prends alors mon portable et j'appelle le bureau en leur signalant les paroles de la voisine. De derrière la porte je peux attendre le téléphone sonner. Personne ne répond. On me rappelle quelques minutes plus tard et là on m'annonce que mon bénéficiaire a fait une chute dans la nuit et qu'on l'a transporté à l'hôpital. Sur cette information, je reprends ma respiration soulagée d'apprendre qu'il va bien. Enfin presque.

Je rassure au mieux la voisine qui a bien cru qu'il avait mis fin à ses jours.


D'un pas décidé, je repars vers ma voiture. Je me mets derrière le volant. Je vais pour démarrer mais là, je craque et je me mets à pleurer. Dans mon travail j'en ai vu des vertes et des pas mûres. Mais là j'ai atteint le summum. Surtout que je m'étais aperçu que monsieur x divaguait. J'aurais dû en parler plus tôt, je me sens responsable de cette situation. Donc je vais au bureau afin de parler à la personne qui s'occupe de lui. Elle arrive rapidement à me rassurer en me disant qu'ils étaient au courant de son état, que ce n'est pas le genre d'homme à mettre fin à sa vie et qu'elle allait prévenir le médecin de son état.

Je souffle un grand coup, puis je rentre chez moi quelque peu sonnée par les évènements.



Dur dur d'être une aide à domicile.



Une semaine plus tard, j'apprends de la bouche de la référente (personne qui s'occupe de Monsieur X au service) que Monsieur X avait bien tenté de mettre fin à ses jours en avalant une quantité importante de cachets.

De toute évidence elle ne le connaît pas aussi bien que moi.



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