Voici qu’il faut tenir, se battre, tenir encore Trois sous et rien en poche, manger pour trois euros. Tenir, ne pas glisser, ne pas choir, serrer fort Le peu qui reste, et courber sans rompre, le dos.
Le spectre de la rue rode en maraudes de vie. L’on y glisse vite, l’on y reste longtemps. Comment tenir encore, dix repas, six nuits, Tenir encore, lutter, contre marées et vents ?
N’ayant que la prière pour ancrage ou armure. Les toits se dérobent, les plaies s’infectent et saignent. Du vide en pansement, de l’échec en suture, Tenir en spectateur de rien qui ne se soigne
Tenir, laisser glisser, tourner cent fois ses yeux De la corde à la poutre et vers le tabouret Et ne pas se fixer, ne choisir aucun d’eux, Et enfin faire un pas, deux puis trois, sans regrets.
Et tenir.
XII – 17
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