Décembre couché
Décembre couché sur la ouatée Ile de Bourbon
Quand la flamme vermeille des flamboyants saigne
Flanquée d’un maloya encourageant le tavernier fripon
D’ardents éveils colorés; Soleil d’or là est ton règne!
¤
Chacun s’empresse au pied de ces bigarrées cités
Pour se rassembler et fêter le passé de leurs aînés
Esclaves torturés, marrons décapités à la sale tâche
De se soumettre animal humain ; O rebellion désirée !
¤
Epris de liberté ils dirent tout leur attachement nouveau
A la déclaration du Sieur Sarda Garriga à Saint Denis
Qui En ce vingt décembre
de l’an mille huit cent quarante huit
Proclama l’abolition de l’esclavage aux badauds
¤
Les cayambes, les houleurs ; les djenbés se pavanent
Dans le silence hurlant la grande prière de la savane
D’où sont venus étrangers nos bons aïeux déplacés
Ceux qui hantent de leur ombre notre fête colorée
¤
A la passion entrelacée des souffrances musicales
Deux amoureux heureux, l’un créole, l’autre malabar
Scrutent les quatre jours futurs avant le sentimental
Jour de noël pour s’offrir l’anneau d’airain nuptial
¤
Dans la verdure, autour de la religieuse case créole
On dressera la salle verte, feuilles festives de bananier
Robe parfum, senteur de letchis à la vierge parure brasier
Carry bichiques, carry ti-jacques, pimenté menu qui affriole
¤
On se gourmande passionné à la danse d’un séga suave
Déhanchements ludiques, les corps radieux se tortillent
Les jupes longues colorées frissonnent en sages flottilles
Tendre quadrille au pas empreints d’une coulée de lave
¤
Quand s’en vient le trente et un, chacun se presse inquiet
Du jour de demain que les ondes sages fustigent prudentes
En consigne bravant le cyclone suspect ; Pilleur mécréant
Qui laisse parfois un dégoût en ce festif mois de l’austral été.
O toi de Bourbon O toi ile de la Réunion tu restes mon aimée
Æ’C