Chez moi
Date 11-03-2013 22:30:00 | Catégorie : Poèmes confirmés
| Tes pieds font chanter les murs de pierres Comme le faisaient les chausses des anglois Quand balançaient sur leur hanche la rapière. Ces "estocofis" qui ne savaient pas le patois Et qui vinrent étrangers au pays de nos pères Dresser leurs hallebardes contre notre bon roi; Ta cadence te mène de l'ombre à la lumière Tu vas du rempart vers le "goyassou do véras" Au fond de la ruelle, les murs ocres du monastère Racontent la foi des moines de Saint benoît Ces bâtisseurs d'abbaye, ombres de vies sévères Que l’ascèse courbait sous des manteaux de draps
Tes pieds sur les pavés raniment les jours d'hier Après la lanterne des morts et le marché aux noix Trône la cathédrale où les orgues crient tonnerre S'enroulent les hauts murs des passages étroits Sous les lauzes s'abritent modestes les logis de naguère Où ronronnent le cantou, où cuit le confit d'oie La soupe de pain, le toupie noir à la crémaillère Quand les vieux "peïris", se réchauffent au feu de bois En lapant lentement leur chabrol assis sur la salière. Tremblotant, les moustaches dans le bouillon gras. Ils mâchent laborieusement tourte et jambon de l'hiver Dans l'âtre, les larmes roulent en chantant "nostra lenga" Puis ils appuient leurs mains usées sur les chenets de fer Et ravivent les braises, le soufflet au bout des doigts Du tisonnier ils fourragent, couvrent les pommes de terre Le nuage de cendre grippe le fausset des vieilles voix Poussière de sorcière pique fait pleurer les paupières Et ils toussent agacés en rocaillant des jurons de là-bas.
Sous tes pieds roule l'intrépide Cuze dans son lit de pierre Source de mille fontaines don de la mère "Santa Virgina" Sa statue nichée dans l'angle t'invite à la prière Génuflexion, ombres "cadum entre dé vendigna" Et l'accent, parfumé d'ail des gueulards gascons fiers A l'ombre des catapultes des châteaux d'autrefois Et qui se foutent bien des amours roturières Quand la truffe remplit leur panses de roi Et alors ils vont encore pêcher les truites à la rivière. Et dormir dans l'herbe grasse que juillet cramera.
Si tu crois que le bonheur est sans frontière Viens, dans son vallon, blottie, tu trouveras Sarlat
Lydia Maleville
Estocofi : grand personnage maladroit, grand dégingandé. Le Goyassou des véras : la mare aux cochons Les vieux péÏris : les vieux paysans cadum entre dé vendigna : quand on rentre des vendanges
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