« Elle »
Elle portait des lunettes rondes Avec des branches à ressorts. Ces cheveux de mèches blondes S'ordonnaient en couettes retorses.
C'était une grande perche fluette, Qui souvent s'emmêlait les crayons. La tête embuée de ses historiettes, Et de ses rêveries de Cendrillon.
Tous se moquaient en la croisant : « Voyez l'allure de cette follette ! » « Regardez ses oripeaux tordants ! » « Une cage irait bien à cette belette ! »
Elle, derrière son apparente indifférence, Ces méchancetés le cœur lui transperçaient. D'avoir des amis, elle n'avait aucune chance, Et dans sa solitude, elle se recroquevillait.
Jusqu'au jour où, un doux rêveur un peu poète, Aperçut luire à la petite fenêtre de son cœur, La vacillante lumière d'un lattant bonheur. Bourlingueur, il savait que chez chaque être, Un trésor était derrière une apparence piètre.
Il lui prit la main et s'approcha. Sur sa bouche un baiser y déposa. Elle eut de la buée sur ses lunettes. Et d'un coup, l'ardent feu d'amour, Dans son cœur, s'alluma pour toujours.
Johan (JR.).
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