Ecus dérobés par la bise, Qui sous nos pas faites silence, En l’automne qui agonise, Vous nous laissez à votre absence.
De robe d’or ou de cerise, Troquant votre verte apparence, La morte saison vous déguise, En nous volant votre existence.
Hors les sapins de haute mise, Qui restent verts, quelle arrogance ! C’est affaire bien comprise : Le temps effeuille les essences.
Sous le froid que le vent aiguise, La nature va en somnolence, Pour un hiver qui s’éternise, Nous forçant à la patience.
Dévorées par la terre grise, Toutes changées en abondance En bon terreau qui fertilise, Vous irez nourrir la semence.
Bientôt, le gel qui paralyse Nous déliera de son offense. Pour offrir à nos convoitises Les tiédeurs qui recommencent.
Reviendra la douceur exquise Du printemps, comme une jouvence, Qui pousse la sève et attise De beaux bourgeons la turgescence.
Dans la chaleur, enfin acquise, Du fier été en sa clémence, Vous frémirez dessous la brise, En nouvelles magnificences.
|