Le Capitaine et le Matelot
Sous un ciel lumineux,
Un vaisseau à la proue légendaire
Fendait la vague sur la mer débonnaire
Vers des mondes : Nouveaux plantureux
Au nouvel horizon redessiné la vigie cria :
- terre, terre
L’esprit ravagé, par les richesses du destin
Oubliant les moments de tempêtes magenta
Le capitaine fit laver la grand’cale au matin
Pour encaisser les trésors mirifiques de la terre
Trop prés d’un butin, encor imaginaire
Absorbé du luxe, il ne rêvait qu’à son demain
Un matelot, pauvre de pensée s’en vint
Au haut du mat de misaine pour interpeller
Son capitaine, sombrant dans l’extase de l’irréalité
-Capitaine ! À l’avant! Voie d’eau au bouchain
Le capitaine trop tiraillé par l’hallucinant mirage
Invectiva le matelot dont le seul tord décent
Fut de comprendre l’indomptable péril imminent
- matelot à votre poste ! Que ne puisse ma rage !
Le matelot tenta de raisonner son capitaine
- Capitaine nous prenons l’eau, agissons
- A spéculer des rêves de luxes, nous n’aurons…
Si la mer recouvre notre mât de misaine
Las des jérémiades de son matelot, le fit renvoyer
Au fond de cale pour ne plus l’entendre se plaindre
Demanda que l’on hisse toutes voiles pour atteindre
Au plus tôt la terre féconde, objet de son délire abstrait
Le capitaine, seul maître à bord, ne voulut écouter
Le matelot prudent, maître de son art au devoir d’obéir
Le vaisseau s’engloutit sans rescapé, enseveli par les vils désirs
D’un pouvoir impérieux au péril d’expériences désintéressées
Que vous soyez meneurs politiques, religieux, entrepreneurs
Sachez écouter le fond de votre monde qui gronde l’expérience
Elle vous préservera du péril de votre intangible science :
Celles d’ambitions absolues dont nul ne veut partager la faveur.
Æ’C