Le blockhaus
Le blockhaus jouxtant les lustres du Léomont A la côte trois cent vingt, vigilant, ténu surveille Sa proie comme une vipère empressée à l’éveil Pour protéger la vallée d’un repos pris à foison ¤ On serpente lent à travers l’énigmatique forêt Le chant des oiseaux gais nous accompagne Mélodie, notes ouatées vers la rase campagne Pour guider posté notre sifflotement trop inquiet ¤ Sorti de la gueule déboisée de la haute futaie On aperçoit terré là , l’invincible bloc de béton Il nous guette à sa meurtrière usée, viril poltron Engoncé dans son foulard de verdure feutrée ¤ On éventre pensif la toute puissante forteresse Ses larges murs impénétrables nous accusent De les déranger dans leur silence ; Quelle ruse! Leur peine! Ce tonnerre; Porte d’acier qui agresse ¤ Les puissants murs coulés ont gardé prisonniers Les parfums âcres des béantes blessures d’hier Quand les éclats mortels des puants canons fiers Déversaient mille feux sur la casemate terrassée ¤ Il protégeait austère la vie incertaine du bon soldat Qui terrifié s’en remettait servile au feu de sa force Rejetant les intrus, d’un enfer minant son écorce O non! Jamais non jamais le recul d’un seul pas! ¤ Des bruits sinistres s’élevaient plaintifs du sous sol Vide comme un écho torturé dans la pure violence Des souffrances, aux mortels cris de l’espérance Appels priants aux Dieux sourds qui vous désolent ¤ Il assiste attendri et incapable les regards du remord Et les peupliers déchirés témoignent et se pansent Armée statique dont l’ennemi tranche abject la panse Quand leur sève visqueuse les débranche sur la mort ¤ Enfant ingrat, on se crie sans vergogne, on se joue A la guerre; Se bouche ignare les oreilles du respect A ce souvenir enfoui là : O gueux ! Sous vos pieds Laissez nous au silence! O blockhaus! Joue contre joue! ¤ Les enfants sont repartis, l’ont laissé sage ce solitaire Paisible armure étreignant son fond de terre qui servile Le baigne complice dans la sérénité du temps d’asile Couché sur les âmes austères dans leur vil passé amère. ƒC
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