Le pirate aux élastiques chapitre 9 partie 3

Date 02-11-2022 19:02:08 | Catégorie : Nouvelles


Siméon approchait par bateau de son objectif, il avait beau avoir des égards notoires comme la cabine la plus grande du navire. Il se montrait toujours aussi méprisant à l’égard de Lirnir, même après des semaines de voyage commun. Par exemple il continuait d’exiger que Lirnir baisse les yeux quand il s’adressait à lui. Il ne s’agissait pas d’une tradition, juste d’un plaisir personnel que s’accordait Siméon.

Lirnir : Nous approchons du lieu où Armand doit mener une transaction.
Siméon : Je veux que vous restiez en retrait, contentez vous de me déposer sur l’île et de m’attendre.
Lirnir : Vous aurez peut-être besoin d’aide.
Siméon : Je suis trop génial pour être mis en péril par quelques centaines de pirates. N’intervenez pas c’est un ordre.
Lirnir : J’ai compris votre excellence magnifique.

Armand ressentait une joie immense à l’idée des transactions financières très enrichissantes qui l’attendaient avec Loyal. Même si une nasse, un traquenard se refermait sur les deux interlocuteurs. En effet Siméon observait avec intérêt les tractations autour de la bouteille, et manifestait des sentiments peu aimables. Il se questionnait sur la façon de s’occuper de ses ennemis. Il se demandait s’il devrait bouillir leurs jambes et obliger ses adversaires à les manger, ou bien les forcer à se découper un bras et à l’ingérer ensuite tout cru.
Finalement il opta pour le supplice des jambes assorti d’une cuisson. Mais avant de passer à l’attaque il voulait d’abord régler des détails étranges comme le choix de la sauce, il hésitait entre moutarde et béchamel. Siméon considérait comme absolument essentiel de régler les détails les plus anodins des supplices qu’il organisait. Certes il lui restait quelques étapes à franchir avant de pouvoir tourmenter ses ennemis, notamment le fait de les battre et de les capturer. Toutefois il avait pleinement confiance dans ses capacités. Il ne doutait absolument pas d’arriver à vaincre sans se fatiguer ses adversaires.
Siméon ne jugeait pas son assurance comme de l’excès d’orgueil, car il s’avérait certain de son triomphe. Pratiquement personne dans ce monde ne lui arrivait à la cheville d’après lui. Il était le champion des champions en matière de combat d’après ses observations. Il se révélait pratiquement invincible quand il faisait attention, et que ses ennemis ne bénéficiaient pas d’un avantage extrême. Certes il connut quelques défaites au cours de sa carrière, cependant la faute ne venait pas de lui, mais de dieux jaloux qui aidèrent sournoisement ses adversaires.
La plaine rocailleuse pratiquement sans végétation à part une herbe coriace, où se déroulait les tractations autour de la bouteille, risquait de voir éclater plusieurs drames.

Loyal: Voici comme convenu une avance en échange de la bouteille à génie.
Armand : Un coffre plein de pièces d’or c’est un très joli spectacle.
Sig : Si seulement c’était vrai, Loyal essaie de nous payer avec de la pyrite et du gravier et non de l’or.
Armand : Quoi ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
Loyal: Puisque la supercherie est découverte, tu vas me remettre tout de suite la bouteille Sig, sinon je deviens méchant.
Sig : Dégages Loyal ou je te carbonise à coup de boule de feu.

Un combat féroce allait s’engager mais les chances de réussite s’avéraient franchement défavorables pour Sig le chevaleresque. Il combattait des adversaires bien plus nombreux, et surtout équipés avec des amulettes anti-sort plutôt efficaces. Il arrivera dans le meilleur des cas à diffuser une douce chaleur sur ses ennemis. Mais il refusait d’abandonner la lutte, il y avait dans la balance d’importants enjeux financiers et de prestige, et aussi un but affectif.
Sig pourrait avec l’argent de la vente de la bouteille se payer un artefact surnaturel très rare, une pierre d’au-delà, un caillou blanc qui permettait de communiquer une fois par mois avec l’esprit d’un défunt pendant quelques minutes. Sig tenait absolument à réaliser cet achat pour converser avec son maître défunt. Il concevait une gratitude extrême pour son mentor qui l’initia à la magie, lui redonna un semblant de confiance, lui apprit à retrouver le courage d’avancer dans la vie, à ne pas passer son temps à se morfondre.
Alors le chevaleresque n’avait pas l’intention d’abandonner le combat, même si ses probabilités de survie s’annonçaient franchement modérées. Il se battrait avec férocité s’il le fallait pour réaliser ses rêves. Il démontrerait qu’il n’était pas un faible lapereau, mais un véritable fauve quand un individu tentait de faire obstacle à un but majeur pour lui.
Néanmoins l’arrivée d’un troisième camp ébranla temporairement la résolution de Sig, fit flancher sa détermination. Cependant le chevaleresque puisa dans sa colère et reprit du poil de la bête, de l’envie d’affronter le péril. De toute façon le nouvel ennemi n’épargnerait vraisemblablement personne alors autant refuser de s’incliner.

Siméon : La bouteille est à moi, donnez la moi et vous aurez droit à un procès. Résistez et je vous tue tout de suite.
Sig : Siméon le meurtrier de mon maître, je préfère mourir que de te rendre service.
Siméon : Cela peut s’arranger.
Loyal : Je ne crains pas les magiciens, surtout quand ils agissent seuls.
Siméon : Je vaux une armée à moi tout seul, et je le prouve, lumière mortelle anéantis mes ennemis.

