Pour ceux qui ne s'aiment pas...

Date 02-04-2013 07:20:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


« Je traîne en moi depuis longtemps une authentique curiosité à l’égard des gens qui ne s’apprécient pas.

Il s’agit là d’un émoi particulier qui s’adresse à ceux qui sans doute un jour n’ont pas été aimés tel qu’il aurait fallut l’être, à un moment crucial, par des êtres essentiels.

Bien souvent invisibles à nos yeux, ils sont de ceux qu’on ne remarque quasiment pas, sauf peut-être, juste avant qu’ils ne nous manquent vraiment, ou juste avant que nous ne réalisions à quel point, ils étaient humbles, philanthropes, ou serviables parfois.

Ces gens qui ne s’aiment pas seraient un peu de ceux qui même une fois disparu, s’ils le pouvaient encore, s’excuseraient d’avoir vécu malheureux et trop peu, en regrettant inlassablement de nous avoir abandonné à notre triste sort.

Ces personnes-là ne sont pourtant ni plus moches, ni moins intelligentes que la plupart d’entre-nous.

Non, elles n’ont que peu d’amour-propre et si peu de confiance…



Souvent, ces personnes qui ne s'aiment tellement pas, essayent par tous les moyens et désespérément de se faire aimer de tout le monde.

Misérables sont-elles !!! Ne comprendront-elles jamais que dans ce monde où chacun ne s'affaire à n'aimer que soi-même, ces efforts sont aussi abjects que désespérés ?

A qui viendrait-il l’idée de déposer un baiser sur une plaie béante ?

Qui pourrait envisager coller un sparadrap pour ravauder un cœur aussi mal amarré ?

Il en faudrait du courage pour dire à ces personnes que rien ne viendra combler un amour-propre carencé depuis sans doute une aussi "tendre" enfance ?



D’autres encore s’offrent au monde sans retenue, n’alléguant pour autant, ni remords, ni regrets.

Ces individus sont très souvent les bons amis, les bonnes copines, et assurément toujours, les bonnes poires…

Il en existe aussi qui ne s’apprécient évidemment pas, mais qui pourtant s’aiment suffisamment pour prosaïquement se droguer ou s'alcooliser.

Elles gardent tout juste assez d’amour-propre pour s'anesthésier doucement, ou plutôt, s'euthanasier à petit feu.

D’autres encore, par défectuosité de ce même amour-propre, s'embrigadent dans des histoires "d'amours sales"...

Sans doute un jour bafoués, ces derniers ne se respectent plus, au point de jouir du non-respect que les autres leur infligent. Ces personnes finissent même par confondre l'humiliation ou l'annihilation, et un modique manifeste d'amour, tout juste acceptable ou supportable.

Qu’il est alors facile de se moquer et d’amoindrir plus encore ces personnes qui ne s’aiment pas…

Qu’il est simple également de mépriser le chemin pavé de douleurs qui mène au désamour de soi.

Il en faut de la lâcheté et du mépris pour chaque jour saluer ces individus en demandant furtivement de leurs nouvelles, en faisant bien-sûr en sorte qu’ils ne puissent nous répondre ?



Oui, il nous en faudrait du courage pour dire à ces personnes que nous avons compris depuis bien longtemps qu’elles n’existent que dans nos regards, et qu’au fond, nous y prenons un certain plaisir.

Il nous faudrait faire preuve de plus d’honnêteté encore, pour dire à ces gens que nous savons depuis toujours qu’ils ont le sentiment de vivre pour rien, ou plutôt, moins que rien…

Ainsi, les gens qui s’aiment sont bien différents de ceux qui ne s’aiment pas.

Ces derniers ne s'enorgueillissent jamais de la fierté de s'être un jour relevé. Non, ils ne gardent pour eux que le souvenir pugnace d’être un jour tombé, et c'est sans doute à ce prix et au creux de cet étrange paradoxe que certains continuent en vain d'avancer, malgré tout."




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