Rajae…Espoirs. Le vent ébouriffait les branches des oliviers Le bruit courut que "alhaoudaj"* « lamaria »sorte de loge bien ornée où l’on transportait la mariée allait passer sur le dos d’une mule par « Loutaya »**. La nouvelle toute fraiche tomba dans l’oreille de Rajae. Celle-ci, en femme pudique et respectueuse s’enroula rapidement dans le haik, drap en laine, enfourcha ses sabots et monta sur la terrasse de ses pénates. Elle ne devait pas rater la scène fut-elle loin de chez elle. On voyait bien qu’elle était pressée à sa façon de courir, et de sautiller les murs bas des terrasses voisines. Elle ne devait pas rater la scène, fut-elle loin de chez elle. Comme une sirène, enveloppée dans son haik ou une Cendrilla arabe, comme un cheval, pure sang qui gambadait de terrasse en terrasse sans rien voir devant lui. Jouant au marathon. Et hop, lorsqu’elle perdit une paire de ses sabots, non, non je plaisante. Recommençons…Et hop, lorsqu’elle bascula dans le vide et chuta d’une terrasse. En pleine rue. Elle se dégringola de tout son poids, de toute sa longueur sur un monsieur qui faisait la sieste comme un loir, dans la rue devant sa maison. Imaginez, imaginez avec moi l’horrible effroi, d’un homme en plein sommeil qui s’éveilla soudainement, alors qu’il ne s’y attendait même pas, par le lourd poids d’un corps féminin. Un rêve ou une réalité ? La dame, sans s’excuser, sans dire un mot, sans même se faire découvrir le visage, sans se faire connaitre par qui que ce soit, se leva et pris la fuite.
Rajae, étais- tu pareille à cette humanité formatée qui court derrière ses passions, qui voit l’herbe sans voir la falaise ?
* Terme en arabe classique **Ruelle artère
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