Un rayon lumineux blanc s’abattit sur Loyal et ses hommes, et leur fit très mal. D’ailleurs plusieurs dizaines d’entre eux périrent malgré la présence de protections mystiques. Siméon n’usa que d’un peu de sa véritable force magique, cependant cela suffit à causer un carnage. Néanmoins Sig ne voulait pas reculer, il persistait à se comporter la tête haute. Il ressentait de la peur, mais son ressentiment l’incitait à passer outre son angoisse. Le chevaleresque comptait bien infliger de belles blessures à Siméon, même si cela signifiait subir en retour de terribles malédictions, être victime de maléfices aux conséquences désastreuses pour lui.
Pourtant il se mit à éprouver un dilemme. Même s’il réalisait ses ambitions de nuisance sur son adversaire, il aurait sans doute sur la conscience la mort d’amis comme Armand. Il n’arriva pas à prendre de décision, d’un côté la possibilité de se venger, d’exercer des représailles contre le meurtrier de son maître. De l’autre le choix de protéger des personnes chères de la colère d’un orgueilleux mégalomane comme Siméon. Sig subissait deux options particulièrement déplaisantes. Peu importe ce qu’il préférera, il aura sans doute un goût amer, un sentiment de trahison dans le cœur.
Il jura à son maître de lui offrir la vengeance si une occasion favorable se présentait. Mais le chevaleresque jugeait aussi nécessaire de privilégier les lois de l’amitié. Il estimait la solidarité avec les vivants proches comme un facteur essentiel. Il ne savait vraiment pas sur quel pied danser, quelle alternative privilégiée. Il avait l’impression qu’il se couvrirait de honte peu importe sa décision.

Loyal : Argh !
Siméon : Je n’ai mis qu’une petite fraction d’énergie dans mon rayon lumineux, pourtant cela a suffi pour terrasser Loyal et ses hommes. Je vous laisse réfléchir tous les deux sur la folie de me résister.
Armand : On n’a pas le choix Sig, il faut coopérer. Je sens la puissance de Siméon, nous sommes minuscules comparé à lui.
Sig : Tu as raison, mais cela me navre vraiment de devoir obéir à un être aussi bouffi d’orgueil.
Siméon : J’ai des projets grandioses, je mérite l’admiration.
Sig : Laisses moi deviner tu veux la bouteille pour obliger un génie à te rendre immortel.
Siméon : Mieux que ça.
Sig : Tu espères conquérir le monde ?
Siméon : J’ai des ambitions bien plus grandes.
Sig : Tu veux accéder au statut de démon ou de dieu ?
Siméon : Non je veux que mon nez ait un point noir.
Sig : Hein ?
Siméon : Mon visage parfait m’oblige à m’admirer des heures dans le miroir, si je perds un peu de ma perfection, je pourrais consacrer plus de temps à mes recherches.
Sig : Je trouvais qu’Armand allait loin dans le délire, j’ai trouvé quelqu’un qui le surclasse.
Siméon : Bon les minables vous voulez être électrocutés vous aussi, ou bien vous vous rendez ?

Armand le souple braqua aussitôt Siméon avec une plume de poulet, même s’il effectuait une action inutile. Il ne pouvait démultiplier le potentiel de destruction de ses objets de lancer qu’une fois par jour, et il usa déjà aujourd’hui de sa faculté spéciale pour essayer de se débarrasser d’une mouche qui l’importunait. Il ne représentait donc plus pour le moment un danger pour son ennemi. Toutefois il voulait tout de même conserver un air digne, même s’il se donnait un air ridicule en agitant une malheureuse plume face à un mage très puissant.
En effet Siméon passait pour franchement redoutable, d’après certains de ses admirateurs il aurait triomphé facilement d’un dragon adulte de plus de cinquante mètres de long. Cela n’empêchait pas Armand d’estimer avoir de sérieuses chances de l’emporter. Son plan était simple, il bombarderait son adversaire de plumes jusqu’à le pousser à se suicider. Il jugeait que passer la cinquième plume lancée il provoquera une dépression grave chez son interlocuteur, et qu’à partir du septième, Siméon n’aura plus qu’une envie mettre fin à ses jours.
Le souple n’avait jamais entendu parler de gens qui s’ôtèrent la vie à cause de plumes, mais on ne savait jamais. Armand manquait d’arguments logiques et vérifiés, mais il demeurait certain de sa victoire. Il établit un plan infaillible qui avait toutes les chances de marcher selon lui.
Sig sentait que son ami le souple réfléchissait à toute vitesse, qu’il songeait à une stratégie. Alors Sig prit les devants pour éviter de passer par la case ridicule, d’être humilié par l’exposition d’une tactique délirante.

Sig : Pardonnez notre impudence déplacée, noble Siméon. Je tiens à vous offrir ce joint de cannabis fait avec une herbe de très haute qualité, en gage de soumission.
Siméon : C’est bien je vais honorer ton cadeau en le fumant, oh là c’est du raide.
Sig : Vous êtes un mage très redoutable, mais êtes-vous capable de vous mettre le feu au derrière avec un sort ?
Siméon : Parfaitement, flammus, rah je souffre ! De l’eau vite, je brûle !
Sig : Vite Armand fuyons.
Lirnir : Vous ne m’échapperez pas cette fois sales pirates !
Sig : Rah Lirnir et ses troupes nous encerclent !




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