La prise de Jérusalem - la bataille de Dorylée (1ère partie)
Date 07-02-2013 18:50:00 | Catégorie : Poèmes confirmés
| Sur la plaine, elles marchaient, les colonnes chrétiennes, Comme ont déjà marché, en une époque ancienne, Les troupes d'Alexandre et celles des consuls, En ce désert brûlant, en cette canicule Et sous l'azur voûté, et sous l'astre fait d'or, Les lances, les épées , les trompes et les cors, Les casques décorés chacun de leur panache, Les poitrails imposants et les lourdes rondaches Au tour cerclé de fer, tout ces objets de mort Rayonnaient dans le jour jusqu'en le camps des Maures,
Car ils avaient posé leur riche campement Quelques milles plus loin, prêts pour l'affrontement. Dans une grande tente, celle de leur sultan, L'on pouvait observer les parois tapissant Des toiles provenant de tout pays conquis : Le jaune du pays où Gilgamesh naquit, Le carmin apporté de la belle Bagdad, L'azur du Sahara et ses nombreux nomades, Et le jade luisant, plus beau que tous les autres, De Java transporté sur de fragiles cotres.
Il trônait au milieu des nombreuses voilures Un précieux coffret recouvert de gravures Qui contait les combats du fameux général, Son renom, ses exploits, sa gloire magistrale. Au temps où verdissaient les rameaux vigoureux, Le sultan emmena, lors d'un rapt bienheureux, La dame désirée, princesse de naissance, Pour garnir son harem d'une digne opulence. Tels étaient les exploits du sultan Al Wamas, Tels étaient les exploits du sultan de Damas.
Ce coffret renfermait un trésor ineffable : Un cimeterre courbe au fil inaltérable Dont le pommeau serti d'un immense grenat Passait de père en fils, gloire du sultanat. Dans cette grande tente richesses certaines, Le sultan préparait une lutte incertaine, Car il allait devoir, dans quelques temps à peine, S'avancer tout armé sur la brûlante arène Pour la gorger de sang - serait-ce donc le sien ? - Pour la gorger de sang - ou celui du chrétien ? -.
Ses fidèles servants, s'affairant alentours, Le paraient dignement de ses plus beaux atours. Son torse fut couvert d'une armure dorée, En scènes de combat richement décorée, Et sous le fer gravé, caressant son échine, Il portait un habit de soie venue de Chine. De ses habiles mains, en gestes usuels Le servant enlaçait du fer habituel Les mollets et les bras de son maître adoré Qui allait batailler sur l'arène dorée.
Tandis que le sultan s'apprêtait dans sa tente Les barons chevauchaient sur la brûlante sente. Ils savaient que bientôt l'un d'eux dégainerait Pour le sang à verser son glaive sous les rais. Déjà depuis la veille, un groupe d'éclaireurs, Sur leurs chevaux ailés, quand s'avançaient les heures, Avait d'un œil perçant perçu dans l'horizon Les innombrables feux qui semés à foison Dans la plaine étendue telle une large mer Annonçaient les soldats et leur destin amer.
Après avoir miré l'immense campement, La troupe avait tourné bride rapidement Pour rentrer prestement vers les barons chrétiens Annoncer les armées et le camp égyptiens. À la vue de Raymond, le comte de Provence, Le premier chevalier, aussi venu France, Sauta de son cheval et s'avança à lui : " Dans la plaine étendue telle une mer, il luit, Comme un brasier vivant, d'indénombrables flammes ; Il flotte dans le vent de nombreux oriflammes
Que mon regard perçant ne pût tous recenser. Pourtant je discernais, dans la foule insensée Des étendards offerts à nos yeux scrutateurs, Le lion d'or de Damas, ce sombre annonciateur Des vies qui sous les cieux bientôt seront brisées. Il flotte également en ce soir irisé Le long serpent d'Alep tout d'ébène couvert, Le cairote caïman dormant sur un fond vert Et le griffon d'azur, venu d'Alexandrie." Aux mots du chevalier, le comte dit ceci :
"Qu'il s'éveille en ton cœur la bravoure du juste Car nous sommes ici pour une cause juste. Il te faut endormir les craintes et l'effroi Car tu combats ici pour défendre ta foi. Le nombre importe peu lorsque descend des cieux L'archange Gabriel au glaive furieux Qu'accompagne toujours les nuées séraphines Et leurs célestes traits à la pointe assassine Pour venir assister ses fidèles croyants, Pour venir assister ses paladins fervents.
Lorsque l'orée fuira les contrées de l'Asie Et portera ses pas et leurs traces rougies Dans l'horizon nouveau, il nous faudra alors Revêtir nos hauberts sertis d'argent et d'or, S'armer de nos épées, ces fidèles amantes, Avancer dans le jour sur l'arène brûlante Et quand l'astre sera dans le centre du ciel Nous aurons débuté une lutte mortelle. L'ennemi sera fier, brave et plein de valeur, Mais il n'endurera les assauts du Seigneur."
|
|