Les anges déchus,
Petites silhouettes de la rue Le paradis leur demeure interdit Au royaume de ces anges déchus Il faut survivre pour gagner sa vie.
Jusqu'Ã l'errance l'enfer de la rue Ils sont vendeurs de ballons ou de fruits Images d'un bonheur qu'ils n'ont pas eu Fuyant leurs tristes conditions de vie .
Détresse et peurs sont leur pain quotidien Ces jeunes anges déchus et martyrs N'ont qu'une existence sans lendemain Ils ne peuvent croire en leur avenir.
Captifs de l'imperceptible danger L'enfer de la rue et de l'errance Ils fuient les massacres autorisés De cette jeunesse délinquance.
La nuit, les défenses en alerte Ils restent oubliés des trottoirs Ils y promènent leur silhouette A la recherche du moindre mouroir.
Pays des paradis artificiels La rue est leur domaine, leur maison. Dans cette société industrielle Ils dorment dans les gares, les stations.
Ils savent tous que leur vie ne vaut rien Bien encore moins aujourd'hui qu'hier Ils essaient de la vivre au quotidien Comme dans un terrible fait divers.
Petits êtres démunis, aux aguets Ils ont leur famille imaginaire Pour se prémunir de tous les dangers Ils sont l'image de la misère.
Terribles présences de sang, de chairs Dans la ville de tant de menaces Survivants en marge et solitaires Proies des mafias et de la police.
Futures victimes de la drogue En sursis même dès leur naissance Ils survivent au fond de la vague Sur l'autel de notre complaisance.
Basile Béranger Chaleil
Samedi 26 Octobre 1991.
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