Dès que la nuit drape la montagne De son voile de pénombre feutrée, Et que l’obscurité recouvre d’ébène Cette toile vivante, comme un peintre dépité, J’aime à imaginer ce vieux berger. Aux cheveux blancs et à la barbe traînante, À la face brunie, fissurée et asséchée, Par les marques indélébiles du vent et du temps, Ce vieux berger au regard profond, bleu, perçant, Seul avec sa solitude qu’il aime tant, Pensif, adossé contre sa cahute de pierre, À regarder au loin ce spectacle touchant,
Ce miroir qui lui reflète la plénitude de sa montagne, La sérénité, l’authenticité de cette vie Teintée de l’essentiel, dépouillé du superflu Avec la complicité de ses bêtes innocentes,
Ces bêtes qui ne le quittent pas, toujours à deux pas, Mais que lui, un jour, quittera pour vivre en bas, Toujours à regarder en haut, là où son cœur bat Car ce, là -haut, n’est plus pour lui, qui est devenu trop las.
Dans ses yeux perçants, des larmes, il retiendra. Et dans son cœur, une profonde nostalgie jaillira. Toute la mémoire de sa vie qui s’est écoulée là , Dans ces pâtures embaumées qu'il n'oubliera pas.
Mais un jour viendra, et mon cœur le déplore. Où ce tableau du vieux berger, un peu philosophe, Il sera signé d'un autre temps. Accroché au mur du passé
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